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Full text of "Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts. Table des pix premiers volumes"

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•    ■ 


BULLETIN 


DE  LA 


f    ^      .     9 


SOCIETE  NIVERNAISE 


DES 


LETTRES,  SCIENCES  ET  ARTS. 


NEVERS, 

IMPRIMER|IE     G.    VALLIÈRE, 


PLAGI  Dl  U  HALLE  KT  RUK  DU  RIMPART. 


BULLETIN 


SOCIÉTÉ  NIVÉRNAISE 


LETTRES,  SCIENCES  ET  AUTS. 


TBOisilaE  seru.  -  Tom  ni-.  -  un-  voluiie  du  u  couEcnoN. 


A   NEVERS 

CHB2    MÂZERON,  LIBSÀIBii   DE  LÀ    SoClâlÉ,    ElTB   DD   CoUUBEOEi 
Et  chez  U.  HORIN-BOUTILLIER,  libb^ibe,  avenue  de  i^  Uahe. 

1800 


SOCIÉTÉ  NIVERNAISE 


DES  LETTRES,  SCIENCES  ET  ARTS. 


■Srr^*»^^ 


COMPOSITION    DU    BUREAU. 

MM.  René  de  Lespinasse,  président. 
l'abbé  BouTiLUER,  vice-président. 
Henri  de  Flamare,  secrétaire, 
Florimond  Gautron,  pro-secrétaire. 
Bricheteau,  trésorier» 
DuMiNY,  hibliotljécaire  et  archiviste. 
Canat  #,  conservateur  du  musée  de  la  Porte  du  Croux. 
LuTZ  père,  arcintecte. 

MEMBRES  D'HONNEUR. 

Mg'   rÉvÉauE  DE  Nevers. 
MM.  le  Préfet  de  la  Nièvre. 

le  Président  du  tribunal  aviL, 

de  Toytot  #,  président  honoraire  du  tribunal  civil. 

USTE  DES  AŒMBRES  TITULAIRES. 
MM. 
AssiGNY  (Henry  d')  *,  à  Nevers.  —  ^  juillet  1868. 
AssiGKY    (Frédéric  d'),   château   de  Sury,  par  Saint-Benin-d'Azy.  — 

4  avril  1878. 
Barrau  (Léon  d'Abbadie  de),  château  du  Chazeau,  par  Imphy.  ~ 

24  juin  1886. 
Baudot,  à  Lanty,  par  Rémilly.  —  29  novembre  1888. 
BoRNiOL  (Henri  de),  70,  rue  des  Saints-Péres,  à  Paris.  —  3o  avril  1885. 
Beauchène  (Paul  de),  23,  rue  du  Cirque,  à  Paris. 
Bertaux  (Prosper),  directeur  d'assurances,  à  Nevers.  —  9  juillet  1874. 


—   VI   — 

MM. 
Berthier-Bizy  (baron  Charles  de),  àNevers.  —  5  mars  1874. 
Berthier-Bizy  (le  comte  Gaspard  de),  château  de  Bizy,  par  Guérigny 

—  31  octobre  1889. 

Blanc  (Hippolyte)  ^,  ancien  chef  de  division  au  ministère  des  cultes,  à 

Chamenay,  par  Fourchambault.  —  30  mars  1882. 
Blandin  (Frédéric),  ingénieur  civil  (E.  C),  à  Nevers.  — 4  février  1869. 
Blaudin-Valière  (Albert),  à  Nevers.  —  7  mars  1872. 
BoGROS  (l'abbé),  curé  de  Marzy.  —  9  mai  1872. 
BoiTiAT,  archiprêtre  de  la  cathédrale,  à  Nevers.  —  27  avril  1882. 
BoNNEAU  DU  Martray  ij(j,  ingénieur  en  chef,  à  Dijon.  —  7  octobre  1875  ' 
BoNNEjOY  (docteur) ,   à  Chars  -  en  -  Vexin   (  Seine  -  et  -  Oise).    — 

28  février  1888. 
BouRGOïKG  (baron  Pierre  de),  conseiller  général,  au  château  de  Mouron. 

—  27  juin  1889. 

BouTEYRE  (Roger  de),  à  Munot  parla  Charité.  —  31  décembre  1885. 
BouTiLUER  (l'abbé),  chanoine  honoraire,  curé  de  Coulanges-les-Nevers . 

—  6  décembre  1861. 

BouTROUX  (Paul),  propriétaire  àNevers.  —  3 1  juillet  2884. 

BouvEAULT  ©A.,  architecte  du  département,  àNevers.  —  3  avril  1862. 

Bricheteau,  banquier  à  Nevers.  — 4  novembre  1880. 

Briêre  (comte  delà),  à  Imphy.  —  31  octobre  1889. 

Bruneau  (l'abbé),  curé  de  Maux,  pat  Moulins-Engilbert.  —  26  juin  1884. 

BusauET,  directeur  des  mines,  à  La  Machine.  —  6  novembre  1873. 

Cadeau  (l'abbé),  curé  de  Livry.  —  27  octobre  1881. 

Canat  (Henri)    #,  ancien  directeur  des  domaines,    à    Nevers.  — 

4  novembre  x88o. 
Chabannes  (comte  Henri  de),  conseiller  d'arrondissement,  au  château 

d'Argoulais  par  Château-Chinon.  —  26  janvier  1888. 
Chambure  (Henri  de),  château  de  la  Chaux,  par  [Saulieu  (Côte-d'Or).  — 

6  novembre  1873. 
Chapoy  (l'abbé),  curé  d'Aunay.  —  30  août  1872. 
Charant  (colonel  de)  O.  *S,  conseiller  d'arrondissement,  rue  d'Auvergne, 

àNevers.  —  27  juillet  1882. 
Charbonnier,  gérant  du  Journal  de  la  Nièvre.  —  7  octobre  x88o. 
Charpentier  (docteur),  à  Prémcry.  —  20  avril  1871 . 
Charrier  (abbé  Jules),  curé  d'AUuy,  par  Châtillon. 
Chastellux  (le  comte  de),  château  de  Chastellux-sur-Cure  (Yonne). 

—  Février  1885. 

Cheminade  (Emmanuel),  à  Nevers.  —  26  novembre  1885. 


—  vu  — 
MM. 

CHEVALiER-LAGéNissiÈRE ,    président   du  tribunal  civil  de  Mâcon.  — 

5  décembre  1872. 
Col  (Charles),  rue  de  la  Banque,  à  Nevers.  —  25  janvier  1883. 
Damast-d'Anlezy  (comte  Pierre  de) ,  conseiller  d'arrondissement ,  châ- 
teau d'Anlezy.  —  31  octobre  1889. 
Davamture  $ ,  adjudant  de  gendarmerie ,  Nevers. 
Dauphin,  notaire  à  Nevers.  —  31  octobre  1889. 
Debourges  (G.)f  avocat,  5 ,  rue  de  Rémigny,  à  Nevers.  —  22  février  1883 . 
Dr euille  (comte  Raoul  de),  château  de  Lépau,  par  Donzy .  —  x  er  mai  1 879 . 
Dhbt  (l'abbé),  licencié  ès-lettres,   professeur  au  petit  séminaire  de 

Saint-Cyr.  —  28  février  1889. 
Delamalle  (Jacques),  104,  boulevard  Haussmann,  Paris. 
Delost  (l'abbé),    chanoine  honoraire,  curé  de  Château-Chinon.  — 

4  mars  1869. 
Desmoulins,  avoué  à  Nevers.  —  27  juin  1889. 
Desveaux,  colonel  d'artillerie,  â  Autun  (Sa6ne-et-Loire). 
Deton  (Charles),  rédacteur  en  chef  dvt  Journal  de  Suâne^i^Loire,  à  Mâcon. 

—  30  octobre  1884. 
DojcGERMAiN  (comtc  René  de),  à  Nevers.  —  25  avril  1889. 
DuBARBiER  (l'abbé),  chanoine  honoraire,  vicaire  général,  à  Nevers.  — 

4  décembre  1873. 
DucouRTHiAL,  agent  d'assurances,  à  Nevers.  —  Janvier  1885. 
DuGUÉ  O  ^M  professeur  honoraire,  à  Saint-Saulge.  —  29  novembre  1888. 
DuMiNY  (Edmond),  ancien  juge  de  paix,  â  Nevers,  —  2  juin  1881. 
EsFEUiLLES  (comte  Albéric  d')  #,  député,  au  château  d'Espeuilles.  — 

27  juin  1889. 
EspiARD  (baron   Henri  d')  château  de  MaziUe,  par  Vandenesse.  — 

7  mai  1874. 
Estampes  (comte  Jean  d') ,  château  de  Mouchy,  par  La  Charité.  — 

31  octobre  1889. 
Faulopier  (Adrien),  â  Clamecy.  —  13  mai  1875. 
Ferrier  (Henri),  peintre,  à  Prémery.  —  20  avril  1871. 
FiCHOT    (docteur),    médecin    en    chef   de    l'hospice,  à  Nevers.    — 

7  octobre  1880. 
Flamare  (Henri  de),  archivbte  de  la  Nièvre.  —  23  février  1882. 
Fontenay   (Edouard  de),  château  de  Four-de-Vaux,   par  Nevers.  — 

3  avril  1879. 
FoucHé  (l'abbé),  chanoine  honoraire,  aumônier  du  lycée,  à  Nevers 

2  décembre  1863. 


—   VIU   — 

MM. 
Gadoin  #,  président  du  tribunal,  à  Cosne.  —  14  janvier  1875. 
Gadoin  (Léon),  à  Cosne.  —  31  décembre  1885. 
Gaulmyn   (vicomte  Joseph  de),  château  de  Rimazoh-,  par  Souvigny 

(Allier).  —  29  novembre  1888. 
Gautherot,  avocat  à  Paris,  $,  place  Saint-Michel.  —  28  février  1889* 
Gautron  (Florimond),  à  Nevers.  —  23  février  1888. 
GiLLOTiN  (Théophile),  négociant  à  Nevers.  —  28  février  1884. 
Girard  (l'abbé  Gustave),  curé  de  Gimouille.  —  2  juin  1881. 
GoNAT(Albéric),  à  Saint-Pierre-le-Moûtier.  —  17  août  1874. 
Grandpré  (Félix  de),  à  Imphy.  —  2  juin  1881. 
Grincour  (André),  château  de  Fontallier,  par  Saint-Pierre-le-Moûtier. 

—  27  juin  1889. 

Griveau  (Algar),  juge  honoraire,  à  Nevers,  —  22févrieri883. 

GuENEAU  (Cyprien),  notaire  â  Brinon. 

Mn»«    GuENY,    château    de  Dumphlun,    par   Saint-Benin«d*A«y.  — 

31  octobre  1889. 
GuiLLEMENOT  Q'abbé),   chanoine  honoraire,  rue  Creuse  à  Nevers.  — 

30  octobre  1884. 
GuiLLERAND,    à    Roussy,    commune  de  Salnt-Parize-le-Châtel.    -^ 

24  février  1887. 
Hamel  DE   BREun.  (le  comte  du),  au  Reconfort  par  Monceaux«*le- 

Comte.  —  30  juillet  1885. 
HuGON  (Edmond),  ancien  juge,  à  Nevers.  —  3  juillet  1873. 
HuRAULT  (l'abbé),  curé  de  Saint-Pierre  de  Nevers,  membre  fondateur. 

—  5  juin  18$ I. 

Javillier  O  a.,  pharmacien  à  Nevers.  — 9  décembre  187$. 

JoLLY  (A.),  directeur  de  la  Banque  de  France,  à  Nevers.  —  Février  1885 . 

JouRDAN  (docteur),  rue  Mirangron,  à  Nevers.  —  27  juillet  1882. 

Jullien,  employé  des  ponts  et  chaussées,  à  Nevers.  —  26  janvier  1882. 

La  Chesnaye  (comte  de),  à  Pouilly-sur-Loire.  —  24  février  1887. 

La  Fargue  (comte  de)  >J<,  rédacteur  en  chef  du  Moniteur  de  la  NUvrty 

à  Pougues-les-Eaux.  —  30  novembre  1882. 
Langellé  (Louis-Désiré),  ancien  notaire,  à  Pouilly.  —  31  décembre  1885 . 
Langle  de  Cary  (Charles  de),  ancien  juge,  àCorvol  d'Embernard.  ^ 

13  mai  1875. 
Laplanche    (Maurice  de),    château  de  la  Planche,   par  Luzy.  — 

10  janvier  1878. 
Laubespik  (comte  de)*,  sénateur,  conseiller  général,  château  de  Tracy, 

par  Pouilly.  —  9  décembre  187$. 


—   IX   — 

MM. 

Laugardièrb  (vicomte  de),  ancien  conseiller  à  la  cour  d*appel,  rue  Porte- 
Saint-Jean,  Bourges.  —  23  avril  1857. 

Lautermat  ,   agent-voyer  d'arrondissement  en  retraite ,  à  Nevers.  — 
14  juin  1860. 

Lavennb  db  La  Montoise  (Henri  de^,  inspecteur  principal  du  chemm 
de  fer  d'Orléans,  à  Tours.  •—  27  mai  1886. 

Leblanc-Bellevaux  (Auguste),  licencié  en  droit,   19,  rue  de  Moscou, 
à  Paris,  —  i«  février  1872. 

Legrand,    ingénieur-agent-vqyer  d'arrondissement,    à   Nevers,    •— 

3  août  1876. 

Lespinasse  (René  de)  >{<  Q  A.,  conseiller  général,  i  Luanges,  par 

Guérigny.  —  8  juin  1867. 
M«e  DE  Lespinasse,  à  Luanges,  par  Guérigny.  —  31  octobre  1889. 
LtJTZ  (Charles),  architecte  à  Nevers.  —  Mars  1881 . 
Maraïidat  (Henri)  ^,  capitaine  en  retraite,  à  Nevers.  —  Mars  1881 . 
Maramdat  (Edouard),   10,  rue  du  Sort,  à  Nevers.  —  24  novembre  188 1. 
Marcy  (Raoul),  ingénieur  civil  à  Nevers,  conseiller  d'arrondissement 

du  Cher.  —  27  mai  1886. 
Mariluer  (l'abbé),  chanoine  honoraire,  vicaire  général,  à  Nevers.  — 

4  octobre  1877. 

Maron  (Albert),  13,  rue  du  Charnier,  à  Nevers.  ^  2  juin  1881. 
Mauduit  (comte  Robert  de),  château  des  Coques,  par  Chaulgnes.  — 

30  octobre  1884. 
Maumigny  (comte  de),  à  Nevers,  membre  fondateur.  —  5  juin  185 1. 
Maumigny  (vicomte  Paul  de)  ^,  rue  Creuse,  à  Nevers.  —  28  juin  1883. 
Mazeron  (Achille),  libraire  à  Nevers.  —  25  juin  1885. 
Métairie  (Abd),  conseiller  d'arrondissement,  à  FonÊiye,  par  Château- 

neuf-val-de-Bargis.  —  9  juillet  1874. 
Mbukier  (Paul),  ancien  avoué,  23,  rue  du  Rempart,  Nevers. 
MicHOT,  libraire  â  Nevers.  —  6  février  1873. 
Millien  (Achille)  >{i,  à  Beaumont-la*Ferriëre.  —  14  juin  1860. 
MiRAULT,  régisseur  â  Cours-les-Barres  (Cher).  —  10  janvier  1866. 
MoKor  (docteur^  #,  conseiller  général,  âMontsauche.  *~  6  mars  1873. 
MoNTAGKON  ifi,  â  Nevers.  —  13  février  1879. 
M0NTEIGNIER,  â  Dompierre-sur  Nièvre.  —  29  août  1872. 
MoNTRiCHARD  (comte  de)  ^,  château  de  la  Chassdgne,  par  Magny.  — 

27  octobre  1881. 
MoRiM-BouTiLLiER,  libraire  à  Nevers.  —  27  octobre  1881. 
MoRLON ,  conseiller  â  la  cour  d'appel,  â  Bourges.  •—  5  décembre  1867. 


—  X  — 
MM. 
Paignon   (Charles),    conseiller  général ,  château  de  Saint-Pierre-dn- 

Mont.  —  27  juin  1889. 
Pannetier  (l'abbé),  curé  d'Arleuf.  —  29  août  1872. 
M»e  Périgot,  rue  Saint-François-de-Paule,  à  Nice.  —  27  janvier  1890. 
Perreau  (Paul),  notaire  à  Saint-Benin-d'Azy.  —  4  mars  1880. 
Perrier  (docteur),  à  La  Charité.  —  13  novembre  1879. 
PoMEREU   (vicomte  de),  conseiller  général,  au  château  de  Fours,  — 

27  juin  1889. 
PoNROY  (Henri),  ancien  sous-préfet,  à  Bourges.  —  26  juin  1884. 
Pot  (l'abbé),  curé  de  Magny-Cours.  —  14  juin  1860. 
Pracomtal  (marquis  de)  ^,  conseiller  général,  au  château  de  Châtillon. 

—  27  juin  1889. 

Prégermain  aîné,  château  de  Gron  par  Châtillon.  —  4  octobre  1877. 

QuiRiELLE  (Roger  de),  â  La  Palisse,  Allier.  —  28  octobre  1886. 

Hambourg  (Louis)  4ç,  château  de  la  Fcrté ,  par  Chantenay.  — 
26  décembre  1889. 

Hambourg  (M«»e  Charles),  château  de  Châteauvert,  par  Clamecy.  — 
26  décembre  1889. 

Rasilly  (marquis  de) ,  château  de  Beaumont,  par  Saint-Pierre-le- 
Moûtier.  —  25  juillet  1889. 

Régnier  (Jacques),  négociant  à  Coulanges-les-Nevers.  —  28  fé- 
vrier 1884. 

Rémuzat  (Mm«  Hélène  de) ,  66 ,  rue  Grignan ,  Marseille.  — 
31  octobre  1889. 

R0BELIN  (Albert)  ,  contrôleur  des  contributions  directes,  à  Nevcrs.  — 
24  novembre  1881. 

Robert  (Paul),  au  château  de  Sully,  par  Nevers.  —  26  avril  1888. 

Robert-Saint-Cyr  (docteur  Victor),  à  Nevers.  —  30  novembre  1882. 

Robert,  juge  à  Cosne. 

Roger  (Octave)  ^,  ancien  magistrat,  à  Bourges.  —  26  juin  1884. 

Rolland  (l'abbé),  chanoine  honoraire,  aumônier  des  Ursulines,  Nevers. 

—  14  juin  1860. 

RosEiMONT  (Arthur  de),  à  la  Girardière,  par  Bdleville-sur-Saône  (Rhône), 

membre  fondateur.  —  5  juin  185 1. 
RosEMONT  (Adolphe  de),  membre  fondateur,  à  Nevers.  —  5  juin  i8$i. 
Roy  (l'abbé),  curé  d'Onlay,  par  Moulins-Engilbert.  —  Décembre  1884. 
Saglio  (Alfred)  »R*,  â  Fourchambault.  —  27  juin  1889. 
Saint-Phalle  (marquise  de),  château  de  Montgoublin,  par  Saint-Benin- 

d'Azy.  — 25  juillet  1889. 


—   XI    — 

MM. 

Saint-Vallier  (vicomte  de)  <fi^,  château  de  la  Cave,  par  Saint-Benin- 

d'Azy.  —  ler  juin  1876. 
Salleix  (Amédée),  château  de  la  Brangelie,  par  Ribérac  (Dordogne).  — 

27  mai  1886. 
Sarriau,  à  Cosne.  —  7  octobre  1880. 
Sa  VIGNY  DE  MoNCORps  (comte  Charles  de)  #,  sénateur,  conseiller 

général    de  la  Nièvre,  château  de  Savigny ,  par  Saint-Saulge.  — 

3  août  1854. 
Savigny  de  Moncorps  (vicomte  René  de)  ^,  château  de  Fertot,  par 

Nevers.  —  3  août  1854. 
Saulieu   (comte   Charles   de),    â   Lurcy-le-Bourg,  par  Prémery.  — 

24  février  1887. 
Sery  (l'abbé),  curé  de  Grenois.  —  27  octobre  1881. 
SouLTRATT  (vicomte  Roger  de),  conseiller  générai  de  la  Nièvre,  château 

de  Dornes.  —  23  février  1888. 
Soyer  (l'abbé),  â  Nevers.  —  9  janvier  1873. 
SuBERT  (docteur),  Q  A.,  médecin  en  chef  de  l'hospice,  â  Nevers.  — 

12  janvier  1865. 
Teste,  château  de  Vésîgnenx,  par  Saint-Martin-du-Puy.  —  Février  1885. 
Teste  (Alexandre),  à  Lormes.  —  27  octobre  1887. 
Thépénier  (l'abbé),  curé  de  Saint-Parize-le-Châtel.  —7  octobre  1880. 
Thévenin   (Louis) ,   ancien   directeur   de   la   Pique,    â  Nevers.    — 

2  juin  1881. 

Tœrsonnier  (Paul)  #  ,  au   château    de  Trémigny,   par  Magny.  — 

27  juin  1889. 
Tœrsonnier   (Gabriel),   au   château  du  Colombier,  par  Nevers.  — 

27  juin  1889, 
ToYTOT  (Ernest  de),  â  Nevers.  —  6  février  1862. 
Valuère  (Gilbert),  imprimeur-administrateur  du  Journal  de  la  Nièvre, 

—  23  mai  1889. 
UsQuiN  (Paul),  juge  de  Paix  â  Donzy.  —  6  avril  1876. 
Verne   (Charles  du),  château  du   Veuillin,  par  le  Guétin  (Cher).  — 

3  mars  1870. 

Verne  (Victor  du),  â  Nevers.  —  9  janvier  1873. 
Verne  (Auguste  du),  à  Roanne  (Loire).  —  4  novembre  1880. 
Verne  (Charles  du),  château  de  Poiseux,  par  Guérigny.  —  25  avril  1889. 
Veyny  (le  marquis  de)  #,  rue  des  Moulins,  â  Nevers.  —  31  mai  1883. 
Villefosse   (Etienne  de),   ancien  archiviste,  membre   fondateur.  — 
5  juin  1851. 


—  XII  — 

MM. 

ViLLENAUT  (Adolphe  de),  ingénieur   civil,  château  de  Vauzelles,  par 

Nevers.  —  13  mai  1869. 
ViLLENAUT  (Ocuve  de),  à  Nevers.  —  27  janvier  1887. 
Warmont  (docteur),  $0,  rue  du  Four-Saint-Germain,  Paris. 

MEMBRES  CORRESPONDANTS. 

MM. 

Baudoin,  architecte  à  Âvallon. 

Blanche,  ancien  juge. 

Blandin,  docteur  en  médecine  à  Nantes. 

Bouchard  (E.),  avocat  à  Moulins  (Allier). 

BoucHARDON,  à  Saint-Dcnis  (Seine). 

Boudard,  inspecteur  des  enfants  assistés  à  Gannat. 

Brémond  d'Ars  (le  comte  de),  à  Nantes. 

Brillaud,  inspecteur  des  écoles  primaires  à  Autun. 

BuLUOT,  président  de  la  Société  éduenne,  à  Autun. 

Bures  (de),  membre  de  la  Société  d'émulation,  à  Moulins  (Allier). 

CUAMBRURE  (DE),  Ôls. 

Cirodde,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées. 

CouGNY,  ancien  professeur  de  dessin,  à  Bourges. 

Desrosiers,  professeur  an  collège  de  Riom. 

DE  L'Etoile  (le  comte),  à  Moulins  (Allier). 

Garsonnft  *j^,  inspecteur  d'académie. 

Gautherin,  statuaire,  1 1 ,  impasse  du  Maine,  Paris. 

Germain,  docteur  en  médecine  à  Paris. 

HuGENOT  (l'abbé  Victor),  à  Brion  (Indre). 

HuMANN,  propriétaire  à  Saint^Loup. 

Janicot  (docteur),  à  Pougues. 

JuLLiEN,  peintre  à  Paris. 

Lapeyre  de  Crussol,  receveur  de  l'enregistrement. 

Lehugeur  (Paul),  professeur  d'histoire  à  Angers. 

G.  Marty,  géomètre  à  Toulouse. 

Morellet,  censeur  retraité,  à  Paris. 

Pierredon   de  Perron  (chevalier  de;  G.  »}<,  château  de  Puisséguin 

(Gironde).  —  Reçu  titulaire  le  i«  février  1872. 
Raynaud  ^,  aneien  recteur. 
Senac  (de). 
Thomas,  employé  au  ministère  de  la  guerre,  à  Paris. 


—  xni  — 


SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES. 


1  Comité  des  travaux  historiques  et  des  sociétés  savantes. 

2  Sodété  française  d'archéologie. 

3  Société  phîlotechnique,  à  Paris. 

4  Société  éduenne,  à  Âutun. 

5  Société  d'agricuhure,  de  commerce,  etc.,  du   département  de  la 

Marne,  à  Châlons. 

6  Sodété  archéologique  de  Sens. 

7  Société  archéologique  et  historique,  à  Orléans. 

8  Académie  de  Reims. 

9  Société  d'émulation  de  l'Allier,  à  Moulins. 

10  Sodété  des  sciences  naturelles  et  historiques  de  l'Yonne,  à  Auxerre. 

11  Société  historique  du  Cher,  à  Bourges. 

12  Sodété  d'émulation  de  Montbéliard. 
I  j  Société  des  lettres,  à  Varzy  (Nièvre). 

14  Sodété  académique  du  Var,  à  Toulon. 

15  Académie  de  Mâcon. 

16  Académie  des  sciences  et  belles-lettres  d'Angers. 

17  Sodété  de  l'histoire  naturelle,  àColmar. 

18  Société  d'études,  à  A  vallon  (Yonne). 

19  Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse,  à 

Guéret. 

20  Sodété  littéraire  de  Lyon. 

21  Société  pour  la  conservation  des  monument  historiques  d'Alsaee, 

à  Strasbourg. 

22  Académie  des  sciences  de  Qermont-Ferrand. 

23  Sodété  académique  de  Boulogne-sur-Mer. 

24  Société  des  antiquaires  du  Centre,  à  Bourges. 

25  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Marseille. 

26  Sodété  des  sciences,  lettres  et  arts  des  Alpes-Maritimes. 

27  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  d'Angers. 

28  Commission  historique  du  département  du  Nord. 

29  Société  des  sciences  naturelles  et  médicales  de  Seine-et-Oise. 

30  Société  des  sciences  et  arts  de  Vitry-le-Français. 

3 1  Sodété  des  travaux  de  statistique  de  Marsdllc. 

32  Académie  du  Gard. 


;3  Société  d'agriculture,  belles-lettres,  sciences  et  arts  d'Orléans. 

34  Sodété  archéologique  de  Rambouillet. 
3  5  Société  d'histoire  naturelle  de  Toulouse. 

36  Société   d'agriculture,  de  commerce  et  d'industrie  du  département 

du  Var,  i  Draguiguan. 

37  Société  académique  de  Cherbourg. 

38  Société  historique  et  arcliéologique  de  Soissons  (Aisne). 

39  Société  d'études  des  sciences  naturelles  de  Béziers. 

40  Société  des  sciences  et  arts  du  Havre. 

41  Académie  des  sciences  ,  belles-lettres  et  arts  de  Tarn-ct-Garonne. 

42  Académie  de  la  Val-d'Isère,  à  Moutiers  (Savoie). 

43  Société  historique  et  archéologique  du  Périgord. 

44  Société  nif  cnse  des  sciences  naturelles  et  historiques,  à  Nice. 

45  Société  littéraire  de  Cbmecy  (Nièvre). 

46  Archives  générales  de  la  Côte-d'Or,  à  Dijon. 

47  Société  havraise  d'étudez  diverses,  au  Havre. 

48  Comité  archéologique  de  Senlis,  à  Senlis. 

49  Société  historique  et  archéologique  de  Langres. 

50  Société  des  archives  historiques  de  la  Saintongeet  de  l'Aunis. 

51  Directeur  du  musée  Guimcl,  à  Lyon. 

5a  Société  des  antiquaires  de  l'Ouest,  à  Poitiers. 

53  Société  d'études  des  Hautes-Alpes,  i  Gap. 

54  Société  archéologique  de  Tarn-et-Geronue.  v^  ^  1 
;;  Société  historique  duGâtiitais. 


—   XV   — 


REGLEMENT 


DU 


PRÊT  DES  LIVRES  DE  LA  BIBUOTHÈaUE  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


!•  Tous  les  livres  appartenant  à  la  Société  pourront 
être  prêtés  aux  membres  titulaires  et  plus  spécialement 
ceux  qui  forment  le  fonds  de  Soultrait. 

2®  Un  registre  sera  créé  à  cet  effet  et  divisé  en  plusieurs 
colonnes,  contenant  le  titre  et  le  format  de  l'ouvrage,  la 
date  du  prêt,  le  nom  de  l'emprunteur  ainsi  que  sa  signature 
et  révaluation  du  volume. 

3*^  Les  livres  ne  seront  prêtés  que  pour  un  délai  maximum 
d'un  mois,  et  devront  être  remis  à  la  porte  du  Croux. 

4®  Le  bibliothécaire  aura  seul  qualité  pour  donner  et 
recevoir  les  volumes. 

50  Au  cas  où  la  lettre  de  rappel  du  bibliothécaire  serait 
restée  sans  réponse,  tout  nouveau  prêt  serait  refusé  au 
retardataire. 

6<>  Le  plus  grand  soin  est  recommandé  pour  les  livres. 
Il  y  aurait  lieu  à  indemnité  dans  le  cas  oti  un  livre  serait 
détérioré. 


BULLETIN 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  NIVERNAISE 


DBS 


LETTRES,   SCIENCES  ET  ARTS. 


->W0O#W^ 


SÉANCE  DU  28  JANVIER  1886. 

Présidence  de  M.  Roubst^  président. 

Étaient  présents  :  MM.  Roubet,  président; 
Fabbé  Boutillier,  vice-président;  E.  de  Toytot, 
secrétaire;  Canat^  conservateur  du  musée; 
Duminy,  archiviste;  Griveau,  de  Rosemont, 
l'abbé  Pot,  Tabbé  Crosnier,  Langellé. 

M.  le  Président  fait  connaître  la  situation 
financière  de  la  Société  au  31  décembre  I885. 

Le  solde  restant  en  caisse  au  31  décembre,  sur 
Texercice  1885,  s'élève  à  559  fr.  32  c. 

Le  ministre  de  Tinstruction  publique  envoie  un 
questionnaire  émanant  du  Comité  des  travaux 
historiques  et  scientifiques,  dont  le  titre  est  ainsi 
conçu  :  Des  assemblées  générales  des  commu- 
nautés d^habitants  en  France  sous  Fancien 
régime. 

T.  m,  3*  série,  l 


—   2  — 


M.  Tabbé  Boutillier  donne  lecture  des  princi- 
paux chapitres  d'une  notice  historique  de  M.  Tabbé 
Charrier,  vicaire  de  Clamecy,  sur  la  Collégiale  de 
Saint-Martin  de  Clamecy.  Les  éléments  les  plus 
importants  de  ce  travail  ont  été  puisés  par  Tauteur 
dans  un  recueil  manuscrit  de  procès-verbaux 
authentiques  des  visites  pastorales  des  évêques 
d'Auxerre  et  dans  les  anciens  registres  de  la 
fabrique  de  la  collégiale. 

Cette  intéressante  notice  sera  insérée  au 
Bulletin. 

M.  le  président  Roubet  lit  une  note  sur  une 
inscription  de  1626  trouvée  dans  l'église  de 
Myennes  (1). 

M.  Roubet  continue  et  termine  la  lecture  de 
son  travail  sur  la  visite  d'Adam  Billault  à  l'abbé 
Berthier,  prieur-curé  de  Saincaize. 

M.  l'abbé  Boutillier  communique  à  la  Société 
les  notes  publiées  par  M.  Léopold  Delisle  dans  la 
Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  (3®  livraison 
de  1885),  sur  deux  manuscrits  :  un  Éoangéliaire 
et  un  Traité  de  comput  des  neuvième  et  dixième 
siècles  ;  ces  précieux  documents  proviennent  de  la 
cathédrale  de  Nevers  et  sont  aujourd'hui  conservés 
à  Londres ,  au  British  muséum. 

Ces  manuscrits  sont  surtout  intéressants  pour 
notre  histoire  liturgique  par  les  notes  nombreuses 
qui  y  ont  été  ajoutées  pendant  les  dixième, 
onzième  et  douzième  siècles. 

(i)  Le  texte  en  a  été  publié  dans  le  tome  précédent.  (3*  série^  t.  11^ 
p.  441.) 


M,  Tabbé  BoutiUier  est  heureux  d'annoncer  qu'il 
a  reçu  d'un  érudit  anglais,  M.  Edmund  Bishop, 
le  texte  des  anciens  inventaires  des  livres  et  orne- 
ments de  la  cathédrale  de  Nevers,  écrits  sur  les 
feuillets  262  et  263  de  XÉoangéliaire;  il  propose 
de  les  publier  au  Bulletin ,  en  les  complétant  par 
les  autres  inventaires  et  les  diverses  notes  qu'il 
pourra  retrouver. 

La  Société  accueille  avec  une  vive  satisfaction 
cette  proposition. 


SÉANCE  DU  25  FÉVRIER  1886. 

Présidence  de  M.  Roubbt,  président. 

Étaient  présents  :  MM.  Roubet,  président; 
Tabbé  houûWier  ^  vice-président  ;  E.  deToytot, 
secrétaire;  Ganat,  conservateur  du  musée; 
Duminy,  archiviste  ;  de  Pierredon,  de  Villenaut, 
de  Rosemont,  H.  Maraudât,  Gadouin ,  Griveau , 
Charles  Col. 

M.  Chaubert,  peintre  à  Nevers,  offre  à  la  Société 
plusieurs  fragments  de  verres  blancs,  de  forme 
ronde ,  dont  l'aspect  ressemble  assez  à  un  fond  de 
bouteille  aplati.  Ces  verres ,  vulgairement  appelés 
cives ,  datent  du  seizième  siècle  et  proviennent  de 
l'église  d'Urzy,  dont  les  vitraux  ont  été  récem- 
ment réparés. 

M.  l'abbé  BoutiUier  rappelle  à  ce  sujet  la  note 
explicative  qu'il  a  donnée  dans  V Histoire  de  la 


-  4  - 

Verrerie  de  Nevers  sur  la  fabrication  de  ces 
verres  en  plat,  dits  verres  de  Lorraine^  et  sur 
l'origine  de  la  loupe  ou  boudiné,  produite  par  le 
pontil  ou  canne  du  verrier  quand  il  se  détache  du 
plateau  de  verre.  {Bulletin^  3®  série,  t.  IL  p.  261.) 

M.  Tabbé  Boutillier  lit  ensuite  une  note  du 
Répertoire  des  travaux  historiques  pendant 
Vannée  1883  —  (T.  III ,  n^  3.  Livres  belges,  p.  705, 
n^  3918.  Compte-rendu  par  M.  E.  Lambrecht),  — 
sur  un  ouvrage  intitulé  Ypriana  :  Notices,  études^ 
notes  et  documents  sur  Ypres,  par  M.  Alphonse 
Vandenpeereboom. 

Ce  volume  a  pour  sous-titre  :  Ypres  et  ses 
comtes  Léliaerts.  Son  but  principal  est  d'étudier 
les  modifications  subies  par  les  institutions  admi- 
nistratives, judiciaires  et  politiques  de  la  commune 
dTpres,  de  1345  à  1384;  à  cette  époque  Tavéne- 
ment  des  ducs  de  Bourgogne  marque  la  fin  de 
Tère  communale  en  Flandre.  Les  Léliaerts  étaient 
les  comtes  partisans  du  lys,  c'est-à-dire  de  la 
France.  Les  deux  comtes  qui  furent  ainsi  désignés 
sont  :  Louis  de  Nevers  (1323),  qui  fut  tué  à  Crécy 
en  1346,  et  Louis  de  Maie  (1346- 1384).  Pendant 
cette  période  si  agitée  de  l'histoire  de  la  Flandre, 
les  interventions  de  la  France  furent  actives  et 
nombreuses,  et  elles  rencontraient  partout  Thosti- 
lité  de  l'Angleterre,  qui  soutenait  l'indépendance 
de  la  Flandre  par  tous  les  moyens. 

Lecture  est  donnée  par  M.  le  Président,  des 
lettres  de  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique 
pour  la  prochaine  réunion  des  sociétés  savantes. 


—  5  - 

La  lettre-circulaire  du  Ministre  indique  le  pro- 
gramme des  séances  et  les  formalités  nécessaires 
pour  obtenir  Tentrée  à  la  Sorbonne  et  les  billets 
de  voyage  à  demi-tarif. 

M.  le  président  Roubet  continue  à  nous  entre- 
tenir de  ses  recherches  sur  la  justice  d'autrefois  et 
lit  une  étude  intitulée  :  Procès  contre  le  cadavre 
de  Jeanne  Guesdin^  à  La  Charitésur-Loire , 
en  1699.  M.  le  Président  achève  ensuite  la  lecture 
de  sa  très-curieuse  notice  historique  sur  les  forges 
et  fourneaux  au  canton  de  La  Guerche  (i). 

M.  Tabbé  Boutillier  communique  à  la  Société 
deux  documents  qui  lui  ont  été  adressés  par 
M.  GueneaU;  receveur  des  finances  à  Loudun  : 
les  testaments  de  Philippe  de  Moulins,  évoque  de 
Noyon,  31  juillet  1409  ;  de  Germain  des  Paillards, 
évêque  de  Luçon,  neveu  de  Philippe  de  Moulins, 
4  octobre  141 8  ;  ces  deux  testaments  sont  conservés 
à  la  Bibliothèque  nationale,  où  notre  collègue  les 
a  copiés. 

Voici  d'ailleurs  en  quels  termes  M.  Gueneau 
annonce  sa  communication  : 

Parmi  les  six  ou  sept  cents  anciennes  familles  du  Niver- 
nais dont  je  me  suis  occupé,  il  en  est  deux  qui  m'ont 
particulièrement  intéressé  :  la  première,  celle  de  Moulins, 
parce  qu'elle  est  presqu^inconnue  ;  la  seconde ,  celle  des 
Paillards,  qui  a  été  alliée  à  la  première,  parce  que  sa 
filiation  est  difficile  à  établir. 

La  famille  de  Moulins,  qui  portait  de  gueules,  à  la  croix 
potée  (Tor,  paraît  originaire  de  Moulins-Engilbert.  A-t-elle 

(x)  Ce  travail  a  été  publié  dans  le  tome  précédent,  p.  364-413. 


-  6  - 

possédé  l'ancienne  seigneurie  de  Moulins  ?  Est-ce  elle  qui 
Ta  vendue  aux  comtes  de  Nevers  ?  Rien  jusqu'à  ce  jour  n'a 
répondu  à  mes  interrogations.  J^ai,  dans  le  tome  VIII  du 
Bulletin  de  la  Société  nivernaise,  page  561,  indiqué  que 
Moulins-Engilbert  n'avait  jamais  appartenu  aux  seigneurs 
de  Buzançais,  comme  auraient  pu  le  laisser  croire  Y  Inventaire 
des  titres  de  Nevers ,  page  1 66 ,  les  Armoires  de  Baluze , 
n"  74,  folio  409,  etc.;  mais,  je  le  répète,  rien  ne  prouve  que 
la  famille  de  Moulins  ait  eu  des  droits  sur  Moulins.  Faut-il 
rattacher  à  cette  famille  Guillaume  de  Moulins,  damoiseau, 
et  Agnès,  sa  sœur,  femme  de  Jean  de  Bois,  qui,  en  1284, 
vendirent  au  comte  Robert ,  moyennant  50  livres  tournois, 
tous  leurs  biens  de  Dennecy  (Onlay)  et  de  Vénitien  (Prépor- 
ché){i)? 

Renaut  de  Moulins,  écuyer,  qui  fit  hommage  en  1296  au 
comte  de  Nevers  pour  divers  héritages  sis  dans  la  châtellenie 
de  Moulins,  en  faisait-il  partie  (2}  ? 

Jean  de  Moulins,  archidiacre  de  Decize,  qui  toucha  de 
i383  à  i388  ses  gages  comme  garde  des  sceaux  de  la  prévôté 
de  Nevers,  doit-il  se  rattacher  à  cette  famille  (3)  ? 

La  seule  chose  certaine,  c'est  que  Philippe  de  Moulins,  qui 
fut  secrétaire  des  rois  Charles  V  et  Charles  VI  et  successive- 
ment évêque  d'Evreux  et  de  Noyon,  fonda,  en  1378,  la 
collégiale  de  Notre-Dame  de  Moulins- Engilbert  dans  une 
chapelle  qu'il  fit  construire,  se  réservant  pour  lui  et  pour  ses 
héritiers  le  droit  de  présentation  ("4).  Un  actedu  6  juin  1416, 
jadis  cité  par  M.  Pougault,  mais  que  je  n'ai  pu  rencontrer, 
régla  Tordre  dans  lequel  ce  droit  devait  passer  aux  différentes 
branches  de  la  famille  à  mesure  de  leur  extinction.  Philippe 
de  Moulins  testa  le  îi  juillet  1409.  J'ai  pu  obtenir  des 
Archives  nationales  une  copie  de  ce  testament,  qui  ne  parle 
pas  de  Moulins.  Une  clause  contient  seulement  ceci  :  Itenij  in 

(i)  Titres  de  Nevers,  p.  523. 
(3)  Idem,  p.  5ii. 

(3)  Archives  de  la  Côte-d'Or,  B.  55o4  et  55o8. 
(4;  Voir,  dans  la   Monographie  de  la  cathédrale  de  Nevtrs,   le 
Register  vocatus  polio  ben^eiorum  insignis  ecclesice  Nivernensis, 


-  7  - 

partthus  unde  sumpsimus  ortginem  similiter  distribuantur 
mille /ranci  auri. 

Il  ressort  de  ce  testament,  fait  par  un  notaire  nivernais,  en 
présence  de  témoins  nivernais,  que  Philippe  de  Moulins 
n^avait  qu'une  sœur,  Bienvenue,  qui  épousa  un  membre  de 
la  famille  des  Paillards ,  qu'il  désira  être  inhumé  dans 
réglîse  des  Célestins  de  Paris,  qu'il  donna  abondamment 
aux  pauvres  et  que  son  neveu  Germain,  évéque  de  Luçon, 
fut  son  légataire  chéri. 

Ainsi,  le  testament  de  Philippe  de  Moulins  ne 
contient  aucune  mention  spéciale  au  Nivernais,  et 
il  en  est  de  même  de  celui  de  Germain  des 
Paillards. 

Pour  cette  raison  la  Société,  tout  en  exprimant 
sa  reconnaissance  envers  notre  érudit  et  laborieux 
collègue,  ne  croit  pas  devoir  imprimer  les  textes 
qui  lui  ont  été  si  gracieusement  offerts. 

M.  Tabbé  Boutillier  pense  qu'il  est  à  propos 
d'ajouter  que  d'après  le  Gallia  Christiana  et 
VHistoire  manuscrite  des  Evêques  de  Neoers  de 
Parmentier,  un  évoque  de  Nevers,  du  nom  de 
Renaud  de  Moulins,  qui  n'était  encore  ç\\x'electùs 
au  mois  d'août  1360  et  tint  le  siège  pendant  envi- 
ron deux  ans,  était  vraiment  originaire  de  Moulins- 
Engilbert, 

On  trouve  aux  archives  du  chapitre^  dit  cet  auteur, 
d'ailleurs  très-scrupuleux ,  un  acte  du  vendredi ,  fête  de  la 
Décollation  de  saint  Jean,  iBgB,  par  lequel  il  paraît  quUl 
avait  légué  à  Téglise  2,700  florins  d^or,  valant  2,050  fr. 
d^or,  pour  faire  apprendre  la  grammaire  à  douze  enfants  et 
pour  quelques  services.  Il  est  nommé  Reginaldus  de  Molinis 


—  8  - 

Engilbertoruntj  et  il  est  dit  que  Philippe  de  Mcolins,  évéque 
de  Noyon,  était  son  neveu. 

Le  même  Parmentier,  un  peu  plus  loin,  dans  Particle 
consacré  à  Tévéque  Robert  de  Dangeul,  ajoute  que  Philippe 
de  Moulins ,  évéque  de  Noyon ,  avait  fait  présent  à  Péglise 
cathédrale  de  Nevers  d'une  couronne^dorée,  en  laquelle  avait 
été  renfermée  une^  épine  de  la  vraie  couronne  de  Notre- 
Seigneur,  plus  une  grande  croix  dorée  et  460  fr.  d'or^ 
pour  quoi^  par  reconnaissance,  le  chapitre  avait  fondé  deux 
messes  à  son  intention.  [Martyrologe  de  la  Cathédrale, 
page  45.) 

Cette  donation  explique  pourquoi,  dans  le  testament  de 
Philippe  de  Moulins,  il  n'y  a  aucun  legs  à  la  cathédrale  de 
Nevers. 


SÉANCE  DU  25  MARS  1886. 

Présidence  de  M.  Roubbt,  président. 

Étaient  présents  :  MM.  Roubet,  président; 
Tabbé  Boutillier,  vice -président;  de  Toytot, 
secrétaire;  Canat,  conservateur  du  musée; 
Duminy,  archiviste  ;  Tabbé  Fouché,  de  Grandpré, 
Charles  Col,  de  Flamarej  Langellé,  le  comte  de 
Maumigny. 

Lecture  est  donnée  par  M.  Canat  d'une  étude 
sur  trois  objets  de  Tâge  de  pierre  en  silex  travaillé, 
trouvés  sur  la  commune  de  Coulanges-les-Nevers 
et  une  autre  pièce  provenant  de  la  commune  de 
Fléty  (Nièvre). 

Cette  intéressante  étude  sera  insérée  zn  Bulletin. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  du 


maire  de  Jailly  concernant  le  portail  de  Tancienne 
église  de  cette  commune. 

Ce  portail,  qui  menace  ruine,  doit  être  démoli. 

Le  maire  et  le  conseil  municipal  seraient  dans 
la  disposition  de  le  vendre. 

La  Société  décide  qu'elle  ne  pourrait  qu'acheter 
quelques  chapiteaux  ou  pierres  isolées,  au  cas  où 
leur  conservation  ou  leur  intérêt  artistique  présen- 
teraient quelque  intérêt. 

M.  le  docteur  Monot  fonde  à  Montsauche  un 
musée  cantonal  ;  il  demanderait  que  la  Société 
voulût  bien  accorder  à  son  musée  Tenvoi  de  nos 
publications. 

La  Société  décide  qu'elle  sera  heureuse  d'en- 
voyer le  Bulletin  à  M.  Monot ,  mais  il  y  aura  lieu 
de  statuer  à  nouveau  chaque  fois  qu'il  s'agira  d'une 
publication  spéciale  d'une  certaine  importance. 

M.  l'abbé  Boutillier  donne  lecture  d'un  mémoire 
fort  intéressant,  intitulé  :  Les  exercices  publics 
dans  le  collège  de  Nevers  avant  la  Réoolution. 

Ce  travail,  qui  répond  à  une  des  questions  du 
programme  des  sociétés  savantes,  sera  lu  par 
l'auteur  à  la  Sorbonne  et  inséré  au  Bulletin. 


■«Ka6>i' 


NOTE 

SUR  TROIS  OBJETS  EN  SILEX  TRAVAILLÉS  TROUVÉS  SUR  LA 
COMMUNE  DE  COULANGES  -  LES  -  NEVERS  ET  UNE  AUTRE  PIÈCE 
PROVENANT  DE  LA  COMMUNE  DE  FLÉTY  (nIÈVRe). 

Des  trois  pièces  provenant  de  Coulangcs,  la  seule  vraiment 
intéressante  est  une  pointe  en  forme  de  feuille  de  laurier 
.  T.  III,  3*  série.  2 


—    10   — 

retouchée  au  pourtour  sur  une  seule  face.  Le  dessous  {Pré- 
sente la  face  d'éclatement  tout  unie  avec  concoïde  d4 
percussion  en  saillie  à  la  partie  inférieure.  Le  concoïde  en 
creux  se  retrouve  sur  la  face  opposée. 

La  base  est  carrée  et  a  servi  de  plan  de  frappe.  L'extrémité 
supérieure  est  pointue.  Cette  pièce  (  pointe  de  lance  ou  de 
javelot)  mesure  iio  millimètres  de  longueur  et  33  milli- 
mètres à  sa  plus  grande  largeur. 

Elle  appartient  à  la  série  la  plus  ancienne  de  la  période 
robenhausienne. 

La  longueur  et  le  peu  d'épaisseur  de  ces  pointes  nécessi^- 
taient  un  puissant  soutien  de  Pemmanchure.  Le  sommet  de 
la  hampe  devait  être  à  demi  entaillé  et  présentait  une  langue 
de  bois  plate  s  amincissant  progressivement.  C'est  sur  cette 
langue  que  s'appliquait  la  face  plane  de  la  pointe  de  silex, 
qui  était  fixée  par  des  ligaments  avec  interposition  de 
matières  bitumeuses  ou  résineuses.  (Mortillet,  le  Préhis* 
torique.) 

Les  deux  autres  pièces  paraissent  être  une  scie  et  un 
grattoir,  mais  elles  sont  peu  caractérisées. 

La  pièce  qui  provient  de  la  commune  de  Fléty  est  faite 
d'une  pierre  extraite  des  roches  du  voisinage  de  l'endroit  oti 
elle  a  été  trouvée.  Cette  pierre  est  noirâtre,  dure,  grenue  et 
d'une  médiocre  densité. 

Ce  n'est  malheureusement  qu'un  fragment.  Pour  se  rendre 
compte  de  la  forme  que  devait  avoir  cet  objet  dans  son 
intégrité,  il  faut  le  doubler  en  imagination.  On  obtient  ainsi 
un  instrument  ressemblant  à  peu  près  à  une  hache  à  deux 
tranchants,  c^est  ce  qu'on  appelle  le  casse-tête  naviforme. 

Les  casse-têtes  sont  de  formes  très-variées  :  il  y  en  a  d« 
discoïdes,  de  pointus  aux  deux  bouts,  de  plats  ou  arrondis 
aux  deux  extrémités,  de  munis  de  deux  tranchants,  de  tran- 
chant d'un  côté  et  plats  de  l'autre,  etc.  Le  caractère  commun 
est  d'être  percé  d'un  trou  destiné  à  recevoir  un  manche. 

Ces  instruments,  à  raison  de  la  diversité  de  leurs  formes, 
avaient  reçu  des  noms  appropriés  à  leur  destination  sup* 


—  II  — 

posée.  On  les  appelait  disques,  pics,  marteaux,  haches 
bipennes^  baches^marteaux,  marteaux-pics,  etc.  Mais  on  a 
mtnarqué  que  les  taillants  sont  toujours  mousses,  que  la 
nature  tendre  et  grenue  de  la  pierre  s'oppose  à  ce  qu^ils 
soient  affûtés,  enfin  que  parfois  des  ornements  ont  été  gravés 
aux  extrémités,  ce  qui  indique  bien  qu^elles  n'étaient  pas 
destinées  à  couper.  Ce  ne  pouvait  donc  pas  être  des  outils, 
mais  des  armes. 

On  s^est  longtemps  demandé  comment  se  pratiquait  le 
trou  qui  traverse  ces  armes;  le  doute  n'existe  plus  aujour- 
d'hui. Divers  procédés  ont  été  mis  en  usage. 

Pour  les  instruments  en  silex  on  s'est  servi  d^un  morceau 
naturellement  percé,  se  contentant  de  régulariser  l'ouverture 
au  moyen  d'une  série  de  petites  percussions. 

Pour  les  autres  roches  on  a  employé  deux  procédés  diffé- 
rents dont  le  principe  est  pourtant  le  même.  Ce  principe  est 
l*usure  de  la  roche  par  l'intervention  du  sable  et  de  l'eau.  Le 
procédé  ne  diffère  que  par  l'emploi  de  l'intermédiaire  qui 
détermine  Faction  du  sable  mouillé.  Le  plus  grossier  de  ces 
procédés  consiste  à  faire  tourner  un  corps  pointu  sur  le  point 
qu'on  veut  percer,  en  interposant  constamment  entre  ce  corps 
et  la  pierre  du  sable  fin  et  de  Teau.  Le  corps  qu'on  fait 
tourner  n^a  pas  besoin  d^étre  dur,  ce  peut  être  un  simple 
morceau  de  bois.  Le  bois  même  a  Tavantage  de  saisir  le  sable 
entre  ses  fibres  et  de  l'entraîner,  ce  qui  active  l'action  du 
rodage.  Pour  commencer  l'opération ,  on  prépare  au  point 
désigné  un  petit  godet  par  percussion.  Pour  l'activer  on 
pratique  le  rodage  successivement  de  chaque  côté.  11  se  forme 
ainsi  deux  cônes  creux  qui  convergent  l'un  vers  l'autre  et 
qui  finissent  par  se  joindre  par  leur  sommet.  Des  pièces 
inachevées  ou  cassées  pendant  l'opération  ont  révélé  tous  les 
détails  du  procédé.  Mais  comme  il  faut,  par  le  rodage,  user 
entièrement  la  roche  qui  se  trouve  dans  le  trou ,  ce  procédé 
est  fort  long. 

On  l'a  simplifié  en  employant  au  lieu  d'un  appareil  rôdeur 
plein  un  appareil  vide  à  Tintérieur,  comme  un  roseau^  un 


—    12   — 


morceau  de  sureau  ou  un  os  creux.  On  n  a  plus  eu  alors 

qu'à  creuser  un  anneau  ;  il  reste  à  Tintérieur  du  tube  un 

noyau  de  la  roche  qui ,  à  la  fin  de  l'opération ,  se  détache,  et 

donne  de  prime-saut  un  trou  de  la  grandeur  voulue.  Des 

pièces  à  demi  faites  et  des  noyaux  de  rejet  ne  laissent  plus 

aucun  doute  sur  l'emploi  de  ce  mode  de  forage. 

Cest  incontestablement  ce  dernier  mode  qui  a  été  mis  en 

usage  pour  la  pièce  dont  il  est  question  ;  les  trous  pratiqués 

par  le  premier  procédé   conservent   toujours   la  forme  de 

cônes  renversés ,  tandis  qu'ici  les  parois  sont  parfaitement 

verticales. 

CANAT. 


SÉANCE  DU  29  AVRIL  1886. 

Présidence  de  M.  Roubet^  président. 

Sont  présents  :  MM.  Roubet,  président jC^n^it. 
conservateur  du  musée;  Duminy,  archiviste  de 
la  Société;  le  comte  de  Soultrait,  l'abbé  Crosnier, 
Tabbé  Soyer,  le  colonel  de  Charrant ,  Adolphe  de 
Rosemont ,  le  vicomte  de  Maumigny,  Cheminade , 
faisant  fonctions  de  secrétaire. 

Lecture  est  donnée  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  25  mars. 

Au  sujet  de  Téglise  de  Jailly,  dont  il  a  été 
question  d'acheter  divers  objets  provenant  de  sa 
démolition,  M.  de  Soultrait  exprime  Tavis  que 
cette  église,  construite  en  escalier,  est  surtout 
remarquable  par  son  tympan  peint;  cependant  il 
n'est  pas  opposé  à  l'achat  [de  quelques  chapiteaux. 

M.  Canat  réclame  que  Ton  s'occupe  de  la  sub- 


—  i3  — 

vention  à  obtenir  pour  la  statue  du  tombeau  de  la 
comtesse  Yolande. 

M.  le  Président  annonce  qu'à  la  prochaine 
réunion  il  y  aura  lieu  de  renouveler  le  bureau  ;  il 
déclare  qu'il  est  décidé  à  ne  plus  accepter  les 
fonctions  présidentielles,  qui  assujettissent  à  une 
correspondance  assez  suivie  et  à  une  exactitude 
aux  réunions  qu'il  s'est  fait  un  point  d'honneur 
d'observer  scrupuleusement  jusqu'ici,  et  à  laquelle 
il  désire  se  trouver  moins  astreint  à  l'avenir  ; 
cependant,  son  intention  est  toujours  de  s'oc- 
cuper activement  de  la  Société.  Les  personnes 
présentes  à  la  séance  font,  par  l'organe  de  M.  de 
Soultrait,  de  vaines  instances  pour  faire  revenir 
M.  Roubet  sur  sa  résolution. 

M.  Roubet  fait  le  récit  d'un  crime  de  lèse- 
majesté  divine  commis  par  Claude  Mariôn  de 
Coude,  dans  l'église  Sainte-Croix  de  La  Charité- 
sur-Loire.  Ce  jeune  gentilhomme,  né  à  Coude 
(canton  de  La  Guerche),  se  trouvant  sans  argent 
et  ayant  fait  quelques  dettes  à  une  auberge  de 
La  Charité ,  eut  la  sacrilège  idée  de  dépouiller  la 
statue  de  la  Vierge  de  ses  riches  vêtements  et  de 
voler  dans  les  tabernacles  les  saints  -  ciboires  avec 
leurs  custodes.  Engagé  peu  de  temps  après  au 
régiment  de  Nivernais  et  ayant  essayé  de  vendre 
les  produits  de  son  crime  pour  une  somme  bien 
inférieure  à  leur  valeur  réelle ,  il  fut  dénoncé  et 
poursuivi  devant  le  présidial  de  Saint-Pierre-le- 
Moustier.  Le  jugement  le  condamna  à  faire  amende 
honorable,  tète  et  pieds  nus  devant  le  porche  de 


—  14  -- 

Téglise  profanée ,  à  payer  une  amende ,  à  avoir  les 
poings  coupés  et  enfin  à  être  brûlé ,  après  avoir 
été  préalablement  étranglé,  en  considération  de 
son  âge.  (Ce  malheureux  n'avait  que  dix-huit  ans-) 
Le  Parlement  de  Paris  infirma  ce  premier  juge^ 
ment  sur  un  seul  point  et ,  d'après  son  arrêt ,  le 
coupable  n'eut  qu'un  poignet  de  coupé.  Ce  récit 
donne  lieu  à  d'intéressantes  remarques  sur  les 
rivalités  de  juridictions  à  différentes  époques,  ainsi 
que  sur  les  peines  alors  en  usage.  On  rappelle  qu(& 
les  terribles  supplices  de  la  roue,  de  l'écartelle- 
ment,  etc.,  étaient  généralement  précédés  de  la 
strangulation  du  condamné. 

M.  de  Soultrait  se  propose  de  communiquer  à  la 
Société  le  texte  d'un  édit  de  Nevers,  datant  du 
milieu  du  quinzième  siècle  et  prononçant  diverses 
peines  contre  les  blasphémateurs. 

M.  Roubet  donne  ensuite  lecture  de  la  courte 
notice  qui  suit,  sur  un  grelot-hochet  de  l'époque 
gallo-romaine  : 

En  prenant  l'église  de  Saint-Etienne  de  La  Guerche  comme 
point  central,  il  nous  est  possible  de  désigner  sur  divers 
rayons,  qui  ne  dépassent  point  i, 5 oo  mètres,  remplacement 
certain  de  sept  ateliers  de  céramiques  remontant  à  Pépoque 
gallo-romaine. 

Parmi  les  épaves  que  le  hasard  nous  a  fait  recueillir  nous 
signalerons  un  petit  objet  en  terre  cuite  que  nous  appellerons 
un  grelot-hochet,  bien  que  ces  deux  mots  impliquent  un 
pléonasme;  restituons,  s'il  le  faut,  son  nom  Imncrapidaritim^ 
Il  a  la  forme  d'une  boule  aplatie  ;  son  diamètre  a  dix 
centimètres  et  son  petit  axe  mesure  quatre  centimètres. 
L'argile  qui  le  compose  est  d'une  pâte  fine^  un  peu  micacée 


—    15    — 

et.d^une  couleur  jaune  pâle.  Son  intérieur  renferme  quelques 
petits  cailloux  ou  peut-être  quelques  petites  balles  en  terre 
cuite,  qui  font  du  bruit  quand  on  les  agite. 

Sans  doute  ce  hochet,  destiné  à  être  mis  dans  la  main  de 
tout  jeunes  enfants,  était,  à  cause  de  sa  fragilité,  muni  de 
quelques  tresses  en  osier  avec  un  petit  manubrium  ou 
manche  de  bois. 

.  Dans  les  musées  de  province  que  j^ai  visités^  je  n'ai  point 
trouvé  de  grelot-hochet. 

Le  musée  du  Louvre  en  conserve  un  qui  vient  d'Italie  et 
que  M.  François  Lenormant  a  rapporté  de  Tarente.  Il  est 
aussi  en  terre  cuite,  mais  plus  artistement  travaillé  que  le 
nôtre.  Il  représente  un  enfant  couché  dans  une  barque  ou 
plutôt  dans  un  berceau,  Son  intérieur  renferme  aussi  un 
caillou  ou  une  balle  de  terre  cuite. 

Notre  petit  monumentum  de  Tépoque  gallo-romaine  m'a 
paru  assez  intéressant  pour  être  mentionné  en  notre  Bulletin, 
Il  se  trouve  toujours  des  antiquaires  prêts  à  accepter  les  corn* 
munications  les  plus  minimes  avec  un  attrait  ignoré  du 
vulgaire. 

Dans  ses  savantes  recherches ,  M.  Roubet  a 
encore  trouvé  parmi  les  nombreux  débris  de  la 
civilisation  gallo  -  romaine  d'intéressantes  reliques, 
notamment  des  instruments  destinés  à  couper  les 
briques  et  d'autres  instruments  en  fer  qui ,  par  leur 
forme  en  croissant,  indiquent  qu'ils  servaient  de 
racloirs  aux  ouvriers  du  temps. 

On  examine  avec  un  vif  intérêt  des  photogra- 
phies de  châteaux  et  d'objets  d'art  de  la  Nièvre  et 
du  Cher,  apportées  par  M.  de  Soultrait. 

M.  le  Président  annonce  la  mort  de  M.  l'abbé 
Jobert,  ancien  curé  de  Corvol  -  l'Orgueilleux , 
puis    aumônier    de    l'école  normale  de    Varzy. 


—  i6  — 

M.  Jobert  faisait  partie  de  notre  Société  depuis 
vingt-quatre  ans.  Il  a  donné  au  Bulletin  de  ï8^ 
un  très-intéressant  extrait  des  manuscrits  de  dom 
Viole,  sur  l'église  de  Sainte-Eugénie  de  Varzy,  et 
plusieurs  autres  documents  servant  à  compléter 
jusqu'en  1792  Thistoire  du  monastère  de  Sainte- 
Eugénie  ,  qui  fit  autrefois  la  gloire  de  Varzy.     , 

La  Société  exprime  ses  sincères  regrets  de  la 
perte  d'un  collègue  aussi  savant  que  sympathique- 


SÉANCE  DU  27  MAI  1886. 

Présidence  de  M.  Roubet,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  Roubet,  président  ; 
Tabbé  Boutillier,  vice-président  ;  Canat,  conser- 
vateur ;  Duminy,  bibliothécaire;  de  Rosemont, 
le  vicomte  de  Maumigny,  de  Ghalvron ,  Edouard 
Maraudât,  Blaudin-Valière,  Tabbé  Marillier,  l'abbé 
Pot,  l'abbé  Soyer,  Griveau,  le  docteur  Subert, 
l'abbé  Bonoron ,  Langellé,  Henri  d'Assigny,  l'abbé 
Dubarbier,  JuUien,  de  Flamare  et  Col,  faisant 
fonctions  de  secrétaire. 

Le  scrutin  est  ouvert  pour  le  renouvellement  des 
membres  du  bureau. 

Président:  MM.  de  Soultrait,  17  voix; 
Roubet ,  I  ;  le  baron  d'Espiard ,  2. 

Vice-président:  MM.  l'abbé  Boutillier,  19  voix  ; 
l'abbé  Marillier,  i. 


—  17  — 

Secrétaire  :  MM.  E.  de  Toytot,  17  voix;  de 
Villenaut,  i  ;  de  Flamare,  i. 

Pro-secrétaire  :  M.  Morin ,  20  voix. 

Bibliothécaire  :  M.  Duminy,  19  voix. 

Trésorier  :  M.  Bricheteau,  19  voix. 

Architecte  :  MM.  Lutz,  19 voix;  Bouveault,  1. 

C  onser  Dateur  :  MM.  Canat,  18  voix;  E. 
Marandat,  2. 

M.  le  Président  proclame  élus  : 

MM.  de  Soultrait,  président;  Tabbé  Boutillier, 
vice-président;  de  Toytot,  secrétaire;  Morin, 
pro  -  secrétaire  \  Duminy,  bibliothécaire;  Bri- 
cheteau, trésorier;  Lutz,  architecte;  Canat  ^ 
conservateur. 

Sur  la  proposition  de  M.  Fabbé  Boutillier, 
M.  Roubet  est  nommé  à  l'unanimité  président 
honoraire. 

Sont  admis  membres  de  la  Société  : 

M.  Raoul  Marcy,  ingénieur  civil,  présenté  par 
MM.  Henri  d'Assigny  et  le  vicomte  de  Maumigny  ; 

M.  Henri  de  Lavenne  de  La  Montoise ,  chef  de 
gare  de  Paris-Orléans,  à  Paris  ; 

M.  Amédée  Falleix,  au  château  de  la  Brangelie, 
commune  de  Vauxans,  par  Ribérac  (Dordogne) , 

Présentés  tous  les  deux  par  M.  l'abbé  Boutillier 
et  M.  de  Flamare. 

M.  Tabbé  Boutillier,  vice-président,  communique 
à  la  Société  une  lettre  de  M.  de  Soultrait,  relative 
aux  formalités  à  remplir  pour  faire  reconnaître  la 
Société  comme  société  d'utilité  publique. 

T.  m  y  3*  série.  3 


—  i8  — 

M.  de  Soultrait  rend  compte  également  des 
démarches  qu'il  a  faites  à  Paris  pour  obtenir  les 
fonds  nécessaires  à  la  réparation  de  la  statue  de  la 
comtesse  Yolande. 

M.  Roubet^  président,  lit  à  la  Société  un  article 
intitulé  :  Souvenirs  de  collège. 


SEANCE  DU  24  JUIN  1886. 

Présents  :  MM.  le  comte  de  Soultrait,  pré-^ 
sident  ;  Tabbé  Boutillier,  vice-président;  Roubet, 
président  honoraire  \  Canat,  conservateur  du 
musée;  Ernest  de  Toytot,  secrétaire;  Tabbé 
Soyer,  de  Villefosse ,  de  Gharant,  Langellé,  de 
Pierredon ,  Blanc ,  Col ,  JuUien ,  le  docteur 
Subert. 

M.  Roubet,  président  honoraire,  installe  M.  de 
Soultrait ,  nommé  président  à  la  dernière  réunion 
et  prononce  le  discours  suivant  : 

Messieurs  , 

Si  la  réception  présidentielle  à  laquelle  nous  sommes 
heureux  d'applaudir  ne  comporte  point  un  grand  cérémonial, 
elle  me  donne  au  moins  le  privilège  d^adresser  au  récipien*^ 
daire  quelques  paroles  qui  ne  seront  que  ^expression  affaiblie 
de  nos  sentiments  de  bonne  confraternité. 

Dans  notre  dernière  séance  nous  avions  un  président  à 
élire I  et  sans  hésitation,  et  avec  un  parfait  accord,  nous 
avons  tous  offert  nos  suffrages  à  notre  collègue,  bene  meritOy 
M.  le  comte  Georges  de  Soultrait,  Tun  des  fondateurs  de 
notre  Société. 


—  19  — 

'  La  sympathie  ne  se  commande  pas,  et,  ainsi  que  j'ai  eu 
rodcasîon  de  le  dire,  ce  n'est  point  sa  faute  à  notre  nouveau 
président  si  ses  qualités  sont  d^une  nature  si  attractive. 

M.  de  Soultrait  porte  un  nom  cher  à  notre  province.  Il  est, 
il  a  été  et  demeurera  toujours  Nivernais  par  Fesprit  et  le  cœur. 

Ne  craignez  point,  mon  très-afifectionné  successeur,  que  je 
vienne  ici,  comme  aux  grands  jours  de  la  haute  Académie, 
vous  adresser  des  louanges  que  votre  modestie  s'empresserait 
bientôt  de  qualifier  de  négligeables.  Je  ne  veux  point  aujour- 
d'hui rappeler  une  à  une  les  excellentes  productions  dans 
lesquelles  vous  avez  apporté  autant  de  docte  sagacité  que  de 
patient  labeur.  Je  n'ai  point  à  apprécier  vos  œuvres  diverses 
que  nous  aimons ,  parce  qu'elles  nous  instruisent  en  conser- 
vant le  parfum  du  sol  qui  vous  les  a  inspirées. 

En  vous  appelant  à  sa  tête,  notre  Société  a  voulu  encore  se 
mettre  en  conformité  de  justice  et  de  reconnaissance  avec 
TAcadémie  de  Besançon,  qui  avait  tenu  à  honneur  de  vous 
élire  pour  son  président  à  cette  époque  oti  ce  je  ne  sais  quoi, 
qui  assurément,  n^est  point  le  Dieu  de  la  première  églogue, 
ne  vous  avait  point  encore  fait  de  nouveaux  loisirs. 

Malgré  quelques  rares  et  obscurs  détracteurs,  notre  com- 
pagnie continue  sa  marche  régulière;  et  chaque  jour, 
oublieux  des  préoccupations  et  des  vicissitudes  du  temps, 
nous  voyons  de  nouveaux  adeptes,  jeunes  et  vieux,  solliciter 
l'honneur  de  prendre  rang  parmi  nous. 

Bientôt,  grâce  à  votre  légitime  influence,  grâce  à  votre 
généreuse  initiative,  notre  Société  entendra  prodamer  son 
autcMiomie,  avec  les  privilèges  qui  en  sont  l'attribut  essentiel. 
Acquérant  ainsi  une  stabilité  indépendante,  elle  verra  se 
développer  encore  sa  prospère  vitalité.  Plus  d'un  travailleur 
se  mettra  courageusement  à  l'œuvre  et  vous  apportera  une 
précieuse  collaboration.  Le  champ  des  choses  anciennes  est 
vaste  :  Quanta  notifia  antiquitatis  !  L^archéologie  et  notre 
histoire  locale  sont  bien  loin  d'avoir  dit  leur  dernier  mot  : 
r%ine  et  Pautre  doivent  être  soumises  à  ce  microscope  qui 
sait  opérer  des  découvertes  si  inattendues. 


—   20  — 

Autour  de  vous.  Monsieur  le  Président,  nous  r0  foroie- 
rons  qu^une  grande  famille;  nous  serons  toujours  pr^$  ik 
suivre  les  conseils  que  dictera  votre  expérience;  nous  sofoas 
tQujours  prêts  à  puiser  au  dépôt  précieux  que  vos  étudea  .et 
vos  recherches  constantes  ont  su  accumuler,  à  la  gloire  d^ 
notre  vieux  Nivernais. 

En  terminant,  Messieurs,  veuillez  une  fois  encore  agnéer 
tous  mes  remercîments  pour  le  titre  de  président  honoraire 
que  vous  avez  octroyé  à  mes  vieux  ans.  Dans  cette  marque  de 
bienveillance  je  découvre  un  lien  qui ,  s^il  est  possible,  mç 
rattache  encpre  à  vous;  le  briser  serait  de  Tingratitude.  La 
vieillesse  a  chaque  jour  quelque  chose  à  apprendre.  J'appreor 
drai  donc  encore.  Au  surplus ,  je  sais  trop  que  ingénia 
senibus  manent,  modo  permaneat  studium  et  industria^ 
Je  peux  vous  accorder  le  studium,  mais  point  n^aurai  la 
présomption  de  vous  promettre  ce  que  Cicéron  appelle 
industria,  A  son  défaut,  je  ferai  toujours  preuve  de  bonne 
volonté  pour  vous  servir  et  vous  complaire. 

C'est  là  aussi  ce  que  j^offre  de  grand  cœur  à  notre  président, 
en  lui  faisant  Vhommage  des  mains,  comme  le  prescrivait 
notre  vieille  coutume  du  Nivernois. 

M.  le  comte  de  Soultrait  remercie  son  honorable 
prédécesseur  et  toute  la  Société  et  donne  lecture 
d'un  discours,  programme  magnifique  d'études  et 
de  travaux,  qui  est  de  nature  à  développer  la  vie 
intellectuelle ,  littéraire  et  scientifique  dans  notre 
Société  et  dans  notre  province  : 

Messieurs  , 

J^ai  eu ,  dans  ma  carrière  archéologique,  quelques  petites 
satisfactions  d^amour-propre,  mais  rien  ne  m  a  rendu  plus 
heureux  que  ma  nomination  à  l^,  présidence  de  notre 
Société. 


—  31    — 

-^l^^dôis  i'bonneur  que  vous  avez  bien  voulu  me  faire,  non 
à  «non  tnérire ,  mais  à  mon  ancienneté  dans  la  compagnie  ; 
piris  vous  avez  peut-être  voulu  récompenser  plus  de  quarante 
années  de  recherches  et  d'études,  dont  la  principale,  pour  ne 
pas  dire  la  seule  valeur,  est  d'avoir  eu  pour  objet  notre  chère 
province. 

'  Je  vous  remercie  donc  vivement  et  je  vous  promets  de  faire 
ilKM!  possible  pour  essayer  de  justifier  votre  choix. 

Mais,  Messieurs,  si  j'accepte  avec  joie  cette  présidence,  je 
suis  loin  de  m'en  dissimuler  les  difficultés. 

Je  succède  à  des  hommes  que  je  ne  remplacerai  pas.  Notre 
pnmier  président,  Mf'  Crosnier,  avait  dans  la  science  un 
nom  considérable ,  et  il  s'occupait  de  la  compagnie ,  dont 
j'ai  eu,  avec  lui,  Thonneur  d'être  Tun  des  fondateurs,  avec 
an  zèle  seulement  égalé  par  son  savoir. 

On  peut  dire  que  c'est  Mr  Crosnier  qui  a  posé  la  Société 
nivernaise,  à  laquelle  ses  importants  travaux  ont  bien  vite 
marqué  une  place  distinguée  dans  le  monde  scientifique  de 
nos  provinces. 

M.  Roubet,  que  je  voudrais  bien  voir  encore  à  la  place 
qu'il  a  refusée,  sous  prétexte  d'une  vieillesse  à  laquelle 
personne  ne  peut  croire,  tant  elle  est  verte  et  féconde, 
M.  Roubet,  dis-je,  a  été  aussi  un  président  excellent  :  d'une 
exactitude  parfaite,  d'une  grande  assiduité,  il  ne  manquait 
jamais  une  séance,  et  il  avait  toujours  en  réserve ,  pour  le 
cas  d'un  ordre  du  jour  peu  fourni,  un  de  ces  spirituels  récits 
dans  lesquels  il  sait  donner  une  forme  fantaisiste,  attrayante 
aux  gravités  de  Thistoire  et  de  l'archéologie.  Est-il  besoin 
d'ajouter  que  votre  ancien  président  avait  su  se  faire  aimer 
de  tous ,  par  une  extrême  bienveillance  et  par  la  gracieuse 
aménité  de  ses  relations. 

Dieu  merci,  notre  président  honoraire  ne  changera  point 
«es  habitudes,  et  nous  le  verrons,  comme  par  le  passé, 
apporter  aux  séances  de  notre  compagnie  le  tribut  de  ses 
cimnaissances  si  variées  et  de  ses  amusantes  lectures. 

J'ai  parlé  de  l'exactitude  et  de  l'assiduité  de  M.  Roubet. 


—   22   — 

Hélas  !  Messieurs ,  je  crains  bien  de  manquer  quelquefois  de 
ces  vertus  si  essentielles  à  un  président,  et  la  conscience  de 
mon  infériorité,  à  cet  égard  comme  à  bien  d'autres,  me 
préoccupe  en  prenant  place  sur  ce  fauteuil.  Depuis  que  le 
Gouvernement  m^a  rendu  à  mes  chères  études,  je  n^ai  plus 
que  mon  domicile  nivernais,  mais  j'ai  un  peu  la  passion  de 
la  locomotion,  quand  la  goutte  me  la  permet  ;  puis  la  goutte 
elle-même  pourra  bien  quelquefois  m'empécher  de  venir  à 
nos  séances.  J'aurais  donc  hésité  à  accepter  le  très-grand 
honneur  que  vous  avez  bien  voulu  me  conférer ,  sans  l'assu- 
rance d'être  toujours  fort  bien  remplacé  soit  par  notre  excel- 
lent président  honoraire ,  soit  par  notre  savant  et  laborieux 
vice-président,  qui  sait  trouver  le  temps  de  se  livrer  aux 
travaux  les  plus  variés,  au  milieu  des  occupations  nombreuses 
de  son  saint  ministère. 

Il  y  a  plus  de  trente<inq  ans,  Messieurs,  que  notre  Société 
est  fondée,  et  nous  pouvons  être  fiers  d^une  existence  aussi 
bien  remplie,  car  peu  de  sociétés  savantes  ont  produit  autant 
que  nous.  La  plupart  de  ces  sociétés  ont  eu  des  vicissitudes 
qui,  grâce  à  Dieu,  nous  sont  inconnues.  Plusieurs,  après 
avoir  eu  des  commencements  brillants,  ont  vu  décroître 
l'importance  de  leurs  publications  ;  d'autres  ont  tout  à  fait 
cessé  de  donner  signe  de  vie,  soit  faute  de  fonds ,  soit  faute 
de  travailleurs.  La  Société  nivernaise  n^a  jamais  ralenti  ses 
productions,  malgré  la  modicité  de  ses  ressources,  encore 
diminuées  par  le  refus  d'allocations  qui  cependant  ne  pou- 
vaient être  mieux  méritées. 

Je  viens  de  relire  la  liste  de  nos  fondateurs,  et  en  compa- 
rant cette  liste  de  quatre-vingt-un  noms  à  celle  de  nos 
membres  actuels,  je  n'ai  plus  trouvé  que  treize  ouvriers  de 
la  première  heure.  Heureusement  que  beaucoup  de  ceux  qui 
nous  ont  abandonnés  sont  encore  de  ce  monde  ;  mais  que  de 
pertes  n'avons-nous  pas  à  déplorer,  que  de  noms  aimés,  que 
d'hommes  qui  ont  bien  mérité  du  Nivernais  par  leurs  travaux^ 
par  leur  sympathie,  par  leurs  soins  à  seconder  nos  efforts  et  à 
entretenir  la  vie  scientifique  et  littéraire  dans  notre  province. 


—    23   — 

Ne  serait^ii  pas  à  propos  de  donner,  non  une  histoire  de 
notre  compagnie,  le  mot  serait  trop  ambitieux,  mais  un 
aperçu  de  ce  qu'elle  a  tait  jusqu'à  ce  jour,  un  compte-rendu 
de  cet^e  existence  académique  dont  je  louais  ajuste  titre  l'heu- 
reuse fécondité?  Cette  analyse  permettrait  à  nos  jeunes 
confrères  de  connaître  Tœuvre  de  leurs  devanciers  sans  avoir 
à  lire  de  nombreux  volumes. 

Les  membres  de  la  Société  peuvent  sans  doute  se  servir  de 
toutes,  nos  publications;  mais  notre  Bulletin  renferme  une 
masse  de  documents  historiques  et  archéologiques  sur  la 
province  qu^il  est  difficile  de  retrouver  sans  de  bien  longues 
recherches.  Une  table  détaillée  de  ces  volumes  serait  fort 
utile  aux  travailleurs  et  même  aux  simples  curieux. 

Il  y  aurait  bien  d^autres  travaux  dont  je  me  permettrai  de 
vous  dire  quelques  mots. 

Une  bibliographie  de  la  province,  dans  laquelle  seraient, 
non  pas  analysés  ni  même  appréciés ,  mais  seulement  indi- 
qués, dans  Tordre  bibliographique  généralement  adopté,  les 
ouvrages  sur  le  Nivernais  et  ceux  de  tout  genre  dus  à  des 
auteurs  nés  dans  le  pays. 

Une  biographie,  dans  laquelle  je  voudrais  voir  figurer  des 
notices  sur  certaines  familles  qui,  sans  avoir  fourni  des 
hommes  marquants,  ont  à  leur  actif  une  masse  de  services 
rendus  par  leurs  membres  pendant  des  siècles. 

Uneépigraphie  complète  du  département.  On  s*est  tou- 
jours vivement  préoccupé  des  inscriptions  antiques,  mais  on 
a  toujours  négligé,  je  dirai  même  affecté  de  mépriser,  comme 
indignes  de  toute  attention ,  celles  postérieures  au  dixième 
siècle.  Et  cependant  que  de  documents  curieux  dans  cette 
histoire  lapidaire  relativement  moderne,  pour  le  moins  aussi 
intéressante  que  celle  qui  date  de  Tantiquité  ! 

Un  épigraphiste  lyonnais  du  dix-septième  siècle,  Spon,  dit 
quelque  part  qu^on  ne  s'occupe  point  des  inscriptions  du 
moyen-âge  parce  qu'on  ne  les  saurait  lire. 

La  raison  est  naïve. 

Dans  les  cinq  beaux  volumes  de  l'épigraphie  du  diocèse  de 


—  24  — 

Paris,  le  regretté  baron  de  Guilhermy  a  magistralemem 
prouvé  de  quelle  importance  est  cette  branche  si  dédaignée 
de  Parchéologie. 

Faisons  donc  pour  la  Nièvre  ce  que  M.  de  Guilhermy  a 
fait  pour  Paris  et  pour  ses  environs. 

Ce  n'est  pas  tout  d^avoir  des  documents  historiques,  il  faut 
savoir  où  les  trouver  et  pouvoir  s'en  servir. 

L'inventaire  officiel  des  archives  départementales  nous 
donnera  la  clé  du  dépôt  de  la  préfecture.  M.  l'abbé  Boutillier 
nous  a  donné  celle  des  archives  municipales  et  hospitalières. 
L'Inventaire  des  titres  de  Nevers,  de  Tabbé  de  MaroUes, 
dont  vous  m'avez  fait  rhonneur  de  me  confier  l'annotation,  a 
mis  à  la  disposition  du  public  savant  bien  des  richesses  his* 
toriques.  M.  de  Lespinasse  nous  ouvre  le  Cartulaire  de  La 
Charité,  Mais  que  d'autres  sources  à  indiquer  ! 

La  publication  d'un  cartulaire  général  du  Nivernais 
serait  bien  à  souhaiter.  Je  crois  vous  avoir  dit,  dans  l'une  de 
nos  séances  de  Tannée  dernière,  qu'un  savant  paléographe, 
qui  est  aussi  un  écrivain  distingué,  M.  le  comte  de  Chastelluz, 
a  entrepris  cet  immense  travail,  dont  il  a  bien  voulu  m'en- 
voyer  une  partie  considérable ,  la  copie  d'environ  huit  cents 
chartes. 

Je  compte  bientôt  étudier  ce  volumineux  recueil  dont  ;e 
vous  entretiendrai.  Comme  travail  de  bien  moindre  impor- 
tance, j'ai  rintention  de  vous  soumettre  une  sigillographie 
de  notre  province. 

Certaines  sociétés  savantes,  Messieurs,  ont  pris  pour  devise 
ces  mots  :  Discere  non  docere, 

La  modestie  est  une  grande  vertu,  mais  il  ne  faut  pas  la 
pousser  trop  loin.  Si  la  mission  des  sociétés  savantes  est 
d'apprendre,  d'étudier,  cette  mission  comprend  aussi  la  diffu- 
sion ,  et  pour  me  servir  d'un  terme  à  la  mode,  la  vulgari- 
sation du  savoir,  surtout  en  tout  ce  qui  concerne  la  province 
qui  fait  l'objet  de  leurs  études. 

C'est  rendre  un  grand  service  que  de  donner  aux  gens  du 
monde  la  facilité  d'agrandir  le  cercle  de  leurs  connaissances. 


—   25   — 

^j^r  fournir  le  moyen  de  s'instruire,  quand  ce  ne  serait 
que  d^uoe  manière  superficielle,  de  leur  faire  comprendre 
Futilité  et  le  charme  du  travail,  de  tâcher  de  leur  prouver  la 
bienfaisante  influence  qu'un  goût  d*étude  raisonné  et  suivi 
peut  exercer  sur  toute  la  vie. 

c  Le  moi  est  haïssable,  >  a  dit  Pascal.  Permettez-moi 
cependant  de  me  citer  pour  exemple  à  Tappui  de  ma  thèse.  J^ai 
4û  bien  des  moments  heureux,  de  véritables  joies,  de  grandes 
consolations  dans  mes  chagrins  au  goût  passionné  pour  les 
études  archéologiques  et  historiques,  pour  les  livres,  pour  les 
collections  que  m^avait  inspiré,  à  Tâge  de  dix-huit  ans ,  un 
camarade,  qui  est  devenu  un  savant  distingué  et  qui  est  resté 
l'un  de  mes  plus  chers  amis. 

,  J^ai  noirci  pas  mal  de  papier;  j'ai  écrit  quelques  livres, 
mais  je  fais  bon  marché  de  ces  productions,  pour  lesquelles  on 
a  été  beaucoup  trop  bienveillant ,  ne  leur  reconnaissant  que 
deux  mérites  incontestables  :  celui  de  m'avoir  empêché  de 
devenir  un  désœuvré  ennuyé  efpar  conséquent  fort  ennuyeux, 
peut-être  même  un  médiocre  sujet ,  et  celui  d*avoir  occupé 
agréablement,  sinon  bien  utilement,  plus  de  quarante-cinq 
ans  de  ma  vie,  et  de  rester  le  charme  de  mes  vieux  jours. 

Eh  bien!  Messieurs,  n^y  a-t-il  pas  pour  nous  une  mission 
à  remplir  dans  cet  ordre  d'idée  ?  N'y  a-t-il  pas,  j'oserai  le 
dire,  une  sorte  d'apostolat  à  exercer  en  essayant  de  tirer  de 
Toisiveté ,  qui  abêtit ,  des  jeunes  gens  à  qui  la  journée  doit 
paraître  bien  longue  quand  la  chasse  est  fermée;  en  leur 
ouvrant  un  horizon  d'études  diverses ,  car  je  ne  parle  pas 
exclusivement  de  l'archéologie,  animé  par  un  travail  mora- 
^  lisateur  et  bientôt  attachant  qui  ferait  une  heureuse  concur- 
rence aux  jouissances,  bien  vides  et  souvent  malsaines,  des 
cafés  et  des  cercles.  Ce  qui  serait  si  utile  pour  les  hommes  ne 
pourrait-il  pas  le  devenir  aussi  pour  les  femmes  ? 

J'ai  peu  de  sympathie  pour  les  bas  bleus,  mais  il  me 

semble  que ,  sans  vouloir  faire  des  jeunes  filles  des  femmes 

^  ^vantes,  sans  prétendre  rivaliser  avec  ces  lycées  féminins , 

4oAt  l'influence  ne  nous  promet  rien  de  bon,  il  ne  serait  pas 

T.  m,  3*  série.  ^ 


^ 


—   26  - 

inutile  d'inspirer  aux  femmes  le  goût  des  arts  et  de  former  ce 
goût  par  quelques  notions  d'esthétique.  Pour  les  jeunes  filles, 
)e  recommanderais  l'archéologie,  cette  science  dont  le  champ 
est  si  vaste  que  chacun  peut  choisir  sa  voie,  selon  la  nature 
et  le  penchant  de  son  esprit,  selon  le  milieu  dans  lequel  il  se 
trouve. 

Quelle  étude  plus  variée,  plus  intelligente,  plus  facile, 
plus  à  la  portée  de  tous,  car  elle  n*a  pas  besoin  d*étre  poussée 
bien  loin ,  et  elle  s'étend  des  antiquités  préhistoriques  au 
mobilier,  au  costume,  aux  faïences  et  aux  porcelaines,  à  ces 
bibelots,  pour  employer  ce  terme  familier,  si  fort  à  la  mode, 
qui  sont  souvent  des  objets  d'art  intéressants. 

Cette  étude  donne  un  attrait  de  plus  aux  voyages ,  car  elle 
seule  peut  permettre  de  prendre  intérêt  aux  monuments,  aux 
musées. 

N'y  a-t-il  pas,  en  outre,  un  charme  entraînant  à  s'occuper 
des  demeures  où  vivaient  nos  pères ,  de  ces  églises,  de  ces 
monastères,  témoignage  de  leur  foi  vive,  de  ces  châteaux- 
forts,  pleins  de  glorieux  souvenirs,  de  ces  murailles,  de  ces 
hôtels  de  ville ,  remparts  et  symboles  des  vieilles  franchises 
municipales  ? 

Il  y  en  aurait  bien  long  à  dire  sans  épuiser  ce  sujet  ;  mais, 
Messieurs,  je  n'ai  pas  la  prétention  de  tracer  devant  vous  le 
programme  d'un  cours  d'archéologie,  qui  devrait  alors  avoir 
pour  pendant  les  programmes  d'études  d'un  autre  genre; 
seulement  je  me  demande  si  quelques  membres  de  notre 
compagnie  ne  pourraient  point  entreprendre  de  traiter  dans 
des  entretiens ,  dans  de  petites  conférences ,  les  sujets  histo- 
riques, artistiques,  littéraires  ou  scientifiques  qui  leur  sont 
familiers.  Ces  conférences  ont  été  essayées  avec  succès  dans 
quelques  villes.  Si  je  ne  craignais  pas  de  vous  parler  encore 
de  moi,  je  vous  dirais  que  j'ai  fait  à  Lyon,  pendant  deux  ans, 
un  petit  cours  familier  d'archéologie  à  des  femmes  et  à  des 
jeunes  filles,  qui  n'a  pas  mal  réussi,  malgré  l'insuffisance  du 
professeur. 
Je  ne  sais  ce  que  vous  penserez  de  ce  projet  dont  je  tous 


-  27  - 

soumets  uoe  première  idée.  Si  vous  Tapprouviez,  il  s'agirait 
de  trouver  les  voies  et  moyens. 

Il  Ëaudrait  que  notre  Société  fût  de  plus  en  plus  le  centre 
actif  de  la  vie  intellectuelle  du  pays.  Pour  arriver  à  ce  but 
d'une  manière  complète,  elle  devrait  être  tenue  au  courant 
de  toutes  les  découvertes  archéologiques  faites  dans  le  dépar- 
tement. Elle  devrait  aussi  être  appelée  à  donner  son  avis  sur 
Topportunité  de  bien  des  restaurations,  souvent  maladroites, 
qui  parfois  équivalent  à  une  destruction. 

Il  conviendrait  de  stimuler  le  zèle  de  nos  confrères 
répandus  dans  presque  tous  les  cantons  de  la  Nièvre,  de  leur 
demander  des  communications  fréquentes  et  détaillées,  de 
ks  prier  de  nous  signaler  même  les  plus  petits  faits  archéo- 
logiques ou  scientifiques  dont  ils  auraient  connaissance  dans 
leurs  environs. 

Ces  communications  y  tout  en  donnant  un  aliment  inté- 
ressant à  nos  séances,  pourraient  souvent  empêcher  la 
destruction  ou  Tenlèvement  d^objets  curieux  et  empêcher  de 
malheureuses  restaurations. 

Permettez-moi  en  terminant,  Messieurs,  de  vous  recom- 
mander ces  vertus  :  l'exactitude  et  Tassiduité ,  dont  je  vous 
parlais  tout  à  Theure.  Pour  que  nos  séances  présentent  de 
l'intérêt^  il  faut  que  le  plus  de  membres  possible  y  assistent 
et  prennent  part  à  des  discussions  qu^il  y  aurait  lieu  de  faire 
naître  sur  tel  ou  tel  point  de  nos  études. 

Nos  séances  ne  sont  pas  fréquentes ,  et  ce  ne  sera  pas  un 
bien  grand  effort  pour  nos  confrères  de  donner  deux  heures 
par  mois  à  ces  réunions  dans  lesquelles  nous  tâcherons  de 
traiter  des  qnestions  aussi  variées  que  possible. 

A  ce  sujet,  il  me  semble  que,  comme  cela  se  fait  dans  beau- 
coup d'autres  sociétés,  nos  confrères  devraient  nous  entre- 
tenir et  nous  donner  lecture  de  leurs  travaux  étrangers  au 
Nivernais.  De  même  que  dans  une  bibliothèque  provinciale 
on  doit  donner  place  à  toutes  les  productions  des  auteurs  du 
pays,  de  même  une  société  ne  peut  que  tirer  avantage  de  cette 
cosnaissance  complète  de  la  vie  littéraire  de  ses  membres. 


-    28  - 

Enfin,  Messieurs,  travaillons  chacun  dans  Tordre  dMdées 
que  nous  avons  choisi.  Occupons-nous  surtout  de  notre 
province,  apportons  chacun  notre  pierre  à  ce  grand  édifice  de 
l'encyclopédie  locale,  dont  chaque  société  doit  avoir  à  cœur 
de  doter  son  pays. 

M.  le  vice-président  Boutillier  donne  connais- 
sance d'une  lettre  de  M.  Liontard,  de  Nîmes,  qui 
demande  qu'on  lui  fasse  connaître  les  noms  des 
deux  faïenciers  de  Nîmes  inscrits  sur  la  liste  des 
pétitionnaires  de  1790,  au  musée  de  Nevers. 

M.  le  Président  se  charge  de  transmettre  à 
M.  Liontard  la  réponse  à  sa  question. 

MM.  de  Pierredon  et  de  Toytot  présentent 
comme  membre  de  la  Société  M.  Léon  d'Abbadie 
de  Barrau.  M.  Léon  d'Abbadie  de  Barrau  est 
admis. 

M.  le  Président  prend  de  nouveau  la  parole  et 
explique  quelles  sont  les  démarches  à  faire  pour 
obtenir  que  notre  Société  soit  reconnue  d'utilité 
publique.  Une  délibération  doit  être  prise  à  cet 
effet.  Il  faut  en  outre  une  demande  du  président 
et  le  dépôt  au  ministère  de  cent  exemplaires  du 
règlement  de  la  Société ,  la  liste  des  membres  et 
la  liste  des  ouvrages  publiés. 

Au  moment  de  faire  imprimer  à  nouveau  le 
règlement  de  notre  Société,  M.  le  Président  pense 
qu'il  y  a  lieu  d'en  donner  lecture ,  afin  d'insérer  les 
changements  qui  auraient  pu  se  produire.  Après 
discussion,  diverses  modifications  de  détail  sont 
apportées  au  texte  des  statuts.  Notamment  il  est 
décidé  qu'il  sera  rendu  compte  dorénavant  des 


—  29  — 

travaux  publiés  par  nos  confrères,  même  en 
dehors  des  études  locales,  et  aussi  un  compte- 
rendu  rapide  des  livres  et  documents  offerts  à  la 
Société. 

M.  le  Président  entretient  à  nouveau  la  Société 
de  la  question  relative  à  la  restauration  de  la 
statue  provenant  du  couvent  des  Récollets.  M.  le 
comte  de  Soultrait  espère  obtenir  du  ministre  les 
fonds  nécessaires  à  cette  restauration. 

M.  de  Pierredon  propose  de  reprendre  les  pro- 
menades archéologiques  que  la  Société  avait 
autrefois  pratiquées. 

La  Société  s'associe  à  ce  vœu  et  M.  le  Président 
propose  d'organiser  dès  maintenant  une  course 
semblable.  On  décide  en  principe  une  excursion  à 
Autun  pour  le  19  juillet.  Il  en  sera  donné  avis  par 
une  circulaire  aux  membres  de  la  Société. 


SÉANCE  DU  29  JUILLET  1886. 

Présidence    de    M.    le   comte   de   Soultrait,    président. 

Etaient  présents  :  MM.  le  comte  de  Soultrait , 
président;  l'abbé  Boutillier, vice-président;  E.  de 
Toytot,  secrétaire;  Duminy,  archiviste  ;  Vdhhé 
Pot,  l'abbé  Fouché,  l'abbé  Soyer,  de  Charant, 
Julien,  Langellé,  de  Flamare  ,  de  Lespinasse, 
Léon  d'Abbadie  de  Barrau,  de  Pierredon,  Gri- 
veau.  Col. 


-  3o  — 

M.  Caquet ,  présenté  par  MM.  Roubet  et  de 
Soultrait  comme  membre  de  la  Société  y  est 
admis. 

M.  le  Président  prend  la  parole  au  sujet  de 
Texcursion  archéologique  à  Autun  ;  il  expose  qu'en 
raison  de  l'absence  des  membres  de  la  Société 
éduenne  à  l'époque  projetée ,  ce  voyage  est  devenu 
impossible  pour  cette  année  et  sera  remis  à  l'année 
prochaine. 

Il  est  donné  communication  d'une  circulaire  du 
ministre  de  l'instruction  publique  relativement  à 
un  programme  de  travaux  de  statistique. 

Une  proposition  de  M.  l'abbé  Soyer,  relative- 
ment à  un  échange  de  douze  volumes  du  Bulletin 
de  l'ancienne  collection  de  la  Revue  des  sociétés 
savantes  y  que  la  Société  ne  possède  pas,  contre 
V Armoriai  de  M.  de  Soultrait,  est  adoptée. 

Lecture  est  donnée  par  M.  l'abbé  Boutillier 
d'une  copie  très-intéressante  d'un  ancien  Inven- 
taire des  reliques  et  de  l'argenterie  de  la  fabrique 
Saint-Martin  de  Clamecy.  Ce  travail,  dont  l'auteur 
est  M.  l'abbé  Charrier,  sera  inséré  au  Bulletin , 
à  la  suite  de  la  notice  historique  sur  la  collégiale 
de  Clamecy. 

M.  de  Soultrait  lit  une  pièce  de  vers,  œuvre  de 
son  trisaïeul  Pierre  Richard  de  Soultrait,  qui 
prouve  que,  dans  la  première  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle ,  il  existait  à  Nevers  une  société  litté- 
raire, une  sorte  de  petite  académie.  Voici  cette 
pièce  de  vers  : 


-  3i  - 


PLACET  PRÉSENTÉ  PAR  LES  MUSES 


A  MONSEIGNEUR    LE   DUC   DE   NIVERNOIS. 


Disent  en  toute  humilité  : 
Calliope,  la  bien  parlante; 
Dame  Erato ,  surintendante 
De  tout  balet  bien  concerté  ; 
CHo,  dont  la  main  bienfesante, 
Verse  avec  libéralité, 
Sur  chacque  fait  quelle  a  cotté 
Dose  toujours  équivalante 
De  gloire  et  d'immortalité. 

Toutes  pucelles  soy  disantes 
Quoique  des  langues  médisantes^ 


Mais  soit  mensonge^  ou  vérité» 
Cela  n*auroit  pas  excité, 
Seigneur,  la  troupe  complaignante 
A  réclamer  votre  équité. 
Une  matière  plus  touchante 
Invoque  votre  autorité. 

Hé  quoy,  seigneur^  dans  la  cité 
Dont  vous  devez  être  dotté. 
Cité  capitale  et  charmante  : 
Sou ffrirés- vous  qu'en  troupe  errante , 
Dans  une  extrême  pauvreté, 
Qu'en  histrions,  ou  qu^en  baccantes ^ 
Des  Muses  vos  humbles  servantes, 
Muses  qui  vous  ont  alaité, 
Muses  à  vôtre  volonté 
Toujours  soumises,  et  pliantes, 
Soit  que  pour  la  légèreté 
De  quelques  idiles  galantes, 
Ou  d'un  inpromptu  souhaité 
Vous  les  pryés  d'estre  présentes. 
Leur  zèle,  et  leur  fidélité. 
Ne  fait  pas  languir  vôtre  attante  ; 
Et  vous  croyés  avoir  chanté. 
Lorsque  c'est  Erato  qui  chante.- 


—  3a  — 

Que  réduite  sur  le  pavé, 
Cette  troupe  chaste,  et  scavante. 
N'ait  pas  un  endroit  réservé. 
Pour  s'abritter,  sitôt  qu'il  vente. 
Pendant  qu'un  réduit  ajusté 
Des  mains  de  la  médiocrité 
Borneroit  sa  cupidité. 
Il  est  vray  que  vôtre  bonté 
Sensible  à  sa  mendicité, 
Luy  permet  pendant  tout  Tété 
De  chercher  sa  comodité. 
Sur  un  tréteau  qu'on  a  planté 
Exprès  pour  la  bande  chantante. 
Pour  Tété,  bon,  elle  est  contente. 
Une  demeure  plus  brillante, 
Pourroit  par  trop  de  vanité, 
Corrompre  sa  sobriété. 
Comme  un  médaillon  n'est  vanté, 
A  moins  qu'une  rouille  évidente 
N'annonce  son  antiquité, 
Une  Muse  n'est  bien  séante , 
Ne  paroît  dans  sa  gravité 
Qu'elle  n'ait  un  manteau  crotté. 

D'ailleurs,  cette  troupe  assemblée, 
S'ébergeant  sous  vos  maronniers. 
Comme  pigeons  en  colombiers. 
Comme  poulaille  en  ses  pailliers, 
N'est-elle  pas  assés  meublée. 
Leurs  cimes  feront  leurs  dortoirs, 
Et  leurs  ombres  leurs  promenoirs. 
Hé  quoy  de  plus?  Mais  quand  Borée, 
Prenant  son  essort  dans  les  airs , 
Viendra  de  ces  ombrages  verds 
Disperser  l'aimable  livrée  : 
Voila  leurs  abrits  découverts  ; 
Que  fera  la  troupe  éplorée  i 

Puis  au  besoin  pour  des  concerts 
Qu'on  vienne  à  la  bande  enrumée, 
Chantés,  dit-on,  faite  des  vers, 
Pour  une  duchesse  adorée , 
Plus  brillante  que  Citerée, 
Qui  nous  prépare  à  son  entrée , 
A  voir  renaître  dans  Nevers 


—  33  — 

Les  temps  de  Saturne  et  de  Rée  ; 
Que  vos  lives,  vos  chalumaux 
Expriment  par  des  sons  nouveaux, 
Ce  port  charmant,  ces  ris,  ces  grâces, 
Qui  pour  toujours  suivre  ses  traces 
Ont  quitté  Citere  et  Paphos. 
Peignés  sur  tout  cet  air  affable^ 
Qui  tempère  la  majesté  ; 
Et  qui  scait  allier  laimable 
A  réclat  de  la  dignité. 

Qui  le  pourroit,  la  volonté, 
Soutient  bien  la  bande  zélée, 
Mais  son  zèle ,  est  velléité. 
Fait-on  sans  inhumanité 
Chanter  une  Muse  gelée. 
Voila ^  seigneur,  le  cas  pressant, 
Qui  leur  fait  reclamer  vôtre  aide, 
Mettes  les  à  Tabry  du  vent. 
Fixés  le  Parnasse  ambulant , 
Voila  le  mal,  et  le  remède. 

Dans  un  coin  de  vôtre  palais. 
Pour  veu.  Monseigneur,  qu'il  vous  plaise 
Que  pendant  Phyver  à  leur  aise, 
Uété  sous  vos  arbres  au  frais, 
Les  Muses  fredonnent  en  paix. 

Oh  que  pour  lors  on  leur  commande 
Rondeaux,  cantates,  virelets, 
Balades,  madrigaux^  couplets. 
Tout  sera  prest,  sans  qu^on  attende. 

Leur  demande,  et  vos  intérêts, 
Semblent  agir  à  communs  frais  ; 
A  présent,  seigneur,  que  la  gloire 
Guide  vos  pas  aux  champs  de  Mars , 
Et  qu*entraîné  par  la  victoire 
Vous  aftronterés  les  hasards. 
S'il  arrivoit  que  la  trompette 
Qui  doit  anoncer  vos  exploits, 
Restât  sans  vigueur,  et  muette. 
Que  Clio  soufflât  dans  ses  doigts. 
La  bande  alors  seroit  honnie. 
Et  du  brocard  de  félonie 
Elle  verroit  avec  douleur, 
Qu'on  timpanisftt  son  honneur. 

T.  in,  3*  série,  5 


-34- 

Pour  épargner  cette  infamie , 
A  cette  troupe  votre  amie , 
Il  est  un  seur  moyen,  seigneur, 
Formés  en  une  acadéiue. 
Dont  vous  serés  le  protecteur. 

Ces  vers,  dit  M.  de  Soultrait,  furent  écrits  vers 
1730,  à  l'époque  où  Louis-Jules-Barbon  Mancini- 
Mazarini,  qui  fut  le  dernier  duc  de  notre  province, 
devint  possesseur  du  duché  par  Tabandon  de  son 
père.  On  sait  que  le  duc  de  Nivernois  fut  un  phi- 
losophe et  un  écrivain  en  prose  et  en  vers,  écrivain 
très-fécond,  mais  assez  médiocre,  il  faut  bien  le 
dire.  Ce  seigneur  qui,  dès  son  jeune  âge,  manifes- 
tait des  goûts  littéraires,  avait  épousé,  en  1730, 
Hélène  -  Angélique  -  Françoise  Philippeaux  de 
Pontchartrain  ;  il  avait  alors  un  peu  plus  de  qua- 
torze ans,  et  s'il  s'était  destiné  à  la  carrière 
des  armes,  que  sa  mauvaise  santé  le  força  bientôt 
de  quitter,  il  devait  faire  sa  première  campagne 
seulement  en  1734,  sous  le  maréchal  de  Villars. 

Me  permettrez-vous,  continue  M.  de  Soultrait, 
de  vous  dire  quelques  mots  de  l'auteur  du  (C  Placet 
des  Muses  d  qui  joua  un  certain  rôle  à  Nevers 
pendant  le  second  quart  du  dix-huitième  siècle. 

Pierre  Richard  de  Soultrait,  écuyer,  seigneur  de 
Soultrait,  de  Toury-sur-Abron ,  etc.,  né  à  Nevers 
en  1682,  de  Joseph  Richard  de  Soultrait,  écuyer, 
seigneur  de  Soultrait,  de  Lisle-de-Mars^  etc.,  et 
de  Claude  -  Jacquette  Sallonnier  de  Nyon,  fut 
échevin  de  Nevers  en  1 7 1 2  ;  puis  il  alla  se  fixer  à 
Paris,  où  il  prit,  dans  le  monde  des  écrivains,  les 


-35- 

goûts  littéraires  qu'il  conserva  toujours  et  où  il 
commença  à  écrire.  Revenu  dans  son  pays  en  1723^ 
il  s'y  maria  à  une  demoiselle  de  Bourgoing. 

Maire  de  Nevers ,  conseiller  à  la  Chambre  des 
comptes  de  cette  ville,  puis  à  celle  de  Franche- 
Comté,  Richard  de  Soultrait,  travailleur  infati- 
gable, ne  cessa  de  donner  cours  à  ses  études 
littéraires  commencées  pendant  son  séjour  à  Paris. 
Un  certain  nombre  de  poésies  de  lui  se  lisent  dans 
le  Mercure  de  France  et  dans  d'autres  recueils 
littéraires  du  temps  ;  l'une  de  ces  poésies,  intitulée  : 
La  Jeunesse,  fut  dédiée  à  son  ami  le  poète  niver- 
nais  Pierre  de  Frasnay,  qui  lui  répondit  par  le 
conte  :  Les  Damnés  de  Neoers. 

Les  descendants  de  Pierre  Richard  de  Soultrait 
ont  conservé  presque  toutes  les  œuvres  de  leur 
aïeul,  imprimées  ou  manuscrites,  entre  autres  un 
recueil  de  contes  spirituels  et  bien  trouvés ,  mais 
un  peu  légers,  des  odes  et  même  une  comédie 
pas  très-bonne ,  il  faut  bien  le  dire. 

Richard  de  Soultrait  était  l'orateur  habituel  de 
la  Chambre  des  comptes  de  Nevers  :  on  trouve 
dans  ses  manuscrits  le  texte  de  plusieurs  de  ses 
harangues,  entre  autres  de  celle  qu'il  adressa,  au 
nom  de  la  Chambre ,  en  1 734 ,  au  duc  de  Nivernais 
revenant  d'Italie.  Pierre  Richard  mourut  à  Nevers 
en  1747,  laissant  une  belle  bibliothèque,  qui  fut 
malheureusement  dispersée  par  son  fils ,  dont  les 
goûts  étaient  tout  diflFérents  de  ceux  de  son  père. 

M.  de  Soultrait  entretient  ensuite  la  Société  de 
pièces  de  vers  sur  les  dames  de  Nevers  sous  le 


—  36  — 

règne  de  Louis  XVI,  dont  il  a  trouvé ,  dans  lei 
papiers  de  son  grand-père ,  le  manuscrit ,  qu'il  se 
propose  de  publier  avec  des  notes.  Ces  pièces  de 
vers  sont  assez  médiocres,  mais  leur  ensemble 
oflFre  cet  intérêt  de  faire  connaître  les  femmes  qui, 
au  nombre  de  cinquante  environ,  composaient, 
vers  1780,  la  société  de  Nevers.  Deux  extraits  de 
ces  petites  pièces  que  Ton  va  lire  donneront  une 
idée  de  ce  recueil  : 

A  MADAME  LA  COMTESSE  DU  BOURG, 

A  Vhôtel  de  V Affabilité  y  rue  de  la  Jolie^Gayté,  près  le  magasin 

des  Roses. 

Je  croyais  les  plaisirs  à  la  ville,  à  la  cour, 

Je  vouloîs  les  chercher  dans  les  lieux  de  plaisance; 

Mais  la  raison  me  dit  :  Ce  n^est  qu^auprès  du  Bourg 

Que  régnent  la  gaycté,  Tesprit  et  la  décence; 

L^amour  m'y  conduisit  ;  là  je  vis  mille  attraits 

Qui  flattèrent  mes  yeux,  qui  charmèrent  mon  âme, 

En  approchant  du  Bourg,  je  fus  si  satisfait 

Que  mon  cœur  aussitôt  se  trouva  plein  de  flamme. 

A   MADAME   DE   SOULTRAIT, 

A  Vhotel  de  la  Bonne-Mine,  rue  Généreuse,  près  le  marché 

des  RiS'de-Veau. 

L'amour,  voulant  un  jour  crayonner  son  portrait, 
Fut  tout-à-coup  surpris,  en  faisant  son  ouvrage, 
De  se  trouver  en  toy,  de  te  voir  Sous  le  trait 
Qu'avait  tracé  sa  main  pour  faire  son  image. 
Quoy,  se  peut-il,  dit-il,  que  femme  à  quarante  ans 
Puisse  encore  avec  moy  avoir  ressemblance  i 
Oui,  la  raison  lui  dit,  on  est  belle  en  tous  tems 
Quand  on  a  la  gayeté,  Tesprit  et  la  décence. 

s 

Pour  expliquer  l'adresse  ci-dessus,   toute  fan- 
taisiste comme  les  autres  qui  sont  en  tête  des 


-37- 

diverses  pièces ,  il  faut  dire  que  M"*  de  Soultrait 
était  M"®  de  Vaux,  qu'elle  était  fort  gaie,  de 
mine  fort  accorte,  à  en  juger  par  son  portrait, 
et  qu'elle  recevait  beaucoup  dans  son  hôtel  de 
la  rue  des  Récollets. 
Une  troisième  et  dernière  citation  : 

A   MADEMOISELLE   DE   LA   PLANCHE^ 

A  Vhôtel  de  la  Bonne^Humeur,  rue  de  la  Sincérité,  près  du 

couvent  des  Amateurs, 

Uamour,  voguant  un  jour,  alloit  faire  naufrage, 

Ses  ailes  étoient  dans  Teau ,  ses  flèches  et  son  carquois; 

Il  se  désespérait  de  dépit  et  de  rage; 

Mais  le  destin,  fâché  de  le  voir  aux  abois, 

Lui  dit  :  Tiens,  sauve-toi,  je  te  laisse  La  Planche 

Que  les  Dieux  ont  formée  pour  conduire  au  bonheur. 

Cet  enfent  aussitôt  y  saute  et  s^y  retranche, 

Et  tout  en  s'y  sauvant,  il  y  noya  nos  coeurs. 


NOTICE   HISTORIQUE 

SUR  LA  COLLÉGIALE  DE  SAINT-MARTIN  DE  CLAMECY. 


Par  un  hasard  singulier,  j'eus  ,  il  y  a  quelque  temps  ,  la 
bonne  fortune  de  mettre  la  main  sur  un  manuscrit  dont  je 
reconnus  bien  vite  la  haute  valeur.  Cétait  un  recueil  de 
procès  -  verbaux  authentiques  des  visites  pastorales  des 
évêques  d'Auxerre,  entre  autres  de  Mf'  André  Gilbert,  neveu 
de  Mer  Charles  Colbert,  qui  laissa  en  mourant  une  grande 
réputation  de  piété,  et  de  M»'  Jean-Marie  Champion  de 
Cicé,  dernier  évêque  d'Auxerre.  Celles  du  premier  eurent  lieu 
en  l'an  i685  et  celles  du  second  les  années  1767,  1774, 
1783  et  1785,  c'est-à-dire  environ  un  siècle  plus  tard.  Ce 


—  38  — 

recueil  forme  un  bel  in-folio  relié  en  carton,  avec  couverture 
de  parchemin  ;  chaque  feuillet  est  marqué,  au  timbre  de  la 
généralité  d'Orléans.  Les  procès-verbaux  qui  y  sont  contenus 
ont  trait  à  la  plupart  des  paroisses  qui  formaient  rancieti 
diocèse  d'Auxerre,  et  dont  une  partie  a  été  rattachée  ^u 
diocèse  de  Sens ,  une  autre  au  diocèse  de  Nevers,  et  la  troi- 
sième, la  moins  importante,  au  diocèse  d'Orléans. 

Parmi  les  paroisses  faisant  actuellement  partie  du  diocèse 
de  Nevers  qui  figurent  dans  le  recueil  dont  nous  parlons., 
nous  pouvons  citer  Clamecy,  Surgy,  Entrains,  Varzy,  Marcy, 
Châteauneuf,  Ménestreau,  Couloutre,  Colméry,  Arbourse, 
Nannay,  Cessy-les-Bois,  La  Charité,  etc. 

J'ai  cru  bon  de  relever  quelques  détails  concernant  la 
collégiale  de  Saint-Martin  de  Clamecy  et  qui  m'ont  semble 
de  nature  à  intéresser  les  membres  de  la  Société  nivernaise, 
comme  se  rattachant  plus  spécialement  au  cadre  de  ses 
travaux. 

Le  procès-verbal  de  la  visite  pastorale  du  22  août  1782 
nous  apprend  que  la  collégiale  de  Saint-Martin  possédait 
encore  à  cette  époque ,  dans  ses  archives ,  le  titre  de  la  fon- 
dation du  chapitre,  et  qu'  «  une  copie  collationnée  en  forme  > 
de  ce  titre  se  trouvait  <  dans  le  trésor  littéral  de  révéché  > 
d'Auxerre,  oîi  elle  avait  été  déposée  «  par  ordre  de  Mt'  André 
Colbert,  lors  de  sa  visite  en  1684».  Nous  ne  devons  point  être 
surpris  par  conséquent  de  le  voir  inséré  dans  les  Mémoires 
de  Tabbé  Lebeuf,  le  savant  chanoine  d'Auxerre  ayant  pu 
facilement  en  prendre  connaissance. 

D'après  la  teneur  de  cet  acte,  il  ressort  qu'en  Tannée  1076, 
Guy  de  Clamecy,  de  la  maison  de  Nevers,  et  Godefroy, 
évêque  d'Auxerre ,  ont  fondé  le  chapitre  de  Saint-Martin  de 
Clamecy  et  y  ont  établi  huit  chanoines  pourvus  chacun  d'une 
prébende.  En  1782,  le  nombre  des  chanoines  se  trouvait 
réduit  à  six,  quoique  le  nombre  des  prébendes  fût  resté  le 
même.  Seulement,  elles  étaient  réparties  de  la  manière 
suivante  : 

a  Deux  des  prébendes  affectées  à  la  chanterie ,  qui  est  la 


seule  dignité.  Elle  est  possédée  par  M*  Henry  Limanton , 
prêtre,  curé  depuis  le  98  septembre  1775  (i). 

».Gnq  prébendes  sont  possédées  par  autant  de  chanoines , 
savoir  : 

»  M*  François  Magnan  de  Chazelles ,  prêtre,  chanoine 
depuis  le  27  janvier  1769  ; 

>  M»  Jacques-François-Germain  L%  Gry,  clerc  tonsuré, 
absent  pour  cause  dMtudes ,  chanoine  depuis  le  23  septembre 

(i>  M.  Limanton  était  né  en  1737,  à  Tannay.  En  1791,  il  prêta, 
entre  les  mains  des  oflBciers  de  la  municipalité,  le  serment  de  fidélité 
au  loi,  à  la  nation  et  à  la  Constitution.  Mais  il  faut  croire  que  ce 
serment  fut  accompagné  de  restrictions,  car  la  garde  nationale  fit 
insérer,  dans  le  procès-verbal,  rédigé  à  cette  occasion,  <  ses  protes- 
tations contre  Pesprit  et  les  tendances  antipatriotiques  du  discours 
proihoncé  dans  cette  circonstance  par  le  curé  Limanton.  «(Anciennes 
délibérations  de  la  municipalité.) 

11  se  maintint  encore  jusqu'en  1798;  mais  ^intolérance  du  parti 
démagogique  qui  tyrannisait  alors  la  France  et  les  tracasseries 
quotidiennes  dont  il  était  Tobjet  le  contraignirent  de  s^éloigner 
momentanément  de  Clamecy.  Après  la  chute  de  Robespierre ,  cédant 
aux'VoKuz  d'un  grand  nombre  de  ses  paroissiens,  il  se  décida  à 
renirer.  Une  pieuse  et  charitable  dame,  nommée  Thomas- Va  renne, 
lai  oiirit  un  asile  dans  sa  maison,  située  au  bas  de  la  rue  MirandoUe, 
au  lieu-dit  la  Grand'Cour.  Cest  là  qu'à  l'abri  des  poursuites  révolu- 
tionnaires il  continua  à  exercer  le  saint  ministère,  mais  d'une  façon 
occulte,  jusqu'à  l'époque  de  la  réouverture  des  églises,  qui  eut  lieu 
en  1^3,  et  c'est  le  14  mars  de  cette  année  (24  ventôse  an  XI)  qu'en 
présence  et  aux  acclamations  de  toute  la  paroisse  réunie,' M.  Limanton 
fut  réintégré  dans  sa  chère  église  de  Saint-Martin.  Il  y  resta  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  le  27  décembre  1820. 

Ses  obsèques  se  firent  le  28,  sous  la  présidence  de  M.  Deplaye,  curé 
de  Tannay,  au  milieu  d'un  immense  concours  de  prêtres  et  de  fidèles, 
malgré  uii  froid  rigoureux  et  une  grande  abondance  de  neige.  La 
paroisse  fut  administrée  par  un  vicaire  jusqu'à  la  nomination  de 
M.  Easelin,  qui  en  prit  possession  le  21  février  1826.  Les  troubles 
de  i83o  déterminèrent  ce  dernier  à  donner  sa  démission;  il  eut  pour 
successeur  M.  le  Curé-Archiprétre  actuel,  lequel  se  trouve  être  le 
troisième  curé  de  Clamecy  depuis  1775.  (M.  Guillaumet  est  décédé 
pendant  l'impression  de  ces  pages^  le  6  mars  1887.) 


—  40  — 

>  M*  Clétnendot ,  prêtre  et  chanoine  depuis  le  14  février 
1780; 

»  M*  Pierre  Colin^  prêtre  et  chanoine  depuis  le  2 1  décembre 
1780. 

»  A  l'égard  de  la  huitième  prébende ,  elle  était  ci-devant 
affectée  au  principal  du  collège  de  ladite  ville  de  Clamecy  ; 
mais  depuis  un  certain  nombre  d'années ,  la  ville  ayant 
refusé  audit  chapitre  le  dtoit  d'inspecter  le  collège  ,  ainsi  que 
par  le  passé,  ledit  chapitre  avait  cessé  de  donner  au  collège 
le  revenu  de  la  prébende  préceptorale.  Les  maires  et  échevins 
choisissaient  ledit  principal,  le  présentaient  au  chapitre,  qui 
rexaminait  avant  de  l'envoyer.  »  (Procès- ver  bal  de  1782.) 

Le  revenu  de  la  cure  consistait:  «  i^  dans  un  huitième  ou 
sixième  du  revenu  du  chapitre  formant,  année  commune, 
environ  700  livres  ;  2*  dans  une  dîme  particulière  d'agneaux 
et  de  chanvre,  affermée  3oo  livres  ;  3»  dans  un  droit  de  pinte, 
qui  produit  environ  60  livres  par  an  ;  4*  en  deux  petites 
pièces  de  pré  affermées  48  livres;  5»  en  un  arpent  et  demi  de 
vignes  plus  à  charge  qu'à  profit  ;  6"  ufi  petit  jardin  ;  7'  le 
casuel,  qui  est  de  5  à  600  livres  par  an.  »  (Procès-verbal  du 
5  août  1774.) 

Les  décimateurs  de  la  paroisse  étaient  c  M.  le  duc  du 
Nivernais,  qui  lève  la  dixième  gerbe;  le  chapitre  de  Clamecy, 
le  prieur  de  Beaulieu  (i)  et  Tabbesse  de  Réconfort  (2),  qui 
dîment  à  la  quinzième,  et  le  prieur  de  l'Epau  (3) ,  qui  a  la 
dîme  du  vin,  à  raison  de  5  sols  par  homme  de  vigne;  les 
fruits  décimables  sont  le  bled^  le  vin,  le  chanvre  et  les 
agneaux.  » 

§ 

CHAPELLES  INTÉRIEURES. 

On  remarquait  à  cette  époque  dans  l'église  un  grand 
nombre  de  chapelles.  Au  rapport  des  procès-verbaux  déjà 

(i)  Près  de  Rix,  mais  dépendant  de  Clamecy. 

(2)  Sur  la  paroisse  de  Saizy. 

(3)  Aux  environs  de  Donzy. 


i 


—  41  — 

mentionnées ,  on  en  comptait  jusqu'à  dix ,  placées  chacune 
sous  un  vocable  particulier;  elles  occupaient  Tordre  sui- 
vant : 

i^  A  gauche  de  la  grande  porte  d'entrée,  où  sont  aujour- 
d'hui les  fonts,  la  chapelle  dite  de  la  Samaritaine.  Cette 
dénomination  lui  venait  probablement  de  la  présence  de  la 
fontaine  baptismale.  Elle  a  disparu  depuis. 

z^  En  suivant  la  partie  latérale  du  côté  gauche,  la 
chapelle  du  Saint-Nom-de-Jésus.  Celte  chapelle  existe  encore, 
mais  elle  n'est  plus  connue  que  sous  le  nom  de  chapelle  de 
Saint-Joseph,  depuis  sans  doute  qu'on  y  a  placé  une  statue 
de  ce  saint. 

3*  La  chapelle  de  V Annonciation,  à  Tendroit  où  se  dresse 
aujourd'hui  une  statue  de  Notre-Dame-du-Sacré-Cœur  ; 

4^  Au  côté  gauche  de  l'abside,  la  chapelle  de  Notre-Dame- 
de^Lampes;  elle  n'existe  plus  aujourd'hui. 

La  cinquième  était  adossée  au  mur  de  l'abside,  derrière  le 
maître-autel.  C'était  à  cette  chapelle  que  le  Saint-Sacrement 
était  conservé;  aussi  était-elle  plus  soigneusement  entretenue 
que  les  autres.  Elle  était  fermée  par  une  grille,  et  une  lampe 
suspendue  à  la  voûte  y  brûlait  jour  et  nuit.  On  lui  donnait 
différents  noms  :  on  rappelait  chapelle  du  Saint^Sacrement, 
chapelle  du  Crucifix,  sans  doute  à  cause  d'un  grand  crucifix 
appenduàla  muraille,  et  chapelle  de  5ainN/acfMe5,  parce 
qu'elle  servait  de  lieu  de  réunion  aux  membres  de  la  confrérie 
de  pèlerins  fondée  en  1645  par  Tabbé  de  Montmorency. 

Aujourd'hui  cette  chapelle  n'est  plus  qu'un  souvenir  ; 
cependant  le  crucifix  occupe  encore  la  même  place  ;  il  a  été 
respecté  par  les  révolutionnaires  de  98. 

Quant  à  la  lampe,  sa  destination  n'a  pas  changé,  bien  que 
le  Saint-Sacrement  soit  actuellement  conservé  au  tabernacle 
du  maître-autel  ;  seulement,  au  lieu  d'être  devant  le  Saint- 
Sacrement  ,  elle  se  trouve  derrière,  contrairement  aux  pres- 
criptions de  la  liturgie.  On  peut  voir  là  une  preuve  de  la 
lorce  de  l'habitude,  pour  ne  pas  dire  de.  la  routine. 

T.  III,  3*  série,  6 


—  4a  — 

6°  La  chapelle  de  SainUPierre  est  celle  qui  porte  aufour-' 
d*hui  le  nom  de  chapelle  de  la  Sainte* Vierge. 

7»  La  chapelle  dite  de  VEcce^Homo  est  actuellement 
connue  sous  le  nom  de  chapelle  du  Collège. 

8^  La  chapelle  de  Sainte-Elisabeth,  où  se  dresse  la  statue  en 
marbre  de  sainte  Geneviève,  œuvre  du  sculpteur  Etex  et  don 
de  M.  Dupin  aîné,  qui  l'avait  obtenue  lui-même  du  Gouver- 
nement. Antérieurement  à  Pèpoque  dont  nous  parlons,  cettCi 
chapelle  portait  le  nom  de  chapelle  de  la  Croix;  c'est  du 
moins  ce  que  nous  apprend  le  registre  manuscrit  intitulé  : 
c  Livre  de  la  Fabrique  »,  et  dont  la  rédaction  principale 
remonte  à  l'année  1679  (i). 

La  neuvième  et  la  dixième  occupaient  cette  partie  retirée 
de  réglise  qui  donne  accès  à  la  tour  :  l'une  était  sous  le 
vocable  de  saint  Michel  et  l'autre  sous  celui  de  saint 
Hubert. 

Ces  différentes  chapelles  avaient  été  fondées  par  des  parti* 
culierSy  à  la  charge  pour  eux  de  les  entretenir  à  leurs  frais, 
faute  de  quoi  ils  pouvaient  y  être  contraints  par  sentence 
judiciaire  sur  la  plainte  de  la  fabrique. 

CHAPELLES  EXTÉRIEURES. 

Outre  les  chapelles  intérieures ,  il  convient  de  mentionner 
encore  :  1  ^  près  de  l'église  collégiale,  la  chapelle  de  Saint" 
Jean,  dont  il  est  parlé  dans  un  pouillé  du  commencement  du 
quinzième  siècle,  que  l'abbé  Lebeuf  a  inséré  à  la  fin  de  ses 
Mémoires,  On  y  voit  même  que  dans  cette  chapelle  on  avait 
fondé  une  seconde  chapellenie  sous  le  titre  de  Saint*Michel  : 

(i  )  Ce  registre  est  conservé  à  Parchiprêtré.  Malheureusement  il  a  passô 
par  des  mains  infidèles  et  assez  peu  scrupuleuses,  qui  en  ont  retranché 
un  bon  nombre  de  feuillets,  ce  qui  constitue  des  lacunes  regrettables; 
c^est  ainsi  que  sur  goo  pages  que  ce  livre  contenait  primitivement,  il 
en  manque  environ  3oo. 


Prope  ecclesiam  collegiatam  de  Clameciaco  est  capella 
Sancti  Joannis.  In  eadem  capella  est  fondata  capelliana 
Saacti  Michaelis.  Ces  deux  chapelles  avec  les  résidences  des 
chapelains  chargés  de  les  desservir  devaient  former  le  corps 
de  bâtiments  dont  font  partie  les  maisons  Chesne  et  Tartrat. 
Ces  bâtiments  sont  en  effet  proches  de  l'église,  dont  ils  ne 
sont  séparés  que  par  une  ruelle  étroite  qui  porte  précisément 
le  nom  de  «  passage  Saint-Jean  »  ;  ils  ont  en  outre  un  cachet 
d^antiquité  et  un  caractère  d^architecture  qui  accusent  le 
quatorzième  siècle;  enfin,  dans  la  partie  occupée  par  la 
famille  Chesne  se  trouve  une  chambre  dans  laquelle  se 
voient  des  arceaux  gothiques  et  d^autres  ornements  d^archi- 
tecture  qui  démontrent,  à  n'en  pas  douter,  que  c'était  là  une 
chapelle. 

Nous  apprenons  par  le  c  Livre  de  Fabrique  »  que  la  veille 
et  le  jour  de  la  fête  du  saint  Précurseur,  le  chapitre  de  Saint- 
Martin  célébrait  Toffice  canonial  dans  la  chapelle  Saint-Jean, 
et  que  même  c  les  fabriciens  de  l'église  Saint- Martin 
avaient  le  droit  d'y  faire  la  queste  ».  Cette  chapelle  avait  des 
fonts  baptismaux. 

2«  La  chapelle  du  Collège,  dédiée  à  la  Sagesse  incrééc. 

3®  La  chapelle  de  Saint-Sidoine  {Sancti  Sydronii)  qui 
devait  être  située  dans  la  partie  de  la  Rue- Basse  avoisinant 
aujourd'hui  la  chapelle  de  Thospice,  vis-à-vis  la  poterne  qui 
conduit  au  canal.  Le  12  mai  1616,  Godefroy  de  Lucenay, 
clerc  tonsuré,  demeurant  à  Clamecy,  prit  possession  de  cette 
chapelle  en  en  recevant  les  clés  et  en  faisant  tinter  la  cloche, 
ainsi  que  de  la  maison  attenante,  affectée  à  l'usage  du  cha- 
pelain (i). 

(i)  Il  est  très-probable  qu^elle  ne  faisait  qu^un  même  corps-  de 
bâtiments  avec  une  autre  chapelle  appelée  chapelle  Saint- Antoine, 
située  dans  la  rue  supérieure,  qui  en  a  pris  le  nom  et  à  laquelle  on 
arrive  par  un  escalier  et  une  petite  terrasse  surmontée  d'une  croix  de 
pierre.  Le  nom  même  de  Saint-Antoine,  qui  ne  se  tetrouve  pas  dans 
le  pouillé,  pourrait  être  une  corruption  du  nom  ancien  ,  c'est-à-dire 
de  Saint-Sidoine. 


—  H  — 

Enfin,  les  hameaux  faisant  partie  de  la  paroisse  avaient 
aussi  leur  chapelle. 

Ainsi  I*  Beaugy  avait  la  sienne  sous  l'invocation  de  saint 
Bonaventure, 

2®  A  quelque  distance,  entre  Beaugy  et  la  petite  paroisse 
de  Rix.  mais  toujours  dépendant  de  Clamecy,  se  trouvait  le 
prieuré  des  religieux  Prémontrés  de  Beauliea,  dont  la  cha- 
pelle était  dédiée  à  la  sainte  Vierge  (i). 

Pressures  avait  une  chapelle  dédiée  à  la  sainte  Vierge  et 
dépendant  du  prieuré  de  Beaulieu  :  Juxta  villarfi  de  Clame- 
ciaco  est  capella  B,  Marlœ  de  Pressures  (2).  En  dernier 
lieu,  elle  ne  devait  plus  être  desservie  par  un  chapelain  ,  car 
le  procès-verbal  de  la  visite  de  M*'  Champion  de  Cicé  du 
5  août  1774,  en  la  mentionnant,  constate  que  la  messe 
s'y  disait  seulement  quelquefois. 

Ces  chapelles  étaient  à  la  présentation  du  chantre  et  du 
chapitre  de  Clamecy  et  à  la  collation  de  Tévêque  d*Auxerre. 

4*  La  chapelle  de  Moulot,  dédiée  à  saint  Joseph.  Cette 
petite  chapelle,  où  la  messe  se  dit  encore  quelquefois,  quoi- 
qu'elle soit  dans  un  triste  état  de  dénûment,  a  été  construite 
aux  frais  des  habitants  ;  la  première  pierre  en  a  été  posée  par 
M.  Limanton ,  chantre-curé  de  Clamecy,  le  3  octobre 
1763. 

Le  26  janvier  1622  ,  quelques  religieux  Récollets  vinrent 
prendre  possession  d'un  petif  ermitage  bâti  par  un  certain 
frère  Nicolas  de  Mouchy,  anachorète,  au  haut  du  faubourg 
de  Beuvron.  Ils  transformèrent  Termitage  en  couvent  et 
construisirent  une  petite  église  dont  la  dédicace  fut  faite  par 
Dominique  Séguier,  évéque  d'Auxerre,  le  4  mai  i636. 
(Archives  de  Clamecy.) 

(i)  L'un  des  procès- verbaux  nous  apprend  que  le  prieuré  de 
Beaulieu  relevait  de  Tabbaye  de  Notre-Dame  de  Bellevaux ,  au  diocèse 
de  Nevers;  ce  prieuré  devait  être  alors  peu  important ,  car  le  revenu 
n'en  était  que  de  3oo  livres. 

(2)  Fouillé  du  quinzième  siècle  déjà  cité. 


-  45  — 

I^  couvent  des  Récollets  a  subsisté  jusqu'à  la  Révolution; 
il  lut  supprimé  le  i6  décembre  1790.  (Délibération  de  la 
municipalité  de  Clamecy.) 

Il  a  donné  son  nom  à  cette  partie  supérieure  du  faubourg 
de  Beuvron.  En  1774,  il  ét$iit  composé  de  cinq  prêtres  et  de 
trois  frères.  Il  y  avait  alors  entre  eux  et  le  curé  quelques 
tiraillements.  Ce  dernier  se  plaignait  de  ce  qu'il  était  célébré 
c  dans  la  chapelle  du  couvent,  les  dimanches  et  têtes,  à  dix 
heures,  une  messe  basse  oti  tout  le  monde  courait  et  désertait 
la  paroisse  m,  (Procès- ver  bal  de  1774.) 

Nous  trouvons  dans  le  €  Registre  de  la  Fabrique  »  un 
traité  passé,  en  l'année  1679,  le  6  décembre,  entre  les 
fabriciens  de  l'église  Saint-Martin  de  Clamecy  et  les  RR.  PP. 
Récollets,  d'après  lequel  ces  derniers  s'engageaient,  moyen- 
nant une  rétribution  annuelle  de  dou\e  livres,  payable  au 
«  père  temporel  > ,  «  à  prêcher  dans  ladite  église  les  premiers 
dimanches  de  chaque  mois  et  principales  festes  de  Tannée , 
bors  l'Advent  et  le  Karesme.  » 

Voici,  à  litre  de  document,  le  texte  de  ce  traité  : 


\ 


Nous,  Jean  de  L'Isle,  chantre-chanoine  et  curé  de 
l'église  Saint  -  Martin  de  Clamecy,  et  Léger  Faulquier, 
avocat  et  procureur  du  roy  en  l'élection  dudit  lieu  ;  Guil- 
laume Davault  et  Nicolas  Cousté,  bourgeois-fabriciens  de 
ladiite  église,  pour  contribuer  et  continuer,  suivant  l'usage, 
la. piété  des  parroissiens  par  les  prédications  dominicales,  et 
aux  festes  les  plus  considérables  ,  dans  le  cours  de  Tannée, 
hors  le  temps  des  Ad  vents  et  du  Karesme,  reconnaissons 
qu'à  notre  prière  et  réquisition  les  RR.  PP.  Récollets  de  cette 
ville  ont  promis  de  prescher  en  notre  ditte  église  les  jours  et 
festes  qui  ensuivent,  à  scavoir: 

»  Le  jour  des  Roys  ; 

»  Le  dimanche  d'après  les  Roys,  jour  de  la  Dédicace  de 
TEglise  ; 

»  Le  jour  de  la  Purification  de  la  Vierge  ; 
»  Le  jour  de  l'Ascension  de  Notre-Seigneur  ; 


-46- 

»  Le  jour  de  la  Pentecôte  ; 

»  La  feste  de  la  très-sainte  Trinité  ; 

»  L'Assomption  de  la  Vierge  ; 

j>  La  Nativité  de  la  Vierge  ; 

»  Le  premier  dimanche  d'octobre,  à  cause  de  Tinstitution 
du  Rozaire ,  en  cas  qu*il  n'arrive  point  durant  le  cours  des 
vendanges  ; 

»  Le  jour  de  la  Toussaint  ; 

»  Le  jour  de  Saint-Martin,  patron  de  la  paroisse,  ii  no* 
vembre, 

»  Et  tous  les  premiers  dimanches  du  mois,  excepté  ceux  de 
l'Advent  et  du  Karesme,  desquels  jours  aucun  ne  pourra 
avoir  disposition  de  la  chaire  que  par  l'agrément  du  R.  P. 
Gardien  ou  supérieur  desdits  Pères  Récollets  ,  excepté  ledit 
sieur  chantre,  qui  aura  le  choix  de  prescher  ou  faire  prescber 
qui  bon  luy  semblera  ès-jours  et  festes  des  Roys ,  de  la  très- 
sainte  Trinité^  de  la  Nativité  de  la  Vierge  et  de  sainct  Martin, 
patron  de  laditte  église^  ou  de  laisser  laditte  chaire  auxdits 
révérends  Pères.  Duquel  choix  ledit  sieur  chantre  les  fera 
advenir  quinze  jours  auparavant  lesdittes  lestes. 

»  Ce  que  nous  F.  Siméon  Tournoûer,  gardien,  et  les  reli- 
gieux soussignés  discrets  du  susdit  couvent  avons  accepté  et 
promis  d'effectuer. 

»  En  reconnaissance  de  quoi  nous  fabriciens  susdits  et  nos 
successeurs  payeront  chacune  année  la  somme  de  dou\e 
livres  au  père  temporel  dudit  couvent  ou  à  celuy  qui  nous 
sera  nommé  par  ledit  gardien  ou  supérieur.  Promettons  en 
outre  une  retraitte  la  plus  commode  et  décente  que  faire  ce 
pourra,  pour  servir  de  rafrechissement  au  R.  P.  Prédicateur  à 
l'issue  du  sermon. 

»  En  foy  de  quoi  nous  avons  réciproquement  signé  ces 
présentes.  Fait  double  à  Clamecy,  le  sixiesme  décembre 
mil  six  cent  soixante  et  dix-neuf. 

»  De  L'Isle,  chantre  de  Clamecy;  Faulquier, 
Davault,  Cousté  ;  F"  Siméon  Tournoûer, 
gardien  ;  F'*  Appolinaire  Delapaye,  discret.  » 


—  47  — 


8 


CROIX. 


Il  y  avait  aussi  sur  le  territoire  de  la  paroisse,  soit  dans  la 
ville  même,  soit  dans  les  faubourgs  et  extra  muros^  un 
grand  nombre  de  croix  qui  témoignaient  de  Tesprit  religieux 
des  habitants  : 

i"  Au  haut  de  la  rue  du  Grand^Marché,  à  la  place  occupée 
aujourd'hui  par  un  puits  ; 

2®  Au  sommet  du  faubourg  du  Crot-Pinson  ; 

3o  Sur  la  place  des  Barrières  ; 

4P  Au  lieu  dit  c  les  Jeux  »  ; 

5<>  Sur  le  grand  pont  de  Bethléem  ; 

60  Sur  la  route  qui  conduisait  anciennement  au  village  de 
la  Forêt  ; 

7»  Sur  la  route  d'Armes  ; 

S^  A  l'entrée  du  faubourg  de  l'abreuvoir  ; 

9<'  Au  sommet  du  chemin  qui  conduit  du  faubourg  de 
Bethléem  au  village  de  Sembert  ;  elle  existe  encore  et  est 
connue  sous  le  nom  de  croix  Pathaut  ; 

io<>  La  croix  Boudard^  sur  la  route  d^Auxerre; 

II»  Sur  le  pont  de  Beuvron  (i)  ; 

12®  A  l'entrée  de  la  rue  de  Druyes  ; 

i3»  Au  sommet  du  faubourg  des  Récollets,  à  l'entrée  de 
l'ancien  chemin  de  Moulot,  la  croix  dite  des  Michelins. 

Chaque  dimanche,  depuis  Pâques  jusqu'à  TAscension  ,  on 
faisait,  à  l'issue  des  vêpres,  une  procession  à  quelqu*une  de 
ces  croix,  pour  rappeler  les  différentes  apparitions  du  Sauveur 
après  sa  résurrection. 


(i)  Celle  qu'on  y  voit  actuellement  a  été  érigée  au  mois  de 
décembre  de  Tannée  i85i,  à  la  suite  d'une  mission  prêchée  au  sortir 
d«^  événements  dont  Clamecy  fut  le  thé&tre  à  cette  époque  néfaste. 


-48- 

De  toutes  les  croix  que  nous  venons  dMnumérer,  il  ne 
reste  plus  que  les  six  dernières;  mais  il  est  bon  de  faire 
observer  qu^il  en  a  été  érigé  de  nouvelles,  de  sorte  que  le 
nombre  actuel  est  à  peu  près  équivalent  à  celui  d'autrefois. 

§ 

CONFRÉRIES. 

Le  <  Livre  de  Fabrique  »  nous  donne  le  nom  de  seize 
confréries  existantes  en  1679  ^^  selon  Tordre  que  chacune 
d^elles  occupait  dans  les  processions  : 

La  confrérie  de  Saint-Jacques, 
La  confrérie  de  TEcce-Homo, 
La  confrérie  de  Saint-Nicolas, 
La  confrérie  de  Sainte-Anne, 
La  confrérie  de  Saint- Vincent, 
La  confrérie  de  Saint-Hubert, 
La  confrérie  de  Saint-Michel, 
La  confrérie  de  Saint-Eloy, 
La  confrérie  de  Saint-Biaise, 
La  confrérie  de  Saint-Honoré, 
La  confrérie  de  Saint-Crespin, 
La  confrérie  de  Saint-Jéhan, 
La  confrérie  de  Saint-Louys, 
La  confrérie  du  Saint-Suaire, 
La  confrérie  de  la  Sainte-Trinité, 
La  confrérie  de  Saint-Martin. 

Le  procès- verbal  de  la  visite  épiscopale  de  1774,  après 
avoir  constaté  que  toutes  ces  confréries  «  avaient  été  sup- 
primées depuis  sept  ou  huit  ans  »,  ajoute  qu'il  ne  restait  plus 
que  celle  du  Saint-Sacrement,  établi  postérieurement. 

Il  est  à  présumer  que  cette  suppression  se  fit  à  la  suite 
d'abus  qui,  avec  le  temps,  s'étaient  glissés  dans  ces  pieuses 
institutions  et  les  avaient  fait  dévier  de  leur  destination 


—  49  — 

primitive;  mais  peut-être  aussi  n'est-il  pas  téméraire  de 
supposer  que  le  Jansénisme,  dont  était  particulièrement 
infecté  le  diocèse  d'Auxerre,  qui  en  était  même,  on  peut 
dire,  le  foyer,  a  bien  pu  contribuer  de  son  côté,  par  ses  prin- 
cipes de  rigidité  étroite,  à  comprimer  d^abord  et  à  la  fin 
étouffer  ces  manifestations  touchantes  et  ce  glorieux  épa- 
nouissement de  la  piété  populaire. 

Malheureusement  ses  effets  ne  sVrétaient  pas  là  :  il 
conduisait  directement  à  Tabandon  de  la  pratique  des  sacre- 
ments eux-mêmes.  M^'  Champion  de  Cicé  constate  avec 
peine  ce  résultat  désolant  :  c  II  y  a  près  de  la  moitié  de  la 
paroisse,  est-il  dit  dans  le  procès-verbal  de  1774,  qui  manque 
au  devoir  pascal,  surtout  parmi  les  bourgeois  ;  quelques-uns 
n^ont  pas  satisfait  à  ce  devoir  depuis  plus  de  vingt  ans  ;  il  s^y 
trouve  en  outre  un  très-grand  nombre  de  jeunes  gens  et 
même  des  personnes  mariées  qui  n^ont  pas  encore  fait  leur 
première  communion.  » 


Le  même  «  Registre  de  Fabrique  »  nous  donne  encore  sur 
réglise  collégiale  de  Clamecy  plusieurs  détails  d*une  véri- 
table importance  au  point  de  vue  plus  spécialement  archéo- 
logique. 

Il  y  est  dit  que  la  construction  de  la  tour  de  Téglise  fut 
entreprise  au  mois  d'avril  de  l'année  1497.  Cette  date  nous 
a  été  transmise  par  la  tradition  qui ,  paraît-il ,  s'en  était 
conservée  fidèlement  jusqu'alors,  et  aussi  par  les  vers  sui- 
vants gravés  sur  un  des  piliers  de  Téglise  et  qu'on  pouvait 
lire  encore  à  Pépoque  de  I^rédaction  du  c  Livre  de  Fabrique  », 
c'est-à-dire  en  Tan  1679  • 

Mil  cinq  cent,  trois  moins  seulement 
Put  de  la  tour  de  cette  église. 
En  avril,  pris  le  fondement, 
Et  la  première  pierre  assize  ; 

T.  m.  S*  série.  7 


—  50  — 

Laquelle  tour  fut  entreprise 
Le  lundy  de  Pasque  la  grande; 
Votre  aumône  soit  icy  mise. 
Tant  que  puis  vous  le  recommande. 

L^architecte  était  sorti  de  Pécole  de  ces  fameux  ouvriers 
que  le  roi  Charles  VIII,  quelques  années  auparavant,  avait 
amenés  d'Italie  pour  la  construction  de  son  château 
d'Amboise. 

L^inscription  suivante,  gravée  aussi  sur  le  même  pilier,  et 
reproduite  dans  le  »  Registre  de  Fabrique  >,  nous  donne  la 
date  de  la  première  pierre  du  portail  : 

Le  neuvième  jour  de  juin  mil  cinq  cent  et  quinze,  fut 
mise  et  posée  la  première  pierre  du  portail  de  laditte  église 
par  Pierre  Couvé  (i),  maistre  tailleur  de  pierres. 

Il  est  une  inscription  d'un  autre  genre  et  peu  commune 
que  nous  aurions  tort  de  ne  pas  mentionner.  Elle  est  gravée 
en  grec  et  en  latin  sur  les  deux  piliers  qui  avoisinent  la 
grande  porte  d^entrée,  au-dessus  des  bénitiers.  Nous  la 
reproduisons  dans  son  entier  : 

NIPSON  ANOMHMATA  MH   MONAN   OPSIN 
LAVA   PECCATA   NON  SOLAM  FRONTEM  (2). 

Cette  inscription  a  cela  de  particulier  et  de  curieux  que  les 
caractères  grecs  peuvent  se  lire  indistinctement  de  droite  à 
gauche  ou  de  gauche  à  droite  sans  que  le  sens  en  soit 
modifié. 

Ce  jeu  de  mots  byzantin  était  gravé,  dit  M.  de  Rossi,  en 
lettres  d'or  sur  des  vases  de  la  basilique  de  Sainte-Sophie 
de  Constantinople  et  en  plusieurs   autres  lieux  (3).   Les 

(i)  Née  de  La  Rochelle  dit  :  un  nommé  Cuvé,  et  c^est  la  véritable 
orthographe,  mais  on  prononçait  Couvé. 

(2)  Lavez  vos  péchés  et  non  pas  seulement  votre  visage. 

(3)  Bulletin  d'archéologie  chrétienne,  par  de  Rossi ,  1867.  —  Voir 
aussi  le  Dictionnaire  des  Antiquités  chrétiennes,  de  l'abbé  Martigny. 


—  5»   - 

Voyages  liturgiques  de  France  les  signalent  sur  un  bénitier 
de  Tancien  monastère  de  Saint-Mêmin,  près  d^Orléans.  Il  y 
a  une  dizaine  d'années,  on  fit  à  Autun  la  découverte  d'une 
fontaine  sur  laquelle  était  gravée  cette  même  inscription. 

Voici,  selon  nous,  Texplication  qu'on  en  peut  donner  : 

Aux  premiers  siècles  du  christianisme,  dans  les  églises 
d'Orient,  au  milieu  d'une  enceinte  découverte  à  laquelle  on 
donnait  le  nom  de  parvis,  était  une  fontaine  dont  l'eau 
servait  aux  fidèles  pour  Tablution  des  mains  et  du  visage, 
d'oti  est  venu  plus  tard  Tusage  de  nos  bénitiers.  Or,  la  puri- 
fication extérieure  ne  devait  être  qu'une  image  de  la  purifi- 
cation de  l'âme  :  ce  symbolisme  ne  saurait  être  Pobjet  d'aucun 
doute  uiie  fois  qu'on  a  connaissance  de  l'inscription  rap- 
portée plus  haut. 

Un  détail  précieux  à  noter  et  tout  entier  à  la  gloire  de 
Clamecy,  c'est  que  la  construction  de  l'église  et  de  son  admi- 
rable tour  est  le  fruit  de  la  piété  et  des  aumônes  de  ses 
habitants,  et,  ce  qui  est  non  moins  remarquable,  c'est  que  la 
conception  du  dessin  et  la  conduite  de  l'ouvrage  sont  dus  au 
seul  génie  de  ces  mêmes  habitants,  l'architecte  et  les  ouvriers 
étant  enfants  de  la  cité. 

La  collégiale  de  Saint<Martin  de  Clamecy  avait  un  jubé, 
qui  fut  détruit,  comme  presque  tous  les  ouvrages  de  ce  genre, 
au  siècle  dernier  par  un  vandalisme  inconscient.  La  date  de 
i525  gravée  sur  une  des  corniches,  du  côté  du  midi,  indi- 
quait que  c'était  celle  où  il  fut  achevé.  Il  était  par  conséquent 
contemporain  de  la  tour  et  du  portail  ;  et  n'eussions-nous  pas 
à  son  sujet  d'autres  détails,  il  nous  serait  permis  de  supposer 
que  ce  travail  ne  devait  pas  être  inférieur  aux  autres,  et  qu'à 
cette  époque  du  triomphe  du  style  flamboyant,  les  sculptures 
ont  dû  y  être  répandues  avec  une  large  profusion  ;  mais  nous 
avons  le  témoignage  exprès  des  rédacteurs  du  c  Registre  de 
Fabrique  »  qui  nous  en  font  le  plus  pompeux  éloge.  C'était, 
y  est-il  dit,  un  chef-d'œuvre  de  hardiesse  et  de  sculpture  ;  on 
y  voyait,  gravée  en  bas-reliefs ,  avec  un  art  sans  pareil,  toute 
l'histoire  de  la  Passion  du  Sauveur.  La  masse  de  cette  déli- 


—    52  — 

cate  tribune  était  soutenue  par  quatre  colonnes,  dans  chacune 
desquelles  était  pratiquée  une  niche  renfermant  la  statue  de 
Tun  des  quatre  plus  anciens  docteurs  de  l'Eglise.  Deux  débris 
de  ces  bas-reliefs  sont  relégués  dans  le  vestibule  de  la  tour  ; 
ils  représentent,  Tunlacène,  l'autre  la  descente  de  la  croix 
ou  l'ensevelisseraent  de  Notre-Seigneur  ;  les  personnages 
sont  vivants  d^expression. 

Ce  monument  avait  été  élevé  aux  frais  d'un  chanoine  de 
Clamecy,  M*  Guillaume  Colas ,  personnage  d^ne  éminente 
piété,  qui  a  laissé  plusieurs  autres  témoignages  de  sa  charité, 
et  qui,  pour  ce  motif,  doit  être  compté  parmi  les  principaux 
bienfaiteurs  de  cette  église.  Ce  bon  chanoine  avait  une 
dévotion  particulière  à  la  croix  ;  il  rapportait  tout  à  la  croix 
de  Jésus-Christ;  c'est  ainsi  qu'il  fit  sculpter  sur  le  jubé  tout 
le  mystère  de  la^  Passion  ;  il  s*était  fait  représenter  lui-même 
en  un  coin  du  jubé,  derrière  le  Sauveur  portant  sa  croix , 
comme  pour  mettre  en  action  cette  maxime  de  TEvangile  : 
Si  quis  vult  venire  post  me  abneget  semetipsum,  tollat 
crucem  suant  et  sequatur  me  :  c  Si  quelqu'un  veut  venir 
après  moi ,  qu'il  prenne  sa  croix  et  me  suive.  »  Enfin ,  cette 
dévotion  s'était  manifestée  jusque  dans  ses  armes,  qui 
étaient  «  d'or,  à  la  croix  de  gueules,  avec  les  croisillons 
servant  de  chef,  laquelle  croix  était  accompag.née  des  deux 
premières  lettres  de  son  nom  et  de  son  prénom  à  l'antique 
de  même  ». 

Il  faut  dire,  à  l'honneur  des  anciens  rédacteurs  du 
«  Registre  de  Fabrique  »,  que,  quoique  vivant  au  milieu  et 
même  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle,  ils 
n'avaient  point  sacrifié  aux  préjugés  de  Tépoque  relativement 
à  l'architecture  gothique.  Nous  avons  vu  leur  appréciation 
sur  la  tour,  le  portail  et  le  jubé.  Nous  constatons  avec  plaisir 
qu'ils  apportaient  autant  de  goût  dans  la  question  des 
vitraux  et  qu'ils  avaient  un  grand  souci  de  leur  conservation, 
attendu  qu'un  vitrier,  gagé  à  l'année,  étak  spécialement 
chargé  de  leur  entretien.  Nous  reproduisons  ce  paragraphe, 
où   l'on  verra  en   même  temps  que  l'église  collégiale  était 


-53- 

encore  pourvue  à  cette  époque  de  ces  beaux  vitraux  dont 
nous  ne  saurions  trop  déplorer  la  perte  : 

t  Le  vitrier  est  gagé  à  Tannée.  Surtout  on  doit  veiller  que 
les  vitres  peintes  à  personnages  soient  exactement  entretenues, 
et  ne  point  les  laisser  déchoir  par  négligence  et  le  laps  de 
temps ,  parce  que  ce  sont  des  pièces  riches  et  curieuses  qui 
ont  extrêmement  cousté  à  faire  et  qu^on  ne  peut  facilement 
réparer  comme  les  autres  ouvrages  sans  les  délabrer  et  défi- 
gurer, principalement  la  grande  vitre  du  portail,  celle  des 
fonts  baptismaux,  celle  de  la  chapelle  de  la  Croix  et  sous  la 
tour,  qui  sont  des  principaux  ornemens  de  notre  église.  >» 

Nous  en  dirons  autant  de  leur  goût  pour  le  service  divin. 
Ils  avaient  eu  soin  de  doter  Féglise  d'un  orgue  destiné  à 
rehausser  les  offices  :  l'organiste  était  entretenu  par  moitié 
par  la  ville  et  par  la  fabrique.  Le  paragraphe  qui  s'y  rapporte 
n'^estpas  moins  remarquable  que  le  précédent;  il  démontre 
qu'en  matière  de  musique  religieuse,  leur  jugement  n^était 
pas  moins  sûr.  Les  observations  qui  y  sont  contenues  pour- 
raient encore  être  méditées  avec  profit  par  plus  d^un  organiste 
de  nos  jours. 

«  L^organiste  est  aux  gages  de  la  ville  et  de  la  fabrique  par 
moitié.  On  scait  la  dignité  de  cet  instrument,  combien  il 
inspire  la  dévotion ,  combien  il  contribue  à  la  majesté  du 
service  divin;  qu'en  effet,  il  est  le  seul  instrument  véritable- 
ment approuvé  par  l'Eglise,  que  la  primitive  si  tost  qu^elle  a 
a  pu  librement  respirer,  après  les  persécutions  apaisées ,  a  eu 
soin  de  Tintroduire  partout  et  principalement  dans  la  France 
dès  Tannée  787,  régnant  Pépin.  Qu'ainsy  on  doit  veiller  à 
tenir  Torgue  en  suffisant  estât,  à  ce  que  rien  n^y  dépérisse  par 
négligence;  au  contraire,  ajouter  si  l'on  peut  à  la  piété  de 
nos  prédécesseurs. 

9  On  ne  doit  point  souffrir  cependant  qu^aucuns  airs 
profanes  soient  joués  et  touchés  sur  l'orgue  ny  meslés  sur  cet 
instrument  pendant  le  service  divin,  ny  aux  offertes  du  pain 
bénit,  confrairies  ou  autrement*  » 


—  54  - 

Un  siècle  se  passe.  Nous  arrivons  au  règne  du  badigeon, 
des  couleurs,  des  dorures,  en  un  mot  du  vandalisme  dans  les 
églises;  on  coupe,  on  taille  y  on  tranche  à  qui  mieux  mieux. 

Les  fabriciens  de  notr^^  église  collégiale  alors  en  charge 
n'échappèrent  point  à  ce  courant  qui ,  il  faut  bien  le  dire, 
entraînait  même  les  meilleurs  esprits.  Ainsi,  en  Tannée  1722, 
ils  emploient  une  somme  de  i,5oo  livres  à  faire  dorer  «  le 
rétable  et  le  grand  autel  (i)  d. 

En  vertu  d'une  délibération  datée  du  i3  mars  1769,  ils 
consacrent  une  somme  de  1,060  livres  «  à  Tachât  de  deux 
tableaux  à  cadre  doré,  » 

Ce  n'était  encore  que  le  commencement  ;  voici  venir  le 
badigeonnage.  «  Par  acte  du  i3  mars  1773,  il  a  été  fait 
marché  en  conséquence  d'une  délibération  du  bureau  de  la 
fabrique  dudit  jour  i3  mars  avec  deux  Italiens  pour  blanchir 
Véglise  en  entier,  moyennant  la  somme  de  700  livres.  » 

On  était  trop  bien  en  veine;  c'eût  été  dommage  de  s^arrêter 
en  si  beau  chemin.  En  conséquence,  c  après  la  perfection  de 
cet  ouvrage ,  Téglise  étant  blanchie,  messieurs  les  fabriciens 
ont  fait  mettre  en  couleur  les  bancs  d'œuvre  et  fabriquer  la 
chaire  et  les  grandes  portes.  Cette  réparation  a  été  faite  en 
exécution  de  la  délibération  du  3i  mars  1773  et  a  coûté  la 
somme  de  cent  vingt  livres.  »  120  livres  la  chaire  et  les 
grandes  portes!  le  prix  est  bien  modique,  mais  aussi  ces 
objets  sont  loin,  Tun  et  l'autre,  d'être  des  chefs-d'œuvre  ;  ils 
sont  dignes  de  Tépoque. 

Hélas!  nous  ne  sommes  pas  au  bout  :  voici  où  le  vanda- 
lisme atteint  des  proportions  lamentables  et  désastreuses  : 


(1}  On  sait  qu^au  moyen-âge,   dans  beaucoup  d^églises  cathédrales 

'autel  était  recouvert  d'un  ciborium  soutenu  par  des  colonnes  et  que 

ntervalle    des  colonnes  était  garni  par   des  rideaux  de  soie  qu'on 

irait  à    certain   moment  de  la  messe.    Il    faut  croire    qu'il  y  avait 

quelque  chose  d'analogue  dans  l'église  collégiale  de  Clamecy  jusqu'au 

siècle  dernier,  car  dans  le  a  Registre  de  Fabrique  »,  au  chapitre  des 

dépenses,  il  est  dit  qu'en  l'année  1724  on  a  dépensé  5oo  livres  pour 

a  le  ciel  de  l'autel,  les  rideaux  et  les  tringles  ». 


—  55  —  . 

€  Par  une  autre  délibération  du  i6  may  1773  (  on  le  voit, 
les  délibérations  se  succèdent  coup  sur  coup),  lesdits  sieurs 
fabriciens  ont  été  autorisés  à  supprimer  le  jubé,  à  découvrir 
le  chœur  en  coupant  les  stales  du  côté  de  la  nef  à  hauteur 
d'appui  et  à  fermer  le  chœur  par  une  grille  de  fer,  confor- 
mément au  plan  qui  a  été  fait  et  agréé  par  délibération  du 
5  septembre  de  la  même  année.  En  conséquence  de  laquelle 
le  prix  en  a  été  arréié  avec  le  sieur  Villard ,  serrurier,  à  la 
somme  de  1,024  livres.  * 

Il  semble  inutile  de  pousser  plus  loin  ce  réquisitoire; 
aussi  bien,  ce  que  nous  venons  d^en  dire  suffit  pour  donner 
un  aperçu  de  Tœuvre  de  démolition  qui  s'accomplissait  alors 
dans  les  églises,  par  suite  de  Penvahissement  du  mauvai<! 
goût.  ^ 

Nous  avons  pensé  qu'il  serait  bon  de  faire  connaître  aussi, 
diaprés  le  même  registre ,  le  Cérémonial  contenant  l'ordre 
des  processions  générales  de  Véglise  Saint  -  Martin  de 
Clamecy  : 

c  II  n'est  point  question  icy  des  cérémonies  ecclésiastiques 
qui  appartiennent  à  messieurs  du  chapitre,  mais  seulement 
de  celles  de  police,  tant  dans  l'intérieur  de  l'église  que  dehors. 

»  Les  cérémonies  du  dedans  de  Téglise  appartiennent  aux 
sieurs  fabriciens. 

9  Celles  du  dehors  regardent  les  sieurs  échevins. 

»  Et  comme  ces  trois  corps  donnent  également  concours  à 
la  gloire  de  Dieu  et  à  la  majesté  de  son  service  dans  ces 
occasions  solennelles,  il  sera  bon  de  se  ressouvenir  icy  de 
l'ordre  et  police  que  l'on  y  doit  faire  observer,  conformément 
à  Pusage  de  l'église  et  de  ce  lieu. 

»  Pour  mieux  s^expliquer,  la  procession  solennelle  du 
Saint*Sacrement  à  la  Feste-Dieu  servira  d^exemple. 

»  I®  Les  sieurs  échevins,  comme  surveillants  de  la  police, 
doivent  donner  ordre  que  les  rues  ou  places  publiques  oh 
passe  la  procession  soient  nettoyées. 


-56- 

»  2^  Faire  ordonner  que  le  devant  des  maisons  et  autres 
bâtiments  où  passe  le  Saint-Sacrement  soient  tendus  ou  de 
tapisseries  ou  de  toiles  honnestes,  suivant  les  facultés  des 
particuliers ,  ou  de  ramages  verts  pour  les  maisons  de  deuil, 
suivant  l'usage  de  ce  lieu. 

»  3»  Obligeront  ceux  de  la  religion  prétendue  réformée  de 
faire  nettoyer  devant  leurs  portes.  , 

»  (Déclaration  du  roy  du  i**"  février  1669  et  règlement 
touchant  les  choses  qui  doivent  être  observées  par  ceux  de  id 
religion  prétendue  réformée.) 

»  Seront  tenus  ceux  de  la  religion  prétendue  réformée  de 
soufifrir  qu^il  soit  tendu,  par  l'autorité  des  officiers,  au*devant 
de  leurs  maisons  et  autres  lieux  à  eux  appartenans.  Cest-à- 
dire  que  le  précédent  article  est  de  devoir  pour  les  religion- 
naires,  et  celui-cy  de  tolérance  et  que  Ton  doit  tendre  pour 
eux  sans  les  y  forcer.  (La  même  déclaration  de  1669.) 

»  4^  Si  ceux  de  la  religion  prétendue  réformée  se  trouvent 
aux  rues,  boutiques,  fenestres  ou  autres  lieux  oti  passe  laditte 
procession ,  seront  tenus  de  se  mettre  en  estât  de  respect  en 
ostant,  pour  les  hommes,  leurs  chapeaux ,  ou  obligés  de  se 
retirer  :  deffenses  à  toutes  personnes  de  les  en  empêcher.  (La 
même  déclaration  de  1669,  art.  23.) 

»  5®  Lesquels  jours  de  festes  et  processions  publiques 
jesdits  religionnaires  seront  tenus  d'observer.  (Edit  de  Nantes, 
la  même  déclaration.) 

»  Les  sieurs  échevins  doivent  soigner  à  la  sécurité  publique, 
à  ce  qu^aucun  tumulte ,  sédition  ny  scandale  arrive  pendant 
lesdittes  solennités,  user  à  cet  effet  des  précautions  nécessaires  ; 

»  7*  On  fait  ordinairement  en  cette  ville  quatre  reposoirs 
pour  le  Saint-Sacrement  :  le  premier,  vis-à-vis  la  tour  du 
Châtelot  (i)  ;  le  second,  en  Téglise  Notre-Dame-de-Bethléem  ; 


(i)  D*après  Née  de  La  Rochelle,  on  donnait  ce  nom  à  une  maison, 
avec  colombier,  située  près  du  grenier  à  sel.  Cette  maison  appartient 
aujourd'hui  à  M**  Rigolot  d'Asnois;  elle  était  antérieurement  la 
propriété  de  la  famille  Bezou. 


-57- 

le  troisième,  à  la  croix  de  la  place  du  Marché;  le  quatrième, 
aux  RR.  PP.  Récollets. 

»  8<*  Les  différens  pour  le  dais  ne  s'estant  jamais  produits 
dans  cette  ville,  grâce  à  Dieu,  il  n'est  pas  besoin  de  s'y 
étendre  en  cet  article,  suffit  de  lire  le  chapitre  xiii  du 
Concile  de  Trente,  sess.  XXV. 

»  9®  La  veille  de  la  feste ,  les  sieurs  échevins  invitent  les 
officiers  de  chacune  juridiction,  suivant  leur  rang,  et  des 
notables  de  la  ville  de  difTérens  corps  pour  porter  le  dais  dans 
les  cbangemens  qui  se  font  aux  reposoirs  du  Saint-Sacre- 
ment :  ensemble  les  sieurs  fabriciens. 

»  I  o^  On  sçait  que  les  places  les  plus  honorables  sont  celles 
des  derrières  du  dais. 

»  1 1**  On  sçait  le  rang  des  sieurs  fabriciens,  qui  suit  immé- 
diatement dans  toutes  les  cérémonies  celuy  des  sieurs 
échevins,  et  qu'à  leur  égard,  après  le  marguillier  d'honneur, 
ils  marchent  suivant  le  droit  d^ancienneté  dans  la  charge,  à 
moins  qu'ils  n^ayent  d'autres  dignités  qui  les  élèvent  au-delà 
du  fabricien. 

»  12"  Néanmoins,  il  faut  remarquer  dans  la  solennité  de 
la  feste  du  Saint-Sacrement  que,  soit  les  sieurs  échevins^  soit 
les  sieurs  fab/kiens,  quelques  qualité  et  dignité  qu'ils  ayent. 
Us  ne  portent  en  ce  rencontre  le  dais  que  les  derniers,  depuis 
les  RR.  PP.  Récollets,  dernier  reposoir,  jusqu'à  l'église  Saint- 
Martin.  Par  la  règle  que  quiconque  fait  honneur  à  inviter 
chez  soy  même  un  inférieur  doit  céder  la  place  honorable  à 
cet  inférieur,  à  moins  qu'il  n'y  eût  entre  eux  une  trop  grande 
différence  qui  n'est  point  présumée  en  cette  solennité,  et  c'est 
ce  que  représentent  les  sieurs  échevins  et  fabriciens,  les  uns 
comme  les  pères  et  tuteurs  de  la  ville,  les  autres  comme  les 
.  pères  et  tuteurs  de  Péglise. 

»  i3^  Ceci  présupposé,  la  police  intérieure  de  l'église,  qui 
regarde  les  sieurs  fabriciens,  est  de  faire  observer  le  rang  des 
bâtonniers ,  des  confréries  et  autres  de  cette  nature ,  sans 
tumulte  ny  confusion  et  avec  toute  la  modestie  requise, 
suivant  l'ancien  usage,  ainsi  qu'il  en  suit  : 

T.  m ,  3*  série.  8 


-  58- 

»  14^  Après  la  petite  bannière,  qui  sort  la  première  de 
Féglise  avec  les  enfants  et  leur  précepteur,  suit  la  grande 
bannière,  ensuite  les  bâtons  des  confréries,  accompagnés  de 
leurs  torches,  à  la  teste  desquels  marche  le  crieur  des 
confréries,  vestu  de  l'aube  et  la  tunique,  ainsy  que  les 
porte-bannières,  avec  son  bâton  de  crieur,  et  les  bâtonniers 
vestus  de  l'aube  et  de  la  cbappe  sortent  de  laditte  église ,  et 
suivent  de  cette  sorte  : 

»  Premièrement ,  le  bâtonnier  de  la  chapelle  de  VEcce^ 
Homo; 

»  Le  bâtonnier  de  Saint-Jacques  que  les  pèlerins  accom- 
pagnent ; 

»  Le  bâtonnier  de  Saint-Nicolas, 

»  Le  bâtonnier  de  Sainte- Anne, 

»  Le  bâtonnier  de  Saint-Vincent, 

>  Le  bâtonnier  de  Saint-Hubert , 
s  Le  bâtonnier  de  Saint-Michel , 
»  Le  bâtonnier  de  Saint-Eloy, 

»  Le  bâtonnier  de  Saint-Biaise, 

»  Le  bâtonnier  de  Saint-Honoré, 

1  Le  bâtonnier  de  Saint-Crespin , 

>  Le  bâtonnier  de  Saint-Jehan, 
»  Le  bâtonnier  de  Saint-Louys , 
»  Le  bâtonnier  de  Saint-Suaire, 

1  Le  bâtonnier  de  la  Sainte-Trinité, 
»  Le  bâtonnier  de  Saint-Martin , 

»  Douze  particuliers  avec  un  cierge  à  la  main ,  en  Thon- 
neur  des  douze  apôtres  ; 
»  Les  RR.  PP.  Récollets, 
1  Les  porteurs  de  reliques  du  chef  saint  Martin , 
1  Enfin  la  croix  et  le  clergé. 


»  Tous  clercs  tant  réguliers  que  séculiers ,  religieux , 
mesme  les  moines  et  hermites,  ou  autres  qui  pourraient  se 
dire  exempts,  sont  obligés  de  se  trouver  aux  processions 


—  59  — 

publiques  après  y  avoir  été  invités ,  à  Teiception  de  ceux  qui 
vivent  en  perpétuelle  clôture.  (Concile  de  Trente,  sess.  XXV, 
cbap.  xiii.j 

%  Recueilly  par  nous,  Léger  Faulquier,  Guillaume 
Davault  et  Nicolas  Cousté ,  fabriciens  en  laditte  église ,  en 
Tannée  1679. 

\  Signé:  Faulquier,  G.  Davault,  Cousté.  » 

§ 
CLOCHES. 

Au  siècle  dernier,  c'est-à-dire  avant  la  Révolution,  comme 
aujourd'hui,  Téglise  de  Saint-Martin  était  pourvue  d'une 
belle  sonnerie. 

Le  18  novembre  1778  eut  lieu,  par  M«  Henry  Limanton, 
chantre-curé,  la  bénédiction  de  deux  plus  grosses  cloches. 
La  première,  du  poids  de  cinq  milliers  (de  livres)  2,5oo  kilos, 
eut  pour  parrain  M^  Louis-Jules- Barbon  Mazarini-Mancini, 
duc  du  Nivernais,  etc.,  et  pour  marraine  dame  Hélène 
Phélipaux  de  Pontchartrin ,  duchesse  du  Nivernais,  son 
épouse.  Elle  fut  baptisée  du  nom  de  Martine,  qui  était  celui 
qu'elle  portait  auparavant ,  car  elle  existait  déjà  et  fut  seule- 
ment refondue.  Elle  Pavait  été  pour  la  première  fois  en 
1676 ,  et  était  le  fruit  des  aumônes  des  habitants.  M*  Loup 
Millelot,  notaire  royal ,  était  alors  premier  échevin  et  était 
inscrit  en  cette  qualité  sur  ladite  cloche.  Lors  de  la  refonte 
de  celle-ci ,  son  poids  fut  augmenté  de  100  kilos.  La  seconde 
cloche,  du  poids  de  3,944  livres,  eut  pour  parrain  messire 
Claude-François  marquis  de  Chabannes,  de  la  branche  du 
Verger,  et  pour  marraine  dame  Marie-Henriette  de  Four- 
vières,  de  Cuncy-sur- Yonne,  son  épouse,  demeurant  Pun  et 
Pautre  dans  la  ville  de  Clamecy.  Cette  cloche,  comme  la 
précédente,  fut  également  refondue;  elle  avait  déjà,  en  cette 
année  1778,  au  témoignage  du  procès-verbal  de  la  béné- 


—  6o  — 

diction ,  rapporté  dans  le  €  Registre  de  Fabrique  » ,  deux 
cent  quatre-vingt-quatre  ans  d'existence^  ce  qui  en  fixe 
répoque  à  Tannée  1494,  c'est-à-dire  au  temps  de  la 
construction  de  la  tour.  Cette  cloche  était  en  très-bon  état  et 
avait  un  beau  timbre.  Elle  fut  refondue  uniquement  c  pour 
être  mise  d^accord  au  ton  plein  avec  la  première  ».  Elle  fut 
baptisée  du  nom  de  Marie-Henriette  ;  elle  s^appelait  aupa- 
ravant simplement  Marie. 

Mais  ce  travail  ne  réussit  pas  :  les  deux  cloches  ne  se 
trouvaient  pas  d'accord;  c'est  pourquoi  les  fondeurs  (i) 
furent  contraints.  Tannée  suivante ,  de  procéder,  à  leurs 
frais ,  à  une  nouvelle  refonte.  Les  fabriciens  rédacteurs  du 
c  Registre  de  Fabrique  »  nous  apprennent  quel  fut,  en 
dernier  lieu ,  le  poids  de  ces  deux  cloches  et  à  combien 
s'élevèrent  les  frais  de  ce  travail.  Nous  ne  saurions  mieux 
faire  que  de  reproduire  intégralement  le  passage  où  ces 
curieux  détails  sont  consignés  : 

«  Le  27  octobre  1780,  procès-verbal  a  été  fait  de  la  pesée 
des  deux  cloches  et  porté  au  registre  des  délibérations. 
Martine,  la  principale  cloche,  est  du  poids  de  4,756  livres  , 
et  Marie,  la  seconde,  du  poids  de  4,218  livres. 

»  Le  28  dudit  mois,  elles  ont  été  baptisées  et  bénites  de 
nouveau,  les  parrains  et  marraines,  les  mêmes  que  pour  la 
première  fois,  et  Icsdittcs  cloches  ont  été  sonnées  pour 
V Angélus  àMsoiv,  leSi  octobre  1780.  Les  sieurs  marguilliers 
François  Née  Decharmois,  avocat  au  Parlement  et  pro- 
cureur fiscal;  Edme  Millelot-Deslimes ,  notaire  royal  et 
procureur,  et  Christophe  Coquille,  marchand  tanneur,  y 
sont  inscrits  avec  M.  Limanton,  prêtre-curé. 

1  A  l'assemblée  du  i"  novembre,  audit  an,  lesdittes 
cloches  ont  été  reçues  et  lesdits  sieurs  marguilliers  autorisés 
à  payer  lesdits  maistres  fondeurs. 

»  Les  frais  et  faux  frais  payés  par  la  fabrique,    pour  la 

(i)  Ils  s'appelaient  Cochois  et  Barrât. 


—  6i  — 

-foûtadesdittes  cloches^  montent  à  4,022  livres^  et  il  a  été  fait 
présent  à  laditte  fabrique,  par  M^  le  duc  et  M°**  la  duchesse 
du  Nivernais,  de  la  somme  de  480  livres,  et  par  le  marquis 
et  M">*  la  marquise  de  Chabannes  de  la  somme  de  72  livres 
et  de  quatre  aulnes  de  damas  blanc  dont  il  a  été  fait  un  orne- 
ment en  décembre  1782. 

9  Lesdittes  sommes  données  déduites,  il  en  coûte  à  la 
fabrique  3,470  livres.  » 

S 

Nous  terminerons  ce  travail  par  V Inventaire  des  reliques 
et  de  l'argenterie  de  la  fabrique  Saint-Martin  de  Clamecy: 

Nous  apellons  vulgairement  le  cabinet  de  la  fabrique  le 
Trésor,  suivant  Tusage  de  la  primitive  Eglise,  comme 
Tempereur  Justinien  nous  Taprend  au  §  Sin  autem  L.  cum 
apiid  veteres.  Cod,  de  bonis  auctoritate  jud.  posses,,  qui 
apelle  tel  cabinet  Cimeliarchium,  et  les  fabriciens  nobilissimos 
cimeliarchas  sanctœ  Ecclesiœ  in  qua  pecunîœ  deponuntur, 
ce  que  les  Hébreux  appelloient  Corbonan.  Aussi  les  joyaux 
et  trésors  de  Téglise  sont  nommez  par  les  anciens  décrets 
Cimelia.  Néanmoins,  par  le  présent  volume,  on  peut  con- 
noître  que  les  trésors  de  cette  église  sont  peu  de  choses,  à 
Texception  des  reliques  des  saincts  dont  on  ne  peut  pas 
affirmer  le  prix,  encore  sont  elles  en  cette  église  fort  rares 
ou  pour  mieux  s'expliquer  en  petit  nombre. 

On  sçait  avec  quel  respect  on  doit  les  aprocher  et  à  tout  ce 
qui  a  servy  au  mystère  de  noire  rédemption,  que  leur  depost 
ne  peut  être  trop  honorable.  C'est  pourquoy,  quand  on  est 
obligé  de  les  porter  à  l'œuvre  ou  remettre  au  trésor  faute 
d'un  ecclésiastique,  on  doit  les  saluer  de  cette  oraison  que 
TEglise  nous  enseigne  en  ces  rencontres  : 

Propitiare  nobis  qucesumus  Domine,  Jamulis  tuis  per 
sanctorum  tuorum  quorum  reliquiœ  in  presenti  requiescunt 
Ecclesia,  et  omnium  sanctorum  mérita  gloriosa ,  ut  eorum. 


—  62   — 

pia  intercessione  ab  omnibus  semper  protegamur  adversis. 
Per... 

On  a  desja  cy  devant  fait  remarquer  au  rituel  de  la 
fabrique  (i),  et  l'on  ne  peut  trop  répéter  pour  le  devoir  du 
fabrîcien  qu'il  est  très-important  de  ne  point  recevoir  de 
reliques  sans  procès-verbaux  authentiques,  et,  s'il  y  en  a,  de 
les  bien  conserver  et  de  les  faire  renouveller  en  la  visite  de 
messes  les  évesques,  |ou  au  moins  faire  inventaire  de  la 
tradition  constante,  indubitable,  surtout  quand  elle  (est) 
fresche  et  de  la  mémoire  de  nos  pères,  comme  il  s'agît  icy,  en 
attendant  que  les  supérieurs  y  ayent  pourveu,  afin  de  la 
conserver  entière.  (Concile  de  Trente,  sess.  XXV,  de  Invo^ 
catione  et  reliquiis.) 

11  est  bon  encore  de  remarquer  que  les  sieurs  fabriciens  ne 
doivent  point  de  leur  chef  visiter,  toucher  ni  examiner  les 
reliques.  Ils  doivent  apeller  le  sieur  curé  pour,  avec  luy,  en 
estre  fait  estât,  qui  doit  astre  renouvelle  de  temps  en  temps, 
afin  de  conserver  tousiours  la  tradition,  et  éviter  l«s  accidens 
qui  peuvent  arriver  tant  de  subreption  qu'autrement. 

Il  faut  néanmoins  aussy  remarquer  qu'il  n'est  point 
permis  ny  audit  sieur  curé  ny  aux  sieurs  fabriciens  de 
décacheter  les  sceaux  des  seigneurs  évesques ,  si  aucuns  sont 
aposez,  sans  la  permission  des  supérieurs.  II  suffira  d'en  faire 
mention. 

Avec  ce  respect  et  ces  précautions,  nous,  Léger  Faulquîer, 
advocat  en  la  cour,  procureur  du  roy  en  l'élection  de 
Clamecy;  Guillaume  Davaultet  Nicolas  Cousté,  bourgeois, 
fabriciens  de  cette  église  de  Saint-Martin  de  Clamecy,  pour 
marquer  notre  diligence  et  nos  soins  aurions  fait  le  présent 
inventaire  tant  des  saintes  reliques  que  reliquaires  et  argen- 
teries et  principales  pièces  seulement  dignes  d'estre  inven- 
toriées en  ce  lieu,  ce  vingt-huitîesme  jour  de  may  de  l'année 
mil  six  cent  soixante  et  dix-neuf,  en  présence  de  vénérable  et 

(i)  Chapitre  intitulé  :  Rituel  de  la  Fabrique,  dans  le  présent  volume. 


--  63  — 

discrette  perionne  Jean  de  Ulsle,  prestre^  chantre,  chanoine 
et  digne  curé  de  laditte  église,  ainsy  qu'il  en  suit  : 

Premièrement,  le  grand  reliquaire  vulgairement  apellé  le 
chef  saint  Martin ,  qui  est  le  buste  d'un  évesque  suporté 
par  deux  anges  dont  les  draperies ,  vestemens  et  ailes  sont 
d'argent,  les  carnositez  et  le  surplus  estant  d'autre  matière 
avec  le  soubastement  et  la  capsule  ou  boette  au-dessus  aussy 
d^argent,  le  pied  destail  (piédestal)  de  cuivre  doré.  Dans 
cette  capsule  il  y  a  de  la  mantibule  et  d'un  costé  de  saint 
Martin  (i). 

(i)  II  est  intéressant  de  rapprocher  de  ce  texte  *les  deux  extraits 
suivants  du  registre  de  procès-verbaux  de  la  visite  épiscopale  de 
Mgr  Champion  de  Cicé,  faite  k  Clamecy  en  1774,  relatifs  à  Texamen 
et  à  la  vérification  des  reliques  :  • 

«  Desquels  reliquaires  qui  sont  touts  d'argent,  le  premier,  qui  est 
en  forme  de  chapelle  surmontée  d'une  croix,  contient  un  ossement 
avec  cette  inscription  :  de  la  coste  saint  Martin,  et  dans  la  croix  est 
placée  une  portion  de  la  vray  croix  donnée  en  quinze  cent  quarante- 
neuf  à  la  fabrique  par  mossieur  de  Beaujeu,  évéque  de  Bethéléem, 
suivant  l'authentique  en  parchemin  que  nous  y  avons  trouvé  signé  de 
luy  et  scellé  du  sceau  de  ses  armes 

»  Et  le  troisième  et  dernier  reliquaire,  représentant  le  chef  d'un  saint 
évêque  porté  par  des  anges  sur  un  piédestalle,  contient  dans  le  buste 
une  petite  boête  où  nous  avons  trouvé  envelopé  dans  une  vieille 
étoffe  de  soye  un  morceau  de  mâchoire  inférieure  avec  un  linge  et 
au-dessus  de  la  boête  une  inscription  d'écriture  du  commencement  du 
seizième  siècle  portant  ces  mots  :  de  la  handibulle  de  saint  martin 

DONNÉE  PAR  MONSIEUR  DE  BÉTHLéEM  A  LA  FABRICE  DE  GÉANT,    et    danS  le 

chef  dit  de  saint  Martin  avons  trouvé  un  osseme;it  que  le  sicur 
Cbauvot,  chirurgien,  pour  ce  appelle,  nous  a  dit  être  lecalcanéum  ou 
Tos  du  talon  que  nous  avons  trouvé  attaché  avec  un  ruban  de  soye 
verte  et  enveloppé  de  deux  morceaux  de  taffetas,  et  nous  a  dit  ledit 
sieur  curé  que  lesdites  reliques  sont  exposées  à  la  vénération  des 
fidelles,  sur  le  banc  de  l'œuvre,  les  jours  de  grandes  fêtes  et  pendant 
la  quinzaine  de  Pftque.  » 

Voici  également  une  note  du  Livre  de  la  Fabrique  qui  complète 
l'histoire  du  reliquaire  de  Saint-Martin  : 

■  Cejourd'huy,  vingt-cinq  juin  mil  sept  cent  soixante- neuf,  a  été 
fait  présent  à  cette  fsibrique  par  madame  Hérault,  de  cette  ville,  une 


-64- 

L'histoire  nous  apprend  que  dans  les  guerres  de  la  religion 
la  fureur  des  hérétiques  a  fait  brûler  le  corps  de  ce  grand" 
sainct  archevesque  de  Tours  ;  mais  on  sçait  aussy  que  pour 
la  consolation  des  fidelles  Dieu  permet  ordinairement  que 
quelques  reliques  ou  portions  des  corps  saincts  soient 
distribuées  à  des  personnes  pieuses  et  puissantes  qui^  par  ce 
moyen ,  en  font  échaper  l'entière  abolition.  Cest  ce  qui  est 
arrivé  à  Tégard  des  présentes  reliques  qui,  ayant  esté 
conservées  dans  la  maison  de  Beaujeu,  dont  la  noblesse  et 
la  piété  est  assez  connue  en  France,  seraient  enfin  parvenues 
en  ce  trésor  qui  en  aurait  esté  enrîchy  par  les  libéralités  de 
révérend  Père  en  Dieu  messire  Philbert  de  BeaujeiT,  évesque 
de  Betlehem  en  cette  ville.  Estant  important  d'en  rénouveller 
et  confirmer  icy  la  très-certaine  tradition  de  nos  pères  et  des 
escrits  par  l'extrait  tiré  de  Tancien  livre  noir  de  la  fabrique 
en  ces  termes  : 

Le  dimanche  avant  la  feste  monsieur  saint  Martin  ^ 
neufiesme  jour  de  novembre  Pan  mil  cinq  cent  trente-neuf, 
révérend  Père  en  'Dieu  messire  Philbert  de  Beaujeu, 
évesque  de  Betlehem,  meu  de  dévotion  à  l'église  mons' 
sainct  Martin  de  Clamecy,  bailla  à  la  fabrique  d'icelle 
la  mandibule  du  glorieux  amy  de  Dieu  monseigneur  saint 
Martin.  Et  le  matin  dudit  jour  fut  une  procession  générale 
comme  on  a  accoutumé ,  pour  aller  quérir  ledit  reliquaire. 
Ce  fait,  messieurs  les  vénérables  du  chapitre,  avec  tout  le 
peuple  en  grand  nombre  partirent  de  ladite  église  Saint* 
Martin  en  grande  et  sincère  dévotion  avec  les  chappes ,  et 
fut  porté  tout  le  luminaire  de  laditte  église  tant  torches  que 
cierges  tellement  qu'il  pouvoit  avoir  six-vingt  personnes 
portans  torches  et  cierges;  et  furent  lesdits  sieurs  du  chapitre 
et  tout  le  peuple  receuz  honorablement  par  ledit  révérend 

croix  à  diamens  feux ,  montée  en  argeant,  pour  estre  attachée  au  chef 
saint  Martin ,  au  lieu  et  place  d'une  autre  en  or,  qui  fust  volée  le 
premier  janvier  1768,  sur  le  banc  des  pardons,  actuellement  appelle 
le  banc  d'œuvre.  » 


-65  - 

en  son  église  dudit  Betlehem,  où  fut  chanté  belles  et 
louables  cantiques  en  l'honneur  de  Dieu ,  de  la  vierge  Marie 
et  de  son  amy  monseigneur  sainct  Martin.  Après  ce,  ledit 
révérend  fit  don  dudit  reliquaire  et  mandibule  à  la  fabrice 
de  Clamecy  et  aux  habitans  dUcelle.  Et  ce  fait,  ladite 
processsion  fut  parachevée,  et  fut  ledit  relique  porté  par 
ledit  révérend  le  longd^icelle  jusqu'à  la  croix  du  marché , 
auquel  lieu  fut  faitte  une  pause.  Et  lors  ledit  révérend  bailla 
au  curé  dudit  Qamecy,  messire  Gérard  de  Piles,  ledit 
relique  pour  icelle  porter  le  reste  de  laditte  procession 
jusqu'en  laditte  église  qui  fut  porté  sur  le  grand  autel  dudit 
Saina-Martin  ;  et  chanta  ledit  révérend  la  grande  messe  en 
grande  dévotion  avec  tout  le  peuple,  et  laditte  messe  para- 
chevée lesdits  sieurs  du  chapitre  par  force  vouloient  avoir 
ledit  pour  leur  proufHt  particulier,  mais  les  habitans  et 
procureurs  de  laditte  fabrique  à  qui  il  avoit  esté  donné  pour 
le  bien,  utilité  et  entretenement  de  laditte  église ,  résistèrent 
contre  eax  ;  tellement  que  ledit  reliquaire  fut  porté  par  ledit 
révérend  sur  le  coffre  des  pardons  de  laditte  fabrice;  et 
d'icdles  au  trésor  et  cabinet  d^icelle  avec  tous  les  autres 
reliquaires  et  sanctuaires  d'icelle  fabrique ,  que  auparavant 
lesdits  sieurs  du  chapitre  avaient  eu  en  leur  gouvernement, 
et  depuis  en  Tan  mil  cinq  cent ...  (i)  après  en  suivant.  Les 
procureurs  d^icelle  fabrice  et  habitans  dudit  Clamecy  ayant 
leur  dévotion  audit  sainct  Martin,  leur  bon  pasteur  et 
patron,  firent  faire  à  Paris  un  chef  dudit  sainct  Martin  avec 
deux  anges ,  le  tout  d'argent  et  le  dessous  dudit  chef  où  est 
laditte  mandibule. 

2.  Plus  une  croix  d'or  avec  le  crucifix  de  mesme,  à  chaque 
croison  de  laquelle  il  y  a  la  représentation  des  évangélistes 
avec  leurs  emblesmes  dans  un  cercle ,  au  milieu  de  laquelle 
il  y  a  quatre  perles  fines  et  qui  s'ouvre  ;  au  dos  est  escrit  : 
Cest  de  la  vraye  croix.  Laquelle  est  suspendue  au  col 

(i)  Il  y  a  ici  un  espace  en  blanc  sur  le  registre. 

T.  m,  3*  série.  g 


—  66  — 

dudit  chef  sainct  Martin  d'une  mesme  chaisne  de  leton  ou 
de  cuivre  doré  (i). 

3.  Item,  un  reliquaire  en  forme  de  chapelle  qui  aservy 
autrefois  pour  porter  le  Sainct*Sacrement  à  la  Feste-Dieu  ,  y 
mettant  au-dessus  du  clocher  un  soleil  où  Thostie  estoit 
renfermée,  laquelle  chapelle  est  d^argent  doré ,  son  soubas- 
tement  et  son  entablement  au-dessus  estant  de  cuivre  doréi. 
Sur  lequel  reliquaire  il  est  à  remarquer  deux  choses  :  Tune 
que  dans  le  corps  de  laditte  chapelle  il  y  a  un  certificat 
signé  et  scellé  de  messire  Philbert  de  Beaujeu,  évesque 
de  Betlehem  susdit,  datte  du  dimanche  5  mars  1549, 
auquel  on  chante  Misericordia  Domini.  Estant  fabriciens 
W  Régnant  Aubert ,  licencié  ès-loix  ;  Pierre  Cousté  Taisné 
et  Léonard  Clert ,  pour  un  morceau  de  fust  de  la  vraye  croix 
mis  en  traverse  au-dessus  dudit  reliquaire.  L'autre  certificat 
de  messieurs  du  chapitre  d'Auxerre  de  Tan  1410  signé  F. 
Wiandus,  touchant  une  pièce  de*  trois  doigts  de  longueur  et 
deux  de  largeur  et  non  ultra  du  manteau  sainct  Martin.  La 
seconde  remarque  est  qu^au-dessus  dudit  clocher,  où  1  on 
mettoit  un  soleil  comme  il  a  esté  dit,  il  y  a  une  croix 
d'argent  doré  moyennement  grande  et  qui  s'ente  sur  ledit 
clocher,  en  laquelle  est  la  traverse  de  laditte  vraye  croix  cy 
déclarée  et  un  os  du  doigt  de  sainct  Martin  dans  Tenchâssure 
mentionné  dans  Pacte  de  messire  Tévesque  de  Betlehem  datte 
du  10  décembre  i633  —  et  autres  reliques  qui  paroissent 
par  les  cristaux  des  croisons. 

(z)  Le  10  août  1720,  messire  Charles  de  Cailus,  évêque  d'Auxerre , 
étant  venu  en  cette  ville  pour  faire  la  clôture  d'une  mission,  vint  au 
trésor  de  la  fabrique  pour  en  visitter  les  reliques  affin  de  dresser 
procez-verbal  de  l'état  où  il  les  trouveroit.  Après  un  examen  exact, 
il  ne  s'y  trouva  d'authentique  qu'à  celles  qui  concernent  la  vraye 
croix  et  à  celles  de  saint  Martin ,  les  autres  furent  trouvez  dénuées 
de  procez-verbaux  et  autres  actes  qui  en  pussent  garentir  la  vérité  ; 
mais  comme  elles  ont  été  de  temps  immémorial  exposées  à  la  véné- 
ration des  fidèles,  le  prélat  ne  crut  point  devoir  les  en  priver  et 
consentit  sur  nos  remontrances  qu'elles  continuassent  d'être  exposées 
les  jours  de  fêtes  et  autres  solennitez. 


-67- 

4-  Pltis  une  boette  de  bois  doré  et  argenté  en  six  comparti* 
mens  assez  confus.  Dans  le  premier  desquels  il  y  a  un  billet 
et  du  gravier  d'un  des  cailloux  dont  on  dit  que  sainct 
Estienae  fut  lapidé  et  autres  sans  nom.  Au  deuxième  des 
vestemens  de  Notre-Dame,  autre  billet  qui  dit  de  Tépaule 
saîna  Bonnaventure ,  avec  une  attestation  signée  et  scellée. 
Dans  le  troisième,  de  lapide  ubi  jacebat  B.  Maria 
Magdalena,  de  capite  sanctœ  Barbarœ,  reliquiœ  SS.  JuS'- 
tini  et  Justiniani,  B.  Prisai,  Firmini  et  Secundi.  Dans  le 
quatrième»  de  habitu  et  capillis  sancti  Francisci^  de  habitu 
capitis  et  vélo  sanctœ  Clarœ  Virginis.  Dans  le  cinquième, 
des  ossements  divers  sans  nom.  Dans  le  sixième,  de  sanctis 
Justini  (sic)  et  Justiniano,  de  tumulo  sancto  et  de  apostolis^ 
SS»  Jacobi  maj.  et  min.  de  sancto  Marco  et  aliis  sanctis,  de 
lapide  montis  Calvarii  ubi  Christus  fuit  crucifixus ,  de 
columna  in  qua  fuit flagellatus  et  cœtera  anonima, 

5.  Plus  un  reliquaire  dit  des  saincts  martyrs,  portatif  aux 
testes  et  processions  de  Vœu  de  la  Ville,  marquées  au  kalen- 
drier  cy-devant  aux  diverses  façades  duquel  sont  les  images 
de  Notre-Dame  et  de  saint  Laurent,  de  sainct  Etienne,  de 
sainct  Sébastien  ;  au  pinacle,  un  crucifix  avec  les  images  de 
Notre-Dame  et  sainct  Jean  Tévangéliste,  le  tout  d'argent. 
Dans  la  capsule  duquel  sont  epclos  les  billets  et  reliques  qui 
suivent  :  De  sancta  Cruce ,  de  ossibus  sancti  Joannis 
Baptistof,  SS.  Stephani,  Georgii  Adriani,  de  cruce  sancti 
Andrece,  de  sancto  Ursinaro  episcopo,  de  sancta  Barbara 
Virgine  et  martyre,  de  sancta  Jawolberta,  de  terra  sepuU 
chri  sanctœ  Elisabeth,  de  mappa  sanctœ  Waldefredis  et 
soHctorum  hœbreorum  martyrum, 

6.  Item,  un  (sic)  image  d'argent  représentant  sainct  Martin, 
èvesque,  avec  son  soubastement  de  cuivre  doré,  suporté  de 
six  petits  lyons  aussy  de  cuivre,  au  col  duquel  est  pendue 
une  croix  de  Jayet  argentée  par  les  bouts. 

7.  Item,  une  croix  feuilletée  d^argent  doré  à  ouvrages  anti- 
ques, au  milieu  de  laquelle  est  enchâssé  de  la  vraie  croix  dont 


......■■•■•^" 


—  68  — 

le  pied  est  à  Tantique  et  de  cuivre  qui  a  esté  doré  avec  des 
graveures  d'armoiries,  laquelle  sert  aux  solennitez  des  festes 
et  services  oU  il  y  a  diacre  et  sous-diacre. 

8 .  Item,  le  livre  des  évangiles  qui  sert  aux  mesmes  solennitez 
dont  la  couverture  est  de  bois  couvert  de  lames  et  f ueilles 
{sic)  d^argent  oti  d'un  costé  est  représenté  la  descente  de  la 
croix  en  bosse ,  de  Pautre  costé  un  Sauveur  sur  un  trosne 
cantonné  des  emblesmes  des  quatre  évangélistes.  Le  tout 
rehaussé  d'ouvrages  à  l'antique  et  de  dorures. 

9.  Item,  une  moyenne  croix  de  cuivre  doré  dont  le  pied  est 
d'argent ,  qui  sert  aux  processions  ordinaires  et  avec  laquelle 
l'officiant  donne  la  bénédiction  au  peuple. 

10.  Item^  un  petit  reliquaire  de  cuivre  doré  à  fenetrages  de 
verre  fait  en  forme  de  tourelle. 

1 1 .  Item,  une  image  de  Notre-Dame,  laditte  image  de  bois 
argenté. 

12.  Item,  une  grande  croix  à  feuilles  ou  lames  d'argent 
florensé  et  ouvragée  à  Tantique,  qui  sort  ordinairement  aux 
processions. 

i3.  Item,  une  autre  grande  croix  d'argent  qui  sert  aussy 
pour  les  processions  et  festes  solennelles^  avec  le  bâton  couvert 
d'argent  acheptée  des  deniers  de  la  fabrique  en  1675  pour  la 
somme  de  333  livres  16  deniers  avec  l'estuy,  comme  il  se 
voit  au  compte  de  laditte  année. 

14.  Item,  deux  grands  chandeliers  d^argent  qui  servent 
ordinairement  au  grand  autel  acquis  par  laditte  fabrique 
avec  un  encensoir  d'argent,  comme  il  est  cotté  par  rarticlc 
suivant. 

15.  Item,  un  encensoir  d^argent  acquis  avec  les  susdits 
chandeliers  en  1606  pour  la  somme  de  3 3o  livres»  comme 
il  apert  par  l'acte  receu  Delavau ,  notaire ,  le  24  décembre 
audit  an  1606,  inséré  au  volume  brun. 

16.  Item,  deux  autres  chandeliers  d^argent  qui  servent 
ordinairement  à  Tœuvre  acquis  par  la  fabrique  en  Tannée 


—  69  — 

i€63,  de  la  pesanteur  de  sept  marcs  un  once  un  gros ,  pour 
le  prix  de  236  livres,  la  boëte  comprise,  ainsy  qu'il  apert  par 
le  livre-journal  de  laditte  année  et  quittance  de  Torfèvre 
estant  èfr»papiers  de  la  fabrique. 

17.  Item,  un  soleil  de  vermeil  doré  pour  exposer  et  porter 
le  Sainct-Sacrement  aux  festes  et  processions  solennelles  avec 
ses  deux  christaux ,  ledit  soleil  fait  à  Clamecy  pesant. . .  (  i }  et 
acquis  des  deniers  de  laditte  fabrique  en  Tannée  1670, 
suivant  le  traité  et  acquit  receu  Frotier,  notaire,  le  (2)... 

18.  Item ,  le  bâton  pastoral  que  porte  le  sieur  chantre  aux 
festes  solennelles  et  cérémonies  dont  le  sommet  est  la  repré- 
sentation de  rimage  de  sainct  Martin  estant  à  cheval  avec 
son  pied  d'estal  et  la  vis  d'argent ,  le  surplus  estant  de  cuivre 
rouge  et  autre  métal. 

19.  Item,  un  grand  calice  de  vermeil  doré  d'un  ouvrage 
ancien  et  très-exquis  dont  la  coupe ,  la  pomme  et  le  pied  fort 
massif  se  joignent  et  se  montent  par  une  seule  vis  artificielle, 
autour  de  la  pomme  duquel  sont  représentez  les  apôtres, 
aussy  d'argent  doré,  dans  leurs  niches,  enrichis  de  pierreries 
avec  la  patène  de  mesme  matière ,  sur  le  dos  de  laquelle  est 
un  crucifix  émaillé  au-dessous,  et  de  l'autre  part  un  nom  de 
Jésus  aussy  émaillé. 

20.  Item ,  trois  autres  calices  avec  leurs  patènes  d'argent 
dont  il  y  a  un  grand  et  un  moyen  renouveliez  sans  autres 
marques  que  le  poinçon ,  le  troisiesme  estant  plus  bas ,  dont 
le  pied  a  des  rayons  de  vermeil  doré  avec  un  crucifix ,  la 
pomme  ornée  de  façades  d'apôtres  et  au-dessous  des  fleurs 
de  lys. 

2 1 .  Item ,  deux  ciboires  d'argent,  l'un  assez  grand ,  l'autre 
médiocre,  pour  porter  le  viatique. 

22.  Item,  une  petite  boette  d'argent  destinée  aussy  à  porter 
le  viatique. 

(i)  Espace  laissé  en  blanc  au  registre. 
(2)  Idem, 


—  70  — 

23.  Item,  une  boette  ou  vase  où  les  sainctes  huiles  sont 
renfermées  avec  leurs  brochettes,  pour  faire  les  onctions,  le 
tout  d^argent. 

24.  Item,  deux  autres  petites  boettes  d'argent  pour  serrer  le 
reste  des  onctions  des  sainctes  huiles. 

25.  Item,  une  coquille  d'argent  pour  baptiser. 

26.  Item,  un  bassin  d'argent  cizelé  avec  les  burettes  de 
mesme,  sur  lequel  bassin  est  le  nom  des  sieurs  fabriciens 
qui  Tout  acquis  en  Tannée  1645. 

27.  Item  y  une  grande  lampe  de  cuivre  très-ancienne  faitte 
en  10 1 3,  comme  il  apert  au  fond  du  bassin,  avec  les  brandies 
de  mesme  a  mettre  six  cierges  suspendue  en  la  nef  de  Téglise. 

28.  Item,  un  sceau  de  cuivre  rouge  pour  faire  l'eaC^  bénite. 

29.  Item,  une  croix  de  cuivre  avec  un  pied  de  mesme  pour 
la  soutenir,  qui  servoit  autrefois  aux  processions. 

30.  Item,  un  encensoir  de  cuivre  pour  servir  aux  jours 
ordinaires. 

Toutes  les  autres  choses  servant  à  Téglise,  comme  vases, 
chandeliers  de  cuivre,  tableaux,  paremens  d'autels,  napes, 
linges ,  chapes ,  chasubles ,  etc.,  estant  d^un  usage  trop 
fréquent  et  commun  et  trop  sujettes  au  changement ,  ne 
peuvent  commodément  icy  s'inventorier,  dépendant  du  soin, 
de  la  diligence  et  de  la  bonne  foy  des  sieurs  fabriciens  en 
exercice,  qui  doivent  en  leur  particulier  en  faire  un  inventaire 
exact,  sans  qu^ils  puissent  s^en  charger  autrement.  Le 
surplus,  comme  cloches,  tabernacle,  orgues  et  autres,  qui  sont 
comme  de  nature  immobile,  et  enfin  tout  ce  qui  sert  à  Téglise^ 
appartenant  à  la  fabrique,  comme  choses  aquises  de  ses 
deniers,  ainsy  qu'il  se  voit  par  les  comptes,  livres,  journaux 
et  marchez  de  la  fabrique. 

Dieu  veuille  augmenter  le  présent  inventaire  et  le  zèle  de 
tous  les  fidelles  pour  la  plus  grande  majesté  de  son  service  et 
de  sa  gloire  ? 

Ainsy  soit-il. 


-  7î  - 

Dont  et  de  tout  ce  que  dessus  ainsy  fait  et  inventorié  en  la 
présence  de  mondit  sieur  de  L'Isle,  chantre  et  curé,  quia 
visité  lesdittes  reliques  et  actes  probatifs  y  énoncez ,  nous 
Léger  Faulquier,  Guillaume  Davault  et  Nicolas  Cousté, 
fabriclens  susdits,  nous  sommes  chargez  lesdits  jour  vingt- 
huit  may  et  an  mil  six  cent  soixante  et  dix-neuf. 

Signé:  De  L'Isle,  chantre-curé  de  Clamecy. 
L.  Faulquier^  g.  Davault,  Cousté. 

• 
Et  le  sixiesme  jour  du  mois  de  janvier  mil  six  cent  quatre- 
vingt,  nous  François  Faulquier,  advocat  en  la  cour,  advocat 
fiscal  en  la  châtelnie  (i)  et  procureur  du  roy  au  grenier  à  sel 
de  Clamecy,  nommé  fabricien  par  acte  d'assemblée  du  premier 
du  présent  mois  et  an  au  lieu  et  place  dudit  sieur  Léger 
Faulquier,  et  nous  Guillaume  Davault  et  Nicolas  Cousté, 
fabriciens  susdits  restans  en  charge,  avons  déchargé  ledit  sieur 
Léger  Faulquier  du  contenu  au  présent  inventaire  des 
reliques,  argenteries  y  dessus  spécifiez  et  nous  nous  en 
sommes  chargez.  Fait  les  an  et  jour  que  dessus. 

Signé  :  Faulquier,  G.  Davault,  Cousté. 

Plus  deux  chandeliers  d'argent  (2)  ouvragez  au  cizeau, 
dont  le  pied  est  en  tiers-point  acheptez  à  Paris  au  mois  de 
décembre  de  Tannée  mil  six  cent  quatre  vingtz;  plus  une 
navette  d'argent  pour  mettre  Tencens  et  accompagner 
l'encenssoir,  et  qui  ont  cousté  avec  laditte  navette  la  somme 
de  trois  cent  quarante-une  livres,  payez  des  deniers  de  la 
fabrique,  suivant  qu'il  se  justifie  sur  le  livre-journal  de 
laditte  fabrique  de  laditte  année  1680  et  autres  suivantes. 


(r)  ChftteUenie  de  Clamecy. 

(2)  Ces  objets  ont  été  achetés  plus  tard  et  consignés  au  registre  de  la 
fabrique  à  la  suite  de  Tinventaire  ci-dessus. 


par  une  quittance  signée  Truffot,  du  i8  avril  i68i#  au 
folio  87.  Et  lesquels  deux  chandeliers  servent  à  présent  à 
mettre  sur  l'œuvre  pour  accompagner  le  chef  saint  Martin  ^ 
la  croix  d^argent  les  dimanches. 

Plus  une  croix  dVrgent  dont  le  pied  est  en  tiers-poîAl 
cizelé  et  la  croix  unie  avec  le  crucifix  attaché  à  laditte  croix, 
avec  trois  fleurons  aux  trois  boutz,  qui  a  esté  acheptée  dea 
deniers  de  laditte  fabrique  par  monsieur  Delasaleine,  juge  de 
Clamecy,  en  l'année  mil  six  cent  quatre*vingt-trois,  comme 
l'un  des  sieurs  fabriciens^  et  a  cousté  deux  cent  quatre  livres» 
ainsy  qu'il  est  escrit  sur  le  livre-journal  de  laditte  fabrique, 
commencé  le  premier  janvier  mil  six  cent  quatre-vingt-trois, 
au  folio.r.  9...  Et  laquelle  croix  sert  à  présent  à  exposer  sur 
l'œuvre  les  dimanches  et  festes  non  solennelles  accompagnée 
des  susdits  chandeliers. 

Le  quinze  novembre  1684^  messire  Christophe  Frotier  et 
honorable  homme  Pierre  Debèze  laisné,  fabriciens  en  charge^ 
de  Tadvis  de  vénérable  Jean  Delisle,  chantre^  chanoine  et 
curé  de  laditte  église^  ont  faict  marché  avec  Nicolas  Gau- 
douard,  orphèvre,  demeurant  à  Clamecy^  pour  faire  à  neuf 
un  ciboire  pour  laditte  église  au  lieu  de  celuy  qui  y  estait 
trop  petit  et  rompu,  et  le  faire  de  plus  grande  contenance, 
moyennant  pour  sa  façon  vingt-quatre  livres,  et  luy  sera 
payé  le  pardessus  de  largeur  qu'il  fournira,  à  raison  de  3  livres 
1 2  deniers  Ponce  au-delà  de  ce  que  pèze  ledit  ciboire,  qui 
sont  treize  onces  et  deux  gros. 

Le  trente  décembre  audit  an  1684,  ledit  Nicolas  Gou« 
douard,  orphèvre,  a  rapporté  ledit  nouveau  ciboire  par  luy 
fait  veu  et  visité  par  ledit  siëur  Delisle,  curé,  et  après 
avoir  esté  pezé,  s^est  trouvé  qu'il  pèze  seize  onces  moins  deux 
gros  ayant  le  dedans  de  la  couppe  dorée  et  une  petite  croix 
sur  le  couvercle  y  bien  et  convenablement  faict  avec  l'escrit 
sur  le  pied  qu^il  appartient  à  cette  église  et  a  esté  emporté 
par  ledit  sieur  Delisle,  curé,  pour  servir  selon  sa  destination, 
en  sorte  que  l'argent  fourny  par  l'orphèvre  et  sa  façon  couste 
à  cette  fabrique  quarante  livres. 


-73- 

Plas  (  I  )  messieurs  Vezinier,  Renard  et  Gandouard  ont 
it  faire  une  lampe  d^argent  qui  se  met  dans  le  cœur  (sic). 
Elle  a  été  faite  en  1690  par  le  nomé  Nicolas  Gandouard , 
orphèvre,  demeurant  en  cette  ville;  elle  coûte  800  livres. 
Cest  un  bel  ouvrage. 

Plus  messieurs  Despatis^  Rossignol  et  Pierre  Gouré , 
fiftbrkiens^  ont  achepté  en  17 17  quatre  chandeliers  d^argent 
que  l'on  met  sur  le  grand  autel  avec  deux  autres  qui  étaient 
dans  le  trésor  de  la  fabrique.  Ces  quatre  chandeliers  ont  coûté 
six  cent  livres. 

Plus  messieurs  Débèze,  Depignolle,  Berriat  et  Bondoux, 
marguilliers,  ont  achepté  en  1724  un  bénitier  avec  un  gou- 
pillon d'argent  qui  ont  coûté  deux  cent  cinquante  livres. 

J.  CHARRIER, 

Vicairg  de  Clamecy. 


FAMILLES  NI VERN AISES. 

Les  recueils  généalogiques  s'arrêtent,  en  général,  à  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Nous  voulons  sim* 
plement  donner  ici  la  suite  de  quelques-unes  des  principales 
familles  nivernaises,  au  point  de  v/Te  exclusif  de  leurs  rap- 
ports avec  notre  province  ;  elles  ont  du  reste  un  passé  trop 
connu  pour  qu'il  y  ait  lieu  d'en  rééditer  une  généalogie. 

DE  COURVOL. 

AftMES  :  De  gueules ,  à  une  croix  ancrée  d'or,  cantonnée  en  chef  de 

deux  étoiles  d'argent. 

La  plus  ancienne  famille  d'origine  nivernaise,  qui  se  soit 
perpétuée  jusqu'à  nos  jours,  est  celle  de  Courvol.  Les  chartes 

(i)  Ce  qui  suit  est  postérieur  et  d^une  autre  écriture. 
T.  III,  3*  série.  10 


—  74  — 

du  prieuré  de  La  Charité-sur-Loire  et  de  Fabbaje  de  Bourras 
mentionnent  Hugues  de  Courvol  en  1088,  Hervé  iiSH, 
Humbert  1253^  Jean  I285^  etc.  La  filiation  suivie  com- 
mence à  Gaucher  y  seigneur  de  Courvoi-Dampbernard  ea 
i3oi,  frère  de  Jean  de  Courvol,  un  des  dix  chevaliers  que  le 
comte  de  Nevers  envoya  à  l'ost  de  Flandres  en  i3oz.  Son 
fils,  Gaucher,  fut  seigneur  d'Isenay  et  du  Tremblay,  i33o- 
1354,  et  eut  pour  petite-fille  Huguette,  mariée  au  célibce 
Perrinet  Gressart,  capitaine-général  des  pays  de  NivernoiB 
et  de  Donziois. 

Cette  famille  produisit  plusieurs  hommes  d*armes  des 
compagnies  d'ordonnance,  des  capitaines ,  un  gentilhomme 
de  la  chambre  du  roi,  des  officiers  des  gardes,  un  comman- 
deur du  Mont-Carmel,  etc. 

Ses  principales  alliances  nivernaises  sont  :  de  Dissy, 
quatorzième  siècle;  Le  Bidaud,  1401;  de  La  Tournelle, 
1441  ;  de  Marry,  quinzième  siècle;  de  La  Perrière,  i5o3;  de 
Reugny,  i526;  de  Saint- Père,  i53i;  de  Bongars,  i58o; 
des  Paillards,  1584;  de  La  Bussière,  1610  et  1640;  de 
Chassy,  1624;  de  Grandrye,  1655;  de  Moncorps,  1669; 
Bréchard,  1671  ;  de  Cotignon,  1691;  de  Champs,  1693;  de 
Lavenne,  1695  et  1708;  Pierre  de  Frasnay,  1694  et  1722  ; 
Save,  171 9,  etc.  Ses  fiefs  et  seigneuries  dans  notre  province 
furent  entre  autres:  Corvol - Dampbernard ,  Isenay,  Je 
Tremblay,  Montaron,  Poussery,  Thaix,  la  Boue,  Saint- 
Gervais-les-Verneuil,  Saînt-Gratien,  Poilly,  Saint-Michel- 
en  -  Longue  -  Salle ,  la  Guette ,  Bazole ,  Montas  ,  Lucy, 
Villiers-sur-Nohain,  Faveray,  les  Moulins,  les  Aubus, 
Villaines,  Billy-sur-Oisy,  Savigny,  la  Motte -Billy,  le 
Fey,  etc. . 

Lazare  de  Courvol,  seigneur  de  Lucy,  eut  deux  fils,  qui 
formèrent  les  rameaux  de  Lucy  et  de  Montas  :  A,  Louis- 
François,  qui  suit;  B,  Germain-Gabriel,  qui  sera  rap- 
porté. 

A.  :  Louis-François  de  Courvol,  écuyer,  seigneur  de  Lucy, 
capitaine  de  cavalerie  en  1723,  épousa  en  1745  Marie^ÂQD^ 


—  75  — 

de  La  Toumelle,  dont  il  eut  :  i^  Jean-Baptiste,  seigneur  de 
Bîlleron,  capitaine  au  régiment  de  Limousin,  comparut  à 
l'assemblée  de  la  noblesse  à  Nevers  en  178g,  mourut  en 
1823,  laissant  d'Anne  de  Vichy  deux  filles  :  Thérèse,  mariée 
en  1815  à  Louis-Joseph  de  Thoury,  et  Charlotte  qui  épousa 
M.  du  Plan;  2*  Louis-Alexandre,  seigneur  de  Lucy,  capi- 
taine au  régiment  de  Limousin,  chevalier  de  Saint-Louis, 
mort  en  1829,  marié  en  1798  à  Philippine  du  Verne  de 
Presle,  dont  il  eut  :  Jean-Baptiste  de  Courvol,  officier  de 
cavalerie,  chevalier  de  Saint -Louis,  marié  en  1824  à 
Adélaïde  du  Pré  de  Saint-Maur,  dont  il  eut  :  a,  Alexandre- 
Louis^aston,  né  en  1825,  célibataire,  seul  représentant  du 
nom;  fc,  Philippine,  épouse  de  M.  de  Villemenard;  c,  Clé- 
mentine, mariée  en  1847  à  Francis  Gasseau  de  Fucy. 

B.  :  Germain-Gabriel  de  Courvol ,  écuyer,  seigneur  de 
Montas,  gentilhomme  de  la  manche  en  1745,  brigadier  des 
gardes  du  corps,  épousa  en  1740  Monique  Carpentier  de 
Changy,  dont  il  eut  :  i»  CRude-Pierre,  capitaine  d'infan- 
terie, mort  sans  postérité  en  i838;  20  Augustin,  seigneur  de 
Montas,  chevalier  de  Saint-Louis,  mort  en  i836,  épousa  en 
T794  Anne  Le  Comte,  dont  deux  fils  :  Frédéric,  garde  du 
corps,  mort  sans  alliance,  et  Charles-François- Augustin , 
garde  du  corps  y  puis  capitaine  de  cuirassiers ,  qui  de  Laurc 
Mathieu  n'eut  qu'une  fille:  Augustine,  mariée  en  i856à 
Paul-Alexandre,  marquis  de  Veyny. 

François  de  Courvol,  chevalier,  seigneur  de  BazoUes  et  de 
Montas,  forma  au  dix-septième  siècle  la  branche  de  Saint- 
Maurice  et  Savigny-les-Billy;  son  petit -fils,  Jacques  de 
Courvol,  officier  au  régiment  de  Normandie,  épousa  en  1723 
Marie  de  Compaing,  dont  il  eut  : 

Jean-Qaude  de  Courvol,  seigneur  de  Savigny  et  de 
la  Mothe-Billy,  capitaine  au  régiment  de  Nice,  chevalier 
de  Saint-Louis,  épousa  en  175 1  Marie-Anne  de  MuUot  de 
Villenaut,  dont  il  eut:  i»  Jacques  -  Lazare ,  mort  sans 
alliance;  2*  Claude,  qui  suit;  3®  Ambroise,  mort  sans 
alliance  en  i838. 


Claude  de  Courvol,  seigneur  du  Fey  et  de  Savigny,  épousa 
en  1790  Marguerite-Hyacinthe  de  La  Coudre,  dont  U  eut  : 
Alexandrine,  mariée  en  1828  à  Ernest  Le  Carruycr  de 
Beauvais,  et  Marie- Rosalie,  qui  épousa  en  1821  Philippe 
Dupin,  célèbre  avocat,  député  de  la  Nièvre. 

Sources  et  preuves  :  Inventaire  des  titres  de  Nevers, 
Marolles;  Histoire  du  Berry,  La  Thaumassière  ;  manus- 
crits de  dom  Villevieîlle  ;  archives  de  la  Nièvre  ;  généalogie 
imprimée  en  1754  ;  titres  de  la  famille. 

DE  CHARRY. 

Armes  :  D*a:(ur,  à  la  croix  ancrée  d'argent. 

La  famille  de  Charry  est  connue  en  Nivernais  depuis  le 
treizième  siècle,  et  y  est  encore  représentée.  En  1296,  Robin 
de  Charry  faisait  une  vente  ^e  biens  à  Beaumont-sur* 
Sardolles.  Lorsque  les  habitants  de  Nevers  voulurent  recons- 
truire le  pont  de  Loire  en  i3o9,  Louis  de  Flandres,  comte 
de  Nevers,  leur  amortit  le  droit  de  pontenage  appartenant  k 
Jean  de  Charry,  damoiseau,  seigneur  de  Huez,  qui  le  tenait 
de  son  grand-père,  le  sire  d'Arbourse,  auquel  Mahaut  de 
Courtenay  Pavait  inféodé  par  lettres  données  à  Entrains  en 
juillet  1247.  La  filiation  sMtablit  ensuite  d'après  de  nom- 
breux titres  de  i3io,  i3i6,  i323,  i365,  etc.  Au  siècle 
suivant ,  elle  fournit  des  hommes  d^armes  et  des  officiers  de 
la  maison  des  comtes  de  Nevers,  puis  des  chevaliers  de 
Malte,  du  Mont-Carme)  et  Saint- Lazare  et  de  Saint- Louis^ 
un  mestre  de  camp ,  des  capiiaines,  un  mousquetaire,  ua 
garde  du  corps,  deux  capitaines  des  vaisseaux  du  roi ,  un 
chef  d*escadre,  etc. 

Sa  principale  illustration  vient  de  Jacques  de  Charry, 
célèbre  capitaine  du  seizième  siècle,  dont  parlent  taat 
Brantôme,  Montluc  et  Castelnau.  Il  se  distingua  dans  les 
guerres  d'Italie  sous  Montluc^  puis  aux  sièges  d'Orléans  et 


—  71^ 

du  Havre.  Très  en  faveur  près  du  duc  de  Guise  et  de  la 
Reine-Mère,  il  forma  et  commanda  la  première  garde  du 
corps.  D'Andelot-Coligny,  colonel-général  de  l'infanterie, 
dont  il  refusait  de  reconnaître  le  suprématie,  le  fit  assassiner 
à  Paris  en  1563.  Brantôme  dit  de  lui  ;  c  PourCharry,  c'étoit 
un  second  Montluc  en  valeur  et  en  orgueil,  et  qui  auroit  pu 
l'être  en  dignités  s'il  ne  se  fût  fait  de  trop  grands  ennemis.  » 

Cette  maison  a  pris  alliance ,  en  Nivernais ,  dans  celles  : 
de  Chacy,  treizième  siècle  ;  de  Frétoy,  quatorzième  siècle  ; 
de  La  Perrière,  quinzième  siècle  ;  du  Verne,  1433  et  1648  ; 
duChastel,  1480;  du  Gué,  iSig;  de  Maumigny,  1549; 
Salazar,  i562;  de  La  Ferté-Meung,  1584;  deChéry,  16 19; 
de  Rolland,  i633;  de  Chargères,  i65o  et  1700;  de  Che- 
venon-Bigny,  i663;  de  Bony,  1677;  deChabannes,  1678; 
de  Berthier,  1710;  Comeau,  171 9;  Andras,  1731 ,  etc. 

Ses  différents  membres  furent  :  marquis  des  Gouttes , 
comtes  d'Ainay,  vicomtes  de  Beuvron,  barons  du  Ryau  et 
de  Chatel-Péron ,  seigneurs ''de  Charry,  Arbourse,  Huez, 
Bona,  Saint-Maurice,  la  Bretonnière ,  Marancy,  Couëron , 
Vendonne,  Aubîgny,  Précy,  Septvoies,  Giverdy,  Villeneuve, 
la  Ronde,  la  Roche,  Lurcy-le-Bourg,  Boulon,  Montgazon, 
Mare,  Sangué,  Ligny,  Saxy-Bourdon,  Fourvieil,  etc. 

Hugues  de  Charry,  chevalier,  vicomte  de  Beuvron, 
seigneur  de  Charry,  Lurcy-le-Bourg,  Boulon,  etc.,  eut 
deux  fils:  Pierre,  auteur  de  la  branche  de  Lurcy,  qui  suit, 
et  Michel,  comte  de  Beuvron,  seigneur  de  Villiers,  Mont- 
gazon,  etc.,  qui  mourut  en  1753,  laissant  de  Marguerite 
Andras  de  Poîseux  :  Hugues-Michel,  marié  à  Cécile  de 
Fourvières  de  Quincy,  dont  Pierre-Ferdinand ,  comte  de 
Charry-Beuvron,  mort  sans  enfants  en  i852, 

Pierre  de  Charry,  chevalier,  seigneur  de  Lurcy-le-Bourg, 
Lurcy-le-Châtel ,  Boulon,  Mare,  Saint-Firmin,  etc.,  épousa 
Elisabeth  des  Prez  de  Bussy  et  fut  inhumé  en  1776  dans 
Tëglisede  Lurcy,  où  Ton  peignit  la  litre  de  haut  justicier 
qu'on  y  voyait  encore  il  y  a  peu  d  années  ;  il  eut  : 

Hugues -Michel,  comte  de  Charry-Lurcy,  seigneur  de 


-?8- 

Lurcy-le-Bourg,  Boulon,  Mare,  etc.,  comparut  à  l'assemblée 
de  la  noblesse  à  Nevers  en  1789,  avait  épousé  Marie- 
Magdeleine,  fille  de  Joseph ,  baron  de  La  Bussière,  dont  il 
eut:  1**  Louis-Hugues-Michel,  comte  de  Charry-Lurcy,  qui, 
d'Angélique  de  La  Roche- Loudun ,  eut  un  fils  unique, 
Hippolyte,  mort  sans  postérité  en  1861;  2®  Jean-Antoine, 
qui  suit;  3<>  Elisabeth-Madeleine,  mariée  en  1798  à  Edme- 
Pélerin  de  MuUot  de  Villenaut. 

Jean-Antoine,  vicomte  de  Charry-Lurcy,  épousa  en  1804 
Marie-Madeleine  de  La  Bussière,  dont  il  eut:  i«  Hugues- 
Jean,  qui  suit;  2°  Alfred-Eugène,  qui  d'isaure  Paichereau 
a  eu:  Auguste;  Gabriel,  marié  en  1872  à  Marguerite  de 
Roquebeau;  Marie;  Marguerite;  3<>  Antoinette,  épouse  de 
François  Rignault. 

Hugues-Jean,  vicomte  de  Charry-Lurcy,  mort  en  1855,  a 
laissé  de  son  alliance  avec  Joséphine  de  La  Bussière  : 
!•  Emile  -  Hubert ,  comte  de  Charry,  marié  en  1857  à 
Florence  de  Lavenne  de  Sichamps;  2®  Alfred -François, 
marié  à  Marie  de  Charry;  3®  Antoine-Hugues,  marié  en 
1878  à  Laure  Loppinde  Gémeau;  4*  Louise-Joséphine. 

Le  rameau  des  seigneurs  de  Giverdy  et  de  Fourviéil, 
détaché  en  1648,  s'est  éteint  à  la  fin  du  siècle  dernier,  ainsi 
que  celui  des  seigneurs  des  Gouttes  en  Bourbonnais. 

Sources  et  preuves  :  D'Hozier  ;  Inventaire  des  titres  de 
Nevers;  MaroUès;  Parmentier;  archives  de  la  Nièvre  ;  Le 
Laboureur;  Brantôme;  Née  de  La  Rochelle;  dossier  au 
cabinet  des  titres  ;  dom  Villevieille  ;  titres  de  famille. 

DE  CHABANNES. 

Arkes  :  De  gueules,  au  lion  d'hermine,  couronné,  armé  et  lampassé  d'or. 

Qu'il  nous  suffise  de  rappeler  que  l'illustre  maison  de 
Chabannes  est  issue  des  comtes  d'Angouléme  de  la  première 
race,  devenus  sires  de  Chabannez  en  i  i3o  ;  qu^elle  a  donné 


-  79  - 

un  maréchal  de  France,  plusieurs  lieutenams*généraux  et 
maréchaux  de  camp>  des  conseillers  d^Etat,  des  cham- 
bellans, etc.;  qu'elle  compte  cinq  alliances  avec  la  maison  de 
France  «  et  d'autres  avec  celles  de  La  Trimouille,  de  La 
Tour-d'Auvergne,  de  Guise,  de  Rochechouart,  de  La  Roche- 
foucauld, etc.  Elle  était  titrée:  cousins  du  roi,  marquis  de 
La  Palice,  comtes  de  Dammartin,  de  Curton,  de  Rochefort, 
de  Saignes,  barons  de  Toucy. 

La  branche  nivernaise  posséda  les  seigneuries  de  Sainte- 
Colombe,  le  Verger,  Armes,  Trucy,  Corvol-Dampbernard, 
Vandenesse,  Nourry,  Huez,  Apiry,  Faye,  la  Montagne, 
Quincy,  Argoulais,  etc.;  elle  s'allia  aux  familles  :  d'Armes, 
1570;  de  Bourbon- Busset,  1598;  Babute,  16 10;  de  La 
Rivière -Champlemy,  1612;  Monnot,  1645;  de  Charry, 
1678;  Sallonnyer,  1715,  etc. 

La  plupart  des  auteurs  placent  en  1 570  l'apparition  des 
Chabannes  en  Nivernais;  cependant  plusieurs  de  ses  membres 
y  possédèrent  des  fiefs  au  quinzième  siècle.  Antoine  de 
Chabannes,  célèbre  capitaine  des  c  escorcheurs  »,  qui  devint 
grand-maître  de  France,  reçut  de  Charles  VII,  en  145 1, 
avec  la  terre  de  Saint-Fargeau,  les  nombreuses  seigneuries 
de  Puisaye  confisquées  sur  Jacques  Cœur;  il  était  aussi 
seigneur  de  Corvol-Dampbernard  et  recevait  à  ce  titre,  en 
147 1,  foi  et  hommage  de  Claude  de  La  Rivière,  seigneur  de 
Oiry.  Son  fils  Jean ,  comte  de  Dammanin ,  qui  est  encore 
seigneur  de  Corvol,  suivant  des  titres  de  1492,  1496  et  1498, 
vendit  cette  terre  en  1 504  à  Jean  de  La  Rivière,  gouverneur 
du  Nivernais. 

Dans  la  branche  aînée,  Geoffroy,  seigneur  de  Charlus  et 
La  Palice,  capitaine-général  des  provinces  du  Centre  (le 
Nivernais  compris)  acquit  en  1488,  de  Jacques  de  Beaufdrt- 
Caoillac,  les  terres  de  Vandenesse,  Nourry  et  Pouligny,  en 
Nivernais;  elles  échurent  à  son  second  fils,  Jean  de  Cha- 
bannes, qui  s'illustra  en  Italie  sous  le  nom  de  Vandenesse,  et 
tomba  à  côté  de  Bayard,  1524;  son  frère,  le  maréchal  de  La 
Palice,  eut  Vandenesse,  que  sa  femme  et  ses  enfants  habi- 


—  8o  - 

tèrent.  Charles ,  fils  unique  du  maréchal ,  ne  laissa  que  des 
filles,  qui  firent  passer  ce  fief  dans  la  famille  Olivier,  1567* 

La  postérité  de  François  de  Chabannes,  comte  de  Saignes, 
s'établit  définitivement  dans  notre  province  à  partir  du 
seizième  siècle;  celui-ci  était  capitaine  de  5o  lances  tt 
conseiller  d'Etat,  et  avait  épousé  en  1 570  Valentine  d'Armes, 
dame  du  Verger,  de  Sainte-Colombe  et  de  Trucy-l'Orgueil- 
leux.  Cette  branche  nivernaise  a  fourni  des  chevaliers  de 
l'ordre  du  roi,  de  nombreux  officiers  et  un  pair  de  France  en 
181 5  ;  elle  était  représentée  vers  la  fin  du  siècle  dernier  par 
Claude- François,  comte  de  Chabannes,  seigneur  d'Argoulaîs, 
Huez,  Quincy,  etc.,  chevalier  de  Saint- Louis,  capitaine  de 
cavalerie,  marié  en  1764  à  Henriette  Fournier  de  Quincy, 
exécutée  sous  la  Terreur,  dont  il  eut  deux  fils  :  i*  Jean- 
Baptiste;  2°  Louis-Henri,  qui  suivra  : 

Jean-Baptiste,  marquis  de  Chabannes,  seigneur  d^Ar- 
goulais  et  Huez,  chevalier  de  Saint- Louis,  capitaine  au 
Royal-Normandie  en  1788,  pair  de  France,  inspecteur 
général  des  gardes  nationales  de  la  Nièvre  en  18 17,  épousa 
en  1787  Zoé  de  Boisgelin,  dont  il  eut  :  i<>  Eugène-Henri, 
qui  suit;  2^  Isaure,  mariée  en  181 1  à  Henri-Amable,  comte 
de  Dreuille;  3*  Henriette  -  Pauline ,  mariée  en  1826  à 
Edouard-Charles,  comte  de  Saint-Phalle. 

Eugène-Henri,  marquis  de  Chabannes,  maréchal-des-logis 
des  mousquetaires,  puis  sous-lieutenant  des  gardes  du  corps, 
mort  en  1877,  épousa  en  i8i9Gabriellede  La  Tour-Vidaud, 
dont  il  eut  :  i®  Gilbert-Gabriel,  sans  postérité;  2°  Edme, 
mort  en  Crimée;  3°  Amable-Marie,  marié  en  1857  à  Mar- 
guerite-Louise de  Bourbon-Busset,  dont  Eugène-Gabriel  et 
Marie-Charlotte;  4"  Marie-Lucrèce,  mariée  en  1840  à 
Antoine,  marquis  du  Prat, 

Louis-Henri,  comte  de  Chabannes  de  Quincy,  épousa  en 
i8o3  Adélaïde  Limanton  de  Jaugy,  dont  il  eut  :  i»  Louis- 
Victor,  qui  suit;  2^  Auguste,  marié  à  Pauline  Béranger  de 
Moléme,  sans  postérité;  3^  Armand,  page  du  roi,  aide-de- 
camp  du  maréchal  de  Bourmont,  marié  en"i835  à  Clémen- 


—  8i  — 

thie  de  La  Morre,  dont  il  eut  Joseph,  Pierre  et  deux  filles  ; 
4*  Henriette,  épousé  d' Auguste  Vernînd'Aigrepont;  5*  Adèle, 
ipoQSt  d^AdoIphe  de  Mullot  de  Villenaut;  6<>  Eugène,  marié 
en  185 1  à  Aline  de  Choiseul-Praslin ,  dont  Marie*Cbarlotte, 
épouse  d^ Albert,  comte  de  Cbabannes-Curton. 

Louis- Victor,  comte  de  Cbabannes,  épousa  en  i838  Simone 
Petitier,  dont  il  eut  Gaston,  marié  en  1 858  à  Blanche  de 
Saint-Phalle,  dont  :  Henri,  Victor,  Antoine,  Henriette. 

Sources  et  preuves  :  Histoire  des  grands  officiers  de  la 
couronne,  P.  Anselme;  Moréri;  archives  de  la  Nièvre; 
Inventaire  de  MaroUes;  de  Courcelles;  Dictionnaire  de 
La  Cbesnaye-des-Bois;  archives  de  la  famille. 

DE  LA  FERTÉ-MEUNG. 

Akkbs:  Ecarielé,  aux  i  et  4  d'hermine],  au  sautoir  de  gueules,  qui 
est  de  La  Ferlé;  aux  2  et  3  contr^écartelé  d'argent  et  de  gueules, 
qui  est  de  Meung. 

La  maison  de  La  Ferté  est  connue  depuis  le  onzième 
siècle;  elle  est  originaire  de  Sologne,  où  Hubert,  sire  de  La 
Ferté,  vivait  en  Ï090;  Geoffroy  était  à  Bouvines ;  Hubert 
fut  tué  à  Crécy.  Elle  fournit  de  nombreux  chevaliers,  qui 
prirent  part  aux  campagnes  de  Flandre  et  de  la  guerre 
de  Cent-Ans,  des  gentilshommes  de  la  maison  des  rois 
Charles  VIII,  Charles  IX,  Henri  III  et  Henri  IV,  des 
capitaines  des  compagnies  d'ordonnance,  des  chevaliers  de 
Tordre  du  roi  et  de  Malte,  un  lieutenant  des  gardes  en  1570, 
un  brigadier,  deux  mestres  de  camp,  etc. 

Elle  posséda  dans  notre  province  les  seigneuries  de  Saint- 
Germain-des-Bois,  Saligny,  Boisjardin,  Challement,  Mon- 
ceau, Champdioux,  Maux,  Champlin,  Pierrefitte,  Solières, 
Montanteaume,  Villapourçon,  Chevannes,  La  Roche-Milay, 
Vilktte,  Ettevaux,  Sichamps,  Cuncy-les-Varzy,  Bourras, 
ViIliers-ie-Sec>  la  Cave,  Beaumont-sur-SardoUes,  Marcilly, 
la  Loge^  Griandchamp. 

T«  m,  3*  série.  11 


-82  — 

Outre  ses  alliances  avec  les  de  Mornay,  des  Barres^  de 
G>ligny,  de  L^Hôpital-Vitry,  de  Rabutin,  elle  ea  contracta, 
en  Nivernais^  avec  les  familles:  de  La  Rivière-Cbampleiay» 
1480;  de  Clèves,  d'Anlezy,  seizième  siècle;  du  Verne,  i53o; 
de  Chastellux,  i564;  d^Aunay;  de  Grossouvre,  1583;  de 
Charry,  1584;  de  Chassy,  i623;  de  Saint-Quentin,  1639; 
Sallonnyer,  1670;  du  Ly$;  de  La  Bussière,  1680;  de 
Chéry,  1668;  de  Berthier;  Fournier  d^ Armes,  1716;  du 
Clerroy,  1722;  Pitoîs  de  Quincize,  1732;  du  Bois  d'Aisy, 
1755,  etc. 

Cette  famille  se  fixa  en  Nivernais  au  commencement  du 
seizième  siècle,  par  suite  de  ses  alliances  de  La  Rivière^  4^ 
Clèves  et  du  Verne.  François  et  Charles,  son  neveu,  gou- 
verneur de  La  Charité  en  1572,  furent  de  brillants  capi- 
taines. 

Dans  la  branche  aînée,  Anne-Acbille ,  marquis  de  La 
Ferté-Meung,  seigneur  de  la  Cave,  Beaumont-SardoUes  et 
Marcilly,  mourut  en  1767  sans  enfants  de  son  mariage  avec 
la  comtesse  de  Rivers,  ne  laissant  qu^un  frère,  Germain, 
vicaire  général  de  Lisieux,  seigneur  de  la  Cave,  mort  en 
émigration.  Son  cousin  germain,  Charles-Alexandre,  sei« 
gneur  d'Anus,  marié  à  la  petite-fille  du  maréchal  de  La 
Viefville,  n^eut  qu^un  fils,  mort  sans  postérité.  Son  autre 
cousin  germain,  Samuel,  comte  de  La  Ferté-Meung, 
seigneur  de  Villiers-le-Sec,  Fouronne,  Cuncy-les-Varzy  et 
Bourras,  épousa  en  1727  Catherine  de  La  Bussière,  dont  il 
eut:  i^  Jacques-Gabriel,  marquis  de  La  Ferté«Meung,  chef 
de  sa  maison  en  1796,  capitaine  au  régiment  d'Auvergne, 
chargé  d'affaires  de  Louis  XVII I  en  Russie  pendant  Témi- 
gration ,  maréchal  de  camp  et  commandeur  de  Saint- Louis, 
épousa  en  1778  Agnès  de  Saulieu,  dont  il  n'eut  que  deux 
filles:  M"*»de  La  Cbasnayeet  de  Villenaut;  2»  Geneviève, 
mariée  à  Edme,  marquis  de  MuUot  de  Villenaut. 

Le  chef  de  la  branche  cadette,  Nicolas,  comte  de  La 
Ferté-Meung,  seigneur  de  La  Roche-Milay  et  Saulières, 
colonel  du  Quercy-cavalerie ,  épousa  en  1775  Antoinette 


.    -83- 

Hennet  de  Courbois,  dont  il  eut:  Nabert-François,  comte, 
puis  marquis  de  La  Ferté-Meung,  lieutenant-colonel  des 
chevau-légers,  mort  en  1825,  marié  en  1804  à  Antoinette 
de  Lévis-Mircpoix,  dont:  i®  Nabert-Jacques-Ferdinand, 
officier  de  carabiniers,  marié  en  1829  à  Clotilde,  fille  du 
ministre  comte  Mole  de  Champlatreux ,  dont  il  n'eut  pas 
d^enfants;  2^  Hubert-Joseph,  marié  en  i83o  à  Mathilde, 
sœur  de  la  précédente,  dont  une  fille  unique  mariée  en  185 1 
au  duc  d'Ayen-Noailles. 

Dans  le  rameau  de  Pierrefitte  :  Yves  -  Antoine  de  La 
Fené-Meung,  seigneur  de  Pierrefitte,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  major  au  régiment  de  la  Sarre,  épousa  en  1750 
Gabrielle  de  Jacquinet,  dont  Jean-Julien,  officier  de  hus- 
sards, marié  en  18 10  à  Joséphine  deChargères,  et  père  de 
Louis-Gabriel,  comte  de  La  Ferté-Meung,  qui,  de  Charlotte 
Letors  de  Larrey,  eut,  en  1844,  Fernand-Octave ,  marié  en 
1869  à  M"*  Taillandier-Dupleix,  et  seul  représentant  actuel 
du  nom  de  La  Ferté-Meung. 

Un  cousin  germain  d'Yves,  Claude  de  La  Ferté-Meung, 
seigneur  de  Chandioux,  chevalier  de  Saint-Louis,  capitaine 
au  royal-infanterie,  épousa  en  1775  Jeanne  Millin,  dont: 
f  Jean-François,  capitaine  au  même  régiment,  marié  en 
1806  à  Aimée  de  Cotignon ,  dont  M"***  Berry  et  Guiller  de 
Chalvron,  et  2«  Jacques,  seigneur  de  Chamenay,  officier 
d*infianterie,  qui,  de  Marie  de  La  Ferté-Meung,  eut  M"*«»  la 
comtesse  de  Veyny  d'Arbouse  et  Collin. 

Une  autre  branche  cadette,  celle  de  Challement,  séparée 
en  i5?o,  donna  Anne,  comte  de  La  Ferté-Meung,  seigneur 
de  Challement  et  la  Tour- Rabuteau,  marié  en  1761  à 
Antoinette  de  Clermont-Tonnerre,  dont  il  eut:  i"  Louis- 
Jacques,  lieutenant  au  régiment  Dauphin-cavalerie,  dont  le 
fils  Gustave,  lieutenant  de  vaisseau ,  est  mort  en  i883  sans 
postérité;  z^  et  3*  M™*'  Andras  de  Marcy  et  Aupépin  de 
Dreuzy. 

Cinq  La  Ferté-Meung  émigrèrent  ;  un  d'eux  fut  tué  au 
massacre  de  Quiberon. 


—  84  — 

Sources  ET  PREUVES  :  D'Hozier;  P.Anselme;  aitblves  de 

la  Nièvre;  manuscrits  de  Clairatnbaalt;  preuves  pour  Matie 

et  Saint-Cyr;  Z>/c/ionnaire  de  La  Chasnaye*des-Boi$;  titres 

de  la  famille. 

A.  DE  VILLENAUT. 


LES  EXERCICES  PUBLICS 


DANS  LE  COLLÈGE  DE  NEVERS  AVANT  LA  RÉVOLUTION. 


(Mémoire  lu  à  la  Sorbonne,  dans  la  séance  du  29  avril  1886.) 


Le  collège  de  Nevers,  fondé  au  commencement  du  seizième 
siècle,  fut  confié,  en  1573,  aux  Pères  Jésuites  par  le  glorieux 
prince  Louis  de  Gonzague.  Entre  leurs  mains  il  conqui^ 
rapidement  une  réputation  qui  s'étendit  bien  au-delà  des 
limites  du  Nivernais. 

De  leur  côté,  les  habitants  avaient  à  cœur  tout  ce  qui 
pouvait  contribuer  à  la  prospérité  du  collège.  En  i6[o,  le 
lieutenant-général  de  Nevers ,  Henri  Bolacre,  et  sa  femme 
Jeanne  Millet,  y  créèrent  une  première  chaire  de  philosophie. 
En  1726,  la  ville  en  créa  une  seconde  et  constitua  une  rente 
de  200  livres  pour  les  prix  à  distribuer  annuellement  aux 
écoliers.  En  souvenir  de  cette  libéralité,  le  maire  ou,  en  son 
absence,  le  premier  échevin,  lors  de  la  distribution  solennelle 
des  prix,  délivrait  en  personne  le  premier  volume  et  donnait 
à  l'écolier  l'accolade  et  la  couronne  (i). 

Plusieurs  fois  dans  Tannée,  et  notamment  pour  la  rentrée 
des  classes,  comme  au  jour  de  la  distribution  des  prix,  il  y 
avait  des  exercices  publics  auxquels  les  échevins  étaient 

(i)  Parmbntier,  Archives  de  Nevers,  t.  !•'  p.  3 16. 


-8s- 

toujouis  invités.  Le  programme  en  était  publié  avec  honneur, 
sur  de  grandes  c  affixes  >  imprimées,  portant  en  tête  les  trois 
lettres  D.  O.  M.  ou  les  trois  mots  Deo  optimo  maximo^  ou 
encore  Jesu  Christo  avec  Técusson  au  nom  de  Jésus  (i). 

Nous  avions  pu  recueillir  çà  et  là,  formant  couverture 
d^anciens  registres  de  paroisses  ou  de  vieux  dossiers  d^actes 
notariés ,  souvent  déchirées ,  couvertes  d^écritures  de  toute 
sorte,  un  nombre  relativement  considérable  de  ces  précieuses 
affiches ,  et  il  nous  tardait  de  trouver  Toccasion  de  les  faire 
connaître. 

La  lecture  des  séances  du  dernier  Congrès  de  la  Sorbonne 
nous  a  prouvé,  par  la  voix  si  autorisée  de  M.  le  Président 
delà  section  d'histoire  et  de  philologie,  tout  l'intérêt  qui 
s^attache  à  la  publication  de  ces  documents.  Cest  une  douce 
satisfaction,  pour  les  modestes  travailleurs  de  la  province,  de 
se  sentir  encouragés  par  les  maîtres  de  la  science  et  de 
rénidition.  Voici  donc  le  résultat  de  nos  recherches. 


5  I. 


Les  exercices  publics  dans  le  collège  de  Nevers  s'offrent  à 
nous  sous  quatre  formes  distinctes  :  le  drame,  le  discours, 
la  thèse  philosophique ,  V exercice  purement  scolaire.  Ils 
sont  toujours,  à  part  quelques  rares  exceptions,  écrits  et 
débités  en  latin. 

Premièrement,  les  exercices  dramatiques ,  vers  lesquels 
Pesprit  se  sent  tout  d^abord  attiré ,  n'ont  malheureusement 
laissé  à  Nevers  que  de  très-faibles  souvenirs.  Et  cependant , 


(i)  Ea  1611,  le  receveur  de  la  ville  paye  18  livres  à  un  sculpteur 
qui  a  gravé  en  taille  douce,  sur  une  table  de  cuivre,  c  ung  nom  de 
Jésus  1,  les  armes  de  Monseigneur  et  de  Madame,  et  les  armes  de  la 
▼ille  pour  mettre  aux  placards  que  Ton  envoie  •  aux  villes  prochaines  » 
de  la  lecture  des  livres  qui  se  fait  au  collège  de  cette  ville,  au  jour  de 
Saint-Rémy  prochain.  (Arch.  communales  de  Nevers.  Pièces  justifi- 
catives des  comptes.  GC.,  p.  271.} 


-So- 
dés t6oo^  on  jouait  des  drames  au  collège.  Un  article  des 
comptes  de  la  ville  nous  Papprend  en  ces  termes  : 

A  Philippe  NoUes^  charretier,  lo  sols,  pour  deux  charrois 
de  «  hayz  et  boys  >  conduits  au  collège,  pour  y  faire  des 
échafauds ,  afin  de  c  jouer  des  tragédies  (i)  ». 

Il  nous  faut  descendre  à  1727  pour  retrouver  un  fragment 
d'annonce  d'une  pièce  dont  le  titre  paraît  avoir  été  :  77re- 
mistus.  Les  personnages  semblent  bien  Tindiquer.  Ce  sont  : 
Theotimus  et  Irenœus,  fils  de  Thémiste;  —  Charinus  et 
Phi  Iodes,  frères  de  Thémiste;  —  Cleomachus ,  son  ami;  — 
Pamphilus  et  Eudoxius ,  fils  de  Clèomaque;  —  Tîmander, 
parent  de  Thémiste;  —  Phronymus ,  son  voisin;  — 
ChrysalduSy  vieillard  érudit;  —  Polydorus,  gouverneur 
de  Théotime  et  d'Irènée  ;  —  Erastus ,  gouverneur  de 
Pamphile  et  d'Eudoxius;  —  Tripodus,  maître  de  danse;  — 
Menippus,  serviteur  de  Thémiste. 

Les  quatorze  acteurs  dont  les  noms  sont  désignés  en  regard 
des  personnages  de  la  pièce  appartenaient  presque  tous  à 
d'anciennes  familles  nivernaises,  la  plupart  encore  très* 
honorablement  représentées.  Deux  seulement  étaient  étran* 
gers  à  la  province  :  François  Cortet,  d'Autun  ;  Etienne  La 
Combe ,  de  Tulle. 


Theotimus  , 


fîlii  Themisti. 


Irenjsus, 

Charinus,  frater  Themisti. 

PhilocleSj  frater  Themisti  bellator. 
Cleomachus,  Themisti  amicus. 
Pampuilus,  I 

)  filii  Cleomachi. 

EUDOZIUS ,     I 


De  Bèze  DuGué,  Tannaius. 
Jacob.  Dominic.CHAiLLOT^  Nivernus. 

PetrUS    DE    SOULANGT    DE    SaULIEU, 

Nivernus. 
Claudius  P&YSiE  DU  R18,  Nivernus. 
Carolus  Rousseau,  Nivernensis. 
Jacob.    Saulieu    de    Chomonbrt, 

Nivernus. 
Joan.  Joseph  de  Bbze  de  La  Belouze, 

Nivernus. 


(i)  Arch.  comm.  Nevers,  CC,  249. 


-87- 


Toujfpnty  affinis  Themisti. 

Phrontmus  ,  Themisti  vicînus. 

Chrysaldus,  senez  erudîtus. 
FoLTDo&us,   Theotimi   et   Irenœi 

moderator. 
Erastus,    Parophili    et   Eudoxîi 

moderator. 
Tripodus,  artis  saltatorise  magister. 
Msxtms,  servus  Themisti. 


Petrus  SALomnrBR  Dupbron  ,  Niverv 

nu8. 
Ludovicus  DE  La  Planche,   Deci- 

ziacus. 
Franciscas  Cortbt^  iEduensis. 
Petrus   DU   Ruisseau,   ex   Molino- 

Engilb. 
Guillelmus  Potiek,  Charitaeus. 

Stephanus  La  Combe,  Tutelensis. 
Petrus  Sallonnyer  de  Nion,  Ni  ver- 
nus. 


Die..*  maii  1727,  hora  ipsa  octava  cutn  média. 

Scena  Nivemi. 

Ex  typographia  Renati  Pinardeau,  illustrissimi  et 
reverendissimi  episcopi  urbis  et  collegii  societatis  Jesu, 
tyrpographiy  necnon  bibliopolœ. 

La  seconde  ifihcQ,  fabula,  jouée  le  16  janvier  173 1,  a  pour 
titre  bien  significatif  au  début  du  nouvel  an  :  Vota,  les 
vœux.  La  représentation  sera  faite  à  trois  heures  du  soir, 
dans  la  cour  <;lu  collège ,  par  les  élèves  choisis  de  rhétorique. 


D.   0.   M. 

VOTA 

Fabula. 

Exhibebitur  a  selectis  rhetoribus 
Collegii  Nivemensis  societatis  Jesu, 


PERSONA. 
JUKITKR* 

Mercurius. 

MOMUS. 

SoFBROMDius,  fortunse  sacerdos. 


ACTORUM    NOMINA. 

Joannes  Bapt.  Fcbvre,  Nivern. 
Francise    Stephanus   de  Colons  , 

Nivern. 
Hieronimus   Vignault,   San  Sal- 

viensis. 
Jdem. 


—  88  — 


PoLiCHKONiuSj  senez. 


AsTROLOGus,  philosophas. 

EuGENius,  scholasticus. 

Parmeno,  servus. 

Aristus,  v^erator. 
NosopHiLUS,  medicus. 
Philomachus,  miles. 
Macrotrogus,  cerdo. 

PAMJETAS,  villicas. 


Joannes  Lespinasse  du  i^AViLLOif, 

Conian. 
Henric.    Lespikassb    m  Plaxcsb- 

VIENNE,  N. 

Joannes  Lud.  Pierre  de  Crahrobert, 
Nivern. 

Claudius  Francîscus  Levesque,  Ni- 
vern. 

Andréas  Leonardus  GiziOT,  Nivem. 

Joannes  Baptista  Caffart,  Nirem. 

Stephanus  Blayet,  Nivem.  (  i  ). 

Jacobus  Ludovicus  Coquullb,  Ni- 
vern. 

Claudius  Gabriel  Ollivxer,  Nivern. 


In  aula  collegii  Nivemensis  societatis  Jesu, 

Die  i6*  januarii  anni  ijSiy  hora  ipsa  tertia. 

Ex  typographia  Renati  Pinardeau ,  etc. 

Le  mercredi  4  septembre  1748,  jour  de  la  distribution 
solennelle  des  prix,  il  y  avait  au  collège  un  redoublement  de 
zèle  dramatique.  On  y  jouait  deux  drames  comiques,  l'un 
en  latin  avec  prologue  et  épilogue,  l'autre  en  français  avec 
prologue,  et  de  plus  une  pastorale  allégorique  sur  la  paix, 
cette  paix  qui  venait  d'être  signée  à  Aix-la-Chapelle.  Nous 


(i)  Etienne  Blayet  devint,  en  1740,  curé  de  la  modeste  paroisse 
d'Apremont,  où  il  mourut  à  la  fin  de  1766. 

Notre  président  honoraire,  M.  Roubet,  dans  son  curieux  Mémoire 
sur  une  question  de  céramique,  lu  au  Congrès  archéologique  de  Bourges 
en  1868,  raconte  que  le  digne  curé  avait  constamment  refusé  les 
autres  cures  et  bénéfices  qui  lui  avaient  été  offerts.  Plus  ami  d'Horace 
que  désireux  d'un  revenu  plus  important,  il  avait  écrit  en  latin  et  en 
français  t 

SiqtM  adê  iedeit  Ht  tibi  eommoda  tedet  f 
Hla  8€de  itdes,  nec  ab  tUa  tede  recède, 

Puisqae  sur  cette  chaise  où  Ton  me  voit  assis 
Depuis  plus  de  vi&gt  ans,  je  m'y  trouve  à  mon  aise, 
Me  verra-t-on  en  fou,  moi  de  sons  bien  rassis, 
Abandonner  pour  autre,  une  semblable  cbaise? 
Non! 


/ 


-89- 

'^^Qnoas  le  programme  de  ces  trois  pièces  imprimé,  non 
plus  en  grand  placard,  comme  de  coutume,  mais  en  un  cahier 
■"^ttat  in-4%  chez  le  nouvel  imprimeur  du  collège  :  Niverni, 
^*  typographia  Ludovici  LeFebyre,  collegii  SocietatisJesUj 
^Pographi.  m.dcc.xlviii(i). 

I.  -  MOROSOPHUS 

Drama  comicum 

Dabitur. 

A   selectis   secundanis 

Collegii  Nivemensis 

Societatis  Jesu 

Die  4?  mensis  septembris ,  anno  1748,  hora  prima  cum 

média  post  meridiem. 

PERSONiG  ET  ACTORUM   NOMINA. 


MoROSOPHUS ,  philosophas. 

£«CHINUS,    )   .,  ,. 

^  I  Morosophi  ami  Cl. 

Ctesipho  ,    J  '^ 

Ltconioes,  1  . 

p  }  luvenes. 

EUHCHUS,      J 

Cleomachus,  Thraso. 
RoNDiBiLis,  medicus. 
P0LTIUTE8,  philosophas. 


Jacobus  Parent,  Nivemensis. 
Ludovicus  JouBBRT,  Nivern. 
Petrus  Dameron,  Nivemensis. 
Joan.  Bapt.  Courtois,  Bituric. 
Joan.  RoussET,  Nivemensis. 
Joan.  Bapt.  Baudot,  Charitœus. 
Henricus  Laurent,  Nivernus. 
Ludov.  LHERunTE,  Nivernus. 


Scaena  pro  iEdibus  Morosophi. 

Prologum   dicet, 

Ludovicus  Lhbrmittb,  Nivernus. 

Epilogum, 

Henricus  Laurent,  Nivernus. 

(i)  Nous  devons  la  connaissance  de  cette  intéressante  plaquette  à 
M.  Edmond  Réveillé ,  de  Nevers,  qui  a  bien  voulu  s'en  dessaisir  pour 
notre  collection.  Elle  porte  la  signature  d^up  des  acteurs  :  J.  Baudot , 
de  La  Charité. 

T.  ur,  3*  série.  1 2 


—  90  — 

IL    ~    DAPHNIS   TRIOMPHANT. 
Pastorale  allégorique  sur  la  Paix. 

Daphnis,  Charles  Girard,  de  Prémery. 

TiTYRE,    Jacques  Dominique  Chaillot  de  La  Chasseigne^  de  Nevers. 

CoRiDON,  Jacques-Sébastien  Dubois,  de  Moulins. 

Mceris,     Joseph  Gestat  du  Breuil,  de  Nevers. 

Alexis,     François  Le  Roy,  de  Paris. 

Tyrsis,     Laurent-Claude  Chambrun  db  Vauvtreille,  de  Nevers. 

Mopsus ,    Pierre-François  de  Cernuschi  ,  de  Saint-Brieuc. 

La  scène  est  dans  un  bosquet. 

III.  -  L'ENFANT  GASTÉ, 
Drame  comique, 

Sera  représenté  par  les  écoliers  du  collège  de  la  Compagnie  de  Jésus  ; 
mercredi  4  septembre  1748,  à  une  heure  et  demie  après  midy. 

PERSONNAGES   ET  NOMS  DES  ACTEURS. 


PoLÉKON ,  père  de  Mignonet. 
Ledoux,  beau-père  de  Polémon. 
Mignonet,  enfant  gâté. 
Eugène,  frère  de  Mignonet. 
Beaupré,  capitaine  de  vaisseau. 
Carille,  ami  de  Mignonet. 
Grognac,   valet  de    chambre   de 

Ledoux. 
Drolinet,  valet  de  Ledoux. 


J.-Bapt.  Baudot^  de  La  Charité. 
Henri  Héron  ,  de  La  Charité. 
Charles  Girard,  de  Prémery. 
Casimir  Tuévenau,  de  Saint-Saulge. 
Edme  Tricot,  de  Never». 
Joseph  Charamon,  de  Nevers. 
Joseph  GuiLUER,  de  Moulins-En- 

gilbert. 
Gilb.    Gestat   des    Boistiaux,   de 

Nevers. 


La  scène  est  dans  la  maison  de  M.  Ledoux^  dans  une 
ville  maritime. 
Dira  le  Prologue,  Edme  Tricot,  de  Nevers. 
Suivra  la  distribution  solennelle  des  prix. 

Un  autre  drame  comique,   Triparcus ,  }oué  en  latin, 
comme  le  précédent,  parles  élèves  choisis  de  seconde  ^  en 


—  91  — 

1754'  ^^^^  ^^^^  ^^^  signalé  par  M.  Le  Blanc-Bellevaux , 
ancien  archiviste  du  département.  Nous  sommes  heureux  de 
donner  ici  le  texte  de  ce  programme  qui  nous  a  été  obli- 
geamment communiqué  par  notre  laborieux  collègue,  M.  de 
Flamare  : 

TRIPARCUS, 

Drama   comicum , 

dabitur  a  selectis  secundanis 

collegîi  Nivemensis 

Societatis  Jesu, 

die  26  martii  hora  tertia  post  meridiem. 

Nivemiy 
ex  typographia  Ludovici  Le  Febvre^  colle gii  Nivemensis 

Societatis  Jesu  y  typographi. 

M.  DCG.  Lrv  (i). 

PERSONiE  ET  ACTORUH  NOMINA. 


AsaaoHERDBS,  Triparcus. 
Thbotimus  ,  frater  Triparcî. 
CiotYSOsniSy  feenerator. 
CarroBULUs,  amicus  Theotimi. 
VALsaïus,  Triparcî  ûlius. 
EuGBRitis,  filius  alter. 
YANiLOQuiDoaus ,  ludi-magistcr. 

NuovoLA,  librarius. 

AaGBNTI-ExTEREBROMIDES,  amlCUS 

Triparcî. 
OxTGBATES,  archimagifus. 
HippoDAMus,  coquus  et  auriga. 
Davus  Daoxo,  servi. 
Trotinellus^  servus  Valerii. 

Ptracmon,  £aber  Ferrarius. 
Agrio,  rusticus. 


Bernardus  Rameau,  Nîvernus. 
Josephus  JoLT,  Niv. 
Car.  Nie.  Barbikr  tue  LmomiBT,  Niv. 
Marcellus  Durand,  Niv. 
Ludovicus  Gasque-Chaxbkum,  Niv. 
Gilbertus  Flamen  d^Assignt,  Niv. 
Carolus  NicolaOs  Barbier  de  Lzm- 

MONET,  Niv. 
Petrus  Ludovicus  Le  Febvrb,  Niv. 
Idem. 

Stephan.  Chambrun-Mousseau,  Niv. 

Nicolaûs  Servais,  Niv. 

Marti  nus  Boizeaux,  Niv. 

Joan.  Bapt.  Piquet  de  La  Tour, 

Ni  7. 
Mîchael  Ducret  de  Villaine,  Niv. 
Franciscus  Ravart,  Niv. 


(1)  Afcfaives  de  la  Nièvre,  D.  22. 


—  9^  — 

Prologus , 

Michael  Ducret  de  Villatne,  Nivemus, 

Fabulant    excipiet   prœmiorum    distributio. 

§  H. 

Des  exercices  dramatiques  nous  passons  aux  exercices 
oratoires,  c'est-à-dire  aux  discours,  habituellement  pro- 
noncés par  un  élève  de  rhétorique ,  dans  une  séance  solen- 
nelle ,  en  l'honneur  de  la  rentrée  des  classes^  ad  solemnem 
scholarum  instaurationem. 

Ces  exercices  que  le  Père  Le  Jay  devait  mettre  en  honneur 
au  collège  de  Louis-le-Grand  par  ses  Orationes  panegyricœ 
étaient  bien  avant  lui  en  grande  estime  au  collège  de 
Ne  vers. 

Quelques  années  seulement  après  le  rétablissement  des 
Pères,  à  la  suite  de  l'expulsion  de  1594,  il  avait  été  convenu, 
par  contrat  du  1 1  janvier  1607,  que  les  habitants  leur  bâti- 
raient un  corps  de  logis  au  dedans  duquel  il  y  aurait  une 
salle  de  déclamation  (i),  et  les  échevins  se  plaisaient  à 
encourager  ces  exercices,  même  par  des  récompenses  pécu- 
niaires. 

Les  comptes  de  la^.ville,  pour  Tannée  1619,  font  mention 
d'une  somme  de  i5  livres  donnée  au  fils  de  feu  M.  Baptiste 
Conrade  pour  la  déclamation  par  lui  faite  au  collège,  en 
rhonneur  de  la  ville  (2). 

(i)  Archives  communales  de  Nevers.  Pièces  justificatives  des  comptes, 
ce,  p.  266. 

(2)  Archives  communales.  Pièces  justificatives.  CC,  p.  284. 

Cest  cet  Auguste  Conrade ,  fils  de  Baptiste  Conrade ,  maître  potier 
en  poterie  blanche  et  sculpteur  en  terre  de  feïencequi,  en  162g,  était 
reçu  docteur  en  médecine,  puis  fut  qualifié  de  premier  médecin  de  la 
reine  de  Pologne  et  composa  le  livre  de  VHydre  féminine  combattue 
par  la  nymphe  pouguoise.  On  trouve  parmi  les  épigrammes  et  autres 
pièces  de  vers  des  Approbations  du  Parnasse  pour  les  Chevilles  de 
maître  Adam  Billault  deux  distiques  latins  d^Augustin  de  Conrade  à 


-93- 

Plus  tard ,  quand  la  ville  eut  fondé  les  prix ,  il  y  en  eut 
deux  à^ amplification  latine  et  deux  d'amplification  fran^ 
çaise  (i). 

Le  sujet  des  discours  était  le  plus  souvent  le  panégyrique 
du  grand  roi  ou  du  dauphin^  ou  une  harangue  en  Thonneur 
de  quelque  événement  heureux  pour  la  France,  survenu 
pendant  le  cours  de  Tannée. 

En  1 677,  l'orateur  nivernais  exalte  les  triomphes  du  vain- 
queur de  TEurope  conjurée  contre  la  France;  Tannée 
suivante,  il  démontre  combien  les  Français  doivent  se 
montrer  reconnaissants  pour  le  rétablissement  de  la  paix  : 


D.  o.   M. 

QUANTUM  GALLOS 

ob  restitutam  pacem 

gratos  ac  memores 

prœbere  se  deceat 

demonstrabit  orator. 


(  Le  reste  de  la  feuille  manque.  ) 


D.  O.  H. 

Annum  hune 

LUDOVIC!    MAGNI 

factis  ingentibus 

gloriosum 

et  Europœ  conjuratœ  fractis 

conatibus 

feîicem 

panegyrico  laudabit 

orator  Nivemensis 

in  collegio  societaiis  Jesu, 

Die  ^Dominica ,  XIV  novembris 

hora  post  meridiem    tertia,  anno 

post  Christum  natum 

MDCLXXVIL 


En  1680,  c'est  le  panégyrique  du  sérénissime  dauphin  de 
France;  en  i683,  1687,  1690  et  1692,  suivent  de  nouveaux 
panégyriques  de  Louis-le-Grand  ;  puis  successivement  :  la  paix 
n'est  jamais  plus  assurée  que  sous  un  prince  belliqueux 
comme  Louis-le-Grand,  le  guerrier  pacifique  ;  —  seul  contre 


la  louange  de  maître  Adam.  Les  échevîns  de  Nevers  avaient  bien  jugé 
le  jeune  orateur.  (Voir  la  Faïence^  les  Faïenciers  et  les  Emailleurs  de 
Nevers,  par  L.  du  Broc  de  Segange,  introduction,  p.  14.) 

(i)  Aimanach  nouveau  de  la*  ville  de  Nevers  pour  Pan  de  grâce  xySS 
et  années  suivantes. 


—  94  — 


tous^  Louis-le^raad  a  combattu  pour  la  religion  et  seul 
par  la  religion  il  a  vaincu  tous  ses  ennemis;  —  sous  son  règne, 
le  génie  des  Français  ne  le  cède  en  aucune  manière  à  l'anti- 
quité la  plus  policée^  et  il  surpasse  de  beaucoup  par  la  gloire 
militaire  les  peuples  les  plus  forts  de  cette  même  antiquité. 

D.  o.  M. 

LUDOVICO  MAGNO, 

BeUatort  pacifico 

pacem  nunquam 

quant  sub  bellicoso  principe 

tutiorem  esse 

demonstrabit 

orator  Nivemensis 

in  collegio  Societatis  Jesu. 

Die  38  octobris,  hora  post  meridiem  secunda. 


D.  O.  M. 

Serenissimo 

FRANCIiE  DELPHINO 

panegyricum 

dicet 

orator  Nivemensis 

in  collegio  Societatis  Jesu. 

Die  17  novembris,  hora  post  meri" 

diem  secunda  cum  média, 

LUDOVICO  MAGNO 

quod  unus  adversus  omnes 

pro  religione  pugnaverit 

unus  omnes 

per  religionem  vicerit 

panegyrica  oratione 

gratulabitur 

orator  collegii  Nivemensis 

Societatis  Jesu. 

Die   Dominica    XVII    decembris. 

Anno   M.  DC,   XC,   hora  post 

meridiem  tertia. 


LUDOVICO  MAGNO 

panegyricum 

dicet 

orator 

collegii  Nivemensis 

Societatis  Jesu. 

Die  Dominica  16  novembris, 

anno  i68y. 

Hora  post  meridiem  secunda  cum 

média. 

D.  o.  M. 

Régnante  LUDOVICO  MAGNO 

Gallos  ingenii  laude 

politissimœ  antiquitati 

nulla  ex  parte  cedere 

fortissimis  vero  ex  eadem  anUquitate 

populis 

militari  gloria 

longe  esse  superiores 

demonstrabit 

orator  collegii  Nivemensis 

Societatis  Jesu. 

Die  décima  decembris 

anno  M.  DC,  XCIL  hora  post 

meridiem  tertia. 


—  95  — 

A  cette  époque ,  cependant  y  se  rencontrent  aussi  des  sujets 
exclusivement  littéraires.  En  1682,  Torateur  parlera  contre 
les  juges  téméraires  des  génies;  en  1685,  il  entreprend  de 
venger  l'éloquence  contre  la  loquacité  qu^il  dédaigne  ;  en 
i6gty  il  démontrera  que  la  véritable  volupté  des  jeunes  gens 
a  sa  source  dans  le  goût  des  lettres;  en  1701  il  enchérit 
encore  sur  le  même  thème  et  entend  démontrer  que  les  jeux 
littéraires  l'emportent  sur  tous  les  autres  jeux. 

DEO.  OPT.  MA.X. 

Ad  solemnem  scholarum 

instaurationem 

in  temerarios  judices  ingeniorum  dicet 

orator 

(La  fin  manque.) 


DEO.  OPT.  MAX. 

Ad 

solemnem  scholarum 

instaurationem 

eloquentiam  ab  exprobraia 

loquacitate  vindicabit 
orator  collegii  Nivernensis 

Societatis  Jesu, 

Die  Dominica  IV  novembris. 

Hora  post  meridiem  secunda.  Anna 

post  Christum  natum, 

M.  DC.  LXXXV. 


DÉO.  OPT.  MAX. 

Propriam  adolescentum  voluptatem 

in  studio  litterarum 

positam  esse  demonstrabit 

orator 

collegii  Nivernensis 

Societatis  Jesu 

Die    Dominica    XXV    novembris. 

Anno  M,  DC,  XCL   hora  pos 

meridiem  sesqui  secunda. 


Cette  même  année  1 701,  et  dans  la  même  séance,  un  autre 
rhétoricien,  Rémy-Girard  d'Aumont-d'Espeuilles ,  s'exerçait 
sur  un  thème  nouveau  et  que  nous  aurions  voulu  rencontrer 
plus  fréquemment,  pour  la  gloire  de  notre  cité  :  Nepers  doit 
être  célébré  au-dessus  de  toutes  les  autres  villes. 


(Le  titre  de  la  feuille  manque.) 


-96- 


Oraiio. 

NIVERNUM 

urbibus  prce  cceteris 

celebrandum 

demonstrabit 

Remiglus  Girard  d'Aumont 

d'Espeuiîles  t  rhetor 


Oratio. 

LUDUM 

litterarium 

esse  ludis  reîiquis 

potiorem 

demonstrabit 

Claudius  Boudier  rhetor 


in  coUegio  Nivemensi 
Societatis  Jesu, 

Die  II  maii  hora  tertia  post  nteridiem,  anno  lyoi* 

Quarante  années  plus  tard ,  un  autre  élève  célébrait  aussi 
la  gloire  de  la  province  de  Nivernais, 


D.   o.   M. 

Nivemensis  provincial 

celebrabit 

orator 

coUegii  Nivemensis 

Societatis  Jesu, 

Die  Dominica  j5*  januarii  hora  tertia  cum  média  pomeridiana, 

Anno  Domini  iy4i. 

Ex  typographia  Ludovici  Lefebvre^  collegii  Nivemensis 

Societatis  Jesu,  typographi. 

Il  nous  a  semblé  retrouver  dans  notre  vieil  historien 
Guy-Coquille  la  pensée  inspiratrice  de  ces  deux  discours 
dont  il  nous  serait  si  agréable  d'entendre  un  écho  lointain  : 

c  Cette  ville  de  Nevers ,  —  dit  Tauteur  de  VHistoire  du 
pays  et  duché  de  Nivemois  (i),  —  a  eu  cette  faveur  de 
Dieu  qu^oncques  elle  n'a  esté  possédée  par  les  Anglois^ 
combien  que  les  villes  voisines^  La  Cherité  et  Sainct-Pierre- 
le-Moustier  ayent  esté  tenues  par  eux  ;  et  presque  toutes  les 
villes  de  la  France,  horsmis  Orléans  et  Bourges...  Aussi  a 
eu  cette  faveur  que  durant  les  troublés  meus  en  ce  royaume 

(i)  Édition  in-4<>  de  1612,  page  376. 


-  97  - 

pour  le  faxct  ou  prétexte  de  la  religion ,  elle  s'est  conservée 
en  Tobéyssance  des  roys  sous  la  religion  catholique,  aposto- 
lique et  romaine:  ce  qui  n^est  advenu  ausdites  villes 
d'Orléans  et  de  Bourges,  Dieu  luy  face  grâce  de  continuer  à 
tousiours.  » 

Dans  un  autre  ordre  dMdées,  nous  pourrions  ajouter  avec 
notre  poète  Adam  Billault^  dans  ses  Chevilles,  que  Ncvers 
se  glorifiait  aussi  de  ses  fragiles  bijoux  et  ses  trésors  de 
verre,  et  avec  M.  de  Saintemarie,  que  les  ouvrages  d^émail 
qu'on  y  fabriquait  se  répandaient  dans  toute  l'Europe  (i); 
et  enfin  comment  ne  pas  rappeler  Fart  de  faire  la  faïence 
qui 

Dans  ritalie  reçut  la  naissance 

Et  vînt,  passant  les  monts,  s^établir  à  Nevers  (2). 

Pour  terminer  cette  série  des  Orationes,  il  ne  nous  reste 
plus  qu^à  citer  deux  fragments  des  sujets  de  discours  des 
années  1726  et  lySo. 


D.  o.  M. 

Quantum 

ad 

imperii  Gallici 

optimam  administrationem 

conférât 

(La  seconde  moitié  du  programme 

manque.) 

(1726) ? 


D.  O.  H. 

Qualis 

futurus  sit 

serenissimus  Audegavensium  dux 

dicet 


(Manque  la  seconde  moitié  du 

programme.) 

(1730)? 


Nous  terminons  par  un  curieux  programme  de  1743 
qui,  par  la  forme,  se  rapproche  beaucoup  des  exercices 
philosophiques  et  des  exercices  scolaires ,  mais  est  ici  bien  à 
sa  place,  ne  serait-ce  que  par  son  titre  (VExercitationes 
oratorio?  !  Et  parmi  ces  exercices  qui  devaient  se  prolonger 


(i)  Recherches  historiques  sur  Nevers,  page  55. 
(2)  Po^me  de  la  fiUence  de  Pierre  de  Frasnay. 
T.  m,  3*  série. 


i3 


-98- 

pendant  deux  jours,  les  lundi  et  mercredi  26  et  28  août,  à 
deux  heures  du  soir,  dans  la  salle  de  rhétorique  du  collège , 
in  rhetorica  collegii,  se  trouvent  d'ailleurs  un  discours  sur 
cet  adage  trop  vrai  :  //  n*est  pas  rare  qu'un  grand  génie 
engendre  la  paresse ,  puis  trois  poèmes  :  l'un  alors  tout 
d'actualité  sur  le  Café,  Pautre  d'un  intérêt  toujours  nouveau 
sur  VArt  de  plaire  et  le  troisième  sur  la  Vertu  héroïque. 

Jesu  Christo 
Exercitationes  oratorice. 

Après  les  questions  sur  la  rhétorique,  en  neuf  parties,  se 
terminant  par  le  vieil  adage:  Gaudeant  bene  nati ,  voici 
comment  sont  indiqués  d'abord  les  noms  des  élèves  qui 
s'efforcèrent  de  répondre,  puis  celui  des  acteurs  des  discours 
et  poèmes  : 

His  quœstionibus  Deo  duce  et  auspice  dei  para  res^ 
pondère  conabuntur,  die  lunœ  26*  die  mercurii,  28^  mensis 
augusti  1743  hora  2»  serotina: 

Antonius  Lambert,  Nivernus. 

Antonîus  Léon  Maillot,  Nivernus. 

Claudius  Mahieu,  Decizsus. 

Eduardus  Lemperbur,  Nivernus. 

Franciscus  Doyat,  Nivernus. 

Georgius  Richard,  Corbîniacus. 

Ignatius  Ducué,  Nivernus. 

Joannes  de  Villars  ,  Nivernus. 

Joannes  Taillefert,  Nivernensis. 

Lud.  Chaillot  de  La  Chassejgnb,  Nivernus. 

Ludovicus  Jacobus  Fautras  ,  Nivernus. 

Analyses  orationum  Gallicœ  et  Latince,  varice  eluaibra-- 
tiones  oratoriœ  et  carmina  quaque  die  recitabuntur  : 

DIE  LUNiE.  ACTORES. 

MAGNUM  INGENIUM  NON  RARO  ESSE  DESIDIJS  FONTEM. 

—  Oratio Claudius  Mahibu. 

VIRTO8  HEROiCA.  -  Ctfrmiw |    Ludovicus  Chaillot. 

(    Antonius  Lambert. 


—  99  — 

DIB  MERCURII  :  ACTORES. 

Ignatius  Dugu£  , 


Caffmvu» 
Carmen, 

Ars  placendi. 
Cctrtnttt» 


Georgius  Richard  , 
Joannes  db  Villars. 
Antonius  Maillot, 
Eduardus  Lempbreur, 
Franciscus  Doyat. 


In  rhetorica  collegii  Nivemensis  Societatis  Jesu 

pro  actu  publico. 
Ex  officina  Ludovici  Le  Febvre^    collegii   typographi 

et  bibliopolœ. 

S  III. 

Nous  arrivons  aux  exercices  philosophiques^  Exercitationes 
philosophicœ,  dont  nous  avons  pu  recueillir  aussi  un  nombre 
relativement  considérable^  de  1680  à  1790.  Et,  quel  que  soit 
le  titre^  aujourd'hui  peu  séduisant,  par  lequel  ces  exercices 
sont  désignés  :  Conclusiones  ex  universa  philosophia,  — 
conclusiones  logico  morales,  —  thèses  ex  physica,  —  thèses 
logicœ,  —  thèses  metaphysicœj  etc.,  on  aime  à  relire  le  nom 
du  jeune  lutteur  qui,  en  présence  des  premiers  magistrats  de 
la  cité ,  des  sieurs  échevins ,  devant  ses  maîtres  et  tous  ses 
condisciples  assemblés^  devait  soutenir  vaillamment  la  vérité 
de  ses  conclusions,  avec  Paide  du  Christ  et  de  la  Mère  d^ 
Dieu  :  Harum  conclusionum  veritatem,  Christo  duce  et 
auspice  Deipara,  propugnabit  o\i  tueri  conabitur.  Gemment 
aussi  demeurer  indifférent,  quand  on  a  quelque  peu  conservé 
le  goût  des  lettres,  à  la  lecture,  j'allais  dire  à  l'audition  du 
gracieux  compliment  que  le  jeune  combattant,  avant  d^entrer 
en  lice,  adresse  aux  très-vigilants  gouverneurs  de  la  ville  : 
Urbis  Nivemensis  gubematoribus  vigilantissitnis ,  tous 
hommes  instruits,  amis  'des  lettres,  qui  savent  parfaitement 
l'entendre  et  dont  il  se  déclare  le  très-humble  serviteur, 
addictissimus  (  i  ). 

(i)  Voici  les  noms  des  quatre  échevins  en  1680  :  Jacques  Panseron, 
avocat  et  grènetier  ;  Guillaume  Vaillant,  marchand  ;  Etienne  Brisson , 
avocat  ;  Jacques  Gentil,  procureur. 


—    100  — 

C'est  par  exemple,  le  3  août  1680,  à  trois  heures  du  soîr. 
Uaddictissimus  Joannes  Bernardot ,  de  Saint-Saulge,  San 
Salviensis,  s'exprime  en  ces  termes  : 

Si  vos  lectissimos ,  sapientissimosque  urbis  administra^ 

tores  et  prœ/ectos  philosophia  prœtermitteret ,  nu^gnam 

profectionem  illius  tandis ,  quant  sapientia  sua  consecuta 

est,  deterere  videretur,    atque    imminuere.   Neque  enim 

video  quamjustam  satis  excusationem^  quominus  se  sisteret 

etiam  vobis,  posset  illa  prœtexere;  atque  hocloco,  lîcet 

offendere  non  consuerit  uspiam  hœreret  tamen,  et  vestro^ 

rum  quœ  sane  egregia  sunt,  meritorum  immemorem  se 

confiteri palam  teneretur,  Tenet  illud  cujus  memoria  tandiu 

futur  a  est,  quandiu  florentissimum  istud  collegium  extabit, 

tenet  quantum  vobis  acceptum  re/erat  y  non  illa  solum,  sed 

aliœ  artes,  inferiores  quidem,  at  pulchrœ  tamen  et  sua 

etiam  commandatione  dignœ,  Quod  alantur  universœ,  quod 

floreant,  quod  excolantur  in  hac  civitate,  magna  parte  id 

vestri  muneris  est,  seu  potius  munificentiœ  singularis. 

Ce  joli  compliment ,  que  nous  abrégeons ,  étant  récité ,  le 
combat  commence.  Les  titres  des  huit  parties  de  la  philo- 
phie  sur  lesquelles  le  duel  pourra  s^engager  sont  en  tête  du 
programme  et  au  milieu  de  quatre  colonnes  ;  les  voici  :  Ex 
logica.  Ex  morali.  Ex  physica  universali,  De  affectionibus 
corporis  naturalis.  De  mundo  et  elementis.  De  ortu  et 
interitu.  De  anima.  Exmetaphysica.  Chaque  titre  comprend 
quatre  sujets  de  thèses.  Et  au-dessous  de  ce  vaste  programme 
on  lit  :  Pro  LVIL  Exercitatione  publica,  Niverni,  ex 
officina  typographica  Antonii  Chaillot  prope  collegium 
Societ,  Jesu.  MDC,  LXXX.  Il  serait  trop  long  et  inutile 
d'indiquer  les  titres  des  autres  exercices  de  ce  genre  que  nous 
avons  pu  recueillir.  Toutefois,  nous  croyons  pouvoir  noter 
au  passage  les  noms ,  toujours  intéressants  pour  Thistoire 
locale,  des  jeunes  philosophes  : 

C'est  le  19  juillet  1687,  Joannes  Bourdeaux,  Nivernus; 
—  en  1726,  le  vendredi  7  juin,  il  y  a  deux  combattants  : 


I 


—    lOI    — 

Beroardus  de  La  Grange^  Nivemus;  Petrus  Chatellain, 
aussi  Niyemtis;  —  le  samedi  6  juillet  de  la  même  année 
1726,  deux  autres  combattants  :  Andréas  Bonneau,  Rémi" 
liensis;  Dionisius*Philbertus  |Brune ,  Nivemus  (i); —  le 
8  janvier  1727,  c'est  Antonius  Caziot,  Nivemus;  —  le  lundi 
T2  mars  1731,  il  y  a  deux  lutteurs:  Franciscus  Glault^ 
Nivemus;  Petrus  Bureau ,  Sancti  Pétri  monasterio  ;  —  de 
même,  le  vendredi  14  décembre:  Franciscus  de  Colons; 
Hyeronimus  Vignault;  —  de  même  aussi  ^  le  samedi 
12  janvier  1743,  Joannes-Baptista  Le  Jault^  Nivemus,  et 
Pfailippus  Dapremont. 

En  1773,  le  lundi  23  août,  les  thèses  sont  soutenues  par 
Gabriel  Merle,  de  Nevers,  Nivemus,  qualifié  de  clericus  ; 
Jacques  de  La  Planche  Saulet,  aussi  Nivemus,  et  Ludovicus 
Bezille^  Nivemensis;  —  Tannée  suivante,  il  y  a  six  combat- 
tants :  trois  pour  l'exercice  d'hiver  et  trois  pour  Pexercice 
d'été.  Ces  trois  derniers  sont  :  André-Joseph  Clément^ 
Nivemus;  Claude  Décantes,  Nivemus;  Louis  Robinot, 
Decysiacus.  Nous  n^avons  qu'un  fragment  de  ce  programme. 

Aux  deux  exercices  de  l'année  1786,  le  lundi  3  avril  et  le 
jeudi  24  août,  prennent  part  Charles  Marandat,  de  Varennes, 
Nivemus;  Marin-Guillaume  Doin,  aussi  Nivemus,  et  Pierre- 
Antoine  Bernet,  Nivemensis,  —  En  1788,  le  lundi  7  avril, 


il)  Les  programmes  de  1726  à  lySi,  imprimés  par  René  Pinardeau, 
sont  illustrés  d'un  grand  cartouche  présentant  un  nom  de  Jésus,  I  H  S, 
coupé  au  milieu  par  une  longue  croix,  dont  Pextrémité  repose  sur 
un  cœur  percé  de  trois  clous.  Tout  le  cartouche  est  illuminé  par  les 
rayons  sortant  du  nom  divin.  Au-dessus  brille  dans  les  nuées  le  nimbe 
triangulaire,  symbole  de  la  Majesté  divine. 

Le  programme  de  1687  offre  une  jolie  petite  gravure  représentant 
le  nom  de  Jésus  tout  rayonnant  au  milieu  des  nuées  célestes.  Deux 
anges  soulèvent  un  grand  voile  qui  semblait  le  recouvrir  et  deux 
saints  de  la  compagnie,  la  tête  radiée  et  revêtus  du  grand  manteau 
de  cérémonie,  se  tiennent  à  genoux  pour  Tadorer.  L'H  du  monogramme 
porte  une  croix  et  au-dessous  sont  les  trois  clous  de  la  crucifixion, 
adoptés  par  la  Société  de  Jésus.  D^autres  programmes  offrent  aussi 
des  vignettes,  mais  moins  intéressantes. 


—    102  — 

les  Conclusiones  philosophicœ,  ex  prolegothenis  et  ex  logîca 
sont  soutenues  par  François-Xavier  Frossard,  Nivemensis; 
Jacques-Marie  Miron  de  Marigny,  Nivemus;  François- 
Joseph  Haly,  Nivemus  ;  François  Trochault,  Nivemensis, 

En  1790,  les  mêmes  conclusions  qu'en  1788  sont  soutenues 
à  deux  reprises  :  les  lundi  et  mardi  22  et  23  mars,  les  mardi 
et  vendredi  1 7  et  20  août,  par  sept  élèves,  quatre  de  Nevers  : 
Leodegarius  Vanson,  Petrus  Chambrun-Maranger,  Guil- 
lelmus  Dechamps ,  Ludovicus  Masson  ;  deux  Nivernais  : 
Franciscus  Ruez,  Jacobus  Claustre  et  Ludovicus  Potier^ 
Castrochinensis  (de  Château-Chinon). 

Nous  avons  pu  réunir  encore  dans  notre  collection  deux 
beaux  fragments  de  grandes  thèses  illustrées,  dont  l'une  en 
parchemin,  et  deux  autres  thèses  parfaitement  intactes  et  qui 
méritent  d'être  décrites  : 

Le  texte  et  la  date  de  ces  deux  thèses  sont  d'ailleurs 
absolument  semblables;  elles  ont  pour  titre:  Thèses  phi^ 
losophicœ  ex  logica,  ex  ethica  et  devaient  être  soutenues^ 
pendant  les  jours  (les  quantièmes  n^ont  pas  été  marqués) 
d^août  de  Tannée  1741 ,  à  trois  heures  et  demie,  par  Nicolas 
de  La  Chassagne,  insignis  ecciesiœ  Nivemensis  canonicus; 
Jean-Baptiste  Grillot,  sodalitii  prœfectm  Nivemus  ;  Jean- 
Paul  Sionest,  sodalis,  Nivemus;  Guillaume  Décante, 
Nivemensis  ;  Lazare  Rebreget ,  sodalis ,  Ulmensis  (de 
Lormes);  Pierre-Gaspard  Vignier,  sodalis  y  Nivemus. 

On  lit  en  bas:  Pro  actu  publico ,  et  dans  un  élégant 
cartouche:  Niverni  apud  Ludovicum  Le  Febvre,  coîîegiî 
Soc,  Jesu,  typographum. 

L^une  de  ces  thèses,  qui  mesure  soixante-quinze  centi- 
mètres de  hauteur  sur  cinquante  de  largeur,  est  occupée  dans 
la  première  moitié  par  une  magnifique  gravure  représentant 
saint  Paul  prêchant  devant  TAréopage;  l'apôtre  est  debout, 
une  main  élevée,  Tautre  reposant  sur  Tépée  de  son  martyre; 
ses  doctes  auditeurs  sont  assis  ou  debout  appuyés  contre  des 
colonnes.  Ils  écoutent  avec  une  attention  mêlée  de  surprise, 
et  quelques-uns  laissent  échapper  des  sourires  moqueurs. 


—  io3  — 

Derrière  Papôtre  sont  debout  trois  personnes  qui  paraissent 
tout  particulièrement  impressionnées;  on  reconnaît  Denis 
TAréopagite  et  mulier  nomine  Damaris^  dont  parlent  les 
Actes  des  Apôtres.  C'est  vraiment  grand  et  magistral.  Cette 
gravure  est  signée  :  A  Paris,  che{  L.  Cars^  g^  ord^  du  roy, 
rue  Saint-Jacques. 

Au-dessous  est  un  tableau  encadré,  très-hardiment  dessiné, 
et  de  mêmes  dimensions  que  la  gravure ,  au  milieu  duquel 
est  figuré  un  voile  oîi  sont  imprimées  les  propositions  de  la 
thèse.  On  voit,  à  n*en  pas  douter^  que  cette  seconde  partie, 
également  gravée  à  Paris  chez  L.  Cars,  au  très-saint  Nom  de 
Jésus,  était  destinée  à  être  livrée  aux  différents  imprimeurs 
qui  publiaient  les  thèses  des  collèges  des  Jésuites.  Ce  qui  le 
prouve  bien ,  c^est  que  le  titre  imprimé  à  Nevers ,  ainsi  que 
la  dernière  ligne,  Pro  actu  publico,  sont  en  partie  sur  le 
voile  et  sur  le  cartouche  de  la  gravure. 

La  seconde  thèse ,  de  même  dimension  que  la  précédente, 
représente  uniquement  un  grand  tableau  encadré.  Les  deux 
colonnes  de  chaque  côté  sont  en  partie  cachées  par  deux 
anges  debout  qui  soutiennent  un  voile  et  un  grand  cartouche 
portant  ces  mots  :  Zelo  impietatis  vindici* 

Cette  pancarte  est  vraiment  fort  belle  et  ne  porte  aucun 
nom  de  graveur;  mais  celui  de  l'imprimeur  de  Nevers  se 
trouve  comme  sur  la  précédente,  ce  qui  confirme  notre 
observation  relativement  à  la  gravure  (i). 

On  a  pu  remarquer,  à  la  suite  des  noms  de  plusieurs 
répondants  de  cette  thèse,  une  expression  qui  ne  s'était  pas 
encore  rencontrée  dans  aucun  des  exercices  du  collège  :  trois 


(x)  M.  Trévédy,  vice-président  de  la  Société  archéologique  du 
Finistère,  a  décrit  dans  le  Bulletin  de  cette  société  (juin  1886)  une 
thèse  illustrée  du  collège  des  Jésuites  à  Quimper  en  xySa,  qui  offre 
également  la  même  disposition.  Le  sujet  seulement  est  différent  :  il 
représente  la  Sainte-Famille. 

La  pancarte  ne  porte  ni  le  nom  du  graveur  ni  celui  dePimprimeur; 
mais  si  elle  a  été  imprimée  à  Quimper,  il  est  certain  qu^elle  n'y  a  pas 
été  gravée;  c^est  la  juste  conclusion  de  l'auteur. 


—  104  "" 

des  répondants  ont  la  qualification  de  sodalis  (compagnon;, 
un  autre  a  le  titre  de  sodalitii  prœfectus  (chef  de  la  com« 
pagnie) ,  d'où  il  semble  qu'il  s^agit  du  préfet  et  des  membres 
de  la  congrégation  établie  au  collège  (i). 

§  IV. 

Quelques  notes  sur  les  exercices  scolaires  et  surtout  les 
noms  des  élèves  qui  y  ont  pris  part  termineront  maintenant 
cette  étude  sur  notre  vieux  collège  de  Nevers. 

Les  exercices  publics  fixés  à  la  fin  de  Tannée,  pour  contrôler 
la  force  des  études ,  étaient  annoncés  aussi  par  de  grandes 
affiches.  Un  fragment  de  celle  de  178  5  que  nous  avons 
recueillie  porte,  au-dessous  des  trois  lettres  D.  O.  M., 
rinscription  suivante  :  In  solemnibus  affixorum  ludis 
explicabunt  in  collegio  Nipemensi  Societatis  Jesu  secun-- 
dani,  augusti  diebus  i^  et  20^  i735,  Q.  Horatii  Flacci 
opéra  omnia. 

Les  noms  des  élèves  appelés  à  répondre  sont  : 

Claudius  Nicot,  Fran. -Robert  Gascoing  de  Bernay, 
Petrus  Portepain ,  Philbertus  Fougère ,  tous  qualifiés  : 
Nivemus;  puis  Guillelmus  Guillemain,  Corbiniacus;  Lau- 
rentius  Martin  de  Lavaut,  Nivemensis.,.. 

Un  autre  fragment  de  Tafiiche  de  1737,  indiquant  les 
examens  pour  les  3o  et  3i  août,  nomme:  Antonius  Gondier 
de  La  Vallée,  Diennensis;  Claud.Jac.  Berger  du  Coulom- 
bier,  Charitœus;  Joannes-Bapt.  Grillot,  Nivemus;  Phîl- 
bertus-Nicolaus  Morlé,  Tanaicus;  Antonius  Bourré,  Claud. 

(i)  Cette  interprétation  se  trouve  confirmée  dans  la  Tlièse  illustrée 
de  Quimper  déjà  citée  où ,  parmi  les  trente  répondants  il  y  a  neuf 
sodales  qui,  d'après  M.  l'abbé  Peyron,  étaient  des  membres  de  la 
congrégation  du  collège  de  Quimper. 

Nous  devons  ici  remercier  M.  Trévédy,  qui  nous  a  £ait  l'honneur 
de  reproduire,  aux  premières  lignes  de  son  travail,  l'extrait  du 
compte-rendu  de  la  séance  de  la  Sorbonne  du  3o  avril  1886  relatif 
à  notre  lecture. 


—  105  — 

Commercy  du  Monteau^  Dionisius  Glaut,  Franciscus 
Eafert,  Franciscus  Septier,  Gilbenus  Landelle,  Ludovicus 
Roy,  Lud.*Fraac«  Simonin  du  Vernay,  Lud.  Gascoing  de 
M^gRy>  Petrus  Brecat,  Joannes  RoUet,  Hugo  Chambrun, 
Stephanus  Septier  de  Rigny,  tous  de  Nevers;  Henricus 
Donny,  Oniacus;  Gilbertus  Cocquille,  Saugensis, 

Dans  les  dernières  années  ^  le  titre  avait  été  modifié  : 
au-dessous  des  trois  lettres  D.  O.  M.,  on  lisait:  Solemni 
prœmiorum  ab  illustri  cipitate  Nivemensi  positorum 
distributioni ,  exercitatione  publica  prœludent  collegii 
tfivemensis  adolescentes  lectissimi. 

Cette  solennelle  dédicace  devait  rappeler  à  perpétuité  ce 
que  nous  avons  dit,  dès  les  premières  lignes  de  cette  étude, 
concernant  la  générosité  du  Corps-de- Ville  à  l'endroit  du 
collège. 

Pour  mieux  en  fixer  la  mémoire  dans  le  souvenir  des 
élèves,  une  feuille  imprimée,  placée  en  tête  de  chaque  livre 
de  prix,  portait,  du  moins  dans  la  seconde  moitié  du  dernier 
siècle,  cette  inscription  que  Ton  rencontre  assez  fréquemment  : 

Ex  munificentia 
nobilissimce  civitaiis 

Nîvernensis 

quœ  prœmium  posuit 

in  perpetuum 

auditoribus 

in  coUegio  ejusdem  civitatis 

ingenuus  adolescens.,, 

palmare  hoc  volumen 

in...  ejusdem  collegii  schola  meritus 

et  consecutus  est. 

Die  6ti  mensis  7MM  anno  1770. 

In  cujus  rei  fidem  subscripsi,  et  sigillo 

urbis  munivi. 

(Suit  la  signature  du  sieur  Miné,  principal  du  collège.) 

Plus  anciennement,  le  préfet  des  études  écrivait  lui-même 
TattestatioUi  et  nous  croyons  être  agréable  au  lecteur  en 
T.  m,  3*  série.  14 


—  fo6  — 

donnant  la  copie  de  celle  que  nous  trouvons  écrite*  de  I9  main 
du  Père  Roussel,  sur  un  beau  volume  de  cinq  cents  pages, 
très-élégamment  relié ,  des  huit  livres  des  Apophtegmes 
d'Erasme,  bien  entendu  tout  en  latin,  lequel  se  vendait  à 
Paris,  apud  Joannem  Roigny,  subBasilisco,  in  vicoJacobœo; 
>l/7;zo  M.D.XXXIII. 

Ce  volume  ferait-il  aujourd'hui  les  délices  des  adolescentes 
ingenui  de  la  classe  de  troisième  ?  Nous  n'oserions  l'affirmer. 
Quoi  qu'il  en  soit,  voici  le  texte  du  Père  préfet  des  études  : 

C   JESUS,    MARIA,    JOSEPH. 

«  Ego  infrascriptus  coïlegii  Nivernensis  Societatis  Jesu 

studiorum    prœfectus    testor ,     ingenuum    adolescent^m 

Joannem  Lacollancelle  in  4ertia  primum  solutœ  orationis 

latinœ  prœmium  meritum,  et  consecutum  fuisse  ;  hocque 

libro,   in  publico  solemnique  theatro,   spectante  ingenti, 

numerosaque  populorum  frequentia ,   astante  celeberrima 

virorum    illustrium   corona^  et  applaiidente  liberatorum 

hominum,  insignique  doctrina,  et  eruditione,  prœditorum 

consessu  summa  cum  omnium  laude,  gratuîatione  plausu  et 

admiratione  donatum  fuisse.  In  cujus  rei  Jidem,   nomen 

meum  cum  sigillo  coïlegii  nostri  apposui,  die  quarta  mensis 

septembris,  anno  Dominimillesimo  sexentesimo,  sexagesimo 

nono. 

»  D.  Roussel,  Soc,  Jes., 

»  Stud.  prcef,  (i)  » 

En  regard  du  texte  se  trouve  Pempreinte,  sur  pain  à 
cacheter  recouverte  de  papier,  du  sceau  du  recteur.  Le  nom 
de  Jésus  avec  une  croix  sur  TH  et  les  trois  clous  au-dessous, 

(i)  Une  attestation  à  peu  près  semblable,  quoique  moins  solennelle, 
également  délivrée  par  le  Père  préfet  des  études  pour  un  prix  de 
discours,  a  été  reproduite  par  M.  Anatole  de  Charmasse,  dans  sùù 
beau  travail  publié  en  1884,  sous  ce  titre  :  Les  Jésuites  au  collège 
d*Autun.  (1628-1713.) 


—  I07  — 

au  milieu  d'une  couronne  radiée  et  flamboyante^  et  autour, 
ces  mots  :  rectoris,  colleoii.  nivern.  socie.  iesv. 

Post'Scriptum.  —  Pendant  la  correction  des  épreuves 
de  ces  dernières  pages  ^  la  lecture  du  XW  volume  des 
Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  du  Centre  {iSSô- 
1887)  nous  a  fait  découvrir,  dans  un  remarquable  travail 
de  M.  P.  Dubois  sur  le  Père  Terrasse-Desbillons ,  quelques 
notes  qui  se  rattachent  directement  à  l'histoire  de  notre 
collège.  En  1729,  en  effet,  le.Père  Desbillons,  comme  on 
rappelait  communément,  était  déjà ,  à  peine  âgé  de  dix-huit 
ans,  professeur  de  rhétorique  à  Nevers,  où  il  demeura  deux 
ans. 

C'était,  parait-il,  un  professeur  fort  doux,  aimé,  adoré  de 
ses  élèves  ;  un  causeur  aimable,  très-instruit,  d'une  mémoire 
prodigieuse  et  défenseur  intrépide,  envers  et  contre  tous,  de 
la  littérature  ancienne  et  des  auteurs  du  grand  siècle.  On 
sait  qu'il  dut  surtout  sa  réputation  à  ses  fables  latines, 
devenues  classiques,  même  de  son  vivant  (i). 

Il  se  plaisait  également ,  dans  ses  loisirs ,  à  faire  des 
comédies,  voire  même  des  tragédies,  dont  plusieurs  furent 
représentées  à  Louis-le-G]:and  ;  et  tout  indique  qu'il  avait 
composé  la  petite  pièce:  Fabula,  intitulée:  Vota,  jouée  à 
Nevers  par  ses  élèves  de  rhétorique  le  16  janvier  173 1, 

Dans  le,catalogue  de  ses  manuscrits  conservés  à  Mannheim 
et  qui  contient  soixante-quatorze  numéros ,  on  rencontre  en 
effet  plusieurs  pièces  de  ce  genre  :  Schola  senum ,  comœdia 
(en  prose);  —  Farter  sui  anxius^  fabula  comica;  —  Le 
Misanthrope,  comédie  en  prose;  —  L'Ecole  des  oncles^ 
comédie  en  trois  actes,  en  prose;  —  V Emporté;  —  UEdu-- 
cation  négligée;  —  Annibal,  tragédie  en  prose  avec  prologue 


(i)  Fabularum  jEsopiarunit  libriquinque  pr tores,  il  y  en  a  eu  cinq 
éditions,  dont  la  première  à  Glascow  (Ecosse),  en  1754;  —  Fabularum 
^sopiarum,  libri  decem,  il  y  en  a  eu  huit  éditions,  dont  la  dernière 
à  Tours,  chez  Marne,  en  i885. 


—  io8  — 

en  vers  ;  —  Ecole  des  pères;  —  Ecole  des  vieillard» f  — ^ 
L Education  négligée;  —  Bouquinet  et  Trottin,  scènes 

comiques  contre  les  bibliophiles,  etc. 

Ajoutons  encore,  pour  les  bibliophiles  nivernais,  dans  le 
catalogue  des  imprimés:  Cantiques  spirituels,  six  feuilles 
volantes,  à  Nevers,  chez  R.  Pinardeau,  et  dans  le  catalogue 
des  manuscrits ,  deux  pièces  latines  essentiellement  niver- 
naises,  que  nous  aurions  grand  plaisir  à  connaître  et  à 
publier  dans  notre  Bulletin  ;  n®  12  :  De  Ligeri  exundante 
—  ad  amicum  epistola  ;  n*»  1 3  :  Iter  Nivemense ,  stylo 
horatiano. 

Après  la  suppression  de  la  Compagnie  de  Jésus ,  le  Père 
Desbillons  s'était  exilé  en  1764  à  Mannheim  ,  alors  capitale 
du  Palatinat  du  Rhin,  le  plus  beau  pays  de  l'Allemagne, 
emportant  avec  lui  tous  ses  manuscrits  et  le  trésor  de  sa 
bibliothèque,  qui  comprenait  17,000  volumes. 

Nous  avons  rencontré  avec  plaisir  dans  une  de  ses  lettres, 
datée  de  1764,  un  mot  qui  rappelle  le  souvenir  de  son  trop 
court  passage  dans  notre  ville.  Parlant  de  sa  chambre  très- 
grande  et  qui  pourra  contenir  tous  ses  livres ,  il  ajoute  : 
c  J'ai  sous  mes  fenêtres  le  Rhein,  qui  est  large  comme  la 
Loire  à  Nevers,  mais  bien  plus  profond...  » 

Enfin,  signalons  en  terminant,  une  variante  du  texte  de 
l'inscription  latine  du  curé  d'Apremont  (i)  : 

Si  qua  sede  sedem  quœ  sit  tibi  commoda  sedes 
In  illa  sede  sede,  nec  ab  illa  sede  recède. 

D'après  Tauieur  du  travail  que  nous  parcourons  avec  tant 
d'intérêt,  Tusagc  de  la  langue  latine  était  encore  tellement 
en  estime  au  dix-huitième  siècle  que  le  journal  lui-même  ne 
dédaignait  pas  de  parler  latin.  Même  devant  des  femmes, 
dans  le  salon  de  M^e  d'Epinay,  Tabbé  Galliani  pouvait 
improviser  Tépigramme  latine  qubn  vient  de  lire  à  l'adresse 

(1)  Voir  la  note  de  la  page  88. 


—  I09  — 

de rambasôâdeur  d'Espagne,  le  comte  de  Fuentes ,  qu'on  ne 
voyait  jamais  s'asseoir  dans  un  salon  et  qui  papillonnait 
sans  cesse. 

F.  BOUTILLIER, 

Curé  de  CoulangeS'leS'Nevers, 


SEANCE  DU  28  OCTOBRE  1886. 

Présidence    de  M.   le  comte  db   Soultrait,   président. 

Etaient  présents  :  MM.  de  Soultrait,  Roubet, 
Tabbé  Boutillier,  Duminy,  Hippolyte  Blanc,  de 
Flamare,  de  Villenaut,  Tabbé  Fouché,  le  docteur 
Subert ,  Tabbé  Soyer,  René  de  Lespinasse ,  Tabbé 
Pot ,  Langellé ,  de  Dreuille ,  Cheminade  de 
Quirielle. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de 
M.  le  Ministre  de  Tinstruction  publique,  invitant 
la  Société  à  donner  son  avis  sur  l'opportunité  du 
changement  de  date  de  la  réunion  annuelle  des 
sociétés  savantes  qui  se  tient  habituellement  pen- 
dant les  vacances  de  Pâques.  M.  le  Ministre 
observe  que  les  vacances  de  la  Pentecôte  ayant 
réuni  le  plus  de  suffrages,  il  est  disposé  à  choisir 
cette  époque.  A  la  presque  unanimité,  la  Société 
émet  aussi  le  vœu  que  les  vacances  de  la  Pentecôte 
soient  choisies  de  préférence  à  celles  de  Pâques. 

M.  le  Président  lit  une  autre  lettre  adressée  par 
M.  Alexis  Fruit,  correspondant  d'un  journal  litté- 
raire de  Paris,  le  Forum  français  illustré,  qui  se 


—    110  — 


propose  de  donner  des  comptes  -  rendus  dt^a 
Bulletins  des  diverses  sociétés  de  province,  et 
demande  Tenvoi  de  la  collection  de  nos  Bulletins^ 
en  échange  des  numéros  du  journal.  La  Société 
prie  M.  Tabbé  Boutillier,  à  qui  la  lettre  avait  été 
adressée,  de  demander  au  préalable  Tenvoi  des 
numéros  parus  de  la  nouvelle  publication  et  de 
déclarer  qu'au  .surplus,  la  Société  ne  pourrait  en 
retour  que  donner  les  Bulletins  en  cours  de  publi- 
cation, mais  non  la  collection  entière. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Tabbé  Pot,  curé  de 
Magny.  Après  avoir,  déposé  sur  le  bureau  un 
certain  nombre  de  médailles  romaines,  quelques 
pièces  du  moyen-âge  et  d'autres  plus  récentes^ 
jetons  de  fabrique  allemande,  etc.,  toutes  pièces 
trouvées  à  diverses  époques  sur  le  territoire  de  sa 
paroisse,  M.  Tabbé  Pot  en  lit  les  descriptions. 
Ce  sont,  outre  une  pièce  de  la  colonie  de  Nîmes, 
des  grands  bronzes  de  Domitien,  Néron,  Trajan, 
Commode^  des  petits  et  moyens  bronzes  de 
Gratien,  Tétricus,  Constantin...  Bien  qu'il  ne 
s'en  trouve  point  d'inconnues  qui  méritent  une 
mention  spéciale ,  M.  le  Président  remercie  notre 
collègue  et  déclare  qu'on  ne  saurait  trop  encou- 
rager cet  exemple  destiné  à  garder  le  souvenir  des 
découvertes  faites  dans  le  pays.  En  1869,  M.  l'abbé 
Pot  avait  déjà  lu  un  rapport  relatif  à  différentes 
trouvailles  faites  sur  le  territoire  de  sa  paroisse. 
(Voir  tome  IV,  2®  série  de  nos  Bulletins  y  pages 
260-263,) 

M,  l'abbé  Boutillier  fait  part  à  la  Société ,  aw . 


—  ïll  — 


nom  d'un  de  nos  compatriotes  habitant  Paris , 
M.  le  docteur  Warmont ,  de  Tenvoi  d'une  étude 
intitulée  :  Notes  pour  seroir  à  Phistoire  des 
émaux  de  NeverSy  recueillies  par  un  Nivernais. 
Cette  étude,  dans  la  pensée  de  Tauteur,  devait 
servir  de  matériaux  pour  une  histoire  des  émail- 
leurs  qui  serait  le  pendant  de  celle  des  verriers. 

M.  l'abbé  Boutillier  a  répondu  que  le  temps  lui 
manque  absolument  pour  entreprendre  cette  nou- 
velle étude,  et  que  d'ailleurs  les  documents 
feraient  défaut. 

La  lecture  du  travail  de  M.  Warmont  est  écoutée 
avec  intérêt  et  amène  quelques  observations. 

Plusieurs  membres  ayant  émis  l'opinion  que  les 
œuvres  d'émail  réunies  par  notre  compatriote  ne 
doivent  guère  remonter  au-delà  du  dix-huitième 
siècle,  M.  l'abbé  Boutillier  répond  en  rappelant  le 
mémoire  des  objets  oflFerts  en  1622  à  la  reine 
d'Autriche,  lors  de  sa  venue  à  Nevers  :  parmi  ces 
objets  se  trouvaient  deux  coupes  avec  des  oiseaux 
dedans,  un  poisson  émaillé,  un  chien  et  un  panier. 
On  ne  saurait  s'étonner  de  ne  plus  retrouver  de 
spécimens  de  ces  anciens  émaux,  en  raison  de 
leur  extrême  fragilité. 

M."  de  Soultrait  soumet  à  la  Société  trois 
volumes  manuscrits  de  Parmentier,  qu'il  vient 
d'acheter  pour  sa  bibliothèque  nivemaise. 

L'un  est  une*  copie ,  d'une  écriture  superbe ,  de 
l'histoire  sommaire  des  évêques  de  Nevers,  de 
613  pages,  dont  la  dernière  porte  seulement  le 
nom   de  Jean- Antoine  Tinseau,    91®  évêque  de 


—    112  — 

notre  diocèse.  Il  serait  utile  de  coUationner  cet 
exemplaire  avec  les  autres  copies  qui  existent  de 
cet  ouvrage. 

Les  deux  autres  volumes  autographes  de 
Parmentier,  renferment  les  Mémoires  historiques 
sur  la  ville  de  NeverSj  publiés  par  Antony 
Duvivier,  en  1 842,  sous  le  titre  de  :  A  rchioes  de 
Neoers  ou  Inventaire  historique  des  titres  de  la 
ville.  (Deux  vol.  in-8°.  Paris,  Techener.) 

Bien  que  le  manuscrit  ne  soit  point  inédit,  il  est 
intéressant  en  ce  qu'il  offire  divers  chapitres  qui  ne 
sont  point  dans  la  publication  de  Duvivier  :  M.  de 
Soultrait  cite  en  particulier  un  chapitre  assez  long 
sur  les  auteurs  nivemais. 

Ces  trois  volumes,  reliés  en  maroquin  rouge  et 
dorés  sur  tranche,  avaient  sans  doute  été  destinés 
à  être  oflFerts  en  hommage,  probablement  au  duc 
de  Nivernais.  On  a  peine  à  comprendre  comment 
Parmentier,  très-occupé  de  ses  fonctions  officielles 
et  de  ses  travaux  historiques,  s'est  donné  la  peine 
de  transcrire  avec  tant  de  soin  un  manuscrit  qui 
n'a  pas  moins  de  1047  pages. 

M.  de  Soultrait  croit  avoir  vu  ces  volumes,  il  y 
a  environ  quarante  ans,  chez  M.  Bourdereau,  fils 
adoptif  de  Parmentier,  qui  possédait  aussi  un 
manuscrit  de  Coquille,  divers  autres  documents 
concernant  notre  province ,  et  le  seul  exemplaire 
qu'il  ait  jamais  rencontré  du  premier  volume  de 
\ Histoire  du  Nivernais^  de  Parmentier. 

Sur  la  proposition  de  MM.  Boutillier  et  Subert 
M.  le  docteur  Warmont  est  élu  membre  corres- 


-  ii3  — 


pondant  de  la  Société.  M.  Roger  de  Quirielle  est 
également  admis  comme  membre  de  la  Société , 
sur  la  proposition  de  M.  le  comte  de  Soultrait  et 
de  M.  Tabbé  Boutillier. 


SÉANCE  DU  2 s  NOVEMBRE  1886. 

Présidence  de  M.  le  comte  de  Soultrait,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  le  comte  de  Soultrait, 
président;  Tabbé  Boutillier,  vice -président ; 
Ernest  de  Toytot,  secrétaire;  Canat,  conser- 
vateur du  musée;  Duminy,  archiviste;  de  Cha- 
rant,  Tabbé  Soyer,  Langellé,  Griveau,  Tabbé 
Fouché,  de  Villefosse,  Julien,  de  Flamare,  Arthur 
de  Rosemont,  de  Pierredon.  Ad.  de  Rosemont, 
le  docteur  Subert,  H.  Maraudât,  Ed.  Maraudât, 
de  Lespinasse,  Ch.  Col. 

La  Société  scientifique  de  la  Haute  -  Loire 
demande  à  faire  l'échange  de  son  Bulletin  avec  le 
nôtre.  La  Société  pense  qu'il  y  a  lieu  d'accepter 
cet  échange. 

Le  président  lit  une  lettre  du  ministère  de  Tins- 
truction  publique ,  relative  aux  communications  à 
la  section  des  sciences  économiques  et  sociales. 
La  lettre  ministérielle  attire  spécialement  notre 
attention  sur  une  enquête  à  faire  concernant  les 
assemblées  générales  des  communautés  d'habi- 
tants. 

T.  m,  3*  série.  i5 


—  "4  - 

M.  Tabbé  Boutillîer  fait  remarquer  dans  le  der- 
nier Bulletin  de  la  Société  éduenne  une  notice  qui 
intéresse  spécialement  notre  pays  :  Les  Faïences 
de  La  Nocle  et  cfApponay.  Cet  article,  d'ailleurs 
très-court^  sera  inséré  au  Bulletin  de  la  Société 
nivernaise,  avec  un  acte  de  vente  des  dernières 
faïences  de  La  Nocle  en  1748,  dont  M.  Tabbé 
Boutillier  a  retrouvé  la  copie. 

M.  Arthur  de  Rosemont  fait  une  communication 
verbale  sur  le  prochain  congrès  scientifique  inter- 
national des  savants  catholiques^  qui  doit  se  réunir 
au  mois  d'avril  1887  à  Paris. 

M.  le  comte  de  Soultrait  donne  lecture  dn 
premier  chapitre  d'un  magnifique  travail  intitulé  : 
Le  château  de  La  Bâtie  et  ses  seigneurs  ^  et  qui 
sera  publié  à  Moulins. 


FAÏENCES  D  APPONAY  ET  DE  LA  NOCLE. 


Le  dernier  volume  des  Mémoires  de  la  Société  éduenne 
(nouvelle  série,  t.  XIV,  ï885,  pages  97  à  1 13)  contient  deux 
notices  qui  intéressent  tout  spécialement  le  Nivernais. 

La  première  a  pour  titre  :  La  charte  de  Monceaux^le^ 
Comte. 

On  y  trouve  énumérées  toutes  les  coutumes  et  franchises 
consuetudines  et  libertates  accordées  en  1 247  aux  bourgeois 
de  Monceaux-le-Comte  par  Mathilde  de  Courtenay,  comtesse 
de  Nevers  et  d'Auxerre. 

Nous  devons  savoir  gré  à  M.  Anatole  de  Charmasse 
d'avoir  publié  un  document  aussi  intéressant. 


—  ii5  — 

La  seconde  notice,  sans  nom  d^auteur,  qui  semble  s'être 
égarée  dans  les  Mémoires  de  la  Société  éduenne ,  car  c'est 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  nivernaise  qu'elle  devait 
naturellement  se  rencontrer,  a  pour  titre  :  Note  sur  les 
anciennes  fatptceries  d*Apponay  et  de  La  Nocle  {\).  Elle 
est  le  complément  naturel  des  notes  insérées  dans  VHistoire 
d€s  gentilshommes  verriers  et  des  verreries  de  Nevers  et 
du  Nivernais  (2],  sur  les  verreries  qui  existaient  également 
dans  ces  deux  localités. 

Comme  cet  article  est  d'ailleurs  très-court,  nous  proposons 
tout  simplement  de  le  reproduire  dans  notre  Bulletin ,  en  y 
ajoutant  l'analyse  d'un  curieux  acte  de  vente  de  faïences  de 
La  Nocle  du  7  décembre  1748,  probablement  inédit  et  qui 
mérite ,  ce  nous  semble ,  d^étre  connu  ;  il  nous  apprend ,  en 
effet,  quels  étaient  les  objets  fabriqués  à  La  Nocle.  C'est,  à 
proprement  parler,  l'acte  de  liquidation  de  cette  manufacture 
qui  avait  eu  son  heure  de  prospérité. 


I. 


NOTE  SUR  LES  ANCIENNES    FAÏENCERIES   d'aPPONAY 

ET  DE  LA  NOCLE. 


Il  existait  autrefois  dans  notre  voisinage  deux  faïenceries 
dont  le  nom  et  les  produits  ne  sont  plus  guère  connus 
aujourd'hui.  Le  peu  de  durée  de  leur  existence  les  a  fait 
oublier;  leurs  traces  se  sont  effacées,  et  il  s'est  établi ^  entre 
leurs  œuvres  et  celles  des  fabriques  plus  durables  et  plus 
célèbres  de  Nevers,  une  confusion  qu'il  convient  de  ne  pas 
laisser  subsister.  Malgré  Tobscurité  qui  les  a  enveloppées  en 
naissant,  il  est  cependant  possible  de  déterminer  leur  origine, 
de  préciser  l^époque  de  leur  activité,  de  distinguer  le  carac- 
tère de  leur  fabrication ,  et  l'accomplissement  de  cette  tâche 

(1)  Tome  XIV,  pages  141-145. 

(2}  Bulletin  de  la  Société  nivernaise,  t.  XII,  pages  239-243. 


—  ii6  — 

permettra,  croyons-nous,  d'inscrire  désormais  leur  nom  sw 
l'inventaire  des  anciens  établissements  céramiques  de  notre 

pays. 

La  première  de  ces  deux  faïenceries  est  celle  d'Apponay, 
près  de  Rémilly,  dans  le  département  de  la  Nièvre.  Les 
Chartreux  possédaient  en  ce  lieu  un  monastère  qui  remontait 
à  Tannée  1185.  Après  avoir  défriché  des  forêts,  établi  des 
étangs,  créé  des  pâturages  et  des  cultures,  les  fils  de  saint 
Bruno,  toujours  fidèles  au  grand  devoir  du  travail,  avaient, 
tourné  leur  activité  féconde  d'un  autre  côté.  11  ne  leur 
semblait  pas  que  le  défrichement  et  la  mise  en  valeur  du  sol 
leur  aient  donné  quelque  droit  au  repos,  et  c'est  précisément 
à  l'époque  que  Ton  se  plaît  à  peindre  comme  un  temps  de 
relâchement  et  d'inaction  que  les  Chartreux  d'Apponay 
vinrent  demander  aux  formes  si  nombreuses  et  si  variées  de 
l'industrie  une  tâche  nouvelle.  Leur  premier  essai  en  ce 
genre  avait  été  celui  d'une  verrerie  qui  était  en  plein 
exercice  en  1682  et  qui  suspendit  bientôt  sa  fabrication 
après  une  courte  existence.  Sans  se  laisser  décourager  par  ce 
résultat,  dom  Louis  de  La  Barre,  qui  était  alors  prieur 
d'Apponay,  eut  la  pensée  d'établir  une  faïencerie  tant  pour 
utiliser  les  (ours  et  bâtiments  nouvellement  construits  que 
dans  le  but  de  combler  le  déficit  créé  par  l'insuccès  de  la 
verrerie  et  de  réparer  ainsi  les  pertes  éprouvées  par  sa 
communauté. 

La  première  mention  que  nous  ayons  trouvée  de  la 
faïencerie  d'Apponay  remonte  au  17  février  1727.  Elle 
résulte  de  l'acte  de  mariage,  passé  à  cette  date,  à  Commagny 
«  entre  Jean-Claude  Dubourg,  tourneur  en  fayence,  fils  de 
M.  Louis  Dubourg,  manufacturier  de  la  fayence  d'Apponay, 
paroisse  de  Rémilly,  et  de  feue  Marie  Miette  et  honneste 
fille  Magdeleine  Griveau,  fille  de  feu  M.  Jacques  Griveau, 
vivant  menuisier,  et  de  Marguerite  Boulenot  ».  Nous 
trouvons  ensuite,  à  la  date  du  8  mars  1728,  t  le  baptême 
de  Louis,  fils  de  Jean  Dubourg,  faïencier  à  Apponay,  et 
d'honneste  femme  Magdeleine  Griviot.  »  On  rencontre  enfin 


—  117  — 

cette  dernière  mention  à  la  date  du  20  novembre  1730: 
«  Baptême  de  Marguerite,  fille  de  M.  Jean  Dubourg,  maître 
faïencier  dans  la  paroisse  de  Rémilly,  et  de  Magdeleine 
Griveau.  >  Il  n'existe  plus  ensuite  aucun  acte  relatif  aux 
faïenciers  d'Apponay.  Le  créateur  de  ces  manufactures,  dom 
de  La  Barre,  avait  cessé  d'exercer  les  fonctions  de  prieur  en 
1727,  et  dom  Louis  Lancieux,  qui  lui  succéda,  ne  parait  pas 
avoir  partagé  les  goûts  et  les  aspirations  industrielles  de  son 
prédédesseur. 

Pendant  que  les  Chartreux  faisaient  cet  essai  à  Apponay^ 
le  duc  de  Villars  tentait  la  même  expérience  dans  les  terres 
de  son  marquisat  de  La  Nocle.  Dans  ce  deuxième  atelier,  on 
retrouve  quelques-uns  des  noms  que  nous  avons  déjà 
rencontrés  dans  le  premier,  et  cette  conformité  permet  de 
croire  que  les  ouvriers  attachés  à  ces  deux  fabriques  appar- 
tenaient à  la  même  colonie  et  avaient  la  même  origine. 

Ainsi,  la  plus  ancienne  mention  de  la  fabrique  de  La 
Nocle,  en  date  du  17  octobre  1728,  est  Pacte  de  «  baptême 
de  Claude-Marie,  tille  de  M.  Dubourg,  maître  faïencier  à 
La  Nocle,  et  de  damoiselle  Françoise  Veau.  Parrain: 
M.  Claude  Gayot,  receveur  général  de  Mgr  le  mareschal  de 
Villars  ;  marraine  :  damoiselle  Marie-Marthe  Lecœur.  i  La 
seconde,  du  28  février  1729,  nous  fait  connaître  une 
troisième  branche  de  la  famille  Dubourg  appartenant, 
comme  les  précédentes,  à  la  colonie  industrielle  de  la 
région  :  «  Mariage  de  Louis-François  Potier,  faïencier,  fils 
de  Denys  Potier,  faïencier,  et  de  Marie  Peltier,  et  Marie 
Dubourg,  fille  d'Emé  Dubourg,  faïencier,  et  de  Jaqueline 
Martin.  »  La  suite  des  registres  de  La  Nocle  nous  fait 
connaître  le  nom  de  quelques-uns  des  autres  faïenciers 
attachés  à  cette  fabrique. 

A  la  date  du  12  juin  1729,  on  trouve  le  baptême  de 
€  Pierre,  fils  de  Joseph  Dépaty,  faïencier,  et  de  Jeanne 
Raffin.  Parrain:  M.  Pierre  Martin,  commis  à  Nevers; 
marraine:  damoiselle  Marie-Marthe  Lecœur.  »  De  même, 
au  19  mai  1730,  nous  rencontrons  Taae  de  baptême  de 


—  ii8  — 

c  Louis,  fils  de  Louis  Potier,  faïencier,  et  de  Marie 
Dubourg.  Parrain:  M.  Louis  Dubourg,  faïencier;  marraine: 
damoiselle  Françoise  Veau.  »  On  ne  se  bornait  pas  à  fàbri* 
quer  à  La  Nocle  une  faïence  grossière  et  sans  ornements. 

Des  peintres-décorateurs  étaient  chargés  d^appliquer  aux 
pièces  fabriquées  les  dessins  variés  et  les  couleurs  éclatantes 
qui  plaisent  encore  aujourd'hui.  C^est  ce  qui  résulte  d^un 
acte  du  26  septembre  1730,  concernant  le  mariage  de 
M.  Jacques  Poirson»  peintre -faïencier,  fils  du  feu  Gilles 
Poirson,  et  de  feue  Marie  -  Geneviève  Bourinat^  et  de 
damoiselle  Etiennette  Dubourg,  fille  de  M.  Louis  Dubourg^ 
maître  faïencier,  et  de  feu  dame  Marie  Miette. 

La  dernière  mention  qui  concerne  les  faïenciers  de  La 
Nocle  est  Pacte  dUnhumation  de  Pierre  Jolivet,  faïencier, 
âgé  d'environ  cinquante-cinq  ans,  daté  du  18  mars  1782. 
On  ne  trouve  plus  ensuite  aucune  trace  de  cette  fabrique^  qui 
ne  paraît  pas  avoir  eu  plus  de  succès  et  de  durée  que  celle 
d^Apponay.  Etablies  l'une  et  l'autre  loin  des  centres  de 
population  et  débouchés,  elles  ne  purent  se  maintenir  et 
lutter  avantageusement  contre  les  fabriques  de  Nevers ,  dont 
le  succès  rendait  toute  concurrence  difficile.  Malgré  sa 
courte  durée,  la  faïencerie  de  La  Nocle  est  encore  citée 
comme  en  activité  et  même  comme  prospère,  dix  ans  après 
qu^elle  avait  cessé  d^exister,  dans  le  Dictionnaire  universel 
du  commerce  publié  en  1741  par  Savary  des  Brûlons  :  c  La 
meilleiyre  argile,  dit-il,  se  trouve  dans  les  terres  du  marquisat 
de  La  Nocle ,  appartenant  au  duc  de  Villars. 

»  On  y  a  établi  depuis  peu  une  excellente  fayancerie ,  où 
l'on  fabrique  des  ouvrages  de  toutes  espèces,  de  meilleure 
qualité  que  celles  de  Nevers  et  aussi  belles  que  celles  de 
Rouen  qui  ont  passé  jusquUci  pour  les  plus  parfaites.  » 

Le  décor  de  Rouen  était  celui  que  la  faïencerie  de  La 
Nocle  avait  principalement  adopté,  à  Texemple  des  fabriques 
de  Nevers  qui  s'en  inspiraient  depuis  longtemps.  Mais  si  ces 
dessins,  que  les  différentes  faïenceries  s'empruntaient  Tune 
à  Pautre,    peuvent  créer  quelque   confusion  entre  leur» 


-  119  — 

produits  ^  la  nature  de  l'argile  propre  à  chacune  permet  de 
les  distinguer  plus  sûrement.  Ainsi ,  tandis  que  la  terre 
employée  à  Nevers  et  à  Rouen  est  d*un  jaune  pâle ,  celle  de 
La  Nocle  est  au  contraire  d'un  rouge  brique  un  peu  foncé , 
qui  permet  de  reconnaître  immédiatement  son  origine ,  sans 
erreur  possible. 

Quoique  ces  renseignements  soient  peu  importants ,  ils 
nous  font  cependant  connaître  avec  exactitude  Porigine  et 
la  date  des  deux  faïenceries  d^Apponay  et  de  La  Nocle,  et 
permettent  de  déterminer  Porigine  et  la  date  de  la  première, 
qui  était  totalement  inconnue,  de  préciser  Pépoque  d'activité 
de  la  seconde,  que  Savary  avait  prolongée  trop  loin,  et 
d'indiquer  à  quel  signe  certain  les  produits  de  l'une  et  de 
l'autre  peuvent  être  reconnus. 


IL 


VENTE  DE  faïence  PATTE  PAR  LE  SIEDR  MARIE  -  CLAUDE  GAYOT, 
AU  tHOFIT  D^ANTOINE  CHARDON  ET  AGATHE  DURANTON,  SA 
FEMICE,    MOYENNANT    I,6oO  LIVRES. 

Par» devant  le  notaire  royal  soussigné,  résidant  en  la 
paroisse  de  Cercy-la-Tour,  fut  présent  en  sa  personne  le 
sieur  Marie-Claude  Gayot,  bourgeois,  demeurant  en  la 
paroisse  de  La  Nocle,  lequel  volontairement  a,  par  ces 
présentes,  vendu,  avec  promesse  de  garantie,  à  Antoine 
Chardon  et  Agathe  Duranton,  son  épouse,  marchands 
faïenciers,  demeurant  de  présent  en  la  ville  de  Nevers, 
paroisse  de  Saint*Sau veur,  présents ,  stipulant  et  acceptant 
ladite  vente. 

C'est  à  savoir  c  toutes  les/ayences  blanches  et  bleux  qui 
sont,  scavoir:  au  château  de  La  Nocle,  dans  la  gallerie  du 
corps  de  bastiment  à  la  mansarde  »,  plus  dans  la  petite 
chambre  attenant  le  grand  escalier  proche  ladite  grande 
galerie,  toutes  celles  qui  sont  dans  les  deux  chambres  de  la 
tour  carrée  »  dans  celle  de  la  tour  ronde  proche  le  portail  et 


celles  qui  sont  dans  le  grand  magasin  du  grand  fenil  aux 
basses-cours ,  à  Texception  de  quatre  douzaines  marchandes 
d'assiettes  rebut  et  quatre  douzaines  belles  bleues  aussi 
marchandes^  de  deux  douzaines  marchandes  de  pots  de 
chambre  belle  bleue  et  d'une  douzaine  marchande  de  blanc, 
d'une  douzaine  de  jaddes  en  douze  pièces  séparées  de  toutes 
grandeurs,  de  deux  douzaines  Atpots  à  Veau  marchandes  en 
bleu  et  une  douzaine  de  blanc,  de  Aoxxzt  seaux  ta  douze 
pièces  séparées,  de  deux  cuvettes  et  deux  douzaines  mar- 
chandes de  tasses  à  café  belle  bleue,  soucouppes^  gobelets, 
moutardiers,  écritoires  et  autres  petites  marchandises ,  et 
trois  ou  quatre  douzaines  en  belle  bleue  ou  autres  sortes  de 
marchandises  et  toutes  belles  à  choisir,  au  compte  de 
marchands  faïenciers,  et  de  belle  à  choisir,  excepté  les 
quatre  premières  douzaines  en  blanc  qui  seront  rebut ,  mais 
à  choisir  dans  le  rebut  blanc ,  à  la  charge  de  vider  lesdits 
magasins  dans  quinze  mois  à  compter  de  cejourd'hui  ;  de 
débarrasser  tous  les  magasins  qui  sont  dans  le  château  dans 
les  mois  de  mars ,  avril  et  mai  prochains ,  et  les  mettre  dans 
les  grands  magasins  du  fenil  ;  emmèneront  et  vendront 
lesdits  acquéreurs  de  ladite  marchandise  dans  les  commen- 
cements et  à  proportion  de  bonne  et  de  mauvaise,  jusqu^à  la 
fin  dudit  enlèvement  ou  payement,  soit  pour  assurance  du 
payement,  pour  qu'ils  ne  laissent  pas  la  mauvaise  pour  la 
dernière. 

Ladite  vente  ainsi  faite  sous  les  réserves  ci -dessus  et 
encore  pour  et  moyennant  la  somme  de  sei:[e  cents  livres 
et  24  livres  d'éirennes ,  qui  ont  été  payées  présentement  en 
un  louis,  dont  quittance,  et  ladite  somme  de  1,600  livres 
payable  audit  sieur  Gayot,  au  château  de  La  Nocle  ou  en  la 
maison  de  Maulais,  où  il  demeurera,  savoir:  dans  le  courant 
de  chaque  mois  au  moins  150  livres,  à  commencer  le 
premier  payement  au  20  du  présent  mois...,  et  ainsi  à 
continuer  de  mois  en  mois  jusqu'en  fin  de  payement...;  au 
payement  dudit  prix  et  en  exécution  du  présent  marché 
lesdites  parties  ont  obligé  et  hypothéqué'  tous  et  un  chacun 


—  121  — 

leurs  biens  meubles  et  immeubles,  spécialement  les  mar- 
chandise» ci-dessus  vendues  à  quels  lieux  et  parts  qu^elles 
puissent  être  transportées...;  même  ledit  Chardon  pour  la 
validité  des  présentes  a  prêté  autorité  à  ladite  Duranton,  sa 
femme,  par  elle  prise  et  acceptée,  et  procédant  sans  icelle  a 
renoncé  et  renonce  par  ces  présentes  à  l'article  14  de  la 
coutume  de  Nivernois,  titre  des  droits  appartenant  aux 
femmes ,  à  elle  expliqué  par  le  juré  soussigné  en  présence  des 
témoins ,  par  lesquels  il  est  dit  quMne  femme  renonçant  à  la 
communauté  de  son  mari,  vingt-quatre  heures  après  son 
décèst  demeure  quitte  et  libérée  des  dettes  de  leur  commu- 
nauté ,  ce  qu'elle  a  dit  bien  comprendre  et  y  a  expressément 
renoncé,  et  à  tous  autres  droits,  lois,  coutumes  et  ordon- 
nances faites  et  introduites  en  faveur  des  femmes;  et  ont 
lesdites  parties  élu  leur  domicile  irrévocable,  même  en  cas 
de  mort,  savoir:  ledit  sieur  Gayot  en  sa  maison  de  Maulais 
et  lesdits  acquéreurs  en  la  maison  de  M.  Perrin,  cabaretier 
€  d'Apona  >,  paroisse  de  Rémilly...;  et  en  outre  donneront 
lesdits  acquéreurs  à  compte  sur  les  1,600  livres  ci-dessus, 
36  livres  audit  sieur  Gayot  lorsqu'ils  prendront  la  première 
voiture  qui  sera  demain  prochain ,  et  au  cas  que  les  susdits 
payements  de  150  livres  par  mois  ne  fussent  pas  faits  audit 
sieur  Gayot  régulièrement...,  le  présent  marché  sera  et 
demeurera  résilié  et  annulé ,  sans  autre  forme  ni  formalité 
de  procès ,  à  la  volonté  dudit  sieur  Gayot ,  etc.  —  Signé  : 
Garillan,  notaire  royal. 

Quelques  notes  inscrites  sur  la  couverture  du  dossier 
indiquent  clairement  que  ce  luxe  de  précautions  n^était  pas 
inutile.  On  lit ,  en  effet,  d'une  part  :  Faire  poursuite  contre 
Chardon ,  tenir  un  commandement  prêt ,  et  faute  de 
payement  faire  saisir  ses  chevaux  et  charrette;  d^autre  part, 
sera  fait  poursuite  quand  on  trouvera  lieu  de  rencontrer 
ledit  Chardon. 

Coulanges-les-Nevers ,  novembre  1886. 

F.  BOUTILLIER. 

T.  m,  3*  série.  16 


—    122   — 


SÉANCE  DU  30  DECEMBRE  1886. 

Présidence  de  M.  le  comte  de  Soultrait,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  le  comte  de  Soultraît, 
président;  Tabbé  Boutillier,  vice-président;  E.  de 
Toytot,  secrétaire;  Canat,  conservateur  du 
musée;  Tabbé  Marillier,  vicaire  général  ;  Ad.de 
Rosemont,  Fabbé  Rolland,  Tabbé  Soyer,  de 
Villenaut,  le  docteur  Robert  Saint -Cyr,  de 
Flamare,  Cheminade,  de  Pierredon,  Duminy,  le 
vicomte  de  Maumigny. 

Lecture  est  donnée  par  M.  le  Président  d*un 
questionnaire  adressé  par  le  ministère  de  Tins- 
truction  publique,  relativement  au  bégaiement. 
L'assemblée  décide  qu'une  commission ,  composée 
de  divers  médecins  de  la  Société,  sera  invitée  à 
répondre  à  ce  questionnaire. 

M.  l'abbé  Marillier  donne  lecture  du  premier 
chapitre  d'une  monographie  sur  la  ville  et  l'abbaye 
de  Corbigny.  L'auteur  veut  bien  ajouter  à  cette 
lecture  un  aperçu  général  de  l'ouvrage  en  voie  de 
publication  ;  il  traite  en  particulier  de  la  translation 
des  reliques  de  saint  Léonard  et  du  nom  de  ce 
saint  ajouté  à  celui  de  la  ville  de  Corbigny-lès- 
Saint-Léonard. 

M.  le  Président  adresse  à  l'auteur,  en  son  nom 
et  pour  toute  la  Société,  ses  félicitations. 

M.  l'abbé  Boutillier  lit  quelques  pages  intitulées  : 
Souvenirs    du    pèlerinage    de    Sainte -Reine 


—    123   — 

cC  Alise  y  et  fait  passer  sous  les  yeux  de  rassemblée 
une  collection  d'anciennes  médailles  de  sainte 
Reine. 

M.  le  Président  fait  connaître  un  article  paru 
dans  le  dernier  numéro  du  Moniteur  de  la 
céramique  et  de  la  verrerie.  Cet  article,  qui 
traite  de  nos  industries  nivernaises  les  plus  renom- 
mées, la  faïence  et  la  verrerie,  mentionne  surtout 
avec  honneur  Touvrage  de  notre  collègue  M.  Tabbé 
Boutillier^  sur  la  verrerie  de  Nevers. 

Plusieurs  membres  signalent,  dans  un  catalogue 
récemment  publié  par  la  librairie  Saffroy,  près 
Saint-Gervais  (Seine),  un  document  intéressant 
pour  notre  céramique  nivernaise.  Il  est  ainsi 
indiqué  : 

<t  Faïences  de  Nevers,  pièce  manuscrite,  deux 
pages,  12  fr.  Important  mémoire  de  très-beaux 
spécimens,  très-variés  et  fournis  au  comte  de 
La  Roche -Aymon  :  assiettes,  plats,  soupières, 
cuillères,  tasses,  aiguières,  à  la  mode  cannelée, 
porcelaines  faites  en  compotier,  cannelées  à  souf- 
frir le  feu,  cabaret  des  plus  à  mode,  flacons,  etc., 
dont  les  prix  sont  indiqués.  Les  articles  devaient 
avoir  154  écussons  accolés,  ornés  d'un  beau  car- 
touche. Ce  mémoire  est  celui  d'un  commissionnaire- 
voyageur  auvergnat.  3> 

La  Société  décide  que  le  document  sera  acquis 
par  M.  le  Président,  afin  de  pouvoir  l'imprimer 
dans  notre  Bulletin. 


-=•  124  -^ 

La  Société  exprime  aussi  le  désir  de  posséder 
l'ouvrage  de  M.  Julien  sur  le  Nivernais.  Une 
somme  de  50  fr.  est  votée  à  Teffet  d'acquérir  cet 
ouvrage ,  si  l'auteur  veut  bien  l'offrir  à  la  Société, 
au  prix  réduit  que  l'assemblée  désire  mettre  à  la 
disposition  de  M.  le  Président  pour  négocier  cette 
affaire. 

M.  de  Soultrait  entretient  l'assetnblée  d'yn 
ouvrage  déjà  ancien ,  mais  tiré  à  petit  nombre  et 
peu  donnu,  dont  la  place  est  marquée  dans  la 
bibliographie  nivernaise  ;  c'est  un  volume  intitulé  : 
Rondeavlx  et  vers  d'amovr par  Jehan  Marioa, 
poète  nivernois  du  seizième  siècle ,  publiés  pour 
la  première  fois  par  Prosper  Blanchemain,  membre 
de  la  Société  des  bibliophiles  françois.  Paris, 
Léon  Willem,  1873,  in-i8  (100 exemplaires  numé- 
rotés). M.  Blanchemain  dit  dans  sa  préface  qu'il 
vit  chez  un  libraire  de  Paris  le  manuscrit  de  cet 
ouvrage  (très-petit  in-4°  de  102  feuillets),  qu'il 
l'acheta,  et  que,  trouvant  qu'il  en  valait  la  peine, 
il  le  publia  avec  une  introduction  et  des  notes. 

J'avais  l*honneur,  ajoute  M.  de  Soultrait,  de  faire  panie 
de  la  Société  des  bibliophiles  français,  dont  j'étais  même  l'un 
des  anciens;  mais  je  ne  connaissais  pas  M.  Blanchemain» 
qui  venait  d'être  admis  dans  ladite  Société,  et  qui  ignorait 
lui-même  mes  attaches  à  la  patrie  du  poète  qu'il  voulait  faire 
connaître  ;  il  ne  me  demanda  donc  pas  de  renseignements, 
et  ce  fut  seulement  quand  le  volume  fut  à  peu  près  entière- 
ment imprimé  que  mon  confrère  m^en  communiqua  les 
épreuves.  Je  fus  charmé  de  faire  connaissance  avec  ce  Marion, 
qui  venait  renforcer  le  parnasse  nivernais  assez  pauvre;  mais 
je  crus  devoir  répondre  à  M.  Blanchemain  que  je  ne  parta- 


—  1^5  — 

geais  nullement  soa  opinion  sur  la  personnalité  du  poète,  et 
je  lui  écrivis  une  assez  longue  lettre  pour  soutenir  mon  dire. 
M.  Blanchemain,  sans  me  prévenir,  me  fit  Thonneur  d^im- 
primer,  à  la  suite  de  son  petit  volume,  cette  lettre,  écrite  au 
courant  de  la  plume,  qui  n^était  pas  destinée  à  pareille  for-* 
tune,  et  qui  aurait  été  rédigée  autrement  si  j^avais  pu  prévoir 
qu'elle  accompagnerait  le  livre. 

Dans  sa  préface,  M.  Blanchemain  attribuait  les  Rondeaulx 
et  vers  d'amour  à  un  Jean  Marion,  d^une  branche  de  la 
famille  des  barons,  puis  comtes  de  Druy,  qui  fut  échevin  de 
Nevers  en  1579  et  i58o.  Dans  ma  lettre,  j*ai  combattu  cette 
attribution  et  j'ai  essayé  de  prouver  que  l'auteur  des  vers  en 
question  était  un  Jean  Marion,  d'une  branche  pauvre  de  sa 
famille,  fils  de  Pierre  Marion^  orfèvre  à  Nevers,  qui,  après 
une  vie  agitée,  alla  s'établir  en  Pologne. 

Quelle  que  soit  la  probabilité  de  mon  attribution,  j'ai  été 
bien  aise  de  faire  connaître  à  la  Société  nivernaise  cet  enfant 
trouvé  du  Parnasse,  qui  ne  lui  avait  pas  encore  été  présenté. 

Après  une  courte  discussion ,  la  Société  décide 
qu'une  modification  sera  apportée  au  règlement, 
relativement  à  rechange  des  jetons  de  bronze 
contre  un  jeton  d'argent.  A  partir  du  i**"  juillet,  il 
faudra  15  jetons  de  bronze  et  non  plus  10  pour 
obtenir  un  jeton  d'argent. 


SOUVENIR  DU  PÈLERINAGE 

DE  SAINTE-REINE  D'aUSE. 


Le  culte  de  la  glorieuse  vierge  d'Alise  (l'antique  Alesia, 
aujourd'hui  Alise-Sainte-Reine),  était  autrefois  célébré  dans 
toute  la  Bourgogne  et  en  Nivernais, 


—    120  — 

La  vieille  église  des  Jacobins  de  Nevers,  dont  une  seule 
chapelle  subsiste  aujourd'hui  dans  rétablissement  des  frères 
des  écoles  chrétiennes,  avait  sa  chapelle  de  Sainte- Reine. 

Le  25  avril  1695,  Guillaume  Gautherin,  faïencier, 
demandait,  sur  son  testament,  à  être  inhumé  en  Téglise  des 
révérends  Pères  Jacobins ,  ou  devant  la  chapelle  de  Sainte- 
Reine,  oti  il  veut  que  ses  funérailles  soient  faites  (i). 

Les  chapelles  de  l'hôpital  de  Château-Chinon,  du  château 
de  Bizy,  en  la  paroisse  de  Parigny4es- Vaux ,  de  Villiers ,  en 
la  paroisse  de  Ménestreau,  sont  sous  le  vocable  de  sainte 
Reine  ;  dans  cette  dernière  paroisse ,  une  source  abondante 
est  également  dédiée  à  cette  sainte. 


L 


Aussi  bien  de  nos  jours  encore  comme  dans  le  siècle 
dernier,  de  nombreux  pèlerins  se  rendent  en  pèlerinage  à 
la  chapelle  élevée  sur  le  lieu  du  martyre  de  sainte  Reine, 
pour  vénérer  ses  précieuses  reliques,  surtout  durant  l'octave 
de  sa  fête  du  7  au  14  septembre  (2). 

Or,  il  est  à  noter  que  les  pèlerinages,  autrefois  si  popu- 
laires, avaient  d'ailleurs  leurs  règlements  sagement  établis 
par  TEglise  et  auxquels  les  pèlerins  devaient  se  conformer. 

Un  ouvrage  fort  bien  fait  et  qui  eut  au  dix-septième 
siècle  une  très-grande  vogue  :  Le  Parfait  ecclésiastique,, .^ 
imprimé  à  Paris,  chez  Pierre  de  Bresche,  en  1665,  contient 
notamment  deux  chapitres  des  plus  instructifs  au  point  de 
vue  historique:  i°  sur  les  pèlerinages  et  lieux  de  dévotion  et 
comme  il  faut  s'y  comporter;  2^  sur  les  intentions  et  la 
manière  de  faire  saintement  les  pèlerinages. 

Si  c'est  un  grand  pèlerinage  que  Ton  veut  faire ,  il  faut 
demander  à  son  pasteur  la  bénédiction  ecclésiastique  propre 

(i)  Archives  départementales  de  la  Nièvre.  Titres  de  fiamilles. 
(2)  Dans   le  Morvand  un  très-grand  nombre  de  personnes  portent 
le  nom  de  sainte  Reine. 


—   127  — 

pour  les  pèlerins ,  laquelle  est  dans  les  rituels ,  tant  pour  la 
sortie  que  pour  le  retour  en  action  de  grâce. 

Ce  serait  une  chose  très-louable  de  n'entreprendre  aucun 
pèlerinage  sans  en  avoir  pris  Tavis  de  s|on  curé  et  de  son 
confesseur,  afin  quUls  instruisent  à  le  faire  utilement... 

Pour  plus  de  sûreté ,  dans  certains  diocèses  >  le  curé 
donnait  à  son  paroissien  se  rendant  en  pèlerinage  un 
certificat  de  bonnes  vie  et  mœurs,  afin  qu^en  cas  d'accident 
il  pût  recevoir  les  sacrements  de  l'Eglise. 

Une  de  ces  pièces  émanant  du  curé  d'une  paroisse  du 
diocèse  aauel  de  Nevers ,  et  se  rapportant  à  un  pèlerin  de 
Sainte-Reine,  nous  a  été  obligeamment  communiquée  par 
M.  le  chanoine  Greuzard ,  ancien  curé  de  la  paroisse  dont  il 
s^agit  (i).  Il  nous  a  paru  intéressant  de  le  copier;  en  voici  la 
teneur  : 

c  Nous,  soussigné,  curé  de  Couloutre,  diocèze  d'Auxerre, 
certifions  à  quiconque  appartiendra  que  le  nommé  Philippe 
Sainieon,  habitant  de  laditte  paroisse  et  fabricien  de  mon 
église,  est  un  homme  d'honneur,  et  de  probité,  et  de  mœurs 
très -chrétiennes,  qui  s^est  toujours  acquité  de  tous  les 
devoirs  de  la  religion  avec  une  fidélité  et  une  exactitude  la 
plus  édifiante,  et  comme  il  a  prit  le  party  de  se  transporter  à 
Sainte-Reine,  pour  implorer  la  protection  de  cette  sainte 
auprez  de  Dieu  pour  obtenir  le  rétablissement  de  sa  santé , 
si  Dieu  la  juge  nécessaire  pour  sa  gloire  et  pour  son  salut, 
il  nous  a  requis  de  lui  délivrer  le  présent  certificat  pour  lui 
être  pourveu  aux  besoins  spirituels  de  son  âme,  et  à  la 
réception  même  des  sacremens  des  fidèles ,  au  cas  quMl  se 
trouva  en  danger  de  mort  dans  son  voyage.  Ainsi  nous 
supplions  instamment    MM.   les  Curés  oQ   il  pouroit  se 

(i]  Ce  certificat  est  écrit  tout  entier  de  la  main  du  vénérable  curé, 
sur  une  feuille  de  papier  marqué  au  timbre  de  la  généralité  de 
Bourges  et  cette  i  sol  8  deniers. 

Le  timbre  représente  trois  fleurs  de  lys  sur  une  seule  ligne  hori- 
zontale ,  entre  quatre  palmes  très-gracieusement  disposées» 


—    128  — 


trouver  malade ,  dm  en  danger,  de  irouloir  bien  le  secourir 
et  de  lui  administrer  les  sacremens,  si  ils  le  jugent  néces- 
saire. Délivré  en  notre  maison  curiale  ce  deuxième  septembre 
mil  sept  cent  cinquante  et  un.  ^  Frémy  de  La  Colombière, 
curé  dudit  Couloutre.  » 


II. 


Les  pèlerins  d'autrefois,  pas  plus  que  ceux  de  nos  jours, 
n^oubliaieDt  de  rapporter  de  leur  pieux  voyage  quelque 
médaille  commémorative.  Ces  anciennes  médailles  de  pèle- 
rinage forment  Pappoint  le  plus  intéressant  des  collections 
de  numismatique  religieuse.  On  les  retrouve  surtout  dans 
les  sépultures  des  vieux  cimetières ,  oh  elles  attestent  la  piété 
des  défunts  qui  n'avaient  pas  voulu  que  la  mort  même  pût 
les  séparer  de  leur  précieux  souvenir. 

Nous  avons  recueilli,  grâce  à  l'aimable  générosité  d'un  de 
nos  collègues,  M.  le  baron  d'Espiard,  un  certain  nombre  de 
types  divers  de  médailles  de  sainte  Reine,  toutes  trouvées 
dans  les  anciens  cimetières  d^Autun. 

Ces  médailles  représentent  habituellement  la  sainte  debout, 
la  tête  couronnée  du  diadème  royal  et  nimbée,  d'une  main 
tenant  la  palme  du  martyre,  de  l'autre  un  glaive  dont  la 
pointe  repose  sur  le  soi. 

Quelquefois  la  sainte  est  à  genoux,  et  derrière  elle  le 
bourreau  debout ,  le  glaive  levé ,  s'apprête  à  lui  trancher  la 
tête. 

La  légende,  quand  elle  n'est  pas  supprimée,  est  toujours, 
Saincte  Reine. 

Le  revers  de  ces  médailles  offre  invariablement  trois 
grandes  croix  debout  plantées  dans  le  sol  et  surmontées  d'une 
touffe  de  feuillages  sortant  du  sommet  de  chaque  croix. 
Assez  souvent  chaque  touffe  se  partage  en  trois  branches  bien 
distinctes. 

Au  pied  de  la  croix  du  milieu  se  tiennent  agenouillés 
deux  petits  personnages  ayant  les  mains  jointes. 


—  119  — 

Quelle  est  l'explication  de  cette  décoration  tout  à  la  fois 
originale  et  gracieuse  ? 
Voici  ce  que  rapporte  la  légende  de  sainte  Reine  : 

Comme  la  jeune  vierge,  poursuivie  par  les  émissaires  du 
préfet  des  Gaules  Olibrius,  épris  de  sa  beauté  et  qui  la  voulait 
pour  épouse,  s^était  enfuie  à  la  faveur  des  arbustes  dont  était 
couverte  cette  partie  de  la  campagne  située  au  pied  d^ Alise , 
elle  réussit  à  se  cacher  dans  un  épais  bouquet  d'ormeaux. 

Mais ,  bientôt  découverte,  elle  répond  au  proconsul  qu^elle 
adore  la  divine  Trinité  et  qu^elle  a  choisi  Jésus-Christ  pour 
époux. 

Or,  ce  lieu  s^appelle  encore  aujourd'hui  les  TroiS" 
Ormeaux  (i).  Les  ormeaux  cependant,  depuis  longtemps 
disparus,  ont  été  remplacés  par  trois  tilleuls  et  par  trois  croix, 
et  les  pèlerins  de  Sainte-Reine  ne  manquent  pas  d^aller  faire 
une  station  aux  Trois^Ormeaux,  où  ils  récitent  une  prière 
qui  commence  par  ces  mots  :  c  Cest  ici,  vierge  victime,  que 
vous  avez  confessé  la  divine  Trinité.  > 

Nous  avons  donc  l'explication  du  gracieux  symbolisme  des 
médailles  de  sainte  Reine  :  les  trois  croix,  les  trois  ormeaux, 
les  trois  branches  de  chaque  ormeau  rappellent  le  mystère  de 
de  la  Trinité  si  glorieusement  confessé  par  la  généreuse 
martyre. 

En  terminant,  rappelons,  à  titre  de  souvenir,  que  notre 
glorieux  évéque  saint  Arigle  était,  d'après  Fortunat,  origi- 
naire d'Alise  ou  Mont-Auxois,  aujourd'hui  Sainte-Reine. 

Décembre  1886. 

F.  BOUTILLIER. 


(i)  Manuel  de  la  confrérie  de  Sainte-Reine  canoniquement  érigée 
dans  réglise  paroissiale  de  Flavigny,  par  Pabbé  L.  Nortet,  curé-doyen. 
—  Dijon,  1874. 


T.  m,  3*  série.  17 


—  i3o  — 

SEANCE  DU  27  JANVIER  1887. 

Présidence  de  M.  Roubbt. 

Etaîeilt  présents  :  MM.  Roubet,  président  hono^ 
raine;  Boutillier,  vice-président;  Ernest  de  Toy tôt, 
secrétaire;  Canat,  conservateur  du  musée;  le 
docteur  Subert,  Tabbé  Soyer,  de  Villenaut, 
Langellé,  Gadoin,  de  Maumigny,  le  docteur 
Robert  Saint-Cyr,  de  Barrau,  de  Flamare,  de 
Pierredon,  Duminy,  Tabbé  Foucher,  Teste, 
Griveau. 

Lecture  est  donnée  (}e  la  note  de  M.  Bricheteau, 
trésorier,  sur  la  situation  financière  de  la  Société. 
Il  restait  en  caisse  au  31  décembre  1886  un  excé- 
dent de  1,208  fr.  52  c. 

M.  le  docteur  Subert  communique  à  la  Société 
l'analyse  d'un  ouvrage  intitulé  :  Recueil  manuscrit 
de  plusieurs  remèdes ,  très-eœpérimentés  par  des 
personnes  charitables  et  zélées  du  soulagement 
des  pauvres  malades^  1755.  M.  le  docteur  Subert 
est  invité  à  recueillir  les  notes  qui  lui  paraîtront 
plus  intéressantes  et  à  relever  les  noms  propres  se 
rattachant  au  pays ,  qui  abondent  dans  le  manus- 
crit. 

MM.  de  Rosemont  et  de  Flamare  présentent 
comme  membre  M.  Octave  de  Mulot  de  Villenaut. 
Il  est  procédé  au  vote.  M.  de  Villenaut  est  admis 
à  l'unanimité  des  voix. 

M.  de  Rosemont  appelle  l'attention  de  la 
Société   sur  plusieurs  débris  de   sculptures   re- 


—  i3i  — 

cueillis  dans  remplacement  de  Tabbaye  de  Saint- 
Martin  de  Nevers,  et  signale  en  particulier  la 
première  pierre  du  logis  abbatial ,  portant  la  date 
de  1632.  Les  autres  fragments  exposés  sur  le 
bureau  par  M.  de  Roseraont  paraissent  appartenir 
aux  neuvième  et  douzième  siècles  et  corres- 
pondre aux  périodes  de  fondation  et  de  restau- 
ration de  l'abbaye.  Ces  curieux  débris  sont  oflferts 
au  musée.  M.  de  Rosemont  fait  connaître  une 
note  relative  à  Nicolas  Briot,  monnayeur  au  dix- 
septième  siècle. 

M.  Roubet  lit  une  très-courte  note  intitulée 
Saint-Gildard  et  Saint-Gildas  y  qui  sera  insérée 
au  Bulletin. 

M.  Tabbé  Boutillier  donne  lecture  du  document 
original  dont  il  a  été  parlé  à  la  dernière  séance,  et 
qui  fait  maintenant  partie  des  collections  niver- 
naises  si  importantes  de  M.  de  Soultrait. 

Mémoire  du  nombre  de  lafayance  que  le  sieur  Mago  a  pris 
à  Nevers  pour  M.  de  La  Rochajrmon,  qui  est  très- 
conforme  à  Voriginal, 

Deux  plats  potager  de  douze  poulces  chacun .     .  3  1. 

Plus  deux  plats  de  quinze  poulces  chacun,    •     .  4 

Plus  un  grand  oval  octogonne 3 

Huits   plats  d^entrée  à  ragoût  de  dix  poulces 

chacun 5  1.    4  s. 

Deux  plats  pour  le  rôti 4 

Huit  plats  d'onze  poulces  chacun 6 

Six  douzaines  d^assiettes  plattes 60 

Deux  douzaines  d'assiettes  creuses 20 


—    l32  — 

Six  saladiers  de  moyenne  grandeur^  deux  en 

octogonne  et  quatre  en  ovale  avec  écussons.    •  7 1.  lo  s. 

Huit  compotiers 7 

Deux  sucriers  sans  écussons i      10 

Deux  poiurières  avec  les  couuers  sans  écussons  .  i      10 

Deux  succriers  ains  sans  écussons 24 

Deux  grands  bassins  de  uint  un  poulces  chacun.  18 
Un  bassin  ouale   en   octogonne  de  la  même 

grandeur 9 

Deux  éguières  à  la  mode  canelées 4 

Deux  cuuettes  en  ouale  octogonne  canelées.  .  .  8 
Deux  iattes  de  toilettes  auec  leurs  pots«  ...  6  10 
Douze  porceleines  faittes  en  compotiers  à  confi- 
tures rondes  canelées  sans  écussons  ....  7 
Deux  casseroles  à  souffrir  le  feux  sans  écussons .  2 
Quatre  seaux  à  rafraîchir  le  uin  rons  canelés.  .  5 
Deux  cuilliers  à  potage  sans  écussons  ....  2 
Huit  tasses  à  caffé  auec  sous  couppe  sans  cussons  4 
Deux  caffetières ,  Tune  de  douze  prises  et  l'autre 

de  six  sans  écussons .  i 

Deux  huilliers  avec  leurs  cuuettes 2     10 

Plus  cabarez  des  plus  à    la   mode  auec  une 

bouatte  à  sucre 4     10 

Plus  un  écritoire  garny  gratis i 

Deux  bouteilles  de  huit  pintes  chacunne ,  paintes 

tout  tes  les  deux 410 

Quatre  flacons,  deux  de  deux  pintes  chacun  et 

les  autres  de        pinte  chacun.  , 6 

Sur  lesquelles  espèces  il  serat  payé  cent  sinquante-quatre 
écussons  aux  armes  dudit  seigneur  de  La  Rochaymon  et  de 
madame  son  épouse,  les  armes  de  monsieur  est  un  lyon  d'or 
rempant  à  champ  de  sable  parsemé  d'étoile  d'or  sans  nombre, 
et  celles  de  madame  est  une  tour  d'argent  crénelée  de  trois 
pièces  de  même  en  champ  d^azur  parsemée  de  fleurs  de  lys 
d^or  sans  nombre,   lesdits  deux    cussons    auec    un    beau 


I 


—  i33  — 

cartouche  et  une  couronne  de  marquis^  pour  lesquels  cussons 
on  est  conuenu  pour  la  somme  de  vint  Hures  seize  sols* 
Laquelle  accumulée  auec  celle  de  deux  cent  dix  liures  qua- 
torze sols.  Soient  encore  trante-six  liures  pour  la  uoiturc. 
Sur  tout  cela  on  a  reçu  cent  liures  par  monsieur  de  La 
Rochaymon  à-compte. 
267  L  10  s.  Ressu  100  liures. 

Ce  document,  ajoute  M.  de  Soultrait,  est  inté- 
ressant en  ce  qu'il  donne  la  composition  et  le  prix 
d'un  service  de  table  complet  pour  une  grande 
maison ,  car  le  marquis  de  La  Roche-A3anon  était 
un  seigneur  d'importance.  Il  est  à  regretter  que  le 
nom  du  faïencier  qui  a  fourni  ce  service  ne  soit  pas 
mentionné;  quant  à  la  date  du  document,  elle 
peut  être  fixée  approximativement  à  l'aide  de  la 
description  des  armoiries  qui  décoraient  les  pièces. 
J'ai  cherché  dans  les  généalogies  de  la  famille  de 
La  Rocbe-Aymon,  et  je  n'ai  trouvé  qu'une  seule 
des  alliances  de  cette  famille  ayant  porté  dans  son 
blason  une  tour  et  des  fleurs  de  lys  :  c'est  celle  des 
d'Alègre ,  famille  de  haute  noblesse  de  l'Auvergne 
et  du  Bourbonnais ,  qui  portait ,  il  est  vrai ,  la  tour 
d'argent  et  les  fleurs  de  lys  d'or  sur  fond  de 
gueules,  tandis  que  l'indication  du  fond  des 
armoiries  donnée  par  le  document  est  d'azur^  mais 
on  peut  bien  admettre  cette  erreur  héraldique 
chez  l'individu  qui  avait  commandé  la  fourniture. 
Annet  de  La  Roche-Aymon,  chevalier,  marquis 
de  Saint- Maixent ,  avait  épousé  en  1630  Anne 
d'Alègre,  qui  mourut  en  1663.  C'est  donc  bien 
évidemment  de  1630  à  1663  que  le  service  fut 


—  i34  — 

établi,  et  y  d'après  la  composition  et  la  forme 
indiquée  de  certaines  pièces  de  ce  service,  je 
serais  porté  à  lui  assigner  la  date  approximative  de 
1645  à  1650.  Il  serait  à  désirer  que  Ton  pût 
retrouver  quelque  pièce  de  ce  service. 

M.  de  Rosemont  demande,  en  terminant  la 
séance,  à  faire  connaître  la  lettre  et  le  programme 
du  prochain  Congrès  scientifique  international 
des  catholiques  y  et  il  propose  à  la  Société  de 
voler  une  souscription  de  10  fr.,  afin  de  pouvoir 
conserver  dans  ses  archives  le  Bulletin  et  le 
compte-rendu  des  travaux.  La  Société  vote  la 
souscription  et  nomme  comme  délégués  au  congrès 
MM.  Arthur  de  Rosemont  et  Tabbé  Foucher, 
aumônier  du  lycée. 


SAINT-GILDARD.  —  SAINT-GILDAS. 


Nous  n'hésitons  point,  avec  Née  de  La  Rochelle,  à 
confondre  en  une  même  identité  le  nom  de  Gildard  avec 
celui  de  Gildas. 

Aucun  de  nous ,  sans  doute ,  n^ignore  que  sous  les  murs 
de  Nevers,  ou,  comme  on  disait  alors,  lès-Nevers,  il  a  existé 
un  antique  prieuré-cure  dit  de  Saint-Gildard  qui  a  disparu» 
mais  dont  le  vocable  est  destiné  à  une  longue  perpétuité 
d^années  nonobstant  les  changements  et  les  effacements  que 
nous  voyons  chaque  Jour. 

Il  n^est  pas  hors  de  propos  de  faire  connaître  qu'en 
Bretagne,  dans  un  lieu  nommé  Ruys,  il  a  existé  un 
monastère  fondé  au  quatrième  siècle  par  on  moine  du  nom 


-  i35  — 

de  Gîldas  qui ,  pendant  sa  vie ,  fut  surnommé  le  Sage ,  et 
mérita  après  sa  mort  d'être  honoré  comme  saint. 

Peut-être  serait-il  permis  d'induire  plus  ou  moins  indi- 
rectement une  corrélation  entre  le  monastère  armoricain  et 
le  prieuré  nivernais.  Bien  entendu,  nous  ne  faisons  qu^cn 
proposer  la  fugitive  possibilité. 

Dans  son  histoire  des  Congrégations  religieuses  (femmes) 
Mx'  Crosnier,  avec  le  talent  qui  lui  était  si  familier,  après 
avoir  fait  une  excellente  description  archéologique  le  l'an- 
cienne église  de  Saint-Gildard  ,  ajoutait  :  c  Avant  d'obtenir 
le  titre  de  prieuré-cure,  il  est  probable  que  tout  d  abord 
Saint-Gildard  n'était  qu'un  simple  prieuré  qui,  au  douzième 
siècle ,  fut  cédé  à  l'abbaye  de  Saint- Laurent.  Cest  à  cette 
époque  que,  par  suite  de  la  donation  de  Douzion  •  abbé  de 
Saint-Laurent,  la  reconstruction  de  l'édifice  a  été  effectuée 
(iioo-ii3o).  » 

L'historien  ajoutait  encore  :  Quelle  était  la  construction 
antérieure  à  cette  réédijication  ?  On  en  chercherait  en  vain 
les  dates. 

Aujourd'hui  nous  osons  hasarder  une  supposition  basée 
sur  des  faits  d^histoire  étrangère  à  la  localité  qui  n'ont  pas 
encore  été  signalés  par  nos  chroniqueurs  nivernais. 

En  voici  l'analyse  succincte  : 

L^abbaye  »  fondée  au  quatrième  siècle  par  saint  Gildas , 
était  devenue  prospère;  elle  dut  naturellement  exciter  la 
convoitise  des  envahisseurs  victorieux.  En  920,  les  Nor- 
mands s^en  emparèrent.  Les  moines  se  dispersèrent  en 
emportant  avec  eux  leurs  richesses  et  surtout  les  reliques  de 
leursaiot  patron. 

Ils  se  répandirent  dans  l'Anjou ,  dans  la  Touraine  et  dans 
le  Berry,  oti  ils  créèrent  quelques  prieurés  simples  plus  ou 
moins  temporaires,  car  nous  savons  qu'en  1022  saint  Félix 
put  reconstruire  le  monastère  de  Ruys  et  y  rappeler  les 
reliques  qui  avaient  été  emportées  et  conservées  dans  le  Berry. 

Ne  conviendrait-il  pas  de  faire  remonter  la  création  du 
prieuré  de  Saint^Oildard  nivernais  à  l'époque  précise  de  la 


—  i36  — 

dispersion  des  religieux  de  Ruys  ?  Le  Berry  n'est  point  loin 
du  Nivernais. 

En  terminant,  à  titre  de  curiosité,  nous  dirons  qu'Abélard 
devint  abbé  de  Ruis ,  mais  il  n^était  point  fait  pour  diriger 
les  moines  indomptables  de  la  Basse  -  Bretagne ,  pourvus 
d^orgueil  et  dMne  violente  ténacité  ;  voici  CjC  qu'il  écrivait  à 
Héloi:>e  : 

c  J  ^habite  un  pays  barbare  dont  la  langue  m*est  inconnue 
et  en  horreur;  je  n'ai  de  commerce  qu'avec  des  peuples 
féroces  ;  mes  promenades  sont  les  bords  inaccessibles  d'une 
mer  agitée  ;  mes  moinesjn'ont  d'autre  règle  que  de  n'en  pas 
avoir. 

»  Je  voudrais  que  vous  vissiez  ma  maison ,  vous  ne  la 
prendriez  jamais  pour  une  abbaye  ;  les  portes  ne  sont  ornées 
que  de  pieds  de  biches^  de  loups,  d'ours^  de  sangliers ,  des 
dépouilles  hideuses  de  hiboux.  J'éprouve  chaque  jour  de 
nouveaux  périls  ;  je  crois  voir  à  tout  moment  sur  ma  tête  un 
glaive  suspendu,  i» 

Effectivement  Abélard  fut  obligé  de  s'enfuir  pour  échapper 
à  la  mort. 

Nous  supposons  que  le  prieuré  de  Saint-Gildard-les- 
Nevers  n'offrit  jamais  des  cas  identiques  à  ceux  qui  se 
produisaient  en  l'abbaye  de  Ruis  ;  les  bords  de  notre  Loire 
différaient  des  bords  de  TOcéan. 

L.  ROUBET. 


SÉANCE    DU    24    FÉVRIER    1887. 

Présidence  de  M.  le  comte  de  Soultrait,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  le  comte  de  Soultrait, 
président;  Roubet,  président  honoraire;  l'abbé 
Boutillier,  vice-^président  ;  Canat,  conservateur 


—  i37  — 

du  musée;  E.  de  Toytot,  secrétaire;  Duminy, 
archiviste  ;  Tabbé  Soyer,  Adolphe  de  Villenaut , 
le  vicomte  de  Maumigny.  L.  Tiersonnier,  Che- 
minade,  Langellé,  Dècray,  de  Pierredon,  de 
Flamare,  Tabbé  Pot,  de  Villefosse,  Col. 

M.  le  Président  fait  part  de  la  lettre  de 
M.  Jullien  qui  offre  à  titre  gratuit  à  la  Société  son 
ouvrage  :  La  Nièore  à  travers  le  passé.  La 
Société  adresse  à  M.  Jullien  l'expression  de  ses 
remercîments. 

M.  le  comte  de  Soultrait  donne  lecture  d'une 
lettre  -  circulaire  du  ministre  de  Tinstruction 
publique ,  relativement  aux  sociétés  des  beaux-arts 
et  aux  mémoires  à  lire  en  séance  publique  à  la 
réunion  générale  des  sociétés  de  beaux-arts  des 
départements. 

Une  autre  circulaire  du  même  ministère  traite  des 
mémoires  relatifs  à  Télude  de  la  France  de  1789  et 
indique  le  plan  général  qui  pourrait  être  suivi ,  par 
généralité  ou  fraction  de  généralité  ;  pour  donner 
une  certaine  unité  et  une  idée  d'ensemble  à  ces 
travaux,  il  est  joint  à  cette  circulaire  un  pro- 
gramme des  diverses  questions  qu'il  serait  inté- 
ressant de  traiter. 

M.  de  Rosemont  et  M.  l'abbé  Boutillier  pré- 
sentent pour  faire  partie  de  la  Société  M.  de 
Saulieu ,  à  Lurcy-le-Bourg. 

M.  de  Villenaut  et  M.  de  Flamare  présentent 
M.  de  La  Chesnaye,  à  Pouilly. 

M.  le  comte  de  Soultrait  et  M.  Roubet  pré- 
sentent M,  Guillerand,  de  Mornay. 

T.  III,  3*  série.  18 


-^  i38  — 

La  Société  vote  à  runanimité  Tadmission  de 
MM.  de  Saulieu,  de  La  Chesnaye  et  Guillerand. 

M.  Tabbé  Boutillier  demande  la  parole  pour 
rendre  hommage  à  la  mémoire  de  deux  de  nos 
collègues  décédés  récemment  :  M.  Tabbé  Bonoron, 
vicaire  de  Saint-Etienne  de  Nevers^  et  M.  Tabbé 
Michel  Crosnier,  curé  de  Saint-Louis  de  Four- 
chambault. 

Le  premier,  reçu  il  y  a  deux  ans  seulement, 
dans  la  séance  de  février  1885,  n'avait  pu  trouver 
rheure  encore  de  se  livrer  à  des  études  pour 
lesquelles  il  ressentait  un  véritable  attrait. 

Le  second,  membre  de  la  Société  depuis  1872, 
quittait  volontiers  son  importante  paroisse  de 
Fourchambault  pour  assister  à  nos  réunions,  qui  lui 
rappelaient  la  mémoire  de  son  vénéré  frère,  notre 
premier  président,  Mgr  Crosnier. 

Ses  goûts  pour  les  voyages  non  moins  que  sa 
piété  l'avaient  entraîné  jusqu'à  Jérusalem,  et  il 
publia  à  son  retour,  en  1876,  d'abord  un  volume, 
sous  ce  titre  :  Deux  mois  en  Palestine.  Journal 
d'un  pèlerin  de  Terre-Sainte  ;  puis  un  opuscule 
qui  mérite  d'être  remarqué  :  Souvenirs  de  Terre- 
Sainte.  Description  des  Lieux-Saints  en  vers. 

Ces  deux  ouvrages  sont  dans  la  bibliothèque  de 
la  Société ,  à  laquelle  Tauteur  en  avait  fait  pré- 
sent. 

M.  Tabbé  Boutillier  annonce  ensuite  qu'il  a  pu 
réunir  une  suite  de  documents  assez  nombreux 
pour  donner  bientôt  au  Bulletin  le  travail  sur  le 
Trésor  de  la  cathédrale  de  Nevers^  annoncé 


dans  la  séance  de  janvier  1886.  Cependant,  il  a  cru 
devoir  encore  s'adresser  à  M.  Léopold  Delisle, 
qui  connaît  si  bien  toutes  les  richesses  de  nos 
anciennes  cathédrales,  aujourd'hui  conservées  à  la 
Bibliothèque  nationale.  Et,  en  eflFet,  Téminent 
directeur  s'est  empressé  de  lui  signaler  un  troisième 
sacramentaire  de  la  cathédrale  de  Nevers,  du 
douzième  siècle,  ayant  pour  titre  :  Antiquum 
collectarium  signât am  per  I ,  et  de  lui  en  donner 
l'analyse  sommaire. 

Les  membres  présents  prient  M.  l'abbé  Boutillier 
de  hâter  cette  publication,  et  ils  votent,  sur  la 
proposition  de  M.  Héron  de  Villefosse,  un 
tirage  à  part  à  200  exemplaires,  dans  le  format 
de  la  Monographie  de  la  Cathédrale^  de 
Mgr  Crosnier. 

M.  Koubet  continue  la  lecture  de  son  travail 
sur  les  Chroniques  judiciaires  de  Saint-Pierre- 
le-Moûtier. 

M.  le  Président,  en  terminant  la  séance  ^  nous 
donne  la  bonne  nouvelle  que  l'affaire  dont  il  avait 
été  chargé ,  relativement  à  la  reconnaissance  de 
notre  Société  comme  établissement  d'utilité  pu- 
blique est  en  bonne  voie. 

Snr  la  demande  de  M.  l'Archiviste,  qui  annonce 
qu'il  n'existe  plus  de  jetons  de  présence  ni  de 
bronze,  ni  d'argent,  la  Société  décide  qu'il  y  a  lieu 
de  commander  à  la  Monnaie  des  jetons  de  bronze 
et  d'argent.  Le  secrétaire  est  chargé  de  régler 
cette  affaire,  ainsi  qu'il  l'a  fait  précédemment  avec 
M,  le  Directenr  de  la  Monnaie.  Il  s'entendra  avec 


—  140  — 

M.   TArchiviste  sur   la  quantité  de  jetons  qui! 
convient  de  commander. 

La  commande  est  fiée  à  50  jetons  d'argent  et 
300  jetons  de  bronze. 


SÉANCE  DU  31  MARS  1887. 

Présidence    de   M.    le  comte  de   Soultrait,   président. 

Etaient  présents  :  MM.  le  comte  de  Soultrait, 
président  ;  Tabbé  Boutillier ,  mce  -  président  ; 
Canat,  conservateur  du  musée  ;  E.  de  Toytot, 
secrétaire;  Duminy,  archiviste;  Adolphe  de 
Villenaut,  de  Villefosse,  Tabbé  Soyer^  Tabbé 
Foucher,  Ad.  de  Rosemont,  de  Flamare,  Octave 
de  Villenaut,  de  Pierredon,  Col,  de  Charrant. 

M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  un  volume 
offert  en  hommage  à  la  Société  par  Fauteur,  M.  le 
comte  L.  Lafond ,  et  intitulé  :  U Ecosse  jadis  et 
aujourd'hui.  Des  remercîments  sont  votés  à 
Fauteur. 

M.  le  Président  donne  lecture  de  circulaires 
ministérielles  relativement  à  Fépoque  de  la  réunion 
des  sociétés  des  beaux-arts  des  départements  et 
des  sociétés  savantes  des  provinces. 

L'époque  de  ces  réunions  est  fixée  à  la  semaine 
de  la  Pentecôte  au  lieu  de  la  semaine  de  Pâques. 

La  lettre  du  ministre  donne  le  programme  du 
congrès  des  sociétés  savantes  à  la  Sorbonne. 


. —  141  — 

Mention  est  faite  d'un  prospectus  adressé  à  la 
Société  :  Revue  des  patois  gallo-romains. 

M.  Jules  Och,  membre  correspondant  de  la 
Société  havraise  d'études  diverses  et  de  la  Société 
de  géographie  commerciale  du  Havre,  ayant 
appris  par  la  lecture  de  nos  Bulletins  que  nous 
n'avions  pas  les  explications  données  par  M.  de 
Belloguet  sur  l'inscription  ande  camulos,  en  a 
envoyé  une  copie  à  M.  l'abbé  Boutillier.  L'inser- 
tion de  ce  document  au  Bulletin  est  votée,  avec 
remercîments  à  notre  obligeant  correspondant. 

Extrait  du  glossaire  gaulois  de  Roget  de  Belloguet , 

tome  /•',  page  2j2. 

ANDE 

CAMV 

LOS   TOVTI 

SSICNOS 

lEVRV. 

Inscription  connue  depuis  plusieurs  siècles  à  Nevers.  Elle 
commence  par  deux  nominatifs  singuliers  en  os  dont  le 
second,  suivi  de  ieuru  seul,  repousse  la  signification  de  fils, 
que  Tun  de  nos  plus  habiles  épigraphistes  voulait,  dans  le 
principe,  attribuer  à  ce  mot  ;  mais  il  n'en  est  plus  question 
aujourd'hui  que  cette  signification  a  été  positivement 
reconnue  dans  la  finale  cnos  de  Fow//wicnoj,  soit  qu'on  la 
sépare  avec  M.  Pictet  des  syllabes  précédentes,  soit  qu'on  n'y 
voie  qu'une  désinence  patronymique,  comme  dans  les  noms 
gaulois  de  Cintugenus  Camulogenus,  Camulognata,  etc. 

Dans  le  premier  cas,  Foutissi  devient  un  génitif  en  /, 
comme  nous  en  reconnaîtrons  tout  à  l'heure  deux  autres. 
Dans  le  second ,  qui  me  paraît  plus  vraisemblable,  Foutis* 


—   r42  — 

^ic/zo^,  reste  ce  que  nous  avoQs  présumé,  un  nom  patrony- 
mique  composé  de  la  même  manière  q\x  Oppianicnos  et 
Frouticnos  que  nous  rencontrerons  dans  la  suite.  Foutissos 
est  effectivement  un  nom  tout  gaulois;  celui  d'^Andecamulos 
ne  Test  pas  moins  dans  les  deux  parties  qui  le  composent;  il 
rappelle  d'abord  les  Andecamulenses  d'une  inscription 
trouvée  à  Rançon,  dans  le  Limousin,  et  qui  nous  a  seule 
révélé  l'existence  d'une  ville  d'Andecaniulum  ;  elle  était  sans 
doute  sous  le  patronage  spécial  de  Camiilus^  le  Mars  gallo- 
romain  ,  que  nous  ont  fait  connaître  plusieurs  monuments 
épigraphiques,  et  dont  le  nom  diversement  varié  se  montre 
souvent  parmi  ceux  que  portaient  les  Gaulois  de  Tépoque 
impériale. 

Reste  cet  ieuru  si  souvent  répété  dans  nos  inscriptions  et 
que  nous  avions  reconnu  de  prime  abord  pour  la  troisième 
personne  singulier  d'un  prétérit,  conformément  aux  flexions 
verbales  doroigu  robbu  que  Zeuss  a  relevées  dans  des  gloses 
irlandaises,  pages  439,  481  et  al.  Nous  lui  avions  donné  le 
sens  de  vouer,  consacrer  en  même  temps  que  Tabbé  Auber, 
de  Poitiers,  hésitait  entre  cette  signification  de  dedicavit 
et  celles  dQ  posuît  ou  dQ/ecit,  et  que  Becker,  en  Allemagne, 
arrivait  au  même  résultat  que  moi  dans  le  Rheinisches 
Muséum^  treizième  année,  pages  290  et  suivantes.  Telle 
était  encore  son  opinion  très-positive  en  1862  et  celle  de 
M.  Pictet  dans  son  premier  jEwa/,  où  il  dit  que  le  docteur 
Sicgfreid,  de  Dublin,  s'était,  de  son  côté,  prononcé  pour 
fecit  au  tome  I",  page  45 1 ,  des  Beitrage  de  Kuhn  et  de 
Schleicher.  Ce  ne  fut  toujours  pas  sans  tergiversations  ulté- 
rierieures,  d'après  une  citation  des  Irish  glosses  de  \V. 
Stokes,  1860,  page  73,  dans  laquelle  le  docteur  traduit  encore 
notre  prétérit  gaulois  par  dedicated.  Toutefois,  ces  deux 
maîtres  se  sont  définitivement  ralliés  au  sens  dt  fecit  dans 
Ces  mêmes  Irish  glosses ,  page  lôi,  et  M.  Pictct  s'est  rangé 
à  leur  opinion  dans  son  nouvel  Essai-Revue  archéologique^ 
mai  1867. 

Sur  quels  rapprochements  avons-nous,  de  part  et  d'auirç 


—  143  — 

appuyé  cette  double  interprétation  ?  Nous  avons  pour  notre 
compte  mis  entre  autres  en  avant  les  kymrique  jor  VEternel, 
Dieu-Seigneur  dans  J.  Davies  et  (l  =  si  souvent  r)  jol, 
implorer  Zeuss,  page  1099,  aujourd'hui  joli,  prier,  adorer, 
—  armoricain  jovli,  vouloir,  désirer,  —  enfin  irlandais 
Jarraim,  demander,  prier.  Erse  Jarr. 

M.  de  La  Villemarqué,  avec  sa  légèreté  ordinaire,  m'a  cité 
fort  inexactement  à  cette  occasion  pour  se  donner  le  plaisir 
de  me  prêter  une  grosse  sottise  et  de  changer  en  affirmations 
positives  de  simples  questions  que  je  soumettais  au  lecteur. 
Du  reste,  <  jarraim  >  a  été  seul  mais  vivement  discuté  par 
M.  Pictet  et  les  deux  savants  anglais  particulièrement  irlan- 
distes  comme  lui.  A  ce  terme  définitivement  mis  hors  de 
cause,  Siegfried  a  substitué  avec  bonheur  l'ancienne  racine 
irlandaise  iur  ou  ior,  dégagée  d'abord  des  composés /r/^amm 
iurat  (me  adficiunt)  et  fritamm  iorsa  {me  adficiet)  tirés 
des  gloses  recueillies  par  Zeuss ,  page  336,  puis  rencontrée 
seule  iurat  [factum  est)  dans  le  livre  d'Armagh,  célèbre 
manuscrit  irlandais  du  huitième  ou  neuvième  siècle.  Stokes 
et  après  lui  M.  Pictet  citent  d'autres  composés  avec  ce  radical 
ou  avec  une  deuxième  forme  équivalente  uar.  Le  philologue 
genevois  a  cherché  cette  fois  dans  le  kymrique  des  parents 
du  verbe  irlandais  et  il  y  a  trouvé  iorth,  actif,  indus- 
trieux, etc.  ;  il  est  remonté  ainsi  à  notre  ior,  Dieu,  Créateur  ; 
il  n'a  prêté  aucune  attention  ,  s'il  les  a  connus  aux  rappro- 
chements que  M.  de  La  Villemarqué  a  faits,  à  Tappuide 
Tii/rde  Siegtried,  avec  les  prétérits  des  verbes  irréguliers, 
qui  signifient  faire,  goru  et  gurel  en  kymrique  et  en 
comique,  Ober  en  armoricain,  et  dont  je  ne  citerai  que  le 
dernier  eure ,  il  a  fait  {eureu  dans  la  grammaire  bretonne  de 
G.  des  Rostrenen,  1738).  Je  le  cite  parce  que  M.  de  Jubain- 
ville  a  fortement  protesté  au  nom  de  l'ancien  g  initial  contre 
la  confusion  de  cet  eure  au  moyen-âge  gueure  ou  guerue 
avec  notre  ieuru;  j'observerai  seulement  qu'en  comique 
Téclipse  grammaticale  de  ce  ^,  qui  a  également  lieu  en 
kymrique,  ramène  bien  souvent  dans  les  temps  du  verbe 


-  144  - 

gurqy,  faire,  les  formes  n/ra,  n^re»  un-euch^  à  chacune 
desquelles  R.  Williams  a  consacré  dans  son  dictionnaire  un 
article  particulier. 

Il  est  donc  certain  ({n'ieuru  doit  signifier  fecit,  a  fait, 
mais  en  lui  laissant  dans  les  formules  religieuses  une  signi* 
fication  implicite  de  consécration ,  comme  dans  le  latin 
tumulaire  ou  votif,  exerit ,  votum,  solvit,  etc.  En  somme, 
la  brièveté  de  cette  inscription,  peut  être  incomplète,  et 
l'absence  de  tout  renseignement  sur  la  destination  que 
pouvait  avoir  reçue  la  pierre  où  elle  est  gravée  ne  nous 
permet  pas  d^y  lire  autre  chose  que:  Andecamulos,  fils  de 
Foutissos,  a  fait  ou  érigé 

A  ce  texte,  M.  Och  ajoute  quelques  remarques 
complémentaires  dont  nous  lui  laissons  la  respon- 
sabilité : 

On  trouve  le  mot  ievrv  avec  la  signification  de  fecit  : 

i^  Dans  une  inscription  gauloise  trouvée  à  Autun; 

2^  Dans  l'inscription  gauloise  de  Nevers  ; 

3*»  Dans  Tinscription  écrite  sur  le  manche  d'une  patère  en 
métal  trouvée  en  i853  dans  les  environs  de  Dijon  ; 

4®  Dans  l'inscription  découverte  à  Vaison  en  1840  et  qui 
appartient  au  musée  d'Avignon  (mais  sous  la  forme  grécisée 
de  Eiôpov)  ; 

5^  Dans  Tinscription  déterrée  en  iBBgdans  le  sol  même 
d'Alise  ; 

6^  Dans  Pinscription  trouvée  à  Volnay,  près  de  Beaune; 

7®  Dans  l'inscription  qui  se  trouve  sur  la  pierre  druidique, 
le  menhir  du  vieux  PozVfer^,  nom  que  porte  remplacement 
d'une  ancienne  ville  dans  la  commune  de  Cénon ,  près  Châ- 
tellerault  ; 

8°  Dans  l'inscription  découverte  il  y  a  environ  vingt  ans 
sur  un  bloc  de  granit,  près  de  la  gare  de  Marsac  (Creuse). 

Cnos  est  encore  interprété  aujourd'hui  avec  la  signification 


—  145  — 

de  c  fils  1  que  lui  a  donnée  Roget  de  Belloguel  ;  ainsi  dans 
rinscription  découverte  récemment  à  Saint-Cosmes,  près  de 
Nîmes,  M.  Guillemaud,  qui  Ta  trouvée  et  interprétée, 
n^iiésite  pas  un  seul  instant  à  traduire  le  mot  Adressicnos 
qui  s'y  trouve  par  fils  à* Adressas. 

Je  remarque  enfin  :  i»  que  le  second  T  de  la  troisième 
ligne  de  l'inscription  de  Nevers  reproduit  par  le  présidene 
Boubier  et  par  Roget  de  Belloguet  ne  se  trouve  pas  sur  le 
fac-similé  du  Bulletin  de  la  Société  nivernaise,  et  2®  que  le 
président  Boubier  met  un  V  à  la  place  de  la  première  lettre  S 
de  la  quatrième  ligne ,  ce  qui  constituait  déjà  pour  lui  une 
difficulté  d'interprétation. 

M.  le  comte  de  Soultrait  ajoute  ensuite  quelques 
explications  sur  cette  même  inscription.  Elle  avait 
été,  dit-il,  copiée  au  moment  même  de  sa 
découverte,  dans  un  manuscrit  fort  intéressant , 
appartenant  à  M.  Girerd  :  sur  les  feuilles  de  cet 
ouvrage,  sorte  de  barrême  à  Tusage  de  la  chambre 
des  comptes  de  Nevers,  le  greffier  avait  l'habitude 
d'inscrire  une  foule  de  détails  et  de  commentaires 
curieux  sur  diverses  choses. 

Quant  à  l'inscription,  qui  a  été  détruite  depuis» 
on  sait  qu'elle  existait  sur  une  pierre  au  bas  de  la 
rue  de  l'Oratoire. 

M.  le  comte  de  Soultrait  dépose  sur  le  bureau, 
pour  être  livré  à  l'impression ,  le  travail  de  M.  de 
Chastellux  sur  Vésigneux. 

M.  de  Flamare  donne  lecture  d'un  intéressant 
mémoire^  intitulé  :  Gaucher  de  Châtillon ,  baron 
de  Donzt/y  à  la  croisade;  ce  mémoire  sera  publié 
au  Bulletin.  \ 

M.  l'abbé  Boutillier  lit  un  rapport  sommaire 

T.  m,  3*  série.  19 


—  146  — 

sur  un  ancien  et  très-curieux  livre  des  évangiles 
(XP  et  XII®  siècles)  appartenant  à  Téglise  Saint- 
Martin  de  Clamecy.  Ce  volume  lui  a  été  commu- 
niqué par  M.  Tabbé  Greuzard,  chanoine  de  la 
cathédrale. 

M.  l'abbé  Boutillier  dépose  sur  le  bureau ,  en 
même  temps  que  Tévangéliaire ,  une  très -belle 
bible  de  15 16  appartenant  au  grand  séminaire  de 
Nevers,  et  fait  remarquer  les  pages  du  canon  des 
évangiles  dont  la  disposition  est  la  même  que  celle 
du  manuscrit. 

M.  l'abbé  Boutillier  est  heureux  de  joindre  à  son 
rapport  un  très-savant  mémoire  sur  le  fond  même 
de  l'ouvrage ,  dont  l'auteur  est  un  de  ses  amis , 
qui  s'occupe  tout  spécialement  d'études  sur  TÉcri- 
ture-Sainte.  Ces  deux  travaux  seront  également 
insérés  au  Bulletin. 

M.  l'abbé  Boutillier  communique  un  grand  sceau 
elliptique  en  cuivre  appartenant  à  M.  H.  Evain, 
receveur  de  l'enregistrement  à  Varzy.  Ce  sceau 
porte  pour  légende  en  lettres  capitales  gothiques  : 
Sigillum  conventus  monasterii  béate  Marie  de 
Columbis  Carnotensis  diocesis. 

Notre-Dame  de  la  Colombe  ou  des  Coulombs 
est  représentée  debout  sous  un  dais  de  style  ogival 
secondaire  bien  décoré  ;  elle  tient  l'Enfant- Jésus , 
et  de  chaque  côté ,  à  ses  pieds ,  voltige  une 
colombe. 

M.  de  Rosemont  continue  à  rendre  compte  de 
ses  recherches  sur  l'abbaye  de  Saint-Martin  ;  il 
communique  à  ce  sujet  un  plan  daté  de  16 13  des 


—  147- 

terrains  dépendant  de  Tabbaye  et  un  rapport  sur 
l'état  des  lieux,  plus  l'inventaire  et  l'expertise  des 
terrains  et  propriétés  dépendant  de  cette  même 
abbaye  en  1752. 


SEANCE   DU   28   AVRIL   1887. 

Présidence  de  M.  le  comte  dk  Soultkait. 

Étaient  présents:  MM.  le  comte  de  Soultrait, 
président;  Canat,  conservateur  du  musée;  le 
docteur  Subert,  Adolphe  de  Villenaut,  Guillerand, 
l'abbé  Soyer,  Col,  Adolphe  de  Kosemont,  Octave 
de  Villenaut ,  L.  Col ,  A,  de  Rosemont ,  Decray, 
Blanc,  le  chevalier  de  Pierredon,  de  Flamare, 
Langellé,  E.  de  Toytot,  secrétaire;  d'Assigny, 
Griveau ,  de  Villefosse. 

Une  lettre  de  M.  de  Lespinasse  offre  à  la 
Société  quatre  gravures ,  tirées  sur  des  photo- 
graphies de  MM.  Col  et  Blandin ,  représentant 
des  vues  de  La  Charité,  en  particulier  de  l'abside 
de  la  tour.  Ces  gravures ,  exécutées  aux  frais  de 
M.  de  Lespinasse,  seront  annexées  au  Cartulaire 
de  La  Charité  qu'il  publie  en  ce  moment. 

M.  de  Lespinasse  demande  si  la  Société  voudrait 
bien  prendre  à  sa  charge  les  frais  de  papier  et  de 
tirage. 

La  Société  accepte  avec  reconnaissance  cette 
proposition ,  qui  donnera  au  Cartulaire  un  lustre 


—  148  — 

tout  particulier  et  vote  la  dépense  qui  résultera 
de  cette  impression. 

M.  le  Président  oflFre  d'ajouter  aux  planches 
proposées  par  M.  de  Lespinasse  un  cliché  du 
tympan  de  Téglise  de  La  Charité. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Ad.  de  Rosemont 
pour  continuer  ses  communications  relatives  à 
Tabbaye  de  Saint-Martin.  11  donne  connaissance 
de  diverses  pièces  très-intéressantes  relatives  au 
roi  de  Pologne,  Jean  Casimir. 

M.  le  docteur  Subert  entretient  la  Société  du 
curieux  livre  d'anciennes  recettes  médicales  dont 
il  a  déjà  parlé  à  une  précédente  séance. 


SEANCE    DU    26    MAI    1887. 

Présidence  de  M.  le  comte  de  Soultrait. 

Étaient  présents:  MM.  le  comte  de  Soultrait, 
président  ;  Tabbé  Boutillier,  vice  -  président  ; 
Roubet,  de  Villefosse,  le  docteur  Subert,  H. 
d'Assigny,  Langellé^  Griveau,  Teste,  de  Lespi- 
nasse, Octave  de  Villenaut,  Duminy. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  circulaire 
du  ministre  de  Tinstruction  publique  relative  au 
catalogue  des  manuscrits  des  sociétés  savantes. 

M.  le  docteur  Subert  communique  à  la  Société 
une  petite  plaque  de  cuivre  rouge  trouvée  dans 
les  démolitions  de  l'abbaye  de  Saint-Martin  de 
Nevers,  constatant  la  reconstruction  du  monastère 


—  149  — 

au  milieu  du  dernier  siècle  et  kt  pose  de  la  pre- 
mière pierre  par  M«''  Jean- Antoine  de  Tinseau, 
évêque  de  Nevers,  le  2  avril  1755. 
Voici  ce  texte  scrupuleusement  reproduit  : 

HOC  .  iEDIFICIUM  .  UETVS 

TATE  .  DIRUTUM  .  CURA  .  ET  . 

80LLICITUDIRE  .  CANONICORUM 

REOtJLARIUM  .   C0N6RBGAT10NIS  . 

6ALLICÀNJE  .  NEGMON  8^  MARTINI  . 

NIVBRNENSIS  .  FUIT  .   RiEDIFICATUM  . 

ANNO  .  D  .  MDCCLV  . 

PRIMUM  .  LAPIBEM  .  POSUIT  . 

ILLUSTRISSIMUS  .   D  .  D  .  lOANNES  . 

ANTONIUS  .  DE  .  TEINSBAU  .  EP  . 

IN  .  OIE  .   SECUNDA  .  APRILIS  . 

EIUSDEM  .  ANNI  . 

Sur  le  revers  de  la  plaque^  dans  le  bas,  on 
lit  ces  deux  mots  du  graveur  d'ailleurs  assez 
malhabile  : 

FECrr  .  PERONNY  . 

M.  René  de  Lespinasse  soumet  à  la  Société 
les  épreuves  phototypes  qui  doivent  orner  le 
Cartulaire  de  La  Charité. 

M.  de  Flamare  est  heureux  de  faire  part  à  la 
Société  de  la  réintégration  des  archives  si  impor- 
tantes de  la  mairie  de  Decize  aux  archives  dépar- 
tementales. 

M.  Roubet  annonce  qu'il  a  été  trouvé  dans  les 
travaux  de  terrassement  et  de  fondation  d'une 
maison  en  construction  sur  l'emplacement  de 
l'aiieienne  caserne  une  ouzmnaie  romaine. 


—  i5o  — 

M.  Tabbé  Boutillier  donne  lecture  d'une  courte 
notice  sur  le  dernier  nécrologe  du  dix-septième 
siècle  de  Tabbaye  Notre-Dame  de  Nevers,  dont  il 
a  retrouvé  quelques  feuillets. 

Cette  notice,  où  sont  rappelés  les  noms  de 
plusieurs  anciennes  familles  nivernaises,  amène 
quelques  observations  généalogiques  de  la  part  de 
M.  de  Soultrait,  qui  est  prié  de  vouloir  bien  les 
consigner  par  écrit,  pour  être  jointes  au  travail  de 
M.  l'abbé  Boutillier. 

M.  de  Flamare  ajoute  qu'il  lira  prochainement 
un  travail  sur  les  nombreux  et  importants  frag- 
ments de  l'ancien  martyrologe  et  obituaire  de 
cette  même  abbaye  Notre-Dame  découverts  sur 
des  dos  de  registres  reliés  au  commencement  de 
ce  siècle. 

M.  Teste  communique  une  pièce  de  1480  copiée 
aux  archives  nationales  ;  c'est  une  procuration 
donnée  par  Antoine  de  Chahanne^  comte  de 
Dommartiny  pour  V administration  de  la  terre 
de  Marcijy  à  Jean  A  iguillet ,  suivie  du  bail  à 
bordelage  d'une  vigne  à  Michaugues. 

M.  l'abbé  Boutillier  lit  une  note  sur  l'origine 
du  flottage  en  trains,  par  M.  Badin  de  Montjoie, 
imprimée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  des 
sciences  naturelles  et  historiques  de  V  Yonne 
(année  1885,  39®  vol.,  page  lixix  des  procès- 
verbaux).  En  voici  le  texte  : 

Des  écrivains  mal  renseignés  ont  avancé  que  Pinventeur 
du  flottage  était  Jean  Rouvet^  qui  aurait  fait  arriver^  le 


—  151  — 

premier,  ua  traia  de  bois  à  Paris ,  en  1 549.  Cest  sur  cette 
allégation  répétée  que  le  comité  délégué  par  le  commerce  des 
bois  fit  ériger,  en  1828^  à  ce  personnage,  un  buste  sur  le 
pont  de  Clamecy. 

Des  recherches  postérieures  dans  les  archives  du  bureau 
de  la  ville  de  Paris  ont  démontré  que  le  premier  train  de 
bois  à  brûler  amené  à  Paris  au  moyen  du  flottage  en  trains 
sur  TYonne  Pavait  été  le  2 1  avril  1 547,  par  Charles  Lecomte, 
marchand  de  bois  à  Paris.  Le  procès-verbal  constatant  ce 
fait  intéressant  a  été  publié  en  1843,  par  M.  Frédéric 
Moreau ,  dans  son  Histoire  du  flottage  en  trains ,  oti 
M.  Badin  de  Mohtjoie  l'a  trouvé.  Il  n'y  a  donc  pas  lieu  à 
mettre  en  doute  la  priorité  de  la  mise  en  pratique  du  flottage 
en  faveur  de  Charles  Lecomte,  et  toutes  les  allégations  du 
monde  ne  feront  rien  contre  la  date  du  procès-verbal  de 
1547. 

Le  même  membre  signale  dans  la  notice 
de  M.  Quantin,  sur  V Histoire  de  la  rivière 
dH  Yonne ,  des  paragraphes  concernant  différentes 
communes  de  la  Nièvre. 

M,  le  Président  rappelle  qu'à  une  précédente 
séance  il  a  demandé  aux  membres  qui  auraient 
des  communications  à  faire  d'en  prévenir  M,  Tabbé 
Boutillier,  pour  que  les  lectures  en  soient 
annoncées  au  procès-verbal. 

M.  de  Flamare  est  nommé  secrétaire-adjoint. 

M.  Henri  d'Assigny  propose  à  la  Société  de 
consacrer  une  notice  biographique  à  M.  le  docteur 
'Jacquinot. 

M.  le  docteur  Subert  veut  bien  se  charger  de  la 
rédaction  de  cette  notice. 


—  15»  — 


VESIGNEUX 


AU  nord  de  Saint*Martin*du-Puits^  dans  une  vallée  ver- 
doyante, a  existé,  dès  les  temps  les  plus  reculés,  la  maison 
forte  de  Vésigneux,  dont  le  nom  se  retrouve  près  de  Lucenay- 
révêque,  en  Autunois,  et  d'Alaise,  en  Franche-Comté.  Cette 
maison  forte  a  eu  son  rôle  militaire  au  quatorzième  siècle, 
ainsi  que  nous  le  verrons  plus  bas  (i).  Elle  fut  en  grande 
partie  reconstruite  au  dix-septième  siècle.  Elle  se  compose 
d'un  corps  de  logis  flanqué  de  deux  ailes  parallèles  (2),  ren- 
fermant une  cour  d'honneur;  au  sud,  la  cour  des  écuries,  à 
laquelle  on  arrivait  par  un  portail,  effondré  depuis  long- 
temps, situé  à  l'extrémité  d'une  longue  avenue  percée  dans 
la  direction  de  Saint-Martin.  Les  bâtiments  ont  été  incendiés 
le  3  septembre  i883. 

On  pénètre  dans  le  château  par  un  pont  dormant  et  par 
une  porte  au-dessus  de  laquelle  on  distingue  à  peine  les 
anges  qui  soutenaient  Técusson  des  Bourbon-Busset.  A 
Tangle  occidental  s'élève  le  donjon ,  haute  tour  carrée;  dans 
une  tour  ronde,  au  midi,  se  trouvaient  trois  prisons  super- 
posées :  la  plus  basse  était  réservée  aux  grands  criminels.  Des 
fossés,  qu'on  inondait  à  volonté  au  moyen  de  Tétang  voisin, 
entouraient  le  château ,  dont  le  délabrement  attriste  aujour- 
d'hui le  regard  et  contraste  singulièrement  avec  le  souvenir 
des  fêtes  brillantes  qui  y  étaient  données  au  grand  Condé, 
qui  s'y  reposait  des  fatigues  de  la  guerre.  S'il  faut  en  croire 
une  tradition  constante,  le  jeune  Vauban  y  fut  présenté  au 
prince. 

(i)  Dans  un  dénombrement  rendu  par  Saladin  de  Montmorillon,  il 
est  parlé  c  d^une  motte  environnée  de  vieux  fossés,  où  esloit  la  maifton 
seigneuriale,  à  une  demi-lieue  du  chaste!  de  Vésigneux  ». 

(2}  L'aile  du  nord  a  été  rasée  en  1884. 


-  i53  - 

Véaigneux  était  un  arrière-fief  mouvant  noblement  de  la 
seigneurie  de  Chastellux ,  et  ses  possesseurs  jouissaient  de 
droits  assez  étendus  qui  sont  ainsi  décrits  dans  le  terrier 
dressé  par  Morizot  le  4  juin  1602  : 

c  1^  En  ladite  seigneurie  et  dépendances  appartiennent 
auxdits  seigneur  et  dame  tous  droits  de  justice  haute, 
moyenne  et  basse,  où  il  leur  est  loisible  de  nommer,  installer 
et  établir  juge,  procureurs,  greffier  et  sergents,  tant  pour  la 
justice  ordinaire  que  la  gruerie  de  leurs  eaux  et  forêts,  dont 
les  dangers,  amendes  et  confiscations,  soit  ordinaires  ou 
extraordinaires,  leur  appartiennent,  comme  aussi  tous  droits 
d^aubaine,  épaves  et  confiscations. 

»  2<>  A  cause  de  leur  chastel  et  maison  forte  dudit  Vési- 
gneux,  le  droit  de  guet  et  garde  en  temps  d'éminent  péril  sur 
les  sujets  étant  au  dedans  les  détroits  de  ladite  seigneurie  de 
VésigneuXy  de  quelque  condition  qu'ils  soient,  selon  qu'ils 
y  sont  tenus  d'ancienneté. 

>  3^  En  ladite  seigneurie  le  droit  de  prendre  sur  chaque 
acquéreur  des  terres ,  meix  et  tènements  étant  au  dedans  le 
circuit  dUcelle ,  la  somme  de  vingt  deniers  tournois  pour 
livre,  pour  les  lods  et  ventes,  et  semblablement  pour  tous  les 
remuements  en  choses  non  bourdelières ,  et  en  choses 
bourdelières  mouvantes  d^icelle  seigneurie  le  tiers  denier, 
selon  la  coutume  usitée  en  ce  pays  de  Nivernois  ;  lesquels 
lods  et  ventes,  ensemble  lesdits  tiers  deniers ,  se  doivent 
payer  quarante  jours  après  les  contrats  passés,  à  peine  de 
Tamende  de  vingt  sous  tournois. 

»  4''  Le  droit  de  retenue  de  tous  les  meix  et  tènements 
étant  au  dedans  de  ladite  justice  et  seigneurie  sur  toutes 
personnes,  quelles  qu'elles  soient,  soit  des  héritages  censables 
et  bourdeliers  que  non  censables  et  non  bourdeliers. 

»  5*  Toutes  épaves  qui  se  trouvent  en  ladite  seigneurie, 
à  la  charge  de  la  coutume  et  auxdits  sujets  de  les  conduire 
au  chastel  et  maison  forte  dudit  Vésigneux,  dans  le  temps 
porté  p^r  ladite  coutume^  sur  peine,  à  défaut  de  ce  faire, 

T.  hi,  3«  série.  20 


—  i54  — 

de  Tamende  de  soixante  sous  et  de  restitution  de  ladite 
épave. 

»  6»  Le  droit  de  mainmorte  sur  tous  les  sujets  de  ladite 
seigneurie  de  Vésigneux  et  ses  dépendances,  étant  hommes 
serfs  et  de  servile  condition,  leur  étant  habiles  à  succéder  en 
tous  et  un  chacun  leurs  biens  meubles,  immeubles  et 
conquêts,  pourvu  qu'ils  meurent  sans  hoirs  procréés  de  leurs 
corps  légitimement  et  hoirs  communs. 

»  7<>  Le  droit  de  langues  des  bétes  aumailles  qu^on  tue 
par  chacun  en  ladite  seigneurie  soit  sur  lesdits  sujets  ou 
autres. 

»  8^  Lesdits  sujets  tenus  d*aller  moudre  leurs  bleds  au 
moulin  dudit  Vésigneux  pourvu  qu'il  soit  en  état,  à  peine 
de  l'amende  et  de  la  mouture. 

»  9®  Le  droit  de  prendre  par  chacun  an,  le  jour  et  fête  de 
saint  Martin  d'hiver,  sur  chacun  feu  étant  au  dedans  de  la 
seigneurie  et  dépendances,  unegéline  de  coutume. 

»  lo^  Le  droit  de  blairie  suivant  la  coutume  de  Nivernois. 

»  II®  Lesdits  habitants,  de  quelque  qualité  qu^ils  soient, 
tenus  de  faire  chacun  d^eux  tenant  feu  et  lieu  trois  courvées 
de  bras,  à  savoir  :  une  à  faucher,  une  à  faner  et  une  autre  à 
moissonner. 

»  i2<>  Ayant  bœufs  et  charrues,  faire  chacun  trois  cour- 
vées par  chacun  an  perpétuellement,  tant  eux  que  leur 
postérité,  avec  leursdits  bœufs  et  chariots,  à  savoir  :  deux  à 
charroyer  du  bois  en  la  maison  seigneuriale  dud.  Vésigneux  : 
Tune  la  veille  du  jour  de  Toussaint,  l'autre  la  veille  delà 
Nativité  de  Notre -Seigneur,  et  l'autre  courvées  pour 
charroyer  des  foins  desd.  seigneur  et  dame. 

»  i3®  Les  sujets  usant  de  franchise  et  liberté  n*ont  aucun 
droit  d^acquérir  des  hommes  de  condition  desd.  seigneur  et 
dame,  aucuns  héritages  provenant  de  leurs  meix  et  tène- 
ments,  si  ce  n'est  sous  la  charge  onéreuse  que  lesd.  seigneur 
et  dame  ont  droit  d'imposer  sur  leursd.  héritages  ainsi 
acquis,  ou  bien  les  mettre  en  main  habile,  suivant  lad.  cou- 
tume de  Nivernois. 


—  i55  — 

»  i4<»  Enfin  lesd,  seigneur  et  dame  ont  le  droit  de 
prendre  sur  tous  litigants  et  contestans,  pour  le  défaut, 
trois  sols;  pour  cause  non  contestée,  vingt  deniers  tournois  ; 
pour  cause  contestée  oîi  il  y  a  serment  déféré^  sept  sols 
tournois ,  et  pour  le  procès  oîi  Tenquéte  est  faite  et  rapportée 
pour  le  danger,  soixante  sols  tournois,  et  ce  sur  ceux  qui  y 
sont  condamnés  en  toutes  lesdites  actions.  » 

On  a  énuméré  ici  tous  les  droits  appartenant  autrefois  à  la 
seigneurie  de  Vésigneux ,  afin  de  faire  voir  que ,  parmi  eux , 
il  n'y  en  avait  aucun  qui  ressemblât,  même  de  loin,  à  ceux 
qu'a  inventés  l'ignorance  ou  la  mauvaise  foi ,  ainsi  que 
Ta  démontré  si  victorieusement  M.  Louis  Veuillot. 

On  a  beaucoup  discuté  sur  Torigine  et  la  légitimité  des 
droits  seigneuriaux  qui  ont  été  et  qui  sont  encore  Tobjet 
de  récriminations  injustes  et  passionnées.  Si  Ton  prenait 
la  peine  de  lire  attentivement  les  vieux  documents  qui 
concernent  cette  matière,  et  particulièrement  l'ancienne 
coutume  de  Nevers,  on  verrait  que  ces  droits  étaient  aussi 
légitimes  que  le  sont  aujourd'hui  certaines  redevances 
insérées  dans  les  baux  des  propriétés  affermées.  La  servitude 
personnelle  elle-même  était  seulement  un  accessoire  du 
ténement  servîle.  Ainsi,  on  voit  dans  les  archives  de 
Vésigneux  que ,  par  un  contrat  de  1445 ,  c  demoiselle 
Marie  de  Brasier ,  dame  de  Vésigneux  ,  a  consenti  donation 
au  profit  de  Jean  Myart ,  Isabeau  sa  femme ,  et  Guillemette 
Dubour ,  de  quatre  journaux  de  terre  en  deux  pièces ,  finage 
de  Vésigneux,  sans  aucune  charge,  sous  la  condition  que 
ledit  Myart,  qui  était  de  condition  franche,  a  consenti  et 
voulu  être  homme  serf  de  ladite  demoiselle.  » 

Il  est  également  fait  mention  dans  les  terriers  de 
Vésigneux  de  nombreuses  concessions  de  propriété  moyen- 
nant les  charges  féodales  ordinaires. 

Ainsi,  le  10  novembre  i58o,  messire  Saladin  deMontmo- 
rillon  cède  c  à  titre  de  cens  et  rente  à  M.  JofFroict,  prêtre- 
curé  de  Chalauxy  un  petit  étang  situé  au  finage  de  Chalaux, 


—  156  — 

au-dessous  de  la  fontaine  des  Guillemins ,  sous  la  charge  de 
2  sols  6  deniers  tournois  de  rente  et  6  deniers  tournois 
de  cens,  portant  lods  et  ventes,  défaut,  retenues,  etc., 
payables  le  jour  de  Carême  prenant.  Il  lui  accorda ,  le  même 
jour,  le  droit  de  prendre  bois  dans  les  bois  de  ladite 
seigneurie  de  Chalaux  et  bois  par  terre,  réservé  bois  de  ligne 
pour  son  chauffage  et  pour  en  jouir  en  bon  père  de  famille 
et  en  user  comme  font  les  habitants  de  Chalaux ,  sans 
pouvoir  en  faire  œuvre  venderesse,  à  la  charge  de  payer 
chacun  an ,  au  jour  et  fête  de  la  Magdeleine ,  deux  poulets 
prêts  à  chaponner,  comme  les  autres  habitants,  et  à  la 
condition  d'aller  faire  moudre  son  blé  pour  son  ménage  au 
moulin  banal  de  Chalaux.  » 

Le  18  juin  i6o3,  dame  Louise  de  Montmorillon  fit 
cession  à  Magdelon  Boussard  et  Guillaume  ToUot ,  labou- 
reurs, demeurant  à  Chalaux,  communs  en  biens ,  de  dix 
arpents  de  terre,  en  Aigrevaulx,  sous  la  charge  de  trois  sous 
quatre  deniers  tournois  de  cens ,  au  jour  et  fête  de  Notre-Dame 
en  mars,  et  dix  sous  tournois  de  rente  au  jour  et  fête  de  sainte 
Luce,  et  moyennant  ce  i5  livres  pour  entrée  et  belle-main. 

La  dernière  vente  qui  eut  lieu  avant  Tabolition  des  droits 
seigneuriaux  est  du  11  juillet  1791  :  Suivant  contrat  passé 
devant  Heulhard  du  Fay,  notaire  à  Lormes ,  le  domaine  de 
Fourlot  ou  THuîs-Jean  ,  comprenant  maison ,  granges , 
écuries,  cours,  jardin,  soixante-douze  arpents  de  terre, 
quatorze  arpents  de  pré,  un  cheptel  estimé  2,1 10  livres,  fut 
cédé  moyennant  12,000  livres,  et  encore  a  sous  la  charge 
d'une  rente  foncière  annuelle  de  16  livres  i3  sous  ,  payable 
au  château  de  Vésigneux  ,  le  1 1  novembre,  du  droit  de  lods 
et  ventes,  à  raison  de  5  sols  par  écu ,  en  cas  de  mutation ,  et 
aussi  de  trois  corvées  avec  bœufs ,  charrues  ou  chars ,  par 
chacun  an,  à  la  première  réquisition  de  mondit  sieur 
de  Bourbon-Busset ,  ou  de  ses  commis  à  perpétuité.  »  On 
ajouta  dans  l'acte  a  lesquelles  clauses  sont  de  rigueur ,  sans 
quoi  mondit  sieur  de  Bourbon-Busset  n'aurait  point  consenti 
la  présente  vente  et  aliénation.  » 


—  i57  — 

Les  droits  seigneuriaux  existaient  donc  bien  légitimement; 
sans  doute  ils  cessèrent  à  la  longue  d^être  en  harmonie  avec 
les  mœurs  du  temps;  mais  en  les  abolissant,  sans  accorder 
la  moindre  indemnité  aux  seigneurs ,  on  commit  une  grande 
injustice  et  un  attentat  grave  au  principe  de  la  propriété. 

Les  seigneurs  de  Vésigneux  furent  toujours  dignes  de 
l'afiection  de  leurs  vassaux  et  leur  donnaient  souvent  la 
liberté  pour  reconnaître  des  services  signalés.  Noble  demoi- 
selle Marie  de  Brasier ,  dame  de  Vianges  et  de  Vésigneux , 
veuve  de  noble  homme  Odet  de  Cussigny,  écuyer,  affranchit 
du  lien  de  servitude  et  de  mainmorte,  le  8  octobre  1471  , 
Marion ,  veuve  de  Jean  Tharé ,  fils  de  Geoffroy ,  et  alors 
femme  de  Jean  Raveteau,  domiciliée  à  Vésigneux. 

En  i36o,  le  château  de  Vésigneux  fut  occupé  par  les 
Anglais;  mais  le  passage  des  grandes  compagnies  lui 
réservait  un  désastre  plus  irréparable.  Ces  bandes  indisci- 
plinées avaient  établi  leur  quartier  général  au  château 
d'Arcy-sur-Cure ,  sous  les  ordres  d^un  aventurier  de  bas 
étage,  qui  s^affublait  du  nom  bizarre  de  Gilles  Trousse* 
Vache;  elles  s^emparèrent  aussi  du  château  de  Dammarie 
et  de  la  forteresse  de  Vésigneux  et,  grâce  à  ces  positions,  d*oti 
personne  n'osait  les  déloger,  elles  demeurèrent  maîtresses  de 
tout  le  pays  qu'elles  rançonnaient  sans  pitié.  Le  roi  chargea 
Arnaud  de  Cervoles,  dit  l'Archîprêtre,  d'obtenir  le  départ 
de  ces  terribles  hordes ,  moyennant  une  indemnité  de 
3,700  fr.  payable  en  bonne  et  belle  monnaie  d'or  :  une 
circonstance  inexpliquée  empêcha  Pexécution  du  marché 
convenu.  Gilles  Trousse- Vache  fut  arrêté  en  octobre  1364 
par  Guillaume  de  Railly,  qui  le  livra,  moyennant  160  florins 
de  Florence,  à  la  justice  du  duc  de  Bourgogne;  mais  les 
Bretons  occupaient  toujours  Vésigneux,  où  ils  étaient 
solidement  établis  et  retranchés. 

Sur  la  fin  du  mois  de  juin  1621,  les  mêmes  vassaux  furent 
avertis  par  billets  de  publication  lus  au  prône  des  églises 
paroissiales  situées  dans  les  fiefs  des  seigneurs  de  Vésigneux, 
de  venir  remplir  le  même  devoir.  Quoiqu  en  pleine  paix,  la 


-158- 

France  était  alors  pour  ainsi  dire  en  état  de  guerre  en  consé- 
quence des  démêlés  des  catholiques  avec  les  protestants. 

Enfin,  le  i3  août  i636,  le  bailli  de  Saint- Martin-du-Puits 
et  de  Vésigneux  et  dépendances,  c  à  la  réquisition  du  pro- 
cureur fiscal  desdites  justices ,  condamna  tous  les  habitants 
et  justiciables  des  terres,  seigneuries  et  baronnie  dudit 
Saint-Martin-du-Puits,  dudit  Vésigneux  et  leurs  dépendances, 
à  faire  le  guet  et  garde  suivant  leurs  reconnaissances 
générales,  i 

Cette  sentence  n'ayant  pas  eu  sans  doute  Peffet  qu'on  en 
attendait,  il  fut  prescrit  par  une  autre  sentence  rendue  le 
3o  octobre  i636,  au  bailliage  de  Vésigneux  et  dépendances, 
c  qu^il  seroit  satisfait  par  tous  les  habitants  et  justiciables 
desdites  justices  tant  aux  réparations  qu^au  guet  et  garde  au 
jour  et  suivant  Tordre  qui  leur  seroit  donné  par  le  capitaine 
dudit  chastel,  à  peine  contre  chacun  défaillant  de  dix  sous 
d^amende,  et  enjoint  à  tous  lesdits  justiciables  d^avoir  des 
armes  et  les  tenir  prêtes  aux  mêmes  peines.  » 

A  cette  époque ,  la  Bourgogne  était  envahie  par  le  duc  de 
Lorraine,  et,  conformément  à  Pordonnance  royale  du 
3i  juillet  1626,  rendue  à  Nantes ,  les  créneaux  du  château 
avaient  dû  être  démolis. 

En  1 602 ,  le  chastel  et  maison  forte  de  Vésigneux  se  com- 
posait déjà  de  trois  corps  de  logis  ;  la  façade  était  flanquée  de 
trois  tours  ^  deux  rondes  et  une  carrée.  En  1766  ,  oq  abattit 
une  tour  ronde  située  à  l'entrée  de  la  cour  intérieure. 
L'autre  renfermait  les  trois  prisons.  La  tour  carrée  servait 
de  porterie.  Il  y  avait  «  pont-levis  et  double  porte,  couverte 
de  tuiles,  en  forme  de  pavillon  ».  Ce  corps  de  logis  ne  com* 
prenait  alors  qu'une  grande  salle ,  sous  laquelle  se  trouvait 
une  sommellerie  voûtée,  la  cuisine  et  )a  boulangerie.  A 
rétage  supérieur^  il  y  avait  deux  greniers ,  un  garde-manger 
et  un  cabinet.  La  pièce  située  au  bout  de  la  salle  à  manger, 
qui  devint  la  chapelle  en  dernier  lieu,  n'existait  pas  alors. 
Dans  le  corps  de  logis,  au  couchant ,  il  y  avait  une  petite 
salle  et  une  chambre,  et  au  premier  deux  chambres. 


—  iSg  — 

En  1723,  le  comte  de  Bourbon -Busset  fit  construire  le 
pavillon  qui  flanque  Patle  du  fond,  où  étaient  établies  la 
boulangerie  et  la  lingerie.  La  même  année,  il  fit  planter 
la  charmille  qui  s'étendait  de  l'avant-cour  du  château  à 
la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Tous-Biens.  François-Louis- 
Antoinc ,  son  fils ,  fit  aussi  exécuter  des  réparations  considé- 
rables au  château  à  partir  de  1766.  On  abattit  deux  tours  : 
Tune  située  au  côté  gauche  de  l'entrée  de  la  cour  intérieure 
et  Tautre  derrière  l'aile  du  fond ,  prés  de  Tendroit  où  les 
prisons  furent  transférées  en  dernier  lieu.  La  vaste  salle  du 
rez-de-chaussée  fut  remaniée  pour  rétablissement  d'une 
salle  à  manger  et  d^un  escalier  destiné  à  remplacer  celui  qui 
se  trouvait  dans  la  tour  détruite. 

Ce  corps  de  logis  se  trouvait  flanqué  d^une  grande  tour 
carrée  renfermant  un  escalier  en  vis  de  pierre,  qui  conduisait 
dans  toute  la  maison. 

Dans  la  cour  extérieure  se  trouvait  un  autre  corps  de  logis 
appelé  la  Galerie  ,  qui  existe  encore  et  qui  devait  servir  au 
logement  des  hommes  d^armes.  Il  y  avait  aussi  cinq  écuries 
oïl  Ton  pouvait  c  aberger  de  70  à  80  chevaux.  » 

Un  écusson  placé  au-dessus  de  la  porte  extérieure  de 
Paile  située  au  fond  de  la  cour  et  mutilé  en  1798  semble  être 
celui  des  Montmorillon  :  ce  qui  en  reste,  joint  au  style  de 
Fédifice,  semble  le  prouver;  il  y  aurait  donc  lieu  défaire 
remonter  la  reconstruction  partielle  du  château  au  moins 
à  Saladin  de  Montmorillon. 

On  voit  encore  à  la  voûte  de  la  cuisine  trois  écussons 
mutilés  en  1793  ;  Tun  d'eux  porte  trois  bandes. 

Jacqueline  de  Vésigneux  portait  d*a{urf  à  la  croix 
dentelée  d'argent. 

CHAPELLES. 

Il  y  avait  deux  chapelles  à  Vésigneux  :  celle  du  château 
n'avait  aucun  vocable  particulier. 
Par  acte  passé  devant  Alin,  notaire,  le  22  décembre  1552, 


—  i6o  — 

Mme  Jacqueline  de  Vésigneux  fonda  dans  sa  chapelle  une 
messe  quotidienne  et  des  prières  pour  les  trépassés  à  la  fin 
de  chaque  messe.  Cette  fondation  fut  modifiée  le  7  mai  1771, 
par  acte  passé  devant  Boussard  ^  notaire  royal,  et  contrôlé  à 
Lormes  le  même  jour  par  Lefiot.  Il  fut  stipulé  entre  le  comte 
de  Bourbon-Busset  et  le  sieur  Pierre  Ferrand  de  Battereau, 
chapelain,  titulaire  de  ladite  chapelle,  que  ledit  sieur  Ferrand 
de  Battereau  et  ses  successeurs  ne  seraient  tenus  de  dire  que 
quatre  messes  basses  chaque  semaine  de  Tannée,  avec  le 
psaume  De  profundis  et  un  répons  pour  les  trépassés.  De 
ces  messes  il  devait  y  en  avoir  une  chaque  dimanche  et  les 
fêtes  chômées;  les  autres  devaient  être  dites  aux  jours  choisis 
par  le  seigneur  de  Vésigneux  ou  quelque  personne  de  sa 
famille.  Cette  réduction  de  fondation  fut  confirmée  par 
l'abbé  Frémont,  vicaire  général  de  Tévéché  d^Autun,  le 
14  juin  177Ï. 

Cette  chapelle,  établie  primitivement  au  rez-de-chaussée 
de  la  tour  carrée,  fut  transférée  en  1766  dans  la  pièce 
contiguë  à  la  salle  à  manger;  elle  fut  desservie  par  des 
chapelains  titulaires,  le  curé  de  Chalaux  et  les  capucins 
d' A  vallon. 

Au  moment  de  la  Révolution,  la  chapelle  du  château  était 
un  bénéfice  valant  200  livres,  dont  la  dotation  se  composait  : 

1®  D'un  devoir  de  6  sous  8  deniers  de  cens  et  rente  sur 
le  pré  de  la  Meloise,  appartenant  aux  Chartreux  du  Val- 
Saint-Georges  ; 

20  De  deux  cantons  de  bois  appelés  le  buisson  Saint- 
Germain  et  le  buisson  des  Champs-de-Vannuit,  situés  finage 
de  Lormes,  contenant  ensemble  cinq  arpents,  dont  la  coupe, 
tonture  et  superficie,  fut  vendue  en  1787  au  sieur 
Magdelenat,  marchand  de  bois  à  Saint-Martin-du-Puits, 
pour  la  somme  de  848  livres;  et  de  rentes  sMlevant  à 
168  livres  8  sous  6  deniers. 

Lorsque  les  religieux  de  la  chartreuse  du  Val-Saint- 
Georges  eurent  été  brutalement  expulsés  de  leur  monastère , 


—  i6i  — 

Tun  d'eux,  nommé  le  Père  Xavier  Asler,  crut  pouvoir 
trouver  au  château  de  Vésigneux  un  asile  assuré  et  y  exercer 
son  saint  ministère.  Mais  comme  il  se  trompait  f  Le 
10  octobre  1793,  une  troupe  de  bandits,  dirigée  par  les 
citoyens  Henriot,  Commerçon,  Paumier  et  Enfert,  commis- 
missaires  du  représentant  du  peuple  Fouché ,  et  par  Chay, 
juge  de  paix  à  Lormes ,  se  mit  en  marche  sur  Vésigneux.  Le 
Père  Xavier  célébrait  la  messe  lorsque  la  bande  entra  dans 
la  cour  en  vociférant  :  Ça  ira!  Quelques-uns  de  ces 
sauvages  se  dirigèrent  vers  la  chapelle  :  le  bon  Père,  qui 
s^tait  un  instant  interrompu ,  s^était  offert  lui-même  en 
sacrifice,  prévoyant  bien  que  c'était  à  lui  qu^on  en  voulait, 
et  il  priait  avec  plus  de  ferveur  encore.  A  sa  vue,  un  horrible 
cri  de  joie  fut  poussé  :  on  allait  porter  une  main  sacrilège 
sur  lui,  lorsque  le  brigadier  de  gendarmerie  crut  devoir 
intervenir  :  «  Citoyen,  dit-il  résolument  à  celui  qui  comman- 
dait le  détachement ,  il  ne  peut  nous  échapper  ;  laissons-lui 
finir  sa  messe ,  nous  n^aurons  pas  longtemps  à  attendre.  — 
En  réponds-tu  ?  —  Oui ,  j'en  réponds.  —  Alors  qu'il  se 
dépêche ,  »  et  une  épouvantable  imprécation  accompagna  cet 
acquiescement.  Le  Père  Xavier  acheva  donc  tranquillement 
sa  messe  ;  mais  à  peine  le  dernier  mot  en  était-il  prononcé , 
que  ces  furieux  se  ruèrent  sur  lui  en  le  dépouillant  de  ses 
ornements  ;  après  Tavoir  garrotté,  ils  l'emmenèrent  à  Vignes, 
où  ils  croyaient  trouver  un  autre  proscrit  caché  dans  la 
chapelle  du  château,  qui  appartenait  aussi  à  M.  de  Bourbon- 
Busset;  ils  ne  mirent  la  main  sur  personne;  mais  cette 
chapelle  était  abondamment  pourvue  d^ornements  qubn 
n^avait  pas  pensé  à  mettre  en  sûreté  ;  alors  la  pensée  sacrilège 
leur  vint  de  se  décerner  les  honneurs  du  triomphe  ;  ils  se 
revêtirent  donc  de  ces  ornements  et  défilèrent  sur  deux 
rangs ,  drapeau  en  tête  ;  après  eux  venait  sur  un  chariot 
le  pauvre  Père  Xavier,  recouvert  par  dérision  des  housses 
dorées  dont  le  comte  de  ^ourbon-Busset  se  servait  pour  ses 
équipages.  Le  reste  de  la  bande  suivait  en  poussant  des 
chants  d^ivresse  et  de  mort.  Arrivés  à  Lormes ,  ces  furieux  se 

T.  m,  3*  série,  21 


—    l62  — 

fireat  servir  un  banquet  patriotique  de  quarante  couverts  « 
dans  lequel  les  vases  sacrés  servirent  aux  plus  criminelles 
orgies.  Le  brigadier  de  gendarmerie ,  qui  avait  obtenu  que 
le  Père  Xavier  finît  sa  messe ,  s^honora  par  son  courage  en 
refusant  de  boire  dans  le  calice ,  sans  s^émouvoir  des  menaces 
qui  pleuvaient  autour  de  lui.  «  Je  prétends,  disait-il,  avoir 
la  liberté  de  choisir  pour  boire  le  vase  qui  me  convient; 
à  présent,  quand  j'aurai  soif ,  me  faudra-t-il  attendre  que  le 
citoyen  ***  m'ait  envoyé  de  Nevers  un  verre  de  sa  façon  et  de 
son  choix?  Je  ne  'boirai  pas.  >  Dénoncé  pour  cet  acte,  l'honnête 
brigadier  fut  envoyé  à  Nevers  pour  donner  des  explications, 
et  il  eut  la  rare  chance  de  revenir  chez  lui;  les  siens 
tremblaient  déjà  pour  sa  tête. 

M.  MoriOy  le  régisseur  du  château  de  Vésigneux,  qui 
avait  donné  l'hospitalité  au  Père  Xavier,  fut  mis  en  état 
d'arrestation  et  conduit  à  Corbigny.  Entré  le  soir  dans  son 
cachot  avec  des  cheveux  noirs ,  il  en  sortit  le  lendemain  avec 
des  cheveux  entièrement  blancs;  à  cette  vue,  ses  juges 
n'osèrent  aller  plus  loin  et  le  renvoyèrent  absous. 
M.  Marguerit,  avocat,  chargé  des  affaires  de  M.  de  Bourbon, 
fut  pareillement  arrêté,  mais  il  fut  relâché  peu  de  temps 
après.  Quant  au  Père  Xavier,  il  fut  conduit  à  Nevers ,  où  sa 
famille  le  tira  de  sa  prison.  Depuis  la  honteuse  journée  du 
10  octobre  1793,  la  chapelle  du  château  de  Vésigneux  n'a 
jamais  été  rendue  au  culte ,  et  conserve  encore  Pempreinte 
de  la  rage  révolutionnaire  et  athée. 

En  1628,  Mme  Louise  de  Moncmorilloo,  femme  de 
César  de  Bourbon,  comte  de  Busset,  avait  fait  construire  dans 
PaHée  du  Parquet,  près  du  château,  une  autre  chapelle^  en 
Phoaneuf  delà  sainte  Vierge,  sous  le  vocable  Notre-Dame 
d^  Toufi-Biens  ;  et  par  acte  passé  devant  Vinceat  Morizot, 
notaire^  le  15  février  1629,  elle  y  avait  fondé  quinae  messes 
par  an  .pour  célébra  les  quiciae  joies  de  Notre-Dame,  savoir  : 

I*  Une  messe  de  la  sainte  Trinité,  avec  commémoration 
de  Notre-Dame,  de  tous  les  Saints  et  des  "iTrépassés; 


—  f63  — 

2*  Sept  messes  les  jours  des  fêtes  de  Notre- Datne,  2  février, 
25  mars,  2  juillet,  i^août,  8  septembre,  2f  novembre  et 
8  décembre,  avec  comtnémoraison  du  Saint  Esprh  et  de  tous 
les  Saints  et  des  Trépassés  ; 

3»  Six  messes  en  llionneur  de  saint  Joseph,  de  saint 
Louis,  de  saint  François  d'Assise,  de  saint  Franco»  de 
Pauk,  de  saint  Jean^Baptiste  et  de  sainte  Anne,  cha(}ue 
messe  devant  être  dite  le  jour  de  la  fête  ; 

4*  Enfin,  une  messe  des  morts. 

Ensuite,  par  un  acte  reçu  Magdelenat,  notaire,  le  20  mars 
i635,  cette  même  dame  fonda  4ai\s  la  même  chapelle  un 
service  annnel  de  cinq  messes. 

Cette  chapelle  devint  bientôt  un  lieu  de  pèlerinage 
célèbre  \  c^était  surtout  dans  les  calamités  publîc^ues  que  les 
populations  environnantes  i'y  rendaient  solennellement  en 
procession  ;  la  tradition  atteste  que  Icucs  prières  ne  restaient 
jamais  s^ri^s.  La  Révolution  elle-même  n'avait  pas  osé 
renverser  la  chapelle;  mais  vers  1 818  le  malheur  voulut  que 
la  gestion  de  la  terre  de  Vésigneux  se  trouvât  confiée  à  un 
sieur  Houdaille^  fort  indigne  de  cette  mission  ;  le  proprié- 
taire n^était  alors  qu^un  enfant.  Il  fit  par  impiété  détruire  le 
sanctuaire.  A  peine  cette  profanation  fut-elle  accomplie,  qu'il 
perdit  complètement  la  vue  ;  l'ouvrier  qui  avait  entrepris  les 
travaux  de  démolitioi^  se  cassa  la  jambe  et  sa  femme  devii\t 
subitement  fojle.  Les  populations  ipdignées  reconnurent  le 
doigt  de  Dieu  dans  tous  ces  accidents. 

De  cette  chapelle  il  ne  reste  plus  qu^une  planche  qui  devait 
être  placée  au-dessus  de  Tautel,  avec  Tinscriptioa  suivante  : 
Regina  omnium  bonorum. 

SEIGNEURS. 

On  peut  supposer  que  Vésigneux  faisait  parSe  des  domaims 
de  la  maison  de  Chastellux ,  et  qu'à  Tépoque  des  croisades  il 
devint  Vapanage  d'un  cadet  ou  (l'un  fidèle  écuyer  dont  on 
voulait  ainsi  reconnaître  les  services. 


—  164  — 

Aubert  et  Guillaume  de  Vésigneux,  les  premiers  seigneurs 
connus,  donnèrent  à  l'abbaye  de  Crisenon  et  au  prieuré  de  la 
Vernée  un  setier  de  blé  et  une  charretée  de  foin  sur  leurs 
prés,  ce  qui  fut  contre-signe  par  Hugues,  seigneur  de  Lormes, 
et  par  Aubert,  sire  de  Chastellux.  Nous  trouvons  encore  en 
août  1249  une  charte  qui  mentionne  le  don  fait  au  prieuré 
de  la  Vernée  par  Guillaume  le  Malade,  lépreux,  frère  de 
monseigneur  Aubert  Lecorchien,  de  20  sous  de  rente  sur  les 
tailles  de  Vésigneux,  et  approuvée  par  Artaud  de  Chastellux. 
Aubert  ayant  élevé  quelques  difficultés  à  cette  occasion,  le 
sire  de  Chastellux  décida  (juillet  i25o)  que  Guillaume  tou- 
cherait 6  livres  sur  les  tailles  de  Vésigneux  et  prendrait  sur 
cette  somme  les  20  sous  qu'il  destinait  au  prieuré. 

En  1291  nous  trouvons  Huguenin  de  Vésigneux  qui  laissa 
de  son  union  avec  Adeline  de  Mont  une  fille,  Isabelle» 
mariée  à  Jean  de  Bousson.  Adeline  convola  en  secondes 
noces  avec  Jean  Le  Lohaz  de  Chevannes. 

Dans  le  dénombrement  fourni  au  comte  de  Nevers  en 
i33i ,  Jean  de  Chastellux  nomma  la  maison  de  Poincet  de 
Vésigneux,  tout  ce  qu'il  tenait  en  domaine  en  la  ville  et  au 
finage  de  Vésigneux,  et  la  justice  grande  et  petite  desdits 
lieux,  lesquelles  choses  étaient  tenues  en  fief  de  Miletde 
Vésigneux  et  en  arrière-fief  du  seigneur  de  Chastellux. 

Aubert  de  Vésigneux  possédait  la  terre  par  indivis  avec 
Jean  d'Arcy  et  Pierre  deCuisel,  ses  beaux-frères,  pendant 
les  désastres  qui  fondirent  sur  le  Morvand  et  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut. 

Un  procès-verbal  du  3  janvier  1374  mentionne  la  prise 
de  possession  de  la  terre  et  château  de  Vésigneux  au  nom  de 
Laure  de  Bordeaux,  dame  de  Chastellux.  Mme  la  comtesse 
de  Flandre,  à  cause  de  sa  châtellenie  de  Donzy,  avait  aussi 
usé  de  mainmise  sur  ladite  terre,  et  le  bailli  de  Donzy  l'avait 
déclarée  être  du  fief  de  Mme  de  Chastellux  à  l'encontre  de 
Mme  de  Cuisel  et  de  Jean  d'Arcy  l'aîné.  Un  arrêt  du  Parle- 
ment de  Paris,  en  date  du  3i  août  137*5,  adjugea  par 
provision  à  Mme  de  Chastellux  la  mouvance  de  la  terre  de 


—  i65  — 

Vésigncux  à  rencontre  de  Marguerite  de  Vienne,  veuve  de 
Louis  de  Chalon  et  dame  de  Cuisel.  Deux  ans  après, 
Guillaume  de  Beauvoir,  chevalier,  transigea,  au  nom  de  sa 
tante,  Mme  de  Chastellux,  avec  Jean  de  Liénas,  chevalier, 
seigneur  de  Grandchamp,  veuf  de  Philippine  d'Arcy,  sur 
l'instance  en  commise  de  fief  de  la  terre  et  maison-fort  de 
Vésigneux,  laquelle  avait  appartenu  à  Robert  de  Vésigneux 
en  fief  lige  de  la  maison  de  Chastellux.  Jean  d^Arcy  s'était 
cru  permis  d'entrer  en  la  foi  de  Louis  de  Chalon,  et  depuis 
sa  mort  en  eelle  de  sa  veuve  pour  ledit  fief.  Par  cette  tran- 
saction Jean  de  Liénas  reconnut  que  Vésigneux  relevait  du 
fief  de  Mme  de  Chastellux  et  s'engagea  à  payer  i  oo  fr.  d^or 
pour  les  dépens  du  procès.  Une  transaction  semblable  fut 
consentie  par  Jeanne  et  Eticnnette  de  Saint- Phalle ,  que 
Philippine  d'Arcy  avait  eues  de  son  premier  mariage  avec 
Guillaume  de  Saint-Phalle.  Leur  père  donna  son  dénom- 
brement en  1 382  et  maria  Jeanne  à  Jean  de  Brasiers,  écuyer  ; 
de  cette  union  sortit  Marie,  qui  devint  la  femme  d'Oudot  de 
Cussigny,  seigneur  de  Vianges  et  de  Maçon.  Celui-ci  donna 
reconnaissance  le  15  octobre  1465  à  Jean  de  Beauvoir,  sire 
de  Chastellux,  au  nom  de  sa  femme,  qui  elle-même  passa 
procuration  le  i3  novembre  1478  à  Jean  de  Chasson,  écuyer, 
et  à  Bernard  de  Cussigny,  son  fils ,  pour  la  reprise  de  fief  de 
Vésigneux.  Une  partie  de  cette  terre  échut  en  partage  à 
Guillemette  de  Cussigny,  femme  de  Lucas  Barbier,  riche 
bourgeois  de  Vignes,  qui  se  rendit  acquéreur  du  reste  par 
moitié  avec  son  frère  Pierre,  avocat  en  Parlement.  Dès-lors, 
ils  quittèrent  leur  nom  plébéien  pour  porter  celui  de  leur 
nouvelle  seigneurie.  On  voit  que  bien  longtemps  avant  1789 
chacun  avait  le  droit  et  la  facilité  d^aspirer  à  une  position 
supérieure. 

Lucas  de  Vésigneux  laissa  deux  fils  :  Sébastien  et^Aubert , 
qui  firent  Paveu  de  leurs  terres  le  26  mai  iSiq.  Sébastien 
n'ayant  point  eu  d'enfants  de  Claude  de  La  Porte,  légua  son 
héritage  à  sa  nièce  Jacqueline  de  Vésigneux ,  qui  en  fit  foi  et 
hommage  le  16  septembre   1541    :  veuve  de  Saladin  de 


—  i66  — 

MontmoriUon ,  elle  se  remaria ,  vers  1 582 ,  à  Philibert 
d^Igny,  seigneur  de  Rizaucourt;  de  cette  union  vint 
Christophe,  qui  mourut  en  1549.  Ce  jeune  homme  avait 
acquis  de  Philippe  de  Chastellux  la  vicomte  d^Avallon  et 
la  laissa  à  son  frère ,  Saladin  de  MontmoriUon  ;  celui-ci 
la  revendit  en  i56i  à  sa  sœur  consanguine,  Charlotte  de 
MontmoriUon,  dame  de  Bazoches.  En  i568,  Saladin  était 
capitaine  et  gouverneur  d'Avallon  avec  Sébastien  de  Rabutin; 
Tannée  suivante^  la  ville  dépensa  cinquante  sols  f)oar  offrir 
iiB  coq  d'Inde  à  M.  de  Vésigneux. 

Saladin  de  MontmoriUon ,  devenu  seigneur  de  Vésigneux 
par  la  mort  de  sa  mère,  épousa  Anne  de  L'Hospital  et 
mourut  en  1597  ;  ^^  n'eut  qu'une  611e ,  Louise ,  qui  épousa, 
k  21  juin  1588,  César  de  Bourbon,  comte  de  Busset  et 
de  Chalus ,  commandeur  des  ordres  du  roi ,  gouverneur  de 
Sarlat  et  de  Morat;  c'est  ainsi  que  Vésigneux  devint  la 
résidence  d^une  branche  de  l'iUustre  maison  de  Bourbon, 
privée  de  tout  droit  à  la  couronne  ducale  et  plus  lard  au 
trône  par  la  haine  de  Louis  XI. 

Cés»f  de  Bourbon-Busset  était,  le  20  juin  1589,  capitaine 
de  cinquante  hommes  d^armes  des  ordonnances  du  duc 
d'Orléan^y  et  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du  roi. 
Psir  son  testain^nt  du  2  novembre  i63o ,  il  fit  le  partage  de 
ses  biens  entre  ses  enfants,  et  mourut  à  Busset  le 
21  norv^mbre  i63o.  De  so«i  paariage  avec  Louise  de 
MociiQQoriUon ,  U  eu)  sept  enfai^ts^  dont  le  quatrième 
reçuetltît  l'héritage  de  ses  parents. 

Loïkise  de  MeiAtmof  iUoD  était  dame  d^honneur  de  la  reioe 
en  i634«  et  moiurut  v^ers  la  Toussaint,,  en  1649,  dans  un 
âge  fort  avancé.  Elle  avait  fourni,,  le  i3  paai  1S99,  son 
dénombrement  de  la  terre  de  Vésigneux  à  M.  de  Chastellux. 

Le  9  janvier  1640,  elle  fit  en  faveur  des  Cordeliers  de 
Vézelay  une  fondation  de  douze  livres  de  rente,  assise  sur 
les  biens  desNaulîn,  de  Jourland,  paroisse  de  Saint-Martin. 
Cette  reifLte  fut  vendue  le  i^^  mars  1687,  par  les  Cordeliers, 
au  aiew  PbiUb^t  de  Sauvage  ^  seigneur  de  MoLatbaroa, 


—  tif  — 

comme  tuteur  du  tteur  Guillaume  Courtot,  moyenant  deux 
cents  livres  employées  à  acquérir  deux  pièces  de  vigne. 

Par  son  testament  olographe  du  i3  mars  1645,  elle 
chargea  son  iSls  «  d^une  fondation  de  cent  dix  sols  par  an 
pour  un  service  de  cinq  messes  qui  devait  être  fait  dans 
réglise  de  Saint-Martin,  à  tel  jour  que  celui  du  trépas  de 
kdite  dame.  • 

Jean-Louis  de  Bourbon,  né  à  Busset,  le  23  juin  1597, 
était  resté  le  seul  fils  de  Louise  de  Montmorillon,  et  recueillit 
son  héritage ,  dont  il  fournit  le  dénombrement  le  24  février 
1652.  Il  se  plaisait  à  réunir  l'élite  de  la  noblesse  au  château 
de  Vésigneux,  et  eut  l'honneur  d'y  recevoir  le  prince  de 
Condé.  Il  hit  nommé,  en  1648,  premier  syndic  de  la 
noblesse  d^Auvergne,  et  figura  comme  député  de  celle-ci  aux 
Euts-Généraux  tenus  à  Orléans  en  1 649,  et  à  Tours  en  1 65 1 . 
Il  mourut  à  Busset  le  8  avril  1667.  ^^  ^^^^^  épousé,  par 
contrat  du  i*'  août  1639,  Hélène  de  La  Queuillede  Fleurât  ; 
de  cette  union  vinrent  :  Jean-Louis,  mort  jeune;  Louis, 
qui  suit;  Madeleine,  née  le  18  novembre  1644,  mariée  le 
17  septembre  1668  à  François  Andrault  de  Langeron, 
marquis  de  Maulévrier,  morte  en  couches  onze  mois  après, 
et  Anne,  née  le  18  juin  1646,  mariée  en  1672  à  Jean  de 
Saulx,  marquis  de  Tavanes,  morte  le  17  octobre  1707. 

Hélène  de  La  Queuille  n'était  pas  faite  pour  sauvegarder 
les  intérêts  de  ses  enfants  :  peu  de  temps  après  la  mort  de 
son  mari ,  il  fut  adressé  au  lieutenant^général  de  Riom  une 
requête  à  l'effet  c  de  faire  saisir  et  mettre  sous  bonne  .garde 
les  meubles  précieux,  titres  et  papiers  du  château  de  Busset 
pour  empêcher  les  dissipations  qu^en  faisoit  ladite  dame.  > 

Hélène  de  La  Queuille  mourut  à  Cusset  le  7  mars  1 669 , 
dans  la  maison  du  sieur  Marc-Antoine  de  Bart  du  Croisât  ; 
son  corps  fut  inhumé  dans  Téglise  des  Pères  Célestins  de 
Vichy ,  qui  reçurent  six  cents  livres  pour  l'enterrement  et  le 
service  du  bout  de  Pan,  Par  son  testament,  fait  la  veille  de  sa 
noort,  devant  Lachaise,  notaire  à  Cusset,  elle  laissa  le  quart 
de  ses  biens  à  Jean- Gilbert  de  Btrt,  écoyer,  sieur  du 


—  i68  — 

Croisât  et  du  Crozet;  elle  légua  aussi  à  Antoine  de 
Bart,  son  écuyer,  3,ooo  livres ,  son  équipage  de  carrosse,  ses 
chevaux  et  sa  chambre  garnie ,  et  à  Diane  de  Bart 
6,000  livres.  Aussi  ses  héritiers  naturels  n'acceptèrent  sa 
succession  que  sous  bénéfice  dUnventaire. 

Louis  de  Bourbon,  comte  de  Busset,  lieutenant-général  de 
Tartillerie  de  France,  était  né  le  18  octobre  1648,  et  servit 
avec  la  plus  grande  distinction  dans  les  armées  du  roi,  mais 
sa  carrière  se  termina  d^une  façon  glorieuse  et  prématurée 
sous  les  murs  de  Fribourg,  dans  la  nuit  du  11  au  12  no- 
vembre 1677;  son  cœur  fut  placé  le  9  décembre  dans  la 
chapelle  du  château  de  Busset.  Il  avait  fourni  son  dénom- 
brement le  23  juin  1671.  Il  avait  épousé  le  15  janvier  1672 
Madeleine  de  Bermondet ,  qui  prolongea  son  existence  jus- 
qu'au 3o  juillet  1724.  Elle  fit  foi  et  hommage,  au  nom  de  ses 
enfants,  à  M.  le  comte  de  Chastellux,  le  9  novembre  1682. 
Elle  obtint,  le  19  janvier  1723,  du  sieur  Rosier  des  Essarts, 
lieutenant-général  de  police  à  Limoges,  une  ordonnance  lui 
permettant  de  faire  imprimer  par  tel  imprimeur  qu'elle  vou- 
drait et  de  faire  afficher  où  besoin  serait  une  généalogie 
prouvant  que  les  seigneurs  comtes  de  Bourbon-Busset  des- 
cendaient par  légitime  mariage  de  Tillustre  et  royale  maison 
de  Bourbon. 

De  ce  mariage  vinrent  quatre  enfants,  dont  Taîné,  Louis, 
posséda  Vésigneux. 

Louis  de  Bourbon,  comte  de  Busset,  né  à  Busset  le  3o  sef>- 
tembre  1672,  y  mourut  le  14  avril  1724.  Il  avait  épousé  le 
3i  décembre  17 19  Marie-Anne  de  Gouffier  de  Thoix  qui,  à 
l'occasion  de  sa  mort,  fit  peindre  un  tableau  allégorique 
qu'on  voit  encore  au  château  de  Vésigneux.  Le  comte  de 
Bourbon-Busset  y  est  représenté  s'élevant  au  ciel,  tandis  que 
sa  veuve  éplorée  lui  présente  Tenfant  dont  il  l'avait  laissée 
enceinte. 

François- Louis- Antoine  de  Bourbon,  comte  de  Busset, 
naquit  au  château  de  Busset  le  26  août  1722.  Pour  célébrer 
sa  naissance  on  fit  à  Vésigneux,  le  20  septembre,  un  feu  de 


—  169  — 

)oie  qui  fut  placé  c  au-dessus  de  Touche  des  Ongelées  «  près 
d^un  magne  existant  à  côté  de  la  chaume.  Toute  la  justice 
s  y  trouva,  avec  tambours,  hautbois,  fusiliers  et  deux  cou- 
leuvrines  mises  par  delà  le  feu  de  joie,  en  face  Chastellux.  » 
Il  fut  nommé  capitaine  de  cavalerie  au  i  égiment  d^Andlau  le 
24  août  1741,  mcstre  de  camp  du  mcme  régiment  le 
ler  décembre  1745,  chevalier  de  Saint-Louis  le  2  janvier 
175  i,  brigadier  de  cavalerie  le  i»' mars  1758,  maréchal  des 
camps  et  armées  du  roi  le  20  février  1761. 

Le  comte  de  Bourbon^Busset  fut  élu  de  la  noblesse  aux 
Etats  de  Bourgogne,  en  1766  [1}  ;  il  devint  premier  gentil- 
homme de  la  chambre  du  comte  d^ Artois,  le  16  sep- 
tembre 1773,  puis  lieutenant-général  le  i*'  mars  1780. 

Il  fit  de  fréquents  et  longs  séjours  à  Vésigneux ,  et  y  tenait 
un  grand  état;  beaucoup  de  ses  amis  venaient  ly  visiter.  11 
aimait  réellement  ce  pays  et  lui  rendit  un  service  signalé  en 
y  introduisant  la  culture  de  la  pomme  de  terre 

Par  son  testament  du  9  avril  1788,  il  laissa  d'abondantes 
aumônes  aux  dix-huit  paroisses  dont  il  était  seigneur,  et  de 
nombreuses  pensions  à  ses  gens,  et  toutes  ses  terres  du 
Nivernais  à  son  second  fils.  Il  mourut  au  château  de  Busset, 
le  16  janvier  1793,  pénétré  de  douleur  à  la  vue  des  malheurs 
qui  accablaient  la  France,  et  prévoyant  déjà  Texécrable 
crime  qui  allait  la  condamner  à  de  longues  et  terribles 
expiations. 

Le  dernier  acte  de  foi  et  hommage  à  M.  le  comte  de  Chas«> 
tellux  fut  rendu  le  9  mars  17791  par  le  comte  de  Bourbon- 
Busset.  Ce  dernier  avait  épousé,  le  23  avril  1743,  Madeleine- 
Louise-Jeanne  de  Qermont-Tonnerre ,  fille  du  maréchal, 
femme  du  plus  grand  mérite. 

Cette  femme  si  supérieure  mourut  au  prieuré  de  Valdosne, 
le  27  juillet  1769,  et  fut  inhumée  dans  Téglise  de  la  paroisse 

(i)  li  reste  encore  auchAteau  de  Vésigneux  des  documents  nom- 
breux et  intéressants  sur  les  Etats  de  Bourgogne,  qu*un  travaiUeur 
pourrait  étudier  avec  fruit. 

T.  m,  3*  série.  22 


—  170  — 

de  Saint-Maurice  de  Charenton  ;  elle  fut  remplacée,  le 
27  avril  1773,  par  Jeanne  Marie- Louise-Thècle  de  Moreton 
de  Chabrillan,  qui  vécut  jusqu^au  24  avril  1812. 

Le  comte  de  Busset  eut  de  son  premier  mariage  huit 
enfants,  dont  deux  fils  qui  furent  auteurs  des  deux  branches 
de  la  famille. 

Louis-François-Joseph  de  Bourbon,  appelé  d^abord  le 
marquis  de  Bourbon-Busset ,  puis  le  comte  de  Chalus,  se 
trouva  fréquemment  à  Vésigneux  avec  son  père. 

Louis-Antoine-Paul  de  Bourbon,  vicomte  de  Busset, 
naquit  au  château  de  Busset,  le  11  novembre  1753  ,  et  fut 
reçu  chevalier  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  en  1762;  sous- 
lieutenant  dans  le  régiment  du  colonel  général  de  la  cavalerie 
légère  le  3o  décembre  1769;  il  devint  capitaine  au  même 
corps  le  4  mai  1771.  Le  19  octobre  1779 ,  il  reçut  un  brevet 
de  survivance  à  la  charge  de  premier  gentilhomme  de  Mgr 
le  comte  d'Artois ,  possédée  par  son  père  ;  le  1 3  avril  1780, 
il  fut  nommé  mestre  de  camp  en  second  du  régiment  d^ Anjou 
infanterie. 

En  1787,  il  devint  élu  général  de  la  noblesse  de  la  province 
de  Bourgogne ,  et  exerça  cette  charge  jusqu^en  1 790  ;  dans  l'in- 
tervalle, il  fut  promu,  le  10  mars  1788,  au  grade  de  mestre  de 
camp  lieutenant  commandant  le  régiment  d'Artois  cavalerie. 

Il  remplit  les  fonctions  d'élu  général  de  la  noblesse  avec 
tant  de  distinction  que,  lors  de  la  démission  du  marquis  de 
Gouvernet  comme  commandant  en  chef  de  la  province  de 
Bourgogne ,  il  fut  unanimement  désigné  pour  occuper  ce 
poste  important.  Le  roi  Ty  appela  par  ordonnance  du 
9  décembre  1789,  et  il  y  resta  jusqu'au  1^  mai  1791 ,  que 
ces  places  furent  supprimées. 

Le  zèle  que  M.  de  Bourbon-Busset  déploya  dans  l'exercice 
de  ses  fonctions,  les  travaux  excessifs  auxquels  il  se  livra  au 
milieu  de  difficultés  sans  cesse  renaissantes,  Peffroyable 
responsabilité  dont  il  sentait  le  poids ,  et  surtout  la  douleur 
que  lui  causèrent  de  funestes  événements,  ruinèrent  complè- 
tement sa  santé, 


Nous  avons  vu  que  Vésigneux  fut  pillé  le  lo  octobre  1793; 
on  enleva  ce  jour-là  la  plus  grande  partie  du  mobilier  de  la 
chapelle;  on  vola  en  même  temps  de  l'argenterie^  deux 
juments  toutes  sellées  et  bridées,  un  poulain  arabe  de  quatre 
ans ,  huit  selles  et  brides  et  trois  tableaux  de  famille.  Les 
1 9  et  26  octobre  et  le  15  décembre  1793  on  enleva  ce  qui 
restait  à  la  chapelle,  Pargenterie ,  le  linge  et  les  meubles;  on 
brûla  sur  la  place  publique  une  partie  des  archives  et  toute 
la  bibliothèque,  à  cause  des  fleurs  de  lys  qui  ornaient  les 
plats. 

Le  district  de  Corbigny  rendit  le  11  novembre  1793  un 
arrêté  qui  prescrivait  la  vente  du  mobilier,  à  l'exception  des 
objets  utiles  au  service  des  armées  et  des  volontaires ,  et 
l'expulsion  de  tous  les  gens  attachés  au  service  du  château. 
M.  de  Bourbon  protesta  le  20  novembre,  mais  en  vain  ;  les 
meubles  furent  donc  vendus  les  10  ,  25  et  3o  janvier  1794, 
tant  à  Ncvers  qu'à  Vésigneux,  et  3r,837  livres  3  sous 
allèrent  s'engouffrer  dans  les  poches  républicaines.  C'était  un 
crime  d'émigrer,  c'en  était  un  aussi  de  rester  dans  ses  foyers 
et  de  défendre  ses  biens  contre  la  rapacité  des  oppresseurs  de 
la  France.  M.  de  Bourbon  réclama  ses  livres  et  habits  le 
itr  avril  1794  et  encore  le  23  janvier  1795  ,  et  eut  beaucoup 
de  peine  à  les  obtenir.  Il  se  trouvait  à  Paris  au  plus  fort  de 
la  Terreur,  cherchant  à  se  faire  oublier,  et  lorsque  le  9  ther- 
midor semblait  lui  permettre  de  respirer,  il  se  vit  en  butte 
aux  vexations  les  plus  arbitraires.  Le  26  juillet  1794  le 
bureau  central  de  Paris  décerna  un  mandat  d'amener  contre 
lui  ;  les  scellés  furent  apposés  dans  sa  demeure  le  29  et  ne 
furent  levés  que  le  9  décembre.  Le  3i  juillet,  le  commissaire 
de  police  constata  qu^il  ne  se  trouvait  dans  ses  papiers  et 
correspondances  rien  de  suspect  ou  de  contraire  aux  intérêts 
de  la  République.  Le  8  août,  M.  de  Bourbon  adressa  une 
pétition  pour  obtenir  sa  liberté  ;  le  lendemain ,  le  comité 
révolutionnaire  de  la  section  de  la  Fontaine-de-Grenelle 
donna  un  certificat  portant  que  le  citoyen  Bourbon-Busset 
n'avait  été  arrêté  que  comme  suspect.  Le  8  décembre  suivant. 


—  i72i  — 

le  comité  général  de  la  Convention  prit  un  arrêté  pour 
ordonner  son  élargissement  et  celui  de  ses  deux  neveux, 
emprisonnés  le  8  août  1794,  en  vertu  d'un  arrêté  de  Forestier, 
représentant  du  peuple  :  ils  sortirent  de  la  maison  d^arrêt  du 
Luxembourg  en  même  temps  que  leur  oncle,  le  29  décem- 
bre 1794. 

Malgré  son  extrême  pénurie,  le  vicomte  de  Bourbon- 
Busset  continua  à  payer  les  nombreuses  pensions  léguées  par 
son  père  et  par  sa  tante  la  comtesse  d^Ouroy ,  et  se  dévoua 
pour  les  deux  fils  de  son  frère  émigré;  il  fut  assez  heureux 
pour  leur  conserver  la  plus  grande  partie  de  leur  patrimoine. 
Pour  subvenir  à  toutes  ces  charges,  il  n^hésita  pas  à 
contracter  les  emprunts  les  plus  onéreux. 

Il  aimait  extrêmement  Vésigneux,  oti  les  dispositions  testa- 
mentaires de  son  père  l'avaient  fixé ,  et  cherchait  à  accroître 
la  richesse  agricole  de  ce  coin  du  Morvand.  Il  y  avait  établi  un 
haras,  composé  de  deux  étalons  arabes  et  de  plusieurs  juments 
poulinières;  il  y  avait  aussi  fait  venir  des  vaches  de  Suisse 
et  des  moutons  du  Roussillon  et  d^Espagne,  pensant  que  ces 
différentes  espèces  d^animaux  s'accommoderaient  du  climat  du 
Morvand.  Mais  ses  bonnes  intentions  furent  paralysées  par 
les  rapines  de  la  République  et  de  certains  particuliers. 

Lorsque  la  tempête  révolutionnaire  se  fut  un  peu  calmée, 
le  vicomte  de  Bourbon-Busset  éprouva  le  besoin  de  se  créer 
une  famille,  un  intérieur  et  des  affections.  Il  épousa  donc  à 
Besson,  en  Bourbonnais,  le  29  octobre  1796,  une  riche 
héritière  de  dix-sept  ans ,  Marguerite- Louise-Charlotte- 
Joséphine  de  Lordat,  et  partit  avec  elle,  le  29  novembre, 
pour  Vésigneux,  oti  le  jeune  ménage  sUnstalla  tant  bien  que 
mal,  donnant  une  hospitalité  tout  écossaise  à  des  amis 
dévoués.  La  vicomtesse  accoucha,  le  6  novembre  1797,  ^*"" 
fils,  qui  fut  nommé  Louis-Charles-Timoléon  ;  la  joie  fut 
grande  à  Vésigneux,  mais  bientôt  changée  en  deuil  :  l'enfant 
mourut  le  2  mai  1798,  et  son  frère  Eugène  naquit  le 
i5  février  1799.  Tout  souriait  autour  de  ce  berceau,  mais 
des  malheurs  successif  allaient  amener  la  ruine  de  Vésigneux. 


La  vicomtesse  s'étant  rendue  à  Paris  ,  y  mourut  le  7  juin 
!  800 ,  en  laissant  à  son  fils  la  tertre  de  Lignières ,  en  Berry , 
qui  lui  venait  des  Colbert,  ses  aïeux  maternels.  Le  vicomte, 
usé  par  tant  de  chagrins  et  d'émotions,  y  mourut  le  9  fé- 
vrier 1802,  et  Eugène  de  Bourbon- Busset  se  trouva,  dès 
Tâge  de  trois  ans ,  à  la  tête  d^une  fortune  très-considérable. 
Elevé  loin  de  son  pays  natal ,  il  ne  jugea  point  à  propos  de 
revenir  s^y  établir,  et  ne  fit  que  de  rares  apparitions  en 
Morvand.  Par  sa  mort,  arrivée  à  Lignières  le  24  novembre 
i863,  la  terre  de  Vésigneux  échut  à  sa  fille  Marguerite- 
Louîse-Marie-Anne  de  Bourbon,  qui  avait  épousé,  le  a8  oc- 
tobre 1857,  Amable-Marie-Laurcnt ,  aujourd'hui  marquis 
d«  Chabannes.  Elle  fonda  une  école  pour  les  jeunes  filles  de 
Saint-Martin,  sous  la  direction  des  religieuses  de  Nevers  ,  et 
songeait  à  restaurer  le  château  de  Vésigneux,  lorsqu'une 
mort  prématurée  l'enleva,  le  8  octobre  1870,  à  la  tendresse 
des  siens.  Elle  laissa  trois  enfants  ;  on  souhaite  que  l'un 
d^eux  se  fixe  à  Vésigneux  et  y  remplisse  la  place  qui  convient 
à  un  homme  de  cœur  et  de  bien,  capable  d'exercer  une 
influence  utile  dans  son  pays  (i). 

Comte  DE  CHASTELLUX. 


(i)  J'ai  refondu  mes  notes  avec  celles  de  M.  Teste,  régisseur  du 
château  de  Vésigneux,  et  je  lui  adresse  ici  mille  remercîments  pour 
ses  recherches  si  exacles  et  si  curieuses. 


-  ?74  - 


LA  CHARTE  DE  DÉPART  POUR  LA  TERRE-SAINTE 


DE  GAUCHER  DE  CHATILLON,  BARON  DE  DONZY. 


En  partant  pour  les  expéditions  en  Terre-Sainte,  ces 
croisades  d'oCi  si  peu  revenaient ,  les  seigneurs  avaient 
coutume  de  faire  des  donations  aux  établissements  religieux 
de  leur  voisinage;  par  là  ils  devenaient  participants  aux 
prières  de  ces  maisons  ;  quelquefois  aussi  ces  donations 
notaient  que  des  ventes  simulées  ou  des  engagements  par 
lesquels  ils  se  procuraient  les  fonds  qui  étaient  nécessaires 
pour  le  voyage. 

Un  bien  petit  nombre  de  ces  chartes  de  départ  nous  sont 
parvenues  ;  celle  dont  nous  donnons  le  texte  plus  loin , 
d'après  l'original  conservé  aux  archives  départementales  de 
la  Nièvre,  n'est  pas  une  des  moins  intéressantes,  et  par 
l'illustration  du  donateur,  appartenant  à  une  de  ces  grandes 
familles  féodales  dont  bien  des  membres  déjà  avaient 
guerroyé  contre  les  infidèles,  et  par  la  manière  glorieuse 
dont  il  s'acquitta  de  son  vœu  et  trouva  la  mort  dans  cette 
célèbre  et  désastreuse  campagne,  et  par  les  soins  qu'il  prend 
d^assurer  des  secours  qui,  dans  sa  volonté,  devaient  être 
perpétuels  pour  les  pauvres  de  l'une  de  ses  seigneuries ,  ce 
qui  rend  cette  donation  tout  particulièrement  touchante. 

L'un  des  chevaliers  les  plus  braves  et  les  plus  renommés 
parmi  ceux  qui  prirent  part  à  la  première  croisade  de  saint 
Louis  fut  sans  contredit  Gaucher  de  Chatillon  ,  seigneur  de 
Saint-Aignan  en  Berry  et  baron  de  Donzy. 

Fils  de  Guy  de  Chatillon ,  comte  de  Saint  -  Paul ,  et 
d^Agnès,  baronne  de  Donzy,  dame  de  Saint-Aignan,  il 
s^était  distingué  dans  l'expédition  conduite  en  1242  par 
Louis  IX  contre  Hugues  X,  comte  de  La  Marche. 


-  175- 

En  1247,  Mahaud  de  Courtenay,  comtesse  de  Nevers, 
veuve  d^Hervé  de  Donzy,  son  aïeule  maternelle ,  et  Dreux 
de  Mello,  seigneur  d'Epoisses  et  de  Château-Chinon ,  le 
prirent  pour  arbitre  dans  un  différend  au  sujet  de  la 
mouvance  du  château  de  Lormes,  qui  fut  reconnu  être  du 
fief  de  la  comtesse  de  Nevers  (i). 

L^année  suivante,  il  prit  la  croix  et  accompagna  saint 
Louis  à  la  croisade,  ainsi  que  son  oncle  Hugues  de 
Chatillon,  comte  de  Saint- Paul. 

Avant  de  partir,  au  mois  de  juillet  1248,  il  légua  aux 
abbés  de  Saint- Martin  de  Nevers  et  de  Fontmorigny 
23  livres  tournois  de  rente ,  représentant  466  fr.  07  c.  de 
notre  monnaie  actuelle,  valeur  intrinsèque,  à  prendre 
chaque  année  sur  les  revenus  de  sa  terre  de  Cuffy,  sur 
lesquelles  20  livres  devaient  servir  à  acheter  des  tuniques  et 
des  souliers  destinés  à  être  distribués  par  les  deux  abbés  aux 
pauvres  de  la  terre  de  Cuffy.  Dans  l'acte  qui  nous  a  conservé 
le  souvenir  de  cette  libéralité,  Gaucher  de  Chatillon  prend 
des  précautions  méticuleuses  pour  assurer  Texécution  de 
sa  fondation  :  il  y  est  dit  que  si  Tun  des  deux  abbés  ne 
pouvait  pas,  ou  ne  voulait  pas  assister  par  lui-même  à  cette 
distribution ,  le  prieur  de  son  abbaye  devait  le  remplacer, 
toucher  lui-même  les  3o  sous  qui  auraient  dû  revenir  à  son 
abbé  s'il  eût  été  présent,  et  les  employer  à  donner  une 
pitance  à  son  couvent.  En  ajoutant  un  plat  au  maigre 
ordinaire  de  leurs  maisons ,  le  donateur  pensait  sans  doute 
rendre  les  prieurs  des  deux  abbayes  plus  vigilants  à  veiller  à 
Paccom plissement  de  ses  volontés.  Il  déclarait  aussi  que  son 
intention  était  que  si  Tabbé  ou  le  prieur  d'une  seule  des 
deux  abbayes  faisait  en  personne  la  répartition  des  secours, 
les  3  livres  lui  seraient  intégralement  données,  et  dans  le 
cas  oti  ce  serait  le  prieur,  elles  serviraient  à  une  pitance 
pour  les  religieux  de  son  abbaye.  Cette  distribution  de 
secours  devait  être  faite  le  jour  de  Saint-Remy  ;  les  receveurs 

(i)  Maboli,bs,  Inventaire  det  Titres  de  Nevers^  col.  491. 


—  ij6  — 

des  râTenus  et  les  juges  de  la  terre  de  CujSy  devaient  payer 
aux  deux  abbés  ou  aux  deux  prieurs  3  sous  tournois 
d'amende  par  jour  de  retard  du  payement  de  cette  somme.  De 
leur  côté,  les  abbés  et  prieurs  des  abbayes  de  Saint-Martin 
et  de  Fontmorigny  devaient,  aussitôt  après  leur  nomination, 
se  rendre  sur  les  lieux  où  se  levaient  les  revenus  sur  lesquels 
étaient  prises  les  23  livres  tournois  à  eux  laissées,  c'est-à-dire 
à  Cuffy,  et  s^y  engager  devant  le  seigneur  du  lieu  ou  son 
mandataire  à  bien  s^acquitter  et  fidèlement  de  Texécution 
des  volontés  du  donateur. 

Saint  Louis  s'embarqua  à  Aigues-Mortes  le  28  août  1248 
et  débarqua  en  Chypre  le  18  septembre;  Tarmée  y  passa 
l'hiver  et  ne  se  rembarqua  que  le  21  mai  1249.  ^^^^^ 
pendant  ce  long  séjour  en  Chypre ,  au  mois  de  février  1 249 
(nouveau  style) ,  que  Gaucher  de  Chatillon  fit  don  à  Alain 
Le  Lou,  chevalier,  l'un  de  ses  compagnons  et  sans  doute  un 
Nivernais ,  de  40  livres  de  rente  en  fief,  soit  809  fr.  55  c.  de 
notre  monnaie,  au  comté  de  Nevers,  lorsque  ledit  comté  lui 
serait  échu  (i). 

L'armée  de  saint  Louis,  grossie  du  contingent  des  che- 
valiers des  royaumes  de  Chypre  et  de  Jérusalem  ,  prit  terre  à 
Damiette à  la  fin  de  mai  ou  au  commencement  de  juin;  la 
ville  fut  prise  de  suite,  et  le  roi  y  fit  un  long  séjour  pour 
attendre  les  retardataires  de  son  armée.  Ce  ne  fut  qu^à  la  fin 
de  novembre  que  l'on  se  mit  en  marche  pour  le  Caire;  après 
quelques  succès,  les  6  et  25  décembre,  saint  Louis  fut  obligé 
de  s'arrêter  le  8  février  i25o  à  La  Massoure,  oCi  fut  livrée 
une  bataille  sanglante  et  indécise.  Pour  rentrer  au  camp, 
Tarrière-garde  fut  confiée  à  Gaucher  de  Chatillon,  sur  sa 
demande  (2). 


(i)  Marolles,  Inventaire  des  Titres  de  Nevers,  col.  67. 

(2)  «  Le  soir,  au  soleil  couchant,  nous  amena  li  connestables  les 
arbalestriers  le  roy  à  pié,  et  s'arangièrent  devant  nous;  et  quant  H 
Sarrazin  lour  virent  mettre  pié  en  Testrier  des  arbalestes,  il  s'en- 
fuirent et  nous  laissièrent*  Et  lors  me  dist  li  connestableis  :  «  Sénés* 


-  177  — 

Pendant  la  nuit  suivante,  les  Sarrasins  ayant  attaqué 
le  camp  que  gardaient  les  hommes  du  sire  de  Joinville, 
le  roi  envoya  Gaucher  de  Chatillon  pour  soutenir  le  séné- 
chal de  Champagne,  et  les  assaillants  furent  repoussés  (i). 
Dans  la  bataille  qui  eut  lieu  le  ii  février,  Gaucher  de 
Chatillon  commandait  un  corps  de  chevaliers  chrétiens 
qui  se  défendit  si  vigoureusement  que  les  Turcs  ne  purent 
Tentamer  (2). 

Au  commencement  d'avril,  la  retraite  fut  décidée;  on 
repassa  le  Nil ,  et  ce  fut  encore  Gaucher  de  Chatillon  qui  fit 
Tarrière-garde  :  «  Toutevoiz  ne  se  mut  li  roys  ne  ses  gens , 
jusque^  à  tant  que  tout  li  harnoiz  (3)  fu  portez  oustre  ;  et 
lors  passa  li  roys  et  sa  bataille  après  li ,  et  tuit  li  autre  baron 
après,  fors  que  mon  signour  Gautier  de  Chasteillon,  qui 
fist  Tarrière-garde  (4).  > 

Le  5  avril  eut  lieu  la  bataille  de  Pharamie,  à  la  suite  de 
laquelle  le  roi  fut  pris  ;  c*est  là  que  Gaucher  de  Chatillon  fut 


chau6>  c'est  bien  fait;  or  vous  en  alez  vers  le  roy,  si  ne  le  lessiés 
huimais  jusques  à  tant  que  il  iert  descendus  en  son  paveillon.  »  Si 
tost  comme  je  ving  au  roy,  mes  sires  Jehans  de  Waleri  vint  à  H  et 
H  dist:  f  Sire,  mes  sires  de  Chasteilion  vous  prie  que  vous  li  donnez 
Tanère^arde.  •  Et  li  roys  si  fist  moût  volentiers^  et  puis  si  se  mist 
au  chemin.  »  (ioïKviLLK,  édition  classique  de  Natalis  de  Wailly 

(1882),  p.   102.) 

(i)  «  ...  et  li  roys  nous  envoia  mon  signour  Gauchier  de  Chasteilion 
liquez  se  logea  entre  nous  et  les  Turs ,  devant  nous. 

*  Quant  H  sires  de  Chasteilion  ot  reboutée  arièra  les  serjans  aus 
Turs  à  piéy  il  se  retraistrent  sus  une  grosse  bataille  de  Turs  à  cheval, 
qui  estoit  rangée  devant  nostre  ost...  »  {Ibid.^  p.  108.) 

(2)  «  Après  la  bataille  au  roy  de  Sezille,  estoit  la  bataille  des  barons 
d*outre-meo  dont  mes  sires  Guis  dUbelin  et  mes  sires  Baudoins,  ses 
frères,  estoient  chievetein.  Après  lour  bataille,  estoit  la  bataille  mon 
signour  Gautier  de  Chateillon,  pleinne  de  preudoroes  et  de  bonne 
chevalerie.  Ces  dous  batailles  se  deilèndirent  si  viguerousement  que 
onques  li  Turc  ne  les  porent  ne  percier  ne  rebouter,  p  {fbié.,  p.  112.) 

(3)  Bagage. 

(4)  Joiinrnj.B,  p.  i23. 

T.  m,  3*  série.  23 


—  178  — 

tué  après  des  prodiges  de  valeur.  Voici  comment  Joiaville 

raconte  sa  mort  : 

• 

c  Je  ne  vueil  pas  oublier  aucunes  besoignes  qui  avindreni 
en  Egypte,  tandis  que  nous  y  estiens.  Tout  premier  je  vous 
dirai  de  mon  signour  Gauchier  de  Chasteillon,  que  uns 
chevaliers^  qui  avoit  non  mon  signour  Jehan  de  Monson, 
me  conta  que  il  vit  mon  signour  de  Chasteillon  en  une  rue 
qui  estoit  ou  kasel  (i)  là  où  li  roys  fu  pris;  et  passoit  celle 
rue  toute  droite  parmi  le  kasel,  si  que  on  veoit  les  chans 
d'une  part  et  d^autres.  En  celle  rue  estoit  mes  sires  Gauchiers 
de  Chasteillon,  Tespée  ou  poing,  toute  nue. 

ï>  Quant  il  veoit  que  li  Turc  se  metoient  parmi  celle 
rue  (2),  il  lour  couroitsus,  Tespée  ou  poing,  et  les  flatoit  (3) 
hors  dou  casel;  et  au  fuir  que  li  Turc  faisoient  devant  li  (il 
qui  traioient  (4)  aussi  bien  devant  comme  darière)  le  cou- 
vrirent tuit  de  pilez  (5).  Quant  il  les  avoit  chaciez  hors  dou 

kasel,  il  te  desflichoit  (6)  de  ces  piles  qu'il  avait  sur  li,  et 

• 

remetoit  sa  cote  à  armer  (7)  de  sus  li,  et  se  dressoit  sur  ses 
estriers,  et  estendoit  les  bras  atout  (8;  Tespée,  et  crioit  : 
c  Chasteillon,  chevalier!  oti  sont  mi  preudome?»  Quant 
il  se  retournoit  et  il  veoit  que  li  Turc  estoient  entrei  par 
Tautre  chief  (9),  il  lour  recouroit  sus,  Tespée  ou  poing,  et  les 
enchaçoit  ;  et  ainsi  iist  par  trois  foiz  en  la  manière  desus  dite. 
»  Quant  li  amiraus  des  galies  m*out  amenéi  devers  ceus 
qui  furent  pris  à  terre,  je  enquis  à  ceux  qui  estoient  entour 

(i)  Casai  ou  casel,  nom  qu^on  donnait  en  Orient  aux  hameaux  ou 
villages. 

(2)  Se  metoient  parmi  celle  rue,  —  entraient  dans  cette  rue. 

(3)  Flatoit,  —  jetait. 

(4)  Traioient,  —  tirer  de  l'arc. 

(5)  Pile^  ou  piles,  —  traits, 

(6)  Se  desflichoit,  —  enlevait  les  flèches. 

(7)  Cote  à  armer,  —  cotte  d'armes,  vêtement  d'étoffe  légère  qui  se 
mettait  par-dessus  le  haubert  ou  cotte  de  mailles. 

(8)  Atout,  —  avec. 

(9)  Chief,  —  bout. 


—  Ï79  — 

li;  ne  onques  ne  trouvai  qui  me  deist  comment  il  fu  pris, 
lorsque  tant  que  mes  sires  Jehans  Fouinons  (i),  li  bons  che- 
valiers me  dist  que,  quand  on  Tamenoit  pris  vers  la  Mas-- 
soure,  il  trouva  un  Turc  qui  estoit  montez  sur  le  cheval 
mon  sîgnour  Gauchîer  de  Chasteillon  ;  et  estoit  la  culière  (2) 
toute  sanglante  dou  cheval.  Et  il  li  demanda  que  il  avait  fait 
de  celi  à  cui  li  chevaus  estoit  ;  et  li  respondi  que  il  li  avoit 
copei  la  gorge  tout  à  cheval,  si  comme  il  aparut  à  la  culière 
qui  en  estoit  ensanglantée  dou  sanc  (3).  » 

Gaucher  de  Chatillon  n'avait  que  vingt-huit  ans  et  ne 
laissait  pas  d'enfants  de  Jeanne  de  Boulogne,  sa  femme ^ 
fille  unique  de  Philippe  H urepel,  comte  de  Clermont-en- 
Beauvoisis,  de  Mortain  et  d'Aumale,  et  deMahaud,  com- 
tesse de  Boulogne  et  de  Dommartin  ;  ses  seigneuries  de 
Donzy  et  de  Saint-Aignan  revinrent  à  sa  sœur,  Yolande  de 
Chatillon,  veuve  d'Archambaud  IX,  sire  de  Bourbon,  qui 
hérita  aussi  de  Mahaud  de  Courtenay,  son  aïeule,  du  comté 
de  Nevers. 

Le    sceau  de   Gaucher  de   Chatillon  existe  encore  aux 

Archives  Nationales;  il  est  appendu  à  une  charte  du  mois 

de  novembre  1 249  par  laquelle  le  seigneur  de  Saint-Aignan 

en  Berry  reconnaît  des  dettes  contractées  envers  le  roi  de 

France. 

H.  DE  FLAMARE. 


Ego  Galtherus  de  Castellione,  dominus  Sancti  Aniani  in 
Bituria  ;  notum  facio  omnibus  presentibus  et  futuris  quod 
ego  ordinavi  et  statui  in  testamento  meo  quod  feci  quando 


(i)  Jean  Fouinons,  vassal  de  la  chàtellenie  de  Chàtillon-sur- 
Marne;  il  avait  déjà  pris  part  à  la  croisade  de  1204  et  à  celle  de  12 18, 
où  il  avait  été  fait  prisonnier  par  les  Sarrasins. 

(2)  Culière,  —  croupière. 

(3)  JoiNviLLE,  édition  classique,  p.  163-164. 


—  i8o  — 

ad  partes  me  transtuli  transmarinas  quod  abbas  Sancti 
Martini  Nivernensis  et  abbas  Fontis  Moriniacensîs,  cîster- 
ciensis  ordinis,  ejusdem  dyocesis,  exigant  et  recipiant 
singuUs  annis  in  perpetuum>  in  festo  Sancti  Remigii 
viginti  très  libras  turonensium  in  meis  redditibus  de 
Cufiaco,  diocesis  supradicte,  et  volo  quod  dicû  abbates 
emant  singulis  annis  in  perpetuum  de  viginti  libris  dicte 
summe  viginti  libratas  tunicarum  et  sotularium  pauperibus 
ejusdem  terre  erogandorum  prout  et  quando  ipsis  videbitqr 
expedire.  Volo  etiam  quod  sexaginta  solidos  residuos  sibi 
pro  Deo  retineant  ac  pro  suis  laboribus  et  expensis ,  si  per 
eos  facta  fuerit  erogatio  supradicta.  Volo  iterum  quod  si 
unus  de  dictis  abbatibus  ad  predictam  peccuniam  exigendam 
et  recipiendam  et  ad  dictam  erogationem  faciendam  interesse 
non  possit  aut  nolit^  prior  ejusdem  abbatie  cum  altero 
abbate  eandem  peccuniam  exigat  et  recipiat  et  eam  cum 
eodem  abbate  in  usum  predictum  distribuât  et  eroget  pau- 
peribus dicte  terre,  et  tune  triginta  solidos  quos  abbas  qui 
ad  predicta  facienda  interesse  non  potuit  aut  noluit  habuisset 
si  interfuisset  sibi  retineat  idem  prior  (i)  pro  pitancia  suo 
conventui  facienda.  Et  volo  quod  de  predictis  trigiata 
soiidis  eodem  modo  fiât  pitancia  singulis  annis  in  quibus 
idem  prior  predicta  fecerit  pro  eo  quod  abbas  suus  ad 
predicta  facienda  non  potuerit  aut  noluerit  interesse.  Idem 
(sic)  volo  quod  si  nuUus  de  dictis  abbatibus  predicta  facere 
voluerit  aut  potuerit,  priores  sui  ea  faciant  vel  unus  eorum 
si  alter  prior  noluerit  vel  non  potuerit  predictis  faciendis 
interesse;  et  volo  quod  si  ambo  priores  predicta  fecerint 
predicti  sexaginta  solidi  ipsis  pro  pitanciis  suis  conventibus 
erogandis  illo  anno  equaliter  dividantur;  et  volo  quod 
eodem  modo  fiât  singulis  annis  in  quibus  dicti  priores 
propter  defectum  suorum  abbatum  fecerint  supradicta.  Et  si 
forte  contigerit  quod  nec  abbas  nec  prior  unius  dictarum 
abbatiarum    voluerint    vel    potuerint    interesse    predictis 

(i)  Le  texte  porte  priori. 


-  i8i  - 

faciendis  sexaginta  solidi  supradicti  sint  intègre  illo  anno 
alterius  abbatis  si  predicu  solus  fecerit»  aut  prioris 
ejusdem  (i)  abbatie  pro  pitancia  suo  conventui  facienda 
si  propter  defectum  sul  abbatis  fecerit  supradicta;  et  volo 
quod  eodem  modo  fiât  singulis  annis  in  quibus  unus  abbas 
solus  vel  unus  prior  solus  propter  defectum  aliorum  fecerit 
suprascripta.  Volo  insuper  et  precipio  et  ad  hoc  etiam 
heredes  et  successores  meos  et  predictam  terram  meam  de 
Cufiaco  obligo  quod  receptores  reddituum  ejusdem  terre  et 
illi  qui  in  eadem  terra  justicias  exercebunt  jurent  quamcito 
a  dictis  abbatibus  vel  prioribus  vel  ab  altero  ipsorum 
fuerint  super  hoc  requisiti  quod  solutionem  predictarum 
vinginti  trium  librarum  intègre  facient  singulis  annis 
termino  superius  assignato.  Et  volo  et  precipio  quod  in 
ipsorum  sacramento  adiciatur  quod  ipsi  persolvent  très 
solidos  turonensium  nomine  pêne  singulis  diebus  quibus 
defecerint  in  solutione  dicte  peccunie  post  terminum  supra* 
dictum.  Volo  etiam  et  precipio  quod  si  receptores  dictorum 
redituum  et  illi  qui  in  dicta  terra  justicias  exercebunt 
noluerint  prestare  sacramentum  secundum  modum  superius 
declaratum,  quod  qualibet  die  qua  defecerint  in  prestacione 
dicti  sacramenti  teneantur  eadem  pena  qua  propter  defifectum 
solutionis  sunt  astricti.  Et  volo  et  precipio  quod  omnes 
pêne  predicte  dentur  abbatibus  aut  prioribus  qui  fecerint 
diciam  di&tributionem  secundum  modum  qui  superius  est 
expressus  ck  residuo  denariorum  qui  debentur  in  tunicis  et 
sotularibus  pauperibus  erogari.  Et  ut  istud  vires  habeat  et 
eSectum ,  volo  quod  abbates  et  priores  supradicti  antequam 
predictos  redditus  recipiant  »  veniant  ad  loca  in  quibus  siti 
sunt  dicti  redditus  cum  de  novo  foerint  electi  et  in  verbo 
veritatis  promittant  eoram  domino  loci  qui  pro  tempore 
fuerit  vel  ejus  mandato  ai  inde  fuerint  ab  eis  requisiti, 
quod  ipsi  iideliter  et  bona  fide  facient  dictam  distributionem 
secundum  quod  eis  injunctum  est  per  hec  scripta.  Item  rogo 

(i)  Le  texte  porte  eidem. 


et  requiro  prelatum  in  cujus  dyocesi  siti  sunt  predicti 
redditus  ut  dominos  locorum  ac  receptores  reddituum  eteos 
qui  justicias  exercuerint  tempore  defectus  soiutionis  vel 
prestacîonis  sacramenti  per  censuram  ecclesiasticam  com- 
pellat  ad  solvendum  predictis  abbatibus  vel  prioribus 
predictos  redditus  ad  penas  secundam  quod  superius  est 
distinctum^  nisi  sibi  constiterit  de  reddituum  solutione  et 
juramenti  prestacione  per  patentes  litteras  dictarum  perso- 
narum  que  debent  recipere  dictos  redditus  et  etiam  sacra- 
menta.  In  cujus  rei  testimonium  et  munimen  présentes 
litteras  feci,  sigilli  mei  munimine  raboravi.  Actum  anno 
Domini  millesimo  ducentesimo  quadragesimo  octavo,  mense 
juIio. 

[Archives  de  la  Nièvre  H.,  fonds  Saint-Martin  de 
Nevers,  Original  sur  parchemin  ) 


LE   LIVRE  DES  EVANGILES 


DE   SAINT-MARTIN   DE   CLAMECY. 


On  se  souvient,  peut-être^  qu'il  y  a  quelques  années, 
M.  Léopold  Delisle,  Téminent  directeur  de  la  Bibliothèque 
nationale^  signalait  avec  tristesse,  dans  la  Revue  des 
Sociétés  savantes  (i),  quantité  de  manuscrits  français 
récemment  acquis  par  la  bibliothèque  de  Saint-Pétersbourg 
et  par  le  Musée  britannique.  Parmi  ces  derniers  se  trouvait 
précisément  un  Obituaire  de  l'église  de  Saint-Martin  de 
Clamecy  (1259- 1546)  classé  sous  le  n<>  21,362. 


(1)  5*  série,  t.  VI,  1874,  et  6*  série,  t.  III,  1876.  —  Voir  aussi  une 
note  insérée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  nivemaisef  2*  série,  t.  VIII, 
p.  129-130. 


—  i83  — 

Nous  sommes  heureux  de  signaler  aujourd'hui ,  comme 
taisant  partie  du  trésor  de  Péglise  de  Clamecy,  un  texte  des 
évangiles  de  la  fin  du  onzième  ou  du  commencement  du 
douzième  siècle,  de  Tépoque  même  du  beau  sacramen taire 
de  révéque  de  Nevers,  Hugues  le  Grand,  si  magnifiquement 
édité  par  notre  président,  Mgr  Crosnier,  en  1873. 

L'inventaire  des  reliques  et  de  Targenterie  du  trésor  de  la 
collégiale  de  Saint-Martin ,  rédigé  par  les  fabriciens  de  cette 
église  en  1679,  le  décrivait  en  ces  termes  :  c  Item,  It  livre 
des  Evangiles,  qui  sert  aux  mesmes  solemnitéz  (fêtes  et 
processions  des  vœux  de  la  ville) ,  dont  la  couverture  est  de 
bois  couvert  de  lames  et  feuilles  d^argent,  oti  d'un  costé  est 
représenté  la  descente  de  croix  en  bosse ,  de  Tautre  costé  un 
Sauveur  sur  un  trosne  cantonné  des  emblesmes  des  quatre 
évangélistes.  Le  tout  rehaussé  d^ouvrages  à  Tantique  et  de 
dorures  (i).  » 

Mais,  hélas!  cette  œuvre  magnifique,  qui  serait  aujourd'hui 
d'un  si  grand  prix,  devait  bientôt  disparaître  entre  les  mains 
de  quelque  brocanteur^  comme  il  y  en  avait  tant  déjà  au 
siècle  dernier  (2). 

Aujourd'hui,  notre  livre  des  évangiles  n'est  plus  exté- 
rieurement qu'un  beau  volume  relié  au  dix-huitième  siècle 
en  veau  rouge ,  par  une  main  d'ailleurs  inhabile  ;  volontiers 
on  le  prendrait  pour  un  vieux  missel ,  si  on  ne  lisait  sur  le 
dos  le  titre:  novum  TEsrTAu{entum),  En  l'ouvrant,  on 
s^aperçoit  que  les  feuillets,  de  très-fort  parchemin ,  ont  été 
impitoyablement  rognés ,  sans  doute  pour  mieux  le  dorer 


(i)  Voir  dans  le  présent  Bulletin  de  la  Soc.  nivern»  (t.  XHI,  p.  6i»73) 
la  copie  intégrale  de  ce  curieux  inventaire. 

(2)  Dans  une  de  ses  lettres,  en  1725,  Tabbé  Lebeuf  écrivait  à  Tabbé 
Fenel,  doyen  de  Sens  :  «  J'ai  voulu  médailliser  partout  où  j*ai  passé  ; 
il  n'y  a  à  Donzy  qu'un  seul  chaudronnier  qui  n'avoit  rien.  A  La 
Charité-sur-Loire,  le  subdélégué  y  donne  la  chasse  tant  chez  les  deux 
orfèvres  que  chez  les  chaudronniers,  etc.t  (Lettres  de  Pabbé  Lebeuf, 
publiées  en  1867,  par  la  Société  des  sciences  historiques  et  naturelles 
de  l'Yonne,  t.  K) 


—  184  — 

sur  tranchés!  On  reconûatt  âasii  que  les  felids,  qui  se 
trouvaient  au  commencement  et  à  la  fin ,  ont  été  rtmfrfacés 
par  des  feuilles  de  fort  papier  sur  lesquelles  pas  un  seul  mot 
ne  se  trouve  écrit.  De  méme^  pas  une  seule  note,  sur  les 
1 1 3  feuillets  qui  composent  actuellement  le  volume ,  car  il 
en  manque  quelques-uns,  de  telle  sorte  qu^au  point  de  vue 
de  la  chronique  locale  notre  volume  est  absolument  muet. 

Mais  ce  qui  d'abord  attire  plus  vivement  Fattention  dès  les 
premiers  feuillets  du  manuscrit,  c'est  la  disposition  toute 
particulière  d'une  quinzaine  de  pages  partagées  en  quatre, 
trois  ou  deux  colonnes,  avec  de  longues  séries  de  nombres 
dont  nous  ferons  bientôt  connaître  la  destination.  On  est 
vraiment  captivé  par  l'examen  des  colonnes,  des  chapiteaux, 
des  grands  cintres  si  élégamment  décorés ,  --^  avec  les  seules 
couleurs  vert,  rouge  et  bleu ,  —  de  tous  ces  motifs  si  variés, 
si  capricieux,  qui  sont  le  caractère  du  style  roman  fleuri.  Les 
fûts  des  colonnes  surtout  sont  tour  à  tour  chevronnés,  zig- 
zagues, imbriqués,  cannelés  en  spirale  ou  perlés,  et  peuvent 
fournir  les  meilleurs  motifs  pour  la  peinture  des  égHses  de 
cette  époque  (i). 

Cette  disposition,  qui  se  retrouve  encore  au  commenceaient 
du  seizième  siècle ,  et  notamment  dans  la  Bible  imprimée  à 
Lyon  en  i5o6  par  M*  Jehan  Moylin,  alias  de  Laubray 
(dont  un  exemplaire  existe  au  grand  séminaire  de  Nevers), 
avait  d'ailleurs  frappé  notre  président  Mgr  Crosnier  ;  car,  il 
nous  tarde  de  le  dire ,  il  avait  eu  connaissance  du  texte  des 
évangiles  de  Clamecy,  et  il  s'en  explique  ainsi  dans  la  pré- 
face du  Sacramentaire  : 

«  La  Société  nivernaise,  en  faisant  éditer  ce  manuscrit,  a 
cru  devoir  lui  donner  un  frontispice^  A  cet  effet,  on  l'a 
composé  avec  le  titre  qu'il  renferme,  en  prenant  les  motifs 
dans  un  Êvangéliaire  nivemais  de  la  même  époque  ^  sans 
rien  y  ajouter.  » 

(i)  La  décoration  des  colonnes  de  la  chapelle  dé  Notre-Dame-dii- 
Peuple-Nivernais  à  la  Visitation  de  Nevers  en  donne  un  très-bel  exemple. 


—  i85  — 

Ce  n'est  pas  tout  ;  les  deux  grandes  figures ,  placées  en 
cariatides  au  frontispict  du  Sacramentaire ,  et  représentant 
l'une  saint  Marc,  avec  une  tête  de  lion,  portant  le  livre  des 
évangiles,  l'autre  saint  Jean,  avec  une  tête  d'aigle,  tenant  un 
long  rouleau  (volumen),  forment,  par  leur  disposition  origi- 
nale, les  premières  lettres  du  texte  sacré  :  Initium  Evangelii 
Jesu  Christi  {saint  Marc);  In  principio  erat  Verbum  (saint 
Jean). 

Il  en  est  de  même  de  la  figure  de  saint  Luc  avec  la  tête  de 
bœui  nimbée,  —  comme  celles  du  lion  et  de  l'aigle,  —  qui 
commence  la  préface  du  Sacramentaire,  Cest  l'initiale  de 
son  Evangile  :  Fuit  in  diebus  Herodis  (i).  Il  y  a  ici  de  plus 
cette  particularité  que  saint  Luc  porte  des  ailes,  tandis  que 
les  autres  évangélistes  sont  simplement  vêtus  d'une  longue 
robe  et  d^un  manteau.  Ces  ailes  se  rencontrent  fort  à  propos 
pour  former  la  partie  supérieure  de  la  lettre  F,  et  le  phi- 
lactère  que  Tévangéliste  tient  d^une  main,  tandis  que  Tautre 
indique  quMl  parle,  remplace  le  trait  central. 

Enfin,  la  grande  L  capitale  romaine,  décorée  d^un  aigle 
aussi  nimbé  (2),  est  l'initiale  de  PEvangile  de  saint  Mathieu  : 
Liber  generationis  Jhesu  Christi. 

c  On  nous  saura  gré,  ajoutait  Mgr  Crosnier,  d'avoir 
reproduit  ici  ces  types  curieux,  d^autant  plus  qu'ils  sont 
rares.  C'est,  en  effet,  au  quinzième  siècle  seulement  que 
nous  voyons  dans  nos  manuscrits  gallicans  les  évangélistes 

(i)  Il  est  à  remarquer  que  dans  les  Bibles  actuelles  ces  mots  sont  au 
commencement  du  5*  verset  du  chapitre  I*'.  Mais,  anciennement,  les 
quatre  versets  précédents  :  Quoniam  quidem  multi  conati  sunt  étaient 
considérés  comme  la  Préface  de  saint  Luc  sur  son  Evangile,  Cest  en 
effet  le  titre  que  Ton  retrouve  encore  en  1609,  dans  la  célèbre  Bible  de 
Louvain.  Le  chapitre  I*'  commençait  seulement  à  Fuit  in  diebus. 
Aussi  Pauteur  du  manuscrit  s^est-il  contenté,  au  commencement  du 
texte  formant  Pavant-propos,  d'une  majuscule  ornée  mais  dépourvue 
du  symbolisme. 

(2)  Introduction ,  page  xiv.  Voir  aussi  VIconographie  chrétienne,  de 
Mgr  Crosnîer,  1876,  page  232. 

T.  III,  3*  série.  24 


—  i86  — 

portant  quelquefois,  au  lieu  d'une  figure  humaine^  la  tête 
de  leurs  animaux  symboliques.  Avant  cette  époque,  il  faut 
recourir  aux  manuscrits  saxons  pour  rencontrer  cette  parti- 
cularité que  présente  notre  évangéliaire  nivernais. 

»  Une  autre  observation  qui  constaterait  une  faute  en 
iconographie ,  c'est  Tapôtre  saint  Jean  chaussé  ,  tandis  que 
les  autres  évangélistes  ont  les  pieds  nus  ;  saint  Jean  devrait, 
diaprés  les  principes  iconographiques,  être  déchaussé  comme 
les  autres  apôtres.  » 

Ajoutons  qu  a  la  fin  ou  au  commencement  du  texte  de 
chaque  évangile,  excepté  pour  celui  de  saint  Luc,  se  trouve 
une  grande  miniature,  tenant  la  moitié  d^une  page,  qui 
représente,  à  gros  traits,  mais  avec  une  remarquable  sûreté 
demain,  le  tout  rehaussé  de  couleurs  très-vives,  Tanimal 
symbolique  nimbé,  ailé,  marchant  et  tenant  le  livre  sacré. 

On  ne  peut  qu'imparfaitement  juger  de  la  beauté  de  cette 
décoration  du  manuscrit  par  le  dessin  minuscule  du  bœuf 
de  saint  Luc  figuré  sur  le  frontispice  du  sacramentaire  déjà 
cité. 

Après  ce  rapide  examen,,  tout  extérieur,  d^un  si  précieux 
volume,  nous  sommes  heureux  d'ajouter  les  notes  claires 
et  pleines  d'érudition  qu^a  bien  voulu  nous  communiquer 
un  savant  religieux  qui  s'occupe  tout  spécialement  d'études 
historiques  et  exégétiques  sur  l'Ancien  et  le  Nouveau- 
Testament,  et  que  nous  regrettons  de  ne  pouvoir  nommer. 

En  les  lisant,  on  apprendra  à  connaître  et  à  apprécier 
le  manuscrit  de  Clamecy. 

§ 
CODEX   CLAMECIACENSIS. 

I.  Etat  primitif.  —  Le  manuscrit  de  Clamecy  ne  paraît 
pas  avoir  été  un  «  évangéliaire  >  exécuté  pour  servir  aux 
offices  de  PEglise,  car  aucune  de  ses  divisions  ne  correspond 


—  i8y  — 

aux  sections  liturgiques  des  évangiles  de  la  messe.  Il  était 
destiné  à  la  lecture  privée. 

Plus  tard ,  il  a  été  utilisé  comme  livre  d'église;  des  ongles 
barbares  ont  labouré  le  parchemin ,  pour  marquer  le  com- 
mencement et  la  fin  d'un  certain  nombre  d'évangiles  de 
messes.  (Exemples:  folio  28,  recto;  folio  83,  verso; 
folio  95,  verso,  etc.)  Quelquefois  même  une  plume  récente 
a  suppléé  en  marge  la  formule  liturgique:  In  illo  tempore. 
(Exemples:  folio  81,   recto;  folio   100,   recto,   etc.)  Ces 

m 

violences  même  montrent  que  la  première  destination  du 
manuscrit  n'était  pas  de  servir  aux  offices. 

II  est  sorti  des  mains  du  copiste  avant  d'avoir  reçu  la 
dernière  façon ,  car  : 

a)  Un  grand  nombre  de  mots  grattés  attendent  encore  la 
surcharge  du  correcteur,  et  le  texte  manque,  en  ces  endroits, 
d'un  ou  de  plusieurs  mots,  suivant  l'étendue  du  passage 
gratté.  (Exemples,  folio  4,  recto:  collocatus;  folio  22,  verso: 
noliic  timere ;  folio  35,  verso:  msigister;  folio  38,  recto: 
lucratus  e^^  alia  duo,  etc.) 

b)  Les  canons  d'Eusèbe,  au  commencement,  n'ont  jamais 
reçu  leurs  litres  et  numéros.  Les  explicit  qu'on  y  lit  sont 
ajoutés  par  une  main  récente. 

IL  Préfaces.  —  Le  volume  s'ouvre,  comme  tous  les 
recueils  semblables,  par  les  préfaces  de  saint  Jérôme  (lettre 
à  Damase,  extraits  du  De  Scriptoribus  eccL),  et  d'Eusèbe 
(lettre  à  Carpian  et  canons.) 

a)  Il  est  bon  de  remarquer  au  folio  4,  recto,  le  fragment 
Sciendum  etiam.  Dans  nos  Bibles  imprimées,  ce  fragment 
fait  partie  de  la  lettre  à  Damase.  Déjà  dom  Martianay  Ta 
écarté  de  son  édition  de  saint  Jérôme,  comme  une  interpo- 
lation. Il  s'appuie  sur  ce  que  la  plupart  des  manuscrits  ne 
l'ont  pas,  et  surtout  sur  ce  que  le  codex  San  Germanensis , 
n«  6,  l'insère  à  part  comme  un  document  entièrement 
différent.   {Patrol.  Mignc,  t.    XXIX,  col.   53o.)   Notre 


—  i88  — 

manuscrit  se  comporte  comme  le  San  GermanensiSy  n^ô* 
Peut-être  lui  serait-il  apparenté  ? 

b)  Quant  aux  canons  d'Eusèbe^  ils  ont  disparu  des  Bibles 
depuis  le  seizième  siècle.  Ils  étaient  sans  utilité  depuis  que 
les  chapitres  et  versets  actuels  avaient  fait  abandonner  )es 
«  péricopes  ».  fOn  sait  qu'Ammonius  d^Alexandrie  avait 
sectionné  le  texte  des  évangiles  en  très-petits  chapitres, 
appelés  péricopes.  Il  y  en  avait  355  dans  saint  Mathieu, 
233  dans  saint  Marc,  342  dans  saint  Luc  et  232  dans  saint 
Jean.  Eusèbe  de  Césarée  imagina  de  mettre  en  regard  les 
péricopes  des  divers  évangélistes  qui  contenaient  les  mêmes 
récits.  Il  obtenait  ainsi  dix  tableaux  ou  canons.  Le  premier 
tableau  contenait  en  quatre  colonnes  les  récits  communs  aux 
quatre  évangélistes.  Les  péricopes  répétées  dans  trois  évan- 
gélistes étaient  réunies  dans  les  canons  2,  3,  4;  venaient 
ensuite  les  passages  communs  à  deux  évangélistes  (canons  5, 
6>  7>  S,  9),  et  enfin  la  liste  des  passages  qu'on  ne  lit  que 
dans  un  seul  évangéliste  (canon  10). 

Le  manuscrit  de  Clamecy  n'ayant  pas  adopté  les  divisions 
d'Ammonius,  ces  canons  ne  pouvaient  servir.  Ils  ont  été 
maintenus  cependant,  comme  dans  les  Bibles  imprimées 
jusqu'au  seizième  siècle ,  parce  qu'ils  faisaient  partie  de  la 
lettre  d'Eusèbe  à  Carpian,  et  qu^ils  sont  visés  dans  la  préface 
de  saint  Jérôme,  devenue  inintelligible  pour  les  lecteurs  des 
Bibles  actuelles. 

III.  Divisions.  —  Les  divisions  du  manuscrit  de  Clamecy 
ne  sont  pas  numérotées,  mais  marquées  seulement  par  une 
initiale  alternativement  rouge  et  bleue  (i).  Chose  étonnante, 
elles  reproduisent  sensiblement  les  chapitres  actuels,  attribués 
généralement  à  Hugues  de  Saint-Cher  (1241);  il  faut,  ou 
que  ce  savant  n*ait  fait  que  vulgariser  une  division  déjà 
connue,  ou  que  le  codex  soit  plus  jeune  qu'on  ne  croit. 

(i)  Il  y  a  une  numérotation  de  seconde  main,  mais  il  ne  s'en 
aperçoit  plus  que  quelques  chiffres,  la  plupart  ayant  été  rognés  avec 
la  marge  extérieure,  ou  enfouis  dans  la  couture. 


—  i89  — 

Voici  en  regard  les  divisions  du  codex  pour  saint  Mathieu, 
et  les  divisions  correspondantes  de  la  Vulgate  Clémentine  : 


Codex. 

Clémentine. 

Codex. 

Clémentine. 

II 

II,  19. 

XX 

XIX,  3o. 

ni 

rv. 

XXI 

XXI. 

IV 

v. 

XXII 

XXI,  33. 

V 

VI,  5. 

xxin  • 

XXII  ,15. 

VI 

vn. 

XXIV 

xxiii,  i3. 

VII 

vn,  28. 

XXV 

XXIII,  37. 

VIII 

vni,  23. 

XXVI 

XXVI. 

IX  jusqu'à  xvni 

IX  à  xviii. 

XXVII 

XXVI,  3i. 

XIX 

XVIII,  23. 

XXVIII 

XXVII,  27  et  28. 

C'est-à-dire  qu'à  quelques  versets  près,  c'est  la  même 
division.  Si  le  codex  de  Clamecy  est  du  onzième  siècle,  il 
appuierait  une  remarque  de  Huet,  qui  signale  l'existence  de 
cette  division  dès  Tan  iioo  dans  plusieurs  manuscrits. 
(Huet,  Notœ  in  Origen,,  p.  19.} 

IV.  Sommaires.  —  Les  sommaires,  ou  capiiulationes , 
sont  identiques  à  ceux  de  la  Bible  imprimée  à  Lyon  i5i6 
(biblioth.  du  séminaire).  Seulement,  au  lieu  de  précéder 
respectivement  chaque  chapitre,  ils  sont  groupés  en  tête  de 
chaque  évangile,  selon  un  usage  assez  fréquent. 

V.  Variantes,  —  Les  variantes  sont  sans  importance. 
Quelques-unes  appuieraient  les  corrections  que  Lucas 
Brugensis  demandait  à  la  Clémentine,  par  exemple  : 

CLÉHENTUfE.  CODEX    CLAMECIAUENSIS. 

Math.,  VIII,  9.  Homo  sub  potestate  ...  deest  constituttis,  (Folio  20.) 

constitutus, 

Marc,  ZY,  4.  Et  venerunt  voluores  ...  deett  cœlL  (Folio  48.) 

cœli. 

Id.,  VI,  4.  Non  est  propheta...  in  ...  in  patria  sua,  et  in  cognatione 

patria  sua,  et  in  domo  sua,  et       sua  et  in  domo  sua.  (Folio  5o, 

in  cognatione  sua.  verso.) 

Joan,  m,  5.  Nisi...  renatus...  ex  ...  deest  fonc/o.  (Folio  95,  verso.] 

aqua  et  sp«  sancto. 


J 


—  igo  — 

Les  autres,  d'ailleurs  minimes,  sont  des  leçons  moins 
bonnes. 

VI.  Lacunes.  —  i^  Entre  les  folios  83  et  84,  il  manque 
depuis  Luc  xii,  40,  jusqu*à  Luc  xiv,  22.  L'ancienne  folio- 
tation  accuse  cette  lacune. 

2*  Entre  les  folios  92  et  gS,  il  manque  depuis  Luc  xxm, 
19,  jusqu'à  Jean  i.  L^ancienne  foliotation  laccusc.  Elle 
semble  aussi  accuser  des  lacunes:  A^  A^*^  et  A^^,  Mais  le 
texte  se  suit  sans  interruption. 

VU.  Reliure,  —  i«  Le  relieur  n'a  pas  traité  ce  volume 
comme  un  évangéliaire,  mais  comme  un  novum  testamentum, 
(Voir  le  titre  au  dos.)  Je  serais  porté  à  croire  que  nous 
n'avons  pas  tout  le  manuscrit.  La  miniature  finale,  analogue 
à  celles  qui  terminent  les  trois  autres  évangiles,  n^a  pas  l'air 
de  «  prendre  congé  >  du  lecteur.  Arrivés  à  bout  d'œuvre,  les 
copistes  avaient  coutume  de  se  donner  un  peu  plus  carrière. 
Je  soupçonne  que  les  Actes  des  Apôtres  venaient  ensuite 
dans  le  manuscrit  primitif. 

2®  Le  dernier  relieur  a  essayé  une  restauration  des  coins 
d^en  bas,  il  a  collé  des  ajouts  en  parchemin  plus  blanc  que 
celui  du  manuscrit.  Ces  ajouts  sont  quelquefois  tombés. 
V,  g,  folios  56  à  59,  72,  73,  etc.,  ou  près  de  tomber, 
folio  67.  Quand  le  texte  lui-même  avait  été  endommagé,  on 
Ta  rétabli  sur  les  ajouts  du  relieur,  par  exemple  folio  78, 
recto:  mortua,  80,  82,  86,  91,  92.  Excepté  folio  ii3. 

Ce  soin  indique  que  le  dernier  relieur  considérait  déjà  le 
codex  comme  précieux. 

Une  restauration  plus  considérable  est  celle  des  coins 
intérieurs,  depuis  folio  104  jusqu^à  la  fin.  Elle  a  entraîné  la 
nécessité  de  reconstituer  des  lignes  entières  de  texte  (folio  105, 
verso,  dernière  ligne  ;  folio  1 10 ,  recto  et  verso  ;  folio  in, 
112,  1 13,  idem,).  D'autres  lignes  ont  été  repassées  à  l'encre 
(mêmes  folios). 

L'écriture  du  c  restaurateur  »  imite  assez  mali*ancienne; 


on  y  peut  remarquer  que  le  t  final  est  toujours  accompagné 
d^une  barre  verticale,  et  d'ailleurs  un  peu  différent  de  celui 
du  premier  copiste.  Celui-ci  ne  prolonge  jamais  la  tige 
au-dessus  du  croisillon  ,  le  nouveau  la  prolonge  ,tou jours. 
Les  autres  lettres  sont  plus  simples  et  moins  raides  dans  le 
premier  texte.  En  somme  les  corrections  sont  assez  franche- 
ment gothiques ,  au  lieu  que  récriture  primitive  reste  dans 
le  type  pur  du  onzième-douzième  siècle. 


LE  DERNIER  OBITUAIRE 


DE    l'abbaye    NOTRE-DAME     DE     NEVERS. 


Nous  avons  eu  déjà  l'occasion  de  signaler,  dans  la  notice 
sur  le  Reliquaire  de  Vabbesse  de  Notre-Dame  de  Nevers , 
Gabrielle  Andrault  de  Langeron  (i),  Inexistence  de  quelques 
feuillets  du  dernier  obituaire  de  cette  abbaye  miraculeu- 
sement sauvés,  comme  pour  nous  permettre  de  constater 
Tauthenticité  des  reliques  «  de  la  châsse  de  bois  doré  » 
édifiée  par  la  vénérable  abbesse. 

Il  nous  parait  utile  de  compléter  aujourd'hui  Pexamen  de 
ces  trop  modiques  épaves  de  la  Révolution. 

Depuis  le  seizième  siècle,  les  moniales  de  Notre-Dame 
avaient  cessé  d'inscrire  les  obiit  en  regard  de  la  leçon  du 
jour  sur  le  vieux  martyrologe  d^Usuard,  conservé  d'ailleurs 
avec  soin  dans  les  archives  du  monastère.  La  lecture  quoti- 
dienne du  martyrologe  se  faisait  sur  un  texte  imprimé. 
Dès-lors  il  avait  fallu  inscrire,  sur  un  livre  spécial,  les  nou- 
veaux obiit  des  religieuses  professes  ou  converses  et  des 
confesseurs  de  la  communauté. 

(t)  Bulletin  de  la  Soc,  niv,,  t.  XII,  pages  453-469. 


—    192  — 

Ce  livre,  ou  plutôt  ce  cahier  de  parchcinin  coateuait 
quatorze  feuillets,  soit  vingt-huit  pages. 

Il  nVn  reste  plus  que  le  premier  et  le  dernier  feuillet  qui 
primitivement  formaient  couverture  et  les  feuillets  9  et  12, 
c'est-à-dire  la  première  moitié  de  janvier,  —  la  seconde 
moitié  de  septembre  avec  la  première  moitié  d^octobre  —  et 
la  seconde  moitié  de  décembre. 

Les  mortuaires  les  plus  anciens  sont  de  i523,  Ludorica 
de  Torcy;  ibyo ,  Maria  de  Roffignac ;  1580,  Maria 
Jaquelot;  les  plus  récents  de  1727,  Maria  Debè\e,  et 
1735,  Henrica  Cachefert, 

On  reconnaît  aisément  la  main,  très-exercée  d^ailleurs,  qui 
a  commencé  la  rédaction  de  l'obituaire ,  et  sur  trente-huit 
mémoires  en  a  écrit  dix-neuf,  de  1523  à  i653.  L'année 
suivante  1654,  c'est  une  autre  main  qui  inscrit  VobittAt 
Maria  Dubroc, 

Remarquons  que  la  langue  latine  est  toujours  en  usage; 
il  n*y  a  qu'une  seule  exception  en  1661. 

II  nous  a  paru  intéressant  et  utile  pour  l'histoire  des 
familles  nivernaises  de  transcrire  toutes  ces  mémoires. 

De  même,  malgré  leur  moindre  importance,  on  nous 
permettra  de  donner  la  copie  de  toutes  les  notes  écrites  en 
français  par  diverses  mains,  à  di£Férentes  époques,  sur  les 
pages  blanches  du  commencement  et  de  la  fin  du  cahier. 

En  les  lisant,  il  nous  semble  entendre  comme  un  dernier 
écho  de  ces  vieux  cloîtres  si  longtemps  sanctifiés  par  la 
prière  et  la  pénitence.  En  effet,  à  part  les  textes  publiés, 
dans  la  notice  déjà  citée,  relatifs  aux  reliques  du  monastère, 
et  quelques  notes  historiques  ou  liturgiques,  la  grande 
préoccupation  de  ces  filles  de  saint  Benoît ,  déjà  mortes  au 
monde ,  est  la  pensée  de  la  mort  et  le  souci  de  bien  mourir. 

En  1703,  l'abbesse  de  Langeron  s'associe,  avec  sa  commu- 
nauté, aux  religieuses  du  Saint -Sacrement  de  Paris,  et 
s'engage  à  faire  une  heure  d'adoration  à  l'intention  de  la 
première  qui  doit  mourir. 

En  17 14,  Pabbesse  Charlotte  de  Lévy  s'associe  également. 


-  193- 

avec  sa  communauté,  à  la  confrérie  des  Agonisants  établie  à 
Nevers ,  chez  les  Pères  de  Saint-Martin ,  pour  qu^ils  prient 
quand  une  religieuse  sera  à  l'agonie. 

A  chacun  des  Quatre-Temps  de  Tannée,  outre  la  récitation 
de  Toffice  des  Morts,  une  messe  était  dite  pour  les  défunts: 
la  première,  pour  les  pères ,  irères  et  sœurs  en  religion  ;  la 
seconde ,  pour  les  pères  et  mères  et  autres  parents  ;  la 
troisième,  pour  les  fondateurs;  la  quatrième,  pour  les 
bienfaiteurs  et  proteaeurs  de  la  maison. 

§ 

Premier  feuillet ,  recto. 
J.  f  M. 

Madame  Louyse  Endraude  de  Langeron,  abbesse  de 
Notre-Dame  de  Nevers,  c^est  fait  asosier  pour  touiours  avec 
sa  comunoté  aux  religieuse  du  Saint-Sacrement  de  Paris, 
en  rennes  mille  sept  sant  trois,  le  21  novembre,  pour  être 
en  adoration  devant  le  Très-Saint-Sacrement  depuis  deux 
heure  jusqu'à  trois  diaprés  midy  à  l'intention  de  la  première 
qui  doit  mourir. 

L'an  mil  sept  cent  dix-neuf  et  le  quatre  juin,  après  avoir 
vériffié  les  reliques  de  saint  Révérien  et  de  saint  Genoux  qui 

sont  conservées  dans  ce  monastère  dans  trois  châsses de 

rechef,  nous  avons  ordonné  que  la  feste  de  saint  Révérien 
se  célébreront  solennel  majeur,  comme  de  patron  avec  octave, 
le  I*' juin  de  chaque  année,  et  la  feste  de  saint  Genoux, 
comme  solennel  mineur  de  seconde  classe,  le  17  janvier  de 
chaque  année  (i). 

Madame  Marie-Charlotte  de  Lévy,  abesse  de  Notre-Dame 
de  Nevers,  c^est  fait  associer  et  sa  communôté  à  la  confrérie 

(i)  La  fête  de  saint  Genoul  est  indiquée  dans  les  Auctaria  du 
martyrologe  d^Usuard  (édition  Migne]  au  17  janvier:  Codex  alius 
régime  Suecia;  item  sancii  Genulfi  confessons, 

T.  VI,  3*  série.  2  5 


—  194  — 

des  Agonisent  le  24  de  décembre  17 14.  On  dira  tous  les 
vendredis  le  Miserere  et  sine  Pater  et  sine  Ave  Maria  et 
on  aura  soin  de  faire  avertir  les  Pères  de  Saint-Martin 
quand  quelques-unes  ceront  à  Tagonie,  afint  qu'il  faces  les 
prières  des  asocié. 

LONGET, 

Vicaire  général. 


Premier  feuillet ,  verso. 

JANVIER. 

Obiit  et  commemoratio. 

Le  premier  jour. 

2. 

3.  Maria  du  Rut,  i6?5. 

4- 

5.  Obiit  soror  Joanna  Deserots,  1713. 

6.  Anna  de  Fontenay,  nondum  Deo  dicata,  1654  (i}. 
Obiit  soror  Henrica  Caehefert,  nondum  conversa  hujus 

monasterii,  1735. 

7.  Maria  Bélanger,  1654. 

Obiit  Joannes  Vellard  (?)  hujus  domus  confessor,  anno 
1688. 
8. 

9.  Gabriela  Desjours  alias  du  Monceau,  1667. 
10. 

11.  Maria  de  Roffignac,  1570. 

12.  Anna  Grîmouard,  1629,  conversa. 
i3.  Maria  Bourgoin. 

14. 

(i)  Marguerite  de  Fontenay  était  abbesse  de  Notre-Dame  de  1 345  à 
r36o.  Elle  est  marquée  dans  le  nécrologe  (d'après  le  Gall.  Christ.) 
au  III  des  calendes  de  juillet.  —  Françoise  de  Fontenay  fut  abbesse 
de  Notre-Dame  de  1564  à  1607. 


—   igS  — 

Deuxième  feuillet,  recto, 

SEPTEMBRE. 

i6. 

17.  Obiit  soror  Joanna  Bolacre^  anno  1708(1). 

18. 

19. 

20. 

21. 

22.  Anna  Salonnier,  i638. 

23.  Catherina  d'Anlesy  (2). 

24.  Genovefva  de  Brienne,  professa  hujus  monasterii,  i653. 

25. 

26. 
27. 
28. 
29.  Joanna  Renard,  1644,  conversa. 

Martha  de  Gamache,  professa  hujus  monasterii,  1657  (3}. 
3o. 

(i)  Jeanne  Bolacre^  probablement  fille  de  Henri  B.,  seigneur  de 
Gigogne  et  du  Marais,  lieutenant-général  en  la  pairie  de  Nivernais, 
qui  fut  marié  deux  fois:  i*  A  N.  Olivier,  fille  de  N.,  seigneur  de 
Monceaux;  2*   à   Gabrielle  Conrade.  (Note  de   M.  de   Soultrait.) 

(2)  Le  nom  de  Catherine  d'Anlezy  ne  se  trouve  pas  dans  les 
généalogies  de  sa  famille^  Tune  des  plus  anciennes  du  Nivernais. 
(Note  de  M.  de  Soultrait.) 

(3)  Elle  était  fille  de  Claude  I"  de  Gamaches,  chevalier  de  Tordre 
du  roi,  seigneur,  baron  de  Jussy,  etc.,  et  de  Marie  Genton,  fille 
unique  de  Claude  Genton,  seigneur  du  Goudron  et  de  Saint-Germain- 
des-Bois,  et  petite-fille  de  Georges  de  Gamaches,  époux  de  Jehanne 
des  Guerres,  dont  une  fille,  Claudia  de  Gamaches,  abbesse  de  Notre- 
Dame  en  i5o7,  après  Françoise  de  Fontenay,  mourut  en  odeur  de 
sainteté  en  1642.  Sa  sœur  aînée,  Marie,  fut  religieuse  à  Jarzay  ;  sa 
sœur  cadette  Jehanne,  religieuse  à  Saint-Laurent  de  Bourges.  Le 
Gallia  Chnsliana  dit  que  Ton  conservait  dans  le  monastère  sa  vie 
manuscrite.  Une  sœur  de  cette  abbesse,   nommée  Anne,   fut  aussi 


--  196  — 

Deuxième  feuillet ,  verso. 

OCTOBRE. 

Obiit  et  commetnoratio. 
I. 

2.  Maria  de  La  Rivière,  i63o. 

3.  Maria  Jaqueiot^  1580. 

Eodemdie,  3  octobris  1664,  obiit  in  domino  R.  Pater 
Vincent  Coudray,  religios.  profess.  Sancii  Patris 
nostri  Benedicti,  abbatise  Sancti  Vmcentii  congre- 
gationis  casalis  benedicti  et  confessor,  per  multos 
annos,  hujus  monasterii  Sanctœ  Marise  Nivernensis. 

4- 

5. 

6. 

7- 

8.  Magdalena  Bolacre,  nondum  professa^  164!  (i). 

Marguarita  de  Lunyaco,  abb.  hujus  monasterii,  fundavii 

tria  anniversaria,  anno  1438  (2). 


religieuse  de  Notre-Dame  de  Nevers.  (Voir  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  des  antiquaires  du  Centre,  t.  XIV  (1886-87),  l'important 
travail  de  M.  le  baron  Thierry  de  Brimont:  Les  Seigneuries  de 
Jussy^Champagne  et  de  Quinquempoix.  Les  chapitres  III  et  [V  surtout 
sont  remplis  de  documents  relatifs  aux  de  Gamaches. 

(i)  8  octobre.  Madeleine  Bolacre,  probablement  fille  de  Henri, 
seigneur  de  Sigogne  et  du  Marais,  et  de  Jeanne  Millet.  Elle  devait 
être  la  grand'tante  de  Jeanne  Bolacre,  morte  en  1708.  (Note  de  M.  de 
Soultrait.) 

(2)  D'après  le  Gallia  Christiana  (t.  XII),  Marguerite  III  de  Lugny 
se  trouve  dans  différents  actes,  de  1428  à  1466,  qui  fut  Tannée  de 
sa  mort;  et  le  texte  ajoute:  In  necrologio  adhuc  qualer  occurrit, 
scilicet  XIV  kalendas  Februarii;  Kal.  Martii;  V,  noms  Octobris; 
VI.  idibus  ejusdem  mensis.  Aucune  de  ces  dates  ne  con/ient  à  celle 
de  notre  texte ,  à  moins  que  par  erreur  on  ait  mis  le  VI  des  ides  au 
lieu  du  VIII,  qui  correspond  au  8  octobre. 


—  197  — 

g.  Hoc  die  (683 ,  obiit  soror  Gabriel  Duret,  professa. 

Maria  de  Bèze,  1727(1). 
10.  Henrica  Andrœas,  lôSg. 

Maria  Bertier,  conversa,  16S4  (2). 
II. 

12.  Maria  Dubroc,  1654. 
i3. 
14. 

i5.  Obiit  soror  Francisca  Duret,  hujus  conventus  sancti 
Benedicti  professa,  i663. 

Ântoni,  obiit  pater  Âstier,    religiosus  S.    Benedicti^ 
confessor  hujus  monasterii,  1673. 
16.  Maria  de  Roffignac  de  Meaulce,  1586  (3). 

Obiit  soror ,  1669. 

Troisième  feuillet,  recto, 
DÉCEMBRE. 

16.  Ludovica  de  Torcy,  1523. 

17.  Obiit  soror  Francisca  Brisson,  anno  1693. 

On  doibt  dire  une  messe  tous  les  jeudy  de  l'année.  .  .  . 
matin  du  Saint-Sacrement,  à  la  fin  le  salut  du  Saint- 
Sacrement  avec  le  ciboire,  avec  l'antienne  O  sacrum 
convivium,  le  verset  et  Toraison  et  ensuitte  De  p'o- 

(i)  9  octobre.  Marie  de  Bèze,  probablement  fiUe  de  Jean  de  Bèze, 
écuyer,  seigneur  de  Vesvre,  et  de  Marie  Gascoing.  (Note  de  M.  de 
Soukrait.) 

(2)  to  octobre.  Cette  Marie  Berthter,  sœur  converse,  ne  devait  pas 
être  de  la  famille  Berthier  de  Bizy.  [Id). 

(3)  16  octobre.  Je  ne  trouve  pas  de  Marie  de  Roffignac  dans  les 
généalogies  de  Cette  ftimille,  mais  bien  une  Anne  de  R.,  religieuse  à 
Notre-Dame  de  Nevers.  fille  de  Guy  de  R.,  écuyer,  seigneur  de 
Meauce,  marié  en  i585  à  Françoise  du  Plessis. 

Marie,  décédéc  en  i586,  devait  être  la  sœur  de  Guy.  {Id,) 
On  a  vu  au  11  janvier  une  autre  Maria  de  Roffignac,  décédée  en 
1570. 


—  198  -- 

fundis  par  le  chœur...  et  loraison  pour  deffunie 
damoiselle  Françoise  Bouzitat  de  La  Tour  (?), 
décédée  le  17*  décembre  1692,  qui  a  fondé  une  messe. 

18.  Obiit  domicilia  Francisca  Bouzitat...,  1692  (i). 

19.  Sœur  de  Blanchefort,  décedda  le  19  décembre  1661  (2). 
20. 

21. 

22.  Anna  de  La  Rivière.  —  Obiit  soror  Joanna  Niodot, 

conversa,  i683. 

23.  Maria  Collin,  conversa,  i63i. 
24. 

25. 

26. 
27. 
28.  Maria  d'Albret,  abbatissa  hujus  monasterii  et  principissa 

Nivernensis  (3). 
29. 
3o. 
3i. 

§ 
Troisième  feuillet ,  perso. 

Charlotte  Bourgoing,  religieuse  de  céans,  a  fondé  pour 
dire  le   24*  mars,   vigile  de   l'Annoniiation  ,   sur  les  sept 

(i)  Le  nom  a  été  effacé  intentionnellement  en  mouillant  et  frottant 
du  doigt  le  parchemin. 

18  décembre.  Françoise  Bouzitat  était  probablement  fille  de  Pierre 
B.,  écuyer,  seigneur  du  Chasnay,  élu  à  Nevers,  et  de  Françoise 
Gascoing,  et  sœur  d'Anne  Bouzitat  qui  entra  novice  à  Tabbaye  de 
Notre-Dame  en  i63g.  (Note  de  M.  de  Soultrait.) 

(2;  19  décembre.  N.  de  Blanchefort,  probablement  fille  de  Roger  de 
Blanchefort,  chevalier,  baron  d'Âsnois,  et  de  Françoise  de  Bèze.  {Id,} 

(3;  On  trouve  dans  le  catalogue  donné  par  le  Gallia,  Johanna  V 
d'Albret  (qui  s'appelait  aussi  Marie),  fille  de  Jean  d'AIbret,  abbesse, 
de  i533  à  x56o;  puis.  Maria  11  d' A Ibret,  qui,  l'année  suivante,  se  démet 
en  faveur  de  Françoise  de  Fontenay  et  meurt  le  28  décembre  1 563. 


—  199  — 

heures  du  soir,  le  respond  Gaude  Maria,  etc.  Et  après 
aussy  la  prose  Inviolata  avec  la  collecte  Deus  qui  de  Beatœ 
Mariœ^  etc.  Et  le  lendemain  de  la  feste,  une  messe  solem- 
nellement  des  morts  avec  le  Libéra  me,  ainsy  qu'il  est  porté 
dans  les  lettres  de  fondation. 

Monseigneur  Philippes  de  Molins,  jadis  évesque  de 
Noyon,  a  fondé  trois  anniversaires  pour  faire  chanter  tous 
les  jours,  avant  la  grande  messe,  Tantienne  Ave  Domina 
mundi  Maria  ^  et  ensuite  les  verset  et  collectes  (i). 

Madame  Marie  d^Albret ,  duchesse  de  Nevers ,  abbesse  de 
séans,  a  establi  la  réforme  Tan...  (2}. 

(Suit  l'inscription  relative  à  la  nouvelle  châsse  de  saint 
Révérien,  reproduite  dans  la  notice  sur  le  Reliquaire  de 
V abbesse,  Gabrielle  Andrault  de  Langeron.) 

La  tradition  de  nos  antiennes  nous  a  assuré  que  saint 
Genoux  nous  a  donné  Sardole  et  son  revenu  (3),  saint 
Révérien  toutes  les  maisons  qui  relèvent  de  céans,  saint 
Mesme  (?)  a  donné  la  terre  de  Beaune. 

§ 

Quatrième  feuillet,   recto. 

Es  Quatre-Temps  de  Tannée,  faut  lire  vigiles,  à  neuf  leçons 
et  le  lendemain  dire  la  messe  des  Morts. 

(i)  Le  testament  de  Philippus  de  Molinis ,  episcopus  Noviomensis, 
conservé  aux  archives  nationales,  X**  9807,  folio  25o,  verso,  a  été 
signalé  et  copié  par  M.  Victor  Gueneau.  On  n*y  rencontre  malheu- 
reusement aucune  mention  des  fondations  de  ce  grand  évéque  dans 
le  Nivernais,  son  pays  d^origine. 

(2)  Le  Gallia  Christiana  (t.  XII)  donne  la  date:  Anno  i534f  monas- 
terium  reformavit,  illudque  sanctissime  rexit  usque  ad  annum  i56o. 

(3)  Parmentier  {Arch.  de  Nevers,  t.  II,  p.  292),  écrit  aussi:  «  C'est 
saint  Genoul  qui  a  donné  (870)  la  terre  de  Sardolles  aux  Bénédictines.  » 
Et  ailleurs  (dans  le  t.  I*',  p.  387):  «  Les  Bénédictines  prétendent  avoir 
le  chef  de  saint  Genoul  dans  une  châsse  d'argent,  et  le  martyrologe 
de  cette  maison  porte  que  ce  saint  leur  avait  autrefois  donné  la  terre 
de  Sardolles.  n  II  ne  dit  rien  de  saint  Révérien  ni  de  saint  Mesme. 


—   200  — 

Aux  premiers  Quatre-Temps  qui  sont  en  TA  vent,  faut 
appliquer  ses  prières  au  soulagement  des  âmes  de  ses  pères, 
frères  et  sœurs  religieuses,  et  à  cette  intention  on  dira  les 
collectes:  Deus  penice,  Deus  cujus  miseratione et  Fidelium, 

Aux  seconds  qui  sont  en  Caresme,  pour  ses  pères,  mères 
et  parents,  les  collectes  :  Deus  qui  nos patrem,  Deus  veniœ 
et  Fidelium. 

Aux  troisièmes  qui  sont  après  la  Pentecoste,  faut  appliquer 
ses  prières  au  soulagement  de  Pâme  des  fondateurs,  les 
collectes:  Inclina  Domine,  Deus  veniœ  et  Fidelium, 

Aux  derniers  qui  sont  en  septembre,  faut  prier  pour  les 
bienfaicteurs  et  protecteurs  de  la  maison  décédés,  les 
collectes  :  Miserere  quœsumus  Domine ,  Deus  veniœ  et 
Fidelium. 

A  chaque  Quatre-Temps,  chaque  prestre  célébrera  la 
messe  des  Morts  en  cette  intention.  Ceux  qui  ne  sont  pas 
prestres  réciteront  vigiles  à  neuf  leçons  ;  les  frères  convers 
trente  Pater  et  Ave  Maria. 

Le  jour  qu'on  dit  la  messe  de  grâce ,  toutes  nos  mères  et 
sœurs  sont  obligées  de  dire  les  sept  psaumes  avec  les  litanies 
et  les  oraisons. 

Suivent,  sur  la  fin  de  cette  page  et  au  verso,  les  deux  actes 
concernant  le  reliquaire  de  Tabbesse  de  Langeron  et  la 
croix  de  bois  placée  dans  le  chapitre  de  l'abbaye,  parles 
soins  de  la  même  abbesse  qui  la  fit  construire,  sur  le  modèle 
exact  de  celle  de  la  sainte  chapelle  de  Bourbon  (i). 

Mai  1887. 

L'abbé  BOUTILLIER. 

(i)  Bulletin,  t.  XÏI,  p.  457.465. 


^  201    — 


SEANCE  DU  30  JUIN  1887. 

Préudence    de    M.    Roubbt  ,    président    honoraire. 

Etaient  présents  :  MM.  Canat,  de  Villefosse, 
Tabbé  Soyer,  JuUien,  le  colonel  de  Charant,  le 
chevalier  de  Pierredon,  Hippolyte  Blanc,  Duminy, 
Octave  de  Villenaut,  René  de  Lespinasse,  Col, 
de  Flaraare. 

M.  Hippolyte  Blanc  oflBre  à  la  Société  deux 
études  intitulées  :  la  première,  le  Roi  et  les  Cor- 
porations; la  deuxième,  les  Anciennes  Corpora- 
tions ouvrières. 

M.  Henri  Colin  fils  offre  également  un  travail 
intitulé  :  Etudes  archéologiques  sur  Saint- 
Honoré.  Des  remercîments  sont  adressés  aux 
auteurs. 

M.  Roubet  annonce  que  dans  les  fondations  de 
la  maison  Ramond ,  sur  les  terrains  de  l'ancienne 
caserne,  il  a  été  trouvé  plusieurs  fragments  de 
pierres  tombales  avec  des  inscriptions  en  carac- 
tères gothiques.  M.  de  Flamare  est  prié  de  vouloir 
bien  en  rendre  compte. 

M.  de  Lespinasse  communique  à  la  Société  un 
jeton  inédit  d'Imbert  de  LaPlatière,  évêque  de 
Nevers,  trouvé  dans  la  démolition  d'une  grange  à 
Luanges.  D'un  côté  est  un  écu  à  un  chevron, 
accompagné  de  trois  rocs  d'échiquier  et  la  légende 
f  Imbertus  episcopus  Nioernensis.  Le  revers  porte 
une  croix  fleuronnée,  cantonnée  de  branches  de 

T.  III,  3*  série.  26 


—    202    — 


V 


lys  et  la  légende  :  Crucem  tuam  adoramm 
Domine. 

M.  Roubet  donne  lecture  d'une  étude  sur  le 
Prieuré  de  Fontaines.  L'auteur  s'attache  à  énu- 
mérer  les  droils  utiles  et  honorifiques  de  ce  prieuré 
d'après  un  terrier  de  1456  qui  fait  partie  de  sa 
collection.  Il  constate  entre  autres  choses  qu'à 
cette  époque  les  hommes  du  prieuré  s'eflForçaient 
de  se  soustraire  aux  obligations  de  la  condition 
servile,  et,  par  contre,  il  lit  le  texte  d'une  pièce 
quelque  peu  postérieure  à  la  date  du  terrier  par 
laquelle  un  étranger  vient  se  reconnaître  homme 
serf  et  de  serve  condition  du  prieuré ,  afin ,  sans 
doute ,  d'obtenir  du  prieur  une  tenure  servile.  Ce 
travail  prendra  place  au  Bulletin. 

M.  de  Lespinasse  propose  qu'il  soit  délivré  aux 
membres  de  la  Société  des  exemplaires  brochés 
complets  du  Cartulaire  contre  remise  des  fasci- 
cules parus  antérieurement  et  brochés  avec  les 
fascicules  du  Bulletin.  Cette  proposition  est 
approuvée. 


SEANCE  DU  28  JUILLET  1887. 

Présidence    de    M.    le    comte    de    Soultrait,    président. 

Etaient  présents  :  MM.  le  comte  de  Soultrait, 
président;  E.  de  Toytot,  secrétaire;  Canat, 
conservateur  du  musée;  Duminy,  archiviste; 
Hippolyte   Blanc,  le  docteur  Subert,   de  Ville- 


—  2o3  — 

fosse,  Tabbé  Soyer,  de  Rosemont,  de  Lespînasse, 
Cheminade,  Langellé,  Julien,  Col,  Charles  du 
Verne,  de  Flaraare,  Octave  de  Villenaut ,  le  comte 
de  Maumigny. 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre  de  M.  le  Secré- 
taire général  de  la  préfecture  de  la  Nièvre  deman- 
dant que  la  Société  veuille  bien  envoyer  aux 
archives  départementales  ses  publications,  ainsi 
que  cela  avait  lieu  autrefois.  M.  l'Archiviste  voudra 
bien  faire  cet  envoi  et  répondre  à  M.  le  Secrétaire 
général. 

M.  de  Flamare  lit  un  travail  intitulé  :  Note  sur 
les  archives  du  château  de  Chassy. 

Divers  membres  de  la  Société  expriment  le 
désir  de  voir  la  Société  entrer  dans  cette  voie  de 
recherches  et  demander  en  communication  les 
archives  des  châteaux  ou  fonds  divers  intéres- 
sant le  Nivernais,  afin  qu'on  puisse  en  publier 
les  inventaires'  ou  l'analyse.  M.  Charles  du  Verne 
appelle  spécialement  notre  attention  sMvlt  Recueil 
de  dom  Caffiaux^  extrait  d'archives  ou  manus- 
crits français.  (Nivernais  et  Picardie ,  cote  ??) 

M.  de  Rosemont  fait  passer  sous  les  yeux  de  la 
Société  trois  portraits  :  deux  de  Marie  de  Gon- 
zague,  reine  de  Pologne,  et  un  d'Anne  de 
Gonzagne.  Il  signale  aussi  les  portraits  de  Louise 
de  Gonzague  et  de  Ch.  de  Gonzague,  gravés  par 
Nanteuil. 

Sur  le  désir  exprimé  par  M.  de  Flamare  que  l'on 
obtienne  le  transport  en  notre  musée  lapidaire  de 
plusieurs  fragments  de  sculpture  romane  actuel- 


—    204  ~* 

lemetit  déposés  dans  la  cour  de  la  gendarmerie  de 
Corbigny,  M.  le  Président  s'engage  à  faire  toutes 
les  démarches  nécessaires  pour  que  ce  transport 
puisse  être  effectué. 


LES  TERRIERS  DU  PRIEURÉ  DE  FONTAINES. 


On  appelait  Papier  ^  Terrier  un  registre  qui  contenait 
avec  précision  i'énumération  des  droits ,  dîtnes ,  coutumes , 
corvées,  cens  et  rentes ,  ainsi  que  la  désignation  territoriale 
des  héritages  seigneuriaux  ou  roturiers  qui  aiféraient  au 
seigneur  féodal. 

Ce  registre  pouvait  servir  de  preuve  en  justice;  aussi  il  ne 
pouvait  être  libellé  qu^après  une  autorisation  émanant  de 
Tautorité  royale,  et  par  un  commissaire  exprès  nommé  et 
assermenté. 

Il  nous  est  permis  de  rappeler  que  les  anciens  terriers  du 
prieuré  de  Fontaines  étaient  au  nombre  de  trois ,  à  partir  du 
quinzième  siècle  : 

Le  premier,  reçu  par  Jehan  Combriat,  date  de  Tan  1456; 

Le  deuxième,  dressé  par  Pierre  Carré,  est  de  1 547  ; 

Le  troisième,  écrit  par  Jean  Decray,  est  de  Tannée  1579. 

Depuis  cette  dernière  époque  les  prieurs  firent  procéder  à 
des  rappels  et  rénovations  qui  avaient  pour  but  principal  de 
constater  les  changements  survenus  dans  la  désignation  des 
confins  de  certains  héritages  mentionnés  aux  terriers  anté- 
rieurs. C^est  ainsi  que  nous  voyons  Gilbert  Berton,  en  1722, 
et  Edmond  Decray,  en  1732,  Tun  et  Pautre  notaires  à  Decize, 
chargés  de  ces  rénovations. 

Le  plus  intéressant  de  ces  terriers  est  celui  qui  fut  dressé 


J 


—  2o5  — 

par  Combriat ,  à  la  requête  de  domp  Geoffroy  Lesueur  que 
nous  trouvons  déjà  prieur  de  Fontaines  en  1441. 

Ce  terrier,  qui  est  en  notre  possession,  est  écrit  très- 
correctement  sur  parchemin.  11  est  relié  en  bois,  revêtu  de 
veau  gaufré. 

La  couverture  de  garde  est  une  feuille  de  parchemin 
annotée  d^un  plain-chant  qui  accompagne  Toffice  de  sainte 
Agnès;  récriture  est  du  douzième  siècle. 

Cest  de  ce  terrier  que  nous  allons  extraire  la  notice  bien 
incomplète  que  nous  produisons. 

§ 

Fontaines  était  autrefois  une  petiie  paroisse  du  diocèse 
d'Autun.  Son  territoire  se  trouve  aujourd'hui  enclavé  dans 
la  commune  de  Charrin,  canton  de  Fours. 

Avant  rétablissement  de  la  paroisse,  il  existait  à  Fontaines 
un  prieuré. 

Nous  savons  tous  comment  in  principio  furent  institués 
la  plupart  des  nombreux  prieurés  répandus  dans  les  diocèses. 

Les  couvents  auxquels  il  était  fait  des  concessions  de 
terres,  presque  toujours  incultes,  envoyaient  des  frères 
convers  avec  mission  de  les  mettre  en  rapport ,  et  en  même 
temps  de  propager  les  bienfaits  de  la  religion. 

Ces  moines  construisaient  d  abord  un  réduit,  qui  prenait 
le  nom  de  grangia  et  obédience.  Autant  que  possible ,  ils 
consacraient  dans  leurs  dépendances  un  oratoire  qui  se 
changeait  bientôt  en  une  chapelle  champêtre. 

Au  dixième  siècle,  il  n'existait  encore  qu'un  petit  nombre 
d^tablissements  religieux,  qui  n^étaient  autres  que  des 
prieurés.  Ces  prieurés,  prenant  chaque  jour  plus  d'impor- 
tance, constituaient  peu  à  peu  une  agglomération  qui  se 
nomma  paroisse.  Les  prieurs  exercèrent  alors  les  fonctions 
curiales  :  nous  disons  curiales  bien  que  le  titre  de  curé  fût 
alors  inconnu. 

Le  concile  de  Clermont  ayant  en  1092  interdit  Tunion 


—    206  — 

des  paroisses  aux  communautés  religieuses,  les  prieurs  et 
abbés  durent  nommer  des  chapelains  ou  vicaires ,  qui  furent 
d'abord  révocables,  mais  que  le  pape  Innocent  II  rendit 
inamovibles. 

Le  prieuré  de  Fontaines  avait  donc  sa  paroisse ,  et  la 
nomination  du  vicaire  ou  curé  devint  naturellement  un  des 
privilèges  des  prieurs. 

Conformément  aux  règles  ou  usages  résultant  de  la 
féodalité,  les  possessions  territoriales  du  prieuré  furent 
érigées  en  seigneurie,  avec  droit  de  justice  haute,  moyenne 
et  basse,  et  le  territoire  de  la  paroisse  devint  en  grande 
partie  la  propriété  du  prieuré. 

Les  habitants  auxquels  il  fut  fait  des  concessions  à  titre 
de  bordelage  se  trouvèrent  par  le  fait  de  la  coutume  être 
hommes  serfs  et  de  serve  condition ,  taillables  et  exploitables 
de  suite  et  de  mainmorte. 

Les  prieurs  avaient  droit  de  dîmes  dans  les  paroisses 
limitrophes,  au  moins  en  partie.  Ils  exerçaient  ces  droits  à 
Charrin,  àCronat,  à  Thaix,  à  La  Nocle,  àCoulonges,  à 
Cercy,  à  Lamenay,  à  Coudes,  à  Saincenne,  à  Ganay,  qui  se 
trouve  désigné  par  Ganat. 

Voici,  au  surplus,  en  quoi  consistaient  quelques-unes  de 
ces  redevances  : 

Dans  la  paroisse  de  Fontaines  et  justice  du  lieu ,  le  dîme 
se  prenait  sur  tout  le  blé,  froment,  seigle,  avoine,  orge  et 
millet,  fèves,  pois,  panais  et  vin. 

Pour  le  four  banier,  chaque  habitant  devait  payer  9  sols 
par  année:  ce  droit  se  nommait foumaige. 

Le  dîme  était  de  1 1  gerbes  une  et  1 1  tinets  de  vendange 
une.  Quand  les  habitants  et  manants  de  la  paroisse  appor- 
taient leur  dîme,  le  prieur  était  tenu  de  leur  donner  une 
demi- miche  et  un  verre  de  vin;  ces  redevances  étaient 
acquittées  le  jour  de  Saint'Bartkolommier,  apoutre. 

En  vertu  de  son  droit  de  suite,  le  prieur  prenait  la  moitié 
du  dîme,  quand  les  hommes  labouraient  les  terres  de  Mgr  le 
comte  de  Nevers. 


—  207  ■" 

A  Charrin ,  il  prenait  le  douzain  sur  les  habitants ,  c'est- 
à-dire  de  1 2  gerbes  une ,  et  le  comte  prenait  de  24  gerbes 
une. 

Le  dîme  de  Ganay  était  de  8  gerbes  une  ;  c'est  peut-être 
pour  cela  qu'il  était  ap[>elé  le  grand  dîme. 

La  cure  de  Ganay  était  à  la  fois  à  la  présentation  et  du 
patronage  du  prieur  de  Fontaines  et  du  prieur  de  Mon- 
tambert.  Ils  prenaient  tous  deux  la  moitié  des  offrandes  et 
oblations  en  lëglise  de  Saint-Jean  de  Ganay,  €  excepté  le 
jour  de  la  Toussaint,  qui  depuis  vespres,  ne  de  tout  le 
lendemain  jour  des  Morts,  les  prieurs  ne  prennent  rien  ne 
ès-femmes  qui  relèvent  d*enfants ,  ne  à  Pasques.  » 

Ils  prenaient  encore  la  moitié  des  sépultures ,  excepté  le 
curé,  qui  avait  droit  à  1 8  deniers  sur  le  tout  pour  dire  la  messe 
Le  prieuré  avait  dans    ses  dépendances  des  bois,    des 
étangs,  des  vignes  et  deux  domaines,  l'un  appelé  le  domaine 
Gilette  et  Tautre  le  domaine  Bridard. 

Malgré  tous  les  revenus  et  redevances  qui  afféraient  aux 
prieurs,  nous  ne  voyons  point  qu^ils  se  soient  mis  en  grands 
dépens  pour  embellir  leur  résidence.  Elle  était  bien  loin 
d^avoir  la  somptuosité  du  prieuré  de  Coulonges,  qui  avait 
Taspect  et  l'étendue  d'un  véritable  château. 

Tout  d'abord  cette  résidence  ne  consistait  qu^en  une 
maison  avec  premier  étage,  couverte  en  tuiles,  à  la  suite  de 
laquelle  se  trouvaient  des  annexes  couvertes  en  paille. 

Plus  tard,  d^autres  bâtiments  furent  édifiés;  on  les  désigna 
sous  le  nom  de  Nouveau  Prieuré.  Au  moment  de  la 
Révolution,  il  consistait  en  chambre  haute,  grenier  contigu, 
chambre  basse,  cave,  cuisine,  le  tout  couvert  en  tuiles  plates 
à  la  mansarde. 

L'église,  dédiée  à  sainte  Marie -Madeleine,  était  fort 
modeste;  elle  attenait  à  Phabitation  prieurale. 

Enfin,  c  les  justice,  forches  et  gibets ^  étaient  assis  non 
loin  de  Tétang  de  la  Bruée,  près  le  Ruau  de  ce  nom ,  là  où 
commençait  le  territoire  dit  Lieu -Dieu,  appartenant  au 
seigneur  de  La  Noucle.  » 


—  ao8  — 


$ 


Les  archives  du  diocèse  d'Autun ,  qui  se  trouvent  actuel- 
lement déposées  à  Mâcon,  pourraient  sans  doute  nous 
fournir  d'intéressants  renseignements  sur  le  prieuré  de 
Fontaines.  Nous  sommes,  quant  à  présent,  obligé  de  nous 
contenter  des  fiches  et  documents  que  nous  avons  sous  la 
main;  le  plus  zélé  chroniqueur  ne  saurait  offrir  que  ce  qu'il 
a  à  restituer. 

Voici  donc  le  nom  de  quelques  prieurs  : 

1390.  —  Frère  Guillaume  Bolestat. 

144t.  — Domp  Geoffroy  Le  Sueur.  —  Le  17  juillet  de 
cette  année ,  il  constituait  vicaire  perpétuel  de  Fontaines  la 
personne  de  domp  Robert  d'Osterel ,  prieur  de  Coulonges, 
pour  gouverner  et  régir  son  bénéfice  (  i  ). 

Nous  le  trouvons  en  transaction  avec  Pierre  Belin ,  curé 
de  Saint-Hilaire,  au  sujet  d^un  droit  d'accense. 

En  1443,  il  faisait  marché  pour  Tachèvement  de  la  char- 
pente de  la  nef  et  du  beffroi  du  clocher. 

En  1456,  il  faisait  procéder  par  Jehan  Combriat^  prêtre  et 
notaire-juré ,  à  la  confection  du  terrier  dont  Toriginal  est  en 
notre  possession. 

Domp  Geoffroy  eut  pour  successeur  domp  Denis  Tho- 
massin.  Il  apparaît  en  1462  et  fait  ajouter  par  Gerbaud, 
prêtre  et  notaire  du  comte  de  Nevers,  quelques  articles  omis 
dans  le  terrier  Combriat. 

Après  Thomassin ,  nous  rencontrons  religieuse  personne 
Jehan  de  Rouchinol,  dont  le  nom  se  trouve  quelquefois 
traduit  par  Rossignol.  L'année  1472  est  l'époque  présumée 
du  décès  ou  du  retrait  de  son  prédécesseur. 

Frère  Jehan  prétendait  au  droit  de  patronage  à  la  cure  de 
La  Nocle.  Il  vivait  encore  en  1492. 

(1)  Communication  de  M.  de  Flamare,  archiviste  de  la  Nièvre,  pro- 
secrétaire  de  la  Société  nivernaise. 


Nous  trouvons,  en  i5i5,  Hymbert  de  Morboux^  prieur 
de  Fontaines. 

Après  lui,  vers  1525,  arrive  messire  Bacbellet,  en  qualité 
de  prieur  commendataire. 

Il  a  écrit  de  sa  main  une  recommandation  pour  la  bonne 
conservation  du  terrier  Combriat,  qu'il  déclare  être  fre- 
ciosum  librum.  Cet  autographe  se  trouve  sur  la  feuille  de 
garde  dont  nous  avons  parlé. 

En  16 14,  Pierre  Chasseigne  était  pourvu  du  bénéfice  dudit 
prieuré  de  Fontaines. 

L'abbé  La  Garde  est  prieur  en  1688. 

Le  dernier  prieur  qui  nous  soit  permis  de  citer  est  domp 
Louis  Roman  dit  Bernard. 

En  1750,  il  consentait  assez  négligemment  à  un  échange 
de  plusieurs  fonds  avec  le  sieur  Salonnier,  seigneur 
d'Avrilly.  On  lit  dans  le  terrier  Edmond  Decray  qu'il  y  a 
lésion  manifeste  dans  cet  échange  et  que  le  prieur  y  perd 
5o  livres  de  revenu. 

En  1753,  il  confiait  les  fonctions  de  juge  à  Gabriel  Belard, 
avocat  à  Decize. 


Revenons  au  terrier  Combriat,  qualifié  de  registre  pré- 
deux.  Nous  trouvons  mentionné  un  champ  qui  se  nomme 
YOrme^au^Bailli,  Etait-ce  Forme  sous  lequel  le  juge  de 
Fontaines  rendait  la  justice?  Cest  probable. 

Nous  trouvons  une  rue  qui  va  de  la  justice  au  chaigne 
Boussu.  —  La yuj^tVe  n'est  autre  que  les  forches  patibulaires. 

En  1456,  il  est  question  du  fourneau  de  Briffault,  paroisse 
de  Cercy-la-Tour  (i). 


(i)  Dans  un  des  terriers  que  nous  avons  cités,   nous  avons  trouvé 

une  feuille  volante ,  qui  est  la  minute  d*un  contrat  de  mariagee  dressé 

par  un  notaire  de  la   prévôté  de  Decize.  On  y  voit  mentionnée  en 

marge  cette  note  :  Peut  être  util  au  prieur  de  Fontaines.   Ce  contrat 

T.  ni,  3*  série.  27 


—  2IO  -^ 

Nous  trouvons  aussi  un  tenement  situé  en  Briet^  et  nous 
rencontrons  souvent  répété  le  nom  de  Marion  en  qualité  de 
parrochien  de  Charrin  (i). 

Le  plus  grand  nombre  des  déclarants  qui  figurent  au 
terrier  Combriat  se  reconnaissent  hommes  ser£s  et  de  serve 
condition,  taillables,  explectables  de  suyte  et  de  mainmorte. 

Le  1*1'  mai  1457,  Jehan  Pascault,  de  la  paroisse  de 
Charrin,  après  avoir  reconnu  tenir  à  titre  de  taille,  selon  la 
coutume  du  Nivernais ,  de  Geoffroy  Le  Sueur,  à  cause  de 
son  prieuré  et  seigneurie  de  Fontaines ,  trente-sept  pièces 
de  terre,  vignes  et  prés ,  moyennant  la  redevance  de  28  sols 
et  4  deniers  tournois,  deux  boisseliers  d^avoine  chacun  an,  à 
paier  le  jor  de  la  feste  de  saint  Bertholommier,  apoutre, 
protestait  n^estre  point  homme  serf  ne  de  serve  condition. 

Le  prieur,  de  son  côté,  prétendait  le  contraire. 

Bref,  pour  entretenir  paix  et  accord  et  laisser  le  procès,  il 
était  appointé  ainsi  qu^il  suit  : 

c  Ledit  Pascaud  a  cogneu  et  confessé  qu'il  était  homme 
serf  et  de  serve  condition,  taillable,  explectable  de  suyte  et  de 
mainmorte  du  seigneur  Geoffroy,  à  cause  de  sondit  prieuré 
de  Fontaines. 

>  El  ledit  Geoffroy,  tant  pour  lui  que  pour  ses  successeurs, 
a  octroyé  et  promis  audit  Pascault  et  à  ses  successeurs  qu^ils 
pourront  marier  toutes  leurs  filles  franchement  descendants 


est  celui  de  Françoys  du  Haulmont,  maistre  de  la  forge  de  Briffault,  et 
de  Claude  Taillefert. 

Nous  avons  cherché  en  vain  en  quoi  ce  document  pouvait  être  utile 
aux  prieurs  de  Fontaines.  Certainement,  ce  n'était  pas  parce  que  le 
futur  époux  s'obligeait  à  donner  à  la  future  deux  robes  de  drap  dont 
Tune  mi-doublée  de  damas  et  l'autre  à  manches  de  satin. 

Parmi  les  signataires  du  contrat  se  trouve  maistre  Guy-Coquille , 
licencié  ès-lois,  qui  ajoute  à  son  nom  :  Présent.  2a  avril  i573. 

(i)  C'est  en  Briet  que  notre  peintre  nivernais  Hector  Hanoteau  a 
établi  son  atelier  d'artiste  justement  renommé,  et  nous  trouvons 
parmi  ses  jeunes  élèves  Louis  Marion,  originaire  de  Charrin. 


—    211    — 

de  droite  ligne  de  Jehan  Pascauit ,  sans  que  ledit  prieur  et 
ses  successeurs  prieurs  puissent  et  ne  doivent  jamais  rien 
demander  ni  à  leurs  hoirs  descendants  de  leur  propre  corps , 
excepté  Téchoite  et  mainmorte  à  deffaut  d'hoirs  d'elles.  » 

Cet  accord  avait  lieu  en  présence  de  frère  Benoist  Ardy, 
Jehan  Ghassan,  Bartholommier-Guillaume  Marion,  Guil- 
laume Cotin ,  Jehan  Debray,  Pierre  Chalamet ,  tous  de  la 
paroisse  de  Charrin. 

Il  n*est  point,  sans  doute,  hors  de  propos  de  mentionner 
ici  in  extenso  une  reconnaissance  de  serve  condition  qui  se 
trouve  annexée  au  terrier  Combriat.  La  voici  textuelle- 
ment : 

c  Personnalement  establis  en  leurs  personnes,  Guillaume 
Viseneuf  du  Bas  et  Jehannette,  sa  femme ,  fille  de  feu  Jehan 
Gilbert,  eulx  disant  et  portant  franchises  personnelles, 
lesquels  de  leur  bon  gré  et  bonne  voulonté,  sans  aucunes 
force  ne  contraincte,  publiquement  et  endroit,  ontcogneu  et 
confessé  et  par  ces  présentes  confessent  pardevant  Jehan 
Cannart,  prêtre  et  notaire-juré,  et  Guichard  Gerbault,  prêtre 
et  notaire-juré  de  Monseigneur  le  conte  de  Nevers ,  soubs  le 
scel  de  la  prévôté  de  Decize,  se  sont  donné  et  par  ces  pré- 
sentes se  donnent  hommes  serfs  et  de  serve  condition  de 
mainmorte  et  suyte  comme  ung  des  autres  hommes  de  la 
terre  de  Fontaines,  à  frère  Jehan  de  Rouchinol ,  prieur  du 
prieuré  de  Fontaines,  eulx  et  leurs  hoirs  présent  et  advenir  à 
tousiours  et  jamais ,  c'est  assavoir  que  et  par  le  moyen  que 
ledit  prieur  veult  et  consent  que  lesdits  dénommés  eulx  et 
leurs  hoirs  joyront  et  useront  de  certains  héritaiges  tAaiz  et 
tenements  qu'ils  portent  dudit  prieuré  tout  ainsi  et  comme  il 
est  contenu  en  certaines  lettres  reçues ,  faictes  et  passées 
pardevant  messire  Bartholommier  Prost,  prêtre,  notaire-juré, 
promettant  et  obligeant  et  renonçant. 

3  Fait  et  donné  au  lieu  de  Maulays ,  le  seizième  jour  de 
septembre  mil  quatre  cent  soixante-dix-neuf.  Présens  discrète 


—   212  — 


personne  messire  Guy  Compagnon ,  prêtre;  Loys  Dornant, 
Jehan  Gilbert,  Pierre  Gaultier  et  Jacques  Montigny,  de  la 
paroisse  de  Maulays,  témoins  présents  et  appelés. 

>  {Signé)  J.  Canard,  G.  Gerbaud.  > 


§ 


Un  jour  peut-être  nous  aurons  à  parler  longuement  sur  le 
faict  des  serves  conditions  en  notre  pays  de  Nivernais;  nous 
dirons  seulement  en  passant  que  le  servage  était  une  condi- 
tion intermédiaire  entre  Vesclavage  et  la  liberté^  telle  que  la 
proclament  les  lois  modernes. 

Nos  rois  ont  été  les  premiers  à  affranchir  les  serfs  de  leurs 
domaines.  En  i3i5,  Louis  X,  en  donnant  cet  exemple, 
disait  dans  son  édit  que  son  royaume  est  dit  et  nommé  le 
royaume  des  Francs  y  dtsX'k'dirt  Az  franchise;  il  entendait 
que  la  chose  soit  vérité  et  accordant  au  nom;  en  consé- 
quence ,  il  ordonnait  que  toute  servitude  soit  ramenée  en 
franchise. 

Cette  volonté  royale  était  méconnue  dans  les  terres  du 
prieuré  de  Fontaines. 

Nous  devons  néanmoins  faire  observer,  diaprés  le  texte 
même  de  la  reconnaissance  que  nous  avons  reproduite,  que 
le  servage  volontaire  dont  s'agit  relevait  en  partie  de  cette 
condition  terrienne  que  nos  coutumes  désignaient  sous  le 
nom  de  colonat.  C'est  là  au  surplus  une  simple  réflexion 
que  nous  osons  soumettre  aux  terribles  détracteurs  des  temps 
passés. 

L.  ROUBET. 


**t^^9^^^i^ 


LE  TRESOR 


:athédrale  de  nevers. 


ANaENS  INVENTAIRES 

DE  SES  LIVRES,  DE  SES  JOYAUX  ET   DE  SES 


'AUTEUR  des  Recher- 
ches historiques  sur 
Nevers  (  i  ) ,  Louis  de 
SaiDtemarie ,  dans  le 
chapitre  consacré  à  la 
cathédrale,  rapporte  que 
l'on  conservait  au  trésor, 
qui  a  d'ailleurs  était  fort 
riche  »,  quelques  monu- 
ments précieux  par  leur 
antiquité ,  entre  autres 
le  chef  de  saint  Cvr, 
enchâssé  en  or,  présent 
du  roi  Raoul,  et  une 
couronne  dorée  dans  la- 
quelleétaitenchâssée  une 
épine  de  la  couronne  de 
Notrc-Seigneur ,  don  de 
/  Philippe    de    Moulins , 

*-  -  évéque  de  Noyon  en  1 404. 

(i)  A  Neven,  de  l'imprimetie  de  Letebvre  te  jeune,  iSio  {p.  478). 


—   212  — 


personne  messire  Guy  Compagnon ,  prêtre;  Loys  Dornant, 
Jehan  Gilbert,  Pierre  Gaultier  et  Jacques  Montigny,  de  la 
paroisse  de  Maulays,  témoins  présents  et  appelés. 

>  {Signé)  J.  Canard^  G.  Gerbaud.  » 


Un  jour  peut-être  nous  aurons  à  parler  longuement  sur  le 
faict  des  serves  conditions  en  notre  pays  de  Nivernais;  nous 
dirons  seulement  en  passant  que  le  servage  était  une  condi- 
tion intermédiaire  entre  Vesclavage  et  la  liberté,  telle  que  la 
proclament  les  lois  modernes.  / 

Nos  rois  ont  été  les  premiers  à  affranchir  les  serfs  de  leurs 
domaines.  En  i3i5,  Louis  X,  en  donnant  cet  exemple, 
disait  dans  son  édit  que  son  royaume  est  dit  et  nommé  le 
royaume  des  Francs,  c'est-à-dire  dt franchise;  il  entendait 
que  la  chose  soit  vérité  et  accordant  au  nom;  en  consé- 
quence ,  il  ordonnait  que  toute  servitude  soit  ramenée  en 
franchise. 

Cette  volonté  royale  était  méconnue  dans  les  terres  du 
prieuré  de  Fontaines. 

Nous  devons  néanmoins  faire  observer,  diaprés  le  texte 
même  de  la  reconnaissance  que  nous  avons  reproduite ,  que 
le  servage  volontaire  dont  s'agit  relevait  en  partie  de  cette 
condition  terrienne  que  nos  coutumes  désignaient  sous  le 
nom  de  colonat.  C'est  là  au  surplus  une  simple  réflexion 
que  nous  osons  soumettre  aux  terribles  détracteurs  des  temps 
passés. 

L.  ROUBET. 


^*t^^9^^^i^ 


LE  TRESOR 


CATHÉDRALE    DE    NEVERS. 


ANCIENS  INVENTAIRES 

E  SES  LIVRES,  DE  SES  JOYAUX  ET   DE  SES  ORNEMENTS. 


'AUTEUR  des  Recher- 
ches historiques  sur 
Nevers  (  i  ) ,  Louis  de 
Saiatemarie ,  dans  le 
chapitre  consacré  à  la 
cathédrale,  rapporte  que 
l'on  conservait  au  trésor, 
qui  1  d'ailleurs  était  fort 
riche  »,  quelques  monu- 
ments précieux  par  leur 
antiquité ,  entre  autres 
le  chef  de  saint  Cvr, 
enchâssé  en  or,  présent 
du  roi  Raoul ,  et  une 
couronne  dorée  dans  la- 
quelle était  enchâssée  une 
épine  de  la  couronne  de 
Notre-Seigneur ,  don  de 
<^  Philippe     de    Moulins , 

évéque  de  Noyon  en  1 404. 

(i]  A  Nevers,  de  l'impriaierie  de  Letebvre  le  jeune,  tSio  (p.  478). 


—   212  — 


personne  messire  Guy  Compagnon ,  prêtre;  Loys  Dornant, 
Jehan  Gilbert ,  Pierre  Gaultier  et  Jacques  Montigny,  de  la 
paroisse  de  Maulays,  témoins  présents  et  appelés. 

>  {Signé)  J.  Canard,  G.  Gerbaud.  » 


Un  jour  peut-être  nous  aurons  à  parler  longuement  sur  le 
faict  des  serves  conditions  en  notre  pays  de  Nivernais;  nous 
dirons  seulement  en  passant  que  le  servage  était  une  condi- 
tion intermédiaire  entre  Vesclavage  et  la  liberté,  telle  que  la 
proclament  les  lois  modernes. 

Nos  rois  ont  été  les  premiers  à  affranchir  les  serfs  de  leurs 
domaines.  En  i3i^,  Louis  X,  en  donnant  cet  exemple, 
disait  dans  son  édit  que  son  royaume  est  dit  et  nommé  le 
royaume  des  Francs,  dest'k'dire  dt franchise;  il  entendait 
que  la  chose  soit  vérité  et  accordant  au  nom  ;  en  consé- 
quence, il  ordonnait  que  toute  servitude  soit  ramenée  en 
franchise. 

Cette  volonté  royale  était  méconnue  dans  les  terres  du 
prieuré  de  Fontaines. 

Nous  devons  néanmoins  faire  observer,  diaprés  le  texte 
même  de  la  reconnaissance  que  nous  avons  reproduite,  que 
le  servage  volontaire  dont  s'agit  relevait  en  partie  de  cette 
condition  terrienne  que  nos  coutumes  désignaient  sous  le 
nom  de  colonat.  C'est  là  au  surplus  une  simple  réflexion 
que  nous  osons  soumettre  aux  terribles  détracteurs  des  temps 
passés. 

L.  ROUBET. 


^*t^^9^^^i^ 


LE   TRESOR 


CATHÉDRALE    DE    NEVERS. 


ANCIENS  INVENTAIRES 

DE  SES  LIVRES,  DE  SES  JOYAUX  ET   DE  SES 


'AUTEUR  des  Recher- 
ches historiques  sur 
Nepers  (i) ,  Louis  de 
Saiotetnarie ,  daas  le 
chapitre  consacré  à  la 
cathédrale,  rapporte  que 
l'on  conservait  au  trésor, 
qui  a.  d'ailleurs  était  fort 
riche  »,  quelques  monu- 
ments précieux  par  leur 
antiquité  ,  entre  autres 
le  chef  de  saint  Cyr, 
enchâssé  en  or,  présent 
du  roi  Raoul ,  et  une 
couronne  dorée  dans  la- 
quelle était  enchâssée  une 
épine  de  la  couronne  de 
Notre-Seigneur ,  don  de 
.^  Philippe    de    Moulins , 

évéquedeNoyonen  1404. 

(i)  A  Nevera,  de  l'imprimerie  de  Letebvre  le  jeune,  1810  (p.  478). 


—   212  — 


personne  mcssire  Guy  Compagnon ,  prêtre;  Loys  Dornani, 
Jehan  Gilbert,  Pierre  Gaultier  et  Jacques  Montigny,  de  la 
paroisse  de  Maulays,  témoins  présents  et  appelés. 

>  {Signé)  J.  Canard,  G.  Gerbaud.  » 


§ 


Un  jour  peut-être  nous  aurons  à  parler  longuement  sur  le 
faict  des  serves  conditions  en  notre  pays  de  Nivernais;  nous 
dirons  seulement  en  passant  que  le  servage  était  une  condi- 
tion intermédiaire  entre  Vesclavage  et  la  libertéy  telle  que  la 
proclament  les  lois  modernes. 

Nos  rois  ont  été  les  premiers  à  affranchir  les  serfs  de  leurs 
domaines.  En  i3i5,  Louis  X,  en  donnant  cet  exemple, 
disait  dans  son  édit  que  son  royaume  est  dit  et  nommé  le 
royaume  des  Francs  y  c'^sl-k-div^i^  franchise;  il  entendait 
que  la  chose  soit  vérité  et  accordant  au  nom  ;  en  consé- 
quence, il  ordonnait  que  toute  servitude  soit  ramenée  en 
franchise. 

Cette  volonté  royale  était  méconnue  dans  les  terres  du 
prieuré  de  Fontaines. 

Nous  devons  néanmoins  faire  observer,  d'après  le  texte 
même  de  la  reconnaissance  que  nous  avons  reproduite ,  que 
le  servage  volontaire  dont  s  agit  relevait  en  partie  de  cette 
condition  terrienne  que  nos  coutumes  désignaient  sous  le 
nom  de  colonat.  C'est  là  au  surplus  une  simple  réflexion 
que  nous  osons  soumettre  aux  terribles  détracteurs  des  temps 
passés. 

L.  ROUBET. 


**t^^9^^^i^ 


LE   TRESOR 


CATHÉDRALE    DE    NEVERS. 


ANCIENS  INVENTAIRES 

DE  SES  LIVRES,  DE  SES  JOYAUS  ET  DE  SES  ORNEMENTS. 


'AUTEUR  des  iîecAer- 
ches  historiques  sur 
Nevers  (  i  ) ,  Louis  de 
Saintemarie ,  dans  le 
chapitre  consacré  à  la 
cathédrale,  rapporte  que 
l'on  conservait  au  trésor, 
qui  a  d'ailleurs  était  fort 
riche  »,  quelques  monu- 
ments précieux  par  leur 
aniiqutlé ,  entre  autres 
le  chef  de  saint  Cyr, 
enchâssé  en  or,  présent 
du  roi  Raoul ,  et  une 
couronne  dorée  dans  la- 
quelleéuit  enchâssée  une 
épine  de  la  couronne  de 
Nôtre-Seigneur,  don  de 
/'r  Philippe    de    Moulins, 

'■■-  évêquedeNoyonen  1404, 

(i)  A  Ncvert,  de  rimprimerie  de  Letebvre  le  jeune,  1810  (p.  478J. 


—   212  — 


personne  messire  Guy  Compagnon ,  prêtre;  Loys  Dornant, 
Jehan  Gilbert,  Pierre  Gaultier  et  Jacques  Montigny,  de  la 
paroisse  de  Maulays,  témoins  présents  et  appelés. 

»  (Signé)  J.  Canard,  G.  Gerbaud.  » 


Un  jour  peut-être  nous  aurons  à  parler  longuement  sur  le 
/aict  des  serves  conditions  en  notre  pays  de  Nivernais;  nous 
dirons  seulement  en  passant  que  le  servage  était  une  condi- 
tion intermédiaire  entre  Vesclavage  et  la  liberté,  telle  que  la 
proclament  les  lois  modernes. 

Nos  rois  ont  été  les  premiers  à  affranchir  les  serfs  de  leurs 
domaines.  En  i3i5,  Louis  X,  en  donnant  cet  exemple, 
disait  dans  son  édit  que  son  royaume  est  dit  et  nommé  le 
royaume  des  Francs,  c'est-à-dire  àt  franchise  ;  il  entendait 
que  la  chose  soit  vérité  et  accordant  au  nom;  en  consé- 
quence ,  il  ordonnait  que  toute  servitude  soit  ramenée  en 
franchise. 

Cette  volonté  royale  était  méconnue  dans  les  terres  du 
prieuré  de  Fontaines. 

Nous  devons  néanmoins  faire  observer,  diaprés  le  texte 
même  de  la  reconnaissance  que  nous  avons  reproduite,  que 
le  servage  volontaire  dont  s'agit  relevait  en  partie  de  cette 
condition  terrienne  que  nos  coutumes  désignaient  sous  le 
nom  de  colonat.  C'est  là  au  surplus  une  simple  réflexion 
que  nous  osons  soumettre  aux  terribles  détracteurs  des  temps 
passés, 

L.  ROUBET. 


-  IIÎ  - 
LE  TRÉSOR 

CATHÉDRALE    DE    NEVERS- 


ANCIENS  INVENTAIRES 

DE  SES  LIVRES,  DE  SES  JOYAUX  ET  DE  SES  ORNEMENTS. 


'AUTEUR  des  Recher- 
ches historiques  sur 
Nevers  (  i  ) ,  Louis  de 
Sainiemane ,  dans  le 
chapiire  consacré  à  la 
cathédrale,  rapporte  que 
l'on  conservait  au  trésor, 
qui  1  d'ailleurs  était  Tort 
riche  ■,  quelques  monu- 
menis  prédeux  par  leur 
aniiquilé ,  entre  autres 
le  chef  de  saint  Cyr, 
enchâssé  en  or,  présent 
du  roi  Raoul,  et  une 
couronne  dorée  dans  la- 
quelleétait  enchâssée  une 
épine  de  la  couronne  de 
Notre-Seigneur ,  don  de 
^Q  Philippe    de    Moulins , 

évéquedeNoyonen  1404. 

(i)  A  Neven,  de  rimprimerie  de  Letebvre  le  ieune,  tSio  {p.  478J. 


—  ai4  - 

Parmentier,  dans  son  Histoire  manuscrite  des  éyêques 
deNepers,  nous  apprend  aussi,  parlant  de  Guillaume  de 
Saint-Lazare,  le  restaurateur  de  la  cathédrale  au  treizième 
siècle,  que  l'on  montrait  encore  dans  le  trésor,  vers  1770, 
par  respect  pour  la  mémoire  de  ce  saint  pontife,  «  ses 
sandales  et  une  crosse  qu^on  croit  avoir  été  la  sienne.  » 

Le  Livre  noir  ou  Recueil  des  statuts  de  Véglise  de 
Nevers{i),  rédigé  au  quatorzième  siècle,  —  dans  le  statut 
de  Ostensione  facienda,  de  la  montre  qui  se  doit  faire 
chaque  année,  le  mardi  après  le  deuxième  dimanche  de 
Carême,  de  tous  les  joyaux  en  or,  argent  et  cuivre,  des 
ornements  et  livres  de  l'église,  —  nous  indique  d'ailleurs 
quelle  était,  à  cette  époque,  l'importance  du  trésor.  Cette 
montre  se  faisait  devant  le  trésorier,  le  sacriste,  les  deux 
gardiens  en  titre  du  trésor,  dont  la  présence  était  obligatoire, 
à  cause  du  péril  qu^ils  encourent,  et  les  chanoines  présents 
recevaient  12  deniers  de  la  bourse  commune.  Voici  ce  texte, 
qui  doit  ici  trouver  sa  place  : 

Item  statutum  est  quod ,  anno  quolibet,  die  Martis post 
Reminiscere  fiet  per  custodes  ostensio  omnium  rerum  et 
jocalium  Ecclesiœ,  sive  sint  in  auro^  argento,  cupro^ 
sericOy  tela  et  lihris  aut  aliis  quovis  modo,  et  quilibet 
canonicus  prœsens  in -dicta  ostensione  habebit  duodecim 
denarios  de  bursa  communi  ;  prœcentibus  sacrista  et 
thesaurario  aut  eorum  procuratoribus ,  quia  de  periculo 
principaliter  ipsi  tenentur  (2). 

Cependant,  nous  ne  connaissons  jusqu'à  ce  jour  d'autre 
inventaire  de  la  cathédrale  que  celui  qui  avait  été  fait  bien 
sommairement  au  mois  de  décembre  1792. 


(i)  Copie  manuscrite  du  dernier  siècle,  conservée  à  la  bibliothèque 
de  révêché. 

(2)  Folio  10  du  Livre  noir  ancien.  Ces  folios  sont  indiqués  aux 
maires  de  la  copie. 


—  2l5   — 

Dans  une  lettre  adressée  à  dom  DoUet  (ou  Dolé), 
religieux  de  Tordre  de  Cluny,  à  Saint-Manin-des-Champs^ 
à  Paris,  le  7  août  1718,  Tabbé  Lebeuf^  après  lavoir  félicité 
de  V Histoire  du  Nivernais  par  lui  entreprise,  et  lui  avoir 
indiqué  un  gros  manuscrit  de  dom  Viole  et  un  pouillé  de 
Nevers  coUationné  en  1635  sur  l'original  de  Michel 
Cotignon,  ajoutait: 

«  Si  vous  vous  étendez  sur  les  antiquités  de  la  cathédrale, 
j^ai  la  copie  d'un  Inventaire  du  trésor  fait  Tan  1297.  » 

Dom  Dollet  n'avait  sans  doute  pas  manqué  d'accepter  une 
offre  si  intéressante.  Le  Père  Lelong  en  fait  mention  dans  sa 
Bibliothèque  de  la  France^  n*  14914  bis;  mais  M.  de 
Saintemarie  nous  apprend  que  ce  manuscrit  avait  disparu , 
quelques  années  avant  la  Révolution ,  de  la  bibliothèque  de 
l'abbaye  de  Saint-Martin-des-Champs  ,  q\x  il  fut  longtemps 
conservé  (ij. 

Quelle  fut  donc  notre  joie  en  lisant ,  dans  la  Bibliothèque 
de  l'Ecole  des  Chartes  (2) ,  l'extrait  du  catalogue  des 
anciens  manuscrits  conservés  à  Londres,  au  British 
Muséum,  d'y  rencontrer  une  notice  de  M.  Léopold  Delisle 
sur  deux  manuscrits,  un  évangéliaire  et  un  traité  de  comput 
venant  de  la  cathédrale  de  Nevers  et  contenant,  tous  les 
deux ,  beaucoup  de  notes  historiques ,  entre  autres  des 
Inventaires  des  livres  et  des  ornements  du  trésor  de  la 
cathédrale.  Tout  d'abord  nous  nous  étions  demandé  s'il  ne 
serait  pas  possible  d'obtenir  la  copie  de  ces  précieux 
inventaires  par  l'entremise  des  RR.  PP.  Maristes^  qui  ont 
une  maison  importante  à  Londres  !... 

C'est  ainsi  que  Mgr  Crosnier,  en  1868,  reçut  des  notes 
bien  précieuses  du  R.  P.  Leforestier  sur  le  sacramentaire 
nivernais  du  dixième  siècle ,  également  conservé  à  Londres 


(i)  Mémoires  sur  te  Nivernais,  par  Née  de  La  Rochelle,  1827,  t.  III, 
p.  167. 
(2)  Tome  XLVI,  année  i885,  3-  liv.,  p.  3i5. 


—    2l6  — 

au  Brîtish  Muséum,  dans  ce   fonds  harléien  si  riche  en 
manuscrits  de  la' cathédrale  de  Nevers  (i). 

Tandis  que  cette  pensée  nous  préoccupait,  une  heureuse 
fortune  nous  fit  recevoir  de  Londres  une  lettre  datée  du 
I*'  janvier  1886,  signée  de  M.  Edmund  Bishop,  bien  connu 
des  érudits  français. 

€  Il  n'y  a  pas  longtemps,  nous  écrivait-il,  vous  avez 
publié  un  inventaire  d'une  église  rurale  —  la  vôtre  je  crois 
—  des  environs  de  Nevers,  un  à  part  de  la  Semaine 
religieuse,  Cest  de  cet  à  part  que  je  suis  très-désireux 
d'avoir  un  exemplaire  s'il  est  possible.  Malheureusement  les 
libraires  de  province  ne  donnent  que  trop  souvent  une 
oreille  sourde  aux  curieux  ou  aux  collectionneurs  qui 
s'adressent  à  eux  quand  il  s'agit  d'un  opuscule  de  quelques 
pages  seulement,  et  force  est  d'avoir  recours  à  la  complai- 
sance  des  auteurs  eux-mêmes. 

Y  Et  voici  encore  deux  ouvrages  sur  lesquels  je  n'ai  pu 
trouver  des  renseignements  ici  :  les  Recherches  sur  la 
Liturgie  nivernaise ,  de  Mgr  Crosnier,  et  les  Drames 
liturgiques  et  rites  figurés  dans  l'église  de  Nevers, 
l'auteur  duquel  je  n'ai  pas  besoin  d'indiquer. 

»  ...  Cependant,  ajoutait-il,  j'aurais  plaisir  au  moins  de 
vous  communiquer  un  Petit  inventaire  de  votre  cathédrale 
du  dixième  siècle  ou  onzième  que  j'ai  copié  d'un  manuscrit 
du  musée  britannique ,  parmi  les  manuscrits  nombreux  de 
l'église  de  Nevers  qui  y  sont  recueillis,  la  plupart  bien 
anciens.  Peut-être  puis- je  ajouter  que  j'ai  extrait  d'un  autre 
de  ces  manuscrits  les  anciennes  Annales  nivernaises  et  les  ai 
communiquées  aux  Messieurs  des  Monumenta  Germaniœ 
historica  qui  les  ont  insérées  dans  le  treizième  volume  de 
leurs  Scriptores  (2). 

1»  Ceci  pour  dire  que  je  ne  suis  pas  tout  à  fait  hospes  et 
peregrinus  dans  le  champ  de  vos  antiquités...  » 

(i)  Études  sur  la  liturgie  nivernaise,  par  Mgr  Crosnier,  p.  48. 
(2)  Voir  Bulletin  de  la  Soc.  niv.,  t.  XI,  p.  5oo. 


—  ai7  — 

Il  va  sans  dire  qoe  les  ouvrages  demandés  furent  prompte- 
tement  expédiés  et  que  Toffre  de  la  copie  des  inventaires  fat 
acceptée  avec  la  plus  vive  reconnaissance. 

M.  E.  Bishop  nous  répondit  bientôt  par  une  lettre  de 
quince  pages  grand  in-4<> ,  suivie  de  plusieurs  autres  des 
plus  intéressantes. 

Ce  notait  pas  seulement  la  copie  des  inventaires  ^  c  avec 
les  abréviations  et  toutes  ces  minuties  que  méprise  le  public, 
et  qui  seules  peuvent  suppléer  en  partie  à  Texamen  du 
manuscrit  de  propriovisu,  »  mais  un  commentaire  plein 
d'érudition  et,  mieux  encore,  une  analyse  aussi  complète 
que  possible  de  tous  les  éléments  qui  composent  le  volume. 
En  vérité,  nous  ne  pouvions  espérer  une  si  précieuse 
collaboration  ! 

Transcrivons  donc  tout  d^abord  Tarticle  de  M.  L.  Delisle  : 

Catalogue  ofancient  manuscripts  in  the  British  Muséum. 
Part.  IL  Latin.  London,  1884.  Grand  in-folio  de  vi  et 
89  pages,  plus  61  planches  autotypiques,  p.  320.  TPage  24 
du  catalogue.) 

Les  quatre  Évangiles  Fonds  harléien,  n*  27 po. 
Ce  volume,  dont  une  page  est  reproduite  en  tac-simile  sur 
la  planche  44,  est  écrit  en  minuscule  Caroline  du  neuvième 
siècle,  et  vient  de  la  cathédrale  de  Nevers,  à  laquelle  il  avait 
été  donné  par  Tévéque  Herimannus ,  entre  les  années  840  et 
860  ou  environ ,  comme  le  prouvent  trois  distiques  inscrits 
au  folio  19,  verso: 

Me  quicunque  legis,  Herimanni  sis  memor,  oro; 

Cujus  me  studio  possidet  iste  locus. 

Obtulit  ecclesiœ  sibi  commissœ  memorandus 

Prœsul  me  9  fateor,  pro  bonitaiis  ope. 

Me    Sancto    Cyrico   tali   sub    conditiane 

En   dédit    ut   pereat    qui    cupit    abstrahere. 

Dans  Parcade  d'une  page  des  canons  (folio  23}  se  lit  en 
lettres  capitales  le  nom  de  Gédéon ,  qu^on  a  supposé  pouvoir 

T.  Vif  3*  série.  28 


—   2l8  — 

être  le  nom  d*{in  artiste  employé  à  la  décoration  du  livre.  — 
Sur  quelques  pages  blanches ,  on  a  ajouté  après  coup  des 
documents  très-curieux  pour  Thistoire  de  Téglise  de  Neven, 
tels  qu'un  ancien  catalogue  des  évéques,  des  inventaires  des 
livres  et  des  ornements  du  trésor  de  la  cathédrale  et  la  charte 
suivante,  qui  paraît  émaner  de  Tévéque  Hugues  IV,  du 
commencement  du  douzième  siècle  : 

Notum  fieri  volumus  omnibus  Sanctœ  Dei  ecclesiœ  filiis 
quod  ego  Hugo,  Nivernensis  episcopus ,  Rotgerium, 
priorem  ahbatiœ  Sanctœ  Mariœ  et  Sancti  Stéphanie  cum 
duobus  monachis,  Arnulfo  scilicet  et  Adalardo  Theutonico, 
propter  inobedientiam  quant  Deo  et  michi  fecerunt ,  feci 
venire  nudis  pedibus  usque  ad  altare  Sancti  Cirici  ante 
presentiam  meam  et  totius  ecclesiœ,  ad  satisfaciendum 
Deo  et  michi  in  ipsa  festivitate  sancti  Stephani  post  natale 
Domini. 

Voici  maintenant  comment  notre  docte  correspondant 
classe  les  divers  éléments  qui  composent  le  manuscrit: 

lo  L'Evangéliaire  même,  qui  fait  le  corps  du  volume; 

20  Le  Capitulaire  (folios  264-271}  qui,  si  TEvangéliaire 
servait  à  Pusage  liturgique,  doit  nécessairement  l'accom- 
pagner; 

3*  Les  quelques  vers  constatant  que  Tévéque  Hériman  a 
donné  le  volume  à  l'église  de  Nevers  ; 
4^^  La  liste  des  évéques  de  Nevers  ; 

5^  Le  titre  concernant  Tévéque  Hugues  et  les  moines  de 
Saint-Etienne  ; 

6**  Les  inventaires  des  folios  262  et  263. 

Puis  viennent  les  principales  observations  propres  à  chacun 
de  ces  éléments. 

D^abord  VEvangéliaire  ne  semble  pas  avoir  été  écrit  pour 
Téglise  de  Nevers  spécialement;  il  fut  probablement  acheté 
tout  fait  par  Hériman ,  comme  partie  de  la  grande  restau- 


—  ai9  — 

ration  de  son  église  (i).  L'écriture  et  l'encre  sont  tout  à 
fait  différentes  de  l'inscription  en  Thonneur  d^Hériman, 
laquelle  parait  plus  récente. 

Secondement ,  le  Capitulaire  offre  à  peu  près  la  même 
disposition  de  Tannée  ecclésiastique  que  Ton  trouve  dans  le 
Calendarium  romanum ,  édité  par  le  Père  Fronteau ,  et 
généralement  dans  tous  les  plus  anciens  capitulaires.  Il 
paraît  être  d'une  écriture  du  neuvième  siècle  et  n^a  rien  de 
particulier  pour  Nevers  ;  c'est  tout  bonnement  une  copie 
d'un  vieil  original  romain.  Mais  on  ne  peut  douter  qu'il 
n'ait  été  écrit  qu'après  qu^Hériman  eut  fait  l'acquisition  du 
volume. 

En  troisième  lieu,  les  vers  d^Hériman  sont  importants,  en 
ce  qu'ils  nous  offrent  un  point  de  départ  fixe  et  nous 
permettent  de  conclure  que,  en  dehors  de  TEvangéliaire, 
toutes  les  autres  parties  du  manuscrit  viennent  des  mains 
des  clercs  de  l'église  de  Nevers,  à  différentes  époques. 

Quatrièmement,  la  liste  des  évéques,  qui  est  sans  titre,  est 
tout  d^une  même  main ,  et  le  dernier  évéque  nommé  est 
Hugues  le  Grand.  On  peut  dire  sans  trop  de  présomption 
que  cette  liste  fut  écrite  pendant  son  épiscopat.  Il  est  à 
remarquer  qu^un  premier  nom  a  été  gratté.  Le  rédacteur  du 
Catalogue  0/ ancient  mss  suggèrt  Rus ticus ,  mais  je  crois 
ma  suggestion  meilleure. 

Il  reste,  en  effet,  assez  de  Vus  terminal  pour  s'assurer  que 
récriture  était  la  même,  et  en  comptant  l'espace  nécessaire 
pour  les  lettres ,  on  trouve  qu'il  y  a  assez  de  place  pour  les 
onze  lettres  faisant  le  nom  Tauricianus,  et  aucun  autre 
nom,  dans  les  listes  imprimées  des  évéques  de  Nevers, 


(i)  Cest  ce  prélat,  écrit  Parmentier  dans  son  Histoire  des  évéques 
de  Nevers ,  qui  a  réparé  les  grandes  pertes  que  son  église  ayait  faites 
depuis  plus  d'un  siècle ,  et  qui  lui  a  rendu  son  lustre ,  en  la  créant 
comme  de  nouveau.  Sa  charte  de  849  porte  quUl  avait  établi  dans  sa 
cathédrale  quarante  chanoines,  etc. 


—   220  — 

parait  se  conformer  à  ces  conditions.  Au  surplus,  la 
«  gratture  »  n^est  pas  ancienne,  on  la  croirait  faite  avec 
mauvaise  volonté,  et  Ton  serait  tenté  de  croire  qu'elle 
indique  qu^il  y  a  eu  une  querelle  un  peu  acérée  parmi  les 
antiquaires  du  seizième  ou  dix -septième  siècle  sur  la 
question  de  la  succession  des  premiers  évêques  de  Nevers. 

Les  noms  ne  sont  pas  écrits  en  colonnes ,  comme  dans  le 
Sacramentaire  publié  par  Mgr  Crosnier,  mais  ils  se  suivent 
dans  les  lignes  Tun  après  lautre  (i). 

Voici  cette  liste  qu'il  est  intéressant  de  confronter  avec 
celle  du  Sacramentaire  : 

...{raturé)...  S.  Arigius;  S.  Eulalius;  S.  Gislebertus; 
S,  Rorgus;  S.  Icterius;  S.  Euladius;  S.  Agricola;  S.  Opor- 
tunus;  S.  Nicterius;  S.  Waldo;  S.  Deodatus;  S.  Evartius; 
S.  Hieronimus  ;  Jonas  ;  Heneas  ;  Guineredus  ;  Hugo  ; 
Bertarius;  Herimannus;  Raginus;  Ragimfredus;  Abbo; 
Emmenus;  Franco;  Atto;  Launo;  Tedalgrinus;  Gosbertus; 
Natrannus;  Roclenus;  Girardus;  Hugo  secundus. 

Cinquièmement,  à  propos  de  la  charte  de  Tévéque  Hugues 
concernant  les  moines  de  Saint-Etienne,  le  compilateur  du 
Catalogue  qf  ancient  mss  est  disposé  à  attribuer  le  fait 
plutôt  à  Hugues  III  qu'à  Hugues  le  Grand. 

Je  prends  la  liberté  de  n'être  pas  de  son  avis,  laissant 
d'ailleurs  de  côté  la  question  de  compétence  en  fait  de 
paléographie...  et  voici  mes  raisons:  Tévêque  somme  les 
moines,  d'une  manière  péremptoire,  comme  ayant  autorité 
directe  sur  eux,  et  leur  fait  subir  presque  des  humiliations 
publiques  (2). 

(i)  Voir  page  Sg  de  Tîntroduction  du  Sacramentarium  ad  usum 
ecclesiœ  Nivemensis  et  page  141  du  texte. 

(2)  Voir  plus  haut  le  texte  donné  par  M.  Dclisle.  Le  prieur  et  les 
deux  religieux  de  Saint-Etienne,  coupables  de  désobéissance,  sont 
condamnés  à  venir  ^i>^5  nus  se  prosterner  devant  Tautel  de  Saut- 
Cyr,  en  l^lise  cathédrale ,  en  présence  de  Tévéque  et  de  tout  son 
chapitre,  au  jour  de  la  festivité  de  taint  Etienne  après  Noil, 


—  221    — 

Je  doute  que  Hugues  III  se  fût  comporté  de  la  sorte 
envers  des  moines  dépendant  de  Cluny  à  cette  époque.  Il  me 
semble  que  s*il  avait  à  se  plaindre,  il  se  serait  adressé  à 
Tabbé  même  et  aurait  usé  de  moyens  plus  doux ,  tandis  que 
Hugues  le  Grand ,  qui  avait  tant  iait  pour  le  monastère  de 
Saint* Etienne»  pouvait  manifester  son  déplaisir  d'une 
manière  plus  vive  et  se  comporter  un  peu  en  maître  vis-à-vis 
des  anciens  religieux  (i). 

Sixièmement,  les  inventaires  écrits  sur  le  feuillet  262, 
verso,  et  sur  le  folio  26?,  recto  et  verso,  sont  au  nombre  de 
trois.  Le  premier,  en  haut  du  folio  262,  a  pour  titre:  Hi 
sunt  libri  domni  abb.  Rostagni  ;  puis,  après  un  grand 
espace  blanc ,  presque  la  moitié  de  la  page ,  sans  titre 
spécial,  vient  rénumération  des  ornements  d*une  église  ;  et 
enfin  le  troisième  inventaire ,  qui  remplit  les  deux  côtés  du 
folio  263,  se  rapporte  évidemment  à  Téglise  cathédrale  de 
Nevers ,  le  titre  est  formel  :  Hec  sunt  nomina  librorum  qui 
sunt  in  armario  Sancti  Cyrici, 

Que  le  second  inventaire  se  rapporte  pareillement  à 
réglise  de  Saint-Cyr,  il  n'y  en  a  pas  de  preuve  positive,  il  est 
vrai  ;  mais  ce  texte  a  été  écrit  à  coup  sûr  après  que  le  manus- 
crit fut  devenu  propriété  de  Téglisc  de  Nevers,  l'écriture  ne 
permet  pas  d'hésiter  sur  ce  point ,  et  il  forme  le  complément 
du  fragment  d'inventaire  des  joyaux  qui  suit  la  liste  des 
livres  de  Saint-Cyr. 

Maintenant,  quel  est  cet  abbé  Rostagnus  du  premier 
inventaire?  Dans  la  vie  de /{^rA^rm^  que  Mabillon  a  com- 
pilée {Acta  SS,  O.  S,  B.  Sœculo  V,  p.  480,  édition  de 
Venise)  je  trouve  ce  passage  extrait  de  Folcuin  de  Lobbes  : 
t  Libellum  etiam  vitœ  sancti  Ursmari,  cum  Cumis  exsularet, 
ibi  reperit,  quem  solœcismis  re/ertum  emendavit  nobisque 

(i)  Voir  dans  le  Bulletin  de  la  Soc.  nivem,,  i"  série,  t.  !•',  la 
notice  historique  sur  VEglise  et  le  Prieuré  de  Saint  -  Etienne  de 
Neptrs  t  par  Mgr  Crosnier,  et  les  chartes  extraites  du  Gallia 
Christiana, 


—   222  — 

transmisiL  Postea  cum  in  parte  Burgundiœ,  quœ  provincia 
dicitur,  mansitarety  Jilium  cujusdam  viri  ditissimi,  nomine 
Roestagnum,  ad  imbuendum  litteris  postulatus  recepit; 
ad  quem  librum  de  arte  grammatica  conscripsit  quem 
librum  gentilitio  loquendi  more  Spera-dorsum  vocavit,  pro 
eo  quod  qui  scholis  assuesceret  puerulus,  dorsum  a  flagris 
servare  posset.  Ob  quœ  ei  (Ratherio)  episcopatus  datus  est, 
que  (m)  relinquens  Laubias  revertitur.  i 

A  la  page  474,  Mabillon  assigne  l'arrivée  de  Ratherius  en 
Provence  à  Tan  941  ou  environ,  époque  quMl  assigne  aussi 
fp.  476)  au  retour  de  Ratherius  à  Lobbes.  L'éditeur  de 
Folcuin  dans  les  Monumenta  Germaniœ  met  en  marge  940 
pour  rarrivée  en  Provence,  944  pour  l'arrivée  à  Lobbes,  et  il 
rapporte  le  spera  au  mot  allemand  sparen. 

Puisqu'un  évéché  fut  offert  à  Ratherius,  on  est  en  droit  de 
conclure  qu'il  avait  complété  Tinstruction  de  Rostagnus  et 
que  ce  dernier  n*était  plus  un  enfant... 

Mais  ce  qui  paraît  le  plus  singulier,  c'est  de  trouver,  d'une 
part,  dans  cet  inventaire  des  livres  de  Saint-Cyr  (n^  54)  les 
œuvres  de  Ratherius,  Epistole  Raterii,  et  un  abbé  Rosta- 
gnus en  rapport  avec  l'église  de  Nevers,  et  d'autre  part,  enfin 
un  Rostagnus  élevé  pour  les  lettres  (il  est  à  présumer  pour  la 
cléricature,  sinon  pour  un  monastère  )  sous  la  conduite  de 
Ratherius.  Il  est  d'ailleurs  bien  difficile  de  pénétrer  plus 
avant  ce  point  d'histoire  si  curieux.  Si  les  anciens  cartu- 
laires  de  Saint-Cyr  existaient  encore,  ou  les  vieux  nccrologes, 
peut-être  y  trouverait- on  quelque  mention  du  nom  de 
Rostagnus  ! 

Ajoutons  cependant  qu'on  ne  peut  douter  que  Ratherius 
dont  il  s'agit  est  le  célèbre  évéque  de  Vérone  qui  mourut  à 
Namur  en  974.  Or,  on  doit  bien  supposer  que  cette  collection 
de  ses  épîtres  ne  fut  faite  qu'après  sa  mort,  et  il  faut  donner 
le  temps  de  penser  à  faire  cette  collection ,  le  temps  de  la 
faire  effectivement  et  d'en  prendre  copie,  ce  qui  conduit 
à  la  fin  du  dixième  siècle  ou  aux  premières  années  du 
onzième. 


—   323    — 

Enfin»  voici  quelques  notes  rapides  concernant  divers 
articles  des  deux  invenuires  des  livres  : 

f  Sur  le  no  3 1  du  §  i*',  ParsRegistri,  j*espérais,  continue 
M.  Edmond  Bishop»  pouvoir  Tidentifier  dans  la  liste  très- 
ample  que  donne  M.  Ewald  [Nen^es  Archiv.,  tome  IIIJ  des 
manuscrits  des  lettres  de  saint  Grégoire  le  Grand...  Impos- 
sible î  1 

Même  chose  pour  les  Gesta  Longobardorum  cum  vita 
Apollonii,  n^  3^,  dans  la  préface  de  M.  Waitz,  à  son  édition 
de  Paul,  diacre,  dans  les  Monumenta  Germaniœ.  Encore 
impossible  !  Mais  il  y  a  une  classe  de  manuscrits  par  lui 
cotée  série  H,  à  laquelle  je  crois  que  notre  manuscrit  a  dû 
appartenir.  Ces  manuscrits  sont  tous  d'origine  française,  et 
la  plupart  ont  dans  le  même  volume  VHistoria  Apollonii  ;  ils 
donnent  d^ailleurs,  dit  Waitz,  un  mauvais  texte  :  €  Pauli 
historia  usi  ut  eam  potius  déformasse  quam  reddidisse  sint 
dicendi,  i 

Dans  le  jeune  Isidore,  n*  42,  iaut-il  voir  le  Mercator? 

Sur  le  n^*  14  du  i  2,  Expositio  Moridac  super  Donatum 
majorent f  —  Moridac,  c^est  assurément  le  nom  irlandais 
«  Muirdach  •.  Ce  personnage  n*est  pas  mentionné  dans 
Lanigan,  Ecclesiastical  history  of  Ireland,  M.  labbé 
Chevalier  ne  le  connaît  pas  non  plus. 

Le  Scotus  (Irlandais)  Elias  fut,  dit-on,  maître  de  Héric 
d^Auxerre,  lui-même  maître  de  Hucbald.  Peut-être  est-ce 
ainsi  qu'il  faut  expliquer  ce  nom  irlandais  à  Nevers  ? 

V Expositio  Marciani  (§  2,  n*'26)  est-ce  le  commentaire 
sur  Marcianus  Capella  écrit  par  Héric  ? 

Franco  et  Saxo  (n"  i5),  voilà  un  titre  qui  fait  envie! 
Serait-il  oiseux  de  le  renvoyer  à  l'auteur  des  Poésies  popu" 
laires,  M.  Edelstan  du  Méril  (i)  ? 


(i)  Le  général  Ambert,  Pauteur  des  Récits  militaireSy  ouvrage  cou- 
ronné par  TAcadémie  française,  vient  de  renoureler  ce  titre,  avec  une 
allure  toute  guerrière,  dans  ses  Gaulois  et  Germains. 


—    224  — 

Andradus  (n*  48),  ce  sont  peut-être  les  visions  dont 
Duchesne  a  publié  des  fragments  ! 

Le  missel  appelé  Guitbert  (n*  68),  voilà  un  problème 
intéressant!  Je  n^ai  pu  aller  plus  près  que  saint  Guitbert» 
fondateur  de  Gembloux. 

Ici  se  terminent  les  communications  de  notre  érudit  corres- 
pondant, auquel  nous  ne  saurions  trop  exprimer  notre 
reconnaissance. 

Privé  du  bonheur  de  voir,  de  toucher,  d'étudier  à  loisir  le 
précieux  manuscrit,  gardien  fidèle  des  antiques  souvenirs  de 
notre  cathédrale,  il  y  a  mille  ans,  nous  avons  été  bien- 
heureux de  recueillir  tout  ce  qui  nous  en  était  rapporté ,  et  il 
nous  tarde  de  faire  connaître  le  texte  de  ces  inventaires. 

Combien  d^autres  remarques,  sans  doute,  il  y  aurait 
encore  à  faire,  en  particulier  sur  ces  livres  de  ï Armoire  de 
Saint'Cyr^  où  nous  retrouvons  les  principales  œuvres 
des  philosophes  de  Tantiquité,  depuis  Aristote  :  ses  Catégo- 
ries,  —  son  livre  de  l'Interprétation  (en  gvtcperi Ermeneias), 
—  ses  Topiques  (n**  21  à  26)  (i). 

Le  livre  de  la  Consolation  de  ta  philosophie  du  philosophe 
chrétien  Boèce  était  surtout  goûté  ;  on  le  possédait  en  triple 
exemplaire  (nM4à6);  le  Traité  de  la  Trinité,  du  même 
auteur,  est  aussi  mentionné  une  fois. 

Puis  ce  sont  les  œuvres  des  poètes  :  Perse,  Horace,  Virgile, 
Juvénal;  du  prêtre  poète  Sedulius,  au  cinquième  siècle,  etc., 
et  même  un  cahier  {quatemio)  d'Homère  ;  —  les  ouvrages 
d'histoire  ecclésiastique  d'Eusèbe,  des  traités  de  droit-canon, 
de  médecine,  de  géométrie,  de  musique,  le  psaultier  de  saint 
Jérôme;  les  livres  de  Comput;  les  expositions  des  évangiles, 
des  psaumes,  les  épitres  canoniques,  les  recueils  d'ho- 
mélies,  etc.;   —  quelques  vies  de  saints  sous  le  titre  de 

(i)  Voir  dans  VEssai  sur  la  psychologit  d* Aristote ,  par  A.-Ed. 
Chaignet,  recteur  de  racadémie  de  Poitiers,  i883,  le  catalc^ue  des 
écrits  d^Aristote,  p.  91-101. 


—  225   — 

Passion  :  des  Sept  Dormants,  de  saint  Denys,  de  saint  Cyr, 
cette  dernière  sans  doute  i^œuvre  de  Hucbald  (n**  5i,  58, 
59»  67)  (i);  enfin,  les  livres-missels  et  ces  beaux  textes 
d'argent  et  d^or  sur  lesquels  nous  aurons  roccasion  de 
revenir. 

Arrêtons-nous  donc  à  ces  mentions  si  brèves,  et  pour 
compléter  d'ailleurs,  autant  qu'il  est  en  notre  pouvoir,  l'état 
du  trésor  de  Saint-Cyr  jusqu'à  sa  destruction  par  la  Révo- 
lution, aux  trois  inventaires  déjà  annoncés  nous  en  ajoute- 
rons quatre  autres  ($§  4,  5,  6  et  7},  comprenant  :  l'indication 
d'une  panie  des  vases  sacrés  et  joyaux  de  la  cathédrale 
de  Saint-Cyr  utilisés  au  quatorzième  siècle,  pour  la  réfection 
du  reliquaire  renfermant  le  chef  de  saint  Cyr;  — «rénuméra- 
tion  des  objets  divers  entrés  dans  le  trésor  depuis  le  treizième 
siècle  jusqu'à  la  fin  du  dix -huitième;  —  les  anciens 
manuscrits  liturgiques  du  chapitre  de  Saint-Cyr;  —  enfin 
les  vases  sacrés  et  ornements  en  1791 . 

§1. 

INVENTAIRE  DES  LIVRES  DE  L^ABBÉ  ROSTAGNUS. 

Ilarleian  ms.  2790,  folio  262,  verso. 

Ht  sunt  libri  domni  abbatis  Rostagni, 

1.  Porphirius. 

2.  Aristotiles. 

3.  Expositio  Boetii  super  cathegorias. 

4.  Musica  Boetii. 

5 .  Popice  di  fieren  tie. 

6.  Arismetica. 

7.  Compotus  cum  martirologio. 

(1)  Dans  le  premier  inventaire  (n**  32-43)  sont  indiquées  les  passions 
de  saint  Austremoine  et  des  saints  Savinien  et  Potenticn. 

T.  III,  3*  série,  29 


—   226  — 

8.  Ciceroad  Herennium  (i). 

9.  Cicero  Invectivarum. 

10.  Duo  Juvenales. 

11.  Boetius  de  consolatîone  philosophie. 

12.  Lucanus. 

i3.  Liber  figurarum  Giometrie. 

14.  Quaterniones  de  dialectica. 

i5.  Isidorus  de  partibus. 

i6.  Homerus. 

17.  Remigius  super  Donatum. 

18.  Expositio  cantica  canticorum  cum  Beda  de  ortographia< 

19.  Numerus  abbaci. 

20.  Dialectica. 

21.  Prosperi  duo. 

22.  Avianus  (2). 

23.  Pabula  abbaci. 

24.  Astrolabium. 

25.  Salustius. 

26.  Prudentius  hymnorum. 

27.  Expositio  super  Esaiam. 

28.  Expositio  super  epistolas  canonicas. 
'^9.  Libri  V  de  moralibus. 

3o.  Job. 

3i,  Pars  registri. 

32.  Passio  Austremonii  (3). 

33.  Epistole  Hieronimi  ad  Damasum  Papam. 


(i)  Écrit  comme  un  seul  mot  adherennium  ;  de  même  pour  les  n""  11, 
14,  18,  33,  40,  deconsolaiione,  dedialectica^  etc.;  addamasum,  etc. 

(2)  Ainsi  très-clairement  écrit;  mais,  observe  M.  E.  Bishop,  en  note 
de  sa  copie  :  Je  ne  connais  pas  a  Avien  •. 

(3}  Combien  il  serait  important,  pour  le  diocèse  de  Nevers  en 
particulier,  de  posséder  le  texte  de  cette  passion  !  Saint  Austremoine 
est,  en  effet,  appelé  dans  une  vieille  vie  de  saint  Cassy,  évcsque  des 
Auvergnats  et  des  Nivernais .  Michel  Cotignon,  dans  son  Catalogue 
historial  des  évêques  de  Nevers^  considérait  saint  Austremoine  comme 
notre  premier  évéque. 


► 
f 


—    227   — 

34.  Machrobius. 

35.  Gesta  Longobardorum  cum  vita  Apollonii. 

36.  Augustinus  de  Baptisnio. 

37.  Rethorice  IL 

38.  De  Transita  sancte  Marie. 

39.  Expositio  super  perchermenias. 

40.  Versus  Alchuini  ad  Carolum  regem. 

41.  Liber  Ambrosii  contra  Adrianos. 

42.  Liber  Isidoris  junioris. 

43.  Passio  Savîniani  et  Potentiani  (i}. 

44.  Pastoralîs. 

§IL 
INVENTAIRE  DES  LIVRES  DU  CHAPITRE  DE  8AINT-CYR. 

Harleian  ms.  2790,  folio  2G3,  recto. 
Hec  sunt  nomina  librorum  qui  sunt  in  armario  Sancti  Cyrici, 

1.  Donatus  parvus  cum  majore,  —  et  cum  barbarisme,  — 

et  cum  expositione  majofis  Donatî,  —  et  cum  Pris- 
ciano  parvo,  —  et  cum  Beda,  —  et  cum  Prisciano 
de  constructione  in  uno  eodemque  volumine. 

2.  Sedulius  parvus  cum  Prisciano,  — etServiolo,  — et 

Beda,  —  et  cum  expositione  majoris  Donati,  in  uno 
volumine. 

3.  Sedulii  alii,  IIL 

4.  Boetii  de  consolatione  Philosophie,  IL 

(i)  La  passion  des  saints  Savinîen  et  Potentien  intéresserait  le 
diocèse  de  Nevers  au  même  degré  que  celle  de  saint  Austrcmoine.  Ils 
furent,  en  effets  les  apôtres  du  centre  de  la  Gaule;  nos  anciens 
sacramentaires  et  graduels  du  onzième  siècle  et  les  bréviaires  du 
seizième  les  honoraient  d^une  manière  toute  spéciale.  Le  propre  du 
diocèse  de  Nevers,  renouvelé  en  1881,  a  conservé  une  oraison  propre 
et  une  leçon  des  saints  Savinien  et  Potentien  au  19  octobre.  Il  en  est 
de  même  pour  saint  Austremoine  au  3  novembre. 


—    228   — 

5-  Boctius  de  consolationc    Philosophie    alcer»    —   cum 
arismetica  in  uno  volutnine. 

6.  Boetius  item  de  Trinitate. 

7.  Prudentii  duo  de  Sicomachia  unus  pictus  et  alter  planus . 

8.  Aratoresduo. 

9.  Juventii,  III. 

10.  Priscianus  parvus  cum  foca. 

11.  Prisciani  deduode  cum  versibus. 

12.  Virgilii ,  II. 
i3.  Item  Bede  duo. 

14.  Persius  I,  •— etitem  Persiuscumduobusquaternionibus 

Juvenalis. 
i5.  De  Lucano  quaterniones ,  V. 

16.  Item  expositio  Moridac  super  Donatum  majorem. 

17.  Franco  et  Saxo,  II. 

18.  Marcianus,  I. 

19.  Terentius,  I. 

20.  Oratius,    I. 

2 1 .  Priscianus  major  cum  Prisciano  de  construct. 

22.  Virgilius,  I. 

23.  Porphirius  cum  comto  >!Boetii  et  cum  periarmenias  et 

cum  Cathegoriis  Aristotiiis. 

24.  Item  Cathegorie  Aristotiiis  per  se. 

25.  Item  Porphyrius  cum  Cathegoriis   Aristotiiis  in   uno 

volumine. 

26.  Item  Cathegorie  Aristotiiis. 

27.  Popicarum  libri ,  III. 

28.  Expositio  Marciani ,  — et  expositio  Cathegoriarum ,  — 

et  expositio  Periarmeniarum,  —  et  expositio  Porphirii, 

—  et  expositio  Giometrice,  —  et  expositio  Musice. 

—  Item  musica  Enchiriadis,  —  item  definitio 
musice,  —  item  expositio  Persiî,  cum  uno  quater- 
nione  Omeri  et  cum  Topica ,  in  uno  volumine. 

29.  Epistolc  canonice. 

30.  Expositio  apocalipsis. 

3i.  Expositio  libri  Machabeorum. 


32.  Décréta  pontificum. 

33.  Liber  de  virginitate  béate  Marie. 

34.  Psalterium  Iheronimi. 

35.  MedicinaieSi  VII. 

36.  Leges ,  III. 

37.  Historia  ecclesîastica  Eusebii. 

38.  Ordines  ecclesiastici  II. 
39   Vite  canonice  II. 

40.  Libri  Corn  pot  i  III  (1). 

41.  Libri  Canonum  VIII. 

42.  Item  ordo  ecciesiasticus. 

43.  Isidorus  I. 

44.  Expositio  Evangeliorum  miaula. 

45.  Item  vita  canonica  cum  Martirologio. 

46.  Item  expositio  Evangeliorum  in  Quadragesima. 

47.  Expositiones  Psalmorum  II. 

48.  Glosarius  I. 

49.  Expositio  Misse. 

50.  Audradus. 

5 1 .  Liber  de  sancta  Trinitate  Alcuini. 

52.  Scrmo  beat!  leronimi  ad  Paulam  et  Eustochiam. 

53.  Passio  VII  Dormientium. 

54.  Istoria  mystica  Ecclesie  cum  quaternionibus   diverse 

scripture. 

55.  Prosperus  contra  Gallos. 

56.  Epistole  Raterii. 

57.  Liber  Inchiridionis  sancti  Augustini. 

58.  Eptaticus. 

59.  Johannes  Crisostomus. 

60.  Passio  sancti  Dionisii. 
6î .  Passio  sancti  Cyrici  (2). 


(1)  Cest  un  de  ces  livres  de  Comput  que  nous    mentionnons  plus 
loin  au  |  VI. 

(2)  Dans  la  Monographie  de  la  Cathédrale  de   Nevers  et  dans    la 
notice  historique  sur  saint  Cyr  et  sainte  Julitte,  publiée  par  la  Semaine 


—   2'io  — 

62.  Veieres  quaterniones  episcopales. 

63.  Item  alii  quaterniones  de  Nativitate  Domini,  vel  aliis 

festivitatibus  (i). 

64.  Istoriarum  libri  III,  cum  quaternionibus  Genesis. 

65.  Quadraginta  homeliarum  libri   II;    unus    integer  et 

alter  imperiectus  et  vêtus. 

66.  Smaragdini  IL 

67.  Missales  V. 

68.  Epistolarum  liber  unus  et  alter  inceptus. 

69.  Texti  argentei  II  ;  cutn  aureo   et  cum  vita  argentea 

sancti  Cyrici  (2). 

70.  Liber  messalis  qui  Guitbertus  vocatur. 

71.  Item  liber  lectionalis  et  textus  in  uno  volumine. 

72.  Expositio  super  epistolas  Pauli. 


religieuse  du  diocèse  en  1868,  Mgr  Crosnier  a  longuement  traité  ce 
qui  concerne  la  légende  ou  passion  de  nos  saints  patrons,  par  le 
moine  Hucbald^  devenu  écolâtre  de  Nevers  au  commencement  du 
dixième  siècle,  et  par  le  doyen  du  chapitre  Teterius. 

(i)  Au-dessous  de  de  Nativitate,  une  autre  main  a  ajouté  :  cum 
psalterio»  (Note  de  M.  E.  B.) 

(2)  Textes  à  couverture  d^argent^  doré  par  partie;  vie  de  Saint-Cyr, 
à  couverture  d^argent. 

Le  martyrologe  de  la  cathédrale,  au  VH  des  ides  de  mai  (26  avril) 
mentionnait,  parmi  les  nombreuses  donations  de  Tévéquc  Theobaldus 
à  son  chapitre  :  Missale  argenteum  et  Lectionarium  argenteum.  Theo- 
baldus fut  évéque  de  Nevers,  de  1177  a  1188. 

Dans  le  paragraphe  suivant,  n**  10  et  11,  nous  retrouverons  encore 
deux  petits  textes  d'argent  et  un  Lectionnaire  à  couverture  d'argent.  Je 
dois  consigner  ici  une  remarque  de  M.  E.  Bishop  :  Il  y  avait  d^abord 
parvus  textus  argenteus  l,  que  Ton  a  changé  ensuite  en  parvi  texti 
argentei  II.  La  rature  a  été  fort  bien  faite ,  mais  avec  un  peu  d^atten- 
tion,  on  la  reconnaît  très-bien.  Cette  observation  est  importante,  en 
ce  qu'elle  semble  indiquer  que  le  fragment  dMnvcntaire  du  folio 
262  est  antérieur  à  celui  du  folio  suivant. 


—    23l    — 

§  III. 

INVENTAIRE  DU  TRÉSOR  DE  8AINT-CYR. 
Harleian  ms.  2790,  folio  262,  verso. 

1.  Capsule  de  pallio  VII  (i). 

2.  Cappe  XXI. 

3.  Pallia  XVI  (2). 

4.  Tunice  subdiacooorum  VIII. 

5.  Dalmatice  diaConorum  III. 

6.  Fascitergii  VI  (3). 

7.  Alba  aurea  I,  cum  stola  aurea  et  fanone  et  amictis 

aureis  IV,  et  aliis  stolis  V,  cum  fanonibus  (4). 

8.  Candelabra  argentea  duo  paria. 

9.  Albe  de  tansilo  III  (5)^  cum  amictis. 

(X)  Capsula,  pour  casulof,  chasubles. 

Pallium,  paille,  étoffe  de  soie.  Voir  Ducange,  à  Pallium,  où  il  cite 
Hariulphe,  lib.  !!>  cap.  10  :  «  Casulas  de  pallio,  3o.  »  (Cette  note  et 
les  suivantes  jusqu^au  n*  1 1  inclusivement,  puis  celles  des  n**  i3  à  17 
sont  de  Mgr  Barbier  de  Montault,  qui  a  publié  et  annoté  un  si  grand 
nombre  d^inventaires  de  mobilier  ecclésiastique.  QuMl  veuille  bien 
agréer  ici  Thommage  de  notre  reconnaissance  !) 

(3)  Pailles,  tentures.  Voir  Ducange,  à  Pallium, 

(3)  Mouchoirs  (TauteL  Voir,  au  mot  Facietergium,  Ducange,  qui 
cite  :  a  Duo  pallia  aurea  et  facisterculum  aureum.  Dalmaticae  VIII, 
tunicae  subdiac  XI,  facistercula  tria,  n  diaprés  le  cartulaire  de 
S.  Vaast,  d'Arras.  Voir  surtout  ce  que  j'en  ai  dit  dans  la  Reifue  de 
l'Art  chrétien,  en  rendant  compte  de  ta  messe  de  Rohaultde  Fleury. 

(4)  J*at  parlé  des  aubes  (Tor  dan|  l'inventaire  de  Monza. 

Le  fanon  est  le  manipule.  Voir  Ducange,  à  Fano,  où  il  cite  entre  autres 
Pierre  Abailard  :  «  Nulla  de  serico  sint  ornamenta,  prêter  stolas  et 
fiinones.  » 

Je  ne  connais  pas  d*amicts  d'or,  mais  seulement  des  amicts  à  or/rois 
d*or.  J'en  ai  parlé  plusieurs  fois.  Voir  Ducange,  à  Amictus. 

(5)  Ducange  n'a  pas  tansilo,  mais  campsUis,  qui  signifie  chemise. 
Ces  trois  aubes  sont  donc  en  toile  de  chemise^  ce  qui  les  distingue  de 
Valba  aurea» 


—    232   — 

10.  Parvi  tezti  argentei  II  (i). 

11.  Lectionarius  argenteus  (2). 

Folio  263,  recto. 

12.  Caput  aureum  cum  corona  (3). 


(i)  Textes,  épistolier  et  évangéliaire,  à  couverture  d*ârgent  et  de 
petit  format.  Voir  Ducange,  à  Textus. 

(2)  Argenteus,  couverture  d'argent  au  lectionnaire. 

(3)  Caput,  chef  renfermant  la  tête  d'un  saint.  Corona  ne  signifie  pas 
seulement  couronne,  mais  aussi  nimbe.  Voir  Ducange,  à  Corona, 

Guy-Coquille,  en  son  Histoire  du  Nivernois  (édition  de  lyoS,  p.  3 16). 
dit  que  tt  révéquc  Thedelgrinus  impétra  de  Guido,  évêque  d'Auxerre, 
le  chef  et  partie  du  bras  de  saint  Cyre,  et  le  roy  Rodolfe  donna  l'or  dans 
lequel  ledit  chef  est  enchâssé  ».  D*autre  part,  on  lisait  dans  le  marty- 
rologe delà  cathédrale  de  Nevers,  au  dire  de  Parmentier,  que  c'est  le 
roi  Raoul  qui  a  donné  l'or  dans  lequel  sont  des  reliques  de  saint  Cyr, 
qu'on  porte  en  procession  sous  le  nom  de  chef  de  saint  Cyr  ;  mais, 
observe  notre  scrupuleux  archiviste,  il  est  écrit  sur  la  châsse  qu'elle 
a  été  fiaite  aux  dépens  du  chapitre.  (Archives  de  Nevers,  t.  II, 
p.  293.) 

Il  est  i  regretter  que  Parmentier,  habituellement  mieux  inspiré, 
n'ait  pas  ajouté  à  sa  note  rectificative  le  texte  même  de  l'inscription 
qu'il  avait  sous  les  yeux.  Nous  y  aurions  lu,  sans  doute,  que  le  caput 
aureum  cum  corona  de  l'antique  trésor  de  Saint-Cyr  avait  été  remplacé 
par  un  autre  chef,  exécuté  au  quatorzième  siècle  pour  le  compte  du 
Chapitre,  ainsi  que  nous  l'apprend  le  curieux  mémoire  dont  le 
texte  va  faire  l'objet  du  chapitre  suivant. 

Conservons  donc  au  moins  le  souvenir  du  roi  Raoui  et  de  sa 
générosité  envers  le  patron  de  notre  vieille  cathédrale. 

Plusieurs  usages  bien  touchants  relatifs  au  chef  de  saint  Cyr  étaient 
signalés  dans  les  Monita  qui  précèdent  le  Diurnale  eccUsie  Niver' 
nensis  de  1789  : 

Quoties  CAPUT  S.  Cyrici  exponitur  super  altare,  illud  Pueri 
albarum,  officio  absoîuto,  deducunt  ad  Thesaurum  cantando  antiphonam 
Innocbns. 

Cette  belle  antienne,  qu'avait  conservée  la  liturgie  nivernaise  de 
1728,  tout  «n  abandonnant  l'ancien  office  traditionnel,  se  retrouve 
maintenant  dans  le  propre  du  diocèse.  Donc,  les  enfants  d'aubes 
chantaient  en  portant  le  chef  de  saint  Cyr  :  Innocens  Quirîcm  et  stue 


—  233  — 
i3.  Crucem  auream  I  (i). 


macula,  quia  nescivit  malum  nec  egit  dolum  in  lingua  sua  :  ideo  non 
movebitur  in  sœcula, 

A  la  procession  générale  du  dimanche  des  Rameaux,  le  trésorier 
et  le  sacrîste ,  puis  Tarchiprétre  de  Nevers  et  le  curé  de  Saint- 
Jean,  dont  la  paroisse  était  sous  le  couvert  de  la  cathédrale, 
portaient  alternativement,  sur  une  civière,  le  chef  de  saint  Cyr... 
Dominica  in  Ramis...  deferlur  caput  5.  Cyrici  sub.  tensam  altem.  a 
D.  Thesaurario  et  sacrista,  archipresb.  Nivern,  et  parocho  S,  Joannis. 
(Diurnal,  1789.) 

De  même,  le  jour  de  TAscension,  après  tierce,  fit  processio  solemnis 
cmn  cappis  circa  claustrum  in  qua  defertur  cafut  S.  CYsia  a  duobus 
canonicis.  Les  échevins  devaient  assister  à  cette  procession,  comme  à 
celle  du  jour  des  Rameaux. 

Enfin,  le  jour  de  la  fête  de  saint  Cyr  et  de  sainte  Julitte,  patrons  de 
réglise  cathédrale  et  de  tout  le  diocèse,  après  tierce,  processio  solemnis 
cum  cappis  circa  claustrum  in  qua  deferlur  a  duobus  canonicis  caput 
S.  Crtaci  Jloribus  coronatum. 

A  cette  procession  étaient  tenus  d*assister  officiarii  juslitiœ  capituli 
togis  induti,  (Diurnal,  1789.) 

Lors  de  la  peste  de  1438,  à  une  procession  menée  à  Saint-Antoine- 
les-Nevers,  pour  demander  à  Dieu  de  mettre  la  ^aix  sur  terre  et  de 
faire  cesser  la  mortalité,  il  fut  porté,  outre  une  grande  chandelle  de 
cire  contenant  c  tout  le  pourpris  circuite  1  de  la  ville,  «  le  chef 
monsieur  saint  Cire  et  la  chasse  monsieur  saint  Jerosme.  >  (Archives 
communales,  mss.  CC.  42.)  Cette  dernière  châsse  n^était  pas  à  la 
cathédrale,  elle  devait  appartenir  à  Tabbaye  Saint-Martin,  où  reposait 
le  corps  du  saint  évêque  de  Nevers.  Le  chef  de  saint  Jérôme  fut  encore 
porté,  en  1549,  à  une  procession  menée,  par  MM.  du  Chapitre,  à  Saint- 
Victor  de  Nevers  et  autres  lieux,  afin  de  prier  Dieu  pour  la  santé  de 
Monseigneur. 

(i)  Le  même  Parmentier,  dans  son  Histoire  manuscrite  des  Mques 
de  Ne»ers  {épiscopat  de  Tédalgrin),  rapporte  qu'  «  il  est  écrit  dans  le 
Martyrologe^  au  18  avant  les  calendes  de  février,  ou  i5  janvier,  que 
le  roi  Raoul  fit  présent  à  la  cathédrale  d'une  croix  d*or,  d'un  texte 
QU  Ihfre  des  Evangiles,  aussi  en  or,  et  quMl  donna  pareillement  l'or 
dans  lequel  est  ench&ssé  le  chef  de  saint  Cyr.  »  Cette  croix  d'or 
n'aurait-elle  pas  été  fondue  avec  l'ancien  reliquaire  du  roi  Raoul  et  ne 
semble-t-tl  pas  que  c'est  d'elle  qu'il  s'agit  dans  l'article  7,  §  IV,  de  la 
dépense  du  nouveau  chef  de  saint  Cyr  :  Item  recepi  de  auro  in  cruce 
reperto!.,. 

T.  III,  3*  série.  3o 


—  234  "■ 

14*  Cassamauream  (i). 
i5.  Philacteria  XIV  (2). 

16.  Calices  argenteos  III,  cum  pateniset  unocalamo  (3). 

17.  Scrlnium  unutn  cum  coclea  de  argento  (4}. 

18.  Turribulos  argenteos  III. 

g  IV. 

DÉTAIL  DES  VASES  SACRÉS  ET  DIVERS  JOYAUX  UTILISÉS 
POUR  LXEUVRE  DU  CHEF  DE  SAINT  CYR. 

Archives  départementales  de  la  Nièvre.  Foods  du  chapitre  de 

Saint-Cyr. 

Le  précieux  document  dont  nous  donnons  le  texte,  inédit 
jusqu'à  ce  jour,  a  été  traduit  déjà  par  Mgr  Crosnier  dans  sa 
notice  historique  sur  le  culte  de  saint  Cyr  et  sainte  Julitte  à 

(i)  Cassa,  châsse.  Voir  Ducange.  Se  dit  aussi  du  vase  de  la  réserve, 
ce  qui  est  plus  probable  ici,  à  cause  de  la  matière  riche  :  <  Cassa, 
que  pendet  super  magistrum  al  tare,  in  qua  corpus  Domini  requiescit.  » 
(Spicileg,  Fontanel.j 

(2)  Phylactères,  voir  Ducange,  à  Phylacterium;  reliquaires  pour  des 
parcelles  de  reliques. 

(3)  Calices  à  chalumeau.  Voir  Ducange,  i  Calamus,  où  il  cite  un 
inventaire  du  Velay:  «  Calices  argenteos  auro  que  deauratos  ses, 
cum  uno  calamo  argenteo.  »  Voir  aussi  Chalumeau^  dans  le  Glossaire 
archéologique  de  Victor  Gay. 

(4)  Scrinium,  écrin,  boîte.  Ducange  ne  lui  donne  pas  le  sens,  qu*îi 
a  certainement  ici,  de  navette^  ce  qui  résulte  de  son  rapprochement 
avec  les  accessoires,  turribulos  et  de  la  cuiller,  coclea,  dont  elle  est 
munie.  —  Rappelons  à  ce  sujet  le  si  curieux  ivoire  latin,  provenant 
de  la  cathédrale  de  Nevers,  aujourd'hui  au  musée  de  la  ville,  et  dont 
le  Bulletin  monumental  de  1884,  par  la  plume  savante  de  Mgr  Barbier 
de  Montault,  a  donné  une  si  intéressante  description.  {Bulletin  de  la 
Soc,  Niv.,  t.  XII,  p.  323-33a.)  L'auteur  n'hésite  pas  i  admettre  que 
cet  ivoire  a  fait  partie  d'un  petit  coffret,  très -probablement  liturgique, 
dans  lequel  on  mettait  rencens,  et  il  faut  avouer  que  le  sujet  reproduit 
sur  rivoire  :  PAdoration  des  Mages,  convenait  par&itement  à  cette 
destination. 


—  235  — 

Nevers,  pages  35-37,  d'après  une  copie  faite  à  la  hâte  que 
nous  lui  avions  communiquée,  copie  malheureusement 
incomplète,  ce  qui  explique  quelques  légères  erreurs. 

Notre  collègue,  M.  deFlamare,  archiviste  du  département^ 
a  bien  voulu  coUationner  ce  texte  et  le  compléter. 

On  peut  donc,  ainsi  que  Tobservait  déjà  Mgr  Crosnier,  se 
faire  une  idée  du  reliquaire  de  saint  Cyr  :  Cétait  un  buste 
en  vermeil  représentant  le  saint  Enfant  et  la  tête  était 
couronnée  d'un  nimbe  d'or  orné  de  pierreries,  car  il  paraît 
difficile  de  donner  une  autre  destination  à  celles  dont  il  est 
ici  question. 

Haec  sunt  illa  que  ego  Guillelmus  de  ponte  (i)  habui  a 
viris  venerabilibus  et  discretis  dominis  decano  et  capitulo 
Nivernensibus  pro  Capite  beati  Cirici  perfaciendo. 

1*  Primo,  unum  calicem  argenti  cum  pathena  pondcris 
trium  marcharum  cum  dimidia. 

2*  Item,  unam  magnam  cassant  argenti  ponderis  decem 
marcharum  cum  tribus  unciis. 

3^  Item,  unum  parvum  scrinium  argenti  ponderis  unius 
marche  cum  VU  unciis. 

Summa  predicti  argenti  XV  marche  VI  unciis,  quod 
quidem  argentum  fuit  mundatum  et  purificatum  antequam 
magistri  possent  operari  de  illo,  quo  purificato  et  mundato 
devenit  ad  XV  marchas,  quas  XV  marchas  habuerunt 
magistri  predicti  et  illas  receperunt  pro  dicto  capite. 

(i)  Nous  n^avons  pu  retrouver  aucune  mention  de  Guillaume  du 
Pont  ;  mais  tes  archives  communales  de  Nevers  citent  fréquemment, 
au  quinzième  siècle,  Philippe  Dupont,  qui  était  échevin  en  1460  et 
1461,  puis  fut  receveur  de  la  ville  pendant  six  ans,  de  1466  à  1471. 

En  1468,  Philippe  Dupont  et  Régna ud  de  La  Forest  vont  deux  fois 
à  Moulins-en- Bourbonnais,  voir  et  rapporter  par  écrit,  comme  les 
neuf  preux  et  les  neuf  preuses  étaient  en  ordre  sur  la  tapisserie  de 
Mgr  de  Bourbon.  Cette  même  année,  i  rentrée  à  Nevers  de  Marie 
d^Albret,  Philippe  Dupont  reçoit  40  sols  pour  une  fontaine  faite  au 
marché  des  Oisons,  laquelle  •  gettoit  ypocras,  vin,  eau  et  lait.  » 


—  236  — 

4"  Item,  recepi  a  dicto  capitulo  unum  vitrum  argenti 
deauratum  ponderis  duarum  marcharum  cum  dimidia  uncia 
quod  fuit  venditum  VI  libras  parisiensium. 

5»  Item,  recepi  VI  ciphos  argenti çonitns  V  marcharum, 
VII  unciarum  et  XV  stellîngoram  ;  quœlibet  marcha  fuit 
venditapretio  Xni  solidorum,  valentes  XV  libras,  XVI  sol- 
des, II II  denarios. 

Item,  recepi  de  minuto  argento  III  uncias  XV  sterlingtis 
per  manus  domini  Johannis  de  Molinis  (i)  que  vendite 
fuerunt  XXII  solidos,  VI  denarios.  Summa  argenti  vendit! 
XXII  libras,  XVIII  solidos,  X  denarios. 

6o  Item,  recepi  unum  calicem  auri  cum  pathena  ponderis 
unius  marche  cum  tribus  unciis  et  fuit  quelibet  marcha  veu- 
dita  XXXV  libras  parisiensium  valentes  XLIX  libras, 
XIII  solidos  parisiensium. 

7*  Item,  recepi  de  auro  in  cruce  reperto^  non  tamen 
mundato  nec  tanti  valoris  quanti  aurum  calicis  III  marchas 
cum  tribus  unciis  XII  sterlingis,  quo  purificato  et  mundato 
decidit  de  duabus  unciis,  et  sic  devenit  ad  III  marchas, 
unam  unciam  et  X  sterlingos  et  fuit  quelibet  marcha  vendita 
XXII  libras  parisiensium  valentes  LXX  libras,  VIII  solidos 
parisiensium.  Summa  totius  auri  venditi  VI  libras,  XII  de- 
narios. 

Sequuntur  missiones  et  expense. 


(i)  Joannes  de  Molinis,  qualifié  de  prêtre  et  Tun  des  sept-prêtres  de 
l'église  de  Nevers,  signe  comme  témoin  au  chapitre  général  du  mois 
de  mark  i34i,  où  fut  porté  le  statut  contra  adversarios  Eccîesiœ. 
{Livre  noir  du  chapitre  de  Nevers,  folio  49.) 

Jean  de  Moulins,  chanoine  de  Nevers,  archidiacre  de  Decize,  se  ren- 
contre fréquemment  aux  archives  communales  comme  garde  du  scel 
de  la  prévôté  de  Nevers,  de  1374  à  i384. 

Le  terrier  du  prieuré  de  Commagny,  de  Tancicn  diocèse  d'Âutun, 
mentionne  aussi,  en  i335,  Discretus  vir  Dominas  Johannes  de  Molinis 
curator  eccîesiœ  parochialis  de  Commaigny.  (Note  communiquée  par 
M.  Victor  Gueneau.) 


—  237  — 

Sucntna  tam  auri  quam  argenti  VII"  II  libras,  XIX  so- 
lidos,  X  denarios. 

8»  Primo,  pro  XXXV  marchis  argenti  emptis  et  traditis 
dictis  magistrîs,  qualibet  marcha  LU  II  solidos  valantes 
IIII"  XIV  [uncias]  et  XIX  sterlin^ios. 

9<»  Item,  tradidi  pro  lapidibus  mundandis  II II  libras, 
VIII  solidos. 

10®  Item,  pro  dimidia  marcha  auri  puri  pro  corona 
facienda  XVI IF  libras,  X solidos. 

1 1**  Item,  magistris  pro  parte  salarii  XX  libras. 

Surama  dictarum  misiarum  V^^  XVII  libras,  VIII  solidos. 

Restât  quod  debeo  CXII  solidos. 

12**  Item,  recepi  per  manum  domini  Johannis  de  Molinis 

V  marchas  et  très  uncias  auri  non  mundati  neque  purificatiy 
quo  purificato  et  mundato  una  cum  quibusdam  anulis  aureis 
qoos  habebam,  idemaurum  dictis  anulis  devenit  ad  V^  mar- 
chas, V  uncias  et  XV  stellingos,  et  fuit  vendita  marcha  dicti 
auri  precio  XXVIII  librarum  et  II  solidorum  parisiensium, 
et  sic  valuit  totum  aurum  predictum  VIII  libras  XVII  soli- 
dos, V  denarios  parisiensium,  de  qua  summa  emi  X  uncias 
auri  puri  pro  dorando  jocale  pretio  XLV  librarum  pari- 
siensium. 

i3**  Item  emi  X  uncias  alterius  auri  non  ita  puri  pro 
corona  facienda,  pretio  XXXVI  librarum  V  solidorum  pari- 
siensium. 

i4<>  Item  tradidi  pro  mundandis  et  reparandis  lapidibus 
quas  dictus  dominus  Johannes  michi  tradidit  LII  solidos 
parisiensium. 

1 5®  Item  magistrîs  facientibus  dictum  jocale  LX  libras 
parisiensium.  Item  tradidi  predicto  domino  Johanni  de 
Molinis.  C.  solidos  parisiensium  pro  expensis  suis. 

Summa  predictarum  misiarum  VII"  VIII  libras,  XVII  so- 
lidos, denarium. 

Et  sic  restât;  deductione  facta,  quod   debeo  XII  libras 

V  denarios    parisiensium.  Et   sic  omnibus  computatis  et 


—  238  - 

deductts  ego  debui  XVII  libras,  XI  solidos  quas  tradidi 
domino  Johannide  Molinis,  deductis  et  computatis  LVII  so- 
lidisquos  tradidi  pro  domino  Theobaldo  de  Fontanello  (i). 

iV. 

SAINTES  RELIQUES   ET   OBJETS  DIVERS    ENTRÉS   DANS   LE 
TRÉSOR  DE  SAINT-CYR  DEPUIS  LE  TREIZIÈME  SIÈCLE. 

I.  L'évéque  Guillaume  de  Saint- Lazare,  mort  en  odeur  de 
sainteté  en  1221,  avait  donné  à  la  cathédrale,  -—  diaprés  le 
Nécrologe  et  le  Martyrologe  que  cite  Parmentier,  —  une 
grande  statue  de  la  sainte  Vierge  en  argent  :  Imaginem 
magnam  Béate  Marie  argenteam  ;  une  partie  du  chef  de 
saint  Mathieu  et  de  celui  de  saint  Victor,  capita  B.  Mathei 
etB.  Victoris;  une  grande  châsse  d^argent,  capsam  magnam 
argenteam;  quatre  bassins  et  un  encensoir  aussi  d'argent» 
IV pelyes  argenteos,  Thuribulum  argenteum. 

Le  nécrologe  de  Téglise  de  Chartres  faisait  mention  que 
Pévéque  de  Nevers,  Gervais  de  Châteauneuf ,  ancien  chanoine 
de  Chartres,  mort  en  1 222  (2},  avait  donné  à  cette  église  le  chef 
de  saint  Mathieu ,  apôtre  et  évangéliste ,  apporté  de  Cons» 
tantinople.  On  croit,  ajoute  Parmentier,  qui  rapporte  aussi 
ce  fait  dans  son  Histoire  manuscrite  des  évêques ,  que  ce 
pourrait  bien  être  le  même  dont  Guillaume  de  Saint-Lazare 
avait  fait  présent  à  Téglise  de  Nevers. 

Il  nous  semble  qu^il  ne  s'agit  dans  les  deux  cas  que  de 
fragments  du  chef  de  saint  Mathieu,  et  que  les  deux  églises 
pouvaient  se  glorifier  de  posséder  cette  sainte  relique. 

Et,  en  effet,  outre  le  chef  de  saint  Cyr,  toujours  porté  aux 


{i)  Theobaldus  de  Fontenella,  chanoine  de  Nevers,  est  désigné  dans 
le  testament  du  chanoine  Reginaldus  de  Liciis,  en  i336,  pour  Tun  de 
ses  exécuteurs  testamentaires.  (Archives  du  département.) 

(a)  Le  dernier  février,  d'après  ce  nécrologe,  et  le  p'  décembre, 
d'après  le  mart3rrologe  de  Nevers. 


—  239  "" 

proc^sions  générales  pendant  le  quinzième  siècle,  les  comptes 
de  la  ville  signalent  les  chefs  de  saint  Jacques  et  de  saint 
Mathieu  (i). 

A  la  procession  générale  faite  en  1483^  en  l'honneur  de 
Dieu  et  de  saint  Jacques,  furent  portés  «  les  chiefs  de 
Mgr  saint  Cire,  saint  Jacques,  saint  Mathieu,  »  en  priant 
pour  Pindisposition  du  temps  et  des  biens  de  la  terre. 
(Archives  communales  de  Nevers,  CC.  72.) 

L'année  suivante,  1484»  à  la  procession  générale  faite 
€  pour  la  disposicion  du  temps,  afin  de  pouvoir  cueillir  et 
levers  les  biens  qui  sont  sur  terre  >,  furent  aussi  portés  trois 
«  beaulx  reliquaires,  à  savoir  les  chefs  très-glorieux  et  très- 
saints  de  Dieu,  Mgr  saint  Cyr,  Mgr  saint  Jacques  et  Mgr 
saint  Mathieu,  et,  à  Tendroit  d'un  chacun  reliquaire, 
étaient  ponées  deux  torches  garnies  des  armes  de  la  ville , 
ainsi  qu'il  est  accoustumé  faire.  9  (Arch.  com.  de  Nevers, 
CC.  73.) 

2.  L'évéque  Gervais  de  Châteauneuf  avait  aussi  donné  à 
l'église  Saint-Cyr  un  saphir  enchâssé  en  or.  (Parmentier, 
Histoire  manuscrite  des  épêques.) 

3.  L'évéque  Raoul  de  Beauvais ,  décédé  en  1239,  avait 
fait  présent  à  son  église  d'une  croix  d'argent.  (Parmentier, 
Histoire  manuscrite  des  épêques.) 

4.  Le  compte  de  Guillaume  ^eJBo^cAefo,  chanoine  boursier 
du  chapitre  en  1293  (2}  mentionne  au  chapitre  des 
dépenses  communes  :  Expensœ  communes  :  Tachât  d^une 
nouvelle  pixide  d'ivoire  :  Pro  pisside  ebumea  nova. 
XU  den., 


(1)  Parmi  les  reliques  tirées  du  trésor  de  Saint-Cyr  en  1793  et  cer- 
tifiées par  le  savant  abbé  AUoury,  alors  chanoine  de  Nevers,  se 
trouvaient  celles  de  saint  Jean-Baptiste,  de  saint  Jacques  le  Majeur,  de 
saint  Mathieu,  de  saint  Cyr,  de  sainte  Julitte,  de  sainte  Euphémie. 
La  note  qui  l'atteste  est  conservée  dans  les  authentiques  de  Pévéché. 

(2)  Archives  départementales  de  la  Nièvre.  Fonds  du  chapitre  de 
Saint-Cyr. 


—  240  -- 

Puis  Tachât  d'étoffes  de  toile  colorée  pour  les  coussins  sur 
lesquels  on  déposait  le  missel.  Les  anciens  inventaires  des 
paroisses  citent  fréquemment  les  cuissinets  propres  à  mettre 
le  livre  messel,  La  rubrique  du  missel  nivernais  de  1728 
rappelait  encore  cet  ancien  usage  :  In  missa  majori,  ablutione 
sumpta^  Diaconus  transfert  librum  cum  pulvinari  v€l 
legeolo  ad  cornu  Epistolcé^ 

Et  encore  les  signets  de  soie  si  nécessaires,  surtout  à  cette 
époque ,  pour  les  manuscrits  où,  les  renvois  étaient  très- 
fréquents  : 

Pro  tela  empta  ad  culcitras  reparandas,  Xsolid,,Xdena* 
rios, 

Pro  tela  colorata,  XXXIX  solides, 

Profactione  earumdem,  X  solid, 

Sub  cingulis  novis,  laqueis  siricis  et  signis  ad  libros, 
XXX  solid. 

Pro  una  virga  ferreâ  circa  magnum  altare,  III  solid. 

Pro  organis  reparandis,  XX  solid. 

Ces  deux  derniers  articles,  concernant  le  grand  autel  et  la 
réparation  des  orgues  de  la  cathédrale,  méritent  une  atten- 
tion toute  particulière. 

5.  Le  procès-verbal  des  reliques  de  saint  Vincent  de 
Magny,  remontant  à  la  fin  du  treizième  siècle ,  faisait  men- 
tion qu'un  os  d'un  des  bras  de  ce  saint  prêtre  était  alors 
renfermé  dans  un  reliquaire  d* argent  tout  garni  de  pier-- 
reries.  (  Parmentier ,  Histoire  manuscrite  des  évêques.  — 
Episcopat  d'Hériman.) 

6.  Decette  époque  paraît  aussi  dater  la  précieuse  relique  de 
saint  Laurent,  diacre  et  martyr»  aujourd'hui  conservée  à  la 
cathédrale  et  qui  semble  provenir  de  Pancienne  collégiale  de 
Varzy.  Deux  dents  sont  enchâssées  dans  une  mâchoire  de 
bois  toute  recouverte  de  lames  d'argent  et  retenues  par  de 
petites  bandes  aussi  d^argent,  de  telle  manière  qu^on  ne  puisse 
les  enlever. 


—  241  — 

Une  large  bande  d'argent  doré,  formamdouble  bordure  du 
reliquaire,  offre  en  belles  majuscules  indifféremment  gothi- 
ques ou  romaines  du  treizième  siècle  l'inscription  suivante 
deux  fois  répétée  :  dens  beati  lâvrench. 

Au  seizième  siècle,  on  a  eu  la  malencontreuse  idée  d'en* 
chfisser  au  milieu  même  de  l'inscription  un  gros  cabochon 
vitré  qui  contient,  sur  un  billet  de  parchemin  ces  deux  mots  : 
Beati  Laurantii. 

7.  L'ancien  candélabre  de  la  cathédrale  était  ainsi  men- 
tionné dans  la  fondation  de  l'anniversaire  de  Tévéque 
Fromond,  qui  se  célébrait  en  Tabbaye  de  Saint-Martin  : 

Huic  anniversario  CANDBLABRUM^efr^/  accendiad  vesperas 
vigiliis  ;  sed  ad  missam  non  débet  accendi  quia  processio 
vadîtad  S.  Martinumpro  dicta  missa  celebranda.  (Histoire 
manuscrite  des  évêques  de  Nevers,  de  Parmentier.) 

On  voit  par  les  comptes  de  la  ville  qu'il  servait  également 
aux  obsèques  des  princes.  £n  i4o3>  il  est  donné  20  sols  au 
sacristain  de  Saint-Cyr  pour  son  candélabre  qu*il  a  laissé 
ardoir  pendant  les  obsèques  de  feu  Mgr  de  Bourgogne. 
(Arch.  com.,  CC.  12.) 

Le  Livre  noir  du  chapitre,  parmi  les  émoluments  du 
sacriste  cite  le  droit  du  candélabre  : 

Item  dictus  sacrista  super  anniversariis  per  arnium , 
percipit  circa  duodecim  libras  turonenses  pro  candelabro 
suo  {i), 

(i)  Ce  candélabre  était-il  semblable  à  celui  de  la  cathédrale  de 
Châlons ,  décrit  en  ces  termes  dans  un  inventaire  du  quinzième 
siècle  ? 

Item  in  tnedio  chori  super  candelahrum  sunt  ires  ciphi  argentei,  in 
quibus  ponuntur  cerei  continue  ardentes  ante  majus  altare,  habentes 
cuspides  de  argento,  etfundus  unus  argenteus,  aliorum  autem  duorum 
fitndi  deferro  albo  sunt. 

Au  milieu  du  chœur  il  y  avait  un  candélabre  à  trois  bobèches 
d'argent,  dont  les  pointes  aussi  d'argent  maintenaient  des  cierges  qui 
brûlaient  perpétuellement  devant  le   mattre-autel.  Le  fond  de  Tune 

T.  III ,  3*  série.  3i 


—  242  — 

8.  Le  10  du  mois  de  septembre  1404  (et  non  du  mois 
de  juillet  T407,  comme  le  dit  par  erreur  Parmentier), 
Philippe  de  Moulins,  évéque  de  Noyon ,  fît  don  à  Péglise  de 
Nevers  d*une  couronne  dorée  en  laquelle  était  enchâssée  une 
épine  de  la  couronne  de  Notre-Seigneur;  plus^  d'une  grande 
croix  dorée. 

Diaprés  le  procès-rerbal  de  la  remise  de  Tinsigne  relique, 
in  drapello,  erat  quoddam  vasculum  de  cristallo  in  quo  erat 
dicta  spina,  quod  quidem  vas  de  cristallo  cum  spina  in  dicta 
coronafuit  positum  iocosuo. 

A  la  suite  d^une  copie  de  ce  procès-verbal,  faite  au  com- 
mencement de  ce  siècle ,  sur  l'original  actuellement  conservé 
à  lëvêché,  Tabbé  Morizot  ajoutait  que  ladite  couronne 
fut  retirée  du  trésor  de  Téglise  de  Nevers  le  9  février  1793. 
Nous  la  verrons  en  effet  mentionnée  plus  loin  dans  l'inven- 
taire de  1791,  n®  23.  On  croyait  la  posséder  encore  en  i832, 
dans  un  tube  de  cristal  enveloppé  d*étoj[fes,  avec  divers 
papiers  établissant  son  authenticité  ;  mais  en  ouvrant ,  avec 
toutes  les  précautions  voulues,  le  précieux  paquet,  pour  trans- 
férer la  sainte  épine  dans  une  croix  d*ébène  garni  d*ivoire 
qu'avait  fait  préparer  le  vénérable  M.  Imberl,  archiprêtre  de 
la  cathédrale,  on  s'aperçut  avec  douleur  que  le  tube  était 
vide,  sans  quMl  fût  possible  de  découvrir  celui  qui  s^étaît 
rendu  coupable  de  ce  méfait.  [Hagiologie  nivemaise,  de 
Mgr  Crosnier,  p.  379-572.) 

Le  jour  de  la  susception  de  la  sainte  couronne  d'épines, 
II  août,  ad  totum  officium,  marque  le  diurnal  de  1789, 
exponitur  S,  Corona  spinea  super  altare  inter  duos  cereos 
ardentes. 

9.  Pierre  de  Norry,  chevalier,  seigneur  dudit  Norry,  avait 
fait  don  au  chapitre  de  Saint-Cyr,  le  8  février  141 5,  des 

des  bobèches  était  d*argent,  mais  celui  des  deux  autres  n^était  que  de 
fer-blanc.  — >  Note  de  M.  Darcel.  (Inventaire  de  la  cathédrale  de 
ChâIons-8ur-Marne,  1410.  —  Comité  des  travaux  historiques,  1886, 
p.  iSg-iSS.) 


—  243  — 

draps  qui  servent  à  entourer  V église  les  jours  de  procession  ; 
plus  d'un  denier  tournois  pour  leur  entretien.  (Archives 
départementales  de  la  Nièvre.  —  Fonds  de  la  Chambre  des 
comptes.) 

10.  Par  son  testament  du  27  avril  1445,  Jean  Pomereu  le 
jeune,  prêtre,  chanoine  de  Nevers  et  curé  de  Sardolles, 
léguait  à  la  fabrique ,  ^iitrice  Nivernensi,  unam  taxeam 
argent!  quant  emi  a  domino  Johanne  Charrier ^  aut  sexa- 
ginta  soiidos  turonenses,  semeî;  pour  Tœuvre  de  sa  tombe, 
infavorem  tumbe  mee  et  quorumdam  aliorum  ( i). .. . 

11.  De  même,  le  8  mai  1488,  un  autre  chanoine  de  la 
cathédrale,  Henri  de  Saxe  [Henricus  de  Saxonia  alias  Wil^ 
dembroch),  licencié  en  médecine ,  léguait  au  chapitre,  ad 
opus  thesauri,  pour  finir  le  grand  autel  et  pour  sa  décoration, 
duos  paces  argenteas  deauratas,  cum  imaginibus  crucijixi 
et  béate  Marie  Virginis  et  beati  Johannis  Baptiste  argen^ 
teas  et  deauratas  predictis  crucibus  affixas,  appretiatis  ad 
summam  quinquaginta  librarum  turonensium.  Item,  ad 
honorifice  incapsandum  brachium  sancti  Jacobi  Majoris  in 
dicta  ecclesia  existentis  centum  scuta  auri. 

(Archives  départementales  de  la  Nièvre,  titres  de  familles.) 

1 2.  Michel  Cotignon  mentionne  souvent  dans  sonHistoire 
des  évêques  de  Nevers  le  pupitre  de  cuivre  des  images  de 
saint  Pierre  et  saint  Paul,  au  chœur  de  la  cathédrale. 

Cest  près  de  ce  pupitre,  au  côté  droit,  que  fut  enterré,  en 
1 539  ou  1540,  révêque  Jacques  d'Albret. 
L'ancien  martyrologe  que  cite  Parmentier  notait  qu^Imbert 


(i)  Le  même  chanoine  avait  légué  aussi  à  chacun  de  ses  neveux, 
6Is  de  François  Mige  et  de  Jehanne,  qui  fut  sa  soeur»  une  de  ses  tasses 
unam  taxearum  mearum ,  et  trois  autres  tasses  à  sa  nièce  Philippe, 
fille  de  son  frère  Etienne  Pomereu,  pour  Taider  à  son  mariage,  alias 
meas  très  tasseas  quas  volo  custodiri  per  nepotem  meum  Johannem 
Pinauldi  donec  uxoretur,  nec  alteri  tradi.  (Archives  départementales 
de  la  Nièvre.  Fonds  du  Chapitre.) 


-  244  — 

de  La  Platière,  prédécesseur  de  Jacques  d'Albret»  fut  inhumé 
à  la  cathédrale,  in  medio  chori  ante  pedes  apostolorum. 

Dans  la  relation  latine  des  obsèques  de   Mgr  Sorbîn, 

en  1606,  Michel  Cotignon  ajoute  que  les  chantres  se  tenaient 

au  pupitre,  devant  l'aigle  de  cuivre,  —  et  cantabant  cantores 

inpulpitro,  seu  suggesto  prope  et  ante  aquilam  cupream  (  r  ). 

(Relation  manuscrite  à  la  suite  du  Livre   noir  du 

chapitre  de  la  cathédrale.  ) 

Le  même  auteur,  dans  sa  relation  de  la  première  entrée 
de  Mgr  Eustache  du  Lys,  en.  1606,  raconte  aussi  que 
révéque,  arrivé  dans  le  chœur,  dut  s'arrêter  j^rope  imagines 
cupreas  apostolorum  Pétri  et  Pauli,  Là,  Tarchidiacre 
Paulet  lui  mit  en  main  la  corde  d'une  petite  cloche  parvœ 
campanœ  quœ  est  supra  testitudinem  dicti  chori,  disant  en 
même  temps  ces  paroles  par  lesquelles  il  le  mettait  en  posses- 
sion du  gouvernement  de  son  église  :  Accipe  regimen  hujus 
ecclesiœ  per  ministerium  nostrum. 

i3.  Marie  d'Albret  avait  donné,  en  1540,  les  huit  pièces 
de  tapisserie,  représentant  toute  la  légende  du  martyre  de 
saint  Cyr  et  de  sainte  Julitte,  qui  garnissaient  le  chœur>  au* 
dessus  des  stalles  anciennes.  On  trouve  au  second  registre  de 
Besacier,  tolio  162,  que  le  marché  fait  en  i5?2  pour  peindre 
les  toiles  qui  devaient  servir  de  modèle  était  de  40  sous  par 
aune.  (Livre  manuscrit  du  chanoine  Parent,  au  7  février, 
sur  les  anciennes  fondations  du  chapitre.) 

Mgr  Crosnîer,  dans  sa  Monographie  de  la  Cathédrale,  a 
consacré  un  chapitre  à  la  description  de  ces  tapisseries  et 
en  a  reproduit  deux  magnifiques  fragments,  dont  une  partie 
est  conservée  au  musée  de  la  ville  installé  dans  le  palais 
Ducal.  On  y  voit  le  jeune  Cyr  au  moment  011  le  tyran  c  le 


(i)  L'aigle  (pour  désigner  le  lutrin)  est  ainsi  indiqué  dans  les 
rubriques  du  missel  nivernais  de  1728  :  /m  missa  majori,  subdia^ 
cortus». .  vadit  pc  lotus  sinistrum  ad  Aquilam  in  Feriis  ac  Festis 
semiduplicibus  et  simplicibus  ;  aliis  diebus  ad  A  mbonem. 


foict  traverser  du  hault  jusques  en  bas  de  trois  grande. clous 
esgus,  puis  cruellement  le  cier  par  le  corps.  » 

14»  En  1562,  le  corps  de  ville  accepte  Toffre  que  firent 
MM.  du  Chapitre  de  vendre  les  Joyaulxet  trésors  de  leur 
église  pour  subvenir  aux  frais  de  la  défense  de  la  ville  contre 
les  huguenots.  On  prit  aussi  les  benoistiers  de  Saint-Cyr  et 
des  autres  églises  pour  faire  des  canons.  (Notes  manuscrites 
de  Tabbé  de  Forestier.  Registre  des  délibérations  de  l'hôtel 
de  ville  de  Ne  vers.) 

15.  En  1564,  à  la  mort  de  Jacques  de  Clèves^  duc  de 
Nevers,  inhumé  à  la  cathédrale,  dans  le  caveau,  sous  la  cha- 
pelle de  Saint-Jacques,  à  côté  du  chœur,  on  fit  son  inventaire. 
Ses  joyaux  et  pierreries  furent  déposés  dans  le  trésor  de 
Saint-Cyr  par  les  soins  de  M.  Rapine  de  Sainte-Marie. 
(Notes  manuscrites  de  l'abbé  de  Forestier.) 

16.  L'évéque  Gilles  Spifame,  mort  le  5  avril  1 578,  avait 
fait  présent  à  son  église  cathédrale  d'un  riche  ornement  et 
de  belles  tapisseries.  (Parmentier,  Histoire  manuscrite  des 
évêques.) 

17.  Par  testament  du  3o  mars  1580,  dame  Françoise  du 
Verne,  veuve  de  Jehan  de  Fontenay,  donne  et  lègue  à 
Péglise  de  Saint-Cyr  une  masse  d'argent,  faite  pour  un 
bedeau,  avec  le  bâton  couvert  de  velours  ayant  quatre 
pommes  d'argent  et  semée  de  /leurs  de  lys,  avec  l'écusson 
des  armes  de  Fontenay,  pour  être  icelle  masse  employée  au 
service  divin  d'icelle  église  et  en  processions... 

Item,  donne  à  l'église  parochiale  Saint-Jean  dudit  Nevers 
(dans  la  cathédrale) ,  3  écus  et  i  tiers  d'écu  pour  un  tapis 
d  autel  d'icelle  église  et  autres  ornements  auxquels  elle  veut 
être  mis  ses  armes. 

18.  Le  II  mai  1617^  très-haute  et  très-illustre  princesse 
M^^  Catherine  de  Lorraine,  duchesse  de  Nivernois  et  de 
Rethelois,    épouse   de    très -haut   et   très- illustre   prince 


—  246  — 

Mgr  Charles  de  Gonzague  de  Clëves...,  pour  le  zèle  et 
affection  qu'elle  a  en  Tamour  de  Dieu  et  en  particulier  en 
rhonneur  de  la  vierge  Marie,  sa  mère,  fonde  en  Péglise 
cathédrale  de  Nevers ,  en  la  chapelle  vulgairement  appelée  la 
chapdlQ  de  Notre-Dame  de  bonne  nouvelle  {x),  Tentretien 
d*huile  et  mèche  d'une  lampe  d^argent  qu'elle  a  donnée  à 
ladite  église,  «  pour  arder  et  brusier  jour  et  nuit  sans 
discontinuation  en  ladicte  chapelle  au  -  devant  l'image 
Nostre-Dame,  »  moyennant  la  somme  de  37  livres  10  sols 
tournois  de  rente  annuelle ,  pour  laquelle  a  été  payée  aux 
vénérables  doyen ,  chanoines  et  chapitre  la  somme  de 
600  livres.  (Archives  départementales  de  la  Nièvre.  Fonds 
du  chapitre  de  Saint-Cyr.) 

19.  A  cette  époque  (première  moitié  du  dix-septième 
siècle) ,  il  convient  d^attribuer  deux  reliquaires  en  forme  de 
pyramides ,  élégamment  construits  en  bois  noir,  avec 
armatures  en  cuivre  doré,  et  divers  ornements  :  vase  sur  le 
sommet,  têtes  d'anges  aux  angles  et,  sur  les  trois  faces 
vitrées,  de  gracieux  contours  et  des  palmes  enlacées  dans  des 
couronnes  de  roses ,  comme  pour  indiquer  que  les  reliques 
qu'ils  renferment  sont  toutes  des  martyrs.  Nous  y  relevons, 
en  effet,  les  noms  des  saints  Vincentius,  Mansuetus,  For- 
tunatus,  de  Sancto  Lucio,  Vitalis,  Agapitus,  Generosus, 
Agricola ,  Deodatus ,  Constantius ,  Primus  ,  Benignus , 
Victor,  Crescentius ,  Benedictus,  Formosus,  etc. 

Mais  d'où  provenaient  ces  reliquaires ,  qui  semblent  offrir 
tous  les  caractères  d'authenticité  ?  Nous  l'ignorons  ! 

Les  vieillards  se  rappellent  les  avoir  toujours  vus  exposés 
à  la  cathédrale  dans  la  chapelle  de  Sainte-Julitte  d'abord,  où 
se  trouvait  l'autel  des  reliques  dont  nous  parlerons  bientôt 
{n^  24),  puis  dans  la  chapelle  absidale  actuellement  désignée 

(i)  Cest  la  deuxième  chapelle  après  la  tour,  où  Pon  remarque  un 
curieux  rétable  de  pierre  malheureusement  mutilé.  (Voir  notre 
Mémoire  sur  les  autels  et  chapelles  de  la  cathédrale ,  p.  32*36 ,  et 
Bulletin  de  la  Société  nivernaise,  H*  série,  t.  V.) 


-  247  — 

sous  le  titre  de  Saint- Lazare,  sur  le  petit  autel  de  bois 
sculpté  qui  y  fut  placé  durant  Tépiscopat  de  Mgr  Dufétre. 

Il  nous  semble  très-probable  que  ces  reliquaires  ont  dû 
appartenir  à  une  des  nombreuses  communautés  de  Ne^ers  » 
et  certains  indices  nous  porteraient  à  désigner  en  particulier 
Téglise  de  l'ancienne  Visitation  de  Nevers,  rue  Saint- 
Martin. 

20.  L'évêque  Eustache  Dulys,  mort  le  17  juin  1643, 
avait  donné  à  la  cathédrale  un  riche  ornement  et  deux 
chandeliers  d^argent  servant  à  sa  chapelle.  (Parmentier, 
Histoire  manuscrite  des  évêques  de  Nevers.) 

21.  Le  successeur  de  Mgr  Dulys,  Eustache  de  Chéry, 
mort  le  lo  novembre  1669,  avait  légué  au  chapitre,  par  son 
testament  du  i3  juin  1664,  c  sa  chapelle  d^argent  de 
vermeil  doré,  avec  ses  deux  plus  belles  chasubles  de  drap 
d'or,  frise  et  argent  passé,  ensemble  sa  chappe,  outre  les 
ornements  que  ledit  seigneur  testateur  a  fait  faire,  qui  sont 
de  brocart  d^or  pour  ladite  église...,  de  plus  sa  crosse 
d^argent  pour  servir  à  ses  successeurs  évêques  quand  ils  en 
auront  besoin.  »  (Minutes  des  notaires  Gabillon  et  Huault, 
notaires  du  roi  en  son  Châtelet  de  Paris.) 

22.  Le  doyen  du  chapitre,  Jean-Henri  Bogne,  mort  le 
6  février  1693,  «  dont  la  charité  était  inépuisable»,  avatit  fait 
présent  à  la  cathédrale  de  six  grands  chandeliers  et  trois 
belles  lampes  d^ argent  d'un  travail  exquis,  pesant  ensemble 
171  marcs;  —  de  la  custode  de  cuivre  doré  moulu  dans 
laquelle  le  Saint-Sacrement  est  suspendu  au-dessus  du  maître- 
autel  ;  —  de  la  balustrade  qui  entourait  jadis  le  sanctuaire  ; 
—  des  tapis  qui  garnissaient  le  lambris  au-dessus  des 
anciennes  stalles;  —  des  cinq  pièces  de  tapisserie  qui 
garnissaient  le  rond-point  du  chœur,  lesquelles  représentent 
le  martyre  et  la  levée  des  corps  des  saints  Gervais  et  Protais 
(anciens  patrons  de  la  cathédrale);  —  enfin  du  magnifique 
drap  mortuaire  dont  on  se  sert  aux  grands  anniversaires  et 


—  248  — 

aux  obsèques  des  chandines.  »  {Etat  des  anniversaires, 
messes  basses  et  autres  fondations  qui  s^acquittent  dans 
Véglise  de  Nevers,  auquel  on  a  joint  une  notice  abrégée 
des  fonds  qui  ont  été  donnés  pour  chaque  fondation  et  de 
remploi  qui  en  a  été  fait,  rédigé  par  M.  Chaillot,  chanoine 
et  receveur  de  ladite  église ,  suivi  d'un  Mémoire  manuscrit 
de  M.  l'abbé  Alloury  sur  V origine  des  chanoines  de  Saint- 
Gildard,  dans  l'église  deNevers)  (i). 

Lorsqu^en  1760  le  subdélégué  de  rintendant  de  la 
province  de  Nivernais  fit  au  chapitre  une  réquisition  au 
sujet  de  l'argenterie  de  la  cathédrale,  il  lui  fut  répondu: 
10  que  d'après  les  lettres  du  roi,  il  ne  semblait  pas  que  les 
intentions  de  Sa  Majesté  fussent  qu^on  retranchât  rien  de  ce 
qui  était  nécessaire  à  la  décence  du  culte  divin  :  le  peu 
d'argenterie  qui  se  trouve  dans  l'église  étant  à  peine 
suffisant  pour  la  décoration  la  plus  commune...;  2®  que  le 
chapitre  ne  s'est  jamais  cru  entièrement  le  maître  de  disposer 
de  l'argenterie  qui  se  conserve  dans  son  église;  il  la  tient 
toute  de  la  libéralité  de  M.Bogne,  son  doyen,  mort  dans 
ces  derniers  temps,  qui  la  lui  a  donnée,  sous  défense  expresse 
et  menaçante  de  l'aliéner. 

(Dernier  registre  des  conclusions  capitulaires  du  chapitre 
de  Saint-Cyr,  aux  archives  de  la  préfecture.) 

(i)  Ce  manuscrit,  si  important  pour  Phistoire  de  la  cathédrale  et  du 
chapitre  de  Ne  vers,  forme  un  grand  registre  in-folio,  actuellement 
entre  les  mains  de  M.  l'abbé  Imbert,  curé-doyen  de  Moulins- 
Engilbert. 

Le  scribe  a  signé,  et  il  en  avait  bien  le  droit:  Scripsit  Antonita 
MoreaUy  fjTj,  Nous  connaissons,  en  effet,  de  ce  copiste,  véritable 
bénédictin ,  un  grand  nombre  de  livres  liturgiques  à  l'usage  de  la 
cathédrale,  un  entre  autres  sur  parchemin,  orné  de  très-jolies  vignettes 
et  dédié  à  Mgr  de  Séguiran,  avec  ce  titre:  Collectio  capitulorum,  lectio- 
num  et  orationum  quce  dicuntur  in  officiis,  processionibus  et  Stationibus 
Festorum  Annualium  et  Solemnium  Majorum,  juxta  ritum  insignis 
eccUsiée  Nivernensis,  illustrissimi  ac  reverendissimi  DD,  Pétri  de 
Seguiran  Episcopi  Nivernensis  de  consensu  facta,  eidem  dicata  ab 
obseq'  et  humil*  servo  Joanne  Steph.  Goussot ,  presbytero ,  canonico 
Nivemensi. 


—  H9  — 

23.  Mgr  Gabriel  d'Osmont^  consacré  pour  Tévêché  de 
Commiages^  par  Mgr  Tinseau,  dans  la  cathédrale^  le 
!•■•  avril  1764,  fit  présent  au  chapitre,  pour  le  trésor,  de  la 
chasuble  précieuse  et  magnifique  dont  il  était  orné  à  la 
cérémonie  de  son  sacre,  ainsi  que  de  l'étole,  du  manipule  et 
de  la  ceinture ,  pourquoi  Messieurs  l'envoyèrent  remercier 
par  deux  commissaires.  (Même  registre  des  conclusions 
capitulaires  du  chapitre  de  Téglise  de  Nevers.  ) 

24.  Le  livre  des  fondations  du  chapitre  rédigé  par 
M.  Parent,  et  dont  il  est  souvent  parlé  dans  le  grand 
registre  des  anniversaires  cité  au  n**  22 ,  rapportait  que 
M.  Chamfroy  fit  le  chapitre  son  légataire  universel  et  que 
partie  de  la  succession  servit,  suivant  son  intention,  à  paver 
à  neuf  le  milieu  de  la  nef ,  que  les  ailes  et  le  contour  ont  été 
pavés  aux  frais  du  chapitre,  qui  a  aussi  employé  à  cet 
ouvrage  le  prix  de  Tor  et  de  l'argent  sortis  d^un  ornement 
précieux  appelé  V ornement  cTAuche,  qu'on  fit  brûler,  parce 
qu^il  ne  pouvait  plus  servir  (i). 

25.  Citons  encore,  avec  le  Livre  noir  du  chapitre,  à 
propos  des  Onera  sacristœ  incumbentia,  une  espèce  de 
petite  chaufferette  pour  les  prêtres  qui  célèbrent  la  messe 
durant  les  grands  froids:  Item,  tempore frigido ,  tenetur 
ministrare  carbones  in  una  parva  patella  pro  illis  qui 
célébrant  missas. 

Le  sacriste  devait  aussi ,  deux  fois  dans  l'année,  bis  in  anno, 
poser  des  nattes  dans  le  chœur,  ministrare  nattas  in  choro. 


(i)  n  s^agit  ici,  sans  nul  doute,  d^un  ornement  donné  à  la  cathédrale 
par  messire  Léonard  Destrappes,  archevêque  d'Auch,  né  à  Nevers, 
et  baptisé  en  Téglise  de  Saint-Arigle,  le  3  octobre  i558.  Le  pieux 
prélat  aimait  à  revoir  sa  ville  natale  où  les  familles  enviaient 
rhonneur  de  l'avoir  pour  parrain.  ïkLTi&  nos  Archives  paroissiales, 
nous  l'avons  ainsi  maintes  fois  rencontré  en  ibgS,  à  Saint-Martin,  à 
Saint- Victor,  à  Saint-Arigle.  «  En  1602,  il  avait  fait  don  à  la  chapelle 
des  Destrappes  des  ornements  noirs  pour  les  services  qui  s'y  font. 
(Archives  communales  de  Nevers,  série  GG.  10.} 

T.  XII,  3*  série.  32 


—    250   — 

26.  Avant  de  terminer  ce  paragraphe,  oti  sont  énumérées 
les  principales  reliques  du  trésor  de  Saînt-Cyr,  il  convient 
de  mentionner  l'ancien  Altare  reliquiarum  existant  bien 
avant  le  quatorzième  siècle  dans  l'abside  de  Sainte-Julitte, 
au-dessus  de  la  crypte. 

L'autel,  reconstruit  au  dix-huitième  siècle,  tout  en  étant 
plus  habituellement  désigné  sous  le  titre  de  Saint -Cyr  et 
Sainte-Julitte,  avait  cependant  conservé  la  même  attribution. 
Cétait  toujours  Tautel  des  reliques  :  elles  étaient  exposées  au 
milieu  du  rétable,  dans  une  grande  châsse  vitrée  que  Ton 
ouvrait  à  certaines  fêtes.  Ainsi,  le  27  octobre,  jour  où 
l'église  de  Nevers  célébrait  la  fête  de  la  Susception  du  bras 
de  Saint-Cyr,  à  laquelle  était  unie  celle  de  la  Vénération  des 
saintes  reliques,  le  bras  de  saint  Cyr  était  exposé  entre  deux 
cierges  allumés  et  Ton  ouvrait  la  grande  châsse. 

Ad  totum  offlcium  exponitur  brachium  Sancti  Cyrici 
super  altare  inter  duos  cereos  ardentes  et  aperitur  capsa 
SS.  Reliquiarum  ad  altare  S.  Cyrici  sub  organo  cum 
duobus  cereis  ardentibus.  {Diurnale,  EccL  Nivern.^  pro 
anno  178g,) 

Depuis  cette  époque,  la  cop^a  a  été  pillée  en  1793,  puis 
on  y  avait  réuni  les  fragments  de  reliques  échappées  à  la 
ruine.  Cet  autel,  démoli  à  son  tour  il  y  a  une  vingtaine 
d'années,  fut  remplacé  par  un  autre  plus  en  harmonie, 
disait-on,  avec  le  style  roman;  mais,  reconnu  insuffisant  par 
les  architectes  diocésains,  il  fut  enlevé  et  remplacé  par  un 
autel  provisoire  qui  bientôt,  espérons-le,  fera  place  à  un 
nouvel  autel  des  reliques  où  pourront ,  comme  aux  siècles 
anciens,  dans  une  châsse  vitrée,  être  conservés  les  précieux 
débris  des  saintes  reliques  de  Tantique  trésor  de  Saint- 
Cyr  (I). 


(i)  Voir  le  mémoire  déjà  cité  sur  les  chapelles  de  la  cathédrale 
de  Nevers,  p.  i3-i8,  chapelle  de  Saint-Cyr  et  Sainte-Julitte,  sous 
l'orgue. 


—   25l    — 

27.  Enfin>  il  est  certain  qu^au  musée  de  Ne  vers,  comme 
dans  tous  les  musées  de  province,  ont  dû  être  recueillis 
quantité  d'objets  précieux  provenant  du  trésor  de  la  cathé- 
drale et  des  différentes  églises  de  Nevers.  Et  nous  ne  saurions 
vraiment  nous  en  plaindre,  quand  ces  objets  ont  ainsi 
échappé  à  la  ruine  !  Déjà  nous  avons  signalé  l'existence, 
dans  le  musée  de  la  ville ,  d'un  fragment  des  tapisseries 
de  Saint-Cyr  et  un  magnifique  ivoire  latin  provenant 
sans  doute  d'un  coffret  liturgique  ayant  appartenu  à  la 
cathédrale.  Mais  ces  belles  croix  de  procession  enrichies 
d'émaux,  ces  encensoirs  des  quinzième  et  seizième  siècles , 
suspendus  contre  les  parois ,  ces  splendidcs  plaques  d'émail 
destinées  à  recouvrir  des  évangéiiaires ,  ce  grand  peigne  en 
buis  présentant,  dans  ses  découpures,  une  large  croix 
indiquant  son  usage  liturgique  pour  la  tonsure  des  clercs,  et 
quantité  de  bénitiers  et  autres  objets  religieux,  qui  nous 
dira  d'où  ils  proviennent  ! 

Un  inventaire  du  musée  désigne  seulement,  comme  venant 
de  la  sacristie  de  Saint-Cyr  :  un  beau  cadre  avec  un  Christ  en 
ivoire  —  et  deux  bénitiers  en  bois  sculpté  et  doré ,  dont 
le  plus  curieux  offre  une  représentation  de  la  sainte  Vierge 
et  de  l'Enfant-Jésus  dans  une  couronne  soutenue  par  deux 
anges  (i). 

§  VI. 


MANUSCRITS  LITURGIQUES  DU  CHAPITRE  DE  SAINT-CYR 

AVANT  LA  RÉVOLUTION. 


Quelques  années  avant  la  Révolution,  le  25  octobre  1765, 
Jean-Charles-Sébastien-Bernard  de  Cléry  de  Balai nvilliers, 
chanoine-diacre  de  la  cathédrale,  avait  fait  don  au  chapitre 
de  160  volumes,  pour  aider  à  la  formation  d'une  bibliothèque 


(i)  Commuaication   de    M.    Bouveault,    conservateur   du    musée 
céramique. 


—  252  — 

capitulaire  dont  il  avait  été  nommé  premier  bibliothécaire 
avec  MM.  Rousseau  et  Alloury,  aussi  chanoines,  pour 
adjoints  (i). 

L^abbé  de  Cléry  avait  donné  aussi  beaucoup  de  tableaux 
et,  en  reconnaissance  de  ces  bienfaits.  Messieurs  avaient 
fait  ériger  une  belle  épitaphe  en  marbre  noir  au  pilier  de 
la  tour  des  cloches,  et  ordonné  qu^il  serait  célébré  à  perpé- 
tuité, pour  le  repos  de  son  âme,  une  messe  basse  au  jour  anni- 
versaire de  son  décès. 

Les  livres  du  chapitre  avec  ceux  des  diverses  commu- 
nautés religieuses  de  Nevers  forment  aujourd'hui  le  tonds 
de  la  bibliothèque  de  la  ville  ;  nous  n'avons  pas  autrement 
à  nous  en  occuper  ici;  mais  il  convient  de  rappeler  au 
moins  le  souvenir  de  quelques-uns  des  anciens  manuscrits 
liturgiques',  véritables  œuvres  d'art,  autrefois  si  nombreux 
dans  notre  cathédrale,  in  armario  sancti  Cirici,  et  qui, 
non  moins  que  les  objets  précédemment  signalés,  faisaient 
Tornement  du  trésor. 

Hélas  !  dès  le  dix-huitième  siècle  ils  avaient  commencé  à 
être  dispersés  dans  les  bibliothèques  étrangères. 

L'abbé  Troufflaud,  dans  ses  cahiers  de  notes  manuscrites, 
qu'il  rédigeait  à  la  veille  de  la  Révolution,  dit  quelque  part, 
avec  une  certaine  aigreur,  exagérée  sans  doute,  à  propos  de 
recherches  qu'il  faisait  sur  les  anciens  chanoines  obituaires 
de  Saint-Cyr  :  t  Les  archives  du  chapitre  doivent  en  parler, 
s^ il  reste  encore  quelques  lambeaux  des  chartes  et  autres 
manuscrits  vendus,  vers  1740,  aux  Anglais  par  le  cha- 
pitre. • 

Et  en  effet,  dès  1724,  lord  Harley  achetait  en  France,  chez 
un  libraire  nommé  Noël,  deux  manuscrits  du  dixième  siècle, 

(1)  Cette  bibliothèque  avait  été  établie  au  premier  étage  de  la 
maison  capitulaire,  située  place  de  PEvéché,  où  sont  aujourd'hui  les 
classes  des  sœurs  de  la  Sainte^Famille.  Au  second  étage  était  la 
chambre  servant  d^auditoire;  le  grenier  servait  au  dépôt  des  dîmes, 
et  le  rez-de-chaussée  était  occupé,  en  1790,  par  M.  Languinier, 
receveur  des  revenus  du  chapitre. 


—  253  — 

paginés  séparément,  mais  ne  formant  qu'un  seul  volume, 
un  sacramentaire  à  l'usage  de  Téglise  de  Nevers. 

Le  noble  lord  avait  recueilli  bien  d^autres  manuscrits 
encore.  A  sa  mort,  le  comité  du  musée  de  Londres  en  fit 
Tacquisition,  et  ils  formèrent  le  fonds  de  la  célèbre  Biblio^ 
theca  Harleiana  au  British  Muséum^  où  les  deux  cahiers 
du  sacramentaire  nivernais  sont  classés  sous  les  n<>*  2991 
et  2992  (i). 

On  se  souvient  que  V Évangéliaire  nivernais,  auquel  nous 
devons  les  premiers  éléments  de  ce  travail ,  fait  aussi  partie 
du  fonds  harléicn  et  porte  le  n**  2790. 

Un  autre  volume  d'origine  nivernaise,  signalé  également 
par  M.  Léopold  Delisle  dans  la  Bibliothèque  de  l'école  des 
chartes  (2),  appartient  au  même  fonds. 

Voici  en  quels  termes  le  savant  directeur  de  la  bibliothèque 
nationale  nous  le  fait  connaître  : 

c   Traités  de  comput  et  morceaux  divers.  Fonds  harléien , 
n^  3ogi.  —  Ecritures  du  neuvième  et  du  dixième  siècle. 

1  Ce  manuscrit 9  qui  vient  de  la  cathédrale  de  Nevers,  est 
surtout  précieux  à  cause  des  notes  historiques  que  différentes 
mains  ont  ajoutées  à  un  tableau  cyclique  et  qui  fournissent 
de  très-utiles  renseignements  sur  beaucoup  d'événements  du 
neuvième  au  douzième  siècle.  Ces  notes  ont  été  écrites  à 
Nevers;  une  première  édition  en  a  été  donnée  en  1881,  par 
M.  Georges  Waiiz,  sous  le  titre  d'Annales  Nivemenses, 
dans  les  Monumenta  Germaniœ  historica.  (Scriptores,  XIII, 
88.)  Espérons  que  notre  confrère,  M.  Jules  Roy,  ne  tardera 
pas  à  nous  faire  jouir  du  travail  qu'il  prépare  depuis 
plusieurs  années  sur  cet  important  document,  et  dont  la 

(i)  Voir  dans  les  Études  sur  la  liturgie  nivemaise  de  Mgr  Crosnîer, 
les  chapitres  VII  et  VIII,  qui  donnent  l'analyse  de  ce  sacra mentaire> 
d'après  les  notes  du  R.  P.  Leforestier. 

(2)  Tome  XLVI,  i885,  troisième  livraison,  p.  326.  Page  66  du 
catalogue  du  British  Musernn. 


—  254  — 

base  est  une  copie  gracieusement  mise  en  1878  à  la  dispo- 
sition de  la  Bibliothèque  de  V école  des  chartes,  par 
M.  Thompson.  » 

Et  plût  à  Dieu  qu^un  plus  grand  nombre  de  nos  manuscrits 
liturgiques  eussent  franchi  le  détroit,  du  moins  ils  seraient 
sauvés  ! 

Il  est  certain  que,  depuis  le  seizième  siècle  surtout,  les 
manuscrits  étaient  tombés  en  France  dans  un  tel  mépris, 

—  par  suite  de  l'engouement  pour  les  livres  imprimés ,  — 
qu'en  parcourant  les  différents  greffes  oti  sont  conservés  les 
anciens  registres  de  catholicité  de  nos  paroisses,  on  rencontre 
presque  tous  les  cahiers  couverts  ici  par  un  feuillet  de 
missel,  là  par  un  feuillet  de  grand  bréviaire,  etc.,  et  c'est 
ainsi  que  nous  avons  retrouvé  Tancienne  notation  de  l'hymne 
de  Saint-Cyr  et  Sainte-Julitte  :  Omîtes  terrarum  incolœ... 

Cependant  quelques  années  avant  la  Révolution,  —  tant 
était  considérable  le  nombre  des  vieux  livres' liturgiques, 

—  il  restait  encore  à  la  cathédrale  bien  des  manuscrits. 
Parmentîer,  dans  son  Histoire  des  Evêques  de  Nevers, 
écrite  vers  1770,  s'exprimait  ainsi  à  la  fin  de  Tépiscopat  de 
Hugues  II  (loi  I  à  io65)  :  c  II  y  a  à  la  cathédrale  plusieurs 
livres,  tant  de  chant  que  autres,  qu^il  avait  fait  écrire  pour 
le  service  de  Tégiise  et  qui  sont  très-bien  conservés.  » 

I*  Parmi  ces  livres  nous  devons  noter  tout  d'abord  un 
Sacramentaire  que  les  liturgistes  du  dernier  siècle  aimaient 
à  consulter;  témoin  Tabbé  Lebeuf ,  dans  une  lettre  au  Père 
Prévost,  du  7  avril  172a  : 

c  ...  Je  loue  fort  le  dessein  que  vous  avez  d^écrire  sur  le 
sacre  des  rois...  Il  y  a  un  beau  Sacramentaire  à  Nevers, 
dans  la  cathédrale.  Cest  là  oîi  Ton  pourroit  trouver  quelque 
chose ,  mais  sans  doute  en  conformité  au  sacramentaire  de 
saint  Grégoire  (i)...  » 

(i)  Lettres  de  Pabbé  Lebeuf  publiées  par  la  Société  des  sciences 
historiques  et  naturelles  de  l'Yonne^  t.  l**,  p.  3o8. 


L^abbé  AUourj,  devenu  bibliothécaire  du  chapitre,  après 
la  mort  du  chanoine  Bernard  de  Qéry,  avait  sauvé  ce 
sacramentaire  et  le  possédait  encore  en  1810,  lorsque  M.  de 
Saintemarie  publiait  ses  Recherches  historiques  sur  Nevers. 
II  était  manifestement  du  temps  de  Hugues  H ,  ainsi  que  le 
prouvent  ces  quatre  vers  : 

Qui  Christo  caram  Christum  veneraris  ad  aram , 
Christi  coîe  plebi  prœbens  pia  pahuîa  Christi. 
Prœsulis  Hugonis  memor  esto  rogatibus  almis, 
Qui  propter  Christum  Ubrum  bene  condidit  istum. 

O  vous  qui  venez  adorer  Jésus-Christ  à  cet  autel  qui  lui  est  cher. 
Chargé  de  distribuer  au  peuple  chrétien  la  nourriture  sacrée  du  Sau- 
Souvenez-vous  dans  vos  ferventes  prières  de  Tévêque  Hugues ,  [veur. 
Qui ,  par  amour  pour  Jésus-Christ,  a  mis  ses  soins  à  la  confection  de 

[ce  livre. 

C'était  pour  une  église  un  don  précieux  que  celui  d'un 
livre  de  cette  importance,  et  il  ne  faut  pas  s'étonner  que  le 
pieux  donateur  demande  en  retour  à  la  postérité  l'aumône 
d'une  prière  (1). 

Rappelons  ici  les  vers  inscrits  par  l'évéque  Hériman  dans 
son  Evangéliaire ;  à  la  demande  de  prières,  le  pontife  joint 
la  menace  contre  le  perfide  ravisseur  : 

Qui  que  tu  sois  qui  me  lis,  souviens-toi^  je  te  prie,  d^Hériman; 

C'est  par  ses  soins  que  ce  lieu  me  possède. 
Dans  sa  généreuse  bonté,  je  le  déclare,  il  m'a  offert  à  son  église 

Ce  pontife  digne  de  mémoire  ; 
Oui,  à  Saint-Cyr  il  m'a  donné,  sous  cette  condition  : 
Que  celui-là  périsse  qui  voudrait  me  ravir. 

2^  Un  second  volume  de  non  moindre  valeur,  également 
sauvé  par  l'abbé  Alloury  et  remontant  aussi  à  Hugues  II , 

(i)  Ce  magnifique  volume  est  aujourd'hui  conservé  à  la  Bibliothè- 
que nationale,  sous  le  n*  17333  des  manuscrits  latins.  Nous  renvoyons 
le  lecteur  au  chapitre  XII  des  Études  sur  la  Liturgie  nivemaise ,  de 
Mgr  Crosnier,  et  surtout  à  la  belle  édition  de  ce  sacramentaire  publiée 
par  la  Société  nivernaise. 


—  256  — 

est  le  Graduel  oublié  encore ,  il  y  a  quelques  années ,  dans 
un  grenier  de  Moulins-Engilbert  et  maintenant  conservé  à 
la  fiibliothèque  nationale],  sous  le  n9  9449. 

Uabbé  Troufflaud ,  ancien  organiste  de  la  cathédrale  en 
1780 ,  en  avait  tiré  des  notes  fort  curieuses  qui  sont  dans  ses 
cahiers  manuscrits  déjà  cités  sous  le  titre  de  :  Fragments 
philosophiques. 

Il  signalait  en  particulier  c  les  proses  dont  le  chant  n'a 
qu'une  seule  ligne  en  pourpre,  avec  des  notes  faites  les  unes 
comme  de  petits  quarrés  avec  des  queues  et  les  autres 
comme  des  lozanges,  etc.  ;  1  puis  il  ajoufait  cette  remarque 
qui  mérite  d^étre  connue  : 

c  On  voit  dans  ce  précieux  manuscrit,  entre  les  usages 
particuliers  de  Téglise  de  Nevers,  que  pour  trouver  la  clef  du 
chant  à  une  seule  ligne  (qui  est  la  même  que  celle  de 
Rousseau  de  Genève,  avec  des  chiffres  dessus,  dessous  et 
sur  la  ligne)  quelque  musicien  de  l'église  de  Nevers,  c'est-à- 
dire  un  chanteur  de  plain-chant  (car  alors  on  ne  connaissait 
pas  notre  musique,  qui  est  très-postérieure  à  celle-là) ,  a  fait 
trois  lignes  au-dessus  et  deux  au-dessous  de  la  ligne  rouge 
avec  la  pointe  d'un  couteau,  pour  classer  les  sons;  surtout 
il  a  eu  soin ,  au  commencement  de  chaque  ligne  de  paroles 
et  de  chant,  de  placer  une  clef  qui  porte  sur  Tune  desdites 
cinq  lignes...  1 

Il  est  intéressant  de  rapprocher  de  ces  remarques  la  note 
suivante  de  M.  Léopold  Delisle,  dans  son  étude  sur  le 
Mystère  des  rois  mages  dans  la  cathédrale  de  Nevers 
[Romania  IV,  janvier  1875): 

c  La  cathédrale  de  Nevers  est  une  des  églises  de  France 
dont  Pancienne  liturgie  est  le  mieux  représentée  dans  les 
collections  de  la  Bibliothèque  nationale.  En  1859,  ^^ 
collections  s^enrichissaient  d^un  graduel  noté  en  neumes, 
dont  la  composition   est   fixée  d'une   façon  positive  aux 


—  257  — 

environs  de  Tannée  1060;  il  porte  le  n*  9449  dans  le 
fonds  latin.  En  1865,  l'administration  de  la  bibliothèque 
achetait  en  vente  publique  un  superbe  pontifical  de  la 
première  moitié  du  onzième  siècle  (aujourd'hui  manuscrit 
latin  17333),  dont  plusieurs  pages  ont  été  reproduites  dans 
le  grand  ouvrage  de  M.  de  Bastard,  et  dont  la  Société 
nivernaise  vient  de  donner  une  édition  complète,  exécutée 
avec  autant  de  soin  que  de  luxe.  Tout  récemment,  nous 
avons  pu  insérer  au  fonds  latin  des  nouvelles  acquisitions, 
sous  les  n^*  17.35  et  i236,  deux  autres  monuments  de  la 
liturgie  nivernaise,  un  graduel  et  un  antiphonaire,  tous 
deux  du  douzième  siècle^  tous  deux  se  recommandant  par 
une  notation  en  neumes  que  supportent  deux  lignées  tracées 
l*une  en  jaune,  Tautre  en  rouge. 

»  Le  graduel  (n®  1235)  est  surtout  digne  d^attention. 
Déjà  très-intéressant  par  lui-même ,  il  devient  encore  plus 
précieux  quand  on  le  rapproche  du  graduel  du  onzième 
siècle.  Celui-ci  nous  offre,  notés  en  neumes,  beaucoup  de 
morceaux  qui  se  retrouvent  dans  Pautre  graduel  notés 
suivant  le  système  de  Gui  d'Arezzo,  et  comme,  dans 
rintervalle  d'un  siècle,  les  usages  musicaux  de  l'église  de 
Nevers  ne  doivent  pas  avoir  subi  de  grandes  modifications, 
on  peut  tirer  grand  parti  de  Texemplaire  plus  récent,  dont 
le  déchiffrement  est  tout  à  fait  certain,  pour  comprendre  la 
notation  de  Texemplaire  plus  ancien ,  dont  l'interprétation 
est  beaucoup  moins  facile.  Le  rapprochement  des  deux 
graduels  est  aussi  fort  instructif  pour  l'histoire  de  la  liturgie 
et  de  la  littérature  liturgique.  Je  n'en  cite  qu'un  exemple 
qui  nous  fait  assister  à  la  naissance  et  aux  premiers 
développements  d'un  des  mystères  qui  ont  eu  le  plus  de 
vogue  au  moyen-âge,  celui  de  l'adoration  des  rois  mages.  » 

3^    Un    autre    volume   écrit    en    beaux    caractères   du 

douzième  siècle,    avec  des  majuscules    très -élégantes   de 

couleur  rouge  ou  bleue ,  est  demeuré  à  Nevers  ;  il  fait  partie 

de  la  bibliothèque  de  la  ville. 

T.  m,  3*  série,  33 


—  258  — 

Cest  un  Evangéliaire  dont  nous  avions  fait  une  courte 
analyse  en  1868  et  que  Mgr  Crosnier  a  reproduite  dans 
ses  Etudes  (i).  Il  ne  contient  aucune  note  liturgique  ou 
historique. 

4''  Un  grand  bréviaire  noté  est  encore  signalé  par  labbé 
Troufflaud,  qui  en  fixe  même  la  date. 

Après  avoir  copié  la  légende  de  saint  Patrice,  au  3i  août, 
tirée  du  bréviaire  de  Mgr  Sorbin,  imprimé  à  Nevers  en 
i5oo,  il  ajoute:  «  Dans  le  bréviaire  de  Nevers ,  manuscrit 
en  vélin,  de  1286,  saint  Patrice  est  aussi  placé  sur  le 
calendrier  au  3 1  août  et  sa  légende  forme  neuf  leçons  de 
quatre  à  cinq  lignes  chacune. 

»  Elle  dit  seulement  qu^il  était  d^Auvergne,  qu'il  avait 
été  moine,  mais  pas  un  seul  mot  de  sa  venue  en  Nivernais, 
au  bourg  de  Gentillic  in  pagum  Nivernensem ,  qui 
Gentilicum  vocatuvy  aujourd'hui  appelé  Saint-Parize-le- 
Châtel  (2).  » 

5**  Une  noie  du  Livre  noir  du  chapitre,  folio  24,  men- 
tionne en  ces  termes  un  autre  bréviaire  à  Pusage  d'une 
ancienne  confrérie  établie  à  Saint- Cyr  sous  le  titre  de 
confrérie  de  PAurore:  De  Breviario  dato  per  Dominum 
G.  Guarreti  canonicum  Nivernensem,  ad  opus  capellani 
confratriœ  Aurorœ  y  habetur  in  magno  papirio  Capituli, 
folio  g. 

6^  Nous  avons  retrouvé  à  la  bibliothèque  municipale  de 
Nevers  un  grand  manuscrit  in-folio,  inscrit  sous  le  n*  4581 


(i)  Chapitre  XIV  des  Etudes  sur  la  Liturgie  nivematse,  pages  ii3- 
114. 

(2)  Malheureusement  je  n'ai  pu  retrouver  que  les  cahiers  5,  6,  7,  8 
et  9  des  manuscrits  de  Tabbé  Troufflaud.  Ils  contiennent,  sous  le 
titre  de  Fragments  philosophiques ,  une  quantité  de  notes  historiques 
et  surtout  beaucoup  d'observations  sur  la  botanique. 

Les  quatre  premiers  cahiers  me  sont  inconnus.  La  note  relative  au 
bréviaire  de  1286  est  dans  le  sixième  cahier,  pages  60  et  61.  Cest 
dans  le  même  cahier,  page  29,  que  se  trouvent  les  notes  relatives 
au  graduel. 


—  259  — 

et  destiné  à  l'usage  d^ne  autre  confrérie  sous  le  vocable  du 
saint  nom  de  Jésus,  établie  à  la  cathédrale  en  1594. 

En  voici  le  titre  :  Officium  gloriosissimi  nominis  Jesu 
quod  celebratur  décima  quarta  mensis  Januarii  in  cujus 
honore  instituta  fuit  confratria  anno  Domini  millesimo 
quingentesimo  nonagesimo  quarto  tempore  démentis  VIII 
Summi  Pontificis  Henrico  III I,  Franciœ  Régis  et  Arnaîdi 
Sorbini  Nivernensis  episcopi,  quod  notatum  fuit  per 
M.  Marinum  Couetoux  prœdictœ  con/ratriœ  primum 
auctorem  anno  Domini  millesimo  sexcentesimo  primo. 

Ce  volume  de  vingt  feuillets  comprend  les  offices  notés  du 
saint  nom  de  Jésus,  du  Saint-Esprit,  de  la  sainte  Vierge  et 
des  Morts.  Malgré  sa  date  relativement  récente ,  il  est  fort 
bien  écrit  et  les  majuscules  gothiques  en  or  sur  fond  bleu 
sont  très-élégantes.  Mais,  —  signe  des  temps,  —  au  lieu 
d'être  accompagnées  de  symboles  ou  d'attributs  religieux, 
c^est,  à  côié  du  nom  de  Jésus,  une  sorte  de  Bacchus  tout 
nu,  couronné  de  lauriers,  tenant  d^une  main  une  branche 
de  feuillage,  de  Tautre  un  bouquet  de  fleurs  et  se  croisant 
les  jambes  pour  n'être  pas  trop  indécent;  plus  loin,  une 
cariatide  nimbée  avec  une  double  paire  d'ailerons  en  forme 
d'éventail. 

Sur  les  feuilles  de  garde  se  trouvent  des  notes  intéressantes 
pour  l'histoire  de  cette  confrérie  (i). 

Le  Livre  noir  signale  encore  un  certain  nomore  d^autres 
livres  liturgiques  conservés  dans  l'armoire  du  trésor,  in 
armaria  thesauri,  avec  cette  particularité  que  tous  conte- 
naient, —  comme  VEvangéliaire  et  le  Traité  de  Comput, 


(i)  Un  autre  manuscrit  de  la  première  moitié  du  seizième  siècle, 
avec  forte  reliure  en  bois  recouvert  de  veau  chargé  de  dessins  à 
froid,  coins  en  cuivre  et  cabochons  entourés  de  guirlandes  frappées' 
est  également  conservé  à  la  bibliothèque  municipale  de  Nevers  sous 
le  n*  4580. 

n  paraît  avoir  appartenu  à  la  confrérie  de  la  Sainte-Trinité  établie, 
en  t3i3  dans  Téglise  Saint-Trohé  de  Nevers. 


—  26o  — 

aujourd'hui  à  Londres,  —  des  notes  courantes  sur  l'histoire 
du  chapitre. 

N'était-ce  pas,  en  effet,  un  sûr  moyen  de  ne  les  point 
oublier  que  de  les  consigner  dans  ces  livres  d'usage 
quotidien?  Citons-en  quelques-uns  pour  terminer: 

7"  Un  antique  collectaire  contient  les  règlements  du 
procureur  des  anniversaires  pour  ses  comptes  annuels;  hœc 
habentur  in  antiquo  collectario,  in  quodam  folio, 

i^  Un  grand  bréviaire  noté  indique  de  quelle  façon  les 
nouveaux  chanoines  doivent  faire  leur  stage  ;  vade  ad 
quoddam  breviarium  notatum  in  prima  parte  Adyentus. 

90  Un  statut  relatif  à  huit  muids  de  vin  dus  par  l'évéque 
à  ses  chanoines,  pour  certaines  fêtes,  se  trouve  dans  un  lipre 
de  chœur  noté  appelé  le  Livre  des  Chanoines;  scriptum  est 
in  quodam  libro  chori  notato  qui  incipit:  missus  est  et 
vocatur  liber  canonicorum 

\o^  Les  nouveaux  chanoines  devaient  jurer  d'observer  le 
règlement  fait  par  Robert  de  Moulins,  de  bonne  mémoire,  et 
copié  tout  au  long  dans  le  Martyrologe;  ad  plénum  scriptum 
in  Martyrologio, 

Le  statut  du  doyen  Simon  se  trouvait  également  dans  le 
Martyrologe  et  dans  beaucoup  d'autres  livres  de  Péglise; 
reperitur  in  multis  libris  ecclesiœ  scriptum ,  in  Martyro^ 
logio  et  alihi  (i). 

II'»  Un  autre  statut  relatif  aux  custodes  et  aux  mar- 
guilliers  est  relaté  encore  dans  le  Martyrologe  et  autres  livres, 
notamment  dans  VOrdinaire  du  chapitre;  reperitur  in 
Ordinario,  Martyrologio  et  alibi. 

12®  En  dernier  lieu,  mentionnons  plusieurs  tableaux 
fixés   dans    le   chœur  de  la  cathédrale  et  qui  contenaient 

(i)  L^abbé  Âlloury,  plusieurs  fois  cité,  parle  dans  seç  notes  manus- 
crites des  deux  martyrologes  du  chapitre  et  des  deux  nécrologes 
inscrits  en  marge  desdits  martyrologes,  ainsi  que  des  trois  livres  des 
anniversaires  qui  ont,  dit-il,  péri  dans  la  Révolution. 

Heureusement,  dans  son  Histoire  des  Evéques,  Parmentier  en  a 
donné  de  nombreux  et  importants  extraits. 


—  26a  — 

les  divers  règlements  relatifs  à  Tordre  dudit  chœur  : 
Ordinationes  per  capitulum  factœ,  super  ordinatione 
chori ,  scriptœ  in  quodam  tabello  existente  in  dicto  choro 
(Livre  noir,  folio  a)  ;  —  le  règlement  des  deux  chanoines  de 
Saint-Gildard,  de  duobus  Sancti  Gildardi,  in  tabella  choro 
affixa  {Livre  noir,  folio  9);  --  et  pour  ce  qui  concerne  les 
fautes  des  chanoines,  comment  on  les  punit:  Pœna  ab 
antiquo  consueta  posita  est  et  scripta  in  diversis  chori 
tabellis.  [Id,,  folio  16.) 

Qu'on  veuille  bien  nous  pardonner  ces  citations,  peu 
importantes  sans  doute,  mais  qui  ont  du  moins  le  mérite 
de  nous  faire  revivre  un  instant  de  cette  vie  si  intéressante 
des  siècles  passés  et  de  nous  aider  à  reconstituer  la  physio- 
nomie de  notre  antique  et  vénérée  cathédrale  ! 

1 3®  Sur  le  point  de  terminer  cette  longue  énumération  et 
pour  la  rendre  aussi  complète  que  possible,  nous  avions  pris 
la  liberté  de  recourir  à  Tobligeance  bien  connue  de  Téminent 
directeur  de  la  Bibliothèque  nationale  et  de  lui  demander 
s'il  n'aurait  pas  à  nous  faire  connaître  quelque  nouvelle 
épave  de  notre  ancien  trésor  de  Saint -Cyr.  M.  Léopold 
Delîsie  s^empressa  de  nous  signaler  un  troisième  sacramen- 
taire  provenant  de  notre  cathédrale  et  portant  le  n^  1528 
dans  le  fonds  latin  des  Nouvelles  acquisitions. 

Ce  manuscrit,  récemment  acquis  à  la  vente  de  la  riche 
bibliothèque  de  notre  compatriote  M.  Grangier  de  La 
Marinière ,  porte  au  commencement ,  en  caractères  du  quin- 
zième siècle,  le  titre:  Antiquum  collectarium  signatum  per  I, 

A  la  suite  de  cette  indication  dont  la  similitude  est  si 
frappante  avec  celle  du  n®  7,  se  référant  à  notre  antiquo 
collectario,  M.  le  Directeur  voulut  bien  ajouter  les  notes 
suivantes  qui  nous  donnent  une  idée  de  la  composition  du 
volume  : 

«  Folios  I  et  2.  —  Notes  sur  quelques  cens. 
»  Folio  3.  —  Calendrier  dans  lequel  sont  différentes  notes 
relatives  à  des  anniversaires.  Treizième  siècle. 


—   202    — 

»  Folios  9-16.  —  Statuts  et  ordonnances  diverses  pour  le 
chapitre  de  Nevers.  Treizième  et  commencement  du  quator- 
zième siècle. 

»  Folio  18.  —  Incipiunt  Capitula  per  circulum  anni 
currentia^  ad  usum  Nivernensem,  Treizième  siècle. 

1  Folio  27.  —  Oraisons  des  messes  à  partir  de  la  veille  de 
Noël  jusqu'à  la  veille  de  la  Pentecôte.  Le  propre  du  temps  et 
le  propre  des  saints  sont  mêlés. 

»  Folio  86 ,  verso.  —  Préface  et  canon  de  la  messe. 

»  Folio  94.  —  Oraisons  des  messes  à  partir  de  la  Pentecôte 
pour  le  propre  du  temps. 

»  Folio  109,  verso.  —  Oraisons  des  messes  pour  le  propre 
des  saints  à  partir  du  i^  juin. 

)   Folio  147,  verso.  —  Oraisons  des  messes  du  commun. 

»  Folio  151,  verso.  —  Oraisons  de  diverses  messes. 

1»  Folio  173,  verso.  —  Notes  sur  quelques  cens.  Treizième 
siècle. 

»  Le  sacramentaire  proprement  dit^  qui  commence  au 
folio  27  et  finit  au  folio  i65,  a  été  copié  au  douzième 
siècle,  sauf  quelques  parties  additionnelles,  telles  que  le 
folio  3 1 ,  intercalé  après  coup  pour  recevoir  les  oraisons  de 
la  fête  de  saint  Thomas,  archevêque  de  Cantorbéry. 

t  Volume  sur  parchemin,  de  173  feuillets,  hauts  de 
266  millimètres  et  larges  de  190.  Ecriture  à  longues  lignes, 
du  douzième  siècle,  à  l'exception  des  morceaux  ajoutés  après 
coup.  Grandes  initiales  rouges,  vertes,  jaunes  et  bleues. 
On  doit  citer  les  miniatures  qui  représentent  la  naissance 
de  Notre-Seigneur  (folio  27),  —  Tadoration  des  mages 
(folio  28,  verso),  —  Notre-Seigneur  entouré  des  symboles 
des  évangélistes  (folio  87],  -*  le  Calvaire  (folio  88, 
verso).  » 

Après  avoir  lu  ces  notes  si  précieuses,  il  nous  semblait  de 
plus  en  plus  probable  que  le  manuscrit  où  se  trouvent ,  dès 
les  premières  pages,  quantité  de  notes  relatives  aux  anniver- 
saires fondés  à  la  cathédrale,  dut  être  vraiment  le  vieux 


-  263  — 

coUectaire  contenant  le  règlement  du  procureur  des  anni- 
versaires. 

Aujourd'hui  le  fait  est  certain.  Notre  obligeant  confrère 
M.  de  Lespinasse  a  bien  voulu  nous  adresser  la  copie  d'un 
statut  du  doyen  Odon ,  tel  qu'il  se  trouve  au  folio  i6de 
Tantique  collectaire. 

Or,  en  le  comparant  avec  le  texte  du  Livre  noir  (folio  8), 
le  doute  n'est  plus  possible.  On  nous  saura  gré  de  reproduire 
ces  deux  textes,  d'ailleurs  inédits,  en  attendant  la  publication 
si  désirable  de  cet  important  recueil  : 

(Texte  du  Sacramentaire,) 

c  Anno  Domini  millesimo  trecentesimo  primo,  die  martis 
ante  assencionem  Domini  in  capitulo  ecclesie  nostre  generali, 
NosOdo,  decanus  (i)  et  capitulum  ecclesie  predicte  Niver- 
nensis  pro  utilitate  ecclesie  nostre  predicte,  statuimus  in 
perpetuum  observandum  quod  quicunque  fuerit  bursarius 
adniversariorum ,  in  qualibet  septimana,  omni  die  veneris, 
teneatur  in  capitulo  pronun tiare  omnia  adniversaria  futura 
celebranda  sequentis  septimane  ac  quantitates  et  valorem 
cujuslibet  eorumdem.  Item  et  quocienscunque  invinerit 
tempus  vendendi  bladum  pro  aliquo  adniversario  teneatur 
venire  ad  capitulum  et  hoc  nuntiare  ut  justa  {sic)  ipsius 
capituli  consilium  ipsa  fiât  venditio  vel  debeat  remanere. 
Item  et  quod  idem  bursarius  omni  anno  in  reienda  ratione 
conputando  de  recepta  et  expensa  debeat  dicere  et  declarare 
in  fine  sue  rationis,  peccunias,  blada  et  cetera  omnia  bona 
que  recepit  vel  recipere  debuit  vel  habet  ad  anniversaria 
sequentis  temporis  distribuenda.  9 


(j)  Les  archives  du  département  et  le  Livre  noir  contiennent  un 
grand  nombre  d'actes  du  doyen  Odon,  de  1297  à  i3i3. 


—  264  — 

(Texte  du  Livre  noir») 

«  Deprocuratoreanniversariorutnetcedula.  Item  statutum 
est  pro  utilitate  ecclesise  Nivernensis  quod  quicumque  fuerit 
procurator  anniveraarioruni  in  qualibet  septimana,  omni 
die  veneris ,  tenebitur  in  capitulo  pronunciare  omnia 
anniversaria  futura  celebranda  sequentis  septimanae  et 
quantitatem  et  valorem  cujusiibet  eorumdem. 

»  Item  et  quoties  imminuerit  tempus  vendendi  bladum 
pro  aliquo  anniversario,  teneatur  dictus  procurator  anni- 
versariorum  venire  ad  capitulum  et  hoc  nunciare  ut^  juxta 
ipsius  capituli  consilium,  ipsa  venditio  iiat,  vel  remanebit 
sine  vendendo. 

»  Item,  quod  idem  procurator  anniversariorum ,  quolibet 
anno,  in  reddenda  ratione  et  computando  de  recepta  et 
expensione,  débet  dicere  et  declarare  in  fine  compotorum 
suorum  pecunias ,  blada  et  caetera  alia  quae  recepit  vel 
recipere  debuit,  vel  habet  ad  anniversaria  sequentis  temporis 
distribuenda,  ut  haec  habentur  m  antiquo  collectario,  in 
quodam  folio.  » 

On  le  voit,  en  comparant  les  deux  textes,  le  rédacteur  du 
Livre  noir,  au  lieu  de  copier  servilement,  a  modifié  quelques 
termes  vieillis  ;  mais  il  avait  sous  les  yeux,  dans  la  salle 
capitulaire  de  Saint-Cyr,  le  manuscrit,  qui  est  maintenant 
conservé  à  la  Bibliothèque  nationale  (i). 


{i)  Voici  comment  ce  volume  était  décrit  dans  le  catalogue  rédigé 
pour  la  vente  du  cabinet  de  feu  M.  Grangier  de  La  Marinière,  le 
2  juin  i883:  «  Ce  manuscrit  est  très-fatigué,  il  est  même  déchiré  ei 
usé  en  quelques  endroits.  Il  est  orné  de  plusieurs  miniatures  d^uQ 
style  fort  ancien.  On  remarque  particulièrement  celles  qui  précèdent 
et  suivent  le  canon  de  la  messe.  Elles  ont  toutes  le  cachet  d'une 
haute  antiquité.  La  vieille  couverture  en  bois,  revêtue  de  peau  de 
mouton,  est  encore  armée  d^une  partie  des  clous  sur  lesquels  ce  livre 
reposait  quand  on  le  plaçait  sur  son  pupitre.  » 


265  - 


§  VII. 

INVENTAIRE  DE  L'ARGENTERIE,  ORNEMENTS,  LINGE 

ET  AUTRES  EFFETS  A  l'uSAGE  DE  L^ÉGLISR  éPISCOPALE  ET  PAROIS- 
SIALE DE  SAINT-CYR,  QUI  SONT  TANT  DANS  LE  TRESOR  QUE  DANS 
LA  CHAPELLE  A  CÔTJÉ. 

(Rostre  pour  mscrire  les  recettes,  dépenses  et  actes  de  Téglise 
cathédrale  et  paroissiale  de  Saint-Cyr  de  Nevers,  de  mai  1791  à 
décembre  1792,  folios  66-74,  archives  de  Pévéché.) 

Argenterie. 

1.  Trois  ostensoirs:  un  d'argent  doré  d^environ  trois 
pieds,  un  autre  idem  d^environ  seize  pouces,  le  troisième 
d'argent  provenant  de  Saint-Victor. 

2.  Six  chandeliers  dVgent  (i). 

3.  Trois  lampes  d'argent  (2). 

(1)  Etaient-ce  les  six  grands  chandeliers  de  cuivre  argenté,  de  plus 
d'un  mètre  de  hauteur,  accompagnés  d'une  croix  monumentale,  qui 
garnissaient  autrefois  (jusqu'en  1870,  où  fut  commencée  l'érection  du 
ciborium)  l'ancien  maître-autel  de  la  cathédrale,  dernier  souvenir  des 
Ck>nzagues? 

Très-gracieusement  décorés,  ces  chandeliers  offrent  sur  leur  pied 
triangulaire  trois  médaillons  d'une  belle  exécution  représentant,  l'un  : 
saint  Benoît,  tenant  le  livre  de  la  règle  monastique  et  la  crosse 
abbatiale;  les  deux  autres:  sainte  Madeleine  avec  une  croix  et  le 
▼ase  aux  parfums,  son  attribut  ordinaire. 

Peut-être  ces  chandeliers  proviennent-ils  de  l'abbaye  Notre-Dame 
ou  du  prieuré  de  Saint-Etienne! 

(2}  Parmi  les  charges  du  sacriste  (onera  sacristie  incumbentia),  le 
Livre  noir  du  chapitre  marquait: 

Item  tenetur  sustinere  très  lampades  in  dicta  ecclesia ,  quorum  una 
étrdet  die  ac  nocte ,  et  alice  duce  tantum  de  nocte,  et  pro  hoc  faciendo 
expendit  sexaginta  potos  olei. 

Une  feuille  annexée  à  l'inventaire  porte  que  les  commissaires- 
administrateurs  de  l'hôtel-Dieu  de  Nevers  ont  reçu,  le  3  février  1793, 
T.  m,  3*  série.  34 


-  266  - 

4-  Une  croix  d'autel  argentée. 

5.  Trois  croix  processionnelles  :  une  d'argent  doré  et  son 
bâton,  une  autre  d'argent  et  son  bâton,  la  troisième  de 
cristal  de  roche  (i  )  et  son  bâton  d'argent. 

6.  Une  croix  d'argent  sans  bâton  ,  qui  a  été  donnée  par  le 
district,  et  une  lampe  d'argent  très-mince  pour  le  service  de 
l'église  Saint-Victor. 

7.  Le  chef  de  saint  Cyr,  argent  doré,  orné  de  plusieurs 
diamants  différents. 

8.  Le  bras  de  saint  Cyr,  argent  doré  {2). 

9.  Le  chef  de  saint  Victor,  d'argent  (3). 

Pan  II  de  la  République,  du  citoyen  Bonnot,  sacristain  de  la  paroisse 
de  Saint-Cyr,  et  des  commissaires-fabriciens  de  ladite  paroisse,  six 
flambeaux  d^argent  et  trois  lampes  aussi  d^argent,  donnés  audit 
hôtel-Dieu  par  testament  de  feu  Henri  Bogne ,  vivant  doyen  de  la 
cathédrale ,  dont  Tusage  avait  été  accordé  au  chapitre  par  ledit 
testament.  (Voir  plus  haut,  §  V,  n*  22,  les  donations  de  M.  Bogue  à 
la  cathédrale.) 

(i)  Nous  avons  eu  déjà,  dans  V Histoire  de  la  Verrerie  et  les 
Gentilshommes  verriers  de  Nevers  (page  99),  Toccasion  d^eipliquer 
que  cette  croix  de  cristal,  qui  a  malheureusement  disparu,  avait  été 
donnée  sans  doute  à  la  cathédrale  par  le  chanoine  Pierre  de  fiorniol» 
fils  de  Bernard  de  Borniol ,  directeur  de  la  verrerie  de  Nevers  au  siècle 
dernier. 

(2)  A  une  procession  faite  en  i455,  le  4  décembre,  pour  la  paix  et 
r union  du  royaume  de  France,  fut  porté  a  le  chief  et  bra^  monsieur 
saint  Cire  et  ung  ygnocent  ».  (Archives  communales  de  Nevers,  1455, 
ce.  52.) 

Le  jour  de  la  fête  de  la  Susception  du  b^as  de  saint  Cyr  (27  octobre) 
qui  concordait  avec  celle  de  la  Vénération  des  reliques  de  la  cathé- 
drale, non-seulement  le  bras  du  saint  patron  était  exposé,  mais  la 
grande  châsse  de  Tautel  de  Saint-Cyr  sous  Torgue  était  ouverte:  Ad 
totum  officium,  exponitur  Brachium  S.  Cyrici  super  altare  inter  duos 
cereos  ardentes,  et  aperitur,  porte  le  Diurnal  de  1789,  capsa  S,  Reli* 
quiarum  ad  altare  S,  Cyrici  sub  organo  cum  duobus  cereis  arden- 
tibus. 

(3)  Qans  l'inventaire  de  l'église  Saint-Victor,  fait  le  23  mai  1791, 
par  les  commissaires  du  district,  outre  le  buste  de  saint  Victor,  en 
argent^  porté  à  Saint-Cyr,  il  est  aussi  fait  mention  d^un  ostensoir 
monté  sur  un  ange  et  sur  un  pied  d'argents 


—  267  — 

10.  Le  chef  de  saint  Siméon  (1}  et  celui  de  saint  Silvestre, 
en  bois  doré. 

11.  Deux  représentations  en  bois  doré:  Tune  de  saint 
Laurent,  l'autre  de  saint  Thibault,  ermite  (2). 

12.  Un  bassin  d'argent  doré  avec  les  burettes. 

i3.  Une  patène  d'argent  qui  sert  le  jeudi-saint  pour  les 
saintes-huiles. 

14.  Trois  calices:  deux  d'argent  doré  et  un  en  argent  (3), 
avec  une  petite  clochette. 

i5.  Cinq  ciboires:  trois  dans  le  tabernacle  du  grand 
autel,  deux  d'argent  doré,  un  d'argent  et  une  custode 
d'argent;  les  deux  autres  ciboires  sont  dans  le  tabernacle  de 
la  chapelle  de  la  Vierge. 

16.  Un  bénitier  d'argent^  un  plat  d'argent  et  les 
burettes. 

(i)  Un  buste  en  bois  doré,  figurant  un  pape  couronné  de  la  tiare, 
était  encore  exposé  à  la  cathédrale,  dans  une  des  chapelles  de  Tabside, 
avant  les  dernières  restaurations.  Il  est  aujourd'hui  conservé  dans  la 
maison  du  Chapitre  et  désigné  sous  le  nom  de  reliquaire  de  saint 
Siméon. 

Les  reliques  étaient  placées  dans  une  petite  cavité  ,  à  l'endroit  de 
Tagrafe  de  Tétole. 

(2)  Ces  deux  statues  venaient  de  l'église  paroissiale  de  Saint-Laurent 
de  Nevers,  sur  remplacement  de  laquelle  on  a  récemment  établi  un 
marché. 

Dans  une  autre  copie  de  Tinventaire,  au  lieu  de  :  deux  représenta- 
tions, on  lit  :  deux  petits  saints  de  bois  doré... 

(3)  La  cathédrale  possède  plusieurs  calices  d'argent  doré  de  Tépoque 
de  la  Renaissance.  L'un  entre  autres,  de  très-grandes  dimensions 
(id  centimètres  de  diamètre  au  pied),  est  orné  de  bas-reliefs  d'une 
remarquable  exécution.  D'abord,  sur  le  pied  :  le  mariage  de  la  sainte 
Vierge,  l'Annonciation,  la  Visitation  ;  —  sur  le  nœud  :  le  grand-prêtre 
Aaron  balançant  l'encensoir,  David  jouant  de  la  harpe,  Moïse  avec  la 
verge  et  les  tables  de  la  loi;  -—  sur  la  coupe:  la  Présentation,  l'Ado- 
ration des  Mages,  Jésus  au  milieu  des  Docteurs.  Tous  les  sujets,  au 
pied  comme  au  nœud  et  sur  la  coupe  du  calice,  sont  séparés  par  des 
têtes  d'anges,  et  sur  la  bordure  du  pied  est  une  gracieuse  guirlande 
semée  de  douze  têtes  d'anges.  C'est  vraiment  le  calice  des  anges.  Le 
revers  de  la  patène  offre  la  représentation  de  la  Cène. 


—  268  — 

jj.  Trois  paix,  dont  deux  d'argent  doré  et  une  petite 
d^argent  (i). 

18.  Une  petite  coquille  d'argent  pour  mettre  le  sel 
lorsqu'on  fait  Teau  bénite  (2). 

19.  Deux  croix  de  messe,  argent  doré,  dans  Tune 
desquelles  il  y  a  de  la  vraie  croix  (3). 

(i)  Il  n^est  pas  inutile  de  rappeler  ici  les  anciens  usages  relatifs  à 
rinstrument  de  paix^  tels  que  les  indique  le  Missale  insîgnis  ecclesiœ 
Nivemensis  de  1728,  et  comme  ils  ont  été  observés  à  la  cathédrale 
sous  le  rite  parisien  jusqu'au  retour  à  la  liturgie  romaine  en  i85i  : 

a  In  missa  majori,  dum  Celebrans  dicit  primam  Orationem,  Diaconus 
acci  pi  tu  nu  m  ^âci5  instrumentum,..  et  genuflexus  offert  ei  instrumentum 
pacis  ad  osculum,  et  mox  ab  eodem  dicente  Pax  iecum ,  accipit  pacem, 
respondens  Et  cum  Spiritu  tuo,,. 

»  Deinde  vadit  ad  D.  Episcopum...  eique  nihil  dicens  offert  instru- 
mentum pacis...  Tune  subdiaconus  et  duo  pueri  discedunt  ab  altari 
et  accedunt  versus  Aquilam  in  choro ,  dum  Diaconus  vadit  ad 
Decanum;  ei  porrigit  instrumentum  pacis  dicens...;  quo  facto 
Diaconus  rediens  ad  Altare  cum  est  prope  Aquilam ,  osculatur 
instrumentum  pacis,  et  illud  porrigit  subdiacono,  et  subdiaconus 
duo  instrumenta  pueris  ibi  consistentibus.  .  Intérim  pueri  v.idunt 
in  chorum  et  offerunt  cantoribus  instrumenta  pacis,  deinde  Clero  in 
superioribus  et  inferioribus  stallis...  deinde  simul  redeant  ad  Altare, 
super  quo  reponunt  instrumenta  pacis.  n  (Riius  in  missa  servandus , 
p*  10.) 

(2}  Un  ancien  inventaire  de  saint  Donatien  à  Bruges  en  1488  cite 
de  même:  Una  conca  argentea^  cui  sal  imponitur  ad  benedictionem 
aquœ.  {Traité  pratique  de  la  construction,  de  l'ameublement,  etc.,  des 
églises,  t.  I*%  par  Mgr  Barbier  de  Montault.) 

(3)  Voici,  d'après  le  même  missel  nivernais  de  1728  ce  qui  concerne 
l'usage  des  croix  de  messe  ou  croix  de  main  (voir  plus  loin  les  n*'  96 
et  97J  : 

a  In  missa  majori ,  cum  celebrans ,  Diaconus  deferens  parvam 
crucem,  et  subdiaconus  pervenerint  ad  infimum  gradum  Altaris, 
illud  salutant... 

»  Si  Episcopus  sit  prœsens,  incipit  missam. .  et  facit  confessionem  ; 
qua  peracta  Episcopus  osculatur  crucem,  quam  deinde  osculatur 
Celebrans  qui  ascendit  ad  Altare,  Episcopo  revertente  ad  sedem 
suam  in  choro.  1 

A  la  fin  de  la  messe,  après  l'évangile,  le  diacre  reprenait  la  croix: 


—  269  — 

20.  Un  bâton  de  chantre,  au  haut  duquel  est  représenté 
saint  Cyr  et  sainte  Juiitte  en  argent  (i). 

21.  Deux  chandeliers  d'acolytes,  argent. 

22.  Six  encensoirs  d'argent  et  cinq  navettes. 

23.  Une  couronne  oti  est  un  morceau  de  la  vraie  croix  et 


c  Quo  dîcto  (Evangelîo),  ù'i^conus  parvam  crucem  accipit...  deinde  in 
vestiarium  redeunt...  » 

Que  signifiait  cette  coutume?  demande  Mgr  Barbier  de  Montault, 
dans  une  notice  sur  les  Croix  à  main  du  diocèse  de  Poitiers.  Et  le 
savant  liturgiste  répond  :  Elle  était  un  vestige  de  la  liturgie  ancienne. 
Au  moyen-âge ,  le  crucifix  n^était  pas  à  demeure  sur  l'autel,  qui  ne  se 
parait  que  pour  le  temps  de  la  célébration  des  saints  mystères.  Les 
acolytes  y  déposaient  leurs  chandeliers  et  le  crucigère  la  croix  qu'il 
avait  enlevée  de  la  hampe  processionnelle;  au  départ ,  ils  les  repre- 
naient et  Pautel  restait  nu^  comme  on  a  vu,  jusque  sous  Grégoire  XVI, 
Tautel  papal  de  la  basilique  Vaticane. 

Aux  solennités,  la  croix  était  portée  par  le  célébrant  lui-même.  Ce 
n'était  pas  une  croix  ordinaire,  ses  dimensions  étaient  moindres  et 
elle  contenait  un  morceau  de  la  vraie  croix.  Ajoutons  cependant  que 
l'usage  commençait  à  s'établir  de  laisser  la  croix  sur  l'autel.  Dans  le 
chapitre  X  des  Rjubricœ  générales  de  notre  missel,  caput  X,  de  prapa- 
ratione  altaris,  on  lit  : 

Ex  usu  nunc  recepto  super  Altare  coUocatur  Crux,  ad  cujus  pedem 
apponitur  tabella  secreiarum ,  quœ  dicitur  Canon ,  et  hinc  inde  cande^ 
làbra  cum  cereis, 

(x)  Parmentier,  dans  son  Histoire  manuscrite  des  Evéques  de  Nevers 
(épiscopat  de  saint  Jérôme) ,  mentionne  le  bâton  du  chantre  au  bout 
duquel  était  représentée  la  vision  de  Charlemagne;  ce  bâton  était  de 
l'année  x53o. 

Il  ajoute  que  M.  l'abbé  de  Damas,  alors  grand-chantre,  en  avait 
fiiit  faire  un  autre  en  1773,  et  qu'en  1271  le  bâton  était  surmonté 
d'une  colombe,  comme  nous  l'avons,  dit-il,  vérifié  par  le  sceau  du 
chantre  Jean  Belini. 

Le  bâton  dont  il  est  ici  question  était  bien  sans  doute  celui  de 
M.  l'abbé  de  Damas,  mort  en  1829,  âgé  de  quatre-vingt-neuf  ans. 

Dans  la  sacristie  de  la  cathédrale ,  il  reste  encore  le  sommet  du 
dernier  bâton  dont  le  grand-chantre  se  servit  jusqu'au  retour  à  la 
liturgie  romaine.  Venait-il  de  l'ancienne  église  Saint -Pierre.^  On 
peut  le  penser.  Il  est,  en  effet,  surmonté  d'une  petite  statuette  en  argent 
doré  figurant  l'apôtre  debout  tenant  une  clé. 


—  270  — 

une  épine  de  la  sainte  couronne ,   enrichie  de  quelques 
diamants  (i). 

24.  Un  cœur  d'argent  dans  lequel  est  renfermé  celui  du 
ci-devant  duc  de  Nevers,  Barbon  Mancini,  mort  en  1707  (2). 

25.  Des  cartons  d'autel  en  bois  doré  avec  leurs  vitres. 

26.  Trois  missels:  un  en  maroquin  rouge  doré  sur 
tranche,  l'autre  pour  les  épîtres  et  évangiles,  aussi  en 
maroquin  rouge,  garni  de  plaques  de  cuivre  jaune  (3),  et 
un' commun. 

(i*)  Le  jour  de  l'Exaltation  de  là  sainte  Croix,  14  septembre,  après 
roffertoire  de  la  gra nd* messe ,  marquait  le  Diurnal  de  178g,  fit 
adoratià  S.  Crucis  a  clero  et  populo. 

(2)  Pârmentier,  dans  ses  Archives  de  Nevers  (t.  H,  p.  328-329', 
raconte  ainsi  Phistoire  de  la  translation  de  ce  cœur  de  Paris  à 
Nevers,  diaprés  le  Mercure  d'octobre  1707.  Nous  ignorons  ce  qu'il 
est  devenu  depuis  1792: 

«  Le  cœur  de  Mgr  Philippe-Jules  Mancini-Mazarini  a  été  apporté 
de  Paris  à  Nevers;  par  le  sieur  abbé  Le  Bourgoing  de  Sichamps, 
prêtre,  natif  de  Nevers,  et  petit-neveu  du  fameux  père  Bourgoing, 
général  de  rOratoirc.  Il  fut  déposé  à  son  arrivée  dans  le  monastère 
des  PP.  Minimes,  d'où  le  vendredi  26  août,  à  dix  heures  du  soir, 
l'abbé  Le  Bourgoing  alla  le  reprendre  dans  un  carrosse  à  six  chevaux, 
accompagné  du  président  de  la  Chambre  des  comptes  de  Nevers ,  et 
précédé  des  chevaliers  de  la  compagnie  de  Saint-Charles,  des  gardes, 
officiers,  pages  et  domestiques  de  la  maison  du  défunt,  tous  à  pied 
et  en  deuil.  D'autres  gardes  suivaient  le  carrosse,  et  leurs  officiers 
étaient  aux  portières.  Plusieurs  autres  carrosses  venaient  ensuite,  et 
tout  le  cortège  était  éclairé  par  un  grand  nombre  de  flambeaux.  Le 
cœur  fut  porté  à  Saint-Cyr,  où  Mgr  TEvéque  le  reçut  à  la  tête  de  son 
Chapitre.  L'abbé  Le  Bourgoing  fit  un  compliment  auquel  le  prélat 
répondit.  On' entra  ensuite  dans  l'église,  qui  était  tendue  de  noir, 
puis  au  chœur,  qui  l'était  du  haut  en  bas.  Le  lieu  où  l'on  mît  le 
cœur  du  défunt  était  entouré  de  chandeliers  d'argent,  garnis  de 
cierges.  Le  maître- autel  et  tout  le  pourtour  du  chœur  étaient 
illuminés  de  cierges  de  trois  livres  chacun.  Le  lendemain ,  la  messe 
fut  célébrée  pontificalement  et  chantée  en  musique,  avec  oraison 
funèbre.  » 

(3)  Voici  encore  la  rubrique  du  Missale  Nivernense  de  1738.  {Ritus 
in  missa  servandus^  caput  V): 

«  In  Dominicis,  in  Duplicibus  et  supra,  cantato  Et  homo  foetus  est. 


—  271  — 

27-  Trois  livres  de  pasUon,  nx^îés. 

28.  Une  fonuine  et  la  cuveitte  en  jcuiyre  rpugp. 

29.  Quatre  tableaux  et  une  petiote  gliape. 

30.  Trois  petits  cadres  poqr  l6$  prêtre  ^  fji.acrf  et  ^ous- 
diacre. 

3i.  Une  boite  de  fer-blaqc  pour  mettre  le  pain  4^9Utel. 

32.  Deux  pelottes,  deux  cadres  pour  se  préparer  4  1#  ta^s^ 
et  pour  l'action  de  grâces. 

33.  Deu:;^  flambeaux  pour  seryir  à  Télévation. 

Ornements. 

34.  Ornement  à  galon  d^or  fond  damas  blanc,  orné  de 
fleurs  or  et  soie ,  composé  de  cinq  chapes ,  chasuble , 
dalmatiques,  étoles,  manipules,  voile  et  bourse  (i). 

35.  Ornement  de  sept  chapes  en  damas  blanc  à  galon 
d^or,  broché  en  or  et  soie,  la  chasuble,  les  dalmatiques, 
étoles ,  manipules,  voiles  et  bourse  (2}. 

subdiaconus  (quem  thuriferarius  cum  thuribulo  et  duo  ceroferarii 
prscedunt)  defert  codicem  Evangelii  clausum  osculandum  D.  Cantori 
et  chori  custodibus,  deinde  ceteris  de  choro...  et  cuilibet  dicit,  kcec 
sunt  verba  sancta;  cui  quisque  respondet,  Corde  credo,  et  ore 
eonfiteoT, 

(i)  Un  statut  qui  était  nouvellement  porté  lora  de  la  rédaction  du 
Livre  noir  du  chapitre,  au  commencement  du  quatorzième  siècle, 
obligeait  tout  nouveau  chanoine  à  donner  une  bonne  chape  de  soie, 
unam  cappam  de  serico  bonam  de  la  valeur  de  10  livres  tournois,  ou 
à  payer  cette  somme,  à  la  charge  qu*elle  serait  employée  à  cet  unique 
usage,  decem  libras  ad  usum  capparum  tantummodo  convertendas. 

On  s'explique  ainsi  le  nombre  considérable  de  chapes,  plus  de 
soixante-dix,  indiquées  dans  Tinventaire,  et  Ton  comprend  cette 
rubrique  du  missel  nivernais  qui,  dans  les  processions  des  grandes 
solennités,  permettait  Tusage  de  la  chape  à  tous  ceux  du  choeur,  les 
seuls  enfants  exceptés  :  In  A  nnuaîibus  Solemnibus  mqjoribus,  Omnes 
de  choro  sunt  in  cappis  ad  processionem,  exceptis  pueris  chori,  qui 
semper  suni  in  albis, 

(2)  Précédemment,  dans  le  §  V,  n**  16,  zo,  21,  ^3,  24,  nous  avona 
mentionné  plusieurs  ornements  donnés  par  les  évêques  de  Nevers  à 
leur  cathédrale;  mais,  —  comme  dans  le  présent  inventaire,  ^  cm 


—  272  — 

36.  Ornement  de  damas  rouge  à  galon  d'or^  de  cinq 
chapes  parsemées  de  fleurs  en  or,  la  chasuble,  les  dalma- 
tiques,  étoles,  manipules ,  voile  et  bourse. 

37.  Une  chape  de  drap  d'or. 

38.  Une  chape  en  moire  d*or  brodée  sur  le  devant. 

39.  Une  chape  blanche  et  violette  brodée  des  deux  côtés, 
très-passée. 

40.  Une  magnifique  chasuble  relevée  en  bosse  d'or,  sur 
laquelle  est  représentée  la  croix  ;  les  deux  dalmatiques  sont 
différentes  avec  les  étoles  et  manipules. 

41.  Cinq  chapes  violettes  or  et  soie,  parsemées  de  fleurs 
d'or;  une  chasuble,  les  dalmatiques,  manipules,  étoles, 
voile  et  bourse. 

42.  Une  chasuble  violette  et  rouge,  brodée  des  deux  côtés, 
une  étole,  un  manipule,  la  bourse  et  le  voile. 

43.  Quatre  chapes  de  damas  blanc  à  fleurs  en  soie,  or  (roi 
en  or,  sans  chasuble,  dalmatiques,  etc. 

mentions  ne  sont  accompagnées  d^aucune  description;  c'est  là 
pourtant  ce  qui  offrait  le  principal  mérite.  Aussi,  pensons-nous 
qu'on  lira  avec  intérêt  Textrait  suivant  du  testament  de  «  feu  maistre 
Jehan  d'Estampes,  évesque  de  Nevers  >,  décédé  le  24  décembre  1461. 

Ledit  testateur  ordonne  qu'il  lui  soit  fait  un  anniversaire  solennel 
et  perpétuel  en  l'église  Saint-Cyr  de  Nevers  le  lendemain  de  Sainte- 
Catherine,  et  pour  ce  faire  a  il  donne  à  Messeigneurs  du  Chapitre  et 
à  Tesglise  ses  vestemens  blantz  estans  en  lad.  esglise.  C'est  assavoir 
chasuible,  tunicque  et  dalmaticque  avecques  deux  chappes. 

9  Item  deux  au I très  chappes  de  veloux  sur  veloux  brochés  d'or  à 
tristes. 

■  Item  deux  aultres  chappes  de  drap  d'or  à  rosetes  ausquelles 
naguères  a  fait  mettre  orfiraiz  neufz  |aux  armes  et  devist  du  roy  et 
les  siennes  semées  parmy. 

>  Item  deux  aultres  chappes  de  satin  vermeil  figurées  d'or  où  sont 
les  armes  et  devist  de  feu  Monseigneur  de  Berry  et  celles  dudit 
testateur. 

■  ...  Item  donne  à  ladite  esglise  pour  mettre  en  la  lihrarye  ung 
livre  de  vita  Christi  qu'il  a  naguères  fait  faire...  1»  {Recueil  de 
documents  nivemais  manuscrits,  collection  de  M.  le  comte  G.  de 
Soultrait.) 


—  273  — 

44-  Quatre  chapes  de  damas  rouge  à  galon  d'or,  orfroi 
parsemé  d^or,  chasuble,  dalmatiques,  étoles,  manipules^ 
bourse  et  voile  difTérents. 

45.  Cinq  chapes  blanches  à  galon  faux ,  dont  trois  parse- 
mées de  fleurs  bleues ,  les  orfrois  en  soie  et  quelques  fleurs 
en  or;  les  deux  autres  brochées  en  fleurs  de  soie. 

46.  Trois  chapes  vertes  à  galon  faux,  orfrois  roses 
parsemés  de  fleurs  en  soie  de  toutes  couleurs,  chasuble, 
dalmatiques,  étoles,  manipules,  bourse  et  voile. 

47.  Trois  chapes  violettes  en  damas  à  galon  faux,  orfrois 
en  fleurs  de  toutes  couleurs,  chasuble,  dalmatiques,  etc. 

48.  Quatre  chapes  blanches  de  velours  d^Utrecht  à  galon 
faux,  orfrois  en  fleurs  de  soie  de  toutes  couleurs,  cha- 
suble^ etc. 

49.  Quatre  chapes  blanches  à  galon  d^argent ,  orfrois 
bleus  à  fleurs  argent  et  soie,  chasuble,  etc. 

50.  Quatre  chapes  violettes  de  velours  d^Utrecht  à  galons 
faux,  orfrois  relevés  en  fleurs  jaunes,  chasuble,  etc. 

51.  Quatre  chapes  de  dsimsis  rouge  k  galon /aux ^  orfrois 
en  fleurs  de  toutes  couleurs,  dalmatiques,  chasuble,  etc., 
qui  seront  avec  les  chapes  de  damas  rouge  à  galon  d'or. 
(No  44.) 

52.  Six  chapes  noires  :  trois  à  galons  de  soie,  très-mau- 
vaises, les  trois  autres  à  galon  faux,  leurs  chasuble,  dalma- 
tiques, etc. 

53.  Une  chasuble  de  velours  noir,  à  petit  galon  d^argent , 
la  croix  en  moire  d'argent,  l'étole,  le  manipule  et  voile 
brodé  en  argent,  sans  bourse. 

54.  Deux  chapes  seules  de  damas  blanc  à  galon  de  soie 
jaune,  orfrois  rouges  à  fleurs  en  soie. 

55.  Deux  chapes  violettes  en  velours  de  coton  et  à  galon 
de  soie,  qui  ne  servent  plus. 

56.  Petit  dais  de  drap  d'or  à  frange  d'or. 

57.  Un  ornement  de  velours  cramoisi  parsemé  de  fleurs 
de  lys  en  or,  pour  garnir  le  brancard  lorsqu'il  faut  porter  le 
Saint-Sacrement  ou  saint  Cyr. 

T.  m,  3*  série,  35 


—  274  — 

58.  Deux  draps  mortuaires  :  un  parsemé  de  larmes  d'ar- 
gent, l'autre  très-grand  et  très-mauvais,  aux  armes  du 
ci-devant  chapitre,  lesquels  ont  été  enlevés  depuis  la  mort 
de  M.  Sion ville. 

59.  Un  carreau  de  vieux  velours  noir  parsemé  de  larmes 
d'argent. 

60.  Un  vieux  tapis  violet  avec  son  carreau  et  un  petit 
tabouret  pour  garnir  le  siège  épiscopal. 

61.  Deux  tapis  rouges  en  velours  d'Utrecht,  pour  l'autel. 

62.  Quatre  housses  de  cadis  noir  pour  les  banquettes  du 
chœur. 

63.  Un  dais  en  drap  d'or,  quatre  rubans ,  les  aigrettes  et 
les  quatre  bâtons  garnis  de  velours  cramoisi  entourés  d'un 
galon  d'or  avec  le  plafond  (i). 

64.  Huit  chasubles  en  moire  d^argent ,  la  croix  en  moire 
d^or,  garnies  de  dentelles  d'or  avec  leurs  étoles  et  manipules 


(i)  Parmentier  {Inventaire  historique  des  archives  de  Nevers,  t.  !•', 
p.  293J  dit  à  ce  sujet  : 

«  De  tout  temps  c^est  la  ville  qui  fournit  le  dais  pour  la  processsîon 
générale  de  la  Fête-Dieu.  Celui  dont  on  se  sert  aujourd'hui  (c*est-à-dire 
vers  1770)  est  fort  ancien,  et  je  ne  doute  pas  qu'il  ne  soit  encore  le 
même  que  celui  dont  il  est  parlé  dans  le  troisième  compte  de  Droîn 
de  La  Marche,  de  l'année  i5i2;  du  moins  la  broderie  d'or  et  le 
caractère  de  l'écriture  qui  se  lit  dans  l'intérieur  des  soupentes  font-ils 
présumer  qu'ils  pourraient  être  de  ce  temps-là.  Les  mots  sont  :  Corpus 
Christif  salva  nos;  et  je  ne  connais  personne  qui  s'en  soit  encore 
aperçu.  > 

A  la  joyeuse  entrée  de  la  comtesse  de  Nevers  Marie  d^Abret  dans 
sa  bonne  ville,  en  1458,  les  coutres  de  Saint-Cyr  avaient  prêté  le 
drap  d'or  «  à  faire  pesle  »  (poêle,  dais)  pour  mettre  sur  madite 
dame;  il  leur  fut  alloué  par  les  échevins  2  sols  6  deniers.  (Archives 
communales,  CC.  54.) 

Le  Livre  noir  (folio  3),  dans  la  formule  de  serment  des  nouveaux 
custodes  et  marguilliers  de  la  cathédrale,  mentionnait  un  tapis  doré 
qu'ils  doivent  placer  sur  le  grand  pupitre  les  jours  où  il  y  a  sermon: 
c  Juratis  quod  quoties  fit  sermo  in  ecclesia,  in  signum  sermonis  ad 
altum  pulpitrum  pallium  deauratum  ponetis.  n 


—  275  - 

destinées  pour  porter  le   Saint-Sacrement,   le  jour  de  la 
Féie-Dieu  (  i  ). 

65.  Deux    corporaux    garnis    en    dentelle    pour    mettre 
dessous  le  Saint-Sacrement  le  jour  de  la  Fête-Dieu. 

66.  Un  «  pied  d'estal  >  en  bois,  pour  tenir  le  bâton  de  chantre. 

67.  Quatre  flambeaux  à  ressort  pour  le  jour  de  la  Fête-Dieu. 

68.  Un  chandelier  pascal  avec  son  ressort  et  son  piédestal 
en  bois  (2). 

(1)  Voici,  en  effet,  ce  que  marque  le  Diurnal  de  1789  pour  le  jour 
de  la  solennité  du  Très-Saint-Sacrement  à  la  procession  :  Defevtur 
SS,  Sacramentum  in  ostensorio  super  tensam  solide  fixo  quant  humeris 
suslinent  octo  canonici  aliematim  bini  et  bini  casulis  pretiosis  induti  ; 
baldachini  vittas  tenent  urbis  œdiîes. 

Les  quatre  échevins  tenaient  à  honneur  de  porter  le  dais  et  huit 
chanoines  soutenaient  sur  leurs  épaules  le  riche  brancard  sur  lequel 
était  fixé  Tostensoir. 

Nous  avons  fait  remarquer  dans  une  étude  précédente  sur  les 
Drames  liturgiques  dans  Péglise  de  Nevers  [Bulletin  de  la  Société 
nivernaise,  2*  série,  t.  VIII,  p.  49 O,  que  cette  pompe  dramatique  est 
absolument  contraire  aux  règles  liturgiques. 

L^ostensoir  doit  être  portatif  et  porté  par  le  célébrant,  comme  il  se 
pratique  dans  la  liturgie  romaine. 

(2)  Le  cierge  pascal,  figure  symbolique  de  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ  lui-même,  avait  anciennement  aux  yeux  mêmes  des  simples 
fidèles  une  importance  trop  méconnue  de  nos  jours.  Nous  avons  eu 
déjà  l'occasion  de  foire  connaître,  diaprés  les  notes  du  manuscrit  de 
Londres  provenant  de  la  cathédrale  de  Nevers  et  publiées  sous  le 
titre  d'' Annales  nivemenses  dans  les  Monumenta  Germaniœ  historica 
de  Pertz,  les  deux  inscriptions  en  grec  et  en  latin  qui  devaient  être 
placées  au  onzième  siècle  sur  le  cierge  de  notre  église.  (Bulletin  de  la 
Société  nivemaise,  Drames  liturgiques,  page  479,  t.  VIII.)  On  aime  à 
rappeler  ce  touchant  symbolisme  : 

Hoc  débet  scribi  in  Pascha,  in  cereo:  Fox .  Lux;  Zoé .  Vita.  C'est- 
à-dire:  Je  suis  la  lumière  et  la  vie. 

On  ne  sMtonnera  pas  dès-lors  du  poids  de  12  livres  que  devait  avoir 
le  cierge  pascal.  Le  Livre  noir  du  chapitre  le  spécifiait  ainsi  dans  les 
charges  du  sacriste: 

Item  tenetur  solvere  quolibet  anno ,  pro  cereo  paschali ,  duodecim 
libras  cerœ. 

L'oubli  des  règles  liturgiques  et  du  symbolisme  avait  fait  remplacer 


—  276  — 

69-  Trois  brancards  avec  leurs  garnitures ,  savoir:  celui 
de  saint  Victor,  saint  Siméon,  saint  Arigle,  et  celui  de  saint 
Cyr. 

à  la  cathédrale,  dès  le  siècle  dernier,  le  beau  cierge  de  cire  par  une 
souche  à  ressort  d'une  hauteur  démesurée,  qui  ne  pouvait  être 
allumée  qu'à  grand'peine. 

L'inventaire  de  l'église  Saint-Ârigle  de  Nevers,  dressé  le  21  mai  1791 
par  les  officiers  municipaux,  mentionnait  aussi  un  grand  cierge 
paschal  à  ressort  et  son  chandelier,  le  tout  de  la  hauteur  de  vingt 
pieds.  (Archives  communales  de  Nevers.) 

La  cathédrale  a  conservé  l'ancien  chandelier  pascal  en  bois  doré, 
à  pied  triangulaire;  il  mesure  un  mètre  soixante-cinq  centimètres  de 
hauteur.  L'écusson  des  Damas,  à  la  croix  de  gueules  ancrée  sur 
champ  d'or,  qui  s'y  retrouve  deux  fois  élégamment  sculpté  et  sur- 
monté de  la  crosse  et  de  la  mitre  des  abbés,  rappelle  tout  naturelle- 
ment le  souvenir  du  donateur,  M.  de  Damas,  grand-chantre,  puis 
doyen  du  chapitre,  en  même  temps  abbé  de  Saint-Léon  jusqu'en  1786 
et  abbé  d'Elau  jusqu'à  la  Révolution. 

Nous  avons  déjà,  plusieurs  fois,  à  propos  du  candélabre  et  du 
cierge  pascal,  parlé  des  charges  du  sacriste  de  la  cathédrale  à  l'endroit 
du  luminaire.  Il  est  intéressant  d'ajouter  encore  plusieurs  textes 
curieux,  extraits  du  Livre  noir,  sur  le  même  sujet  : 

o  Item  tenetur  dictus  sacrista  fiacere  et  sustinere  unum  cereum 
ardentem  die,  noctuque,  ante  magnum  altare  pro  quo  expendit 
quolibet  hebdomada  très  libras  cers  et  aliquando  plus,  et  débet  esse 
de  cera  nova. 

•  Item  solvere  unam  candelam  semper  ardentem  in  quodam 
stillicido  prope  magnum  altare. 

))  Item  tenetur  tradere  candelas  pro  matutinis  communibus;  in 
solemnitatibus  tamen  curatus  tradere  débet  medietatem. 

»  Item  tenetur  ministrare  duos  cereos  qui  portantur  per  pueros 
ante  presbiterum  officium  divinum  facientem. 

»  Item  débet  in  Purificatione  B.  M.  Virginis  distribuere  cereos  ccrti 
ponderis  canonicis  et  ministris  dictae  ecclesise  :  communiter  hoc 
potest  fieri  pro  novem  libris  cerae. 

»  Item  est  de  antiqua  consuetudine  in  ecclesia  observatum  quod 
Episcopus,  Thesaurarius  et  sacrista  debent  quilibet  eorum  unum 
cereum  de  una  libra  cerœ,  nocte,  dieque,  per  totum  annum  ardentem, 
ratione  denariorum  beati  Cyrici  ;  necnon  et  unam  candelam  etiam 
per  totum  annum  nocte  et  die  ardentem  ante  majus  altare  quam  débet 
idem  sacrista.  »  {Livre  noir,  folio  21.) 


J 


—  277  - 

70.  Un  drap  mortuaire  de  cadis  noir  tout  neuf ,  la  croix 
de  cadis  blanc. 

71.  Une  niche  avec  trois  aigrettes  pour  exposer  le  Saint- 
Sacrement. 

72.  Six  grands  cierges  à  ressort  avec  ceux  des  lampes  pour 
les  grandes  fêtes ,  etc. 

73.  Deux  chandeliers  de  bois  doré  à  cinq  blanches. 

74.  Deux  bougeoirs  argentés  pour  Y  aigle  (i). 

75.  Une  boîte  pour  mettre  l'encens. 

•jS.  Deux  mitres  violettes:  une  brodée  en  argent,  l'autre 
bordée  d'un  petit  galon  d'or.  —  11  y  avait  à  l'évéché  une  crosse 
d^argent  doré  et  deux  mitres  qui  ont  été  prêtées  à  M.  Tollet, 
évéque  du  département.  Les  mitres  et  la  crosse  ont  leur 
étui  (2). 

(i)  Dans  le  {  V,  n*  12,  on  a  vu  mentionné  Taigle  de  cuivre  du 
pupitre. 

{1)  On  lit  dans  le  Registre  des  arrêtés  du  Directoire  du  département 
de  la  Nièvre,  à  la  date  du  18  mars  1 791,  au  tnatin: 

«  M.  Tollet ,  nouvellement  élu  évéque  de  ce  département ,  a  repré- 
senté au  Directoire  qu'ayant  reçu  ce  matin  la  confirmation  canonique 
de  M.  Laurent,  évéque  du  département  de  TAUier,  il  se  disposait  à 
partir  pour  la  capitale  afin  de  se  faire  sacrer;  que,  comme  il  lui  faut 
pour  cette  cérémonie  des  mitres,  une  crosse  et  un  Pontifical,  il 
demandait  que  le  Directoire  ordonnât  provisoirement  la  levée  des 
scellés  apposés  le  1 1  décembre  dernier  sur  le  trésor  de  la  cathédrale 
de  cette  ville,  où  sont  déposés  les  divers  ornements  à  Tusage  des 
évéques  de  ce  diocèse,  afin  d'en  extraire  les  mitres,  crosse  et  Pontifical 
ci-dessus,  à  la  charge  de  les  réintégrer  à  son  retour  dans  ledit  trésor, 
s^îl  est  nécessaire.  La  matière  mise  en  délibération,  les  administra- 
teurs, considérant  qu^il  n^y  a  pas  d^nconvénient  à  faire  extraire  du 
trésor  de  cette  cathédrale  lesdits  objets,  arrêtent  que  demain,  à  dix 
heures  du  matin,  il  sera  procédé  à  la  reconnaissance  et  levée  des 
scellés...  > 

La  crosse,  remise  à  M.  Tollet,  est  demeurée  depuis  dans  sa  famille; 
nous  Pavons  vue  à  Nevers  chez  M.  Lucien  Gueneau. 

Elle  est  assez  bien  conservée  et  ressemble  à  la  plupart  des  crosses 
du  treizième  siècle.  La  volute  est  formée  par  un  serpent  enroulé 
tout  revêtu  de  belles  écailles  d'azur;  un  personnage  debout  le  foulait 


—  28o  — 

—  une  croix  de  main,  ^  quatre  chandeliers  d'acolytes,  — 
huit  flambeaux  de  table  pour  les  messes  en  hiver,  -—  deux 
encensoirs  et  une  navette,  «-  quatre  bénitiers,  dont  deux  ne 
sont  pas  argentés. 

Ornements  à  Saint*  Victor. 

98.  Un  ornement  composé  de  trois  chapes,  deux  tuniques, 
une  chasuble  fond  blanc  et  rouge,  galon  d'argent. 

99.  Trois  chapes  violettes  et  trois  vertes. 

100.  Cinq  chasubles,  dont  une  blanche,  une  rouge,  une 
verte,  une  violette,  une  noire. 

loi.  Un  dais,  un  graduel,  un  psautier,  un  antiphonaire, 
deux  missels. 

c  Je  soussigné,  vicaire  épiscopal,  reconnais  que  tous  les 
effets  énoncés  dans  le  présent  inventaire  sont  dans  ma 
possession,  ensemble  ceux  de  Saint-Victor,  et  déclare  me 
charger  de  les  représenter  aux  premières  réquisitions.  A 
Nevers,  le  huit  décembre  mil  sept  cent  quatre-vingt-douze. 

—  GoussoT,  vie.  > 

102.  Bien  d'autres  objets  précieux,  provenant  des  églises 
paroissiales  ou  des  communautés,  avaient  été  portés  au  trésor 
de  Saint-Cyr.  Les  inventaires  dressés  par  les  commissaires 
du  district  signalent,  en  particulier,  un  reliquaire  en  forme 
de  croix,  renfermant  des  reliques  de  saint  Arigle,  provenant 
de  la  ci-devant  paroisse  Saint- Arigle ,  qui  était  très-riche;  et 
plusieurs  croix  d^argent,  Tune  dorée  et  ornée  de  quatre 
pierres  bleues ,  une  autre  aussi  d'argent  ayant  un  Christ , 
d'un  côté,  et  saint  Vincent,  de  l'autre. 

io3.  Dans  presque  toutes  les  églises  se  trouvaient  deux 
grands  plats  ou  bassins  de  cuivre,  Tun  servant  aux  fonts 
baptismaux,  pour  recevoir  Teau  des  baptêmes,  l'autre  à 
distribuer  le  pain  bénit. 

104.  De  même,  dans  toutes  les  églises  il  y  avait  des  croix 
à  main  d'argent,  quelquefois  en  vermeil;  ainsi  à  Saint- 
Martin.   Dans  cette  dernière  église,  qui  était  aussi  très- 


—    28l    — 

richement  décorée^  les  commissaires  notent  deux  paix 
d'argent,  un  bâton  de  chantre  couvert  d^argent,  deux  lampes 
d^argent,  deux  reliquaires  envoyés  à  Saint-Cyr;  huit  pièces 
de  tapisserie  dans  le  chœur,  représentant  la  vie  de  saint 
Martin ,  une  niche  fond  rose  urgent  et  le  chapeau  en  soie 
fond  or,  garnie  de  frange  en  or,  avec  ses  quatre  aigrettes  en 
émail,  ce  qui  nous  rappelle  une  de  nos  vieilles  industries 
nivernaises,  etc. 

Terminons  donc  en  exprimant,  encore  une  fois,  le  regret 
de  n'avoir  pu  retrouver  qu'un  si  petit  nombre  d'objets  ayant 
appartenu  à  notre  beau  trésor  de  Saint-Cyr;  mais  on  ne 
saurait  s'en  étonner  dans  une  cité  qui  eut  pour  proconsul 
le  trop  célèbre  Fouché,  de  sinistre  mémoire. 

Le  29  vendémiaire  (20  octobre  1793),  il  envoyait  une 
députation  déposer  au  tribunal  révolutionnaire  de  Paris 
1,091  marcs  en  or  et  en  argent,  provenant,  disait-il,  de  la 
dépouille  des  églises  et  des  offrandes  patriotiques  des 
citoyens. 

Le  21  brumaire  (i  i  novembre),  les  députés  de  la  Nièvre 
apportaient  à  la  Convention  pour  un  million  d'ornements 
d'église  et  900,000  livres  en  numéraire,  échangé  contre  des 
assignats. 

Et,  en  quittant  Ne  vers,  le  même  Fouché  écrivait  encore  à 
la  Convention  :  €  Les  offrandes  continuent  d'abonder  à 
Nevers  sur  l'autel  de  la  Patrie;  je  vous  fais  passer  un 
quatrième  envoi  d'or  et  d'argent,  qui  s'élève  à  plusieurs 
millions  (i).  n 

L'abbé  BOUTILLIER. 

Erratum.  —  A  la  3«  ligne  de  la  note  4  de  la  page  234,  le  lecteur  ne 
manquera  pas  de  remplacer  le  mot  accessoires  par  encensoirs,  tra- 
duction de  turribulos. 

(1)  Moniteur  universel  du  8  novembre  1793. 


T.  m,  3«  série.  36 


—  282*  — 


DES 


ANCIENNES  CORPORATIONS  OUVRIÈRES 


DE    NEVERS. 


Notre  érudit  vice-président  nous  a  demandé  de  présenter 
à  la  Société  une  notice  sur  les  anciennes  corporations 
ouvrières  de  Nevers ,  dont  il  ne  peut  se  charger  lui-même, 
en  raison  du  repos  qu'exige  l'état  accidentel  de  sa  santé. 
Nul  ne  pouvait  traiter  ce  sujet  avec  plus  de  supériorité  que 
lui,  et  c'eût  été  une  bonne  fortune  pour  tous  de  voir  sortir  de 
sa  plume  l'étude  vivante,  colorée,  approfondie,  des  arts  et 
métiers  à  Nevers  avant  1789. 

L'espoir  que  la  Société  ne  nous  refuserait  pas  son  indul- 
gence et  voudrait  bien  oublier  quel  auteur  aurait  dû 
attacher  son  nom  aux  recherches  dont  nous  présentons  ici 
la  modeste  esquisse ,  cet  espoir  seul  a  pu  nous  déterminer  à 
ne  pas  résister  aux  prières  d^n  ami. 

Nevers  était  au  nombre  des  villes  en  jurande,  c'est-à-dire 
où  il  y  avait  apprentissage  et  maîtrise  dans  les  corps  d'état 
des  arts  et  métiers. 

C^était  Torganisation  légale  du  travail  au  dernier  siècle 
encore:  la  grande  industrie,  bien  que  datant  de  Louis  XI , 
n'était  pas  à  beaucoup  près  ce  qu'elle  est  aujourd'hui.  Mais 
cette  organisation  ne  s^appliquait  pas,  loin  de  là,  à  tous  les 
villages,  bourgs  ou  villes  du  royaume  (nous  l'avons  établi 
ailleurs)  (i),  et  dans  un  grand  nombre  de  villes,  du  reste, 
tous  les  métiers  n'étaient  pas  jurés.  Citait  le  cas  de  Nevers. 


(0  Unions  de  la  paix  sociale  dans  le  Eerry,  le  Bourbonnais  et  le 
Nivernais,  fascicule  de  1887. 


—  283  — 

On  y  voit  les  orfèvres  établis  en  141 9  (i)  et  pourtant 
ÏAlmanach  des  monnoies  de  1787  (2)  nous  apprend  que 
leur  communauté  fut  érigée  seulement  en  1757. 

Le  régime  des  jurandes  remonte  dans  notre  cité  à  une 
haute  antiquité.  Dès  le  quatorzième  siècle,  la  boucherie  est 
qualifiée  dt  jurée  (3)  ;  il  est  vraisemblable  que  ce  n^était  pas 
là  une  exception. 

Les  copies  prises  par  M.  le  Curé  de  Coulanges  des  contrats 
d^apprentissage  et  des  procès  -  verbaux  de  réception  à  la 
maîtrise ,  copies  qu'il  a  bien  voulu  nous  communiquer  (4) , 
permettent,  à  défaut  des  statuts  que  nous  n*avons  pas ^  de 
reconstituer  les  traits  principaux  de  la  physionomie  des 
anciennes  corporations  ouvrières  de  Nevers. 

Constatons  d^abord  l'existence  de  la  confrérie,  forme 
religieuse  de  Tassociation  professionnelle.  Indépendamment 
des  confréries  de  piété ,  les  métiers  avaient  la  leur  :  —  saint 
Côme  et  saint  Damien,  pour  les  chirurgiens^  à  Saint- Arigle  ; 
—  saint  Jacques  et  saint  Christophe ,  pour  tous  les  artisans 
porteurs  à  col,  à  Saint-Victor;  —  saint  Claude,  dans  la 
même  paroisse,  érigée  sur  la  demande  de  Claude  Bédot, 
taillandier,  de  Claude  Jean,  boulanger  et  pâtissier,  et  de 
plusieurs  autres  boulangers;  —  saint  Pierre-ès- Liens ,  pour 
les  serruriers,  en  l'église  Saint-Pierre;  —  sainte  Anne,  pour 
les  tonneliers  et  menuisiers,  en  la  même  église  (5)  ;  —  saint 
Simon  et  saint  Jude,  pour  les  corroyeurs  (6). 

La  confrérie  se  présente  à  nous  avec  les  caractères  observés 
partout.  Elle  est  l'âme  du  métier  ;  les  membres  des  cor- 
porations  versent    une    cotisation    pour   subvenir    à   ses 

(i)  Boutillier,  InvenU  som.  des  arch.  com.,  CC.  23. 

(2)  Page  169. 

(3)  Boutillier,  Inveni»  som>  des  arch»  com,,  HH.  5. 

(4)  Nous  les  citons  sous  la  rubrique  des  minutes  du  notaire  qui 
avait  reçu  les  actes. 

(5)  Boutillier,  Arch,  par,  de  Nevers,  p.  329,  285,  209  et  206. 

(6)  Parmentier,  Arch.  de  Nevers,  I.  295.   —  Boutillier,  Jnvent. 
som,  des  arch,  com,,  BB.  26. 


/ 


—  284  — 

dépenses  (i);  ils  apportent  la  plus  grande  sollicitude  à 
embellir  leur  chapelle.  En  i685,  l'autel  de  la  confrérie 
de  Sainte-Anne,  en  Téglise  de  Saint- Pierrc-ès- Liens,  est 
ornée  de  nouveaux  parements  par  les  soins  des  maîtres 
tonneliers  (2).  Les  métiers  sont  jaloux  de  porter  les  insignes 
de  la  confrérie  à  la  procession  de  la  Fête-Dieu.  Dans  ce  but 
les  corroyeurs  a  ont  fait  faire  un  bâton  où  est  placé  la  figure 
des  SS.  Simon  et  Jude  et  une  enseigne  blanche  et  bleue  avec 
deux  torches  »,  et  ils  supplient  Mgr  TEvêque  de  leur 
permettre  de  porter  le  tout  à  ladite  procession  «  comme  font 
les  maîtres  des  autres  métiers»,  et  d'y  c  tenir  le  rang  qui  leur 
sera  ordonné  (3)  ». 

La  confrérie  exerçait  une  action  moralisatrice  sur  les 
membres  de  tous  les  métiers ,  par  suite  de  la  confraternité 
naturelle  qui  règne  entre  gens  de  même  situation  sociale,  et 
il  n^y  a  pas  lieu  d^étre  surpris  de  voir  Christophe  de  Rossel, 
apprenti  orfèvre,  âgé  de  dix-sept  ans,  mourir  religieuse- 
ment parce  qu'il  se  confessait  fort  souvent  (4).  L'instruction 
laïque,  gratuite  et  obligatoire,  ne  nous  a  pas  encore  amené  là. 

La  famille  professionnelle  se  composait  du  maître,  du 
compagnon  et  de  Tapprenti.  Parlons  d'abord  de  celui-ci  et 
voyons  la  nature  des  relations  qui  s'établissaient  entre  lui  et 
le  patron  : 

—  Noble  homme  Diedes,  maître  émailleur,  promet  de 
prendre  Etienne  Faulquier  comme  apprenti  durant  six  ans, 
«  plus  le  nourrir,  loger  et  habiller  d'habits  honnestes  selon 
son  état  (5)  ». 

—  Clerc,  maître  boulanger,  s'engage  à  «  tenir  en  sa 
maison  »  son  apprenti  Martin  Gaudet,  c  le  nourrir,  coucher 
et  exercer  pendant  deux  ans  (6)  ». 

(i)  Minutes  Taillandier,  27  avril  et  12  mai  1679, 

(2)  Boutillier,  Arch.  par,  de  Nevers,  p.  206. 

(3)  Parmentier,  Ouv.  cit.,  I,  p.  293. 

(4)  Boutillier,  Arch»  par,,  p.  67. 

(5)  Minutes  Brisson,  3  juin  1596. 

(6)  Minutes  Casset,  27  août  i655. 


ï 


—  285  — 

—  Pierre  Jermeau,  maître  charron,  prend  c  en  sa 
maison  >,  pendant  trois  ans  pour  apprenti,  Etienne  Pluvost, 
et  s'engage  à  lui  «  enseigner  l'art  et  mestier  de  charron  et  à 
le  nourrir,  loger  et  blanchir  (i}  ». 

—  Honorable  homme  Jean  Petit,  marchand  poeslier  et 
chauderonnier,  c  s^oblige  à  nourrir,  loger,  chau£fer  et  blanchir 
en  sa  maison  »  Sébastien  Lesort,  son  apprenti  (2). 

—  Charles  Carimentrand,  chaudronnier,  prend  pour 
apprenti  René  Randon  et  promet  le  loger,  nourrir  et  faire 
blanchir  pendant  ses  cinq  années  d^apprentissage  (3). 

—  Dame  Hélène  Gauclair,  maîtresse  couturière,  prend 
pour  apprentie  Marie  Tixier  et  s'engage,  pour  trois  ans,  à 
la  nourrir  à  sa  table,  la  coucher,  blanchir,  luy  apprendre  à 
lire  et  à  écrire  et  enseigner  la  couture  (4}. 

—  Jacques  Guillaumin ,  maître  cuisinier,  s'engage  envers 
messire  Pierre  de  Jaucourt,  chevalier,  seigneur,  baron 
Despeuilles,  Hubon,  Brinon-les- Allemands,  à  prendre  pour 
apprenti  Hugues  Chevon,  serviteur  dudit  sieur  Despeuilles, 
et  à  le  nourrir,  loger  et  blanchir,  à  ce  titre  pendant  dix-huit 
mois ,  et  ledit  Chevon  est  tenu  de  loger  chez  son  patron  (5). 

—  Michel  Dumont,  marchand,  maître  faïencier,  prend 
en  sa  maison  Etienne  Martin  pour  apprenti,  et  sVngage  à  le 
nourrir,  loger  et  faire  blanchir  pendant  la  durée  de  son 
apprentissage,  fixé  à  quatre  années  (6). 

—  Dhéré,  marchand,  prend  en  apprentissage  pendant  trois 
ans  Jean  Mouillefer,  fils  d'un  notaire  de  Saint- Péreuze , 
pour  lui  apprendre  à  vendre  et  débiter  les  marchandises  dont 
il  fait  commerce,  et  sera  tenu  de  le  nourrir,  coucher, 
blanchir  et  chausser  (7). 

(i)  Minutes  Taillandier,  tome  III,  19  août  i68a. 

(2)  Minutes  Taillandier,  12  mai  1679. 

(3}  Minutes  Taillandier,  21  décembre  1699. 

(4)  Minutes  Taillandier,  18  octobre  1680. 

(5)  Minutes  Taillandier,  3o  décembre  i653. 

(6)  Minutes  Taillandier,  tome  LU,  5  mai  1684. 

(7)  Minutes  Taillandier,  28  mai  1672. 


-*  a86  — 

^  Nicolas  Bourgoing  prend  Pierre  Clerc  pour  apprenti 
pendant  deux  ans ,  et  s'engage  à  lui  montrer  c  Testât  et 
mestier  de  mégissier,  esgalletier  et  boursier,  et  pendant  ce 
temps  à  le  coucher,  lever,  blanchir  et  nourrir,  selon  sa 
qualité  (i)  >. 

—  Qaude  Chevalier,  menuisier,  prend  le  jeune  Lhermitte 
pour  apprenti  pour  quatre  années,  et  stipule  qu^il  le  nourrira, 
couchera  et  blanchira  (2). 

—  Claude  Bertault,  savetier,  prend  pour  apprenti  pendant 
deux  années  Jehan  Rat,  et  sbblige  pendant  ce  temps  à  le 
nourrir,  coucher  et  lever  (3). 

—  Léger  Simonneaut,  maître  sellier,  s'engage  envers 
Mgr  de  Chéry,  évéque  de  Nevers,  à  prendre  pour  apprenti 
pendant  deux  années  François  de  Marienne,  domestique  du 
prélat,  et  pendant  ce  temps  à  (  le  nourrir,  coucher  et 
reblanchir,  selon  sa  qualité  (4)  >. 

—  Même  contrat,  au  profit  du  jeune  Juste,  passé  entre 
messire  Paul-Louis  de  Rumigny  et  Pierre  Bûché,  maistre 
sellier  (5). 

—  Guillaume  Thilloux,  maître  tailleur  de  pierre,  prend 
pour  apprenti  pendant  trois  années  le  nommé  Girard  et 
s^engage  tout  le  temps  à  «  luy  administrer  en  son  hostel 
lieu ,  feu  et  nourriture  (6)  >. 

De  tous  ces  exemples ,  il  résulte  que  Tapprenti  prend  place 
à  titre  de  fils  au  foyer  du  maître,  et  que  celui-ci  remplit  à 
son  égard  les  fonctions  de  père  en  même  temps  qu'il  lai 
enseigne  le  métier,  c'est-à-dire  qu'il  lui  donnait  Téducation 
morale  et  Tinstruction  technique. 

La  durée  de  l'apprentissage ,  dans  la  totalité  des  contrats 
que  nous  avons  eu  sous  les  yeux ,  varie  entre  dix-huit  mois , 

(1)  Minutes  Casset,  3o  mai  i635. 

(2}  Minutes  Taillandier,  27  avril  1679. 

(3)  Minutes  Casset,  i5  mars  i635. 

(4)  Minutes  Taillandier,  II,  47  (i656-i66o). 

(5)  Minutes  Taillandier,  LIV,  22  mai  169 1. 

(6)  Minutes  Taillandier,  XLIV,  4  août  i635. 


—  287  -^ 

deoi,  trois^  tjuatre)  cinq  et  six  annte;  toujoim  eonaécuthres 
et  continues. 

Dans  ces  mêmes  contrats  on  remarque  deux  fois  qu'il  osi 
dit  expressément  que  Tapprenti  paye  pour  le  droit  de 
chapelle  ou  de  la  cire  pour  la  confrayrie  [\),  Nous 
ferons  remarquer  que,  prévue  ou  non  dans  les  contrats 
d'apprentissage,  la  contribution  de  Papprenti  aux  dépenses 
de  la  confrérie  était  de  règle  dans  les  métiers  en  jurande,  par 
la  raison  que  l'apprenti  faisant  partie  de  la  confrérie  comme 
le  maître  et  le  compagnon  participait  aux  mêmes  charges 
qu^eux  pour  le  service  du  culte. 

L^apprenti  ne  gagnait  rien  de  fixe;  toutefois,  dans  le 
contrat  par  lequel  Dièdes ,  maître  émailleur,  prend  Faulquier 
pour  apprenti,  il  est  convenu  que  celui-ci  recevrei  la  dernière 
année,  c'est-à-dire  la  sixième,  un  écu  par  mois,  soit  douze 
écus  par  an  (2). 

L^obéissance  de  Tapprenti  vis-à-vis  du  patron  était  exigée 
panout;  on  en  rappelle  néanmoins  Tobligation  dans  nos 
contrats,  en  celqui  est  civil  et  honnête  {%  en  tout  ce  qui  lui 
sera  commandé  de  civil  et  honnête  ^4),  en  ce  qui  sera  de 
la  raison  (5],  en  ce  qui  sera  pour  le  bien  et  avantage  de  la 
profession  (6)  ;  toutes  formules  qui  rappellent  un  principe 
invariablement  en  vigueur. 

Les /olours  txjoliveteT^  de  Tapprenti,  ses  escapades  en  un 
mot,  que  le  bon  Etienne  Boileau  dans  le  Livre  des  mestiers 
regardait  d'un  œil  si  paternel,  se  produisaient  à  Nevers 
comme  à  Paris,  les  enfants  sont  les  mêmes  partout.  Aussi, 
quelques  contrats  obligent-ils  le  père  à  représenter  et 
réintégrer  (7)  Fenfant  pour  continuer  l'apprentissage  ;  mais 

• 

(i)  Minutes  Taillandier,  la  mai  1679  et  17  avril  même  année. 

(2)  Minutes  Brisson,  3  juin  iSgô. 

(3)  Minutes  Taillandier,  12  mai  1679. 

(4)  Minutes  Taillandier,  LU,  5  mai  1684. 

(5)  Minutes  Taillandier,  LIV,  18  mai  1692. 

(6)  Minutes  Taillandier,  22  mai  1691. 

(7}  Minutes  Taillandier,  27  avril  et  12  mai  1679;  LU,  5  mal  1684. 


—  288  — 

la  coutume  devait  suppléer  au  silence  des  engagements 
sur  ce  points  sans  cela  les  ateliers  se  seraient  désorga- 
nisés. 

Les  contrats  d'apprentissage  étaient  passés  devant  notaire, 
parfois  en  présence  de  témoins  (i),  et  moyennant  un  prix. 
Généralement,  ce  prix  était  payé  en  argent;  toutefois,  dans 
la  convention  aux  termes  de  laquelle  le  sieur  Gousin, 
chirurgien,  prend  pour  apprenti  Etienne  Berthault,  le  prix 
fixé  est  de  soixante  livres  tournois  et  deux  porcs  (2); 
ailleurs,  le  prix  convenu  est  de  trente-deux  boisseaux  de 
froment,  mesure  de  Nevers,  payable  par  semaine,  et  dans  le 
cas  oîi  le  maître  ne  se  contenterait  plus  du  blé ,  la  caution 
de  Fapprenti  est  tenue  de  payer  chaque  semaine  seize  sols 
par  boisseau  de  blé. 

Parfois  des  épingles  sont  ajoutées  au  prix  (3)  pour 
madame  la  femme  du  maître  (4J.  Enfin ,  lorsque  le  prix  est 
payé  d^avance,  on  prévoit  Téventualité  de  la  mort  de 
Tapprenti  pendant  l'apprentissage,  de  manière  à  ce  que 
fraction  du  prix  calculée  au  prorata  de  la  durée  effective 
de  l'apprentissage  soit  sujette  à  restitution  par  le  maître  (5). 

Du  moment  que  Papprentissage  n^était  pas  gratuit,  bien 
des  enfants  issus  de  familles  pauvres  se  seraient  trouvés  dans 
Pimpossibilité  de  suivre  la  carrière  des  arts  et  métiers.  Cette 
situation  inspira  en  leur  faveur  des  dispositions  charitables. 
En  1566,  Jean  Tenon,  bailli  de  Saint-Pierre-le-Moûtier, 
fils  de  Guillaume  Tenon ,  marchand  à  Nevers,  léguait  une 
somme  pour  la  construction  d^un  hôpital  joignant  le  collège... 
c  pour  y  estre  instruits  et  nourris  les  enfants  mâles  des 
pauvres  habitants  de  ladite  ville  et  fauxbourgs  de  Nevers  et 

(i)  Minutes  Taillandier,  XLIV,  25  mai   i638;  —  minutes  Casse(, 
i5  mars  i633. 

(2)  Minutes  Taillandier,  XLIV,  25  mai  i638. 

(3)  Minutes  Casset,  27  août  i655  ;  — >  minutes  Taillandier,  18  octobre 
1680. 

(4)  Minutes  Casset^  3o  mai  i635. 

(5)  Minutes  Taillandier,  18  octobre  1680;  —  XLIV,  4  août  i635. 


de  la  paroisse  de  Nanvigne ,  et  ce  à  la  formalité  de  rhôpiud 
de  la  Trinité,  à  Paris  (i).  > 

La  ville  étant  trop  obérée  pour  pouvoir  construire  à  neuf 
un  hôpital,  elle  convint  avec  les  héritiers  du  sieur  Tenon 
qu'une  maison  proche  Thôtel-Dieu,  appelée  la  maison  de 
Saint^Louis,  servirait  d'hôpital.  Mais  que  se  passait-il  donc 
dans  celui  de  la  Trinité,  à  Paris,  pour  qu'on  Timitât  à 
Nevers?  En  vertu  de  Tédit  de  Henri  II  de  juin  i554,  le^ 
enfants  pauvres  qui  y  étaient  admis  gagnaient  la  maîtrise  en 
y  travaillant  un  certain  nombre  d'années.  Différentes  villes^ 
Thiers  entre  autres ,  adoptèrent,  à  l'exemple  de  Paris,  les 
mêmes  dispositions  au  profit  des  enfants  pauvres  de  la  cité 
placés  dans  leur  hôpital.  Cest  à  cet  ordre  de  faits  pour 
Nevers  que  se  rapporte  le  passage  suivant  de  Parmentier  (2)  ; 

•  Selon  Tétat  actuel  des  choses ,  Phôtel-Dieu  est  obligé, 
moyennant  ces  406  livres  de  rente ,  de  faire  apprendre  tous 
les  ans  un  métier  à  trois  pauvres  enfants,  dont  deux  doivent 
être  de  la  ville  ou  des  faubourgs  de  Nevers,  et  le  troisième 
de  Nanvigne,  aujourd'hui  Menou,  à  la  nomination  des 
seigneur  ou  dame  du  lieu.  Outre  le  prix  de  l'apprentissage 
on  leur  fournit  à  chacun  une  chemise,  habit,  bas,  souliers 
et  chapeau  en  entrant  chez  le  maître  (3),  et  un  habit  complet 
lorsqu'ils  ont  fini  leur  temps. 

»  Ces  enfants  doivent  être  légitimes,  instruits  de  la 
religion  catholique,  âgés  de  quatorze  ans  et  véritablement 
pauvres... 

»  La  cérémonie  de  l'élection  des  trois  enfants  se  fait  tous 
les  ans,  le  jour  de  Saint-Louis,  à  trois  heures  après  midi, 

(1)  Parmentier,  Ouv.  citéjill.  p.  38. 

(2)  Ouv.  cité,  II,  p.  43. 

(3)  Ce  passage  indique  que  Tenfiant  travaillait  chez  un  maître  de  la 
ville.  Il  ne  pouvait  en  être  autrement,  puisque  trois  enfants  seulement 
chaque  année  entraient  en  apprentissage.  A  Paris ,  le  nombre  des 
enfanta  étant  très-considérable,  les  maîtres  qui  les  formaient  dans 
rhdpital  de  la  Trinité  y  résidaient. 

T.  111,  3*  série.  37 


—  290  — 

dans  Péglise  de  Saint-Didier,  en  présence  de  MM.  les  Maire 
et  Echevins.  Elle  commence  parle  Vent  Creator.  On  appelle 
ensuite  les  enfants  qui  ont  été  auparavant  convoqués  dans 
les  paroisses  de  la  ville.  On  fait  autant  de  billets  qu^il  y  a 
d^enfants,  parmi  lesquels  billets  il  y  en  a  deux  sur  lesquels 
sont  écrits  ces  mots  :  Dieu  fa  élu ,  et  sur  les  autres  :  Dieu  te 
console.  On  met  tous  les  billets  dans  un  chapeau  et  les 
enfants  tirent  Pun  après  Pautre,  puis  on  chante  le  TeDeum. 
Après  quoi  on  lit  l'acte  de  nomination  du  troisième 
enfant,  taite  par  le  seigneur  ou  la  dame  du  marquisat  de 
Menou. 

»  On  conçoit  que  ces  enfants  ont  reçu  le  nom  d'Enfants 
de  saint  Louis,  ou  du  jour  de  la  cérémonie  de  leur  élection 
ou  de  ce  que  la  maison  de  Saint-Louis  était  destinée  pour 
rhabitation  de  ceux  qu'ils  représentent.  On  les  appelle  aussi 
enfants  de  la  Trinité,  ou  parce  que  leur  premier  établisse- 
ment devait  être  conforme  â' celui  de  Phôpital  de  la  Trinité, 
à  Paris,  ou  parce  qu'on  doit  les  habiller  de  bleu  en  les 
mettant  en  apprentissage.  » 

L'élection  se  fit  pour  la  dernière  fois  en  1790  (i). 

On  trouvera  peut-être  que  nous  nous  sommes  étendu 
longuement  sur  ce  qui  concerne  l'apprenti  ;  mais  l'appren- 
tissage étant  la  base  du  métier,  il  était  nécessaire  d'entrer 
dans  des  détails  qui  sont  inutiles  pour  les  autres  membres  de 
la  famille  professionnelle. 

Le  compagnon,  comme  l'apprenti,  prenait  part  au  foyer  do 
maître.  Honorable  homme  Boursier,  maître  émailleur  à 
Nevers,  s'engage  envers  Simon  Broddeur,  garson  (2) 
émailleur  y  c  à  lui  apprendre  Tart  et  estât  d'émailleur  sans  lui 
cacher  ni  celler  aucunes  choses  pendant  deux  années  »,  et  sera 
c  tenu  le  coucher  et  lever  honnêtement  et  (le  fournir),  selon 
sa  qualité,    d'habits,  de  solliers,  bas,   haults-de-chausse, 


(i)  Boutillier,  Arch,  par,,  p.  85. 

(2)  Terme  équivalante  celui  de  compagnon. 


—  29'  — 

pourpoint,  manteaux  etchappeaux  pendant  ledit  temps(i).  % 
Ce  qui  constituait  de  véritables  gages.  Nous  avons  du  même 
maître,  sauf  ce  qui  touche  le  vêtement,  un  engagement 
analogue  vis-à-vis  Nazare  Berthier,  compagnon  émailleur, 
qui  reçoit  pour  gages  la  somme  de  soixante-douze  livres 
tournois  (2). 

On  voit  par  ces  deux  exemples  que  le  compagnon  jouissait 
des  mêmes  avantages  que  l'apprenti  dans  la  maison  du 
maître. 

La  vie  à  son  foyer  était  la  règle  de  la  famille  profession- 
nelle, nous  Tavons  établi  déjà  pour  plusieurs  points  de  la 
France  (3),  et  voici  un  contrat  passé  à  Tours,  en  i6o3,  qui 
corrobore  ces  piemières  indications  :  Jehan  Bredin  entre  à 
titre  de  compagnon  chez  Pierre  Courtoys,  maître  peintre- 
émailleur  de  cette  ville,  pour  durant  une  année  c  se 
gouverner  avec  ledit  G>urtoys  comme  un  compagnon  doit  et 
est  tenu  faire  »,  et  celui-ci  c  le  logera,  le  nourrira,  le  fournira 
de  feu  et  lumière  comme  en  tel  cas  appartient  à  un  de  sa 
qualité  (4)  ». 

Ces  traditions  se  sont  prolongées  ici  même  jusqu^à  nos 
jours.  Il  y  a  peu  d'années,  un  industriel  de  Nevers,  aujour- 
d'hui retiré  des  afifaires,  nous  racontait,  en  parlant  de  ce  qui 
se  passait  chez  lui  vers  1860:  c  Nos  jeunes  gens,  disait-il, 
étaient  logés  à  la  maison  et  nourris  à  notre  table.  Ils  rece- 
vaient 3o  fr.  par  mois,  et  pourtant  à  la  fin  de  Tannée  ils 
avaient  plus  mis  d'argent  decôtéque  les  ouvriers  d'aujourd^hui 
payés  5  fr.  et  6  fr.  par  jour.  »  Cela  n'a  rien  de  surprenant, 
La  vie  de  famille]  ne  laissait  pas  contracter  l'habitude  du 
café  ou  du  cabaret;  elle  garantissait  le  compagnon  et 
Tapprenti  des  dangers  de  l'isolement,  elle  établissait  entre  le 


(i)  Minutes  Pelle,  26  octobre  161 1. 

(2)  Minutes  Pelle,  i3  décembre  1612. 

(3)  Voir  L'Atelier  dans  les  anciens  corps  de  métiers   publié   dans 
VAssociation  catholique,  numéro  du  i5  mars  i885. 

(4)  Giraudet,  Les  Artistes  tourangeaux,  p.  48. 


maître  et  ses  subordonnés  une  union ,  disons  mieux ,  une 
affection  que  nos  temps  actuels  ne  connaissent  plus  et  qui 
était  le  garant  de  la  paix  de  Tatelter. 

Le  premier  devoir  du  maître  était  de  donner  Texcmple.  Il 
n^y  manquait  pas.  Les  documents  qui  précèdent  permettent 
de  rinférer  sans  qu'il  soit  nécessaire  pour  le  constater  d  entrer 
dans  un  ordre  de  preuves  qui  auraient  l'inconvénient 
d^ajouter  à  la  longueur  de  cette  notice.  Nous  nous  abstien- 
drons donc  de  détails  à  ce  sujet  ;  mais  il  est  un  point  pour- 
tant que  nous  tenons  à  mettre  en  lumière.  Nous  voulons 
parler  de  la  vigilance  que  Ton  apportait,  dans  cet  ancien 
régime  si  décrié  par  un  certain  monde,  à  pousser  Taspirant 
à  la  maîtrise  à  augmenter  la  somme  de  ses  connaissances 
techniques.  On  voulait  que  Tatelier  local  fût  à  la  hauteur  du 
travail  général  du  royaume ,  afin  d'éviter  une  infériorité  qui 
autait  placé  la  cité  dans  des  conditions  économiques  défavo- 
rables. De  là  le  tour  de  France  pratiqué  dans  les  métiers 
jurés.  En  1419,  les  compagnons  cordonniers  de  Troyes  c  de 
plusieurs  langues  aloient  et  venoient  de  ville  en  ville  ouvrer 
pour  apprendre,  congnoistre^  veoir  et  savoir  les  uns  des 
autres  (i)  >  Chez  les  maréchaux-ferrans  et  plusieurs  aultres 
mestiers  d'Alsace,  le  compagnon  ne  pouvait  parvenir  à  la 
maîtrise  qu'à  la  condition  d'avoir  roulé  trois  ans  et  travaillé 
deux  ans  à  Saverne  (2).  A  Nevers,  <]tans  le  métier  de 
tannerie  (de  1637  à  1646)  le  candidat  ne  pouvait  se  présenter 
à  la  maîtrise  s'il  n'avait  «  veu  et  couru  le  f>ain  et  bonnes 
villes  du  royaùlme  pendant  une,  deux  ou  trois  années  (3)  >. 
L'obligation  de  parcourir  la  France  dans  le  bm  de  s'instruire 
Assurait  l'apprenti  du  futur  maître  qu'il  serait  au  fait  des 
meilleures  méthodes  de  travaiL 

Pour  celui-ci,  rentré  à  Nevers,  il  demandait  aux  maîtres 


(i)  Ord.  roy.  de  mars  1419. 

(2)  Hanauer,  E(ud.  écon,  sur  V Alsace  anc.  et  mod.,  !I,  p.  byS, 
(3}  Minutes  Taillandier,  XLIV,  4  déc.  1637;  —  XLïV.  8  fév.  1639  ;  - 
i3  nov.  1646. 


—  2g3  — 

de  sa  corporation  à  faire  lechef^d^osuvre,  et  alors,  en  présence 
d^un  notaire  royal ,  assisté  de  témoins ,  ses  maîtres  lui  en 
concédaient  l'autorisation.  Le  récipiendaire  recevait  un  garde, 
qui  avait  pour  mission  de  veiller  à  ce  qu^il  ne  commît 
aucune  fraude  dans  ses  opérations,  puis,  le  ciaef«d'œuvre 
terminé,  les  maîtres  Texaminaient;  s'il  était  admis  le  candidat 
obtenait  le  titre  de  maître  sur-le<bamp  et,  sans  désemparer, 
prêtait  c  le  serment  en  cas  requis  et  accoustumé  de  bien  et 
fidèlement  exercer  ledit  art  et  mestier,  conformément  aui 
statuts  et  privilèges  (i)  ». 

Ce  qui  se  passait  pour  la  tannerie  indique  évidemment 
ce  qui  avait  lieu  pour  les  autres  métiers. 

En  résumé,  la  religion  était,  sous  la  forme  de  la  confrérie, 
U  base  de  Tassociation  professionnelle,  et  les  gens  de  métier 
manifestaient  volontiers  leur  amour  pour  elle. 

Les  engagements  passés  entre  maître  et  compagnons  ou 
apprentis  témoignent  du  dévouement  du  premier  envers  ses 
inférieurs ,  du  respea  et  de  Taffection  des  seconds  pour  leur 
aapérieur. 

Le  maître,  préoccupé  de  ses  devoirs  vis-à-vis  de  ses  subor- 
donnés, se  faisait  une  loi  de  ne  les  point  divertir  à  autre 
pacation  (2)  qn^à  leurs  travaux  professionnels. 

Enfin ,  de  laccord  existant  entre  les  membres  de  Patelier 
et  de  leur  vie  en  commun  au  même  foyer  naissaient  la  paix 
et  la  concorde  entre  eux. 

Nous  pourrions  nous  arrêter  ici. 

Mais  nous  nous  reprocherions ,  à  propos  des  gens  de 
métiers ,  de  ne  pas  emprunter  deux  dernières  citations  aux 
Archives  paroissiales  de  Nevers,  oix  nous  avons  déjà  si 
largement  puisé.  Cet  important  recueil,  en  faisant  passer 
sous  les  yeux  les  grands  actes  de  la  vie  humaine ,  met  en 
relief  des  mœurs  et  des  coutumes  encore  peu  connues  de 
l'ancienne  France.  En  ce  qui  concerne  les  travailleurs,  on  y 

(i)  Minutes  Taillandier,  XUV,  4  décembre  1637. 
(2}  Miautes  Taillandier,  XLIV,  4  août  i635. 


—  294  — 

voit  deux  choses  curieuses.  La  première ,  c'est  que  les  gens 
des  métiers  jurés  occupant  une  place  officielle  dans  TEtat 
affirment  sans  honte  leur  situation  chaque  fois  que  besoin 
est.  On  ne  faisait  pas  alors  suivre  comme  aujourd'hui  de  la 
sotte  qualification  de  propriétaire  le  nom  propre  qui  rougit 
de  sa  profession  présente  ou  passée.  Quiconque  est  poeslier' 
chauderonnier  sait  qu'il  a  des  privilèges,  une  place  dans  les 
cérémonies  publiques,  et  il  se  dit  nettement poe^/ier-cAoïi- 
derormier.  La  seconde  observation,  c'est  que  dans  cette 
société  si  rigoureusement  hiérarchisée ,  les  cœurs  n'étaient 
pas  séparés;  Pévéque  servait  de  parrain  au  fils  du  tailleur 
de  pierre  (i).  Etaient  encore  parrain  et  marraine  de  la  fille 
d'un  maître  à  danser  :  noble  François  Tenon  de  Fonfay, 
écuyer,  baron  de  La  Guerche,  et  haute  et  puissante  princesse 
Anne  de  Gonzagues,  duchesse  de  Nivernois  et  de  Rethe- 
lois  (2).  Ce  mélange  des  classes  avait  la  plus  heureuse 
influence  sur  les  rangs  inférieurs  de  la  population.  Il  élevait 
les  cœurs,  les  portait  aux  nobles  sacrifices,  les  enflammait 
pour  les  grandes  causes ,  et  c'est  pourquoi  les  milices 
ouvrières  de  Nevers  se  signalèrent  par  leur  attitude  martiale 
à  Bouvines;  en  sorte  qu'un  historien  a  pu  dire  d'elles  avec 
vérité,  à  propos  de  cette  bataille  :  Nevers,  dont  les  hautamts 

VALAIENT  DES  CHEVALIERS  (3). 

Hâtons  de  tous  nos  efforts  de  pareils  rapprochements, 
la  classe  ouvrière  y  verra  oîi  sont  ses  véritables  amis,  nous 
n'entendrons  plus  les  sauvages  revendications  qui  jettent  la 
société  dans  l'efifroi,  la  paix  sociale  renaîtra  sur  notre  sol  et 
la  France  retrouvera  sa  grandeur. 

HippoLYTE  BLANC. 


(/)  Archives  par.  de  Nevers,  p.  i55. 

(2)  Archives  par,^  p.  SSg. 

(3)  Capefique,  Hist,  de  Philippe'Aug.y  3*  édit.,  II,  p.  143. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1887. 

Présidence    de    M.    le    comte   db    Soultrait,    président. 

Étaient  présents  :  MM.  le  comte  de  Soultrait, 
président  ;  Roubet ,  président  honoraire  ;  Tabbé 
Boutillier,  vice-président  ;  E.  de  Toytot,  secré- 
taire ;  Duminy,  archiviste  ;  Rogçr  de  Quirielle, 
le  docteur  Subert,  Adolphe  de  Villenaut,  Octave 
de  Villenaut,  Langellé,  de  Flamare,  H.  Blanc, 
de  Lespinasse. 

M.  le  Président  annonce  à  la  Société  qu'il  a 
reçu,  par  Tinterai édiaire  de  la  préfecture  et  de  la 
mairie  de  Toury,  la  réponse  aflSrmative  du  maire 
de  Corbigny  au  sujet  des  sculptures  qui  avaient 
été  demandées.  La  Société  pourra  donc  les  faire 
prendre  quand  elle  le  voudra. 

Lecture  est  donnée  du  programme  du  congrès 
des  sociétés  savantes  pour  1888.  La  Société  a  reçu 
aussi  le  discours  de  M.  SpuUer,  ministre  de  Tins- 
truction  publique  et  des  beaux-arts,  au  congrès 
des  sociétés  savantes,  le  4  juin  1887. 

La  Société  nouvelle  d'histoire  naturelle  d'Autun 
sollicite  la  faveur  de  devenir  correspondante  de  la 
Société  nivernaise. 

Cette  demande  est  favorablement  accueillie. 

M.  H.  Blanc  fait  hommage  à  la  Société  d'un 
mémoire  qu'il  vient  de  publier  sur  les  corporations 
ouvrières  avant  1789.  Ce  mémoire  a  été  lu  à  la 
réunion  régionale  de  Bourges  le  21  avril  1887. 

M.  l'abbé  Marillier,  vicaire  général,  offre  à  la 


—   39^   — 

• 

Société  son  importante  monographie  de  Corbigny. 
M.  le  Président  le  remercie  et  lui  adresse  ses 
félicitations  pour  ce  beau  travail. 

M.  Tabbé  Boutillier  lit  une  notice  biographique 
sur  notre  regretté  confrère  M.  Tabbé  Clément, 
curé  de  Châtillon-en-Bazois,  décédé  en  juillet  1887. 

M.  Tabbé  Boutillier  signale  ensuite  deux  impor- 
tants travaux  insérés  dans  le  tome  XIV  (1886-87) 
des  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  du 
Centre.  Dans  le  premier,  relatif  aux  seigneuries 
de  Jussy  -  Champagne  et  de  Quinquempoix  ; 
Tauteur,  M.  le  baron  Thierry  de  Brimont ,  publie 
des  documents  très-importants  sur  la  famille  de 
Gamaches  et  concernant  le  Nivernais.  Dans  le 
second,  M.  Pierre  Dubois  donne  la  biographie  du 
Père  Terrasse  Desbillons ,  Jésuite ,  ancien  profes- 
seur au  collège  de  Nevers,  de  1729  à  1751,  connu 
surtout  par  son  recueil  de  fables  latines.  Sa  biblio- 
thèque de  20,000  volumes  est  aujourd'hui  conservée 
à  Manheim,  où  il  s'était  réfugié  à  la  dispersion 
de  la  Société. 

M.  l'abbé  Boutillier  signale  aussi  dans  le  procès- 
verbal  de  la  Société  historique  du  Cher  (séance 
du  5  août  1887)  une  note  sur  les  vases  de  phar- 
macie du  dix-septième  siècle,  article  d'ailleurs 
très-court  et  dont  voici  le  texte  : 

VASES  PHARMACEUTIQUES  DU  DIX-SEPTIÈME  SIÈCLE. 

M.  Francis  Pérot,  de  Moulins,  membre  correspondant  de 
la  Société,  fait  connaître  la  découverte  assez  récemment  taite, 
dans  une  cave  de  la  rue  Bourbonnoux,  à  Bourges»  d^une 


-  S97- 

cenaine  quantité  de  vases  en  terre  commune  qu^il  estime 
avoir  été  employés  au  dix-septième  siècle  à  des  usages 
pharmaceutiques.  Six  dessins  au  crayon  permettent  d'appré- 
cier les  formes  de  ces  vases,  qui  représentent  ce  qu'on  désigne 
communément  par  les  noms  d'aiguière,  de  pot-au-feu,  de 
pot  à  confiture  et  d'écuelle  à  anses. 

Des  fragments  de  poterie  nivernaise  polychrome  trouvés 
en  compagnie  de  ces  céramiques,  et  que  notre  correspondant 
juge  en  être  contemporains,  lui  ont  permis  de  leur  assigner 
la  date  qu'il  leur  attribue. 

La  destination  des  vases  en  question  lui  paraît  indiquée 
par  la  nature  des  substances  desséchées  qui  s^y  trouvaient 
encore  lorsqu'on  les  a  découverts.  C'était,  lui  a-i-il  semblé, 
le  benjoin,  la  manne,  le  tannin,  les  résines  parfois  liées  par 
l'axonge. 

D'après  ces  appréciations,  cette  découverte  offre  cet  intérêt 
qu'elle  nous  met  en  présence  de  vases  de  la  vieille  apothi- 
cairerie,  remplacés  depuis  par  la  pompeuse  faïence  aux 
riches  couleurs,  importée  d'Italie  en  France  par  les  ducs  de 
Nevers. 

Ajoutons  que  plusieurs  de  ces  vases  ont  été 
achetés  par  M.  Montagnon. 

M.  de  Flamare  propose  à  la  Société  Timpression 
de  Tinventaire  des  archives  du  château  de  liman- 
ton  y  qui  renferme  une  pièce  du  treizième  siècle  et 
plusieurs  très  -  importantes  du  quatorzième  et 
surtout  du.  quinzième  siècle,  notamment  un 
inventaire  de  la  verrerie  de  la  Boue  y  dont  il  cite 
quelques  passages. 

M.  Léopold  Delisle,  dans  une  lettre  adressée  à 
M.  de  Flamare,  exprime  le  désir  de  voir  les 
sociétés  de  province  entrer  dans  cette  voie  de 
publications. 

T.  ui,  3*  série.  38 


M.  Octave  de  Villenaut  insiste  pour  qu'on 
imprime  d'autant  plus  ces  sortes  de  travaux  que 
ce  sont  les  .seuls  pour  lesquels  on  reçoit  des 
subsides  du  ministère. 

La  Société  décide  qu'il  y  a  lieu  de  faire 
imprimer  le  travail  de  M.  de  Flamare,  en  le  lais- 
sant libre  de  choisir  les  pièces  qu'il  croira  les  plus 
intéressantes  à  publier  en  outre  de  l'inventaire, 
sans  d'ailleurs  imprimer  tout  in  extenso. 

M.  le  docteur  Subert  donne  lecture  d'une 
communication  dans  laquelle  M.  V.  Gueneau 
annonce  qu'il  a  eu  la  satisfaction  de  trouver  dans 
les  archives  de  Loudun  bon  nombre  de  familles 
nivernaises,  dont  il  cite  seulement  deux  :  les 
Frezeau  de  La  Frezelière  et  les  Doublet  de 
Persan,  qui  ne  figurent  ni  dans  le  Moroand  de 
M.  l'abbé  Baudiau  ni  dans  V Armoriai  du 
Nivernais  de  M.  de  Soultrait.  M.  Gueneau  entre 
dans  de  longs  détails  sur  la  famille  Frezeau  et 
parle  aussi  de  la  famille  Doublet  de  Persan,  qui 
aurait  possédé  au  dix-huitième  siècle  la  seigneurie 
de  Dun-les-Places. 

M.  de  Soultrait  répond  à  cette  communication, 
dans  laquelle  il  est  mis  en  cause  ainsi  que  feu 
M.  Baudiau,  en  s'étonnant  que  M.  Gueneau, 
ordinairement  si  exact  dans  ses  petites  monog^- 
phies ,  ait  classé  parmi  les  familles  nivernaises  les 
Frezeau  de  La  Frezelière  qui,  au  dire  même  de 
l'auteur  de  la  lettre,  n'ont  jamais  rien  possédé  en 
Nivernais.  En  eflFet,  M.  Gueneau,  qui  cite  bon 
nombre  de  membres  de  la  famille  Frezeau  avec 


—  299  — 

lenrs  titres  et  qualités ,  n'en  mentionne  pas  un  seul 
qui  ait  habité  notre  province.  Ajoutons  toutefois 
que,  au  commencement  du  dix-septième  siècle, 
Anne  Frezeau  épousa  René  de  Rousselé,  baron 
de  La  Roche-Milay,  alliance  dont,  en  eflFet,  ne 
parle  pas  M.  Baudiau. 

Mais  cette  alliance  ne  constitue  pas  pour  les 
Frezeau  la  moindre  nationalité  nivemaise. 

M.  Gueneau  aurait,  à  plus  juste  titre,  reproché 
à  C Armoriai  du  Nivernais  d'avoir  omis  les 
Rousselé,  qui  possédèrent  l-a  Roche-Millay  pen- 
dant trois  générations.  Mais  l'auteur  dudit  Armo- 
riai n'a  pu  mettre  dans  son  ouvrage  que  les 
familles  qui  ont  habité  la  province  assez  longtemps 
et  y  ont  eu  des  alliances  en  certain  nombre.  Or, 
tel  n'est  pas  le  cas  des  Rousselé,  sur  lesquels,  du 
reste ,  les  livres  et  les  archives  se  taisent,  et  dont 
on  ne  connaît  ni  l'origine  ni  les  armoiries. 

Quant  aux  Doublet  de  Persan,  aucun  document 
nivernais  ne  leur  attribue  le  fief  de  Dun-les-Places, 
qui  passa  des  Montmorillon  aux  Montsaulnin, 
lesquels  le  possédaient  encore  en  1758.  M.  l'abbé 
Baudiau,  si  longtemps  curé  de  Dun-les-Places, 
connaissait  parfaitement  l'histoire  de  sa  paroisse,  et 
il  n'eût  pas  manqué  de  mentionner  les  Doublet 
de  Persan  dans  la  liste  des  seigneurs  de  ce  lieu ,  si 
réellement  ils  devaient  être  comptés  au  nombre 
de  ces  seigneurs,  ce  qui  est  pour  le  moins  douteux. 
Dans  la  généalogie  des  Doublet,  donnée  par  le 
Dictionnaire  de  la  noblesse^  généalogie  en  grande 
partie  fausse,   comme   beaucoup  de    celles  que 


—  3oo  — 

rédigea  La  Chesnaye  des  Bois,  Anne-Nicolas 
Doublet,  marquis  de  Persan,  vivant  au  milieu  du 
dix-huitième  siècle,  est  qualifié  de  seigneur  de  Saint- 
Aubin-sur-Yonne,  fief  qui  ne  faisait  pas  partie  du 
Nivernais,  et  comte  de  Dun  et  Crosan,  fiefs  qu'il 
faut  aussi  chercher  ailleurs  que  dans  notre  pro- 
vince. Ce  Doublet,  conseiller  au  Parlement  de 
Paris ,  était  le  fils  d'une  Frezeau  de  La  Frezelière  ; 
mais  cette  descendance  d'une  famille  nullement 
nivernaise  ne  pouvait  lui  donner  la  nationalité 
provinciale  que  lui  attribue  M.  Gueneau. 

M.  de  Soultrait  ajoute  que  s'il  a  aussi  longue- 
ment réfuté  M.  Gueneau ,  c'est  que  ce  dernier, 
tout  en  se  servant  des  ouvrages  de  ses  devanciers 
dans  l'étude  du  Nivernais,  recherche  avec  soin, 
et  relève  vivement  les  erreurs  ou  les  omissions  qui 
peuvent  se  remarquer  dans  ces  premiers  travaux 
faits  sur  la  province. 

Voici  le  texte  de  la  notice  de  M.  Gueneau  : 

La  châtellenie  de  Monts-sur-Guesnes  ^  en  Loudunais,  fut 
érigée  en  marquisat  en  i655.  Elle  relevait  du  roi ,  à  cause 
de  son  château  de  Loudun  ,  au  devoir  d'une  maille  d'or  à 
muance  de  seigneur,  et  avait  dans  sa  dépendance  les 
paroisses  de  Saint- Vincent -de- FOratoîre,  de  Saire,  de 
Berthagon,  de  Dercé  et  de  Prinçay.  Des  Odart,  premiers 
seigneurs  connus,  Monts  passa  par  alliance  à  la  famille  de 
Brillac  d'Argy.  Vers  1600,  les  du  Bellay  possèdent  celte 
seigneurie,  qui  passe  ensuite  aux  Frézeau  de  La  Frézelière, 
très-probablement  à  cause  d'une  alliance  avec  la  famille  de 
Savonnière,  alliée  des  du  Bellay. 

En  1662  ,  Magdeleine  de  Savonnière,  veuve  en  premières 
noces  de  messire  Isaac  de  Frézeau,  vivant  marquis  de  La 


—  3oi  — 

Frézelière,  maréchal  des  camps  et  armées  du  roi,  et  en 
deuxièmes  noces  de  messire  René  de  Chaumejan ,  marquis 
de  Fourille,  grand-maréchal-des-logis  de  Sa  Majesté,  est 
dans  son  château  de  Monts  et  y  passe  différents  actes.  Isaac 
Frézeau  était  fils  de  Jacques,  seigneur  de  La  Frézelière  et 
d'AmailloUj  gouverneur  de  Poitiers,  maréchal  de  camp,  et 
de  Suzanne  Berruyer,  dame  deTafonneau,  enTouraine, 
sa  première  femme.  11  épousa  en  1615  Magdeleine  de 
Savonnière,  fille  de  Jean  et  de  Jacqueline  de  Menon,  sa 
belle-mère.  Il  en  eut  deux  filles  : 

fo  Charlotte-Marie  qui,  en  1648,  épousa  son  cousin 
François  Frézeau  ; 

2^  Anne,  femme  de  René  de  Rousselé,  baron  de  Sache  et 
de  Larochemillay,  en  Nivernais. 

François  Frézeau,  fils  de  Jacques  et  de  Marguerite  de 
Montmorency,  lieutenant-général  de  Partillerie  de  France, 
gouverneur  de  Salins,  devint  marquis  de  Monts  par  son 
mariage  avec  sa  cousine.  D'après  un  acte  du  3i  janvier 
1673,  il  était  à  cette  époque  en  Hollande  pour  le  service 
du  roi.  Il  mourut  à  Page  de  quatre-vingts  ans,  en  1702, 
après  avoir  eu  sept  enfants,  parmi  lesquels  Jean-François- 
Angélique. 

Jean  -  François  -  Angélique  Frézeau,  marquis  de  La 
Frézelière  et  de  Monts,  lieutenant-général  de  l'artillerie 
de  France,  mort  en  171 1,  épouse,  le  11  mars  1690, 
Paule- Louise-Marie  Briçonnet,  fille  de  Bernard,  marquis 
d'Oysonville,  et  de  Françoise  Le  Prévost  (i).  Les  Archives 
de  Maine-et-Loire ,  E.  2526,  contiennent  divers  actes  sur 
les  Frézeau;  je  citerai  seulement  celui-ci:  <  Traité  passé 
entre  Jean-François-- Angélique  Frézeau  ^  chevalier,  mar- 
quis de  la  Frézelière  et  de  Mons ,  baron  de  Germigny,  en 
Bourbonnais,  seigneur  de  la  Chaussée,  maréchal  des  camps 
et  armées  du  roi ,  premier  lieutenant-général  de  l'artillerie 


(i)  Voir  Bulletin  de  la  Société  nivemaise,  t.  VI,  Epigraphie  histo^ 
riale  du  canton  de  La  Guerche,  par  M.  Roubct. 


de  France ,  tant  pour  lai  et  en  son  nom  que  pour  Anne 
Frézeau,  sa  sœur,  épouse  de  Georges-Henri  de  Maillé, 
marquis  de  La  Tour- Landry  et  de  Solesmes,  et  Louis, 
comte  de  La  Vieuville,  au  nom  de  messire  Simon,  milord 
Fra:{er  de  Louet,  premier  baron  et  pair  d'Ecosse,  et 
messire  Jean  Frayer ^  ses  frère  et  cousin ,  en  présence  des 
ducs  de  Luxembourg  et  de  Chastillon,  de  Jean  Gustave  > 
sire  de  Rieux  ;  du  marquis  de  Sache  et  du  comte  de  Laro- 
cbemillay,  du  colonel  Frédéric  de  Cuningham  et  de  Jean 
de  Cuningham,  tous  parents  et  alliés  desdites  parties, 
contenant  reconnaissance  dos  filiations  respectives  dudit 
seigneur  Simon  Frayer  de  Louet,  baron  et  pair  d'Ecosse, 
desdits  seigneurs  ses  frère  et  cousin  et  dudit  seigneur 
marquis  de  La  Fré\elière  et  des  parente^  et  aliances  qui 
sont  entre  eux...  pour  empescher^  autant  qu^à  eux  est,  un 
si  ancien  et  illustre  nom  de  tomber  dans  l'incertitude  de 
son  origine.,.  »  Je  n'insiste  pas  sur  ce  curieux  traité. 

Jean-François-Angélîque  Frézeau  de  La  Frézelière  laissa 
plusieurs  enfants,  parmi  lesquels  François-Isaac  Lancelot , 
qui  fit  hommage  pour  Monts  en  171 7. 

A  partir  de  1733,  les  actes  indiquent  messire  Nicolas 
Doublet ,  marquis  de  Persan  ,  comme  seigneur  du  marquisat 
de  Monts.  Il  avait  épousé  Marîe-Magdeleine  Frézeau  de  La 
Frézelière.  Depuis  cette  époque  tous  les  titres  que  j'ai 
parcourus  désignent  Nicolas  Doublet  de  Persan  comme 
seigneur  de  Saint-Aubin-sur-Yonne  et  de  Dun-les- Places  et 
le  qualifient  de  conseiller  du  roi  en  ses  conseils  et  maître  des 
requêtes  ordinaires  de  son  hôtel. 

Claude  Doublet  était  marchand  joaillier  à  Paris  en  1572. 
Louis  Doublet  devint  secrétaire  du  roi  le  i5  mars  i655; 
c'est  de  lui  que  sortirent  les  marquis  de  Persan  et  de 
Baudevilie  qui  avaient  pour  armes:  D'azur,  à  trois 
demoiselles  à  doubles  ailes  d'or  volant  en  bande  {Armoriai 
du  bibliophile,  par  Joannès  Guigard),  ou  Ua\ur,  à  trois 
doublets  ou  papillons  d'or  volant  en  bande  {Armoriai  de 
l'Yonne,  par  Aristide  Dey).  Aimé-Nicolas  Doublet,  marquis 


-  3i>3  - 

de  Pcrsao,  souscrivit  le  18  mai  1789  un  contrat  d'union 
avec  ses  créanciers  et  abandonna  ses  biens. 

Les  Doublet  de  Persan ,  sur  lesquels  les  Bulletins  de  la 
Société  nivernaise  sont  muets,  possédèrent  donc  Dun-les- 
Places.  Il  appartient  à  mes  chers  collègues  de  rechercher 
qaand  et  comment  ils  devinrent  propriétaires  de  cette 
seigneurie.  Je  serai  très-heureux  de  lire  un  jour  le  fruit  de 
leurs  recherches  et  les  prie  d«  recevoir  le  témoignage  de  mes 
meilleurs  sentiments  de  confraternité. 

Victor  QUENEAU. 

Issoudun,  le  3o  juillet  1887. 

-  M.  le  Président  rappelle  ensuite  que  M.  Girerd, 
notre  ancien  député,  possède  un  manuscrit  dont 
il  a  été  déjà  question  dans  Tune  de  nos  séances ,  à 
propos  de  la  fameuse  inscription  ande  camulos, 
et  qui  renferme  des  notes  d'ailleurs  fort  courtes 
relatives  à  des  faits  en  partie  déjà  connus,  mais 
qui  lui  ont  paru  offrir  un  certain  intérêt.  Ces  notes 
ont  trait  à  divers  faits  de  la  vie  des  ducs  de 
Nevers  et  au  personnel  de  la  Chambre  des  Comptes 
de  cette  ville  de  1 505  à  1 779.  Le  manuscrit ,  du 
quinzième  siècle,  mais  renfermant  certaines  parties 
d'une  écriture  plus  moderne,  des  premières  années 
du  seizième  siècle  sans  doute ,  était  une  sorte  de 
barème  à  l'usage  de  la  Chambre  des  Comptes 
de  Nevers  fondée,  on  le  sait,  en  1405,  par  le 
comte  Philippe ,  troisième  fils  de  Philippe  le 
Hardi,  duc  de  Bourgogne.  Elle  se  composait  d'un 
président,  de  quatre  maîtres  des  comptes  et  d'un 
procureur  général* 

Les  notes  du  manuscrit  nous  font  connaître  une 
partie  <  de  ce&  officiers. 


_\ 


—  3o4  — 

Outre  le  barème,  le  livre  de  M.  Girerd  ren- 
ferme un  calendrier,  puis  un  règlement  pour  les 
monnayeurs  royaux  qui  serait  fort  intéressant  pour 
rhistoire  numismatique  dé  la  France  s'il  était 
inédit  ;  mais  il  en  existe  de  nombreuses  copies  et 
il  est  connu  depuis  longtemps. 

Les  notes  sont  inscrites^  comme  dans  les 
obituaires,  à  la  date  du  mois  où  se  produisaient 
les  faits  dont  elles  devaient  garder  le  souvenir 

A  la  page  64  du  manuscrit  se  lit^  d'une  écriture 
du  seizième  siècle,  le  texte  du  serment  que  prê- 
taient les  officiers  de  la  Chambre  des  Comptes  en 
entrant  en  charge.  Bien  que  ce  texte  ait  été  publié 
dans  UInventaire  des  titres  de  Nevers  (col.  509, 
note  i)  je  crois  devoir  le  reproduire  ici  : 

<!:  Serment  et  jurement  du  président,  maistres 
des  comptes  à  Nevers,  clercz  et  concierge  d'icelle, 
faiz  à  la  personne  de  Monseigneur  le  Conte  sur  le 
Hure  des  euuengilles  et  remembrances  de  Dieu, 
escript  et  paint  sur  et  au  liure  ordonné. 

30  Vous  jurez  aux  sainctes  euuengilles  par  la  figure 
et  remembrance  que  voyez  de  Jesucrist ,  que  me 
seruirez  en  Testât  et  office  de  conseiller  et  maistre 
des  Comptes  à  Neuers;  naurez  nul  maistie  et 
pension  que  de  moy  et  garderez  mes  Chartres  et 
mon  trésor.  Nen  direz,  ne  comuncquerez  que  a 
moy  sy  ce  nest  pour  mon  honneur  et  proufit ,  et 
nenbaillerez  ne  distrairez  aucune  chose  que  nen 
soye  aduerty,  et  si  dauenture  par  inaduertance  ou 
importunete  de  requerans  vous  deiz  ou  commande 


-  3o5  - 

par  lettres  ou  autrement  faire  le  contraire ,  diffé- 
rerez jusques  men  ayez  aduerty  la  ou  verrez  que 
seray  interesse  ou  mon  domaine  dyminue,  et  ne 
vérifierez  aucune  chose  qui  soit  a  mon  dommage 
que  par  raoy  ne  vous  soit  expressément  ordonne 
de  bouche  en  men  aduertissant.  Ainsi  le  jurez  et 
promectez,  et  dabondant  tout  que  je  seray  tenu  et 
deuray  a  aultruy  quelque  don  que  je  face  nen 
allourez  que  la  moictie,  et  Tautre  moictie  pour 
nous  acquicter  dont  ferez  tenir  bon  et  loyal 
.compte  aux  chastellains ,  receueurs  et  officiers 
comptables.  En  quoy  faisant  vous  feray  contenter 
et  garder  votre  auctorite  ou  je  vous  mectz  et 
reçoybz.  Fait  à  Nevers  le  XIX*  jour  de  raay 
Tan  mil  cinq  cens  et  cinq,  d 

Avant  de  terminer  la  séance,  M.  de  Soultrait 
communique  encore  à  la  Société  l'empreinte 
d'un  sceau  de  la  prévôté  de  Clamecy,  dont 
la  matrice  en  bronze,  fort  bien  conservée,  se 
trouve  au  musée  de  Grenoble.  Ce  sceau ,  qui  date 
du  treizième  siècle,  est  rond;  il  a  quarante-sept 
millimètres  de  diamètre.  Voici  sa  légende,  en 
lettres  capitales  gothiques,  entre  filets,  qui  est 
interrompue  par  la  pointe  de  Técu  : 

f  s'  (igillum)  prepositvre  de  :  clameciaco. 

Dans  le  champ,  un  écusson  ogival,  à  un  semé 
de  billettes  et  un  lion  brochant  sur  le  tout,  armes 
des  comtes  de  Nevers  de  la  première  race,  qui 
sont  aussi  celles  des  villes  de  Clamecy  et  de 

T.  ui,  3*  série.  39 


—  3o6  — 

Nevers.  Trois  points  se  remarquent  sur  le  champ  : 
un  de  chaque  côté  et  un  autre  au-dessus  de  Fécu. 

Un  sceau  de  cette  même  prévôté ,  appendu  à 
une  charte  de  la  fin  du  treizième  siècle ,  conservée 
aux  archives  de  T Yonne,  porte  un  écu  pareil  à 
celui  du  sceau  décrit  ci-dessus,  seulement  un 
croissant  se  trouve  au-dessus  de  Técu  ;  la  légende, 
en  grande  partie  brisée,  n'ofire  plus  que  quelques 
lettres  du  mot  Preposiiure.  Le  contre-sceau, 
beaucoup  mieux  conservé ,  oflSre  un  écu  à  un  lion , 
chargé  d'un  lambel  à  cinq  pendants,  armes  du 
comte  de  Nevers  Louis  P**  de  Flandre. 

M.  Tabbé  Boutillier  et  M.  l'abbé  Marillier  pro- 
posent comme  membre  de  la  Société  M.  Alexandre 
Teste,  de  Lormes. 

M.  Teste  est  admis. 

La  Société  fixe  à  6  fr.  le  prix  du  Cartulaire  de 
La  Charitéj  par  M.  de  Lespinasse. 

Puis  la  séance  est  levée. 


NOTE  NÉCROLOGIQUE  SUR  M.  L'ABBÉ  CLÉMENT 

Pendant  les  vacances  qui  viennent  de  s'écouler,  au  surlen* 
demain  de  notre  dernière  réunion  de  juillet,  la  Société 
nivernaise  a  perdu  un  de  ses  membres  fondateurs  aussi 
modeste  que  distingué,  M.  Tabbé  Clément,  curé-doyen  de 
Châtillon-en-Bazois. 

La  Semaine  religieuse  du  diocèse  et  plusieurs  journaux 
de  Nevers  ont  rendu  compte  de  la  cérémonie  de  ses  obsèques 
et  retracé  sa  vie  sacerdotale  si  bien  remplie  ;  qu'il  nous  soit 
permis  de  rappeler  brièvement,  aujourd'hui ,  les  principaux 


—  3o7  — 

souvenirs  que  ce  confrère  a  lui-même  inscrits  dans  nos 
annales. 

Ami  dévoué  de  Mgr  Crosnîer,  il  avait  répondu  à  son 
premier  appel,  lors  de  la  fondation  de  la  Société  nivernaise, 
en  1 85 1,  et,  à  défaut  de  longs  mémoires,  il  saisissait  toutes 
les  occasions  de  nous  signaler  les  découvertes  archéologiques 
faites  dans  son  voisinage  ;  son  nom  se  retrouve  maintes  fois 
dans  nos  Bulletins. 

En  1853,  étant  alors  curé  de  Saint-Amand,  il  s^empresse, 
avec  son  confrère  de  Bouhy,  Pabbé  Meyniel ,  d^nformer  la 
Société  de  la  magnifique  découverte  des  deux  autels  votifs 
à  Mars-de-Bouy-le-Tertre ,  Marti  Bolyinno  et  Duna ,  qui 
sont  aujourd'hui  les  principaux  monuments  de  notre  musée 
lapidaire. 

Devenu,  en  1855,  curé-doyen  de  Châtillon-en-Bazois ,  où 
il  devait  mourir,  il  signale  à  Mgr  Crosnier  l'existence ,  dans 
la  commune  d'Achun,  de  curieuses  bornes  dimales,  servant 
autrefois  à  la  délimitation  du  territoire  où  dîmait  le  chapitre 
de  Saint-Cyr. 

Lors  de  la  reconstruction  de  son  église ,  en  1864,  ayant 
découvert  une  magnifique  pierre  tombale  à  l'effigie  de  Jehan 
de  Chastillon  qui  trespassa  l'an  mil  CCCLXX,  il  en 
informe  la  Société  et  nous  envoie  un  dessin  de  cette  tombe , 
qui  a  été  reproduit  au  Bulletin  (11^  série,  t.  II,  p.  3og).  Il 
avait  eu  Theureuse  pensée  de  faire  dresser  ce  monument 
contre  le  mur,  à  l'intérieur  de  son  église,  donnant  ainsi  un 
exemple  qui,  en  pareil  cas,  devrait  toujours  être  suivi. 

L'abbé  Clément  n'aimait  pas  seulement  Tarchéologie  et  les 
souvenirs  historiques  ;  les  membres  de  la  Société  qui  ont  eu 
la  bonne  fortune  de  faire  partie  de  la  charmante  Excursion 
dans  le  Morvand ,  au  mois  d'août  1872  ^  se  souviennent  de 
ses  appareils  ingénieux,  en  particulier  de  son pentographe, 
qui  donnait  d'un  seul  coup  cinq  épreuves  d'un  écrit  ou  d'un 
dessin  dont  on  avait  tracé  le  premier  exemplaire.  (Bulletin , 
[p  série,  tome  VI ,  page  486.)  Depuis  longtemps  déjà,  dans 
la  séance  du  9  juillet  1857,  ^^  ^^^^^  soumis  à  la  Société  des 


—  3o8  - 

épreuves  typographiques  obtenues  au  moyen  d'une  autre 
machine  dont  il  avait  gardé  le  secret,  et  sans  être  obligé  de 
composer,  à  Tavance,  les  planches.  Il  espérait  obtenir  un 
brevet,  mais  l'appareil  lui  fut  ravi  par  un  visiteur  peu 
délicat  demeuré  inconnu. 

Enfin,  le  bon  et  si  modeste  curé  de  Châtillon  aimait  la 
rime  joyeuse  et  fine,  dans  les  réunions  de  confrères  en  parti- 
culier. S'agissait- il  d^une  cinquantaine  k  célébrer,  on  était 
sûr,  à  la  fin  du  repas,  de  le  voir  se  lever  prestement ,  sa 
petite  feuille  de  papier  à  la  main ,  et  de  l'entendre  lire  et 
chanter  quelques  gracieux  couplets;  ainsi,  aux  noces  d^or  de 
notre  président ,  en  1878  :  Qu'il  me  soit  permis  de  rappeler 
cette  fête  et  de  vous  en  faire  entendre  un  écho  : 

Quand  cinquante  ans  de  sacerdoce 
Au  lieu  de  conduire  au  tombeau 
Ainsi  conduisent  à  la  noce, 
En  chœur  nous  disons  :  Que  c'est  beau  ! 

Ces  cinquante  ans  ont  bien  pu  faire 
QuMl  soit  tombé  quelques  cheveux 
Au  vénéré  proto notaire  : 
Mais  le  ciel  le  garde  à  nos  vœux. 

Crosnier,  pour  nous,  est  une  gloire. 
Et  je  proclame  avec  bonheur 
Qu'un  jour  on  lira  dans  Thistoire  : 
Au  Nivernais  il  fit  honneur! 

Son  nom  est  entouré  d'hommages 
Auxquels  nous  applaudirons  tous  : 
Il  revivra  dans  ses  ouvrages 
Ainsi  qu'à  la  porte  du  Croux. 

Et  les  quatrains  continuaient...  mais  terminons. 

Nos  Bulletins,  d'ailleurs,  gardent  aussi  le  souvenir  de 
ses  essais  poétiques.  Naguère,  en  1880,  lors  de  la  découverte 
du  trésor  carlovingien  d'Alluy,  Tabbé  Clément,  tout  enthou- 
siasmé, inventait  une  gracieuse  légende;  et  antérieurement, 
en  1872,  à  l'occasion  du  comice  agricole  tenu  dans  sa  bonne 


—  3o9  — 

ville  de  Châtillon ,  il  adressait  à  l'agriculture  un  toast  tout 
plein  d^originalité^  dans  lequel  il  met  en  scène  sept  interlo- 
cuteurs :  un  meunier,  un  boulanger,  un  charron,  un 
maréchal,  un  tisserand,  un  tailleur,  un  cordonnier,  qui 
tous  terminent  par  ce  cri  :  Gloire  à  l'agriculture  !  elle  est 
notre  soutien, 

QuMl  nous  soit  donc  permis  de  dire^  à  notre  tour,  de 
l'excellent  curé  de  Châtillon,  de  Thomme  aimable  aux  goûts 
si  variés,  de  notre  excellent  confrère  enfin ,  que^  lui  aussi, 
au  Nivernais  il  fit  honneur  ! 

Uabbé  BOUTILLIER 


SEANCE  DU  14  NOVEMBRE  1887. 

Présidence  de  M.  le  comte  db  Soultrait,  président. 

Étaient  présents  :  MM.  de  So\x\trditj  président  ; 
l'abbé  Boutillier,  vice- président  ;  Canat,  conser- 
vateur du  musée)  E.  de  Toytot,  secrétaire; 
Octave  de  Villenaut,  l'abbé  Pot,  Langellé,  de 
Lespinasse,  A.  Julien,  Guillerand,  Hippolyte 
Blanc,  de  Flamare,  Duminy^  archiviste  ;  Chemi- 
nade,  Henri  Marandat,  le  docteur  Subert,  le  lieu- 
tenant-colonel de  Maumigny,  Ch.  Col. 

M.  Caquet  adresse  à  la  Société  une  notice  agri- 
cole sur  le  canton  de  Fours  et  une  autre  petite 
brochure  intitulée  les  Parcs  forestiers  ;  par  la 
même  lettre,  M.  Caquet  informe  M.  le  Président 
qu'il  donne  sa  démission  de  membre  de  la  Société. 

M.  l'abbé  Boutillier  lit  une  lettre  que  lui  a 
adressée  M.  le  docteur  Warmont ,  l'un  de  nos 
membres  correspondants  de  Paris,  relative  à  un 


—  3io  — 

plat  à  barbe  de  Nevers ,  revêtu  d'un  riche  décor 
polychrome  de  style  rouennais. 

Ce  plat  provient,  ainsi  que  l'indique  l'inscrip- 
tion, d'un  jardinier  du  château  de  Langeron. 

Voici  la  description  qu'en  donne  M.  Warmont  : 

d  Sur  les  bords  s'étale,  puissante,  une  guirlande 
de  fleurs  ;  l'œillet  y  domine  ;  dans  la  coloration  de 
ces  fleurs  interviennent  :  un  jaune  orange,  qui 
voudrait  imiter  le  rouge  de  Rouen,  un  bleu 
sombre  et  le  violet  que  vous  connaissez  bien. 

3)  Au  centre ,  un  encadrement  rocaille,  surmonté 
d'une  corne  d'abondance  écourtée ,  entoure  un 
paysage  avec  petit  château  campagnard,  bien 
nivernais  de  tournure. 

»  Au-dessus  de  l'échancrure  du  plat  à  barbe 
sont  couchés  symétriquement  deux  rameaux  bleus, 
à  feuillages  épais  et  gras,  franchement  nivernais, 
eux  aussi. 

ï>  Enfin,  sur  le  contour  interne  de  ce  vase 
domestique,  on  lit  l'inscription  suivante,  qui  ne 
laisse  aucun  doute  sur  son  origine. 

3)  Je  respecte  l'orthographe  : 

1755.     —     3) 3)»     PIERE    f     PINIET    f     JARDINIET    f 
AU  CHATOS  DE  LONGEROND  J>   1755- 

M.  Perrier  aîné ,  bijoutier  à  Nevers  >  demande  à 
la  Société  de  vouloir  bien  examiner  un  petit 
trésor  de  monnaies  romaines  récemment  trouvées 
près  du  vieux  château  de  Guffy  et  dont  il  a  fait 
l'acquisition. 


—  3ii  - 

M.  l'abbé  Boutillier  est  invité  à  en  faire  une  des- 
cription sommaire  avant  le  départ  de  M.  Perrier 
pour  Paris,  où  il  compte  porter  ces  monnaies- 
Elles  ont  pour  la  Société  l'intérêt  spécial  qu^ 
s'attache  à  la  localité  où  elles  ont  été  découvertes. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'un  extrait  du 
manuscrit  de  M.  Girerd,  pour  servir  à  l'histoire  de 
la  Chambre  des  Comptes  de  Nevers. 

M.  le  comte  de  Soultrait  mentionne  également 
un  extrait  des  inventaires  des  églises  de  Nevers 
fait  par  son  trisaïeul,  M.  Pierre  Richard  de  Soul- 
trait, en  1722. 

Une  autre  pièce  passe  sous  les  yeux  des  mem- 
bres du  bureau  ;  elle  est  intitulée  :  Rôle  de  la 
monstre  et  revue  en  la  court  du  château  de 
NeverSj  le  huitième  jour  du  mois  de  mars  1594, 
des  210  hommes  de  guerre  tenant  garnison  en 
la  mile  de  Nevers  sous  la  charge  du  capitaine 
Hector  Hoppoho. 

Nous,  Victor  Hoppoho,  capitaine-comtnandant  pour  le 
service  du  roy  à  210  Suisses  estans  en  garnison  en  la  ville 
de  Nevers;  Christophe  de  La  Chassaigne,  baron  de  Cours- 
les-Barres,  et  Jacques  Caillot,  commissaires  des  guerres 
soussignés ,  certifions  au  roy  et  à  messieurs  les  maistres  des 
Comptes  ce  qui  s'ensuit ,  qu'ils  les  ont  trouvés  rangés  en  la 
cour  du  château  en  rang  de  bataille  et  qu^ils  leur  ont  paru 
en  équipage  suffisant  pour  faire  le  service  du  roi  en  la  garde 
et  conservation  de  la  ville  et  partout  ailleurs  oti  on  les  vou- 
drait employer,  et  après  avoir  prix  et  receu  d'eux  le  serment 
de  faire  ledit  service  durant  trois  mois  de  la  présente  année 
1594,  composés  de  trente-six  jours  chacun ,  commencés  le 
premier  jour  de  janvier  et  finissant  le  1 8,  jour  du  mois 


—    3l2   — 

d'avril  en  suivant  aud^t  an,  nous  avons  ordonné  à  M.  le 
trésorier  général  et  extraordinaire  des  guerres  maistre  Pierre 
de  Charron  ou  à  son  commis  en  Nivernois  de  faire  payement 
de  la  somme  de  ?,i35  écus  pour  leurs  gages ^  solde  état  et 
appointements  pendant  les  susdits  trois  mois  commençant 
et  finissant  comme  dessus  ces  dits,  savoir  est  à  raison  de 
40  écus  pour  le  capitaine  par  mois  et  pour  ses  deux  lieu- 
tenants 3o,  aux  sergents  chacun  10  écus^  deux  juges  chacun 
10  escus,  les  caporaux  chacun  6  écus,  aux  deux  phiires 
chacun  5  écus  40  sols,  tambours  4  écus  20  sols,  à  chaque 
soldat  I  écu  40  sols,  à  raison  de  4  écus  20  sols  chacun,  le 
tout  par  mois  ;  en  touct  par  mois  à  la  somme  de  1,061  écus 
40  sols  que  nous  certifions  avoir  payés. 

M.  le  Président  a  obtenu  de  prendre  en  photo- 
graphie divers  reliquaires  du  trésor  de  l'église  de 
Varzy  ;  il  fait  passer  ces  photographies  sous  les 
yeux  des  membres  de  la  Société. 

M.  le  docteur  Subert  consacre  quelques  lignes 
émues  à  une  notice  nécrologique  sur  notre 
regretté  confrère,  M.  Amédée  JuUien. 

M.  Amédée  JuUien,  fondateur  et  directeur  du  musée  de 
Clamecy,  est  décédé  dans  cette  ville  le  6  novembre  dernier, 
à  Tâge  de  soixante-huit  ans.  Sa  dépouille  monelle  a  été 
transportée  à  Tannay,  où  il  repose  au  milieu  des  siens.  Les 
allocutions  prononcées  à  ses  obsèques  ont  rendu  un  hom- 
mage bien  mérité  à  ce  charmant  artiste  et  à  cet  homme  de 
bien.  La  Société  nivernaise  des  lettres,  sciences  et  arts  s'as- 
sociera aux  légitimes  regrets  qu'une  fin  si  cruelle  a  suscités 
de  la  part  de  tous  ceux  qui  s^intéressent  dans  notre  dépar- 
tement aux  travaux  historiques. 

Les  circonstances  de  cette  fin  prématurée  doivent  être 
rappelées  dans  les  quelques  mots  que  nous  traçons  aujour- 
d'hui en  souvenir  de  notre  ami.  Arrivé  de  Paris  à  Clamecy 


—  3i3  — 

depuis  quelques  jours,  dans  le  but  de  classer  dans  le  mUsée 
de  nouvelles  acquisitions  qu'il  avait  trouvé  moyen  de  faire, 
M.  Jullien,  cette  besogne  matérielle  achevée,  se  disposait  à 
rendre  compte  à  la  Société  scientifique  et  artistique ,  dont  il 
était  vice-président  d'honneur,  du  travail  quMl  venait  d^ac- 
complir  et  des  lacunes  qu'il  Jésirait  voir  combler  dans 
l'agencement  des  collections. 

En  pleine  séance,  une  congestion  cérébrale  se  déclarait 
brusquement  et  Tenlevait  au  bout  de  quelques  heures. 

Il  a  donc  été  frappé  au  moment  précis  oti  il  exprimait 
l'espoir  de  voir  se  réaliser  bientôt  Tidée  quUl  avait  conçue 
d'un  catalogue  raisonné  qu^il  rêvait  pour  son  cher  musée. 
Il  avait  mis  dix  ans  à  créer  ce  dernier,  et  son  œuvre  restera 
comme  un  témoignage  de  sa  louable  persévérance  et  de  ses 
soins  éclairés. 

M.  Juliien  laisse  un  livre  important  :  la  Nièvre  à  travers 
le  passé ,  qui  lui  a  coûté  sept  années  d^un  labeur 
soutenu.  L'exemplaire  que  possède  notre  bibliothèque  est 
une  marque  de  sa  libéralité  que  nous  conserverons  avec 
déférence.  Il  était  également  l'auteur  d'une  Carte  de  la 
Nièvre  et  du  Nivernais,  et  il  s'occupait  très-activement  d'un 
autre  ouvrage  concernant  le  département  et  qu^il  se  proposait 
de  nommer  :  les  Châteaux  de  la  Nièvre.  Ses  gracieuses 
eaux-fortes  l'avaient  fait  connaître  avantageusement  comme 
graveur,  et  ses  tableaux  l'avaient  classé  au  bon  rang  parmi 
nos  peintres  locaux.  Le  musée  de  Nevers  possède  de  lui  une 
toile  remarquable,  connue  sous  la  dénomination  du  Coup  de 
vent  après  Forage. 

Bien  qu'il  soit  incomplet,  ce  rapide  exposé  suffira ,  nous 
Tespérons,  pour  justifier  Thommage  que  nous  rendons  ici 
à  notre  compatriote,  qui  fut  non-seulement  un  artiste  et 
un  savant ,  mais  qui  restera  dans  notre  mémoire  comme 
un  homme  exceptionnellement  aimable  et  généreux. 

D'  SUBERT. 


T.  ni  y  3*  série.  40 


-  3i4- 

SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  1887. 

Présidence  de  M.  le  comte  de  Soultrait,  président. 

Sont  présents  :  MM.  le  comte  de  Soultrait, 
président;  l'abbé  Boutillier,  vice  -  président  ; 
Ernest  de  Toytot,  secrétaire;  Canat,  conser- 
vateur du  musée:  de  Flamare;  Duminy,  archi- 
viste; le  docteur  Subert,  Octave  de  Villenaut, 
Tabbé  Soyer,  Langellé,  Tabbé  Pot,  Cheminade, 
H.  d'Assigny,  le  lieutenant -colonel  vicomte  de 
Maumigny,  Col ,  Ad.  de  Rosemont. 

M.  le  comte  de  Chabrol  adresse,  par  lettre,  sa 
démission  de  membre  de  la  Société. 

M.  Tabbé  Boutillier  donne  lecture  du  rapport, 
dont  il  a  été  chargé  à  la  dernière  séance,  sur  les 
monnaies  romaines,  au  nombre  de  quarante-deux, 
toutes  de  petit  module,  en  argent,  et  d'une  très- 
bonne  conservation,  trouvées  de  la  manière  la 
plus  fortuite,  près  du  vieux  château  de  Cufl^, 
qui  faisait  autrefois  partie  du  Nivernais. 

I.  Sept  pièces,  les  plus  anciennes,  sont  de  Tempereur 
Antonin-le-Pieux,  proclamé  César  le  25  février  i38  et  mort 
le  7  mars  i6i. 

Sur  la  face,  on  lit  :  iifp.  antoninvs  .  prvs  .  avg.,  une  seule 
fois,  le  qualificatif  brit  (annicus)  est  ajouté. 

Les  légendes  du  revers  sont ,  comme  d^babitude  pour  les 
mpnnaies   romaines,   très-variées:    Marti   Propugnatori; 

—  Salus   Antonini  Aug.;    —  Invictus   Sacerdos   Aug.; 

—  Abundantia  Aug. 

II.  Cinq  pièces  de lempereur  Septime-Sépère ,  proclamé 
Tan  193,  mort  en  211. 


Face  :  severys  .  pivs  .  avg.;  une  fois^  comme  pour  les 
monnaies  d^Antonin,  avec  le  qualificatif  brit  [annicus). 

Revers  :  Indulgentia  Augusta,  avec  les  mots  in  carth,  en 
exergue  ;  —  Restitutor  urbis,  etc. 

III.  Quatre  pièces  de  Timpératrice  Julie,  femme  de 
Sévère. 

Face  :  ivua  .  avgvsta. 

Revers:  Hiiaritas;  —  Pietas  publica;  —  deux  fois, 
Sœculi  félicitas. 

IV.  Une  pièce  de  la  mère  de  Sévère. 

Face  :  ivlia  uammaea.  Revers  :  La  déesse  Vesta. 

V.  Deux  pièces  de  Gêia,  fils  de  Sévère  et  de  Julie,  et  frère 
de  Caracalla,  par  qui  il  fut  poignardé  en  212,  à  Tâge  de 
vingt-trois  ans. 

Face  :  La  tête  du  jeune  prince  imberbe  et  sans  couronne  : 

p.  SEPT.  GETA. 

Revers  :  Pr inceps  juventutis, 

La  seconde  pièce  offre  une  légende  plus  complète  :  p. 
sEpnirvs  .  GETA .  CAEs.  —  Sur  le  revers  est  représentée 
Minerve. 

VI.  Une  seule  pièce  de  Macrin,  successeur  de  Caracalla  , 
qu^il  avait  fait  assassiner  en  217.  Il  fut  assassiné  lui-même 
après  un  an  et  trois  mois  de  règne. 

Face  :  imp.  g.  u{arcus)  op{ilius)  s{everus)  macrinvs  .  avg. 
Revers  :  Un  Jupiter  foudroyant,   avec  ces  mots  :  Joyi 
conservatori. 

VII.  Point  de  pièces  du  successeur  de  Macrin,  le  hideux 
personnage  du  nom  d'Héliogabale ,  surnommé  le  Sarda- 
napale  de  Rome,  élevé  à  Tempire  à  l'âge  de  quatorze  ans, 
et  asssassiné  quatre  ans  après,  en  222,  —  mais  deux  jolies 
monnaies  à  l'effigie  de  son  aïeule  Mœsa. 

Face  :  ivlia  .  maesa  .  avg.  —  Revers  :  Pudicitia. 
Deux  autres  de  sa  mère,  Sœmias,  nièce  de  Caracalla. 
Face  :  ivua  .  soabuias  .  avg.  —  Revers  :  Venus  cœlestis. 


-  5i6  — 

Deux  autres  encore  de  sa  temme  Paula ,  fille  de  Paulus , 
préfet  du  Prétoire. 
Face  :  ivlia  .  pavla  .  avg.  —  Revers  :  Concordia  Augg. 

VIII.  Du  successeur  d'Héliogabale,  Alexandre  Sévère^ 
lui  aussi  assassiné  à  rage  de  vingt-six  ans^  en  2351  treize 
pièces  fort  jolies^  plusieurs  à  fleur  de  coin. 

Sept  ont  pour  légende  sur  la  face  :  m p  .  c  .  if(arai5) 
Kyvi[eliii$)  SEv{erus)  ALEXAND(er)  avg.,  avec  des  revers  très- 
variés  :  Victoria  Aug.;  —  Annona  Aug,;  —  Saltis  publica. 

Les  six  autres  ont  seulement  ces  mots  sur  la  face  :  imp. 
ALEXANDER  .  pivs  .  AVG,,  et  sur  Ics  revers  on  lit  :  Mars  ultor; 
—  Jovi  Ultori;  —  Providentia  Aug.;  —  Spes publica. 

IX.  Enfin,  quatre  pièces  du  successeur  de  Sévère, 
Maximin,  d'abord  simple  berger,  élevé  par  son  courage  aux 
premières  dignités  militaires,  et  enfin  devenu  empereur, 
après  que  Sévère,  son  bienfaiteur,  eut  été  assassiné  dans  une 
émeute  que  lui  Maximin  avait  excitée. 

Face  :  imp.  maximinvs  .  pivs  .  avg. 

Revers  :  Salus  Augusta  ;  —  Fides  militum. 

L'épithète  Germanicus  est  ajoutée  sur  une  des  pièces,  qui 
porte  au  revers  la  figure  de  TAbondance,  avec  le  mot 
Providentia. 

Ce  prince  cruel  avait  reçu  le  titre  de  Germanique  à  la  suite 
d^une  victoire  par  lui  remportée  sur  les  Germains.  Il  fut 
assassiné  par  ses  soldats  en  238.  C'est  de  lui  que  Thistorien 
Capitolinus  a  écrit  que  jamais  bête  plus  cruelle  n*a  marché 
sur  la  terre. 

En  résumé ,  les  monnaies  de  la  petite  cachette  de  Cufi'y 
appartiennent  à  la  deuxième  moitié  du  second  siècle  de 
notre  ère  et  à  la  première  moitié  du  troisième  siècle,  rem- 
plissant ainsi  Pespace  d^environ  cent  années  dont  elles  rap- 
pellent toute  l'histoire  si. agitée  et  si  honteuse  pour  Thuma- 
nité. 

On  peut  présumer  que  ce  petit  trésor  avait  été  déposé  à 
la  hâte,  sous  la  pierre  qui  Ta  si  longtemps  recouvert,  par 


—  3i7  — 

quelque  colon  effrayé,  lors  dos  guerres  iéroces  qui  ont  rempli 
le  régne  de  Maximin.  On  lit  en  effet  que  dans  une  de  ses 
expéditions  contre  les  Germains,  il  fit  couper  tous  les  blés, 
brûla  un  nombre  infini  de  bourgs,  ruina  près  de  cent  cin- 
quante lieues  de  pays  et  en  abandonna  le  pillage  à  ses 
soldats. 

M.  l'abbé  BoutiUier  signale  ensuite  une  pierre 
gravée  antique,  découverte  près  de  Decize 
(Nièvre),  et  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Héron 
de  Villefosse  lue  à  la  Société  des  Antiquaires  de 
France,  dans  la  séance  du  6  février  1884. 

Le  propriétaire  du  château  de  Saulx,  près  Decize, 
M.  Gandoulf,  a  découvert  cette  pierre  dans  une  fouille  qu'il 
a  dirigée  au  milieu  d'une  prairie  voisine  de  son  habitation. 
Une  source  d'eau  minérale  avait  été  remarquée  dans  cette 
prairie.  M.  Gandoulf  résolut  de  la  dégager  et  de  la  capter.  Il 
put  constater  que  la  source  avait  été  utilisée  à  l'époque 
romaine  et  il  retrouva  l'aménagement  antique  de  la  fon- 
taine. 

Le  bassin  était  formé  de  trois  cuvettes  carrées  superposées; 
celle  du  haut  était  la  plus  large  et  celle  du  fond  la  plus 
petite  ;  deux  poutres  placées  en  biais  servaient  à  soutenir  les 
terres. 

On  a  recueilli  dans  cette  fouille  plusieurs  ex-voto  en  terre 
blanche,  des  poteries  ,  une  clé  en  fer,  dont  le  manche  en 
bronze  représente  une  panthère  et  une  pierre  gravée  en  jaspe 
vert  sanguin,  sur  laquelle  on  lit  très-distinctement  : 

COGCEIAN 
VS   EDOVIT 

vs. 
Cocceianus  Edomitus. 

Ce  sont  probablement  les  noms  d'un  malade  qui,  ayant 
ressenti  les  effets  bienfaisants  de  ces  eaux,  avait  voulu  laisser 


—  3i8  — 

un  témoignage  de  sa  reconnaissance  à  la  divinité  protectrice 
de  la  fontaine.  Les  monnaies  recueillies  vont  depuis  Domi- 
tien  jusqu^à  Claude-le-Gothique. 

(Mémoires  de  la  Société  nationale  des  Antiquaires  de 
France,  cinquième  série,  tome  V  (1884},  page  82  du 
Bulletin,  qui  tait  suite  aux  Mémoires) 

M.  le  Président  rend  compte  à  la  Société  des 
démarches  qu'il  fait  au  ministère  des  beaux-arts 
pour  faire  reconnaître  notre  compagnie  d'utilité 
publique. 

M.  le  comte  de  Soultrait  donne  connaissance  à 
la  Société  de  diverses  pièces  intéressant  notre 
province,  entre  autres  : 

i^  Un  contrat  de  mariage  signé  du  maréchal 
de  Vauban  et  de  Mesgrigny,  de  Louis  de 
Mesgrigny  et  demoiselle  Charlotte  Le  Prestre, 
24  décembre  1681  ; 

2^  Une  pièce  de  vers  lue  à  la  tribune  du  temple 
delà  Raison  :  Nevers,  le  10  nivôse,  pour  la  fôte 
civique  célébrée  en  mémoire  de  la  prise  de  Toulon, 
par  N  oël  Pointe ,  représentant  du  peuple  dans  les 
départements  de  la  Nièvre,  de  TAUier  et  du  Cher. 
Cette  pièce  est  intitulée  :  Le  Masque  de  l'erreur 
et  de  l'hypocrisie  déchiré. 


SEANCE  DU  26  JANVIER  1888. 

Présidence  de  M.  Roubbt.  président  honoraire. 

Etaient    présents  :    MM.   Roubet,    président 
honoraire;    Fabbé    Boutillier,    vice  -  président  ; 


Ernest  de  Toytot ,  secrétaire  ;  Duminy,  archi- 
viste; Canat,  conseroatenr  du  musée;  de 
Villefosse,  Octave  de  Villenaut,  le  docteur 
Robert  Saint -Cyr,  le  baron  de  Berthier  Bizy, 
Langellé,  de  Flamare,  Massillon  Rouvet,  Aug. 
Le  Blanc-Bellevaux. 

M.  Roubet  donne  lecture  d'une  notice  histo- 
rique sur  Magny.  Ce  travail,  de  M.  Morellet, 
notre  ancien  confrère ,  aujourd'hui  décédé,  a  été 
reproduit  par  M.  BuflFet,  de  Châteauroux. 

M.  de  Flamare  présente  à  la  Société  un  plan 
sur  parchemin  (datant  du  milieu  du  dix-septième 
siècle)  de  la  vallée  du  Nohain,  trouvé  au  château 
de  Chassy. 

Ce  plan  montre  le  château  de  la  Rivière  et 
plusieurs  moulins  fortifiés. 

MM.  de  Soultrait  et  Teste  proposent  comme 
membre  de  la  Société  M.  Henry  de  Chabannes. 

M.  Henry  de  Chabannes  est  élu  à  l'unanimité. 

M.  Tabbé  Boutillier,  qui  avait  réuni  de  nom- 
breux documents  sur  les  anciennes  corporations 
ouvrières  de  Nevers,  annonce  qu'il  les  a  remis 
entre  les  mains  de  M.  Hippolyte  Blanc.  Notre 
confrère ,  si  compétent  en  ces  sortes  d'études ,  et 
qui  a  publié  tant  de  notices  sur  les  corps  de 
métiers  en  France ,  voudra  bien ,  dans  une  pro- 
chaine séance ,  donner  une  lecture  sur  ce  sujet. 

M.  Massillon  Rouvet  expose  sur  le  bureau  un 
plan  en  relief  de  l'église  de  Jailly  et  en  particulier 
de  son  beau  portail  roman  qu'il  a  spécialement 
étudié.  Un  des  caractères  les  plus  remarquables 


—   320  — 


de  cette  église  est  que  chacune  des  travées  s'élève 
depuis  le  portail  jusqu'au  chœur. 


-«• 


SÉANCE    DU    23    FÉVRIER    1888. 

Présidence  de  M.  le  comte  db  Soultrait,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  le  comte  de  Soultrait, 
président  ;  l'abbé  Boutillier ,  mce  -président  ; 
Canat)  conservateur  du  musée;  Duminy,  archi- 
viste; E.  de  Toytot,  secrétaire;  le  docteur 
Subert^  Tabbé  Soyer,  le  docteur  Robert  Saint- 
Gyr,  Langellé,  Aug.  du  Verne,  Léon  de  Barrau, 
d'Assigny,  le  comte  de  Montrichard,  de  Flamare, 
A.  de  Villenaut,  de  Villefosse,  le  vicomte  de 
Maumigny. 

Lecture  est  donnée  par  M.  le  Président  : 

1°  D'une  circulaire  ministérielle  concernant  la 
création  d'une  collection  nationale  d'estampages 
d'inscriptions  romaines  recueillies] soit  en  France, 
soit  dans  le  nord  de  l'Afrique.  Tous  les  érudits 
sont  invités  à  participer  à  cette  œuvre  d'utilité 
générale  ; 

2^  D'une  instruction  ministérielle  relative  à 
l'organisation  du  comité  des  sociétés  des  beaux- 
arts  des  départements  et  à  la  réunion  annuelle  de 
ces  sociétés  ; 

3^  D'une  lettre  du  président  de  la  Société 
d'émulation  de  Montbéliard ,  adressant  à  la  Société 
nivemaise  une  plaquette    relative  au  catalogue 


—  3âf  - 

d'aotogr^hes  que  ML  A.  Bovet ,  président  de  la 
Société ,  vient  de  publier. 

M.  Tabbé  Boutillier  lit  le  travail  de  M.  Hippo- 
lyle  Blanc ,  annoncé  à  la  dernière  séance ,  sur  les 
anciennes  corporations  ouvrières  de  Nevers  (i). 

M.  le  comte  de  Soultrait  communique  à  la 
Société  une  longue  lettre  de  Guyot  Sainte-Hélène, 
résumant  les  différentes  explications  données  sur 
la  fameuse  inscription  :  Ande  Camulos.  Cette 
lettre ,  que  nous  croyons  inédite ,  sera  insérée  au 
Bulletin. 

M.  le  Président  donne  aussi  lecture  d'une  lettre 
des  plus  curieuses ,  en  date  du  7  août  1791,  écrite 
par  Chaumette,  le  futur  procureur  de  la  Com- 
mune, au  sieur  Thomas,  jeune  ecclésiastique,  qui 
avait  eu  la  singulière  idée  de  lui  demander  des 
conseils  pour  ses  discours  et  aussi  pour  ses  études 
de  théologie.  La  Société  demande  que  cette  lettre 
soit  également  insérée  au  Bulletin. 

Une  autre  lettre  du  P.  Théodore  de  Blois, 
capucin ,  datée  de  Nevers  en  1 739  et  adressée  à 
M.  de  La  Rue,  docteur  en  médecine  à  Nevers^ 
contient  des  vers  relatifs  à  Tenvoi  de  l'histoire  de 
Rochefort  et  mérite  également  d'être  publiée. 

La  séance  est  terminée  par  la  présentation  de 
trois  membres  :  M.  Lafuge ,  directeur  des  enfants 
assistés  de  Prémery,  présenté  par  MM.  Subert  et 
Henry  Ferrier;  M.  Roger  de  Soultrait,  présenté 
par  MM.  Tabbé  Boutillier  et  de  Toytot  ;  M.  Flo- 

(i)  Voir  plua  haut,  pages .282-294. 

T.  m,  3*  série.  41 


—   322   — 

rimond  Gautheron ,  présenté  par  MM.  Robert 
Saint-Cyr  et  de  Toytot. 

MM.  Lafuge ,  Roger  de  Soûl  trait  et  Florimond 
Gautheron  sont  admis  à  Tunanimité  comme  mem- 
bres de  la  Société  nivernaise. 

La  séance  de  mars  devant  tomber  le  jour  du 
Jeudi-Saint,  est  avancée  de  huit  jours  et  fixée  au 
jeudi  22  mars. 


I. 


Lettre  de  Guyot  Sainte-Hélène  à  P.  Gillet,  l'auteur 
des  Annuaires  de  la  Nièvre  de  iSoi  à  i8og. 


Paris,  25  septembre  i8o6. 

Monsieur, 

Quoique  sorty  de  Nevers  depuis  plus  de  quarante  ans, 
mon  grand  plaisir  n'en  est  pas  moins ,  dès  que  j*ai  un  ins- 
tant à  moi,  de  promener  mes  idées  sur  le  natale  solum^ 
d'en  parcourir  Thisioire ,  examiner  mes  petites  collections  et 
feuilleter  mes  petites  notes. 

Dernièrement,  je  lisois  avec  autant  de  curiosité  que  de 
satisfaction  Tun  de  vos  Annuaires  dont  le  premier  me 
manque  et,  à  la  page  62  de  celui  de  l'an  XI ,  je  trouvai  que, 
le  2  septembre  1492,  en  travaillant  aux  fondations  d'une 
cave,  dans  le  haut  de  la  rue  de  la  Coutellerie,  vis-à-vis  celle 
de  la  Cité,  au  lieu  même  où  étoit  la  porte  de  la  Cité,  on 
avoit  découvert  une  pierre  que  Ton  conserve  dans  la  maison 
de  M.  Vialay,  apothicaire,  et  dont  l'inscription  présente  les 
mots  : 

AN  DE  CAMULOS  TOVTIS  SIGNOSIB  VRV. 


—  323  — 

Je  n^ai  jamais  vu  cette  pierre,  ne  m'occupant  guères  d'ins- 
criptions, lorsque  j'étois  à  Nevers;  mais,  diaprés  votre 
Annuaire,  j^ay  cherché  et  me  suis  trouvé  tous  les  livres  que 
vous  indiquez  :  Cotignon,  les  Mercures  et  les  Mémoires  de 
M.  rabbé  Lebeuf,  imprimés  en  2  vol.  1738. 

De  mon  examen  il  résulte  :  i^  que  Cotignon,  les  Mercures 
et  VAbbé  Lebeuf  i^twcoisstni  être  les  seuls  qui  ayent  parlé  de 
notre  pierre  ; 

2^  Que  rinscription  qu  elle  présente  n'a  reçu  que  la  moitié 
de  son  explication  ; 

30  Que  cette  moitié  d'explication  due  à  M .  Lebeut  est  si 
bien  faite,  que  Ton  ne  peut  concevoir  comment  ce  savant  n'a 
pas ,  sur-le-champ,  deviné  le  surplus  qui  étoit  si  aisé.  Cela 
prouve  que  lorsque  les  gens  sont  parvenus  à  un  certain  degré 
de  connoissances,  ils  ne  sont  plus  faits  pour  les  petites  diffi- 
cultés et  que,  pour  eux ,  c^est  une  espèce  de  privilège. 

Vous  dites.  Monsieur,  qu'en  1492,  la  pierre  dont  il  s'agit 
a  été  trouvée  dans  une  cave;  sans  doute  que,  depuis,  elle  fut 
mise  en  évidence,  placée  dans  un  lieu  distingué  oti  elle  se 
trouvoit  encore  en  septembre  1748;  puisqu'à  cette  époque 
un  habitant  de  Nevers,  mécontent  de  l'explication  de 
Cotignon,  en  demandant  une  autre  à  toute  l'Europe,  par  la 
voye  du  Mercure,  impatienta  M.  Lebeufqui,  comme  s'il 
eût  crû  que  tout  le  monde  devoit  acheter  et  lire  exactement 
ses  savants  écrits ,  à  mesure  qu^ils  paroissaient ,  le  renvoya , 
en  décembre  1748,  à  la  page  271  du  2®  volume  de  ses 
mémoires.  Voicy  d'abord  comme  cet  habitant  s'exprimoit  : 
ceux  qui  n'ont  pas  les  livres  que  vous  citez  ne  seront  pro- 
bablement pas  fâchés  d'en  trouver  des  extraits,  si  vous  jugez 
à  propos  de  faire  usage  de  cette  lettre. 

c  Cette  inscription  est  placée  sur  un  corbeau  ,  environ  à 
»  dix  pieds  d'élévation,  à  Pendroit  où  étoit  autre-fois  la 
»  principale  porte  de  la  Cité  et  où  on  doit  aller  recevoir 
>  MM.  nos  Evéques  lorsqu'ils  font  leurs  entrées  solennelles. 

>  Cette  inscription  est  gravée  sur  une  pierre  beaucoup 


—  324  ~^ 

>  plus  longue  que  large ,  de  laquelle  elle  ne  remplit  qu^en- 

>  viron  la  moitié.  Une  bordure  en  relief  sert  d'ornement  à 
»  cette  même  pierre  et  lui  donne  la  figure  d'un  tableau.  » 

L'habitant  de  Nevers  en  fait  ensuite  la  copie  servile, 
observe  qu'il  y  a  des  lettres  plus  grandes  les  unes  que  les 
autres;  qu'un  O  enjambe  sur  un  V;   il  s'élève  contre  le 

Noxius  de  Cotignon  et  finit  sa  lettre  par  ces  mots  :  c  II 
»  n'est  pas  vrai  que  les  lettres  de  l'inscription  soient  presque 

>  toutes  effacées;  elles  sont  très-entières  et  Cotignon  ne  les 
»  annonce  défigurées  que  pour  faire  adopter  l'explication 
»  qu'il  y  donne.  Au  reste,  il  auroit  dû  nous  apprendre  en 

>  quel  tems  la  ville  de  Nevers  brûlée  a  été  réédifiée  et  la 
»  pierre  trouvée  dans  les  fondemens  et  les  garans  sur  lesqueb 
»  il  appuyé  ces  faits.  > 

Vous  ferez  là-dessus ,  Monsieur,  telles  observations  que 
bon  vous  semblera.  Voicy  toujours,  en  attendant^  ce  qu'avoit 
écrit  G)tignon  en  son  Catalogue  historial  des  Evêques  de 
Nevers,  dédié  et  imprimé  en  i6i6,  page  6  de  sa  préface  ; 

<  Qui  ne  sait  que  Nevers  a  été  autrefois  appelle  Noxius , 

>  nom  qui  lui  étoit  approprié,  voire  même  dès  le  temps  de  la 
»  dictature  de  Furius  Camillus ,  qui  fut  environ  Fan  du 
»  monde  3577,  et  de  la  ville  de  Rome  bâtie  365  et  avant 
»  la  venue  de  Jésus-Christ  en  terre ,  depuis  ladite  ville  de 
»  Rome  édifiée  413.  Selon  que  l'on  peut  conjecturer,  faisant 
»  supputation  des  tems  :  car  la  ville  de  Nevers  ayant  été 
»  brûlée  et  édifiée  derechef ,^  on  rencontra  dans  les  fonde- 
»  mens  une  table  de  pierre  presque  carrée,  contenant  cer- 
»  taines  lettres  écrites  à  la  façon  ancienne  des   Romains» 

>  mais  presque  toutes  effacées  à  cause  du  laps  de  tems , 
»  desquelles,  toute-fois,  on  peut  lire  assez  facilemenl  celles- 

>  cy  :    AN  .  DE  .  CAM[LLos  .  TOTi  SIC  .  NOXiE  vRi ,    par    où   il 

>  appert  que,  pour  lors,  elle  étoit  sous  la  puissance  des 

>  Romains  et  appellée  Noxius,  en  ce  même  temps  con- 
»  sommée  du  feu.  Laquelle  pierre  se  voit  aa  mur  de  la 


—  *25  — 

»  maison  qui  fait  le  commencaDent  de  la  Cité  où  étaient  les 

>  morailles  de  ladite  ville  du  tems  dudit  Camillus  et  de 
»  Jules  César;  devant  laquelle  maison  les  échevias  reçoivent 

>  messieurs  les  Evéquesà  leur  psremiàre  et  solennelle  entrée 
»  et  où  iceux  Evéques  font  jetterde  Fargent*  en  signe  de 
»  libéralité*  La  raison  de  ce  nom  de  Noxius  peut  être  pour 

>  ce  que  les  Gaulois  étoient  ennemis  jurés  des  Romains  et 

>  leur  faisoient  cruelle  guerre,  d'où  arriva  que  Furius 
»  Camillus ,  homme  fort  valeureux^  fut  créé  dictateur  pour 
3  arrêter  leurs  courses  et  les.  chasser  de  Fltalie.  En  mémoire 
»  de  ce  nom ,  il  j  a  encore  pour  le  présent ,  au  milieu  du 
»  Nivemois,  un  château  qui  est  dit  Mons  Noxius,  en  autre 
9  langage  Montnoison^  appartenant  à  Messeigneurs  ks  ducs 
»  de  Ncvers,  etc.  » 

Personne  n^ayant  été  de  Favis  de  Codgnon,  \KÛcy  main- 
tenant. Monsieur,  ce  qu'en  a  dît  Tabbé  Lebeut  ; 

€  Passons  d^une  inscription  en  caractères  grecs  à  une 
9  autre  inscription  qui  est  en  caractères  romains,,  mais  qui 
»  paroit  être  mêlée  de  mots  grecs.  Elle  se  trouve  à  Nevers , 
9  dans  un  endroit  des  anciens  murs  qui  regarde  de  Porient 
»  au  midy,  sur  une  pierre  haute  d'un  pied  et  demi ,  large 
9  d^un  pied ,  ornée  de  moulures  en  haut  et  en  bas  et  aussi 
»  un  peu  par  les  côtés  ,  de  manière  qu^on  voit  quelle  n'est 
3  point  mutilée;  en  voici  la  teneur  : 

ANDE 

GAinr 

LOS  TOVTI 

SSIC   MOS 

lEVRV 

9  Les  caractères  de  la  première,   seconde  et  cinquième 

>  lignes  sont  plus  gros  que  ceux  des  deux  autres  lignes  et  on 
9  n'y  voit  aucune  séparation  de  mots.  Cependant  il  paroit 
*  qu'on  doit  lire  ainsi  :  Andcgûmulo  sancÈo  utissians  lûuru. 


-  326  — 

»  La  plus  grande  difficulté  ne  consiste  pas  dans  Ande- 
gamulo  ;  ce  mot  équivaut  à  Andecamulo,  et  Ton  trouve 
déjà  dans  Gruter  le  mot  Andecamulenses ,  pour  signifier 
une  certaine  association  de  gens  qui  bâtirent  un  temple  à 
Pluton  :  Numinibus  Aug,  fanum  plutonis  Andecamu- 
lenses posuerunt.  Mais  comme  le  mot  d^ Andecamulenses 
est  dérivé  d^Andecamulus ,  il  faut  d'abord  interpréter  le 
plus  simple  des  deux. 

>  Ce  terme  me  paroît  renfermer  le  nom  que  les  Gaulois 
donnoient  à  Mars,  c^est-à-dire  le  nom  de  Camulus;  nom 
qui  servit  quelquefois  à  composer  celui  d'un  homme  tel 
que  le  fameux  Camulogenus,  lequel  défendit  la  ville  de 
Lutèce  contre  les  Romains,  conduits  par  Labiénus,  du 
tems  de  César,  et  quelquefois  à  former  le  nom  d'une  ville 
telle  que  Camulodenum  dans  les  Isles  Britanniques.  Quant 
à  la  première  partie  du  mot  Andecamulus,  je  la  regarde 
comme  une  épithète  donnée  à  Mars  :  c'est  celle  de  Victor 
qui  lui  convient  parfaitement  et  qui  lui  étoit  donnée  com- 
munément; ]et  une  preuve  q\i*Ande  signifioit  en  langage 
gaulois  la  même  chose  que  Victor,  c'est  qu'Andate ,  qui 
en  est  dérivé ,  signifioit  chez  eux  Victoria.  Andate  étoit  la 
victoire  ou  la  déesse  de  la  victoire  chez  les  Bretons,  au 
rapport  de  Dion ,  et,  selon  César,  bien  des  choses  étoient 
communes  aux  Gaulois  et  aux  Bretons.  Je  croirois  docc 
que  cette  inscription  étoit  pour  quelque  monument  érigé 
à  Mars  victorieux  et  saint. 

»  A  l'égard  du  mot  Vtissicno,  j'avoue  mon  ignorance:  il 
y  a  quelque  mistère  du  paganisme  caché  sous  ce  terme  et 
peut-être  de  la  religion  même  des  Gaulois;  car  je  soup- 
çonne que  si  la  dernière  ligne  n^est  pas  composée  de  lettres 
initiales,  elle  représente,  en  mauvais  grec,  le  nom  des 
prêtres  et  des  sacrificateurs.  SUl  est  permis  cependant  de 
proposer  quelque  chose  dont  Ton  puisse  tirer  des  conjec- 
tures sur  le  mot  VtissicnOj  je  ferai  remarquer  que  la 
liaison  de  sa  première  lettre  avec  la  lettre  O  finale  du  mot 
Sancto  signifie  quUl  faut  doubler  cette  lettre  et  lire  Ande^ 


—  327  — 

>  camulo  sancto  outissicno.  Ce  dernier  mot  aînsy  écrit 
3  représente  les  trois  premières  syllabes  du  nom  celtique 
»  Autissiodorum  :  car  on  trouve  de  très-anciens  manuscrits 

>  où  il  y  a  non  pas  Autissiodorum,  mais  Vtissiodorum^  et 

>  Ton  sçait  que  TV  des  anciens  se  prononçoit  ou.  La  conjec- 
»  ture  qui  se  présente  est  que  le  voisinage  du  pays  Auxerrois 
»  et  du  Nivernois  peut  avoir  donné  occasion  au  mot  Outis-- 
»  sîcno  v  mais  quel  sens  doit-on  y  trouver  ?  c^est  ce  que  le 
»  tems  seul  peut  éclaircir.  > 

Ainsi ,  Monsieur,  l'abbé  Lebeuf  n  a  expliqué  que  le  plus 
difSciledeTinscription^  VAndegamulo  sancto;  il  reste  encore 
ce  qu'il  appelle  /' Fr2>jicno5  yei^ri/ qui  me  paroissent  pour- 
tant bien  déchiffrables  si  Ton  considère  i*  que  Vtissicnos 
présente  quatre  mots  latins  ut,  is,  sic,  nos;  2^  si  Ton  fait 
attention  que  le  mot  jeuru  n^est  autre  chose  que  l'ancienne 
prononciation  du  mot  Jésus,  dont  se  trouvent  encore  de  fortes 
traces  chez  les  gens  de  la  campagne ,  surtout  du  côté  des 
Amognes  et  du  Morvand  ;  à  moins  que  depuis  quarante  ans 
que  je  ne  les  ay  entendus,  ils  ne  se  soient  beaucoup  appli- 
qués à  corriger  leur  langage. 

Notre  pierre  avec  son  inscription  nous  reporte  au  tems  où 
nos  pères,  abjurant  le  paganisme  pour  embrasser  la  foi  de 
Jésus -Christ,  bâtirent  Nevers  sur  les  ruines  même  de 
Noviodunum  et  eurent  un  évéque  qui  fit ,  ainsy  que  ses 
successeurs  9  son  entrée  par  la  porte  où  cette  pierre  étoit  ori- 
ginairement placée. 

Nouveaux  chrétiens,  leur  foy  étoit  peu  robuste,  puisque 
l'inscription  nous  prouve  qu'au  moment  même  où  ils  se 
vouaient  à  Jésus-Christ,  ils  s'occupoient  de  leur  dieu  Mars, 
et  qu^en  quelque  façon  ils  ne  se  livroient  à  Jésus-Christ 
qu^à  la  charge  par  lui  de  les  défendre  comme  le  dieu  Mars 
les  avoit  jusques-là  défendus. 

Ce  sont  les  murs  de  Nevers  dont  notre  pierre  faisoit 
partie  qui  parlent  et  disent  : 

Nous  étions  autre-fois  dédiés  au  dieu  Mars  victorieux  et 


saint,  qtie  Jésus  à  qui  nous  sommes  matuieiiant  dédiés, 
noBs  prot^  et  défende  comme  a  fait  le  dieu  Mars. 

Andegamûlo  sancto,  ut  isj  sic  nosjeuru. 

Persuadé  que  cette  pierre  est  le  témoin  d'un  fait  encore 
plus  vénérable  qu'il  n'est  ancien,  je  crois  bonnement, 
Monsieur,  qu'elle  appartient  au  public  et  que  sa  place  doit 
être  dans  un  lieu  public.  Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  en  dire 
les  raisons. 

Excusez  le  mauvais  ordre  de  cette  lettre;  lepeudetems 
dont  je  puisse  disposer,  le  départ  de  la  personne  qui  veut 
bien  s^en  charger,  ne  me  permettent  pas  de  la  tirer  ny  faire 
tirer  au  net. 

Il  me  manque  le  premier  de  vos  Annuaires  ^  )*en  suis 
désolé.  Ne  pourriez-vous  pas  me  le  procurer  à  quelque  prix 
que  ce  soit?  M.  Garilland  père  voudra  bien  se  charger  de 
me  le  faire  passer. 

J^ay  l'honneur  d'être  avec  la  plus  parfaite  considération , 

Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

GuYOT  SAnrrfi-HâjbrB. 


IL 

Lettre  de  Chaumette  à  monsieur  Frébault,  chirurgien^ 
rue  du  Rivage,  pour  remettre  à  M,  Thomas ,  che\ 
Af.  Frébault,  à  Chevannes,  —  A  Nevers,  département 
de  la  Nièvre. 

J'ai  reçu  vos  deux  lettres,  mon  cher  Thomas;  la  multi- 
plicité de  mes  occupations  m'a  empêché  jusqu'ici  d^y 
répondre.  Je  suis  très-sensible  à  votre  souvenir;  je  voudrais 
être  à  portée  de  vous  être  utile,  ]e  le  ferais  de  tout  mon 
cœur;  'Hïafs  le  diable  est  à  mes  trousses,  la  politique  me 


—  329  ^ 

tourne  la  tête;  à  peine  m^aperçois-je  de  mon  existence,  car 
je  ne  vis  plus  pour  moi ,  mes  jours  et  mes  nuits  sont  consa* 
crés  à  la-chose  publique. 

Vous  me  demandez  un  discours  ;  mettez- vous  bien  dans 
la  tête  que  les  choses  apprêtées  ne  valent  jamais  rien.  Dittes 
tout  uniment  à  votre  curé  : 

Les  nouvelles  loix  n'ont  changé  ni  Tordre ,  ni  la  mission 
des  prêtres,  ni  le  culte,  ni  la  morale;  elles  n'ont  rien  changé 
à  l'harmonie  intelligente;  elles  n'en  ont  changé  que  le 
mode  vicieux  et  Font  rapproché  des  principes  de  la  raison 
universelle.  La  France  n^a  pas  démoli  son  église,  elle  en  a 
repoli  les  pierres ,  elle  Ta  rappellée  à  son  origine  et  à  la  sim 
plicité  patriarchale.  Le  serment  décrété  par  l'Assemblée 
nationale  a  été  comme  le  crible  qui  sépare  Tivraye  du  bon 
grain  ;  ceux  qui  ne  s'y  sont  pas  soumis  ont  décelé  un  cœur 
avare  et  perfide ,  ils  ont  montré  qu'ils  étaient  indignes  de 
leur  mission. 

Vous  qui  n'avez  pas  séparé  vos  intérêts  de  ceux  du  peuple, 
Jouissez  du  spectacle  d'une  famille  de  frères  qui  vous  confie 
ses  plus  chers  intérêts  ;  vos  vertus  vous  ont  fait  choisir  pour 
la  guider  dans  les  voies  du  salut  et  la  consoler  dans  ses 
peines ,  vos  vertus  vous  en  feront  chérir. 

Cela  suffira,  mon  cher  Thomas;  évitez  les  grandes  phrases 
si  vous  ne  voulez  pas  tomber  dans  le  phébus  ;  surtout  n'y 
mêlez  pas  de  latin ,  il  n'est  rien  de  plus  détestable  que  cette 
manie  ;  d'ailleurs,  il  faut  que  tout  le  monde  vous  entende. 
Si  vous  voulez  ajouter  quelque  chose ,  vous  en  êtes  le  maître  ; 
je  ne  vous  ai  donné  que  quelques  idées  qui  me  sont  venues  ; 
mais  gardez-vous  d'entrer  dans  de  grands  détails  sur  la 
constitution  civile  du  clergé,  cela  vous  entraînerait  dans  des 
discussions  où  ni  votre  curé  ni  vous  ni  vos  auditeurs  n'en- 
tendriez rien.  Un  langage  simple  et  sans  aprêt,  voilà  ce 
qu'il  faut.  Quant  à  mon  avis  sur  votre  nouvel  état ,  je  crois 
qu'il  vous  convient.  D'ailleurs  là-dessus  on  ne  consulte  que 
soi-même. 

Vous  me  demandez  comment  il  faut  étudier  la  théologie. 

T.  III,  3'  série*  42 


—  33o  - 

Ah  !  mon  Dieu  !  tenez ,  mon  ami ,  le  meilleur  moien  de 
réussir  à  cette  étude  c'est  de  se  charger  la  mémoire  de  ce  fatras 
insignifiant  et  se  donner  de  garde  de  le  soumettre  aux 
lumières  du  bon  sens.  La  théologie  Bone  Deus  !  Apprenez 
votre  leçon  et  puis  c'est  tout  ;  mais  lisez  Loke ,  Rousseau , 
Voltaire  et  Bernardin  de  Saint-Pierre,  voilà  ce  qui  vous 
formera  le  cœur  et  l'esprit ,  voilà  les  lectures  qui  vous  ren- 
dront heureux  dans  quelque  situation  que  vous  vous 
trouviez. 

Ne  m'oubliez  pas,  tâchez  d'être  bientôt  curé;  mais  ne 
sortez  jamais  de  votre  caractère,  je  serai  toujours  votre  ami, 
car  je  saurai  bien  distinguer  Thomme  d'avec  Thabit. 

Adieu^  paix,  santé  et  liberté. 

Chaumette. 
Paris,  7  aoust  1791. 

Je  vis  dans  mon  ménage.  Je  suis  ennuyé  d'être  volé  par  les 
traiteurs.  J^ai  oublié  votre  addresse.  J^addresse  cette  lettre  à 
tout  hazard. 


III. 


A  monsieur  de  La  RUe,  docteur  en  médecine  à  Nevers. 

Je  vous  envoyé,  monsieur,  l'histoire  de  Rochefort  :  ie 
prens  la  liberté  de  vous  en  faire  un  présent,  mais  ie  vous 
prie  de  le  regarder  plutost  comme  une  marque  des  senti- 
mens  de  mon  cœur,  que  comme  un  ouvrage  de  mon  esprit  : 

Je  me  suis  souvent  apperceu 
Qu'ouvrage  de  l'esprit  que  bon  auteur  sçait  fieiire 

N'a  pas  touiours  le  don  de  plaire , 
Mais  ce  qui  vient  du  cœur  est  touiours  bien  receu. 

En  lisant  l'ouvrage  dont  ie  vous  fais  part,  vous  verres  que 
le  sujet  n'est  pas  fort  intéressant,  il  est  même  assés  stérile  et 


—  33i  — 

peu  susceptible  des  beautés  de  Phistoire.  Si  i'avois  été  maitre 
de  choisir  une  matière  pour  travailler,  j^en  aurois  pris  une 
plus  heureuse  :  mais  c^est  le  hasard  qui  m'a  décidé  pour 
celle-cy  ;  elle  vous  donnera  cependant  une  légère  idée  d'un 
des  plus  beaux  ouvrages  de  Louis  XIIII  : 

Recerés  ce  petit  volume , 

Nouveau  fruit  de  ma  vieille  plume; 
Qu'il  ait  part  aux  bontés  que  vous  avés  pour  moy. 
S'il  ne  mérite  pas,  ami,  votre  suffrage. 
Si  vous  n'y  trouvés  point  pièces  de  bon  alloy. 
D'un  grand  historien  le  stile ,  ni  l'ouvrage , 
Vous  y  verres  du  moins  Touvrage  d'un  grand  Roy. 

Mais  que  va  devenir,  monsieur,  le  livre  que  ie  vous 
donne?  En  quelle  compagnie  Tallés-vous  mettre?  le  tremble 
déjà  pour  lui.  Vous  allés  l'associer  aux  plus  grands  hommes 
de  Tart,  et  il  fera  dans  votre  bibliotèque  une  pitoyable 
figure  :  il  y  paroîtra  bien  étranger  parmi  des  auteurs  farcis 
de  grec,  de  latin  et  d^arabe.  De  quel  étonnement  ne  sera-t-il 
pas  saisi  au  milieu  des  Isagogues ,  des  aphorisme^  de  Tan- 
geiologie  et  de  la  splanchnologie  : 

Parmi  tous  vos  doctes  volumes 

Enfiins  des  plus  scavantes  plumes , 
Quelle  figure  y  fera  donc  le  mien  ? 
Tiendra-t-il  quelque  rang  auprèsM'un  Hipocrate 
De  Willis,  Vankelmont,  d'EtmuUer  galien 
Et  de  ces  grands  auteurs  qui  connoissent  si  bien 
Les  allures  du  cœur,  du  foye  et  de  la  rate. 

Il  tremblera  près  de  Diemerbroeck  : 
Stenon ,  Malphigius ,  le  tiendront  en  échec  : 
L'Arabe  Averroès ,  son  confère  Avicenne 

Luy  feront  bientost  perdre  halène 
Et  garder  le  tacet  : 
Devant  ces  deux  sçavans  nés  pas  loin  de  la  Mèque 
Et  le<  autres  qui  font  votre  bibliotèque 

Il  ne  sera  qu'un  marmouset. 

Enfin,   monsieur,   tel  qu^il  est  et  qu^il  vous  paroîtra, 


-  332  - 

recevés-le  avec  autant  de  bonté  qu'a  de  respect  pour  vous 
celui  qui  est  très-sincèrement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

F.  Théodore  de  Blois,  cap. 

A  Nevers,  ce  29  juillet  1739. 

Vous  voulés  bien  que  M«»  de  La  Rue  trouve  ici  l'assu- 
rance de  mes  respects. 


SÉANCE  DU  22  MARS  1888. 

Présidence  de  M.  le  comte  de  Soultiu.it,  président 

Etaient  présents  :  MM.  le  comte  de  Soultrait, 
président 'y  Roubet,  président  honoraire  ;  Ernest 
de  Toytot ,  secrétaire  ;  Canat ,  conservateur  du 
musée]  Tabbé  Soyer,  de  Villefosse,  de  Charant, 
Col,  Le  Blanc-Bellevaux,  Gautheron,  Octave  de 
Villenaut,  A.  de  Rosemont,  Arthur  de  Rosemont, 
le  vicomte  de  Maumigny,  de  Flamare. 

La  Société  reçoit  de  M.  Alfred  Bovet  le  magni- 
fique ouvrage  en  deux  volumes  des  lettres  auto- 
graphes composant  sa  collection. 

Le  Président  exprimera  à  M.  Bovet,  au  nom  de 
la  Société,  nos  sentiments  de  gratitude.  II  est 
décidé  qu'en  échange  il  sera  envoyé  à  M.  Bovet  le 
Sacramentaire  nioernais. 


—  333  — 

Lecture  est  donnée  : 

I*  D'une  lettre-circulaire  du  ministre  de  Fins- 
truction  publique  relative  à  la  réunion  des  sociétés 
savantes  qui  se  tiendra  le  22  mai  1888  ; 

2^  D'une  lettre  de  l'Association  pour  Tavan- 
cement  des  sciences ,  dont  le  congrès  se  tiendra  à 
Oran  du  29  mars  au  3  avril. 

M.  Roubet  offre  à  la  Société  une  étude  sur 
la  paroisse  de  Magny,  par  M.  BuflFet ,  et  une  autre 
plaquette  intitulée  :  Une  visite  au  prieur  de 
Saincaize  ^  par  M.  Louis  Roubet. 

M.  de  Flamare  lit  un  curieux  mémoire  sous  ce 
titre  :  U exécution  des  frères  de  Chastel-Chassy y 
26  juillet  1726. 

M.  de  Rosemont  termine  la  séance  par  la  lec- 
ture d'un  travail  intitulé  :  Origine  de  r homme.  Il 
fait  précéder  cette  communication  de  quelques 
détails  intéressants  sur  l'organisation  et  l'instal- 
lation du  congrès  catholique  des  sciences. 


SÉANCE  DU  26  AVRIL  1888. 

Présidence  de    M.    Roubet,    président    honoraire. 

Etaient  présents  :  MM.  Roubet,  président 
honoraire;  l'abbé  Boutillier,  vice-président;  de 
Toytot,  secrétaire;  Canat,  conservateur  du 
musée;  Duminy,  archiviste;  l'abbé  Soyer,  Aug. 
du  Verne,  le  vicomte  de  M?iumigny,  de  Villefosse^ 


—  334  — 

le  comte  de  Maumigny,  de  Charant,  Langellé, 
Octave  de  Villenaut ,  Julien ,  de  Flamare ,  Tabbé 
Pot. 

M.  Roubet  communique  à  la  Société  une  lettre 
de  M.  Minoret,  de  Paris,  lequel  est  détenteur 
d'un  manuscrit  de  Tabbé  Berthier,  prieur  de  Sain- 
caize.  M.  Roubet  se  mettra  en  rapport  avec  lui 
pour  prendre  connaissance  dudit  manuscrit,  qui 
peut  intéresser  à  un  si  haut  degré  la  Société. 

Lecture  est  donnée  : 

I®  Du  programme  du  congrès  archéologique  de 
France,  qui  se  tiendra  le  12  juin  1888,  à  Dax  ; 

2^  De  la  circulaire  du  ministre  des  beaux-arts 
relative  à  la  réunion  annuelle  des  sociétés  savantes. 

M.  le  président  Roubet  lit  à  la  Société  quel- 
ques pages  intitulées  :  Un  extrait  des  auto- 
graphes de  M.  Alfred  Booet. 

Mention  est  faite  par  M.  l'abbé  Boutillier  d'une 
notice  de  M.  Anatole  de  Charmasse  :  Les  Pèle- 
rinages à  Saint-Sébastien  d'Uchon.  M.  l'abbé 
Boutillier  insiste  à  ce  sujet  sur  cette  question  : 
Pourquoi  saint  Sébastien  est-il  invoqué  contre  la 
peste  ?  et  il  ajoute  quelques  nouveaux  témoignages 
empruntés  à  l'ancienne  liturgie  nivernaise. 

Le  même  membre  donne  ensuite  lecture  de 
quelques  extraits  intéressants  d'une  lettre  de 
M.  Teste,  de  Vésigneux,  relative  aux  livres  de 
raison  dans  le  Morvand  : 

c  II  n^y  a  pas  ici ,  à  proprement  parler,  de  livres  de  raison 
ou  de  famille  dans  la  forme  indiquée  par  M.  de  Ribbe» 


—  335  — 

mais  il  y  a  des  livres  de  comptes  qui  s'en  rapprochent.  L'un 
de  ces  livres  concerne  les  affaires  d'un  membre  de  la  famille 
Déports  ou  de  Pons ,  dont  un  descendant  exerçait  à  Nevers , 
il  y  a  quelques  années,  les  fonctions  d'inspecteur  des  forêts. 
Ce  livre  est  intitulé  :  Livre  de  conte  et  joumalle  de  mes 
affaires  à  quoyfoy  doy  aytre  ajouté.  Depons. 

»  Il  comprend  une  trentaine  d'années  à  partir  de  1742.  En 
dehors  des  aCTaires  proprement  dites  concernant  les  domes- 
tiques, les  domaines,  les  réparations,  le  boucher,  etc.,  il  y  a 
peu  de  notes  intéressantes.  La  plupart  sont  en  hors-d'œuvre 
sur  la  couverture  du  registre  ou  en  papiers  volants. 
M.  Depons  y  donne  les  noms  de  ses  enfants,  la  date  de  leur 
naissance,  l'entrée  de  sa  fille  au  couvent.  Il  y  a  le  chapitre 
des  Pauvres  et  un  billet  du  curé  de  la  paroisse  pour  en  recom- 
mander. Dans  l'une  des  feuilles  volantes,  M.  Depons 
récapitule  ses  revenus,  qui  s'élèvent  à  6,648  fr.,  et  indique 
ensuite  ses  charges,  s'élevant  à  5,696  fr.  10  c,  et  qui  com- 
prennent les  pensions  faites  à  sa  mère,  à  ses  quatre  frères, 
à  sa  sœur,  etc.  Et  après  avoir  trouvé  qu'il  ne  lui  reste  plus 
que  949  fr.,  il  ajoute  mélancoliquement  :  c  Sur  quoi  il  y  a 
l'entretien  de  douze  domaines,  cinq  maisons  de  maître, 
deux  locateries,  les  voyages  en  Bourgogne,  les  affaires  et 
procès  à  soutenir.  On  ne  fera  pas  valoir  les  agréments  de  ce 
bien-cy,  etc.  •  Cette  famille  Depons,  attachée  primiti- 
vement à  la  maison  de  Bourbon-Busset ,  contracta  des 
alliances  à  Saint-Martin-du-Puy  et  dans  les  environs. 

»  L'autre  livre  de  comptes  concerne  les  dépenses  particu- 
lières de  FrançoiS'LouiS' Antoine  de  Bourbon,  comte  de 
Busset  et  de  Chalus ,  baron  de  Saint-Martin-du-Puy ,  et  de 
Puy  agut,  etc.,  etc.,  lieutenant-général.  Il  ne  comprend  que 
l'espace  d'environ  cinq  ans,  à  partir  de  la  fin  de  ij86. 
Grâce  aux  minutieux  détails  dans  lesquels  entre  son  auteur, 
on  peut  se  rendre  compte  très-facilement  de  la  vie  d'un 
grand  seigneur  d'alors  à  la  cour,  à  Paris,  aux  e^ux,  en 
voyage,  dans  ses  terres,  dans  des  circonstances  particulières, 
telles  que  le  baptême  de  ses  petits-enfants ,  etc.  Seulement  il 


—  336  — 

est  regrettable  qur  ce  livre  n'embrasse  qu^ua  si  court  espace 
de  temps. 

»  En  somme ,  ces  deux  livres  de  comptes  pourraient  former 
Tobjet  d'une  étude  ne  manquant  pas  d'un  certain  intérêt.  » 

M.  de  Toytot  signale  la  présence  à  la  biblio- 
thèque de  la  ville  d'un  livre  d'heures  ayant  appar- 
tenu à  la  famille  de  Changy.  Les  marges  du  livre 
renferment  la  date  et  la  mention  des  naissances 
des  enfants  de  la  famille,  avec  les  noms  des 
parrains  et  marraines  et  des  mentions  touchantes, 
telles  que  celle-ci  par  exemple  :  €  Dieu  lui  fasse 
la  grâce  d'être  homme  d'honneur  et  de  bien,  d 

M.  Octave  de  Villenaut  donne  lecture  d'une  très- 
intéressante  notice  sur  le  Sceau  de  Jehannette 
de  Pomayy  qu'il  pense  être  le  premier  sceau 
authentique  de  la  maison  féodale  de  Lamoignon. 
Ce  travail  sera  inséré  au  Bulletin, 

MM.  Auguste  du  Verne  et  de  Villenaut  pré- 
sentent à  la  Société  comme  membre  titulaire 
M.  Paul  Robert ,  qui  est  admis  à  l'unanimité. 

Avant  de  terminer  la  séance,  M.  l'abbé  Bou- 
tillier  demande  au  nom  du  R.  P.  dom  Noël,  de 
l'abbaye  de  Solesmes,  l'échange  de  V Inventaire 
des  titres  de  Nevers,  de  l'abbé  de  MaroUes, 
contre  divers  ouvrages  publiés  par  les  Pères  de 
Solesmes.  Cette  proposition  est  favorablement 
accueillie. 


*x 


—  337  — 


EXTRAIT 

DES  AUTOGRAPHES  DE  M.  ALFRED  BOVET. 

Les  autographes  qui  composaient  la  collection  Alfred 
Bovet  ont,  avant  leur  vente,  été  publiés  en  deux  volumes 
par  M.  Etienne  Chavaray,  qui  en  a  offert  un  exemplaire  à  la 
Société  nivemaise. 

Nous  avons  été  chargé  d^en  faire  un  extrait  en  tant  que 
quelques-uns  de  ces  autographes  pourraient  intéresser  les 
chroniques  locales  de  notre  province. 

Nous  apportons  aujourd'hui  notre  modeste  travail. 

Tout  d'abord ,  nous  ferons  observer  que  la  publication  de 
M.  Chavaray  n'offre  qu'une  énonciation  très-sommaire  du 
texte  des  autographes  collectionnés. 

Quels  qu'ils  soient ,  aucun  d'eux  nous  a  paru  devoir  être 
rejeté  comme  apocryphe. 

Sans  doute,  les  antiquaires  eussent  aimé  à  rencontrer  dans 
leur  nombre  quelques  épaves  plus  archaïques,  quelques 
monuments  plus  rares  que  ceux  qui  nous  sont  offerts. 

Mais  tous  les  chercheurs  n'ont  la  chance  exceptionnelle  de 
M.  Michel  Charles,  de  l'Institut,  qui  crut  un  jour  avoir  mis 
la  main  sur  une  lettre  autographe  de  Marie-Madelaine  et  sur 
un  laisse^'passer  de  Vercingétorix. 

Parmi  les  plus  anciens  collectionneurs ,  nous  devons  citer 
Philippe  de  Béthune,  frère  du  grand  Sully,  dont  les  des^ 
cendants  détiennent  encore  aujourd'hui  le  château  nivernais 
d'Apremont.  A  l'aide  des  archives  de  la  maison  de  Nevers, 
il  était  parvenu  à  constituer  la  première  collection  d'auto- 
graphes proprement  dits. 

Hélas  !  que  sont  devenus  beaucoup  de  ces  précieux  docu- 
ments qui  n'ont  pu  trouver  la  place  qu'ils  devaient  prendre 
dans  Y  Inventaire  des  titres  de  Nevers^  djressé  par  l'abbé 
de  MaroUes? 

T.  Ht,  3*  série.  43 


-  338  - 

Nous  mentionnerons  aussi  M.  Grangierde  La  Marinière, 
qui  avait  assemblé  un  grand  nombre  d'autographes  niver- 
nais ,  tous  dispersés  après  sa  mort. 

Cest  là  le  pire  destin  de  toutes  les  collections  qui  ne  trou- 
vent point  de  sociétés  assez  favorisées  pour  en  devenir  dona- 
taires. 

Voici  donc  le  petit  nombre  d^autographes  émanant  de 
personnages  qui,  à  un  titre  quelconque,  intéressent  notre 
Nivernais  : 

I. 

Marie- Louise  de  Gonzague,  née  en  1612,  fille  de  Charles, 
duc  de  Nevers,  et  de  Catherine  de  Lorraine,  reine  de 
Pologne,  femme  du  roi  Ladislas,  1645,  puis  de  Jean 
Casimir,  1648,  décédée  en  1667. 

Lettre  dans  laquelle  elle  remercie  en  italien  Piccolomini , 
duc  d'Almalfi. 

IL 

Anne  de  Gonzague,  princesse  palatine,  amie  du  grand 
Condé,  célèbre  par  la  part  qu'elle  prit  aux  troubles  de  la 
Fronde,  née  en  16 16,  morte  au  palais  de  Luxembourg,  en 
1684. 

Bossuet  a  prononcé  son  oraison  funèbre. 

Nous  nous  permettrons  de  taire  observer  à  cette  occasion 
que  Bossuet  a  commis  une  erreur  en  attribuant  aux  prin- 
cesses Marie  et  Anne  Tinstitution  dans  leurs  Etats  des  filles 
aumônées.  La  dotation  dévolue  à  perpétuité  et  annuellement 
à  cinquante  filles  a  été  créée  par  Louis  de  Gonzague  et 
Henriette  de  Clèves. 

Notre  maître  Adam  a  maintes  fois  célébré  les  princesses 
Anne  et  Marie.  Nous  possédons  leurs  signatures  au  bas  d^un 
acte  de  foi  et  hommage  donné  par  Etienne  Rousset ,  avocat 
du  roi  au  présidial  de  Saint-Pierre,  comme  acquéreur  du 
fief  des  Réaux,  qui  relevait  de  la  châtellenie  de  CuSy. 


—  339  — 

III. 

Le  cardinal  Mazarin,  né  à  Rome^  le  14  juillet  1602,  mort 
au  château  de  Vincennes,  le  9  mars  1661. 

c  Instruction  diplomatique  pour  gagner  à  la  cause  de 
France  les  électeurs  de  Cologne,  de  Trêves  et  l'électeur 
palatin.  La  lettre,  du  20  juillet  1 657,  est  adressée  au  maréchal 
de  Grammont,  ambassadeur  extraordinaire.  On  y  lit  :  Nous 
n'avons  point  d'argent  ;  mais  quand  je  devrais  vendre  ma 
vaisselle  et  rester  en  chemise,  il  faut  pas  perdre  l'occasion 
d'acquérir  ledit  électeur,  > 

Le  cardinal  ne  vendit  point  sa  vaisselle  et  fit  deux  années 
après,  l'acquisition  du  duché  du  Nivernais. 

IV. 

Bussy-Rabutin  (Roger,  comte  de),  lieutenant-général  pour 
le  roi  de  la  province  du  Nivernais ,  né  à  Epiry,  le  3  avril 
1618,  mort  à  Autun  le  9  avril  1693. 

Dans  Tannotation  faite  par  M.  Chavaray,  Epiry  est  indi- 
qué comme  se  trouvant  dans  la  Nièvre.  Il  paraît  que  le  lieu 
d*Epiry  qui  a  vu  naître  le  trop  fameux  Bussy  n^est  pas  dans 
la  Nièvre,  mais  dans  le  département  de  la  Côte-d^Or. 

L'autographe  relaté  est  d^autant  plus  intéressant  qu'il 
contient  un  post^scriptum  de  la  main  de  sa  fille  Louise- 
Françoise,  qui  épousa  en  premières  noces  le  marquis  de 
Coligny.  Elle  convola  en  secondes  noces  avec  Henri  de  La 
Rivière;  ce  mariage  eut  lieu  au  château  de  Lanty  (Nièvre), 
à  Tinsu  du  comte  de  Bussy,  qui,  par  tous  les  moyens 
possibles,  en  attaqua  la  validité,  notamment  sur  ce  fait  quUl 
avait  été  contracté  à  minuit,  heure  indue. 

Dans  un  travail  que  nous  avons  publié  après  l'avoir  lu  à 
la  Société,  nous  avons  rendu  un  compte  fidèle  des  débats  qui 
résultèrent  de  cet  étrange  procès  La  cour  confirma  le 
mariage ,  mais  la  fille  de  Bussy  ne  retourna  point  auprès  de 


—  340  — 

son  mari.  Abandonnant  sa  qualité  de  marquise  de  Coligny, 
elle  prit  le  nom  de  comtesse  de  Dalet,  et  publia  la  vie  de 
MmedeChantaK 

V. 

Vauban  (Sébastien)  Le  Prestre  (de),  né  à  Saint-Léger-du- 
Fougeret,  le  15  mai  16?  3,  mort  à  Paris,  le  3o  mars  1707. 

c  Une  lettre  approuvant  Padmission  aux  Invalides  de 
Nicolas  Sarton,  dit  La  Ramée.  > 


VI. 


Louis-Jules-Barbon  Mancini-Mazarini,  duc  de  Niver- 
nais : 

c  Poète  fabuliste,  habile  diplomate,  traducteur  distingué, 
membre  de  TAcadémie,  1743,  né  à  Paris,  le  16  décembre 
171 6,  mort  en  la  même  ville,  le  25  février  1798. 

1  Lettre  où  il  remercie  Voltaire  de  Pintérét  qu'il  prend  à 
sa  santé,  et  parle  de  la  souscription  aux  œuvres  de  Corneille. 
11  rengage  à  écrire  aux  membres  de  l'Académie. 

»  La  lettre  est  signée  :  Le  duc  de  Nivernois.  » 

VII. 

Saint-Just  (Louis-Antoine),  poète,  député  de  TAisne  à  la 
Convention,  membre  du  comité  du  Salut  public,  ami  de 
Robespierre,  né  à  Decize  (Nièvre),  25  août  1767,  décapité  le 
28  juillet  1794. 

c  Lettre  d'affaires  personnelles.  » 

VIII. 

Chaumctte  (Pierre-Gaspard),  procureur  de  la  Commune 
de  Paris,  créateur  des  fêtes  de  la  Raison,  né  àNevers,  21  mai 
1763,  décapitée  Paris,  le  i3  avril  1796. 


—  341  — 

«  Lettre  à  Uaubigny,  ami  de  Danton,  du  i6  novembre 
1 793.  Il  recommande  le  citoyen  Barrie,  qui  demande  à  entrer 
dans  les  3o,ooo  hommes  qui  vont  être  formés.  Cest  un  vrai 
sans-culotte  qui  se  battra  jusqu^à  la  mort  contre  les  ennemis 
de  la  République. 

I  Daubigny  était  adjoint  au  ministre  de  la  guerre 
Bouchotte.  > 

II  nous  souvient  d^avoir  entendu  raconter  par  un  Niver- 
nais contemporain  de  la  Révolution  qu'il  avait  vu  la  mère 
de  Chaumette  se  promener  fièrement  dans  les  rues  de  Nevers 
en  criant  :  c  Voici  le  sein  qui  a  porté  le  bonheur  de  la 
France.  > 

IX. 

Enfin,  nous  trouvons  un  autographe  du  marquis  de 
Dupleix ,  le  célèbre  gouverneur  des  Indes. 

Sa  lettre  est  datée  du  12  février  1753. 

Elle  nous  a  paru  intéressante ,  parce  qu'elle  contient  la 
signature  légalisée  de  frère  Sébastien  de  Nevers,  capucin 
missionnaire  apostolique,  seul  curé  de  Pondichéry.  Cette 
signature  nivernienne  était  apposée  à  un  acte  de  naissance 
de  Pierre  de  Bausset,  employé  supérieur  de  la  Compagnie 
des  Indes  et  frère  de  Louis- François,  qui  devint  cardinal  et 
fut  rhistorien  de  Bossuet  et  de  Fénelon. 

L.  ROUBET. 


—  342  — 

POURQUOI  SAINT  SÉBASTIEN  EST-IL  INVOQUÉ 

CONTRE  LA  PESTE  ? 

Quel  rapport  la  vie  et  la  mort  de  saint  Sébastien  peuvent* 
elles  avoir  avec  la  peste  ? 

Un  de  nos  savants  confrères  de  la  Société  éduenne, 
M.  Anatole  de  Charmasse,  pose  ainsi  cette  question  dans 
une  notice  pleine  d'érudition  qu'il  vient  de  publier  sur  les 
Pèlerinages  à  SainUSébastien  d'Uchon  (i). 

Et  il  répond  :  «  Aucun ,  si  on  s'attache  seulement  à  la 
forme  extérieure  de  son  supplice. 

»  Les  savants  auteurs  des  Acta  Sanctorum  se  sont  posé  la 
même  question  y  et  ne  trouvant  rien  dans  les  actes  de  saint 
Sébastien  qui  motivât  son  intercession  contre  les  maladies 
épidémiques  :  Nul  lis  extantibus  in  ejusdem  gestis  hujus  rei 
yestigiis(2),  ils  ont  émis  à  ce  sujet  la  supposition  que  le 
sens  métaphorique  et  figuré  de  certains  passages  de  l'Ecriture 
avait  été  interprété  dans  le  sens  réel  et  que  cette  interprétation, 
assez  conforme  au  génie  populaire,  avait  pu  associer  le  nom 
de  saint  Sébastien  percé  de  flèches  à  la  crainte  des  maladies 
pestilentielles.  Ces  maladies,  disent-ils,  sont  appelées  les 
flèches  les  plus  ardentes  de  la  colère  divine,  d'oti  la  piété 
chrétienne  a  choisi  parmi  les  bienheureux  Sébastien,  assailli 
de  flèches ,  comme  un  protecteur  contre  le  mal  de  la  peste  : 
Ubi  contagia  ardentissima  divinœ  irœ  sagittœ  nuncupantur, 
ideo  christiana  pietas  e  divorum  numéro  Sébastianum 
sagittis  impttitum  adversus  pestiferum  morbum  sibi  tute- 
larem  eîegit. 

»  Cette  dévotion  envers  saint  Sébastien  était  déjà  en  usage 
au  septième  siècle,  puisque,  au  témoignage  de  Paul  Diacre, 
la  peste  qui  sévissait  à  Rome  depuis  trois  mois,  en  680 
cessa  subitement  après  le  vœu  fait  par  les  habitants  d'ériger 
un  autel  à  saint  Sébastien. 

(i)  Autun,  imprimerie  Ûejussieu  {ïère  et  fils,  1888. 
(2)  Acta  Sanctorum,  tome  U,  p.  624. 


—  343  — 

1  Elle  se  manifesta  de  même  lors  de  la  célèbre  peste  de 
Milan,  en  1576,  et  dans  plusieurs  autres  villes.  C'est  donc 
une  preuve,  disent  encore  les  auteurs  des  Acta  Sanctomm^ 
que  saint  Sébastien  est  invoqué  contre  la  peste  par  la  prière 
générale  des  chrétiens. 

»  Enfin ,  la  liturgie  avait  elle-même  souscrit  à  la  coutume 
d^invoquer  saint  Sébastien  contre  la  peste,  i 

M.  de  Charmasse  en  produit  plusieurs  témoignages 
empruntés  à  un  ancien  collectaire  de  Tabbaye  de  Saint- Victor 
de  Marseille  et,  en  particulier,  au  missel  autunois  de 
Philibert  d'Ugny,  publié  en  1556. 

Nous  avons  eu  la  curiosité  d'ouvrir  aussi  nos  anciens 
livres  nivernais.  Il  n'est  personne,  en  effet,  qui  ne  sache 
combien  saint  Sébastien  était  en  grand  honneur  à  Nevers, 
dans  sa  chapelle  publique,  sur  la  place  qui  porte  encore 
aujourd'hui  son  nom.  Que  de  fois,  depuis  le  seizième  siècle, 
des  vœux  de  bougies  de  cire  c  du  gire  et  long  de  cette 
ville  (i)  >  lui  avaient  été  faits  par  les  échevins  c  pour  apaiser 
rire  de  Dieu  qui  menace  de  peste  et  contagion ,  n^y  ayant 
d'autre  remède  (2).  Lors  de  la  démolition  de  cette  chapelle 
en  176 1,  la  bougie  fut  solennellement  transportée  en  Téglise 
Saint-Arigle;  elle  y  brûlait  tous  les  jours  pendant  la  messe, 
et  cela  encore  en  1789. 

La  cathédrale  avait  aussi  sa  chapelle  de  Saint-Sébastien , 
attenante  à  la  grande  tour  de  Saint-Cyr  où,  dès  1439,  Ton 
venait  également  en  pèlerinage  (3).  Or,  nous  avons  rencontré 
dans  le  beau  Processionnal  nivernais  y  édité  en  i535  par 
Mgrd'Albret,  un  long  Oremusen  l'honneur  du  bienheureux 
martyr  Sébastien ,  dans  lequel  se  retrouvent  précisément  les 
expressions  employées  par  les  auteurs  des  Acta  Sanctorum. 

il)  Arch.  communales  de  Nevers,  série  CC,  285. 

fi)  Arch.  communales  de  Nevers,  série  BB.,  ii. 

(3)  Voir  dans  le  Bulletin  de  la  Société  nivemaise^  tome  V,  187s, 
notre  mémoire  sur  les  anciens  vocables  des  autels  et  chapelles  de  la 
cathédrale  de  Nevers. 


—  344  — 

Ni  les  glaives,  ni  les  flèches  des  bourreaux  n'ont  pu 
ébranler  le  bienheureux  Sébastien  ;  et,  pour  cette  raison,  on 
le  supplie  de  secourir,  de  consoler,  de  guérir  les  malheureux 
atteints  des  flèches  de  la  peste. 

Voici  cette  prière  extraite  du  Processionaîe  secitndum 
ritum  et  morem  insignis  ecclesie  cathedralis  Nivemensis.,, 
anno  i535. 

c  Orbmus.  —  Deus  qui  beatum  Sebastianum  martyrem 
tuum  in  tua  fide  et  dilectione  tam  ardenter  solidasti ,  ut 
nuUis  carnalibus  blandimentis,  nullis  tyrannorum  minis, 
nullisque  carnificum  gladiis  sive  sagittis  a  tua  cultura  potuit 
revocari,  da  nobis  miseris  peccatoribus  dignis  ejus  meritis 
et  intercessionibus,  in  tribulatione  auxilium,  in  persecu- 
tione  solatium  et  in  omni  tempore  contra  pestem  epidimie 
remedium  :  quatinus  possumus  contra  omnes  dyabolicas 
insidias  viriliter  dimicare  :  mundum  et  ea  que  in  eo  sunt 
despicere  :  et  nuUa  ejus  adversa  formidare  :  ut  ea  que  te 
inspirante  desideramus  valeamus  obtinere.  Per  Christum 
Dominum  nostrum.  Amen.  » 

f  O  Dieu  qui  avez  si  ardemment  confirmé  dans  votre  foi  et 
votre  dilection  le  bienheureux  Sébastien,  votre  martyr,  que 
ni  les  tendresses  de  la  chair,  ni  les  menaces  des  tyrans ,  ni 
les  glaives  ou  les  flèches  des  bourreanx  n^ont  pu  le  retirer 
de  votre  ardent  amour  ! 

1  A  nous  misérables  pécheurs,  par  ses  dignes  mérites  et  ses 
intercessions,  donnez  le  secours  dans  la  tribulation,  l'assis- 
tance dans  la  persécution ,  et  en  tout  temps  le  remède  contre 
le  fléau  de  Tépidémie  ;  —  autant  que  nous  le  pouvons ,  — 
donnez-nous  aussi  de  virilement  combattre  contre  les 
embûches  diaboliques,  de  mépriser  le  monde  et  ses  suppôts, 
sans  craindre  aucune  de  ses  adversités,  afin  que  tous  les 
désirs  inspirés  par  vous  nous  puissions  les  obtenir.  Ainsi 
soit-il  I  » 

Ajoutons,  en  terminant ,  que  l'interrogation  relative  au 


—  345  - 

culte  spécial  de  saint  Sébastien  pourrait  être  faite  avec  autant 
de  curiosité  pour  un  grand  nombre  d'autres  saints. 

Combien  de  saints ,  en  effet,  invoqués  dans  différentes 
maladies  ou  comme  patrons  de  confréries  de  métiers,  et  pour 
lesquels  il  serait  assez  difficile  de  préciser  la  raison  plus  ou 
moins  sérieuse  ou  naïve  qui  a  déterminé  leur  choiz  I 

Il  nous  souvient  d^avoir  lu  dans  les  cahiers  de  notes 
manuscrites  de  l'abbé  TroufBaud,  intitulés  :  Fragments 
philosophiques,  quelques  lignes  qui  répondent  bien  à  notre 
pensée  et  que  nous  transcrivons  sans  autre  commentaire  : 

c  Saint  Claude  voyait  s^adresser  à  lui  les  boiteux ,  parce 
que  claudicare  signifie  boiter  ; 

»  Saint  Genou ,  les  goutteux ,  parce  que  la  goutte  prend 
ordinairement  au  genou; 

»  Saint  Crépin^  les  cordonniers,  parce  que  crepida  veut 
dire  soulier  ou  pantoufle,  etc.; 

»  La  Conversion  de  saint  Paul,  les  cordiers,  parce  qu'ils 
travaillent  à  reculons  pour  filer  leur  corde,  et  que  saint  Paul, 
à  la  voix  de  Dieu ,  se  convertit  sur  le  chemin  de  Damas  et 
retourna  en  arriére.  » 

Avril  1888. 

L'abbé  BOUTILLIER. 


SÉANCE  DU  31  MAI  1888. 

Présidence  de  M.  Roubbt,  président  honoraire. 

Etaient  présents  :  MM.  Roubet,  président 
honoraire;  Canat,  conservateur  du  musée; 
Dumîny,  archiviste  ;  Octave  de  Villenaut ,  Henri 
d'Assigny,  Tabbé  Soyer,  Gautheron ,  Langellé ,  de 
Flamare. 

T.  ui,  Z*  série.  44 


-  346  - 

M.  Roubet  donne  lecture  d'une  lettre  de  notre 
confrère  M.  le  chevalier  de  Pierredon ,  directeur 
des  usines  d'Imphy,  relative  au  don  par  lui  fait  au 
musée  de  la  porte  du  Croux  de  deux  grandes 
statues  en  bois  de  saint  Arigle  et  sainte  Catherine, 
trouvées  dans  la  cave  de  la  cure  d'Imphy  et  datant 
du  dix-septième  siècle. 

M.  le  Président  propose  ensuite  à  la  Société  de 
faire  Tacquisition  pour  notre  musée  d*une  statue 
tumulaire  en  pierre,  représentant  une  femme 
agenouillée  en  costume  du  seizième  siècle,  qui 
faisait  autrefois  partie  du  monument  funéraire  de 
la  famille  de  Beaujeu,  en  la  paroisse  de  Bitry,  et 
qui  se  trouve  maintenant  hors  de  l'église ,  ainsi  que 
l'a  constaté  M.  de  Soultrait  dans  son  Répertoire 
archéologique  de  la  Nièore. 

M.  Roubet  termine  la  séance  par  la  lecture  d'un 
travail  intitulé  :  Document  inédit  sur  la  Réoo-- 
lution  dans  le  canton  de  La  Guerche.  —  Un 
roi  inconnu. 


SÉANCE  DU  28  JUIN  18Ô8. 

Présidence  de  M.  Tabbé  Boutilliek,  vice-président. 

Etaient  présents  :  MM,  l'abbé  Boutillier,  vice- 
président  ;  E.  de  Toytot,  secrétaire  ;  Duminy, 
archiviste;  Henry  d'Assigny,  de  Villefosse, 
l'abbé  Foucher,  Florimond  Gautheron ,  l'abbé 
Soyer,  l'abbé  Sery,  Blanc,  de  Charant,  Col,  de 


—  347  - 

Lespinasse ,  Ad.  de  Villenaut ,  le  comte  de 
Maumigny,  Langellé ,  de  Pierredon. 

M.  le  Président  fait  part  à  la  Société  d'une  lettre 
de  M.  de  Soultrait  dans  laquelle  il'  exprime  le 
regret  de  ne  pouvoir  assister  à  notre  réunion ,  et 
manifeste  la  résolution  de  se  démettre  de  ses 
fonctions  de  président  si  son  état  de  santé  ne 
s'améliore  pas. 

Sur  la  proposition  de  M.  Ad.  de  Villenaut,  la 
Société  prie  M.  Tabbé  Boutillier  d'adresser  à  notre 
Président  ses  sentiments  de  condoléance  pour  la 
mort  de  M™®  de  Soultrait  et  ses  vœux  pour  le 
rétablissement  de  sa  santé. 

M.  l'abbé  Boutillier  donne  ensuite  lecture  d'une 
lettre  de  dom  Albert  Noël ,  par  laquelle  le  docte 
religieux  remercie  la  Société  de  l'envoi  de  V Inven- 
taire de  Marolles ,  où  il  dit  avoir  trouvé  plus  de 
pièces  qu'il  ne  comptait  en  rencontrer  ;  mais  où  se 
trouvent  les  originaux  de  ces  documents  ?  ce  II  se 
pourrait ,  dit-il ,  que  les  archives  actuelles  du 
prince  de  Monaco  gardassent  un  bon  nombre  de 
titres  concernant  notre  Rethelois;  du  moins  c'est 
ce  que  j'ai  appris  de  M.  Saige ,  à  qui  en  est  confiée 
la  garde.  La  Revue  des  questions  historiques ^ 
tome  XXXVIII ,  pages  605-606 ,  donne  une  note 
intéressante  à  ce  sujet ,  et  tout  porte  à  croire  que 
la  plupart  des  chartes  relatives  au  Nivernais  y  ont 
été  placées,  d 

Les  BoUandistes,  qui  publient  actuellement  les 
Analecta  BoLlandiana ,  demandent  qu'on  veuille 
bien  faire  avec  eux  l'échange  de  nos  publications 


-  348  — 

réciproques.  Cette  demande  est  favorablement 
accueillie. 

M.  le  Président  donne  connaissance ,  à  titre  de 
curiosité,  d'un  extrait  du  Giornale  araldico- 
genealogico-diplomatico ,  publié  à  Pise  par  les 
soins  de  l'Académie  héraldique  italienne  (numéro 
de  janvier  1888),  concernant  Vorigine  prétendue 
italienne  de  Jeanne  d'Arc.  Elle  sortirait  de  la  noble 
famille  Ghisilieri,  à  laquelle  appartient  saint 
PieV. 

En  terminant,  l'auteur  a  soin  d'ailleurs,  avec 
une  parfaite  courtoisie ,  d'observer  que  s'il  a  tenté 
de  prouver  l'origine  italienne  de  Jeanne  d'Arc ,  il 
n'a  eu,  en  aucune  façon,  la  pensée  d'offenser 
Tamour-propre  de  la  très-noble  nation  française 
(non  abbiamo  avato  in  animo  di  qffendere  V amor 
proprio  délia  nobillissima  nazione  francese...) 
ni  de  diminuer  sa  gloire  ;  son  but  a  été  de  pro- 
voquer des  recherches  de  la  part  des  travailleurs 
des  deux  nations. 

Au  surplus,  ajoute-t-il,  la  France  est  assez  riche 
en  gloires  militaires  ;  et  alors  même  qu'il  pourrait 
être  prouvé,  avec  évidence  et  sans  crainte  de 
contradiction,  que  Jeanne  d'Arc  est  d'origine 
italienne ,  l'héroïne  d'Orléans  n'en  demeurerait  pas 
moins  une  gloire  française,  tout  en  étant  une 
gloire  de  la  patrie  italienne. 


-  349  - 

SÉANCE  DU  26  JUILLET  1888. 

Présidence  de  M.  Roubbt,  président  honoraire. 

Etaient  présents  :  MM.  Roubet,  président 
honoraire;  Canat,  conservateur  du  musée; 
A.  de  Villenaut ,  E.  Cheminade,  Tabbé  Foucher, 
Tabbé  Pot,  H.  Blanc,  de  Maumigny,  FÏorimond 
Gautheron,  Langellé,  Tabbé  Soyer,  le  docteur 
Suberty  de  Lespinasse. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de 
M.  de  Soultrait,  s'excusant  de  nouveau  de  ne 
pouvoir  présider  cette  séance;  étant  toujours 
très-souflFrant. 

M.  Hippolyte  Blanc  offre  à  la  Société  une  bro- 
chure intitulée  :  Louis  XVI  et  les  conquêtes  de 
89,  dont  il  est  l'auteur.  Il  donne  ensuite  lecture  de 
plusieurs  lettres  très-intéressantes ,  extraites  de  la 
correspondance  de  Colbert  avec  Mazarin,  et 
toutes  relatives  au  duché  de  Nivernais.  Le  travail 
de  M.  Blanc  sera  inséré  au  Bulletin  dès  que 
Tauteur  l'aura  terminé. 

M.  FÏorimond  Gautheron  donne  lecture  de 
plusieurs  notes  concernant  VA  Ibum  du  Nivernais^ 
par  le  commandant  Barat,  et  communique  plu- 
sieurs dessins  inédits,  du  même  auteur,  contenus 
dans  l'exemplaire  qui  était  à  son  usage.  Il  donne 
ensuite  communication  d'une  poésie  autographe 
du  poète  nivernais  A.  Du  vivier,  dédiée  au  com- 
mandant Barat. 


—  35o  — 


M.  le  Président  termine  la  séance  par  la  lecture 

d'un  travail  dont  il  est  Tauteur,  intitulé  :  Notice 
locale.  La  Chapelle  Saint  -  Biaise  de  La 
Guerche. 


SÉANCE  DU  25  OCTOBRE  1888. 

Présidence  de  M.  Roubet,  président  honoraire. 

Etaient  présents  :  MM.  Roubet,  président  ; 
Tabbé  Boutillier,  vice  -  président  ;  Ernest  de 
Toytot,  secrétaire;  Canat,  conseroateur  du 
musée;  Duminy,  archiviste;  le  docteur  Subert , 
Tabbé  Soyer,  Col,  E.  Maraudât,  Octave  de 
Villenaut,  Henri  Maraudât,  Tabbé  Pot,  de  Lespi- 
nasse ,  de  Flamare ,  Cheminade ,'  A.  de  Villenaut , 
Langellé. 

Lecture'est  donnée  de  la  Notice  biographique 
et  bibliographique  sur  M.  le  comte  Georges  de 
Soultraity  publiée  dans  les  Annales  bourbon- 
naises, par  M.  Roger  de  Quirielle,  neveu  du 
défunt. 

M.  le  président  Roubet  ajoute  quelques  détails 
très-intéressants  sur  les  débuts  archéologiques  de 
M.  de  Soultrait  ;  Tinsertion  en  est  demandée  au 
Bulletin. 

La  Société  émet  en  outre  le  vœu  qu'une  notice 
nécrologique  spéciale  soit  faite  par  un  membre  de 
la  Société.  M.  René  de  Lespinasse  est  désigné  et 
accepte  cette  mission. 


-  35i  - 

M.  l'abbé  Boutillier  donne  lecture  d'une  com- 
munication qui  lui  a  été  adressée  par  M.  le  comte 
Gaspard  de  Soultrait ,  sur  les  dernières  intentions 
de  son  père  relativement  à  sa  bibliothèque  niver- 
naise  et  à  sa  collection  de  documents  originaux  sur 
le  Nivernais,  qu'il  désirait  vivement  n'être  pas 
dispersées... 

La  Société  décide  que,  malgré  la  mort  de  notre 
président ,  il  n'y  a  pas  lieu  de  procéder  immédia- 
tement à  la  nomination  de  son  successeur  jusqu'au 
mois  de  mai  1889,  époque  régulière  du  renouvel- 
lement du  bureau.  Jusque-là  M.  Roubet,  pré- 
sident honoraire ,  continuera  ses  fonctions,  et  en 
son  absence  M.  le  vice  -  président  Boutillier  le 
remplacera. 


SÉANCE  DU  29  NOVEMBRE  1888. 

Présidence  de  M.  I^abbé  Boutillier  ,  vice-président. 

Etaient  présents  :  MM.  l'abbé  Boutillier,  E.  de 
Toytot,  secrétaire;  Canat,  conservateur  du 
musée;  Duminy,  archiviste;  de  Charant,  le 
docteur  Subert ,  Henri  et  Edouard  Marandat ,  le 
vicomte  de  Maumigny,  l'abbé  Foucher,  l'abbé 
Guillemenot,  Octave  et  Adolphe  de  Villenaut , 
l'abbé  Soyer^  de  Flamare,  de  Lespinasse,  Col, 
Langellé. 

M.  le  Président  donne  la  parole  à  M.  de 
Lespinasse  pour  la  lecture  de  la  notice  sur  la  vie 


—  352  — 

et  les  œuvres  de  M  •  le  comte  de  Soultrait,  dont  il 
a  été  chargé  à  la  dernière  séance.  L'insertion  de 
cette  notice  au  Bulletin  est  votée  à  l'unanimité. 
On  y  joindra  le  portrait  de  notre  regretté  pré- 
sident, dessiné  par  M.  Leprat  pour  les  Annales 
bourbonnaises  et  dont  M.  de  Quirielle  a  bien  voulu 
nous  procurer  le  cliché. 

M.  l'abbé  Boutillier  lit  ensuite  une  lettre  écrite 
par  M.  le  marquis  de  Montlaur  à  M.  Roger  de 
Quirielle,  et  publiée  dans  le  numéro  des  Annales 
bourbonnaises  de  ce  mois.  L'auteur  se  plaît  à 
rappeler  l'époque  des  congrès  archéologiques 
organisés  par  M.  de  Caumont.  M.  de  Soultrait , 
dit-il,  s*y  retrouvait  chaque  année;  il  y  était 
écouté  avec  plaisir  et  l'on  applaudissait  sa  parole 
chaude  et  entraînante 

Sont  présentés  pour  faire  partie  de  la  Société  : 

M.  le  vicomte  de  Gaulm3ni,  à  Rimazoir,  par 
Souvigny  (Allier),  par  M.  Adolphe  de  Villenaut 
et  M.  de  Lespinasse  ;  —  M.  A.  Baudot,  à  Lan^ 
(Nièvre),  par  M.  l'abbé  Soyer  et  M.  le  docteur 
Subert;  —  M.  Dugué,  professeur  honoraire  au 
collège  Rollin,  à  Saint  -  Saulge ,  par  M.Charles 
Deton  et  M.  l'abbé  Boutillier. 

MM.  le  vicomte  de  Gaulmyn,  Baudot  et 
Dugué  sont  admis  à  l'unanimité. 


C"  DE  SOULTRAIT 

PRÉSIDENT     DE     LA    SOCIÉTÉ    NIVBRNAISB 
DES  LETTRES,   SCIENCES  ET  ARTS. 


NOTICE 


SUR    LA    VIE    ET    LES    ŒUVRES 


DU 


C"  DE  SOULTRAIT 

PRÉSIDENT  DE  LA  SGOÉTÉ  NIVERNAISE  DES  LETTRES)  SOENCES   ET  ARTS, 

Loe  à  la  séance  da  S9  novembre  1868 

fin. 

René    DE    L.  E  S  PI  N  A  S  S  £ 

ARCUIVISTE-PALioORAPHE 


Messieurs, 

Comme  toutes  les  assemblées  humaines,  notre 
Société  voit  avec  peine  disparaître  ses  membres 
les  plus  aimés  ;  elle  déplore  et  redoute  ces  vides 
qui  se  font  dans  ses  rangs;  mais,  sans  abandonner 
sa  mission  utile  de  conserver  les  précieux  restes 
du  passé,  sans  ralentir  son  zèle  pour  l'histoire  et 
pour  la  science ,  elle  doit  chercher  dans  les  mal- 
heurs mêmes  qui  la  frappent  un  redoublement  de 
travail  et  une  confiance  nouvelle. 

C'est  votre  pensée  à  tous.  Messieurs,  c'est 
Tobjet  de  vos  conversations  depuis  que  le  comte 
de  Soultrait  n'est  plus  parmi  nous.  J'ose  dire  que  la 
Société  nivernaise  représentait  pour  lui  une  famille 
scientifique  ;  il  avait  été  l'un  des  promoteurs  de  la 

T.  III,  3»  série.  45 


—  354  — 

Société  en  1 85 1  ;  de  près  et  de  loin  il  restait  tou- 
jours  notre  confrère,  enrichissant  notre  biblio- 
thèque de  ses  importantes  publications,  et  dans 
son  pays  qu'il  aimait  tant ,  nous  étions  la  principale 
préoccupation  de  son  esprit. 

Il  appartenait  presque  à  la  génération  de  ces 
savants  qui  ont  fixé  la  vraie  méthode  de  Téru- 
dition  historique ,  en  se  servant  des  chartes,  des 
monnaies,  des  monuments  pour  prouver  les  faits, 
pour  redresser  les  dates ,  pour  consigner  les  évé- 
nements si  curieux  de  nos  histoires  provinciales. 
II  a  vu  ce  progrès  grandir  sous  ses  yeux,  avec  la 
satisfaction  d'y  avoir  quelque  peu  contribué  dans  le 
cercle  de  ses  nombreuses  études  locales.  Plusieurs 
réunions  savantes  le  comptaient  avec  honneur 
parmi  leurs  membres  :  la  Société  française 
d'archéologie,  fondée  par  M.  de  Caumont;  les 
Antiquaires  de  France ,  la  Société  des  bibliophiles^ 
le  Comité  des  travaux  historiques  et  diverses  aca- 
démies et  sociétés  de  province.  Ses  fréquentes 
publications  lont  constamment  fait  remarquer 
dans  ces  associations  ;  mais  si  quelques-uns  de  ses 
écrits  concernent  d'autres  provinces  et  principa- 
lement le  Bourbonnais  et  le  Lyonnais,  où  il  passa 
de  longues  années ,  la  plus  grande  part  de  ses 
travaux  revint  toujours  à  sa  chère  province  du 
Nivernais,  dont  il  vivait  forcément  séparé  et 
qu'il  revoyait  chaque  année  avec  un  nouveau 
plaisir. 

Avant  la  fondation  de  la  Société  de  la  porte  du 
Croux  il  y  avait  peu  d'ouvrages  imprimés  sur  notre 


—  355  — 

histoire  locale ,  et,  parmi  eux,  les  articles  histo- 
riques des  Almanachs  de  Gillet,  parus  de  1800  à 
1809,  étaient  les  plus  intéressants.  L'auteur  avait 
compris  rintérêt  et  la  méthode  de  Thistoire,  et 
encore  aujourd'hui  ses  études  sont  consultées  avec 
fruit;  il  devait  suivre  tous  les  cantons  et  peut-être 
les  communes  ;  mais  Gillet  cessa  ses  publications 
et  en  même  temps  disparurent  les  précieuses 
notices. 

M.  de  Soultrait,  s'inspirant  évidemment  de  la 
même  idée  »  voulut  réaliser  la  continuation  de  ce 
grand  travail  sur  le  plan  indiqué  par  Gillet,  et, 
avec  tous  les  moyens  en  son  pouvoir,  l'activité 
prodigieuse  de  son  talent  et  la  passion  de  l'éru- 
dition historique,  il  commença  ses  courses  à 
travers  la  province ,  fouillant  les  coins  et  recoins 
d'une  commune  en  chercheur  et  en  curieux,  notant 
tous  les  détails  sur  les  constructions ,  les  familles , 
les  armoiries. 

Ces  notes  prises  sur  place  et  complétées  ensuite 
par  des  recherches  dans  les  archives  et  les  biblio- 
thèques, furent  le  point  de  départ  d'une  série  de 
publications  qui  occupèrent  sa  vie  entière.  Ces 
publications  se  ressentent  de  la  hâte  qui  y  pré- 
sidait. L'auteur  convenait  le  premier  en  toute 
franchise  des  imperfections  et  des  omissions  qui  se 
glissaient  dans  ses  nomenclatures  et  ses  filiations. 
Son  étude  était  bien  différente  des  travaux  ordi- 
naires; celui  qui  dépouille  un  dépôt  public 
d'archives  peut  prendre  son  temps,  sans  grands 
déplacements  et  sans  grands  frais;  celui  qui  doit 


-  356- 

parcourir  un  pays  regarde  davantage  au  temps  et  à 
la  peine ,  et  il  doit  faire  vite. 

George  de  Soultrait  se  trouvait  en  face  de 
monuments  inexplorés,  de  faits  inédits  pour  la 
plupart  ;  il  releva  tout  et  fit  imprimer  ses  notes 
avec  une  étonnante  rapidité.  Ceux  qui  ont  écrit 
savent  seuls  combien  il  faut  de  persévérance  et  de 
labeur  pour  mettre  un  livre  en  état  d'impression  ; 
aussi  devons-nous  lui  savoir  le  plus  grand  gré  de 
tous  ces  éléments  historiques  qu'il  a  mis  entre  nos 
mains.  Sans  lui  nous  n'aurions  probablement  pas 
encore  ces  premiers  fonds  de  travail  réunis  dans 
les  ouvrages  qu'il  a  eu  le  courage  de  publier. 

Les  premiers  résultats  de  ses  tournées  archéo- 
logiques furent  condensés  dans  une  série  de  notices 
sous  le  titre  de  Statistique  monumentale  du 
département  de  la  Nièvre  et  insérés  chaque 
année  dans  la  partie  littéraire  des  A  Imanachs  de 
Bégat,  depuis  1848  jusqu'à  1871.  Chaque  fascicule 
comprend  environ  40  à  50  pages  in- 12,  ce  qui 
donne  une  idée  de  l'importance  de  ce  travail. 
Tous  les  cantons  et  communes  y  sont  passés  en 
revue  :  l'église,  les  monuments  et  châteaux,  les 
ruines  avec  les  détails  archéologiques  de  quelque 
intérêt  ;  çà  et  là  un  souvenir  de  famille ,  un  fait 
historique  sur  les  seigneurs,  sur  les  hommes 
remarquables,  sur  la  population.  Il  y  a  beaucoup  à 
prendre  et  à  retenir  dans  ces  descriptions;  chaque 
jour  voit  disparaître  des  pièces  et  des  monuments 
dont  la  seule  mention  restera  désormais.  Ajoutons 
que  ces  publications  dispersées  par  le  hasard  sont 


-357- 

devenues  fort  rares  et  presque  introuvables  (i). 
L'un  des  fascicules,  paru  en  1856  et  consacré  à 
Nevers,  a  été  tiré  à  part  sous  le  titre  de  Guide 
archéologique  dans  Nevers ,  et  relève  les  monu- 
ments et  inscriptions  susceptibles  d'attirer  l'atten- 
tion des  étrangers  de  passage  dans  notre  ville. 

Sans  penser  à  analyser  de  semblables  ouvrages, 
il  suffit  de  les  indiquer  pour  se  rendre  compte  de 
la  somme  de  travail  qu'ils  ont  exigée. 

M.  de  Soultrait  collaborait  en  même  temps  aux 
Annales  archéologiques  et  au  Bulletin  monu^ 
mental  de  M.  de  Caumont,  dont  il  fut  un  des 
disciples  les  plus  actifs.  Il  faisait  paraître  un 
Armoriai  du  Nivernais  avec  nombreuses  plan- 
ches de  blasons ,  et ,  pour  établir  encore  mieux  sa 
réputation  d'érudit,  il  publiait  en  1854  un  Essai 
sur  la  numismatique  nivernaise ,  édition  de  luxe 
enrichie  de  gravures  dans  le  texte,  tirée  à 
200  exemplaires  (2).  U Armoriai  fut  l'objet  d'une 
édition  plus  récente  ;  mais  la  Numismatique  est 
restée  dans  sa  forme  primitive,  et  si  elle  est  la 
première  œuvre ,  elle  est  aussi  la  meilleure  et  la 
plus  originale. 

Les  études  des  monnaies  en  étaient  encore  à 
leurs  débuts;  l'auteur  avait  l'avantage  d'arriver 
premier  sur  un  terrain  à  peine  exploré  :  il  devait 
donc  réussir  à  faire  un  livre  curieux  et  utile.  Après 


(i)  L'ensemble  des  notices    forme  un  tirage  à  part  d^un  nombre 
trls-restreint  distribué  en  trois  volumes. 
(2)  Paris,  Didron,  1834,  in-8*  de  225  pages. 


'  .1 


-  358  - 

les  médailles  romaines  qui  se  rapportent  au 
Nivernais ,  il  prend  les  monnaies  des  deux  pre- 
mières races  et,  arrivé  aux  Capétiens,  il  montre» 
par  une  série  de  pièces  successives ,  la  déformation 
du  sigle  royal  aussi  marquée  que  dans  les  autres 
provinces  ;  puis  viennent  les  monnaies  baronales 
des  diverses  maisons  qui  ont  occupé  le  comté  de 
Nevers.'_  L'existence  des  pièces  donne  lieu  très- 
souvent  à  des  discussions  historiques,  des  recti- 
fications de  faits  et  de  dates  ;  nous  le  savons 
aujourd'hui,  grâce  à  l'élan  donné  alors  par  les 
maîtres  de  la  science,  et  nous  nous  estimons  heu- 
reux si  nous  pouvons  découvrir  encore  quelque 
pièce  qui  a  échappé  à  leurs  investigations. 
L'époque  moderne  est  représentée  par  des  jetons 
de  toute  beauté  frappés  sur  l'ordre  des  ducs  de 
Nevers,  et  enfin  par  des  mandats  de  villes  et 
divers  billets  de  confiance  mis  en  circulation  dans 
le  département  pendant  la  Révolution. 

Quelque  temps  après  son  apparition,  M.  Morellet 
rendit  compte  de  la  Numismatique  nicernaise  en 
termes  assez  vifs  ;  la  critique  était  un  peu  sévère 
et  imprimée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  (i)  ; 
elle  réclama  de  la  part  de  l'auteur  une  réponse 
justificative  qui  ne  se  fit  pas  attendre.  Ces  luttes 
à  armes  aussi  courtoises  que  savantes  furent  l'occa- 
sion d'une  note  insérée  dans  la  Revue  des  Sociétés 
savantes,  où  il  est  dit  que  M.  deSoultrait,  «  esprit 
juste  et  solide,  avait  fait  de  tous  les  monuments 

(i)  Tome  II,  p.  199  et  352. 


—  359  — 

du  Nivernais,  monnaies^  médailleSi  jetons ,  sceaux, 
chartes,  une  étude  spéciale,  et  qu'il  n'avait  rien 
négligé  ni  affirmé  sans  preuves  (i)  ». 

Né  le  27  juin  1822,  George  de  Soultraît  avait 
alors  trente-deux  ans,  il  venait  d'être  nommé 
membre  non  résidant  du  Comité  des  travaux 
historiques,  titre  qui  le  rangeait  définitivement 
parmi  les  hommes  de  science  ;  il  avait  deux  bons 
livres  imprimés  et  une  quantité  considérable  de 
notes  manuscrites. 

Il  nous  faut  remonter  quelques  années  pour 
retrouver  notre  regretté  confrère  dans  son  rôle 
de  sociétaire.  La  Statistique  monumentale  ^ 
\ Armoriai  et  la  Numismatique  avaient  paru  en 
dehors  de  nos  publications ,  la  Société  n'en  étant 
encore  qu^à  ses  débuts.  Sa  fondation  avait  été 
décidée  dans  le  congrès  réuni  à  Nevers  par  M.  de 
Caumont  en  mai  1851,  et,  dès  le  mois  suivant, 
George  de  Soultrait,  déjà  membre  du  conseil 
général  de  la  Nièvre,  accompagnait  à  la  séance 
d'inauguration  l'évêque  et  le  préfet,  qui  ouvrirent 
solennellement  la  session  de  nos  pacifiques  débats, 
témoignant  par  leur  présence  l'intérêt  que  tous 
les  administrateurs  zélés  et  intelligents  doivent 
porter  aux  progrès  des  sciences  et  des  études 
historiques. 

La  situation  de  sa  famille,  ses  talents  per- 
sonnels, son  bagage  littéraire,  déjà  important, 
plaçaient  George  de  Soultrait  parmi  nos  membres 

(i)  Bulletin,  tome  III,  p.  i65. 


—  36o  - 

fondateurs  les  plus  distingués  ;  il  fut  aussi  des 
plus  actifs. 

M,  Tabbé  Crosnier  avait  proposé  comme  pre- 
mier travail  le  Catalogue  chronologique  des 
monuments  du  Nivernais ,  s'inspirant  en  cela  de 
rimpulsion  donnée  aux  études  archéologiques  par 
le  congrès  de  Cau mont,  qui  venait  de  tenir  à 
Ne  vers  une  session  brillante. 

Le  Gouvernement  encourageait  l'initiative 
privée  ;  il  accueillait  avec  bienveillance  les  indi- 
cations qu'on  lui  donnait  ;  il  accordait  des  sous- 
criptions aux  sociétés,  des  récompenses  aux 
> 

auteurs,  des  allocations  pour  réparations  des  bâti- 
ments signalés  comme  intéressants  au  point  de 
vue  de  Tart. 

Il  fallait  se  montrer  digne  d'une  si  haute  solli- 
citude ,  et  la  Société  nivernaise  désigna  son  pré- 
sident, Mgr  Crosnier,  pour  la  description  des 
monuments  religieux  et  M.  de  Soultrait  pour  les 
constructions  civiles  et  militaires ,  sur  lesquelles  il 
avait  déjà  écrit  deux  articles. 

Nous  avons  vu  dans  la  suite  comment  ces  deux 
archéologues  remplirent  la  mission  qu'ils  avaient 
acceptée.  Mgr  Crosnier,  dont  la  mémoire  est  tou- 
jours vivante  dans  nos  cœurs ,  achevait  son  beau 
livre  de  la  Monographie  de  la  cathédrale  de 
Saint-Cyr  et  tant  d'autres  études  archéologiques 
qui  ornent  notre  Bulletin  ;  son  compagnon  de  tra. 
vail  poursuivait  sans  relâche  les  ouvrages  que  je 
continue  de  faire  passer  sous  vos  yeux. 

Dans  la  séance  du  21  août  1851,  il  fM'oposa  un 


—  36i  — 

mode  de  publication  double  du  Bulletin  :  les 
procès-verbaux  à  part  et  les  documents  et  autres 
travaux  d'une  certaine  étendue  également  à  part 
et  même  dans  un  format  différent.  Cette  propo- 
sition, insignifiante  en  apparence,  contenait  la 
bonne  organisation  de  nos  publications,  objet 
principal,  je  dirai  même  seule  raison  d'être  de 
notre  Société  ;  elle  fut  adoptée  pour  les  deux 
premiers  volumes,  puis  abandonnée  pour  la 
deuxième  série.  Ce  n'est  pas  ici  l'occasion  d'in- 
sister ;  je  me  borne  uniquement  à  rappeler  l'intérêt 
que  notre  regretté  président  témoignait  aux  déci- 
sions de  la  Société  dès  ses  débuts. 

Pour  compléter  et  accorder  entre  eux  les  ren- 
seignements recueillis  au  hasard  dans  ses  tournées, 
il  avait  puisé  largement  dans  VInventaire  des 
titres  de  Neoers ,  rédigé  en  1 636  par  l'abbé  de 
Marolles.  Peu  de  personnes  connaissaient  les 
volumineux  manuscrits  appartenant  à  la  Biblio- 
thèque nationale ,  et  George  de  Soultrait ,  séduit 
de  suite  par  cette  accumulation  de  noms,  de 
faits  et  d'indications  de  tout  genre,  écrivait  à 
Mgr  Crosnier,  dès  le  printemps  de  1855  :  a:  Plus 
je  parcours  ces  volumes,  plus  je  me  persuade  que 
leur  publication  serait  du  plus  haut  intérêt  ;  ce 
serait  un  beau  monument  historique  que  notre 
Société  s'élèverait  (i).  3> 

Quelques  mois   auparavant,    à   la   séance  du 
9  novembre  1854,  notre  vénéré  confrère,  M.  le 


(t)  BUace  du  19  ayril  i855. 

T.  m,  3«  série.  46 


—  362  — 

comte  de  Maumigny,  dont  nous  admirons  autant 
le  talent  que  la  verte  vieillesse,  appuyait  chaleu- 
reusement ce  projet  de  publication  ;  enthousiasmé 
par  rimportance  et  le  nombre  des  pièces  ana- 
lysées, qui  revenaient  en  quelque  sorte  sous  la 
main  des  travailleurs  après  la  perte  irréparable  de 
nos  archives,  il  voyait  dans  Vlnoentaire  de 
Marolles  un  trésor  de  recherches  et  une  abon- 
dance de  renseignements  utiles  à  toutes  les  bran- 
ches de  noire  histoire.  On  écouta  les  appréciations 
judicieuses  de  M.  de  Maumigny,  sans  toutefois 
donner  suite  à  une  entreprise  trop  onéreuse  à  ce 
moment  pour  les  ressources  de  la  Société.  L'affairé 
devait  être  reprise  plus  tard  et ,  pour  son  utilité 
personnelle  comme  dans  un  intérêt  quelconque, 
George  de  Soultrait  se  mit  bravement  à  prendre 
copie  de  toutes  les  pièces  qui  touchaient  au 
Nivernais.  Si  la  publication  n'eût  pas  eu  lieu ,  les 
notes  seraient  restées  quand  même  à  notre  dispo- 
sition dans  cette  collection  locale  qu'il  nous  destine, 
et  ses  travaux  manuscrits  lui  survivaient,  aussi 
précieux  peut-être  que  les  documents  qui  y  sont 
joints.  Combien  d'entre  nous  prennent  aussi  des 
notes ^  des  copies,  des  analyses  incomplètes  pour 
eux,  et  ne  méritant  pas  les  honneurs  de  Timpression, 
tnais  qui,  réunies  à  d'autres,  acquièrent  tout  d'un 
coup  une  importance  réelle*  Le  confrère  dont 
lions  déplorons  la  perte  aujourd'hui  nojis  avait 
donné  l'exemple  des  recherches  et  des  copies  ; 
imitons-le,  fouillons  les  papiers  et  les  monuments, 
la  plume  ou  le  crayon  à  la  main  ^  et  notre  œuvre 


-  363  - 

collective    s'imposer^   d'elle* môme  aii^  çsprits 
éclairés* 

Ses  excursions  archéologiques  étaient  presque 
terminées  vers  1860,  et  les  matériaux  amassés  eii 
grand  nombre  lui  permettaient  de  suivre  régu- 
lièrement par  année  ses  articles  de  statistique 
monumentale.  Cette  première  partie ,  qu'on  pour- 
rait appeler  partie  active  j  la  plus  facile  et  la  plus 
agréable ,  convenait  surtout  à  son  caractère  scru- 
tateur et  enjoué.  Il  se  sentait  porté  de  préférence 
vers  les  particularités  de  l'histoire  locale ,  origines 
et  filiations  de  familles ,  armoiries  de  seigneurs ,  çt 
cent  autres  sujets  qui  intéressent  les  pays  et  leur$ 
habitants. 

S'arrétant  dans  une  commune ,  il  demandait  et 
visitait  tout  par  lui-même,  prenant  sur  ses  feuilles 
les  inscriptions,  les  tombes,  les  clocheS;  les 
diverses  parties  curieuses  d'un  monument  ;  aussi , 
longtemps  après  lui  ^  nos  ciceroni  de  campagnç 
ne  manquaient  pas  de  dire  à  tout  visiteur  que 
M.  de  Soultrait  avait  déjà  vu  et  consigné  l'objet 
en  question.  Ce  seul  point  suffirait  à  rendre  notre 
confrère  un  des  hommes  marquants  de  notre  proT 
vince,  et  il  gagnait  encore  en  considération  par 
ses  services  administratifs  comme  conseiller 
général  et  par  l'honorabilité  de  sa  famille,  si 
connue  en  Nivernais.  Devant  tant  de  titres  aux 
égards  de  ses  compatriotes,  soutenu  par  une 
affabilité  et  un  don  de  persuasion  qui  ne  l'aban- 
donnaient jamais,  toutes  les  portes  lui  étaient 
ouvertes  ;  d'un  abord  très-facile,  il  se  liait  à  pre- 


—  364  — 

mière  vue ,  profitant  de  cette  entrée  en  matière  si 
commode  et  qui  lui  coûtait  si  peu  pour  s'assurer 
des  communications  de  documents  que  d'autres 
n'auraient  jamais  pu  obtenir.  Chercheur  et  homme 
charmant,  maniant  la  plaisanterie  encore  mieux  que 
la  science ,  mais  revenant  promptement  à  son  goût 
favori  de  l'archéologie,  il  séduisait  son  hôte  et 
laissait  chez  celui  qui  l'avait  vu ,  même  une  seule 
fois,  le  souvenir  de  sa  conversation  vive  et 
piquante. 

Parmi  les  gens  du  monde  qui,  comme  lui ,  ont 
la  passion  des  études  historiques  ^  il  y  a  de  grandes 
différences ,  des  types  très- variés ,  selon  le  tempé- 
rament de  chacun  et  les  circonstances  où  il  se 
trouve.  Les  uns  lui  sacrifient  tout,  les  autres  la 
traitent  en  compagne  docile ,  qui  cède  souvent  et 
à  laquelle  on  commande.  Dans  notre  siècle  dur  et 
pratique ,  où  les  choses  ne  vont  pas  toutes  seules , 
des  préoccupations  d'affaires ,  des  obligations  de 
famille  nous  en  détournent  souvent.  George  de 
Soultrait  ne  connaissait  pas  ces  difficultés  ;  tous  les 
siens  respectaient  ses  goûts ,  l'admirant  et  lui  lais- 
sant la  liberté  de  les  satisfaire  ;  mais  il  ne  négligeait 
pour  cela  aucun  des  côtés  utiles  de  l'existence. 
Menant  tout  de  front  à  la  fois,  les  affaires,  le 
monde,  la  science,  il  ne  pouvait  s'absorber  dans 
une  étude  suivie  ou  une  thèse  générale  réclamant 
nne  application  constante  et  régulière.  Il  travaillait 
par  saccades ,  par  journées  volées  à  d'autres  occu- 
pations y  comme  la  plupart  d'entre  nous  auxquels 
les  nécessités  de  la  vie  interdisent  ces  séances  de 


—  365  — 

longues  heures  y  si  calmes,  si  douces,  si  précieuses 
à  ceux  qui  aiment  Tétude  et  n'ont  pas  de  soucis 
étrangers  à  la  tâche  littéraire  qu'ils  se  sont 
imposée. 

Il  eût  semblé  que  ces  listes  de  documents,  ces 
nomenclatures  interminables,  comme  en  exige 
l'érudition  moderne,  ne  dussent  pas  s'accorder 
avec  la  tournure  d'esprit  dont  il  faisait  preuve  à 
tout  propos,  et  pourtant  c'était  chez  lui  une  sorte 
de  contraste  entre  sa  personne  et  ses  écrits.  Autant 
il  brillait  en  conversation  par  des  répliques  spiri- 
tuelles et  des  narrations  élégantes,  autant  dans 
ses  livres  il  se  montre  réservé  jusqu'à  la  sécheresse 
et  effacé  dans  sa  manière  d'écrire  et  même  de 
penser.  Le  genre  d'ouvrages  qu'il  a  choisi  ne 
prêtait  aucunement  à  l'expansion  de  ses  idées,  et 
ceux  qui  l'ont  connu  peuvent  s'étonner  qu'il  n'ait 
pas  au  moins  préféré  les  études  curieuses  de 
mœurs ,  les  biographies  de  grands  hommes  et  tant 
d'autres  questions  où  les  qualités  brillantes  de  son 
esprit  auraient  pu  se  produire  mieux  que  dans  les 
copies  d'inventaires  et  les  descriptions  d'armoiries 
ou  de  monuments.  Cette  remarque  de  ma  part  est 
un  éloge  bien  plus  qu'un  reproche ,  ici  dans  notre 
société  qui  fait  l'accueil  le  plus  flatteur  aux  lettres 
et  aux  arts ,  mais  qui  s'efforce  d'être  avant  tout  le 
sanctuaire  de  l'histoire  et  de  l'archéologie. 

George  de  Soultrait,  qui  aurait  pu  écrire  comme 
il  parlait,  avait  cependant  compris  l'histoire  de 
son  pays  selon  la  méthode  rigoureuse  de  la  cri- 
tique historique,  et,  comme  les  livres  de  première 


—  366  — 

tnaiû  faisaient  presqne  défaut,  il  s'était  mis  coura- 
geusement à  les  entreprendre.  Ses  sujets,  aussi 
arides  que  spéciaux ,  sont  justement  placés  dans  le 
champ  le  plus  exposé  à  la  critique.  Le  Diction- 
naire topographique  de  la  Nièvre ,  déjà  si  riche 
en  forme  de  noms ,  recevrait  encore  des  complé- 
ments importants  ;  le  Répertoire  archéologique 
ofl&re  bien  des  inexactitudes  ;  \ Armoriai  a  con- 
fondu bien  des  familles;  mais  quelle  érudition, 
quelle  mémoire,  quelle  persévérance  il  fallait  pour 
accomplir  de  si  longs  travaux  !  Qui  de  nous  les  eût 
terminés  avec  plus  de  succès  et  moins  d'imper- 
fections ?  Les  corrections ,  les  additions  viendront 
d'elles-mêmes. s'ajouter  à  ces  textes,  et  il  aura  eu 
l'honneur  d'indiquer  la  voie  en  guidant  ceux  qui  la 
suivront  après  lui. 

Imprimé  en  1862  à  l'imprimerie  nationale,  le 
Dictionnaire  topographique  est  un  des  premiers 
ouvrages  de  ce  genre  exécuté  sur  les  plans  du 
ministère  de  l'Instruction  publique  :  préface  expo- 
sant sommairement  la  situation  administrative, 
naturelle  et  industrielle  du  département,  puis  le 
dictionnaire  par  ordre  alphabétique  des  nonis  de 
lieu  actuels  suivis  de  toutes  les  formes  anciennes 
du  même  lieu  aux  diverses  époques  de  notre 
histoire.  Il  est  inutile  de  s'appesantir  sur  l'intérêt 
d'un  travail  de  ce  genre  pour  les  études  histo- 
riques, personne  n'a  le  droit  de  toucher  un 
des  points  de  nos  localités  sans  Id  citer  et  y 
recourir. 

Sur  la  circulaire  du  ministre  de  l'Instruction 


-  367  - 

pilbliqne,  la  Société  nivernaise  avait  désigné 
M.  de  Soultrait  pour  Texécution  de  ce  diction* 
naire.  Le  travail  fut  de  longue  durée ,  ingrat  et 
aride  plus  que  toute  autre  partie.  Les  registres- 
terriers,  les  pouillés  du  diocèse,  les  quelques 
cartulaires  connus,  un  bon  nombre  d'archives 
publiques  et  particulières ,  enfin  divers  inventaires 
furent  suivis  et  compulsés  avec  soin«  Tous  ces 
documents,  étant  encore  à  Tétat  de  msuiuscrits, 
demandaient  beaucoup  plus  de  temps  et  de  con- 
naissances spéciales*  Une  commission,  nommée 
dans  le  sein  de  votre  Société ,  examina  le  travail 
et  l'adressa  au  ministre  avec  une  chaleureuse 
approbation,  et,  dans  sa  séance  du  ii  avril  1863, 
le  Comité  des  travaux  historiques  accordait  une 
médaille  à  Tauteun 

Vers  cette  époque,  le  comte  Gaspard  de 
Soultrait,  receveur  général  du  Rhône,  mourait 
entouré  des  soins  affectueux  de  ses  enfants  et 
laissant  à  son  fils  les  traditions  d'honneur  et  d'hos- 
pitalité qui  l'avaient  rendu  si  sympathique.  Son 
hôtel  de  Lyon ,  à  cette  époque  Où  il  y  avait  encore 
des  salons,  était  le  rendez- vous  des  esprits  déli« 
cats,  des  hommes  distingués ,  qui  s'y  trouvaient  à 
Taise,  parce  qu'ils  rencontraient,  dans  ces  char-» 
mantes  réunions,  les  agréments  de  la  société  alliés 
aux  affections  intimes  de  la  famille.  La  maison 
n'était  point  changée ,  le  fils  remplaçait  seulement 
le  père  ;  les  parents  et  amis  y  recevaient  toujours 
le  même  accueil  bienveillant  et  gracieux.  George 
de  Soultrait  obtenait  en  même  temps  la  placo 


—  368  — 

de  receveur  -  percepteur  à  Lyon,  qui  devait  le 
fixer  pour  longtemps  dans  la  seconde  ville  de 
France. 

Il  y  a  un  arrêt  dans  ses  publications ,  du  moins 
en  ce  qui  concerne  le  Nivernais.  Eloigné  de  nos 
contrées,  retenu  par  ses  fonctions  et  ses  obli- 
gations de  famille,  il  vit  encore  dans  le  passé, 
mais  d'une  autre  manière  moins  absorbante,  et  qui 
lui  plaisait  beaucoup  aussi  :  la  recherche  des  objets 
d'art,  des  livres  et  des  chartes.  Avec  le  temps,  il 
réunit  un  nombre  considérable  de  faïences  niver- 
naises,  parmi  lesquelles  se  trouvent  quelques 
pièces  rarissimes  qui  ont  pris  aujourd'hui  une 
grande  valeur.  On  se  procurait  encore  à  cette 
époque  de  beaux  objets  à  des  prix  abordables,  et 
les  ventes  de  quelque  importance  le  voyaient  tou- 
jours parmi  les  plus  fidèles  clients.  C'est  ainsi  qu'il 
amassait  au  château  de  Toury  des  curiosités  d'un 
grand  intérêt,  recherchées  dans  un  but  spécial 
d'études  locales  ou  de  productions  artistiques  rela- 
tives à  notre  pays. 

Sa  belle  bibliothèque  lui  valut  l'honneur  d'être 
admis  dans  la  célèbre  Société  des  Bibliophiles, 
présidée  par  M.  le  baron  Pichon,  cet  amateur 
érudit  et  obligeant  entre  tous,  et  sa  collection 
nivernaise  de  livres  et  de  pièces  manuscrites 
reviendra  prochainement  à  notre  Société.  C'est 
alors  que  nous  comprendrons  l'importance  de  ce 
don  généreux,  en  appréciant  par  nous-mêmes 
l'intervention  utile  et  intelligente  de  notre  cher 
compatriote. 


-  569  — 

Pattnî  sM  notes  manusctif es ,  celles  qnif  av^aît 
le  plus  à  cœur  de  voir  publiées  étaient  les  copies 
de  VInventaire  de  Marolles.  Dans  ses  rares 
apparitions  en  Nivernais,  il  en  parlait  souvent,  et 
la  proposition  fut  de  nouveau  présentée  à  la  fin  de 
Tannée  1866;  on  discuta  la  disposition  de  l'ou- 
vrage, le  mode  d'impression,  le  format.  La  valeur 
intrinsèque  du  manuscrit  fut  examinée  avec  d'au- 
tant plus  de  liberté  qu'il  s'agissait  d'un  travail  fait 
en  1636  et  que  l'éditeur  ne  venait  qu'au  second 
plan.  Il  se  fit  un  courant  d'opinions  diverses  ;  cette 
question  engageait  les  ressources  de  la  Société 
pour  plusieurs  années  et  méritait  réflexion.  J'avais 
compulsé  Y  Inventaire  de  Marolles  pour  des 
actes  du  treizième  siècle,  et  mon  appréciation  pou- 
vait être  d'un  certain  poids  ;  j'y  trouvais  des  dates 
incertaines,  des  noms  estropiés,  des  traductions 
défectueuses.  Il  eût  fallu  refaire  tout  un  nouvel 
ordre  de  documents,  et  c'était  un  trop  grand 
travail,  impossible  même  en  bien  des  parties. 
U Inventaire  fut  publié  avec  toutes  réserves, 
laissant  à  l'abbé  de  Marolles  la  responsabilité  des 
inexactitudes  et  des  erreurs  ;  il  est  accompagné  de 
quatre  tables  des  fiefs,  des  localités,  des  noms 
d'hommes  et  des  matières.  Malgré  les  imperfec- 
tions de  VInventaire,  cette  publication,  d'une 
étendue  considérable  (i),  fournit  des  éléments  de 
recherches  qui  peuvent  être  utilement  ajoutés  à 
d'autres  sources  plus  sûres.  «  C'est  à  l'abbé  de 

(t)  En  753  colonnes  in-4*. 

T.  m,  3*  série.  47 


—  370— 

MaroUes ,  dit  M.  de  Chambure ,  et  à  lui  seul  que 
nous  devons  l'œuvre  que  j'appellerai  le  sauvetage 
des  titres  de  la  province.  3)  Ce  rapport  au  Conseil 
général  (i),  très-élogieux  pour  M.  de  Soultrait, 
concluait  à  la  demande  d'une  subvention  de 
2,500  fr.,  qui  fut  accordée  en  cinq  annuités ,  à  partir 
de  1868.  L'impression,  retardée  par  les  malheurs 
de  la  guerre  de  1870,  fut  reprise  avec  les  subven- 
tions annuelles ,  et  le  volume  entièrement  terminé, 
augmenté  de  deux  belles  cartes ,  Tune  du  diocèse 
et  Tautre  des  trente-quatre  châtellenies  du  Niver- 
nais, porte  la  date  de  1873. 

L'importance  de  VInventaire  n'arrêtait  pas 
George  de  Soultrait  ;  ses  articles  de  Statistique 
monumentale  n'étaient  pas  achevés  qu'il  saisissait 
l'occasion  de  les  refondre  dans  le  Répertoire 
archéologique,  publication  officielle  du  ministère, 
destinée  à  grouper,  sur  un  plan  uniforme,  les 
richesses  artistiques  de  la  France. 

La  Société  nivernaise  n'hésita  pas  à  proposer  à 
notre  confrère  d'accepter  ce  travail,  comme  il 
avait  accepté  le  Dictionnaire  topographique ^  et 
les  lignes  suivantes  de  sa  préface  nous  montrent 
avec  quelle  scrupuleuse  attention  il  l'avait  établi  : 
^  En  terminant  ces  quelques  mots  de  statistique 
archéologique,  nous  nous  permettons  de  dire  que 
nous  avons  tout  visité  par  nous-même,  et  dans  le 
plus  grand  détail ,  toutes  les  communes  du  dépar- 
tement. Nous  tenions  essentiellement  à  ne  parler 

(i)  Bulletin  t  t.  V,  p.  196. 


—  3/1  — 

que  de  ce  que  nous  aurions  vu  ;  nous  voulions  tout 
voir,  et  nous  espérons  de  n'avoir  rien  omis  d'im- 
portant. 

i>  Le  Répertoire  de  la  Nièvre  est  un  travail 
consciencieusement  fait,  quelle  que  puisse  être 
d'ailleurs  la  valeur  des  appréciations  archéolo- 
giques qu'il  renferme.  C'est ,  sans  nul  doute ,  au 
mérite  d'une  exactitude  rigoureuse ,  bien  plus  qu'à 
tout  autre,  que  notre  ouvrage  a  dû  la  haute 
récompense  dont  le  Comité  des  travaux  historiques 
Ta  honoré. 

D  Est-il  besoin  de  dire  que  nos  courses  dans  la 
Nièvre  ont  duré  plusieurs  années  ;  bien  des  monu- 
ments décrits  par  nous ,  depuis  notre  visite ,  ont 
été  modifiés  ou  remplacés  par  des  constructions 
modernes  ?  Notre  Répertoire  conservera  le  sou- 
venir de  ces  monuments  disparus,  tout  en  faisant 
connaître  ce  que  fut  l'art  de  bâtir  dans  l'ancien 
duché  de  Nivernais.  3) 

L'ouvrage,  en  manuscrit,  avait  été  couronné 
dans  un  concours  ouvert  au  ministère  en  1 868  ;  il 
ne  fut  imprimé  qu'en  1875  (i). 

M.  de  Soultrait  se  réservait  comme  derniers 
travaux  les  sujets  des  études  favorites  de  toute  sa 
vie ,  les  origines  des  familles  et  les  armoiries  parti- 
culières. Les  articles  qu'il  publia  dans  la  Revue 
nobiliaire,  sous  le  titre  d'Epigraphie  héraldique 
de  la  Nièvre  y  et  signés  du  pseudonyme  de 
Jacques  de  Sornay,  sont  le  résumé  des  nom- 
Ci)  In-4*  de  iv-220  p.,  impr.  nat. 


—  372  — 

breuses  notes  réunies  sur  ce  sujet  dans  ses  excur- 
sions. On  le  retrouve,  comme  partout,  d'une 
abondance  étonnante  de  renseignements  sur  les 
fiefs  I  les  diverses  familles  qui  les  ont  possédés,  les 
monuments  qui  signalent  leur  séjour.  Il  a  pris 
pour  division  de  son  travail  les  circonscriptions 
administratives  actuelles,  plus  pratiques  et  plus 
faciles  pour  les  recherches.  L'ensemble  de  ce 
travail  forme  un  volume  (i)  qui  a  paru  en  1882. 

L'autre  ouvrage  est  \ Armoriai  du  NicernaiSy 
deuxième  édition,  superbe  publication  en  deux 
volumes ,  avec  nombreuses  planches  de  blasons  et 
de  jetons  armoriés  (2).  Le  luxe  et  l'étendue  de 
cette  œuvre  méritaient  la  plus  grande  attention  de 
la  Société  nivemaise ,  qui  devait  en  faire  tous  les 
frais.  Plusieurs  de  nos  confrères  désiraient  vive- 
ment une  nouvelle  édition;  de  son  côté,  M.  de 
Soultrait  avait  ajouté  un  nombre  considérable  de 
blasons  qui  lui  permettaient  d'espérer  un  ensemble 
presque  complet.  Une  simple  citation,  empruntée 
à  l'introduction,  indiquera  le  plan  de  l'ouvrage  : 

a  Etablissons  nettement  la  différence  qui  existe 
entre  un  nobiliaire  et  un  armoriai  :  un  nobiliaire 
recherche  et  apprécie  la  condition  aristocratique 
des  familles,  leur  ancienneté,  leur  illustration  ;  un 
armoriai  est  au  blason  d'une  province  ce  qu'un 
dictionnaire  est  à  langue  d'un  pays,  rassemblant 

(i)  Grand  în-S*  de  368  pages. 

(2)  Deux   beaux  volumes  grand  in-8'  de  xxxv-28:  et  3i2  pages, 
1879. 


—  373  — 

toutes  les  armoiries  sans  distinction ,  afin  de  faci- 
liter leur  attribution,  comme  le  dictionnaire  réunit 
tous  les  mots  littéraires ,  scientifiques ,  vulgaires , 
pour  en  élucider  le  sens  et  en  déterminer  l'em- 
ploi... La  complaisance  extrême  de  presque  tous 
les  généalogistes  et  héraldistes  anciens  et  modernes 
a  quelque  peu  déconsidéré  les  ouvrages  héral- 
diques. U Armoriai  du  Nivernais  y  comme  du 
reste  quelques  travaux  analogues  modernes,  se 
distingue,  nous  croyons  pouvoir  Taffirmer,  des 
livres  auxquels  nous  avons  fait  allusion,  en  ce 
qu'il  n'a  point  été  écrit  pour  flatter  les  vanités 
aristocratiques ,  mais  bien  dans  le  but  de  servir  à 
l'histoire  et  à  l'archéologie.  j> 

L'ouvrage  se  divise  en  quatre  parties  : 

I®  Description  des  armoiries  des  comtes  et  ducs 
de  Nevers  et  de  leurs  femmes.  Les  jetons  repro- 
duits sont  particulièrement  intéressants. 

2^  Blasons  des  évoques  de  Nevers  et  de 
Bethléem  et  des  communautés  religieuses. 

y  Blasons  des  villes  et  des  corporations. 

4^  Blasons  des  familles  nobles  et  bourgeoises , 
avec  les  noms  des  fiefs  et  châtellenies  et  leurs 
diverses  alliances,  comprenant  la  fin  du  premier 
volume  et  le  deuxième  tout  entier. 

Les  armoiries,  gravées  en  31  planches,  sont  au 
nombre  de  694  ;  plusieurs  articles  sur  les  notions 
générales  des  armoiries ,  des  noms  de  famille  et  de 
fief,    un  dictionnaire  héraldique  et  une  biblio- 


-  374  ^ 

graphie  des  ouvrages  relatifs  au  Nivernais  appor- 
tent une  source  de  preuves  assez  utiles  pour 
l'histoire  locale. 

Je  me  borne  à  tracer  les  grandes  lignes  de  ce 
travail.  Beaucoup  de  provinces  ont  entrepris  la 
publication  des  recueils  de  leurs  armoiries  y  et  le 
Nivernais,  grâce  à  M.  de  Soultrait,  ne  sera  pas 
resté  en  retard.  Cétait  une  grande  hardiesse  de  sa 
part  d'essayer  ce  point  d'histoire  très-intéressant , 
mais  aussi  très-scabreux ,  en  ce  qu'il  touche  à  la 
situation  des  familles  existantes  ou  représentées 
de  nos  jours.  Aussi  nos  voisins  du  Berry  ont-ils 
habilement  évité  cet  écueil  en  publiant  simple- 
ment le  texte  de  V Armoriai  général  de  d'Hozier, 
en  1696,  pour  la  généralité  de  Bourges.  M.  des 
Gozis,  qui  s'est  chargé  de  ce  travail  pour  le 
Bulletin  des  Antiquaires  du  Centre  (i),  s'est 
conformé  strictement  au  texte  de  ce  document 
officiel,  et  il  a  fait  un  travail  d'érudition  historique 
contre  lequel  personne  n'a  le  droit  de  s'élever. 

C'est  la  principale  mission  de  nos  sociétés  histo- 
riques de  province  de  publier  des  chartes,  des 
inventaires j  des  catalogues  qui  formeront,  à  côté 
des  monuments  et  des  objets  d'art,  d'abondantes 
sources  de  preuves  pour  la  connaissance  des 
siècles  passés.  M.  de  Soultrait  nous  avait  encou- 
ragés dans  cette  voie  l'année  dernière,  et,  sur  la 
proposition  de  plusieurs  membres ,  la  Société  avait 

(i)  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  du  Centre ,  t.  X[I^  i*'  et 
2"  fascicules,  1883-84;  in-8*  de  413  pages,  avec  introduction,  tables 
des  noms  et  des  pièces  figurant  dans  les  blasons. 


~  375  — 

décidé  la  publication  des  inventaires  de  pièces 
d'archives  nivernàises  dressés  autrefois  par  dom 
Villevieille  et  dom  Caffiaux ,  qui  ont  travaillé  dans 
plusieurs  châteaux  du  Nivernais  ;  l'exécution  de 
ces  travaux  sera  certainement  Tceuvre  la  plus  utile 
et  la  plus  appréciée  du  public. 

L'exposé  des  ouvrages  de  M.  de  Soultrait  sur  le 
Nivernais  ne  comprend  qu'une  partie  de  ses  études 
historiques,  et  je  n'ai  ni  le  temps  ni  la  faculté  de 
vous  parler  de  ses  autres  publications.  Le  Bour- 
bonnais, qui  le  considérait  aussi  à  bon  droit  comme 
un  des  siens,  lui  est  redevable  d'articles  et  de 
livres  importants.  Il  a  publié  pour  cette  province, 
comme  pour  la  nôtre,  V Essai  sur  la  Numis- 
matique, V Armoriai  du  Bourbonnais  (i)  et  la 
Statistique  monumentale  pour  l'arrondissement 
de  Moulins.  Il  a  fourni  de  nombreuses  notes  à 
V Histoire  des  comtes  de  Fores,  par  La  Mure, 
éditée  par  M.  de  Chantelauze,  et  récemment  il 
écrivait  une  notice  très-intéressante  sur  le  château 
de  la  Bâtie  et  ses  seigneurs.  Je  passe  les  diverses 
revues  historiques  auxquelles  il  donnait  fréquem- 
ment des  articles;  le  catalogue  de  ses  œuvres 
mérite  d'être  fait,  pour  honorer  sa  mémoire  et  pour 
guider  les  érudits  dans  leurs  recherches. 

Nommé  trésorier-payeur  général  à  Chaumont, 
puis  à  Besançon,  il  y  terminait  brillamment  ses 
fonctions  administratives  en  1885.  La  retraite  si 


(1)  Une  nouvelle  édition  de  cet  Armoriai  est  en  voie  de  préparation 
et  confiée  aux  soins  de  M.  Roger  de  Quirieile. 


—  376  — 

redoutée  des  hommes  occupés^  qui  n'ont  plus  la 
ressource  du  travail  habituel ,  fut  pour  lui  une 
sorte  de  délivrance ,  parce  qu'il  put  dès*lors  con- 
sacrer tous  ses  loisirs  à  Tétude.  Il  retrouvait  ses 
goûts  aussi  vivaces  que  dans  sa  jeunesse,  et,  atteint 
de  la  maladie  qui  l'emporta,  il  me  parlait  encore, 
cette  année,  à  Paris,  de  Tépigraphie  du  Bour* 
bonnais  qu'il  préparait.  Après  son  retour  définitif 
en  Nivernais ,  vos  suffrages  se  portèrent  sur  M.  de 
Soultrait  lors  du  renouvellement  du  bureau,  en 
mai  1886.  En  le  nommant  président,  vous  lui 
accordiez  la  juste  récompense  de  la  grande  part 
qu'il  avait  prise  à  vos  publications ,  et  vous  aviez 
Tespoir  d'une  longue  et  habile  direction  pour  les 
séances  et  les  travaux.  Vous  vous  rappelez  les 
projets  qu'il  avait  formés  pour  notre  Société, 
projets  d'avenir  et  de  progrès,  qui  assuraient  notre 
durée  en  grandissant  notre  situation.  Son  œuvre 
est  restée  ébauchée  ;  l'aimable  savant  que  nous 
avions  plaisir  à  voir  et  à  entendre,  et  que  Dieu 
nous  a  enlevé  trop  tôt ,  n'a  pu  assister  à  la  réali- 
sation de  ses  désirs.  Cette  Société,  qu'il  avait 
fondée  avec  Mgr  Crosnier,  dont  il  était  le  colla- 
borateur le  plus  assidu ,  devait  lui  adresser,  presr 
qu'en  même  temps  que  l'hommage  de  bienvenue, 
l'expression  de  son  dernier  adieu.  Que  la  vie  de  ce 
charmant  confrère,  de  cet  ami  sincère  et  obli- 
geant, de  ce  compatriote  si  savant  et  si  remar- 
quable, nous  inspire  une  fois  de  plus  la  pensée 
qui  rappelle  un  bien  précieux  privilège  des 
hommes  de  travail.  Au  milieu  des  joies  de  la 


—  377  — 

famille ,  des  distractions  du  monde ,  des  honneurs 
de  la  situation ,  sa  plus  grande  satisfaction  était  de 
se  livrer  à  l'étude.  D'autres,  moins  favorisés  que 
lui  des  circonstances ,  ont  trouvé  aussi  dans  l'étude 
une  consolation  à  leurs  chagrins.  J'ai  déjà  vu  dis* 
paraître  beaucoup  d'amis,  hommes  laborieux,  tels 
que  George  de  Soultrait  ;  tous  ont  gardé  comme 
meilleur  et  dernier  soutien  dans  la  vie  cette  occu- 
pation intellectuelle  et  ce  même  attrait  pour  les 
questions  historiques. 


T.  ut,  3«  série.  43 


SUPPLÉMENT  A  LA  NOTICE 


SUR 


LE  TRÉSOR  DE  LA  CATHÉDRALE  DE  NE  VERS. 


Quelques  erreurs  se  sont  glissées  dans  le  texte  des  deux 
inventaires  des  pages  225  à  23o,  par  suite  d'une  lecture 
fautive  des  copies  communiquées  par  M.  Edmund  Bishop. 
.  Ces  erreurs,  que  notre  docte  correspondant  veut  bien 
mettre  sur  le  compte  de  sa  c  fâcheuse  écriture  qui  fait  lire  les 
T  comme  les  F  »,  nous  ont  été  signalées  aussi ,  avec  la  plus 
exquise  courtoisie,  par  Téminent  directeur  de  la  Biblio» 
thèque  nationale. 

On  nous  saura  gré  de  reproduire  ici,  sans  autre  commen- 
taire, la  lettre  de  M.  Léopold  Delisle  : 

«  Paris,  26  décembre  1888. 

»  Monsieur  le  Curé^ 

>  Peu  de  documents  pouvaient  m'intéresser  plus  vivement 
que  ceux  dont  vous  venez  de  nous  donner  le  texte  avec  un 
très-instructif  commentaire.  Je  vous  remercie  bien  de 
m'avoir  compris  dans  la  distribution  de  ce  précieux  opus» 
cule. 

•  Comme  je  Tai  lu  attentivement,  je  me  permets  d^appeler 
votre  attention  sur  quelques  mots  dont  la  lecture  m'a  semblé 
douteuse. 

»  Dans  le  premier  inventaire  ^  article  5,  il  doit  y  avoir 
c  Topice  différent  te  1. 

>  La  note  2  de  la  page  18  est  à  supprimer.  L'article  22  se 
rapporte  à  Avien,  l'auteur  bien  connu  d'un  recueil  de 
fables. 


-  38o  — 

»  Art.  23.  —  Lisez  :  c  Tabula  abbaci.  > 
>  Art.  39.  —  c  Super  péri  hermenias.  » 
»  Art.  41.  —  c  Contra  Arrianos.  1 

»  Second  inventaire. 

»  Art.  10.  —  c  Cum  Foca.  1  Nom  d'un  grammairien 
connu. 
»  Art.  II.  —  c  Prisciani  de  duodecim  versibus.  » 

(  Il  s'agit  du  Traité  de  Priscien  sur  les  douze  vers  qui 
commencent  les  douze  livres  de  VEnéide.  ) 

»  Art.  17.  —  L'ancienne  bibliothèque  de  Corbie  ren- 
fermait un  volume  qu'un  Inventaire  du  douzième  siècle  (?) 
désigne  ainsi  :  c  Sedulius  et  Prosper,  et  Beda  de  metrica 
arte,  et  Franco  et  Saxo,  et  ortographia  Bede.  » 

»  Art.  23.  —  c  Cum  comento  [commentario)  Boetii.  » 

»  Art.  27.  —  €  Topicarum.  » 

»  Pardonnez-moi,  Monsieur  le  Curé,  la  liberté  que  je 
prends  de  vous  soumettre  mes  doutes,  et  soyez  assez  bon  pour 
recevoir,  avec  mes  remercîments  et  mes  félicitations,  l'assu- 
rance de  mes  sentiments  les  plus  dévoués. 

>  L.  DELISLE.  » 

Ajoutons  encore  qu^à  la  dernière  ligne  de  la  note  qui 
termine  le  deuxième  inventaire  et  se  rapporte  aux  textes  à 
couverture  d^argent,  il  faut  lire  que  ce  fragment  paraît  être 
non  pas  antérieur,  mais  postérieur  à  celui  du  troisième 
inventaire. 


—  38i  — 


L'EXÉCUTION 


DM 


FRÈRES  DU  CHASTEL-CHASSY. 


28    JUILLET     1526. 


Dans  le  Lii^re  de  raison  de  mditre  Nicole  Versoris, 
avocat  au  Parlement  de  Paris  y  récemment  édité  (i),  on  lit 
le  passage  suivant,  à  Tannée  1526  : 

c  Le  samedi  vingt-ungniesme  jour  de  juillet,  troys  frères, 
gentilzbomes,  natiz  du  pays  de  Nyvemois,  nomez,  par  ordre 
delenraage,  Françoys,  Joachin  et  Charles  du  Castel^  led. 
François  aisné,  seigneur  de  Chassy,  commirent  et  perpé* 
t[rè]rent  un  merveilleux  et  admirable  cas,  accompaignez 
d^un  paige  et  d'un  laquez,  ja  aagez  et  tous  homes,  car  les 
dessusdiz,  à  la  succis[t]ation  et  requestes  dud.  Françoys  du 

Castel,  led.  jour  desamedy,  allèrent  espier  le  Seigneur  {2) 

beau-frère  desd.  du  Castel,  logé  au  Grand-Cornet,  près 
Saint-Gervais,  en  ceste  ville  de  Paris,  et  luy  près  dud.  logis, 
lequel  alloit  au  Palays,  luy  donnèrent  plusieurs  coups, 

(i)  Par  M.  Fagniez,  tome  XII,   des   Mémoires  de  la  Société  4e 
l'Histoire  de  Paris  et  de  Vile  de  France  (i885),  p.  187  et  188. 

(2}  Vefsoris  a  laissé  le  nom  ea  blanc  et  M.  Fagniez  met  en  nPte  : 
«  Nous  n'avons  trouvé  trace  de  cette  affaire  ni  au  Parlement  ni  au 
Chàtelet ,  et  nous  avons  dû  laisser  en  blanc  le  nom  de  la  victime , 
que  Versoris  n'a  pas  connu  au  moment  même  et  qu'il  a   négligé  de  * 
rechercher  plus  tard,  n 

T.  III,  3*  série.  49 


—  382  — 

desquelz  sur-le-champ  alla  de  vie  à  trespas.  A  ceste  cause, 
le  peuple,  voyant  ung  mertre  sy  criminel  et  si  inhominieux, 
firent   telle    poursuite,    accompaignez   du    procureur   du 
Roy  et  plusieurs  sergens,  que  lesd.  frères  et  satalites  meur- 
triers furent  prins  près  Sainte-Geneviefve ,  en    l'ostel  de 
Guillaume  Boucher,  lesquelz  jà  avoient  passé  la  rivière  de 
Saisne,  pençant  gaigner  la  porte  Saint- Victor,  où  jà  avoient 
envoyez  leurs  chevai^x,  et  furent  de  si  prez  poursuiviz, 
comme  Dieu  vouUut,  qu^ilz  ne  se  peurent  saulver.  A  ceste 
cause ,  eulx  menez  prisoniers  à  Chastellet ,  fust  leur  procès 
fait  en  diligence  et  par  icelluy  furent  convincuz  et  actinctz 
tant  par  leur  confession  que  aultrement  par  tesmoings,  que 
il  y  avoit  bien  troys  ans  que  led.  Françoys  du  Castel,  le 
frère  aisné,  avoit  conceu  hayne  sur  led.  deffunct  au  contant 
de  quelque  question  qu'il  avoient  eu  ensamble  et  depuys 
pour  ung  procès  que  led.  deffunct  avoit  gaigné  par  arrest 
contre  ses  be[a]ux-frères  du  Castel.  Le  procès  fait  furent  tous 
troys  frères  condempnez  à  avoir  les  testes  tranchez  à  Grève , 
les  testes  portés  et  affichez  au  bout  de  troys  lances  à  leur 
chasteau  et  lieu  de  leur  nativité,  et  le  paige  pendu  et 
estranglé ,  joignant  l'eschataud  où  ses  maistres  avoient  eu  la 
teste  tranchée,  et  le  laquez,  lequel  avoit  baillé  le  premier 
coup  aud.  deffunct  par  traïson  et  Ta  voit  guecté  deux  ou  troys 
jours  pour  le  tuer,  condempné  fust  avoir  le  poing  coupé  où 
je  deffunct  avoit  esté  occis,  de  là  mené  en  Grès ve  avec  les 
aultres  et  bruslé  tout  vif.  Lad.  sentence  fut  confermée  par 
arrest  et  fust  telle  la  justice  faicte  le  samedy  séquant  du 
meurtre,  au  jour  de  la  faiste  S.  Anne,  le  XXVI*  jour  dud. 
moys  de  juillet.  Cecy  fait  bien  à  noter,  car  la  pugnition  fust 
grosse,  aussy  le  cas  fust  odieux,  car  il  fust  fait  de  guect 
apencé.  i 

Il  est  regrettable  que  les  recherches  faites  dans  les  archives 
du  Châtelet  de  Paris  et  dans  celles  du  Parlement  aient  été 
vaines,  et  que  tout  le  dossier  de  cet  intéressant  procès  ait 
disparu  ou  se  trouve  égaré.  Cependant,  grâce  à  la  commu- 


—  383  — 

nication  que  M.  le  vicomte  de  Marcy  a  bien  voulu  nous  faire 
de  ses  archives ,  dans  lesquelles  nous  avons  trouvé  bien  des 
documents  intéressants^  nous  pourrons,  sinon  compléter  les 
renseignements  donnés  |par  Versoris,  du  moibs  les  rectifier 
sur  quelques  points,  et  soulever  quelques-uns  des  voiles  qui 
rendent  si  mystérieux  ce  sanglant  drame  nivernais. 

Tout  d^abord ,  les  trois  frères  sont  :  François ,  Joachim  et 
Charles  du  Chastel,  écuyers,  seigneurs  de  Chassy  (et  non 
pas  dudu  Castel,  comme  les  appelle  Versoris  )  ;  ils  étaient 
fils  de  Miles  du  Chastel ,  écuyer,  seigneur  de  Chassy  et  de 
Villiers-sur- Yonne  en  partie  et  de  demoiselle  Marguerite 
Visière.  François  du  Chastel,  l'aîné  des  trois  frères,  avait 
épousé,  par  contrat  du  i3  novembre  îSz^,  Louise  Potin, 
fille  d'Emery  ou  Méry  Potin,  écuyer,  seigneur  de  Maulléon, 
et  de  demoiselle  Anne  de  Nancray  (i),  et  il  en  avait  un  fils. 

La  victime  des  frères  du  Chastel ,  dont  Versoris  n^a  pas 
connu  le  nom,  était  François  Andras,  écuyer,  seigneur  de 
Changy,  leur  beau-frère,  fils  de  noble  homme  Jean  Andras, 
seigneur  de  Changy,  et  de  dame  Gervaise  du  Gué,  sa  femme; 
il  avait  épousé,  par  contrat  du  4  mars  1520  (nouveau  style), 
Louise  du  Chastel  (2).  Quatre  enfants  étaient  nés  de  ce 
mariage  :  Annot ,  Jean  et  autre  Jean ,  et  un  quatrième  dont 
nous  ignorons  le  nom. 

L'arrêt  du  Parlement  de  Paris,  rendu  le  28  juillet  1526, 
qui  est  l'une  des  pièces  que  nous  ont  fournies  les  archives  de 
M.  le  vicomte  de  Marcy,  ne  nous  donne  aucuns  renseigne- 
ments sur  les  mobiles  du  crime;  à  ce  sujet,  il  renvoie  à  la 
sentence  du  Châtelet  :  «  Ainsi  que  plus  à  plain  est  déclaré 
aud.  procès.  >  Mais,  s^il  ne  nous  éclaire  guère  à  ce  sujet,  cet 
arrêt  nous  permet  de  rectifier  le  récit  de  Versoris.  Ce  n'est 
pas  le  26  juillet  que  Texécution  a  pu  avoir  lieu ,   puisque  la 


(i)  Bibliothèque  nationale,  cabinet  des  titres,  n*  I234.  Dom 
Caffiaux  ,  Extraits  d'archives,  Bourgogne,  Nivernais,  Picardie. 

(1}  Original  sur  parchemin,  archives  de  M.  le  vicomte  Andras 
de  Marcy. 


-  384  — 

date  de  la  sentence  est  du  28  ;  mais  le  crime  ayant  eu  lieu 
un  samedi  et  l'exécution  le  samedi  suivant ,  jour  de  la  fête 
de  sainte  Anne,  ces  dates  concordent  bien  avec  le  28  juillet, 
date  de  Tarrét,  qui  était  un  samedi,  et  la  fête  de  sainte 
Anne,  qui  est  le  26  juillet  généralement,  ne  se  célébrait  que 
le  28  dans  le  diocèse  de  Paris ,  ce  qui  a  causé  l'erreur  de 
notre  chroniqueur,  qui  très-probablement  n'écrivait  pas  son 
journal  au  jour  le  jour.  Cette  date  fixée  reporte  la  date  de 
l'assassinat  au  21  juillet,  qui  était  le  samedi  précédent. 
Les  circonstances  du  crime  sont  racontées  dans  les  plus 

grands  détails  par  Versoris  :  «  Lesdessusdiz «  led.  jour 

de  samedy,  allèrent  espier  le  seigneur ,  beau-frère  desd. 

du  Castel,  logé  au  Grand-0>rnet,  près  Saint-Gervais,  en 
ceste  ville  de  Paris,  et  luy  près  dud.  logis,  lequel  alloit  au 
Palays,  luy  donnèrent  plusieurs  coups,  desquelz,  sur-le- 
champ,  alla  de  vie  à  trespas.  >  La  sentence  n^  ajoute  que 
peu  de  renseignements  ;  elle  nous  fait  connaître  seulement 
que  le  meurtre  eut  lieu  auprès  de  l'église  Saint-Jean,  en 
Grève,  qui  notait  séparée  de  celle  de  Saint-Gervais  que  par 
une  rue.  Pour  aller  de  l'église  de  Saint-Gervais,  auprès  de 
laquelle  il  était  logé,  au  Palais,  François  Andras  devait 
nécessairement  passer,  en  effet ,  devant  l'église  de  SaiQt«-Jean 
en  Grève.  Après  Tassassinat,  le  corps  de  la  victime  fut 
apporté  et  enterré  dans  Téglise  de  Saint-<jervais,  diaprés  ce 
qui  est  rapporté  dans  Parrét  ;  cependant  le  nom  de  François 
Andras  ne  figure  pas  dans  la  liste  très-longue  et  détaillée 
qui  nous  a  été  conservée  des  personnes  de  toute  condition 
inhumées  dans  cette  église  (i).  L^arrét  du  Parlement  n^ajoute 
rien  à  ce  que  nous  connaissons  par  le  Livre  de  raison  sur  la 
poursuite  et  l'arrestation  des  prisonniers,  ni  sur  les  mesures 
qu^iU  avaient  prises  d'avance  pour  assurer  leur  fuite  ;  mais  elle 
permet  de  rectifier  quelques-unes  des  assertions  de  Versoris 
au  sujet  de  la  condamnation.  D'après  le  chroniqueur,  les 

(1)  Histoire  de  la  ville  et  de  tout  le  diocèse  de  Paria,  par  Tabbé 
Lebsuf,  éd.  Hippolyte  Cocheris,  tome  I*%  p.  338-343. 


—  385  — 

trois  frères  auraient  été  condamnés  à  avoir  la  tête  tranchée 
en  Grève,  puis  leurs  trois  têtes  portées  et  affichées  au  bout 
de  trois  lances  à  leur  château  et  lieu  de  leur  nativité  ;  le  page 
à  être  pendu  auprès  de  l'échafaud  où  ses  maîtres  auraient 
été  exécutés,  et  le  laquais ,  qui  avait  porté  le  premier  coup, 
à  avoir  le  poing  coupé  à  Pendrcnt  même  où  le  meurtre  avait 
été  commis,  et  de  là  mené  en  Grève  avec  les  autres  et  brûlé 
tout  vif.  La  condamnation,  d'après  le  texte  officiel  (i>,  diffère 
en  quelques  points  :  les  coupables  devaient  être  menés  des 
prisons  du  Châtelet  jusque  devant  l'église  de  Saint  Jean,  en 
Grève  dans  trois  tombereaux,  et  là,  François  du  Chastel , 
nu-tête ,  à  genoux ,  une  torche  de  cire  ardente  du  poids  de 
deux  livres  à  la  main,  faire  amende  honorable;  de  là 
les  condamnés  devaient  être  menés  en  Grève,  les  trois  frères 
du  Chastel  y  être  décapités  sur  un  échafaud,  leurs  têtes 
mises  sur  trois  poteaux,  celle  de  François  devailt  THôtel- 
de-Ville  de  Paris,  celles  des  deux  autres  hors  des  portes 
Saint«-Antoine  et  Saint-Jacques  ;  le  page  Guillaume  QoseaUi 
pendu  à  une  potence  élevée  auprès  de  l'échafaud  où  ses 
maîtres  auraient  été  décapités,  son  corps  et  ceux  des  frères 
du  Chastel  portés  au  gibet  de  Paris,  enfin  François  Yssot, 
le  laquais,  attaché  à  un  poteau,  étranglé,  et  son  corps 
ensuite  brûlé. 

L'arrêt  du  Parlement  déclare  les  biens  des  coupables 
confisqués  ^  prélève  sur  ces  biens  une  somme  de  huit  mille 
livres  parisis,  plus  trois  cents  livres  parisis  de  rente  en  terres 
pour  la  veuve  et  les  enfants  de  la  victime.  Il  ordonne 
que  sur  les  huit  mille  livres  seront  préalablement  pris  les 
deniers  nécessaires  pour  fonder  deux  messes  qui  seront 
dites  tous  les  samedis,  jour  où  le  crime  a  été  commis,  Tune 
en  réglise  de  Changy,  dont  le  défunt  était  seigneur,  Tautre 
en  réglise  de  Saint-Gervais,  où  il  éuit  inhumé.  Sur  la  même 
somme  seront  fournis  les  livres,  calices,  chasubles  et  orne* 
ments  d'église  nécessaires  pour  ces  messes,  les  chapelains 

(i)  Pièos  iuitifioitiTe  n*  i. 


-  386  — 

chargés  de  les  dire  devant  être  nommés  et  présentés  par  les 
enfants  du  défunt.  En  outre,  il  sera  encore  prélevé  sur  cette 
somme  les  frais  nécessaires  pour  deux  grands  tableaux  de 
cuivre  qui  seront  mis  et  affichés ,  Tun  en  Téglise  paroissiale 
de  Changy,  Pautre  contre  et  au  dehors  de  Téglise  Saint-Jean, 
en  Grève,  au  lieu  le  plus  proche  de  l'endroit  où  le  défunt  a 
été  tué,  c  es  quelz  seront  insculpez  et  escriptz  le  cas  et  forme 
de  rhomicide,  et  le  dictum  de  ce  présent  arrêt.  » 

Cet  intéressant  document  ne  nous  renseigne  nullement  sur 
les  précédents  du  crime,  et  nous  en  serions  réduits  aux  asser- 
tions de  Versoris,  si  une  seconde  sentence  du  Parlement  de 
Paris  n^y  ajoutait  quelques  données  bien  insuffisantes  encore. 
D'après  cet  arrêt,  qui  est  du  19  août  1527  (i),  François  du 
Chastel,  en  entreprenant  ce  meurtre,  n'aurait  fait  que  suivre 
les  instigations  de  demoiselle  Marie  Bouteron,  qui  aurait 
conçu  uife  haine  mortelle  contre  François  Andras.  Elle 
aurait  fait  des  dons  considérables  aux  frères  du  Chastel  pour 
les  engager  à  agir,  et  notamment  aurait  donné  à  François, 
qui  n'était  ni  de  ses  parents  ni  de  ses  alliés  (qui  non 
erat  de  sua  cognatione  aut  consanguinitate) ,  les  terres  et 
domaines  de  Serre  et  de  Breuillotte,  dont  elle  ne  se  serait 
réservé  que  l'usufruit  sa  vie  durant.  Et,  en  effet,  dans  le 
résumé  du  contrat  de  mariage  de  François  du  Chastel  avec 
demoiselle  Louise  Potin,  du  i3  novembre  i524,  nous 
voyons  que  Marie  Bouteron,  veuve  de  Jean  dé  Boisrousseau, 
écuyer,  donne  à  François  du  Chastel  les  terres  de  Serre  et 
de  Breuillotte,  à  la  réserve  de  l'usufruit,  et  dans  cet  aae 
elle  se  dit  tante  du  futur  (2). 

L'arrêt  du  Parlement  du  19  août  1627  adjuge  à  demoiselle 
Louise  du  Chastel ,  veuve  de  feu  François  Andras,  et  à  ses 
enfants  mineurs ,  une  somme  de  mille  ou  douze  cents  livres 
parisis,  plus  l'usufruit  et  les  autres  droits  que  demoiselle 


(i)  Pièces  justificatiyes,  n*  II. 

(2)    Bibliothèque    nationale,   cabinet    des    titres,    n*   1234.    Dom 
Caffiaux,  Extraits  d'archives,  Bourgogne,  Nivernais,  Picardie, 


—  387  — 

Marie  Bouteron ,  reconnue  coupable  d'être  Tinstigatrice  du 
meurtre  de  François  Andras,  8*était  réservés  lors  de  la 
donation  par  elle  faite  à  François  du  Chastel ,  des  terres  et 
domaines  de  Serre  et  de  Breuillotte.  Cette  attribution  est  faite 
par  la  cour  à  demoiselle  Louise  du  Chastel ,  à  charge  de 
payer  annuellement  à  Marie  Bouteron,  sa  vie  durant ,  la 
somme  de  trente-<ieux  livres  parisis  de  pension.  Les  biens 
des  frères  du  Chastel  étaient  en  effet  grevés  de  rentes  et 
d^bypothèques  qui  rendaient  illusoire  Tassignation  faite  sur 
eux  par  la  première  sentence  de  huit  mille  livres  parisis  et 
de  trois  cents  livres  de  rente  au  profit  de  Louise  du  Chastel 
et  de  ses  enfants. 

Parmi  les  seigneuries  que  possédaient  les  frères  du  Chastel 
était  celle  de  Cougnant(i):  un  procès  s'engagea  entre  Louise 
du  Chastel ,  qui  prétendait  faire  comprendre  cette  seigneurie 
dans  les  terres  sur  lesquelles  devaient  être  assignées  les  trois 
cents  livres  de  rente  en  terre,  et  Louise  Potin,  veuve  de 
François  du  Chastel,  qui  réclamait  la  même  terre  pour  ses 
droits  de  douaire.  Pendant  les  débats,  Guillaume  de  La 
Platière  saisit  féodalement  cette  terre,  faute  d'homme,  et 
Méry  Potin ,  père  et  curateur  de  Louise  Potin,  dut  faire  déli- 
vrer coinmission  par  le  Parlement  de  Paris  pour  faire  lever 
cette  saisie,  féodale  (2).  Nous  ne  savons  ce  qu'il  advint  pour 
le  moment  de  la  terre  de  Cougnant  que  nous  trouvons  au 
dix-septième  siècle  dans  la  famille  Andras  ;  est-ce  à  la  suite 
du  procès  entre  Louise  du  Chastel  et  Jeanne  Potin  qu'elle  y 
entra  ?  est-ce  seulement  à  la  suite  d^un  mariage  dont  il  nous 
reste  à  parler?  Ce  qu^ily  a  de  certain,  c'est  que  la  terre  et 
seigoeurie  de  Chassy  fut  rendue  au  fils  de  François  du 
Chastel  que  Ton  en  voit  en  possession  lors  de  son  mariage. 

Louise  Potin  se  remaria  en  secondes  noces  à  noble  et 
puissant  seigneur  Robert  d'Estampes,  écuyer,  seigneur  de 
La  Ferté-Imbault,  second  fils  de  Jean  d^Estampes,  seigneur 

(i)  Cognants,  commune  d'Ouroui^r  (Nièvre). 

(a)  Pièces  iustificatives,  n*  m.  -,   i 


—  3SS  — 

de  La  Ferté-Imbault  et  de  Salbris,  et  de  Blanche  de  Sains, 
sa  première  femme.  Louise  da  Chasel^  tveuve  de  François 
Andras,  épousa  en  secondes  noces  Français  de  ViUaines, 
écuyer^  seigneur  d«  la  Motte  et  de  Presle. 

François  du  Cfaastel  laissait,  comme  nous  Tayons  vu,  im 
fils,  aussi  nommé  François.  Il  épousa,  par  contrat  du 8  maxs 
1546  (nouveau  style)  (i),  Marie  de  Lange,  fille  de  Bon  de 
Lange,  seigneur  de  Qiâteau-Regnault ,  et  d'Isabeau  de 
Château-Regnault,  sa  première  femme.  Bon  de  Lange  étant 
alors  remarié  à  Catherine  du  Chastel,  tante  du  futur.  Au 
contrat  de  mariage  on  voit  assister  Annot  Andras ,  écuyer, 
seigneur  de  Changy,  cousin  germain  du  futur,  Tiâné  des 
fils  de  feu  François  Andras.  Annot  Andras  avait  lui^-méme 
épousé,  par  contrat  du  12  août  fsSç,  au  lieu  de  la  Motte, 
paroisse  de  Sagonne,  demoiselle  Catherine  de  Villaines, 
fille  de  François  de  Villaines,  écuyer^  seigneur  de  la  Mone 
et  de  Presle,  son  beau-père,  et  de  feu  demoiselle  Louise  de 
Bault,  sa  première  femme  (2). 

La  présence  d'Annot  Andras  au  mariage  de  son  cousin 
germain  indique  que  la  réconciliation  entre  les  enfants  de  la 
victime  et  le  fils  du  principal  auteur  de  sa  mort  était  dès-lors 
une  chose  faite;  aussi  ne  nous  étonnerons-nous  pa«  outre 
mesure  de  voir  François  Andras ,  fils  de  noble  homme  Annot 
Andras ,  écuyer,  seigneur  de  Changy  et  de  Serre ,  demeu- 
rant à  Changy,  diocèse  d^Auxerre,  pays  de  NivernoiSf  et 
de  défunte  demoiselle  Catherine  de  Villaines,  épouser,  par 
contrat  du  3  décembre  f  582,  passé  au  château  de  Chassy« 
aux-Amognes  (3) ,  demoiselle  Jacqueline  du  Chastel,  fille  de 
feu  noble  homme  François  du  Chastel^  écuyer,  seigneur  de 
Chassy,  et  de  demoiselle  Marie  de  Lange,  alors  veuve  en 
secondes  noces  de  feu  noble  homme  Pierre  Berthier,  icuyer, 
seigneur  de  Vannay. 

(i)  Archives  de  M.  le  vicomte  de  Marcy,  original  en  parchemin. 

(2)  Ibid.,  original  en  parchemin. 

(3)  Ibid.f  original  en  parchemin. 


-  389- 

Eq  faveur  de  ce  mariage  Annot  Ândras^  père  du  futur^ 
donna  à  son  fils  tout  ce  qui  lui  appartenait  dans  les  paroisses 
de  Sagonne  et  de  Véro,  en  Bourbonnais,  à  lui  advenu  par  la 
succession  de  feu  demoiselle  Louise  du  Chastel,  sa  mère. 

En  terminant ,  il  nous  semble  utile  de  taire  remarquer  la 
manière  expéditive  dont  justice  fut  faite  ;  le  crime  a  lieu  le 
21  juillet,  une  première  sentence  intervient,  à  une  date  que 
nous  ne  pouvons  préciser,  au  Châtelet  de  Paris,  Tarrét 
définitif  du  Parlement  a  lieu  le  28  juillet,  et  le  jour  même 
recevait  son  exécution  juste  huit  jours  après  Tassassinat. 

H.  DE  FLAMARE. 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 


I. 


1526 ,  28  juillet.  —  Arrêt  du  Parlement  de  Taris  condam 
nant  François,  Joachim  et  Charles  du  Chastel,  écuyers, 
frères,  à  avoir  la  tête  tranchée  en  place  de  Grève,  le 
nommé  Guillaume  Closeau  à  être  pendu,  et  le  nommé 
Yssot  dit  le  Laquais  à  être  brûlé  après  avoir  été  étranglé 
sur  la  même  place,  et  en  outre  à  avoir  leurs  biens  confis^- 
qués,  après  prélèvement  d^une  somme  de  8,000  livres 
parisis  et  de  3oo  livres  de  rente  en  terre  attribuées 
à  Louise  du  Chastel,  leur  sœur,  veuve  de  feu  François 
Andras,  écuyer,  seigneur  de  Changy,  assassiné  en  tra^ 
hison  à  Paris  par  eux,  et  aux  enfants  dudit  défunt  et  de 
ladite  Louise  du  Chastel. 

EXTRAICT  DES  REGISTRES  DE  PARLEMENT. 

Veu  par  la  court  le  procès  faict  par  le  prévost  de  Paris  ou 
son  lieutenant  criminel  à  rencontre  de  François ,  Joachin  et 

T.  III,  3*  série,  5o 


—  390  — 

Charles  du  Chastel,  escuyers ,  frères ,  Guillaume  Closeau  et 
Françoys  Yssot  dict  Laquaie ,  prisonniers  en  la  Consiergerie 
du  Palais,  à  Paris,  appellant  de  la  sentence  contre  eulx 
donnée  par  led.  prévost  ou  sond.  lieutenant,  par  laquelle  et 
pour  raison  de  Phomicide  par  eulx  proditoirement ,  de  guet- 
apens  et  propos  délibéré  commis   en   la  personne  de  fen 
Françoys  Andras,   en    son    vivant    escuyer,    seigneur   de 
Champ  {sic),  ainsi  que  plus  à  plain  est  déclaré  aud.  procès, 
il  auroit  esté  ordonné  que  led.  Charles  du  Chastel  ne  joyra 
du  privilège  de  cléricature  et  auroient  esté  condennez  lesd. 
prisonniers  à  estre  traynés  sur  clayes  depuis  le  Chastellet 
jusques  devant  le  grant  portail  de  l'église  Sainct-Jehan-en- 
Grève,  en  ceste  ville  de  Paris,  où  led.  meurtre  a  esté  commis, 
et  illec  faire  amende  honnorable  à  genoulz,  nues  testes,  led. 
Françoys  du  Chastel  estant  au  milieu  d'eulx,  tenant  une 
torche  de  cire  ardant  du  poix  de  deux  livres,  et  requérir 
mercy  et  pardon  à  Dieu,  au  Roy  et  à  justice;  et  dud.  lieu 
estre  traînés  sur  lesd.  clayes  en  lad.  place  de  Grève,  et  en 
icelle,  lesd.  Françoys,  Joachin  et  Charles  du  Chastel  estre 
décapitez  sur  ung  eschauffault  et  au  lieu  plus  convenable , 
leurs  bras  et  jambes  couppées,  la  teste  et  les  membres  dud. 
Françoys  du  Chastel  mis  et  attachez  à  une  potence  hors  la 
porte  Sainct-Jaques ,  la  teste  et  les  membres  dud.  Joachin  à 
une  autre  potence  hors  la  porte  Sainct-Anthoine,  et  la  teste 
et  membres  dud.  Charles  à  une  autre  potence  hors  la  porte 
Sainct-Denis,  ès-lieux  plus  convennables ,  et  lesd.  Yssot  dict 
Laquaie  et  Closeau  estre  guindez  à  potences  en  lad.  place  de 
Grève  et  au-dessoubz  d^icelles  estre  faict  du  feu ,  et ,  après 
ce  qu'ilz  auroient  senti  led.  feu  par  aucune  espace  de  temps, 
estre  gettez  oud.  feu  et  bruslez  tous  vifz,  et  les  corps  desd. 
Françoys ,  Joachin  et  Charles  du  Chastel  gettez  et  ars  en 
iceluy  feu:   et  auroient  esté  tous  et  chacuns  leurs  biens 
déclarez  confisquez,   sur  laquelle  confiscacion  auroit  esté 
adjugé  aux  veufve  et  enfans  dud.  défunct  la  somme  de  dix 
mil  livres  parisis  pour  une  foys,  et,  oultre,  à  lad.  veufve 
seule,  la  somme  de  cent  livres  parisis  de  rente  qui  sortiroit 


nature  de  propre  à  elle,  ausd.  entans  dud.  défunct  et  d'elle 
et   aux    hoirs  d'iceulx    enfans   du    costé   paternel   seule- 
ment; et  d'avantage,  ausd.  enfans  deux  cens  livres  parlsis 
de  rente  sortissans  nature  de  propre  pour  eulx  et  leursd. 
hoirs  du  costé  paternel  ;  et  semblablement  la  somme  de  mil 
livres  parisis  ou  autre  somme  de  deniers  pour  fonder  en 
l'église  et  parroisse  dud.  Changy  une  chappelle  ou  nom  de 
sainct  Françoys,  duquel  led.  défunct  portoit  le  nom,  du 
revenu  de  soixante  livres  parisis  admorties,  dont  la  présen- 
tation et  droit  de  patronage  appartiendroit  ausd.  enfans  et 
leursd.  hoirs  du  costé  paternel,    en  laquelle  chappelle  le 
chappellain  d'icelle  seroit  tenu  dire  une  basse  messe  par 
chacun  jour  de  Tan  et  ung  obit  par  chacun  an  à  tel  jour  que 
led.  défunct  fust  occis  à  troys  grandes  messes,   laudes  et 
recommendaces  pour  Tame  d'iceluy  défunct  ;  et,  pour  faire 
édifier  et  construire  ou  cymetière  de  lad.   paroisse  dud. 
Changy  une  croix  de  pierre  en  laquelle  seroit  ung  épitaphe 
ou  quel  seroient  insculpez  et  protraictz  les  personnes  desd. 
défunct  et  prisonniers,  et  au-dessoubz  ung  escripteau  conte- 
nant la  manière  dud.  meurtre  et  homicide,  etaussypour 
faire  asseoir  en  Téglise  Sainct-Gervays  à  Paris ,  sur  la  fosse 
oti  led.  défunct  a  esté  inhumé  une  tumbe  de  pierre  en 
laquelle  seroient  semblablement  insculpez  et  protraictz  les 
personnes  desd.  défunct  et  prisonniers,  et  à  costé  de  lad. 
fosse,  au  lieu  plus  convennable,  ung  épitaphe  de  pierre  con- 
tenant la  manière  dud.  meurtre  et  homicide;  et  oultre,  pour 
assigner  à  Tœuvre  et  fabricque  de  lad.  église  Sainct*Gervays 
rente  suffisante  et  admortie  pour  faire  dire  et  célébrer  chacun 
an  en  lad.  église ,  à  tel  jour  que  led.  défunct  a  esté  occis  ung 
obit  solennel  et  accoustumé,    livrer  la  cire,    luminaire, 
aornemens  et  autres  choses  neccessaires,  et  ce  pour  perpé- 
tuelle mémoire  dud.  meurtre  et  homicide.  Et  oyz  et  inter- 
rogez par  lad.  court  lesd.  prisonniers  sur  leurd.  cause  d^appel 
par  laquelle  led.  Guillaume  Closeau  s^est  allégué  clerc  et 
comme  tel  a  requis  estre  rendu  à  son  ordinaire  et  tout 
considéré  ;  dict  a  esté  que  la  court  a  mis  et  met  Pappellacion 


—  dgz  — 

et  ce  dont  a  esté  appelle  au  néant  sans  amende,  et  néant- 
moins  a  ordonné  que  lesd.  Charles  du  Chastel  et  Guillaume 
Closeau  ne  seront  renduz  comme  clercs  et  ne  joyront  du 
privilège  de  cléricature,  et  pour  toute  réparation  civile, 
amendes  y  dommages  et  intérestz ,  a  condenné  et  condenne 
lesd.  prisonniers  et  chacun  d'eulx  seul  et  pour  le  tout  en 
huyt  mil  livres  parisis  envers  les  veufve  et  enfans  dud. 
défunct  Françoys  Andras  et  en  troys  cens  livres  parisis  de 
rente  et  revenu  en  assiette  de  terre ,  desquelz  troys  cens  livres 
appartiendront  à  lad.  veufve  cent  livres  parisis  et  aussy  la 
moictié  de  lad.  somme  de  huyt  mil  livres  parisis ,  et  les  deux 
autres  cens  livres  de  rente ,  et  Tautre  moictié  de  lad.  somme 
de  huyt  mil  livres  parisis  ausd.  enfans  venans  à  la  succession 
dud.  défunct  pour  à  iceulx  sortir  nature  de  propre  du  costé 
paternel;  sur  laquelle  somme  de  huyt  mil  livres  parisis 
seront  préalablement  pris  les  deniers  neccessaires  pour  fonder 
à  tousjours  en  rente ;et  revenu  perpétuel  deuement  admorty 
deux  messes  par  chacune  sepmaine  au  jour  de  samedy  que 
led.  défunct  fut  tué  et  occis,  cVst  assavoir  :  l'une  en  Téglise 
de  Changy,  dont  iceluy  défunct  estoit  seigneur,  et  Tautre  en 
Téglise  Sàinct-Gervays  ob  led.  défunct  est  inhumé,  et  aussy 
pour  fournir  esd.  églises  de  livres,  calices,  chasubles,  aorne- 
memens  d^église  et  autres  choses  neccessaires  à  dire  et  célé- 
brer lesd.  messes  9  pour  lesquelz  dire  et  célébrer  les  enfans 
masles  dud.  défunct  et,  en  défault  de  masles,  les  femelles  et 
les  descendans  d^eulx  du  costé  paternel  nommeront  et  pré- 
senteront les  chappellains;  et  pareillement  y  sur  lad.  somme 
de  huyt  mil  livres  parisis  seront  pris  les  frays  neccessaires 
pour  deux  grans  tableaux  de  cuyvre  qui  seront  mises  et 
affixées  :  Tune  en  l'église  parrochial  dud.  Changy,  Tautre 
contre  et  au  dehors  de  l'église  Sainct-Jehan,  en  Grève,  plus 
proche  et  convenable  du  lieu  où  led.  défunct  a  esté  occis, 
esquelz  seront  insculpez  et  escriptz  le  cas  et  forme  de  l'homi- 
cide et  le  dictum  de  ce  présent  arrest.  Et ,  pour  l'intérest  et 
réparacion  publicque  dud.  homicide,  icellecourta  condenné 
et  condenne  lesd.  prisonniers  estre  menez  depuis  le  Chas- 


—  393  — 

tellet  de  Paris  jusques  devant  l'église  Sainct*Jehan,  en 
Grève  :  c'est  assavoir  :  lesd.  Françoys  et  Charles  du  Chastel 
en  ung  tumbereau ,  lesd.  Joacbin  du  Chastel  et  Guillaume 
Closeau  en  ung  autre  tumbereau,  et  led.  Yssot  dict  le 
Laquaie  âussy  en  ung  autre  tumbereau,  et  devant  lad. 
église  Sainct-Jehan  faire  par  led.  Françoys  amende  hono- 
rable nue  teste ,  à  genoulz ,  ayant  une  torche  de  cire  ardant 
du  poix  de  deux  livres  et  requérir  mercy  et  pardon  à  Dieu , 
au  Roy,  à  justice  et  aux  veufve  et  enfans  dud.  délunct;  et 
dud.  lieu,  estre  menez  esd.  tumbereaulx  en  la  place  de 
Grève,  devant  la  maison  de  la  ville  de  Paris,  et  illec  lesd. 
Françoys,  Joachin  et  Charles  du  Chastel  estre  décapitez  sur 
ung  eschauffaulty  leurs  testes  mises  sur  troys  posteaux  qui 
seront  mis  et  plantez  :  la  teste  dud.  Françoys  devant  Thostel 
de  la  ville  et  les  deux  autres  hors  les  portes  de  Sainct- 
Anthoine  et  Saint-Jaques,  et  led.  Closeau  à  estre  pendu  et 
estranglé  à  une  potence  mise  et  affixée  en  lad.  place  de 
Grève ,  son  corps  illec  demourer  l'espace  de  deux  heures  et 
après,  les  corps  desd.  Françoys,  Joachin  et  Charles  du 
Chastd,  ensemble  dud.  Closeau  portez  et  penduz  au  gibet 
de  Paris,  et  led.  Yssot  dict  le  Laquaie,  à  estre  attaché  et 
lyé  à  ung  posteau  en  lad.  place  de  Grève,  et  après  avoir  esté 
estranglé,  son  corps  estre  ars  et  bruslé  et  converti  en  cendres 
en  ung  feu  qui  sera  faict  à  Tentour  dud.  posteau.  Et  si  a 
déclaré  et  déclare  lad.  court  le  résida  des  biens  desd.  prison- 
niers confisqué  à  qui  il  appartiendra.  Et,  pour  faire  exécuter 
lesd.  prisonniers  selon  la  forme  et  teneur  de  ce  présent  arrest, 
icelle  court  a  renvoyé  et  renvoyé  iceulx  prisonniers  en  Pestât 
qu'ilz  sont  pardevant  led.  prévost  ou  sond.  lieutenant.  Faict 
en  Parlement,  le  vingt-huytiesme  jour  de  juillet,*  Tan  mil 
cinq  cens  vingt-six. 
Collation  est  faicte. 

(Copie  contemporaine  en  parchemin,  —  Archives  de  M.  le 
vicomte  de  Marcy,  à  Nevers.) 


—  394  — 
II. 

1527.  •"  ^9  ^oût.  —  Arrêt  du  Parlement  de  Paris  qui 
adjuge  à  damoiselle  Louise  du  Chastel,  veuve  de 
François  Andras,  vivant  écuyer^  seigneur  de  Changy, 
et  à  ses  enfants  mineurs  (les  biens  sur  lesquels  la  somme 
de  huit  mille  livres  parisis  et  les  trois  cents  livres  de 
rente  en  terre  à  eux  attribuées  par  la  sentence  du 
2S  juillet  i526^  étant  grevés  d^hypothèques  et  de  rentes 
de  telle  sorte  que  cette  partie  de  la  sentence  eût  été  illu- 
soire) y  la  somme  de  mille  ou  dou^e  cents  livres  parisis , 
Vusufruit  et  les  autres  droits  que  demoiselle  Marie 
Boutherony  instigatrice  du  meurtre  de  feu  François 
Andras  s'était  réservés  lors  de  la  donation  qu'elle  avait 
faite,  pour  l'engager  à  commettre  cet  assassinat,  à  Fran- 
çois du  Chastel,  qui  n'était  ni  de  ses  parents  ni  de  ses 
alliés,  des  terres  et  domaines  de  Serre  et  Breuillotte; 
ladite  attribution  faite  à  charge  par  ladite  Louise  du 
Chastel  de  payer  annuellement  à  ladite  Boutheron ,  sa 
vie  durant ,  la  somme  de  trente-deux  livres  parisis  en 
quatre  termes. 

Franciscus  Dei  gratia  Francorum  rex  universis  présentes 
litteras  iaspecturis,  salutem.  Notum  facimus  quod,  cum 
ratione  bomicidii  in  personatn  defuncti  Francisci  Andras, 
dum  viveret  scutiferi  et  domini  de  Changy,  per  Franciscum, 
Joachinum  et  Carolum  du  Chastel  fratres  et  alios  eorum 
complices,  ante  hacfultimo  supplicio  affectos,  domicelle  Marie 
Bouteron  mandato,  ut  fertur,  commissi,  eadem  Bouteron  in 
nostre  palatine  consiergerie  carceribus,  visis  informacio- 
nibus  super  hoc  nomine  et  ad  prosecutionem  domicelle 
Ludovice  du  Chastel,  dicti  defuncti  vidue,  suo  nomine  et 
tanquam  tutricis  suorum  et  ejusdem  defuncti  liberorum 
annis  minorum  factis ,  mancipata  et  exinde  per  certos  nostre 
Parlamenti  curie  consiliarios  ad  id  per  eam  commissos  inter- 
rogata  fuisset,  oneraque  sibi  imposita  negavisset,  predicta 


—  395  - 

nostra  curia  testes  in  dictis  informacionibus  recolari  et  eidem 
Bouteron  confrontari,  et  deinde  visis  per  eam  ipsorum  tes- 
tium  recolaminibus  et  confrontacionibus,  dictam  Bouteron^ 
ad  latius  eruendam,  et  proprio  ore,  premissi  hotnicidii  veri- 
tatem,  question!  et  torture,  visitatione  super  ipsius  persone 
dispositione  primitus  facta,  subdi  ordinaverat.  Quamquidem 
ordinationem  insequento  supradicta  Bouteron  in  dictam 
torturam  duntaxat  ob  sue  persone  indispositionem  per  dicte 
nostre  curie  cyrurgum  juratum  assertam  sublata  et  extensa 
fiierat.  Quo  in  statu  existente  processu,  supradicta  Ludovica 
du  Chastei  predictis  nominibus  suam  petitionem  et  conclu- 
siones  contra  prenominatam  Boteron  tradiderat  et  per  eas 
dixerat  et  proposuerat  quod  eadem  Bouteron  immerito  capi- 
tale odium  contra  supranominatum  defunctum  Franciscum 
Andras  conceperat,  et  ut  huic  odio  finis  per  ipsius  defuncti 
mortem  imponeretur,  ipsa  Boutheron  prefatos  Franciscum , 
Joachinum  et  Carolum  du  Chastei  pluribus  donis  et  mune- 
ribus  donaverat  et  plura  promiserat,  et  presertim  inter 
cetera,  prenominato  Francisco  du  Chastei,  seniori,  qui  non 
erat  de  sua  cognatione  aut  consanguinitate,  terras  et  dominia 
de  Serre  et  Breulotte ,  retento  earum  terrarum  usufructu , 
tantisper  dum  viveret  retento (5fcJ,  dederat  et  concesserat  me- 
diocujusquidem  donationis,  que  alias  minime  facta  fuisset. 
Predicti  du  Chastei  fratres  et  eorum  complices  scientes  jam 
dictum defunctum  in  nostra  urbe  Parisiensi  esse,  ad  eandem 
nostram  urbem  Parisiensem  se  data  opéra  contulerant  et 
ipsum  defunctum  proditorie  ac  pensatis  insidiis  trucida- 
verant.  Cujus  delicti  ratione  supradicta  nostra  curia  dictos 
du  Chastei  fratres  cum  eorum  duobus  famulis  capite  trun- 
catum  iri,  ipsorum  bonis  ad  quos  pertineret  publicatis  et 
confiscatis  condemnaverat,  et  summam  octo  milium  libra- 
rum  parisiensium  semel  solvendam ,  necnon  trecentes  {sic) 
libras  parisienses  annui  et  perpetui  redditus  et  proventus 
dicte  Ludovice  du  Chastei  vidue  et  ejus  liberis  pro  suo  inte- 
resse civili  adjudicaverat  :  et,  pro  hujuscemodi  adjudica- 

tione exequenda^  dilectus  et  fidelis  in  dicta  nostra  curia 

consiliarius   noster  Magister  Johannes  Tronson  commis- 


-  396- 

s[arius  ad  i]d  per  eam  commlssus  se  ad  patriam  contuierat, 
ubi  coram  eo  multi  creditores  dictam  condemnationem  i[Q 
ordine]  précédentes  comparueraat  et  dicti  arresti  exécution! 
se  opposuerant  suasque  opposicionis  causas  p[resentaYerant; 
i}deoque  bona  immobilia  et  hereditagia  dictorum  ad  mortem 
[condemnatorum]  ad  continuationem  redditu[uin  et  hipo* 
the]carum  super  eadem  hereditagia  ante  hujuscemodi  [con* 
demnationem  a]ssignatorum  non  suilicer[ent,   et  predi]cta 
adjudicatio  apud  prenominatam  domicellam  quatuor  [parvos 
liberos]  habentem  illusoria  renian[eret,   nisi  illa  pro]pter 
ipsa  débite  certior  facta  quod  predictum  homicidium  man- 
dato  dicte  domicelle  Marie  Bouteron  commissum  [extiterat] 
super  hoc  informaciones  fieri  et  plures  testes  ei  confrontari 
fecerat.   Quare,    mediis  predictis,    supr[adicta   domicjella 
Ludovica    du    Chastel,     nomine    predicto,    memoratam 
Boutheron  ad  emendam  honorificam  secundum  dicte  nos[tre 
curie  di]scretionetn  faciendam  ,  necnon  ad  unum  soUemne 
servicium  in  parochia  dicti  defuncti  ceiebrari  faciendum ,  ac 
in  octo  [miliiutn]  librarum  parisiensium  summa  et  ad  car- 
cerem  usque  ad  ejusdem  summe  integram  solutionem  tenen- 
dam  condemnari;  quodque  usufructus  et  omnia  alia  jura 
per  diaam  Bouteron  in  dictis  terris  et  dominiis  de  Serre  et 
BreuUete  et  earum  appendicibus  et   penînenciis  pretensa 
^um  ipsarum  terrarum  proprietate  consolidarentur  et  sibi 
adjudicarentur  expensasque,  damna  et  interesse  petebat  et 
requirebat.  Supradicta  Boutheron  omnia  negante  et  a  delicto 
sibi  imposito  absolvi,  dictamque  domicellam   Ludovicam 
du  Chastei  nomine  predicto  in  suis  expensis  et  interesse 
condemnari  petente  et  requirente.  Tandem^  visis  per  jam 
dictam  nostram  curiam  premissis  oneribus  et  information 
nibus^    ad  prosecutionem    dicte   domicelle    Ludovice  du 
Chastei^  suo  nomine  et  tanquam  tutricis  suorum  et  dicti 
defuncti  liberorum  annis  minorum,  contra  dictam   Bou- 
theron factis ,  ejusdem  Boutheron  interrogatoriis  et  confes- 
sionibus,  recolamine  et  testium  confrontacionibus  in  eam 
factis,  nostri  procuratoris  generaiis  et  dicte  du  Castel  condu- 
sionibus ,  arresto  contra  diaam  Bouteron  nona  die  presentis 


I 


—  397  — 

mensis  augustî  dato,  per  quod  dictum  extiterat  quod  pre- 
dicta  Boutheron  in  eam  torturam  et  questionem  quam  ipsa 
pati  posset^  ut  dicti  delicti  sîbi  impositi  veritas  erueretur, . 
mitteretur,  '  relatione   et  visitatione   de    ipsius    Boutheron 
persona  per  tonsorem  et  cyrurgum  juraium   curie  tacta; 
eadem  que  Boutheron  in  caméra  ques^ionis,  in  qua  ipsa  ob 
sue  persone  indispositionem  extensa  et  sublevata  duntaxat 
extitit,  audita  et  interrogata;  ac  consideratis  considerandis  et 
que  curîam  nostràm  movere  poterant  et  debebant.  Prefata 
nostra  ctiria,  per  suum  arrestum ,  pro  reparatione  premissi 
casus  et  pro  omnibus  emendîs,  expensis,  damnis  et  intéresse, 
supranominatam  domicellam  Mariam  Boutheron  usufructu 
et  summa  mille  aut  duodecies  centum  librarum  omnibus 
allîs  juribus  quîbuscunque  per  eam  super  terris  et  dominiis 
predictis  de  Serre  et    Breullote  earumque  pertinentiis  et 
dependenciis  privavît;  hujuscemodi  usum    fructum  dena- 
rîorum  summam  et  omnia  alia  jura  que  predicta  Boutheron 
în  eisdem  terris  et  dominiis  de  Serre  et  Breulloie  earumque 
pertinentiis  et  dependentiîs  prétendit  aut  preiendère  posset 
supradîcte  domîcelle  Ludovice  du  Chaste!,  dîcto  nomine, 
solvendo  per  eam  dicte  Bouteron,  tantisper  dum  vixerit, 
quolibet    anno  tringinta  duarum    librarum    pafisiensium 
summam  quatuor  terminis  :  videlicet  diebus  festis  sancti 
Remigii,  Navitatis  et  ResurrectionîsDomini,  ac  Nativitatis 
Sancti  Johannîs  Baptiste  solvendam  primo  termino  dicto  die 
festo  sancti  Remigii  incipîehte,  adjudicavit  et  adjudicat.  In 
cùjus  rei  testimonium   nostrum   his    presentibus    fecimus 
apponi  sigillum.   Datum   Parisius    in    Parlamento  nostro 
décima  nona  die  Augusti,  anno  Domini  millesimo  quin- 
géntesimo  vlcesimo  septimo  et  nostri  regnî  tredecimo. 

Sur  le  replis  : 

Per  arrestum  curie. 

Matôk. 

(Original  en  parchemin  sur  deux  morceaux,  scellé  autre- 
fois.  —  Archives  de  M.  le  vicomte  de  Marcy,  à  Nevers.) 

T.  m,  3*  série.  5  x 


-  398  — 


III. 


1S28  (n.  st.)  —  22  janvier,  —  Paris.  — -  Commission  du 
Parlement  de  Paris  pour  faire  ajourner  devant  le  bailly 
du  Nivernois  Guillaume  de  La  Platière ,  chevalier,  sei* 
gneur  de  Prie,  à  la  requête  de  Méry  Potin,  écuyer, 
seigneur  de  Mauléon ,  en  son  nom  et  comme  curateur  de 
Louise  Potin,  sa  fille  ^  au  sujet  de  la  saisie  du  fief  de 
Cougnant  par  ledit  de  La  Platière;  ledit  fief  de  CoU' 
gnant  ayant  appartenu  à  François ,  Joachin  et  Charles 
du  Chastel,  exécutés  pour  avoir  assassiné  François 
Andras ,  écuyer,  seigneur  de  Changy,  et  étant  en  litige 
entre  Louise  du  Chastel,  veuve  dudit  Andras  y  avec 
d'autres  biens,  comme  faisant  partie  des  terres  sur 
lesquelles  les  8,000  livres  et  les  3oo  livres  de  rente ^ 
adjugées  par  sentence  du  Parlement  à  elle  et  à  ses  enfants 
mineurs,  devaient  être  assises,  et  ladite  Louise  Potin  à 
cause  des  droits  qu'elle  réclamait,  demandant  une  pro^ 
vision  sur  lesdits  biens,  [Elle  était  veuve  de  François  du 
Chastel;  voir  le  contrat  de  mariage  de  son  fils  du  8  mars 
1546^  n,  st,) 

Françoy3,  par  la  grâce  de  Dieu  Roy  de  France,  au  premier 
huissier  de  nostre  court  de  Parletneat,  ou  nostre  sergent  sur 
ce  requis,  salut.  Nostre  amé  Méry  Potin,  escuyer,  seigneur 
de  Maulléon,  en  son  nom  et  comme  curateur  de  Loïse  Potin, 
damoiselle,  sa  fille,  nous  a  exposé  que  par  devant  nostre 
amé  et  féal  conseiller  en  nostre  court  de  Parlement  de  Paris, 
maistre  Jehan  Tronson,  commis  à  l'exécution  de  certain 
arrest  de  nostre  court  de  Parlement  donné  en  icelle  le 
XXVIII*  jour  de  juillet  Pan  mil  cincqcent  vingt-six,  se  seroit 
meu  procès  entre  Loyse  du  Chastel,  damoiselle,  deman- 
deresse en  lad.  exécution  et  requérant  que,  sur  les  terres  et 
biens  qui  auroyent  appartenu  à  Françoys,  Joachin  et  Charles 
du  Chastel,  luy  fussent  délivrez  troys  cent  livres  parisis  de 


—  399  — 

rente  en  assiette,  et  le  résidu  de  tous  les  biens  fussent  venduz 
pour  venir  au  payement  de  huit  mil  livres  parisis  à  elle 
adjugez  par  ledit  arrest,  d^une  part,  et  ledit  Potin  ou  nom 
et  comme  curateur  de  sad.  fille ,  Guillaume  de  La  Plautière 
{sic)y  chevalier,  seigneur  de  Prie,  et  plusieurs  autres  expo« 
sans  (sic)  à  lad.  exécution;  sur  lequel  procès  et  débat,  après 
lesd.  parties  avoir  plainement  esté  oyes  et  respectivement 
en  leurs  demandes ,  oppositions,  réplicques  et  duplicques, 
elles  auroient  esté  appoinctées  à  informer  et  produire  sur 
icelles  par  devers  nostred.  conseiller,  pour,  par  luy,  en  faire 
son  rapport  en  lad.  court.  Et,  pendant  led.  procès,  du  con- 
sentement desd.  parties,  et  mesmementdud.  de  La  Plautière, 
furent  commis  led.  exposant  et  maistre  Florent  de  La  Barre 
au  gouvernement  desd.  biens  contencieulx  ;  aussy  aud. 
exposant  oud.  nom  de  curateur  de  sad.  fille,  pour  les  droiz 
par  elle  prétenduz,  fust  adjugée  certaine  provision  sur  lesd. 
biens  à  plain  mentionnez  oud.  procès,  lequel  est  ancoires 
pendant  et  indécis  et  les  parties  produict  en  icelle  par  devant 
nostred.  conseillier  ou  nostred.  court  à  son  support.  Et 
néantmoins,  led«  de  La  Plautière,  entreprenant  sur  nostred. 
court  et  contrevenant  à  ce  que,  si  de  son  consentement  avoit 
esté  ordonné,  a  faict  mettre  sa  main  féodalle  en  la  terre  de 
Cougnant  par  faulte  d^homme,  comme  il  disoit,  estant  des 
terres  comprinses  ou  débat  et  procès  de  lad.  exécution,  et 
jx)ur  laquelle  icelluy  de  La  Plautière  s'estoit  opposé.  A 
laquelle  mainmise  led.  exposant,  voyant  que  c'estoit  contre- 
venir à  la  commission  à  luy  et  aud.  de  Barre  {sic)  baillée 
du  consentement  dud.  de  La  Plautière  et  autres  parties  oud. 
procès  à  la  provision  adjugée  à  sad.  fille,  se  seroit  opposé; 
nonobstant  laquelle  opposition  et  remonstrance  quelconque 
à  luy  faicte  par  led.  exposant,  a  prins  et  levé  par  force  les 
iruictz  de  lad.  terre,  en  commectant  par  luy  rébellion  à 
l'ordonnance  de  lad.  court  ou  de  nostred.  conseillier  maistre 
Jehan  Tronsson.  Et,  pour  procéder  sur  lad.  opposirion,  a 
fait  bailler  jour  aud.  exposant  par  devant  son  bailly  de 
Franay-les-Chanoines,  par  devant  lequel  ledit  exposant. 


—  400  — 

pour  luy  et  comme  curateur  de  sad.  filles  a  remonstré  que, 
pour  lad.  terre  de  Coignant  et  autres  qui  auroient  appartenus 
ausd.  Françoys»  Joachin  et  Charles  du  Chastel,  avoit  esté 
eacommancé  procès  entre  lesd.  parties  par  devant  led. 
Tronson,  lequel  estait  ancoires  pendant  et  indécis  en 
nostred,  court  ou  par. devant  led.  Tronson,  exécuteur,  et 
pourtant  la  procédure  qui  cust  esté  faicte  par  devant  led. 
bailly  en  lad.  matière  de  mainmise  et  la  sentence  qui  sur  ce 
interviendroit,  pourroit  préjudicier  oud.  procès  d  exécution 
pendant  en  nostred,  court  et  à  Tarrest  d^icelle  qui  sur  ce 
interviendra;  parquoy  a  requis  que  lad.  matière  de  main* 
mise  estre  renvoyée  en  nostre  court  ou  par  devant  led. 
Tronson  ou  autre  conseillier  commis  à  lad.  exécution; 
lequel  renvoy  led.  de  La  Plautière  a  empesché.  Et,  combien 
que,  ce  considéré,  icelluy  bailly  ne  son  lieutenant  ne  deust 
prendre  cognoissance  dud.  renvoy,  mais  deust  renvoyer  le 
débat  sur  icelluy  en  nostred.  court  pour  en  décider,  néant- 
moins,  auroit  sur  led.  débat  appoincté  les  parties  en  droit  et 
à  produire:  ce  que  led.  exposant  auroit  fait.  Et,  quant  aud. 
de  La  Platière ,  il  auroit  pris  plusieurs  délaiz  et  subterfuges, 
au  moyen  que,  cependant,  comme  dit  est,  il  joissoit  par 
violence  des  choses  contencieuses.  Finalement,  led.  bailly 
ou  sond.  lieutenant,  en  favorisant  aud.  de  La  Plautière, 
auroit  interloqué  qu'ilz  informeront  des  faitz  baillez  en  ung 
intendit  par  luy  fourny,  combien  que  les  parties  n'eussent 
esté  appoinctées  à  bailler  intendit,  et  que  lesd.  parties  pro- 
duiront plus  amplement  dedans  quinzaine  pour,  au  mardy 
enssuivant,  faire  droit  sur  led.  renvoy  par  les  pièces  qui  se 
trouveroient  par  devers  led.  bailly  à  lad.  quinzaine;  à  quoy 
led.  exposant  auroit  satisfait  de  sa  part,  et  au  jour  enssui- 
vant ,  auroit  requis  que  suivant  led.  interlocutoire  et  veuz 
les  délaiz,  procédures  donnez  aud.  de  La  Platière,  droit  fust 
tait  sur  led.  renvoy  par  les  pièces  qui  auroient  esté  fournyes 
à  lad.  quinzaine;  à  quoy,  combien  que  icelluy  de  La 
Plautière  ne  montrast  d  aucune  dilligence,  et  que  tant  il  eust 
eu  autant  de  délaiz  sur  led.  renvoy  comme  il  eust  peu  avoir 


—  4X)i  — 

en  la  matière  principalle  et  ordinaire,  touteflFoys,  auroit 
requis  ancoires  ung  délay  tout  au  moins  par  absence,  à  quoy 
iccUuy  bailly  ou  sond.  lieutenant,  combien  qu'il  deust  taire 
droit  sur  led.  renvoy  par  les  pièces  trouvées  par  devers  luy, 
suyvant  lad.  interlocutoire,  ce  néantmoins,  veue  icelle  sa 
sentence,  et  les  commations  {sic)  et  injunctions  contenuz  en 
icelles,  et  les  délaiz  précédens  baillez  aud.  de  La  Platière, 
auroit  appoincté  qu'il  auroit  ancoires  ung  délay  pour  satis- 
faire à  lad.  sentence  à  certain  jour  enssuivant  pour  tous 
délaiz  saus  délay  d'absence  et  sans  plus  de  (i)  ; 

duquel  appoinctement  jaçoit  que  fust  tousjours  à  Tadvan- 
taige  et  faveur  dud.  de  La  Platière  et  grief  dud.  exposant, 
ce  néantmoins,  icelluyde  La  Platière,  soubz  couUeur  de 
ce  que,  comme  dessus  est  dit,  il  joïst  et  liève  par  force  les 
fruitz  de  lad.  terre,  et  voyant  que  par  subterfuges  quel- 
conques ne  povoit  plus  empescher  led.  renvoy  estre  fait  en 
nostred.  court,  et  craingnant  icelle,  pour  la  rébellion  et 
contravention  par  luy  commisse  à  nostred.  court  et  exécuteur 
des  arrestz  d'icelle,  s'en  seroit  porté  pour  en  appellant,  à 
intencion  de  esgarer  par  luy  la  principalle  matière,  et 
empescher  que  d'icelle  nostred.  court  n'ayt  congnoissance, 
par  le  moyen  dud.  appel,  lequel  il  n'entend  relever  que  à 
jour  loingtain  et  par  devant  le  bailly  de  Nyvernoys,  juge  de 
ressort  dud.  bailly  de  Franay  et  autres  terres  subalternes  ; 
en  nous  humblement  requérant  sur  ce  noz  lettres  de  pro- 
vision. Pourquoy  Nous,  ces  choses  considérées,  vouUans 
subvenir  à  noz  subjectz  selon  l'exigence  des  cas,  te  mandons 
et  commectons  par  ces  présentes  que  led.  Guillaume  Pla- 
tière, cfaeyalier  et  autres  appellans,  s'aucuns  en  y  a,  tu 
adjournes  et  actiones  à  certain  et  compectent  jour  par  devant 
icelluy  bailly  de  Nivernoys  ou  sond.  lieutenant  ou  autre 
juge  par  devant  lequel  led*  appel  ressortist,  en  le  certiffiant 
suffisamment  aud.  jour  de  ce  que  fait  auras  sur  ce,  auquel 
nous  mandons  et  pour  ce  que  led.  appel  ressortist  dirrec- 

(i)  Un  blanc  dans  la  pièce. 


—  402  — 

tèment  par  devant  luy  en  ses  assises ,  commectons  par  ces 
présentes  que ,  lesd.  parties  présentes  ou  appcUées  par  devant 
luy  ou  procureur  pour  elles,  il  face  procéder  et  aller  avant 
par  devant,  par  briefx  et  compectens  intervalles  et  délaiz,  en 
assise  et  dehors ,  et  sans  attendre  d^assistance ,  et  à  icelles 
oyes  face  bon  et  briet  droit;  et  néantmoins  mandons  à 
nostred.  conseiller  Jehan  Tronson  que,  se  lesd.  parties,  pré- 
sentes ou  appellées  par  devant  luy  ou  procureur  pour  elles, 
et  lesquelles  à  ceste  fin  nous  voulions  par  toy  estre  ajournées, 
il  luy  appert  sommèrement  et  de  plain ,  et  sans  figure  de 
procès,  desd.  arrestz  de  nostred.  court,  de  Texécution 
dUceulx  par  luy,  comme  commis  par  nostred.  court,  encom- 
mencé  à  faire  que,  avecques  led.  de  La  Platière,  ied. 
exposant  ait  esté  comniis  au  régime  et  gouvernement  desd. 
terres  et  seigneuries,  que  nostred.  conseillier,  par  sa  sentence, 
ait  faicte  mainlevée  ausd.  vefves  et  autres  quelzconques  desd. 
fiefzy  terres  et  seigneurie ,  et  mesmesde  la  terre  de  Cougnant, 
avecques  led.  de  La  Platière,  dont  n'ait  esté  appelle  ne 
réclamé,  et  que  néantmoins  depuis,  icelluyde  La  Platière 
ait  fait  saisir  icelle  terre  et  seigneurie  de  Cougnant,  faict 
commettre  commissaires  et  faict  les  autres  attemptatz 
dessusd.y  ou  de  tant  que  souffire  doye,  il,  oud.  cas,  reçojrve 
led.  exposant  à  requérir  que  tout  ce  qui  a  esté  fait  ou  pré- 
judice desd.  arrestz,  exécutions  dMceulx  y  procès  et  instance 
pendant  par  devant  nostred.  conseillier  maistre  Jehan 
Tronson,  soient  révocquez,  cassez  et  adnuUez  et  mis  du 
tout  au  néant,  en  recevant  led.  exposant  à  prendre,  sur  ce  et 
les  deppendences ,  telles  conclusions  pour  ses  dommaiges  et 
intérestz,  à  cause  desd.  attemptatz  et  entreprinses  quMl  verra 
estre  à  faire;  et  oultre,  appelle  avecques  toy  ung  notaire  ou 
tabellion  de  court  laye,  informe  toy  dilligemment,  secrète- 
ment et  bien,  de  et  sur  lesd.  actemptatz  et  entreprinses,  qui 
plus  à  plain  seront  baillez  par  déclaration,  se  mestier  est; 
l'information ,  ensemble  ce  que  fait  en  auras ,  envoyé  féable^ 
ment  et  bien  séellée  par  devers  nostred.  conseillier  maistre 
Jehan  Tronson  pour,  par,  lui  oy,  nostred.  court,  sur  son 


—  4^3  — 

rapport ,  en  estre  ordonné  comme  de  raison.  Car  ainsi-  nous 
plaist  il  estre  fait,  nonobstant  usage,  stille  et  coustume  de 
pays  quant  à  actendue  d^assise  et  lettres  subreptices  à  ce 
contraires.  Mandons  et  commandons  à  tous  noz  justiciers, 
officiers  et  subjectz  que  à  toy,  en  ce  faisant,  soit  obéy. 
Donné  à  Paris,  le  XXII*  jour  de  janvier,  Tan  de  grâce  mil 
cinq  cent  vingt-sept,  et  de  nostre  règne  le  quatorziesme. 

Par  le  conseil  : 

Regnault. 

(Original  sur  parchemin,  —  Archives  de  M.  le  vicomte 
de  Marcy-y  à  Nevers,) 


UN    SCEAU 


DE   JEHANNETTE    DE    POMAY. 


Ce  sceau  a  été  trouvé  sur  le  territoire  de  Lurcy-le-Bourg 
et  remis  à  la  famille  des  anciens  seigneurs  de  cette  paroisse , 
la  famille  de  Charry,  qui  a  eu  Tobligeance  de  me  le  com« 
muniquer.  C^est  un  élégant  cachet  en  bronze,  admira- 
blement conservé ,  et  dont  tous  les  détails ,  la  forme  de  Pécu 
comme  le  caractère  des  lettres,  dénotent  la  fin  du  qua- 
torzième siècle.  Uécusson,  parti  au  t  de,.,  à  trois  bandes 
de....  au  2  échiqueté de...  et  de...^  chargé  en  cœur  d'un 
chevron  de...,  porte  en  légende:  +  S' Jehanete  d'  Pomay, 
c^est-à-dire  :  Scel  de  Jehanete  de  Pomay. 

Il  s'agit  ici  d'une  dame  de  Pomay,  dont  le  fief  était  situé 
entre  Magny  et  Aglan ,  dans  la  châtellenie  de  Châteauneuf-» 
sur -Allier.  Hugues  d'Angeron,  chevalier,  seigneur  des 
Granges,  en  fit  hommage  en  1288,  et  la  mémeannée^  ayant 


vendu  la  maison-forte  de  Pomay  à  Agnès,  veuve  de  Pieire 
Lamoignon,  il  requérait  Robert,  comte  de  Nevers,  de 
recevoir  ladite  dame  Agnès  à  foy  et  hommage  pour  cette 
maison^forte  que  lui  et  sa  femofie  Alix  avaient  vendue» 
(Marolles,  195^  196,  522.) 

Cependant  Parmentier,  dont  les  observaticHis  sont  babi* 
tuellement  très-sûres,  place  la  maison- forte  de  Pomay  dans 
la  paroisse  de  Saint- Péraville.  Au  chapitre  des  événements 
remarquables,  il  rapporte  en  effet  qu^en  c  1288,  Agnès,  veuve 
de  Pierre  Lamoignon  de  Ville,  achète  de  Hugues  Dangeron 
la  maison  -  forte  de  Pomay,  en  la  paroisse  de  Saint- 
Péraville.  »  L'interprétation  de  Parmentier  n'est  pas  admis- 
sible; elle  est  démentie  par  le  texte  des  hommages  fournis 
pour  ce  fief  pendant  le  cours  du  quatorzième  siècle,  ainsi 
que  par  diverses  pièces  conservées  aux  archives  de  la  Nièvre, 
qui  établissent  péremptoirement  la  situation  de  la  seigneurie 
de  Pomay  dans  la  paroisse  de  Magny.  Voici  Fanalyse  d^une 
des  pièces  les  plus  concluantes  :  c  1 344,  3  mai ,  acte  de 
présentation  par  noble  homme  Charles  dit  Lamoignon, 
chevalier,  seigneur  de  Pomay,  à  vénérable  et  discrète  per- 
sonne messire  Pierre  Barrères,  trésorier  de  l'église  de  Nevers, 
de  messire  Pons  de  Bannevaus,  prestre  et  curé  de  Saint- 
Genest  de  Nevers ,  pour  être  par  ledit  trésorier  présenté  à 
révéque  de  Nevers,  pour  lui  donner  la  chapelle  de  Notre- 
Dame  de  Pomay,  assise  en  la  paroisse  de  Magny,  diocèse  de 
Nevers,  vacante  par  la  mort  de  messire  Gautier  de  Namur, 
chapelain  de  ladite  chapelle  Ou  chapellenie,  laquelle  présen- 
tation à  faire  au  trésorier  appartient  audit  Lamoignon,  et  la 
présentation  à  faire  à  Tévéque  de  Nevers,  au  nom  dudit 
Lamoignon ,  appartient  audit  trésorier,  comme  patrons  de 
ladite  chapelle  ou  chapellenie.  »  (Arch.  de  la  Nièvre,  G.) 

Toutefois ,  la  note  de  Parmentier  porte  à  croire  que  la 
veuve  du  premier  Lamoignon  résidait  i.  Saint-Péraville, 
tandis  que  La  Chesnaye-des-Bois ,  copiant  Moréri,  qui  lui- 
même  suivait  Blt^nchard ,  affirme  que  cette  famille  tire  son 
nom  d^un  fief  de  Lamoignon  situé  dans   le  faubourg  de 


—  4^5  — 

Donzy,  et  cela  parce  que  les  Lamoignon  de  Basville  possé- 
daient une  seigneurie  de  ce  nom  proche  Donzy  au  moment 
où  Blanchard  écrivait  son  Histoire  des  présidents  à  mortier, 
et  qu^il  entrait  dans  son  plan  de  rattacher  la  famille  parle- 
mentaire des  Lamoignon  à  ^ancienne  famille  féodale  de  ce 
nom.  La  même  préoccupation  Ta  conduit  à  transformer  les 
Lamoignon ,  seigneurs  de  Pomay^  en  Lamoignon,  seigneurs 
de  Lamoignon ,  bien  que  tous  les  actes  concernant  ces  sei- 
gneurs les  nomment  Pierre  ou  Charles  dit  L'Amoignon, 
qualification  qui  exclut  certainement  Pidée  de  la  possession 
d'un  fief  Lamoignon. 

Le  surnom  Lamoignon  s^est  fixé  dans  la  branche  de  Viel- 
mannay,  dont  il  est  devenu  le  nom  de  famille^  tandis  que  la 
branche  des  seigneurs  de  Pomay  me  parait  y  avoir  renoncé 
de  bonne  heure  pour  adopter  le  nom  de  Pomay.  En  i385, 
Odet  de  Séry  et  Jean  de  Pomay,  damoiseaux,  font  hommage 
pour  la  maison  de  Montorge,  paroisse  de  Magny.  En  1407, 
Jehan  de  Pomay,  écuyer,  seigneur  dudit  lieu,  fait  une  vente 
à  Jean  Clerc  ;  fils  de  Hugues,  clerc  de  Magny.  (Mar.,  196^ 
197.)  Ce  Jean  de  Pomay  n'est  autre  que  Jean  Lamoignon^ 
fils  de  Pierre  et  de  Jeanne  de  Mornay.  Sa  mère,  devenue 
veuve,  s'était  remariée  avec  Odet  de  Sénac  (lisez  de  Séry) , 
d'où  rhommage  que  Jean  fait  en  commun  avec  son  beau- 
père.  Il  a  abandonné  le  surnom  que  portait  son  père  Pierre 
et  son  grand-père  Charlet  dit  L'Amoignon ,  chevalier,  sei- 
gneur de  Pomay;  il  s'appelle  maintenant  Jean  de  Pomay. 
Mais  Michel,  autre  fils  de  Charlet,  se  qualifie  Michel  ou 
Michelet  Lamoignon,  écuyer,  seigneur  de  Mannay  (i33o  et 
1 35o),  et  transmet  à  ses  descendants  le  surnom,  qui  devient 
le  nom  de  famille  des  seigneurs  de  Vielmannay. 

A  la  fin  du  quatorzième  siècle ,  le  nom  de  Pomay  était 
ainsi  devenu  le  nom  de  famille  des  Lamoignon ,  seigneurs 
de  Pomay.  Jehannette  de  Pomay  serait  donc  une  Lamoignon 
issue  des  seigneurs  de  Pomay.  Les  armes  de  son  mari  vien- 
nent à  Tappui  de  cette  conjecture.  La  seigneurie  de  Pomay 
n'avait  pas  été  acquise  en  entier  par  Agnès ,  veuve  de  Pierre 

T.  m,  3*  série.  52 


—  4o6  — 

L'Amoigûon.  Hugues  Dangeron  ne  lui  avait  cédé  que  la 
maison-forte  et  ses  dépendances.  Une  autre  partie  de  la  terre 
de  Pomay  était  entre  les  mains  de  la  famille  de  Semur, 
comme  le  démontrent  tous  les  hommages  rendus  pour  cette 
seigneurie  par  Jean  de  Semur,  fils  de  Hiérardin  de  Semur; 
par  Robert  de  Semur,  écuyer,  seigneur  de  Pomay;  par 
Guyot  de  Semur,  écuyer,  seigneur  de  Pomay  et  de  L'Etang, 
au  cours  des  années  i?23,  1327,  ^^5^,  1^719  1 383,  1 398, 
1405,  1437.  Or,  d'après  V Armoriai  du  Ntpemais,  la  maison 
de  Semur  portait  :  D^ argent,  à  trois  bandes  de  gueules;  ce 
sont  précisément  les  armes  gravées  au  premier  parti  du  sceau 
de  Jehannette  de  Pomay,  c'est-à-dire  celles  de  son  mari.  Elle 
aurait  ainsi  épousé  son  voisin,  seigneur  en  partie  de  Pomay. 
Parla  on  s'explique  comment,  au  quinzième  siècle,  le  fief 
se  trouve  entièrement  dans  la  maison  de  Semur,  d'oii  il  passe 
aux  Letort  avant  Tannée  1464. 

La  légende  de  notre  sceau  désigne  donc  une  Lamoignon  de 
Pomay,  femme  ou  mieux  veuve  de  N.  de  Semur,  seigneur  de 
Pomay.  Si,  comme  je  le  pense,  cette  interprétation  est  exacte, 
le  sceau  de  Jehannette  de  Pomay  présente  le  plus  ancien  et 
probablement  l'unique  blason  authentique  de  la  race  féodale 
qui  avait  pour  surnom  Lamoignon.  C'est  un  échiqueté  :  or, 
l'échiqueté  devient  facilemant  un  losange ,  quand  les  armoi- 
ries sont  copiées  ou  décrites  d'après  un  écu  penché.  On  cite 
plusieurs  exemples  de  mutations  semblables,  et,  par  la  même 
raison,  le  losange  attribué  partout  aux  Lamoignon  peut 
dériver  d'une  forme  primitive  en  échiqueté.  Quant  au  che- 
vron posé  en  cœur,  ce  n'est  sans  doute  qu'une  brisure  propre 
à  la  lignée  issue  du  deuxième  mariage  de  Charlet  dit 
L'Amoignon  avec  Agnès  de  Saisy,  nom  que  je  serais  tenté 
d'identifier  avec  celui  de  Séry  ou  de  Sénac,  attribué  au 
beau-père  de  Jean  de  Pomay.  La  véritable  leçon  de  Saisiaco, 
de  Saisy,  aurait  été  traduite  par  de  Sairiaco,  de  Séry,  et  par 
de  Sainaco,  de  Sénac;  d'autant  que  les  noms  cités  dans  les 
diverses  généalogies  de  Lamoignon  sont  fréquemment  estro- 
piés, au  point  de  les  rendre  méconnaissables*  Rien  que  dans 


—  407  - 

la  branche  de  Vielmannay  on  trouve  Madelaine  de  Sargines 
pour  Madelaine  de  Chargères,  Jeanne  de  Mulor^  fille  de 
François  de  Mulor,  écuyer,  et  de  Claude  de  Corquiller,  pour 
Jeanne  de  MuUot,  fille  de  François  de  Mullot,  écuyer,  et 
de  Claude  de  Corquilleray  ;  Catherine  de  Leuvault  pour 
Catherine  de  Lanvault,  Jeanne  de  MeuUot  pour  Jeanne  de 
MuUot,  Edmée  CoUesson  pour  Edmée  Collion. 

Quoi  qu*il  en  soit ,  les  Lamoignon ,  seigneurs  de  Pomay, 
s'éteignirent  dès  les  premières  années  du  quinzième  siècle, 
et  le  nom  de  Lamoignon  se  perpétua  par  la  descendance  de 
Michel,  deuxième  fils  de  Charlet  dit  L'Amoignon,  et  de 
Jeanne  d'Anlezy,  dame  du  Champ-de-Sancy,  en  la  châtellenie 
de  Montenoison.  Ce  fief  entra  dans  le  lot  de  Michel,  dont  le 
fils  Guillaume  (1376)  et  le  petit-fils  Pierre  (141 2)  étaient 
seigneurs  d^Arthel,  ainsi  que  d^autres  localités  voisines  de 
Lurcy-le-Bourg  ;  et  si  je  ne  craignais  pas  d^abuser  des  induc- 
tions ,  je  tenterais  d'utiliser  cette  circonstance  pour  expliquer 
la  trouvaille  faite  sur  le  territoire  de  cette  paroisse.  Les 
derniers  descendants  de  ces  seigneurs  ont  été  baptisés  et 
inhumés  à  Varzy  de  1647  à  171 3.  Enfin,  Claude  de 
Lamoignon,  baptisé  à  Marcy  le  11  septembre  1665,  ^^^ 
unique  de  Jean  de  Lamoignon  et  de  Jeanne  de  Violaines, 
mourut  sans  postérité  dans  les  premières  années  du  dix- 
huitième  siècle.  Avec  lui  s^éteignit  la  maison  féodale  de 
Lamoignon. 

Telle  n'est  pas  Popinion  de  M.  de  Soultrait  ;  d'après  lui , 
cette  maison  se  serait  encore  perpétuée  par  les  Lamoignon 
de  Basville,  qu'il  considère,  sur  ]a  foi  de  Blanchard,  comme 
une  branche  détachée  des  Lamoignon  de  Vielmannay.  Mais 
le  système  de  Blanchard  est  trop  contesté,  ses  filiations  sont 
trop  suspectes  et  trop  peu  sincères  pour  mériter  le  crédit  que 
lui  accorde  V Armoriai  du  Nivernais;  et  je  croîs  qu'il  con- 
vient de  s'arrêter  à  une  opinion  tout  à  fait  contraire  à  celle 
qui  a  été  proposée  par  cet  ouvrage  dans  les  passages  sui- 
vants :  c  ...  Les  auteurs  de  notre  illustte  famille  parlemen- 
taire étaient  originaires  du  sud  du  Nivernais,  où  se  trouvait 


—  4o8  — 

le  fief  de  Pommay,  le  premier  qu'ils  aient  bien  authentU 
quement  possédé.  »  Et  plus  loin  :  «  Il  semble  bien  plus 
naturel  de  rattacher  les  contrôleurs  de  la  maison  des  comtes 
de  NeverSy  officiers  importants  du  reste,  à  la  lignée  des 
anciens  seigneurs  de  Pommay,  comme  Tout  fait  les  généa- 
logistes accusés  de  complaisance  por  Laine.  »  {Armoriai  du 
Nivernais,  tome  II,  p.  42  et  43.) 

L'auteur  du  Dictionnaire  véridique  n'a  pas  été  seul  à 
signaler  ces  complaisances.  Il  existe  à  la  Bibliothèque  natio* 
nale,  parmi  la  collection  des  titres  originaux,  et  sous  le 
n<>  390I9  un  volume  dont  je  citerai,  à  la  cote  232,  les  notes 
et  généalogie  par  M.  de  La  Cour  :  c  La  branche  de  Basville 
portait  anciennement  pour  armes  :  D^ argent ,  à  trois  mou- 
chetures d'hermines  de  sable,  deux  et  une;  mais  ils  ont  pris 
les  armes  de  MM.  de  Lamoignon,  seigneurs  de  Mannay. 
Blanchard ,  dans  ses  Présidents  à  mortier  du  Parlement  de 
Paris,  a  donné  la  généalogie  de  cette  famille,  et  il  en  a  £ait 
une  branche  qu'il  fait  sortir  d'une  ancienne  famille  noble 
du  même  nom,  originaire  de  Nivernois,  oti  elle  a  possédé 
les  fiefs  et  seigneuries  de  Lamoignon,  de  Mannay,  Pom- 
may,  etc.  Mais  cette  prétendue  jonction  n'a  pour  toute 
authenticité  que  la  seule  envie  que  Blanchard  a  eue  de  flatter 
la  vanité  de  ceux  de  cette  famille  et  de  cacher  la  petitesse  de 
leur  origine,  ainsi  que  l'usurpation  qu'ils  avaient  faite  des 
armes  des  seigneurs  de  Mannay;  c'est  sur  le  même  plan  que 
l'on  a  donné  la  généalogie  de  la  même  famille,  dans  la 
dernière  édition  du  Dictionnaire  de  Moréri. 

.m 

)»  Jean  Lamoignon,  duquel  Blanchard  et  Moréri  font  des- 
cendre les  seigneurs  de  Basville,  n'a  eu  aucune  des  qualifi- 
cations de  noblesse  que  ces  deux  auteurs  lui  prêtent.  Il  étoit 
originaire  d^une  famille  bourgeoise  de  Nevers,  où  il  épousa 
Jeanne  Dourde,  et  non  pas  Jeanne  Erard,  fille  de  Guillaume 
Dourde,  bourgeois  de  Nevers,  et  il  ne  vivoit  plus  Tan  1477, 
lors  du  mariage  de  son  fils.  Il  eut  : 

»  L  Jean  II,  qui  suit. 

»  IL  Huguette  épousa,  suivant  Blanchard,   Pierre  de 


—  409  — 

La  Salle,  duquel  elle  étoit  veuve  le  27  mars  1483 ,  qu'elle 
vendit  aux  tuteurs  de  François  et  de  Jean  Lamoignon,  ses 
neveux  y  fils  de  Jean  Lamoignon ,  une  maison  en  la  ville  de 
Nevers. 

»  On  trouve  Jean  Lamoignon  qualifié  contrôleur  de  la 
dépense  de  Jean,  duc  de  Brabant. 

1  Jean  Lamoignon ,  lieutenant  du  prévôt  de  la  ville  de 
Bourges  en  1462,  ne  Pétoit  plus  en  1463,  que  Jean  de 
Reuilly  étoit  pourvu  du  même  ofiice.  (La  Thaumassière,  54.) 
Il  fut  depuis  secrétaire  de  Jean  de  Bourgogne,  duc  de  Bra- 
bant. 

>  Il  avoit  épousé  à  Nevers,  le  25  novembre  14771  Marie 
de  L'Estang,  qui  décéda  le  17  mai  1482.  Elle  étoit  sœur 
d'honorable  homme  Jean  de  Lestang,  demeurant  à  Nevers 
en  1464  et  1471,  qui  fut  tuteur  des  enfans  de  sa  soeur,  et 
d'honorable  homme  Pierre  de  Lestang,  bourgeois  de  Nevers, 
mort  avant  le  19  juin  I5i9>  sans  enfants  de  Catherine 
Poivreau ,  sa  femme. 

»  Jean  II  eut  pour  enfants  :  I.  François ^  qui  suit. 
III.  Marie.  (V.  plus  bas.) 

>  II.  Jean  III,  né  le  6  novembre  1481,  qualifié  honorable 
homme  et  sage  maître  Jean  Lamoignon,  licencié  ès-loix, 
demeurant  à  Nevers,  dans  un  bail  à  bourdelage  qu'il  passa 
tant  en  son  nom  qu^en  celui  de  François  Lamoignon,  son 
père,  bourgeois  de  Nevers ,  le  i«'  juillet  i5o5,  de  quelques 
héritages  à  Nevers.  Il  étoit  lieutenant  du  prévôt  de  Bourges 
en  i5i5  (La  Thaumassière,  p.  54),  conseiller  de  Marguerite 
d'Orléans,  duchesse  de  Berry,  en  ses  grands  jours  de  Berry 
à  Bourges,  et  échevin  de  cette  ville  en  i52i.  Il  portoit  pour 
armes  :  D'agent,  à  trois  mouchetures  d'hermines  de  sable. 
{Id.,  p.  177.)  Il  mourut  le  28  juin  i53o,  et  fut  inhumé  en 
l'église  Saint-Âustrille  de  Bourges.  Il  avoit  épousé  Anne 
Alabat.  (Alabat  :  De  gueule,  à  trois  sonnettes  d'or.)  Elle  est 
qualifiée  d'honneste  femme  Anne  Alabat,  veuve  d'honorable 
homme  et  sage  maître  Jean  Lamoignon,  licencié  ës-loix, 
demeurant  à  Bourges,  dans  une  reconnaissance  qui  lui  fut 


—  4^0  — 

passée,  le  19  arril  1532,  d^une  tannerie  à  Nevers,  en  la  rue 
de  la  Vieille-Chevrye.  Elle  ne  vivoit  plus  le  6  avril  1537  que 
ses  enfans  étoient  sous  la  tutelle  de  maître  Gilbert  Boador, 
son  beau-frère,  mari  de  Marie  Lamoignon.  Ledit  Boudor, 
avocat  à  Bourges,  comme  tuteur  desdits  enfans,  passa  baux 
à  bourdelages  d'héritages  assis  à  Nevers,  les  6  avril  1537  et 
26  novembre  1549.  Il  partagea,  le  19  mars  i538,  avec  pru- 
dent homme  Pierre  Lullier,  comme  curateur  des  enfans  de 
feu  François  Lamoignon,  les  biens  qui  avoient  été  communs 
entre  les  défunts  Jean  et  François  Lamoignon  frères ,  et  qui 
étoient  restés  indivis  entre  leurs  enfants.  Comme  tuteur 
desdits  enfans  de  Jean  Lamoignon,  il  reçut,  le  16  novembre 
1553,  de  Pierre  Caulier,  nouvelle  reconnaissance  de  la  rente 
de  8  sols  4  deniers  sur  la  troisième  partie  d'une  tannerie  qui 
estoit  alors  en  teinturerie,  sise  à  Nevers,  en  la  rue  de  la 
Vieille-Chevrerie. 

>  Ils  avoient  eu  : 

»  I.  Jean,  vivant  en  1532  et  1538.  —  IL  Claude,  mar- 
chand et  bourgeois  de  Bourges,  échevin  de  cette  ville  en 
i563  et  1564.  Il  portoit  les  mêmes  armes  que  son  père. 
(La  Thaumassière ,  p.  188.)  En  qualité  d*un  des  notables 
marchands  de  Bourges,  il  assista,  le  29  septembre  i566, 
à  rassemblée  pour  Félection  du  prévôt  de  cette  ville.  -— 
IH.  François,  vivant  en  1538.  —  IV.  Georges  étoit  marié, 
le  28  septembre  1570,  avec  Françoise  du  Ban,  fille 
d^Estienne  du  Ban,  seigneur  de  Bonnay  et  de  Saint-Ger* 
maintes-Bois  en  partie,  et  de  Guillemette  Vesse.  —  V. 
Espérance.  —  VI.  Françoise,  mineures  en  i538. 

»  François,  né  le  17  mai  1480  (Moréri),  le  3o  juin  (Blan* 
chard),  est  qualifié  bourgeois  de  Nevers  dans  un  bail  à  bor- 
delage  fait  par  Jean  ,  son  frère ,  se  faisant  fort  pour  lui ,  le 
1"*  juillet  1505.  Secrétaire  de  Fançoise  d'Albret,  en  1508.  Il 
est  dit  honorable  homme  dans  une  reconnaissance  qui  lui  fiit 
donnée  à  lui  et  à  son  frère,  le  19  juin  15 19,  comme  héritiers 
de  feu  Pierre  de  L'Estang,  leur  oncle.  Il  épousa  le  14  janvier 
150^  Marie  au  Coing,  qui  mourut  le  21  décembre  iSio,  et 


-  4"  - 

4toit  fille  de  Vincent  du  G>ing,  bourgeois  et  marchand  de 
Nevers,  et  de  Marguerite  Bourgoing.  Il  ne  vivoit  plus  le 
19  mars  i538  (V>S')queG.  Boudor,  son  beau-frère ,  par- 
tagea avec  Pierre  Luillier,  curateur  de  ses  enfants.  Il  avoit 
eu  : 

1  I»  Charles,  qui  suit;  —  2^  Hélin,  vivait  en  1570;  — 
3^  Françoise,  née  le  23  février  15 10  (V*  S'),  épousa  Pierre 
Luillier,  qualifié  prudent  homme  et  marchand  à  Bourges 
dans  le  partage  de  i538;  »  i?  Marie,  épousa  François  du 
Broc. 

»  Charles  Lamoignon,  né  le  i*' juin  t5i4,  ^^^  docteur 
à  Ferrare  le  3o  juillet  1543.  Avocat  au  Parlement  de  Paris 
le  16  décembre  1544.  » 

Charles  avait  épousé  en  1 547  Charlotte  de  Besançon ,  fille 
d'un  conseiller  au  Parlement,  et  de  Marie  Potier.  Cette 
alliance  achemina  les  Lamoignon  vers  les  hautes  charges  du 
Parlement  de  Paris.  Dix  ans  après  son  mariage,  Charles 
Lamoignon  recevait  les  provisions  de  conseiller  au  Parle- 
ment, et  procurait  ainsi  Tanoblissement  de  cette  illustre 
famille. 

A  ce  moment  commencent  les  usurpations  signalées  par 
M.  de  La  Cour.  On  lit  au  n9  240  du  volume  précité  : 
c  Positions  imprimées  d'une  thèse  soutenue  le  10  août  1627 
en  Sorbonne,  par  Jean  Le  Nain  de  Cravant,  dédiée  à 
Chrétien  de  Lamoignon,  président  aux  enquestes,  et  à  ses 
armes:  Ecartelé:  aux  i  et  4  d'argent,  à  trois  mouche^ 
tures  d'hermines;  aux  2  et  3,  losange  d'argent  et  de  sable. 
Supports  :  deux  palmes.  »  Au  n*  249  :  c  Thèse  analogue 
soutenue  le  25  juillet  162 1,  dédiée  au  même,  conseiller  au 
Parlement,  mêmes  armes.  » 

Les  deuxième  et  troisième  quartiers  marquent  bien  la 
prétention  de  se  rattacher  à  la  famille  homonyme;  mais  cette 
prétention  se  manifeste  d'une  façon  assez  timide  et  même 
assez  illogique.  Ici  le  losange  des  anciens  Lamoignon  n^oc- 
cupe  pas  la  situation   habituelle  aux   armes    familiales: 


Chrétien  de  Lamoigûon  a  blasonné  comme  si  une  famille 
portant  trois  mouchetures  avait  voulu  rappeler  une  alliance 
avec  une  autre  famille  portant  un  losange.  En  tout  cas ,  la 
timidité  et  la  bizarrerie  ont  été  de  courte  durée  :  les 
Lamoignon  de  Basvilley  devenus  riches,  puissants,  bien 
alliés,  ne  tardèrent  pas  à  porter  uniquement  un  losange 
d^argent  et  de  sable,  chargé  du  franc  canton  d'hermines, 
qui  rappelait  Palliancede  Charlet  dit  L'Amoignon,  seigneur 
de  Pomay,  avec  Jeanne  d*Anlezy.  Telles  sont  les  armes  que 
leur  attribuent  Blanchard  et  les  divers  armoriaux  du  Par- 
lement de  Paris.  C'était,  du  reste,  une  conséquence  natu- 
relle et  forcée  du  système  de  cet  auteur;  car  la  communauté 
d'origine  entraînant  Tidentité  des  armoiries ,  il  fallait  faire 
disparaître  les  armes  des  bourgeois  de  Nevers  et  des  mar- 
chands de  Bourges,  pour  y  substituer  celles  des  anciens 
gentilshommes  du  nom  de  Lamoignon. 

La  vérité  est  que  notre  illustre  famille  parlementaire  n^a 
rien  de  commun  que  le  nom  avec  la  famille  issue  des  sei- 
gneurs de  Pomay,  et  que  sa  jonction  avec  les  Lamoignon 
de  Vielmannay  n'est  ni  prouvée,  ni  probable. 

O.  DE  VILLENAUT. 


—  4*3  — 


CORRESPONDANCE   NIVERNAISE 


DE  J.-J.  ROUSSEAU  (i). 


V Emile,  le  Contrat  social ,  la  Nouvelle  Héloïse  venaient 
de  paraître,  lorsqu'une  jeune  dame  du  Nivernois ,  fascinée 
parle  génie  décevant  de  Jean-Jacques  Rousseau,  entreprit 
avec  lui  un  échange  de  correspondance.  La  plupart  des 
réponses  du  philosophe  ont  été  conservées  dans  la  famille , 
de  vieille  souche  nivernaise,  à  laquelle  nous  en  devons 
l'obligeante  communication;  elles  reflètent  si  exaaement  les 
qualités,  les  défauts,  la  doctrine  de  Jean-Jacques  que  nous 
avons  pensé  intéresser  notre  Société  en  lui  en  soumettant 
quelques  extraits. 

La  première  lettre,  adressée  de  Monquin,  près  Bourgoin, 
28  octobre  1769,  à  M"**  la  comtesse  de  X...,  au  château  de..., 
en  Nivernois,  indique  vaguement  l'origine  de  ces  relations  : 
Rousseau  y  parle  du  c  désir  qu'il  a  de  mériter  et  cultiver  la 
correspondance  qu'elle  daigne  lui  offrir  >;  et  plus  tard  : 
c  Notre  correspondance  a  commencé  de  manière  à  me  la 
rendre  à  jamais  intéressante  :  un  acte  de  vertu  dont  je  con« 
nois  bien  le  prix  ;  un  besoin  de  nourriture  à  votre  âme  qui 

me  fait  présumer  de  la  vigueur  pour  la  digérer Ce  vide 

interne  dont  vous  vous  plaignez  ne  se  fait  sentir  qu'aux 
cœurs  faits  pour  être  remplis.  Les  cœurs  étroits  ne  sentent 

jamais  le  vide  parce  qu'ils  sont  toujours  pleins  de  rien 

Si  la  nature  vous  a  fait  le  rare  et  funeste  présent  d'un  cœur 
trop  sensible  au  besoin  d'être  heureux ,  ne  cherchez  rien  au 
dehors  qui  lui  puisse  suffire  :  ce  n'est  que  de  sa  propre  subs* 

(t)  Nous  avons  respecté  scrupuleusement  la  ponctuation  et  Tortho- 
graphe  des  manuscrits. 

T.  m,  3*  série.  53 


tance  qu^il  doit  se  nourrir.  Madame,  tout  le  bonheur  que 
nous  voulons  tirer  de  ce  qui  nous  est  étranger  est  un  bon- 
heur faux.  Les  gens  qui  ne  sont  susceptibles  d'aucun  autre 
font  bien  de  s'en  contenter  ;  mais  si  vous  êtes  celle  que  je 
suppose,  vous  ne  serez  jamais  heureuse  que  par  vous-même. 
Ce  sens  moral  si  rare  parmi  les  hommes,  ce  sentiment  exquis 
du  beau  du  vrai  du  juste,  qui  réfléchit  toujours  sur  nous- 
mêmes  ,  tient  Tâme  de  quiconque  en  est  doué  dans  un  ravis- 
sement continuel  qui  est  la  plus  délicieuse  des  jouissances. 
La  rigueur  du  sort,  la  méchanceté  des  hommes,  les  maui 
imprévus ,  les  calamités  de  toute  espèce  peuvent  Tengourdir 
pour  quelques  moments  mais  jamais  l'éteindre  «  et  presque 
étouffé  sous  le  faix  des  misères  humaines,  quelque  fois  une 
explosion  subite  peut  lui  rendre  son  premier  éclat.  On  croit 
que  ce  n'est  pas  à  une  femme  de  votre  âge  qu'il  faut  dire  ces 
choses-là,  et  moi  je  crois  au  contraire  que  c'est  à  votre  âge 
qu^elles  sont  utiles ,  et  que  le  cœur  s'y  peut  ouvrir  :  plus  tôt 
il  ne  les  sauroit  entendre  ;  plus  tard  son  habitude  est  déjà 
prise;  il  ne  peut  plus  les  goûter.  > 
.  Comment  ce  ton  sermonneur  et  déclamatoire  pouvait-il, 
malgré  la  perfection  du  style  ^  enthousiasmer  une  jeune 
femme  de  vingt- trois  ans,  douée  de  tous  les  avantages 
sociaux,  recherchée  du  beau  monde,  tant  en  Nivernois  qu^à 
Paris,  à  une  époque  où  le  plaisir  était  la  préoccupation  la 
plus  sérieuse  de  la  vie?  C^est  que  quelques  grandes  dames, 
la  maréchale  de  Luxembourg,  la  comtesse  de  BouiHers,  la 
marquise  de  La  Marck,  etc.,  ont  mis  la  philosophie  à  la 
mode,  et  que  Rousseau  est  à  son  apogée.  Après  les  bergeries, 
les  madrigaux  et  les  jolis  vers,  ces  palais  blasés  par  les 
fadeurs  cherchent  des  sensations  nouvelles,  fussent -elles 
âpres  et  dures  ;  et  dans  cette  fête  permanente  de  comédies  et 
de  soupers,  quand  on  eut  épuisé  le  répertoire  des  choses 
aimables,  des  attitudes  charmantes,  des  compliments  gra- 
cieux, un  retour  à  la  nature,  au  spectacle  de  Thomme 
primitif  et  sans  culture,  une  critique  amère  de  la  civili- 
sation, du  luxe  et  des  grandeurs  ne  furent  pas  pour  déplaire; 


I 


-  415  - 

on  ne  craignit  pas  d'être  quelque  peu  flagellé  soi-même  par 
le  Contrat  social  et  le  Discours  sur  V inégalité  des  condi* 
fions.  Dans  cette  société^  la  plus  spirituelle  qui  fut  jamais, 
pareil  prodige  se  renouvela  au  Mariage  de  Figaro ,  où  ceux 
qui  ne  c  sMtaient  donné  que  la  peine  de  naître  »  éclatèrent 
en  bravos  inconscients. 

L'humeur  altière  de  Rousseau  n'a  pas  à  descendre  à  la 
flatterie  pour  plaire  à  ce  beau  monde;  il  reste  Thomme 
bourru  et  mal  élevé  que  Ton  sait.  Il  écrit  brutalement  à  cette 
jeune  femme  :  t  Un  rendez-vous  au  spectacle  ne  sauroit  me 

convenir ;   »  ou  bien,   une  autre  fois  :  c  Je  ne  puis, 

Madame^  vous  allez  voir  cette  semaine Je  tâcherai  que  ce 

soit  mardi,  mais  je  ne  m'y  engage  pas,  encore  moins  pour  le 

diner Je  déjeune  toujours  en  me  levant,  mais  cela  ne 

m'empêchera  pas  si  vous  prenez  du  caffé  ou  du  chocolat  d'en 
prendre  encore  avec  vous.  Ne  m'envoyez  pas  de  voiture , 

j'aime  mieux  aller  à  pied Bonjour,  Madame,  voilà  votre 

laquais  qui  entre >,  et  pas  un  mot  de  remerciement.  Et 

ne  croyez  pas  que  ce  ton  dégagé  soit  l'indice  d'une  intimité 
suspecte;  les  relations  restent  sévères,  et  la  morale  la  plus 
pure  fait  le  fond  de  toute  la  correspondance.  La  comtesse 
s'était  probablement  plainte  du  vide  de  sa  vie  ;  il  lui  répond 
par  cette  page  qu'on  dirait  tirée  de  VEmile  :  t  Je  vous  offre 
un  mobile  que  votre  état  me  suggère.  Nourrissez  votre 
enfant.  J'entends  les  clameurs,  les  objections.  Tout  haut  : 

les  embarras,  point  de  lait,  un  mari  qu'on  importune 

Tout  bas  :  une  femme  qui  se  gêne,  Tennui  de  la  vie  domes- 
tique,  les  soins  ignobles,  l'abstinence  des  plaisirs Des 

plaisirs?  je  vous  en  promets  et  qui  rempliront  vraiment 
votre  âme.  Ce  n'est  point  par  des  plaisirs  entassés  qu'on  est 
heureux,  mais  par  un  état  permanent  qui  n'est  point  composé 
d'actes  distincts.  Si  le  bonheur  n'entre  pour  ainsi  dire  en 
dissolution  dans  notre  âme,  s'il  ne  fait  que  la  toucher 
l'effleurer  par  quelques  points,  il  n'est  qu'apparent,  il  n'est 
rien  pour  elle.  L'habitude  la  plus  douce  qui  puisse  exister 
est  celle  de  la  vie  domestique  qui  nous  tient  plus  près  de 


—  4i6  — 

nous  qu'aucune  autre  ;  rien  ne  s'identifie  plus  constamment 
avec  nous  que  notre  famille  et  nos  enfants 

»  J'ai  beau  chercher  oti  Ton  peut  trouver  le  vrai  bonheur 
s'il  en  est  sur  la  terre ,  ma  raison  ne  me  le  montre  que  là. 
Les  comtesses  ne  vont  pas  d^ordinaire  l'y  chercher,  je  le  sais; 
elles  ne  se  font  pas  nourrices  et  gouvernantes,  mais  il  faut 
aussi  qu'elles  sachent  se  passer  d^étre  heureuses;  il  faut  que 
substituant  leurs  bruyans  plaisirs  au  vrai  bonheur,  elles 
usent  leur  vie  dans  un  travail  de  forçat  pour  échapper  à 
Pennui  qui  les  étouffe  aussitôt  qu^elles  respirent,  et  il  faut 
que  celles  que  la  nature  doua  de  ce  divin  sens  moral  qui 
charme  quand  on  s'y  livre  et  qui  pèse  quand  on  l'élude,  se 
résolvent  à  sentir  incessamment  gémir  et  soupirer  leur  cœur 

tandisque  leurs  sens  s^amusent Jeune  femme  voulez-vous 

travailler  à  vous  rendre  heureuse ,  commencez  d'^abord  par 
nourrir  vos  enfans.  Ne  mettez  point  votre  fille  dans  un  cou- 
vent. Elevez-la  vous-même.  Votre  mari  est  jeune,  il  est  d'un 

bon  naturel Vous  passerez  la  vie  la  plus  simple  il  est 

vrai,  mais  aussi  la  plus  douce  et  la  plus  heureuse  dont  j*aye 
ridée.  Mais  encore  une  fois  si  celle  d'un  ménage  bourgeois 
vous  dégoûte  et  si  Popinion  vous  subjugue,  guérissez-vous 
de  la  soif  du  bonheur  qui  vous  tourmente,  car  vous  ne 
l^étancherez  jamais.  > 

Voilà  Jean-Jacques  directeur  de  conscience  I  Vit-on  jamais 
des  pensées  plus  saines  sous  une  plus  magnifique  enveloppe, 
mais  aussi  une  contradiction  plus  flagrante  entre  l'esprit  et 
le  caractère  ?  L'auteur  de  ces  lignes  porte  comme  stigmate 
infamant  l'accusation  d'avoir  mis  tous  ses  enfants  à  l'hôpital. 
Je  ne  sais  si,  dans  ses  œuvres  imprimées,  il  a  fait  quelque 
part  l'aveu  de  sa  faute;  sinon,  toute  controverse  sur  ce  point 
demeure  désormais  superflue  après  sa  lettre  authentique  du 
17  janvier  1770;  il  écrit  à  la  comtesse  à  propos  de  ses 
enfants  :  c  Madame,  plaignez  ceux  qu^un  sort  de  fer  prive 
d'un  pareil  bonheur.  Plaignez-les  s'ils  ne  sont  que  mal 
heureux,  plaignez-les  beaucoup  plus  s'ils  sont  coupables. 
Pour  moi  jamais  on  ne  me  verra  falsifier  les  saintes  loix  de 


-  417  - 

la  nature  et  du  devoir  pour  atténuer  mes  fautes.  J'aime 
mieux  les  expier  que  les  excuser,  et  quand  ma  raison  me  dit 
que  j'ai  fait  dans  ma  situation  ce  que  j'ai  du  faire ^  je  Ten 
crois  moins  que  mon  cœur  qui  gémit  et  qui  la  dément. 
Condamnez-moi  donc,  Madame»  mais  écoutez-moi.  Vous 
trouverez  un  homme  ami  de  la  vérité  jusque  dans  ses  fautes 
et  qui  ne  craint  point  d'en  rappeler  lui-même  le  souvenir 
lorsqu^il  en  peut  résulter  quelque  bien.  Néanmoins  je  rends 
grâce  au  ciel  de  n'avoir  abreuvé  que  moi  des  amertumes  de 
ma  vie  et  d'en  avoir  garanti  mes  enfants.  J^aime  mieux 
qu'ils  vivent  dans  un  état  obscur  sans  me  connoitre  que  de 
les  voir  dans  mes  malheurs  bassement  nourris  par  la  traî- 
tresse générosité  de  mes  ennemis ,  ardens  à  les  instruire  à 
hair  et  peut-être  à  trahir  leur  père,  et  j'aime  mieux  cent  fois 
être  ce  père  infortuné  qui  négligea  son  devoir  par  foiblesse 
et  qui  pleure  sa  faute  ^  que  d'être  Tami  perfide  qui  trahit  la 
confiance  de  son  ami,  et  divulgue  pour  le  diffamer  le  secret 
qu'il  a  versé  dans  son  sein.  :» 

On  se  sent  un  instant  désarmé  par  de  tels  accents.  Nous 
ne  croyons  pas  qu'il  y  ait  dans  la  Nouvelle  Héloïse  de  pas- 
sages plus  pathétiques,  plus  émus.  Un  retour  de  la  raison 
perce  vite  ces  sophismes  qui  ne  pouvaient  avoir  de  prise  que 
sur  un  cœur  de  femme.  Rousseau  a  fui  toute  sa  vie  les  occu- 
pations utiles j  et  son  orgueil  immense,  d'accord  avec  sa 
paresse  native,  lui  fit  dédaigner  de  se  créer  une  position 
danç  cette  société  objet  de  ses  rancunes.  De  quoi  se  plaint-il? 
Cette  société  ne  lui  a-t-elle  pas  oifert  ses  faveurs  ?  Valet  dans 
son  enfance,  vagabond,  M°*  de  Warens  lui  donne  une 
éducation  qui  lui  permet  d'être  précepteur  chez  le  grand- 
prévôt  de  Lyon,  puis  secréuire  d'un  ambassadeur,  commis 
d'un  fermier  général.  Rien  n'est  à  sa  taille;  l'orgueil  et 
l'envie  le  font  chasser  de  partout  ;  il  rebute  successivement 
par  son  ingratitude  tous  ses  protecteurs  :  M»*  d'Epinay, 
Hume,  le  prince  de  Conti,  etc.  Pour  lui,  pas  de  Mécène  !  la 
seule  pensée  de  la  reconnaissance  lui  est  un  fardeau  insup- 
portable. 


—  4ï8  — 

Au  fond  de  son  plaidoyer  élégiaque,  il  n^y  a  que 
régoïsme. 

On  a  souvent  parlé  de  son  orgueuil ,  en  voici  un  reflet  :  il 
écrit  à  la  date  du  i6  mars  1770  :  «  Vous  m^avez  accordé  de 
Pestime  sur  mes  écrits,  vous  m^en  accorderiez  davantage 
sur  ma  vie  si  elle  vous  étoit  connue,  et  davantage  encor  sur 
mon  cœur  s'il  étoit  ouvert  à  vos  yeux.  Il  n'en  fut  jamais  un 
meilleur  un  plus  tendre  un  plus  juste;  la  méchanceté  ni  la 

haine  n'en  approchèrent  jamais Tous  mes  malheurs  ne 

me  viennent  que  de  mes  vertus.  >  Et  ailleurs  :  c  Mes 
ennemis  peuvent  tout^  hors  de  faire  que  la  poitrine  de  J.*J. 
Rousseau  vivant  cesse  de  renfermer  le  cœur  d'un  homme  de 
bien.  » 

Ses  ennemis...  >  Ce  mot  revient  sans  cesse  sous  sa  plume  ; 
il  en  voit  partout;  il  est  hanté  du  spectre  de  la  persécution  : 
«  Je  ne  puis  suivre  dans  leurs  manœuvres  souterraines  ces 
troupes  de  noires  taupes  qui  se  fatiguent  à  me  jeter  de  la 

terre  sur  les  pieds »  Et  une  autre  fois,  pris  d^un  de  ces 

accès  de  noire  mélancolie  qui  lui  montraient  l'univers  entier 
conjuré  à  sa  perte  et  qui  finirent  par  confiner  à  la  toliey  il 
s*écrie  :  c  Je  suis  entre  les  mains  des  hommes ,  ces  hommes 

ont  leurs  raisons  pour  craindre  la  vérité Je  n'ai  pu 

malgré  tous  mes  efforts  percer  le  mystère  aflreux  des  trames 
dont  je  suis  enlacé ^  elles  sont  si  ténébreuses  on  me  les  cache 

avec  tant  de  soin  que  je  n'en  aperçois  que  la  noirceur les 

frivoles  clameurs  de  la  calomnie  sont  bien  différentes  dans 
leurs  effets  des  complots dont  les  développements  suc- 
cessifs, dirigés  par  la  ruse^  opérés  par  la  puissance,  se  font 
lentement  sourdement  et  avec  méthode.  Ma  situation  esc 
unique ,  mon  cas  est  inouï  depuis  que  le  monde  existe,  selon 
toutes  les  règles  de  la  prévoyance  humaine  je  dois  succomber, 
et  toutes  les  mesures  sont  tellement  prises  qu'il  n'y  a  qu'Hun 
miracle  de  la  Providence  qui  puisse  confondre  les  impos^ 

teurs Jeune  femme  écoutez-moi  :  quoi  qu'il  arrive,  et 

quelque  sort  qu'on  me  préparc souvenez-vous  des  trois 

mots  par  lesquels  ont  fini  mes  adieux.  Je  suis  innocent.  > 


—  4ï9  - 

Pan$  cç  Rousseau  morose ,  levant  au  ciel  des  bras  armés 
de  prosopopées  fulgurantes ,  il  y  a  par  éclaircies  quelques 
pensées  gracieuses  et  naturelles.  Il  sait  être  aimable,  moins 
pourtant  que  son  siècle,  dont  il  n^a  ni  la  finesse,  ni  la  gaieté^ 
ai  Tesprit  :  c  Vous  m^oiFrez,  Madame,  dans  la  douceur  de 
m'entretenir  quelquefois  avec  vous  un  dédomagement  dont 
je  sens  déjà  le  prix  «  mais  qui  ne  peut  pourtant  qu*à  Paide 
d*une  imagination  qui  vous  cherche,  suppléer  au  charme  de 
voir  animer  vos  yeux  et  vos  traits  par  ces  sentiments  vivi- 
fiants et  honnêtes  dont  votre  cœur  me  paroit  pénétré » 

Ou  bien ,  après  lui  avoir  conseillé  d'éviter  <  le  tourbillon 

des  plaisirs  bruyans de  ne  pas  s'en  laisser  subjuguer  », 

il  ajoute  ce  madrigal  :  c  Votre  âge,  Madame,  vos  sentiments, 
vos  résolutions  vous  donnent  tout  le  droit  d'en  goûter  les 
plaisirs  sans  allarmes^  et  tout  ce  que  je  vois  de  plus  à 
craindre  dans  ces  sociétés  où  vous  allez  briller  est  que  vous 
ne  rendiez  beaucoup  plus  difficile  à  suivre  pour  d'autres 
Tavis  que  je  prends  ici  la  liberté  de  vous  donner.  »  Il  essaye 
même ,  au  début ,  le  ton  galant  : 

c  Je  crains  bien.  Madame,  que  l'intérêt  peut-être  un  peu 
trop  vif  que  vous  m'inspirez  ne  m'ait  fait  vous  prendre  un 
peu  trop  légèrement  au  mot  sur  ce  ton  de  pédagogue  que 
vous  m'invitez  en  quelque  sorte  de  (sic)  prendre  avec  vous. 
Si  vous  trouvez  mon  radotage  impertinent  ou  mausade,  ce 
sera  ma  vengeance  de  la  petite  malice  avec  laquelle  vous  êtes 
venue  agacer  un  pauvre  barbon  ^  qui  se  dépêche  d'être 
sermoneur  pour  prévenir  la  tentation  d'être  encor  plus  ridi- 
cule   Dites-moi  si  je  dois  parler  ou  me  taire,  etsoye^ 

sure.  Madame»  que  dans  Tun  et  dans  Tautre  cas,  je  vous 
obéirai ,  non  pas  avec  le  même  plaisir  peut-être ,  mais  avec 
la  même  fidélité  i.  Pourquoi  iaut-il  qu'une  douche  d'eau 
(roide  de  sa  correspondante,  soit  venue  nous  priver  du  régal 
—  littéraire  j'entends  —  de  voir  le  vieux  Jean-Jacques  en 
coquetterie  réglée  !  Avec  quelle  bonne  grâce  ce  pauvre  carlin 
éclaboussé  s'excuse  un  autre  jour  :  «  Je  vous  sais  gré  de  me 
reprocher  mon  air  gauche  et  embarassé ,  mais  si  vous  voulez 


que  Je  m'en  défasse,  il  faut  que  ce  soit  votre  ouvrage.  Un 
naturel  d^une  insupportable  timidité,  surtout  auprès  des 
femmes ,  me  rend  toujours  d^autant  plus  maussade  que  je 
voudrois  me  rendre  plus  agréable.  De  plus,  je  n^ai  jamais  su 
parler,  surtout  quand  j'aurois  voulu  bien  dire,  et  si  vous 
avez  la  préférence  de  tous  mes  embarras ,  vous  n^aurez  pas 
trop  à  vous  en  plaindre.  » 

Malheureusement  ce  n^est  que  par  échappées  que  le  prédi- 
cateur doublé  du  rhéteur  oublie  son  apostolat.  La  tâche 
qu'il  s'est  tracée  :  c  vitam  impendere  vero ,  »  pourrait  se 
traduire:  Renverser  la  société;  et  ce  charmeur  y  parvient , 
dans  le  domaine  spéculatif  d'abord,  par  la  science  du 
sophisme ,  le  crescendo  des  effets  et  l'éclat  des  déductions. 
Il  a  ensorcelé  son  siècle,  et  l'esprit  d'une  petite  comtesse  a 
dû  n'être  qu'un  jeu  pour  lui.  Mais  si  la  méditation,  la 
concentration  de  la  pensée  ont  donné  à  son  style  un  nerf  et 
une  puissance  qui  subjuguent,  la  tension  et  l'effort  y  sont 
néanmoins  apparents.  Rousseau  n'a  pas  la  facilité;  et  en 
examinant  ses  lettres  à  notre  Nivernaise,  on  se  rend  compte 
une  fois  de  plus  que  cet  admirable  arrangement  des  périodes, 
cette  concision,  cette  propriété  de  l'expression,  sont  le 
résultat  d'une  étude  préliminaire  pour  chaque  épître  un  peu 
importante.  Celles  qui  sont  courtes  et  ne  traitent  pas  de 
philosophie  sont  d'une  écriture  plus  cursive,  avec  ratures, 
répétitions  de  la  même  expression,  voire  même  quelques 
fautes  d'orthographe  et  de  grammaire;  les  autres  sont  d^une 
écriture  un  peu  plus  droite,  plus  serrée,  absolument  régu- 
lière, sans  ratures  malgré  la  densité  de  la  pensée  et  sa  tension 
vers  le  trait  final;  elles  doivent  n'être  qu'une  mise  au  net  de 
brouillons  laborieusement  enfantés.  C'est  du  reste  ce  quUl 
confesse  :  c  Mes  idées  s'arrangent  dans  ma  tête  avec  la  plus 

incroyable  difficulté Une  lettre  sur  les  moindres  sujets 

me  coûte  des  heures  de  fatigue.  > 

Le  caractère  de  cet  homme  étrange  n^était  guère  fait  pour 
des  amitiés  de  la  valeur  de  celle  qui  nous  occupe.  Sa  vie  et 
son  œuvre  ne  sont  qu^un  tissu  de  contrastes  et  de  contra- 


—  4^1  — 

dictions  choquantes.  La  musique,  dit-il,  n'est  bonne  qu'à 
efiéminer  Tâine,  et  il  donne  le  Devin  de  village;  la  litté- 
rature corrompt  les  mœurs,  sauf  peut-être  Julie,  et  les 
Confessions.  Il  déclame  contre  le  factice  et  le  convenu  ;  et 
ses  conceptions  de  l'homme  et  de  la  société  en  sont  la  quin- 
tessence. Nous  vante-t-il  la  nature?  tout  chez  lui  est  étudié 
et  voulu;  la  morale?  la  vertu?  la  bonté?  la  fraternité?  ses 
enfants,  ses  vices,  sa  haine  «  sa  misanthropie,  ses  invectives 
contre  ceux  mêmes  qui  cherchent  à  être  ses  amis,  sont  une 
réponse  accablante.  Le  loyal  Hume  en  vient  à  écrire  : 
c  Rousseau  est  un  scélérat  »  ;  et  la  comtesse  de  Boufflers ,  à 
Gustave  III  :  c  Je  ne  reviens  pas  du  culte  que  je  lui  ai 
rendu,  car  c^en  étoit  un.  » 

Il  est  probable  que  la  désillusion  survint  aussi  chez  notre 
héroïne  nivernaise;  la  correspondance  cesse  à  partir  du 
i3  août  1770.  Il  était  temps  !  non  pas  qu^elle  fût  de  celles 
dont  Jean-Jacques  dit  avec  outrecuidance  dans  ses  Confes* 
sions  :  c  II  y  en  avait  peu ,  même  dans  les  hauts  rangs ,  dont 
je  n'eusse  fait  la  conquête  si  je  l'eusse  entreprise  ;  >  mais  les 
doctrines  de  l'auteur  de  la  lettre  venimeuse  à  Parchevêque 
de  Paris  eussent  fini  par  étouffer  ses  croyances ,  dessécher 
son  âme  et  n^y  laisser  que  le  vide,  en  guise  d^un  bonheur 
irréalisable. 

Ad.  de  VILLENAUT. 


•r.  m,  3»  série. 


—  4^2   — 


PROGRAMME 


DU  CONGRÈS  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES  A  LA  SORBONNE 


EN     1889. 


SECTION    d'histoire   ET   DE   PHILOLOGIE. 

Mode  d'élection  et  étendue  des  pouvoirs  des  députés  aux 
Etats  provinciaux. 

Transformations  successives  et  disparition  du  servage  dans 
les  différentes  provinces. 

Origine  et  organisation  des  anciennes  corporations  d'arts 
et  métiers. 

Histoire  des  anciennes  foires  et  marchés. 

Anciens  livres  de  raison  et  de  comptes.  —  Journaux  de 
famille. 

Vieilles  liturgies  des  églises  de  France. 

Etude  des  anciens  calendriers. 

Origine  et  règlements  des  confréries  et   établissements 
charitables  antérieurs  au  dix-huitième  siècle. 

Textes  inédits  ou  nouvellement  signalés  de  chartes^  de 
communes  ou  de  coutumes. 

Recherches  sur  les  mines  et  les  salines  en  France  avant  la 
Révolution. 

De  Torganisation  et  du  rôle  des  milices  et  des  gardes 
bourgeoises  avant  la  Révolution. 

De  la  piraterie  avant  le  milieu  du  dix-septième  siècle. 

Etudier  l'origine,  la  composition  territoriale  et  les  démem- 
brements successifs  des  fiefs  épiscopaux  au  moyen-âge. 

Rechercher  à  quelle  époque,  selon  les  lieux,  les  idiomes 
vulgaires  se  sont  substitués  au  latin  dans  la  rédaction  des 


—  4^'  — 

documents  administratifs.  Distinguer  entre  Temploi  de 
ridiorpe  local  et  celui  du  français. 

Etudier  les  cadastres  ou  compoids  antérieurs  au  seizième 
siècle. 

Jeux  et  divertissements  publics  ayant  un  caractère  de 
périodicité  régulière  et  se  rattachant  à  des  coutumes 
anciennes,  religieuses  ou  profanes. 

Etablissements  ayant  pour  objet  le  traitement  des  maladies 
contagieuses,  et  mesures  d  ordre  public  prises  pour  en  pré- 
venir la  propagation. 

Histoire  de  l'alimentation  en  France  jusqu'à  la  fin  du 
dix-septième  siècle. 

Etudier  quels  ont  été  les  noms  de  baptême  usités  suivant 
les  époques  dans  une  localité  ou  dans  une  région;  en 
donner,  autant  que  possible ,  la  forme  exacte  et  rechercher 
quelle  peut  avoir  été  la  cause  de  leur  vogue  plus  ou  moins 
longue. 

Etude  sur  le  culte  des  saints,  la  fréquentation  des  pèle- 
rinages et  l'observation  de  diverses  pratiques  religieuses  au 
point  de  vue  de  la  guérison  de  certaines  maladies. 

Indication  et  critique  des  travaux  imprimés  ou  manus- 
crits qui  ont  été  faits  sur  l'histoire  des  diocèses  de  la  France 
antérieurement  à  la  Gallia  christiana  des  Bénédictins  et  qui 
ont  pu  servir  à  la  rédaction  de  cet  ouvrage. 

Les  anciens  ateliers  typographiques  en  France. 

Renseignements  historiques  ou  autres  qu'on  peut  tirer  des 
privilèges  accordés  aux  auteurs  et  aux  libraires. 


SECTION   d'archéologie. 


i^  Signaler  les  inventaires  des  collections  particulières 
d  objets  antiques,  statues,  bas-reliefs,  monnaies,  formées 
en  province  du  seizièrhe  au  dix-huitième  siècle. 

Nos  musées,  tant  ceux  de  Paris  que  ceux  de  la  province , 
sont  remplis  d'objets  dont  la  provenance  est  inconnue  ou 
tout  au  moins  incertaine;  or,  tout  le  monde  sait  de  quelle 


—  4H  — 

importance  il  peut  être  de  connaître  l'origine  des  objets  que 
l'on  veut  étudier;  tous  les  archéologues  se  rappellent  les 
étranges  bévues  dans  lesquelles  des  erreurs  de  provenance 
ont  fait  tomber  certains  savants.  Les  anciens  inventaires 
sont  d^une  grande  utilité  pour  dissiper  ces  erreurs  :  ils  nous 
apprennent  en  quelles  mains  certains  monuments  ont  passé 
avant  d^étre  recueillis  dans  les  collections  oii  ils  sont  aujour- 
d'hui; ils  nous  permettent  parfois,  en  remontant  de  proche 
en  proche,  de  retrouver  lorigine  exacte  de  ces  monuments, 
ou ,  tout  au  moins ,  ils  servent  à  détruire  ces  légendes  qui, 
dans  bien  des  musées,  entourent  les  monuments  et  qui  sont 
la  source  des  attributions  les  plus  fantaisistes.  On  ne  saurait 
donc  trop  engager  les  membres  des  sociétés  savantes  à 
rechercher  dans  les  archives  de  leur  région ,  en  particulier 
dans  celles  des  notaires,  les  inventaires  de  ces  nombreux 
cabinets  d^amateurs  formés  depuis  le  seizième  siècle,  et  dont 
on  peut  retrouver  des  épaves  dans  nos  musées  provinciaux. 
On  ne  demande  pas,  bien  entendu,  d^apporter  au  Congrès 
le  texte  même  de  ces  inventaires,  mais  de  signaler  les  docu- 
ments de  ce  genre  qui  peuvent  offrir  quelque  intérêt ,  en  en 
dégageant  les  renseignements  qui  paraîtraient  utiles  à 
recueillir. 

2*  Indiquer,  pour  chaque  région  de  la  Gaule,  les  sarco- 
phages ou  fragments  de  sarcophages  païens  ou  chrétiens  non 
encore  signalés.  En  étudier  les  sujets,  rechercher  les  données 
historiques  et  les  légendes  qui  s'y  rattachent. 

Il  ne  s'agit  pas  de  faire  un  travail  d^ensemble  sur  les 
sarcophages  antiques  conservés  en  Gaule,  ce  qui  offrirait  à 
coup  sûr  un  grand  intérêt.  Mais  ce  serait  une  entreprise  diffi- 
cile et  de  longue  haleine.  Le  comité  invite  simplement  ses 
correspondants  à  rechercher  les  monuments  encore  inconnus 
qui  pourraient  plus  tard  prendre  place  dans  un  corpus  ana- 
logue à  celui  que  M.  Le  Blant  a  consacré  aux  sarcophages 
chrétiens.  Il  souhaite  surtout  qu'on  recherche  la  provenance 
des  monuments  ou  fragments  de  monuments  de  ce  genre  qui 
se  sont  conservés  dans  divers  musées  ou  églises  de  province. 


-  4^5  — 

et  qu'on  étudie  les  légendes  qui  fort  souvent  se  sont  atta- 
chées à  ces  monuments  et  dont  il  est  si  difficile  aux  savants 
étrangers  à  la  région  de  retracer  les  détails  et  de  découvrir 
l'origine. 

3»  Signaler  les  nouvelles  découvertes  de  bornes  milliaires 
ou  les  constatations  de  chaussées  antiques  qui  peuvent  servir 
à  déterminer  le  tracé  des  voies  romaines  en  Gaule  ou  en 
Afrique. 

4®  Etudier  dans  une  région  déterminée  de  l'Afrique  les 
édifices  antiques,  tels  que  arcs  de  triomphe,  temples,  théâtres, 
cirques,  portes  de  ville,  tombeaux  monumentaux,  aqueducs, 
ponts,  basiliques,  etc.,  et  dresser  le  plan  des  ruines  romaines 
les  plus  intéressantes. 

Les  savants  qui ,  dans  ces  dernières  années,  se  sont  livrés 
à  la  recherche  et  à  Pétudedes  antiquités  du  nord  de  l'Afrique, 
ont,  pour  la  plupart,  consacré  la  meilleure  part  de  leurs 
efforts  à  Tépigraphie.  Le  comité  pense  que  Tétude  des 
monuments  d'architecture,  dont  les  ruines  se  dressent  encore 
en  si  grand  nombre  en  Algérie  et  en  Tunisie,  pourrait 
fournir  des  résultats  non  moins  intéressants.  Il  appelle 
notamment  l'attention  des  travailleurs  sur  les  édifices  chré- 
tiens des  premiers  siècles  dont  les  restes  ont  pu  être  signalés 
jusqu'ici  par  divers  explorateurs,  mais  qui  n'ont  point  fait 
Tobjet  d'une  étude  archéologique  détaillée. 

5<>  Signaler  les  actes  notariés  du  quatorzième  au  seizième 
siècle  contenant  des  renseignements  sur  la  biographie  des 
artistes,  et  particulièrement  les  marchés  relatifs  aux  pein- 
tures, sculptures  et  autres  œuvres  d'art  commandées  soit  par 
des  particuliers,  soit  par  des  municipalités  ou  des  commu- 
nautés. 

Il  est  peut-être  superflu  de  faire  remarquer  que  la  meil- 
leure façon  de  présenter  les  documents  de  ce  genre  au 
Congrès  serait  d'en  faire  un  résumé ,  oii  Ton  s'attacherait  à 
mettre  en  relief  les  données  nouvelles  qu'ils  fournissent  à 
l'histoire  de  Part,  et  à  faire  ressortir  les  points  sur  lesquels 


—  4^6  — 

ils  confirment,  complètent  ou  contredisent  les  renseigne- 
ments que  Ton  possédait  d'autre  part. 

6**  Signaler  les  objets  conservés  dans  les  musées  de  pro- 
vince et  qui  sont  d'origine  étrangère  à  la  région  où  ces 
musées  se  trouvent. 

Par  suite  de  dons  ou  de  legs,  bon  nombre  de  musées  de 
province  se  sont  enrichis  d'objets  que  l'on  est  souvent  fort 
étonné  d'y  rencontrer.  Dans  nos  villes  maritimes  en  parti- 
culier, il  n'est  pas  rare  que  des  officiers  de  marine  ou  des 
voyageurs  aient  donné  au  musée  de  la  localité  des  antiquités 
parfois  fort  curieuses  qu'ils  avaient  recueillies  en  Italie,  en 
Grèce,  en  Orient.  Quelques  villes  ont  acquis  de  la  sorte  de 
fort  belles  collections  dont  elles  sont  justement  fières.  Un 
beaucoup  plus  grand  nombre  ne  possèdent  qu'un  petit 
nombre  de  ces  antiquités  étrangères  à  la  région ,  et  ces  objets 
isolés  au  milieu  des  collections  d'origine  locale  échappent 
bien  souvent  à  Tattention  des  érudits  qui  auraient  intérêt  à 
les  connaître.  C'est  donc  surtout  ces  objets  isolés  qu'il  est 
utile  de  signaler  avec  dessins  à  l'appui  et  en  fournissant  tous 
les  renseignements  possibles  sur  leur  provenance  et  sur  les 
circonstances  qui  les  ont  fait  entrer  dans  les  collections  où 
on  les  conserve  actuellement. 

7"  Etudier  les  caractères  qui  distinguent  les  diverses  écoles 
d'architecture  religieuse  à  l'époque  romane,  en  s'attachant  à 
mettre  en  relief  les  éléments  constitutifs  des  monuments 
(plans,  voûtes,  etc.). 

Cette  question ,  pour  la  traiter  dans  son  ensemble,  suppose 
une  connaissance  générale  des  monuments  de  la  France  qui 
ne  peut  s'acquérir  que  par  de  longues  études  et  de  nombreux 
voyages.  Aussi  n'est-ce  point  ainsi  que  le  comité  la  com- 
prend. Ce  qu'il  désire,  c'est  provoquer  des  monographies 
embrassant  une  circonscription  donnée,  par  exemple,  un 
département,  un  diocèse,  un  arrondissement,  et  dans 
lesquelles  on  passerait  en  revue  les  principaux  monuments 
compris  dans  cette  circonscription ,  non  pas  en  donnant  une 
description  détaillée  de  chacun  d'eux ,  mais  en  cherchant  à 


—  427  — 

dégager  les  éléments  caractéristiques  qui  les  distinguent  et 
qui  leur  donnent  entre  eux  un  air  de  famille.  Ainsi ,  on 
s^attacherait  à  reconnaître  quel  est  le  plan  le  plus  fréquem- 
ment adopté  dans  la  région;  de  quelle  façon  la  nef  est  habi- 
tuellement couverte  (charpente  apparente,  voûte  en  berceau 
plein-cintré  ou  brisé,  croisées  d'ogives,  coupoles}  ;  comment 
les  bas-côtés  sont  construits,  s^ils  sont  ou  non  surmontés  de 
tribunes;  s'il  y  a  des  fenêtres  éclairant  directement  la  nef, 
ou  si  le  jour  n'entre  dans  l'église  que  par  les  fenêtres  des 
bas-côtés;  quelles  sont  la  forme  et  la  position  des  clochers; 
quelle  est  la  nature  des  matériaux  employés  ;  enfin ,  s'il  y  a 
un  style  d^ornementation  particulier,  si  certains  détails 
d'ornement  sont  employés  d^une  façon  caractéristique  et 
constante,  etc. 

8**  Rechercher  dans  chaque  département  ou  arrondissement 
les  monuments  de  l'architecture  militaire  en  France  aux 
diverses  époques  du  moyen -âge.  Signaler  les  documents 
historiques  qui  peuvent  servir  à  en  déterminer  la  date. 

La  France  est  encore  couverte  de  ruines  féodales  dont 
l'importance  étonne  les  voyageurs  en  même  temps  que  leur 
pittoresque  les  séduit.  Or,  bien  souvent  de  ces  ruines  on  ne 
sait  presque  rien.  C'est  aux  savants  qui  habitent  nos  pro- 
vinces à  décrire  ces  vieux  monuments ,  à  restituer  le  plan  de 
ces  anciens  châteaux,  à  découvrir  les  documents  historiques 
qui  permettent  d^en  connaître  la  date  et  d'en  reconstituer 
rhistoire.  Les  monographies  de  ce  genre,  surtout  si  elles 
sont  accompagnées  des  dessins  si  nécessaires  pour  leur  intel- 
ligence, seront  toujours  accueillies  avec  faveur  à  la  Sorbonne. 

9^  Signaler  les  constructions  rurales  élevées  par  les 
abbayes  ou  les  particuliers,  telles  que  granges,  moulins, 
étables,  colombiers.  En  donner  autant  que  possible  les 
coupes  et  plans. 

Cet  article  du  programme  ne  réclame  aucune  explication. 
Le  comité  croit  seulement  devoir  insister  sur  la  nécessité  de 
joindre  aux  communications  de  cet  ordre  des  dessins  en  plan 
et  en  élévation. 


—  4*8  — 

100  Indiquer  les  tissus  anciens ,  les  tapisseries  et  les  bro- 
deries qui  existent  dans  les  trésors  des  églises,  dans  les 
anciens  hôpitaux  et  dans  les  musées. 

On  peut  répondre  de  deux  façons  à  cette  question  :  soit  en 
faisant  un  catalogue  raisonné  de  tous  les  tissus  anciens  exis- 
tant dans  une  ville  ou  dans  une  région  déterminée ,  soit  en 
donnant  la  description  critique  de  tapisseries  ou  de  tissus 
inédits.  Dans  ce  dernier  cas,  il  importe  tout  particulièrement 
de  donner  des  renseignements  précis  sur  le  dessin^  la  largeur 
et  le  style  des  bordures ,  s'il  y  en  a ,  et  de  signaler  avec  soin 
les  signatures  y  marques  ou  monogrammes  existant  dans  la 
lisière  ou  galon.  Enfin,  on  devra  donner  autant  que  possible 
des  dessins  ou  des  photographies  des  objets  décrits  et  des 
calques  des  monogrammes  ou  signatures. 

ii<»  Signaler  dans  chaque  région  de  la  France  les  centres 
de  fabrication  de  l'orfèvrerie  pendant  le  moyen-âge.  Indiquer 
les  caractères  et  tout  spécialement  les  marques  et  poinçons 
qui  permettent  de  distinguer  leurs  produits. 

Il  existe  encore  dans  un  grand  nombre  d^gliseS;  princi- 
palement dans  nos  petites  églises  du  Centre  et  du  Midi,  des 
reliquaires,  des  croix  et  autres  objets  d'orfèvrerie  qui  n^ont 
pas  encore  été  étudiés  convenablement,  qui  bien  souvent 
même  n'ont  jamais  été  signalés  à  l'attention  des  archéologues. 
C^est  aux  savants  de  province  qu'il  appartient  de  rechercher 
ces  objets  et  d'en  dresser  des  listes  raisonnées.  Cest  à  eux 
surtout  qu'il  appartient  de  retracer  l'histoire  de  ces  objets^ 
de  savoir  où  ils  ont  été  fabriqués,  et,  en  les  rapprochant  les 
uns  des  autres,  de  reconnaître  les  caractères  propres  aux 
différents  centres  de  production  artistique  au  moyen-âge. 

12*  Indiquer  des  pavages  ou  des  carreaux  à  inscriptions 
inédits. 

Voilà  longtemps  qu'aucune  communication  de  ce  getire 
n^a  été  faite  à  la  Sorbonne.  Il  ne  manque  point  cependant 
dans  nos  collections  provinciales  de  spécimens  inédits  de  ces 
curieux  et  élégants  carrelages  qui  garnissaient  jadis  le  sol  de 
nos  chapelles  et  l'intérieur  de  nos  châteaux.  En  les  signalant 


—  429  - 

à  Tattention  des  archéologues,  on  devra  s'efforcer  toujours 
de  rechercher  les  centres  de  fabrication  d*où  ces  carrelages 
proviennent. 

SECTION  DBS  SCIENCES  ÉCONOMIQUES  ET  SOCIALES. 

10  De  la  propriété  en  pays  musulman. 

2^  Rechercher  s'il  y  aurait  lieu  de  modifier  la  législation 
relative  à  la  juridiction  commerciale. 

3^  Rechercher  quelle  était,  pour  Tancien  régime  dans  les 
diverses  régions  de  la  France,  la  nature  des  fonctions  des 
procureurs  du  roi  auprès  des  autorités  locales  d'ordre 
municipal. 

4P  Examiner  s'il  ne  conviendrait  pas  d'étendre  la  capacité 
civile  de  la  femme  mariée  ;  étudier  les  emprunts  qui  pour- 
raient être  faits  à  cet  égard  aux  législations  étrangères. 

5®  De  l'utilité  d'éviter  les  courtes  peines  d'emprisonne- 
ment pour  les  mineurs  de  seize  ans ,  et  de  la  nécessité  de  les 
envoyer  dans  des  maisons  de  correction. 

6^  Des  inconvénients  du  casier  judiciaire  appliqué  aux 
condamnés  mineurs  de  vingt-un  ans. 

7*  Etudier  dans  une  province  ou  une  circonscription  plus 
restreinte  la  succession  des  différents  modes  d'amodiation 
dés  terres.  A  quelle  époque  et  dans  quelle  mesure  le  bail  à 
ferme  ou  le  métayage  a-t-il  remplacé  les  anciennes  tenures? 
—  Recueillir  tous  renseignements  sur  les  redevances,  prix, 
services  accessoires  et  durée  des  baux,  aux  différentes 
époques.  Indiquer,  selon  la  localité,  la  substitution,  au 
dix-huitième  siècle  ou  au  dix-neuvième  siècle,  du  fermage 
à  rente  fixe  au  métayage,  ou  inversement. 

8»  Faire  l'histoire,  dans  une  province  ou  une  circons- 
cription plus  restreinte,  des  contrats  intéressant  l'ouvrier 
apicole  au  faire-valoir  du  propriétaire,  tels  que  le  glanage 
dans  l'Artois ,  l'engagement  des  maîtres  valets  dans  les  pays 
toulousains. 

g^  Etudier  l'influence  exercée  par  la  crise  agricole  au 

T.  III,  3*  série.  55 


—  43o  — 

uiple  point  de  vue  de  la  division  de  la  propriété,  du  mode 
d'exploitation  des  terres  (faire-valoir  direct,  métayage  « 
fermage)  et  de  la  culture. 

lo^*  Rechercher,  par  voie  d^observations  directes  portant 
sur  une  ou  plusieurs  communes,  la  fécondité  comparative 
des  diverses  catégories  sociales,  notamment  celles  du  paysan 
propriétaire  ou  non  propriétaire. 

ii<^  Recherches  locales  sur  la  statistique  des  accidents, 
des  maladies  et  des  décès  dans  les  diverses  professions. 

12.  De  l'assistance  publique.  Ses  avantages  et  ses  incon- 
vénients. 

i3o  L'enseignement  professionnel  au  point  de  vue  du 
commerce  et  de  l'industrie.  Ses  formes  diverses.  Leurs  avan* 
tages  et  leurs  inconvénients. 

SECTION   DES  SCIENCES. 

i«  Etude  du  mistral. 

2®  Méthode  d'observation  des  tremblements  de  terre. 

30  Electricité  atmosphérique. 

4®  Recherches  sur  la  présence  de  la  vapeur  d'eau  dans 
l'air  par  les  observations  astronomiques  et  spectroscopiques. 

5®  Comparaison  des  climats  du  midi  et  du  sud-ouest  de  la 
France. 

60  Des  causes  qui  semblent  présider  à  la  diminution 
générale  des  eaux  dans  le  nord  de  l'Afrique  et  à  un  chan- 
gement de  climat. 

7»  Etudes  relatives  à  Taérostation, 

8^  Etude  du  mode  de  distribution  topograpbique  des 
espèces  qui  habitent  notre  littoral. 

9«  Etude  détaillée  de  la  faune  âuviatile  de  la  France.  Indi- 
quer les  espèces  sédentaires  ou  voyageuses  et,  dans  ce  dernier 
cas,  les  dates  de  leur  arrivée  et  de  leur  départ.  Noter  aussi 
l'époque  de  la  ponte.  Influence  de  la  composition  de  l'eau. 

10®  Etudier,  au  point  de  vue  de  la  pisciculture^  la  faune 


—  4^r  —  f    . 

des  animaux  invertébrés  et  les  plantes  qui  se  trouvent  dans 
les  eaux. 

1 1"  Études  des  migrations  des  oiseaux.  Indiquer  ritiné- 
faire,  les  dates  d'arrivée  et  de  départ  des  espèces  de  la  faune 
française.  Signaler  les  espèces  sédentaires  et  celles  dont  la 
présence  est  accidentelle. 

12*  Etude  du  vol  des  oiseaux. 

i3®  Etude  des  insectes  qui  attaquent  les  substances  ali- 
mentaires, biscuit,  etc. 

14'»  Etude  des  phénomènes  périodiques  d'e  la  végétation; 
date  du  bourgeonnement,  de  la  floraison  et  de  la  maturité. 
Coïncidence  de  ces  époques  avec  celle  de  l'apparition  des 
principales  espèces  d'insectes  nuisibles  à  l'agriculture. 

i5«  Etude  de  l'apparition  des  cétacés  sur  les  côtes  de 
France.  Indiquer  l'époque  et  la  durée  de  leur  séjour. 

16*  Epoque,  marche  et  durée  des  grandes  épidémies  au 
moyen-âge  et  dans  les  tenlps  modernes. 

i7<>  Comparaison  des  espèces  de  vertébrés  de  l'époque 
quaternaire  avec  les  espèces  similaires  de  l'époque  actuelle. 

180  Etude  des  gisements  de  phosphate  de  chaux  au  point 
de  vue  mînéralogique,  chimique,  géologique  et  paléon- 
tologique. 

i^^  Comparaison  de  la  flore  de  nos  départements  méri- 
dionaux avec  la  flore  algérienne. 

20<»  Etude  des  arbres  à  quinquina,  à  caoutchouc  et  à  gutta- 
percha ,  et  de  leurs  succédanés.  Quelles  sont  les  conditions 
propresà  leur  culture?  De  leur  introduction  dans  nos  colonies. 

2!«  L'âge  du  creusement  des  vallées  dans  les  diverses 
régions  de  la  France. 

22*  Faire  la  statistique  détaillée  des  grottes,  abris  sous 
roches  ^t  terrains  d'alluvion  oîi  ont  été  découverts  des  osse- 
ments humains  et  des  restes  d'industries  remontant  à 
répoque  quaternaire,  soit  pour  la  France  entière,  soit  pour 
une  ou  plusieurs  de  ses  principales  régions;  préciser  la 
nature  des  objet$  et  indiquer  les  principaux  fossiles  qui  leur 
étajçnt  associés, 


23<>  Dresser  la  carte  détaillée  des  monuments  mégali* 
thiques  et  des  sépultures  néolithiques  pour  une  de  nos 
principales  régions,  en  l'accompagnant  d'un  texte  explicatif. 

24*  Rechercher,  dans  le  plus  grand  nombre  possible  de 
têtes  osseuses  néolithiques,  celles  qui  reproduisent  à  des 
degrés  divers  les  caractères  des  races  de  Tépoque  précédente  ; 
signaler  les  faits  de  fusion  et  de  juxtaposition  de  caractères 
qu^elles  peuvent  présenter. 

250  Préciser,  surtout  par  Tétude  des  têtes  osseuses^  le  type 
ou  les  types  nouveau-venus,  dans  une  région  déterminée, 
aux  époques  de  la  pierre  polie,  du  cuivre,  du  bronze  et  du 
fer. 

26<'  Déterminer  les  éléments  ethniques  dont  le  mélange  a 
donné  naissance  à  une  de  nos  époques  actuelles. 

27®  Etudier  et  décrire  avec  détail  quelqu'une  de  nos  popu- 
lations que  Ion  peut  regarder  comme  ayant  été  le  moins 
atteinte  par  les  mélanges  ethniques. 

28<<  Rechercher  et  décrire  les  îlots  de  population  spéciale 
et  distincte  qui  existent  sur  divers  points  de  notre  territoire. 

29*  Rechercher  l'influence  que  peut  exercer  sur  la  taille  et 
les  autres  caractères  physiques  des  populations  la  nature  des 
terrains  {calcaire  et  terrains  primitifs). 

3o<>  Etude  des  animaux  et  des  végétaux  qui  vivent  dans 
les  mines  et  dans  les  houillères. 

.    SECTION   DE  GÉOGRAPHIE   HISTORIQUE   ET   DESCRIPTIVE, 

i<*  Anciennes  démarcations  des  diocèses  et  des  cités  delà 
Gaule  conservées  jusqu^aux  temps  modernes. 

2"  Exposer  les  découvertes  archéologiques  qui  ont  servi  à 
déterminer  le  site  de  villes  de  Tantiquiié  ou  du  moyen-âge, 
soit  en  Europe,  soit  en  Asie,  soit  dans  le  nord  de  l'Afrique, 
soit  en  Amérique. 

3*  Signaler  les  documents  géographiques  curieux  (textes 
et  cartes  manuscrits)  qui  peuvent  exister  dans  les  biblio- 
thèques publiques  et  les  archives  des  départements  et  des 


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communes.  —   Inventorier  les  cartes   locales  manuscrites 
et  imprimées. 

4*  Biographie  des  anciens  voyageurs  et  géographes  fran- 
çais. 

5*  De  l'habitat  en  France,  c'est-à-dire  du  mode  de  répar- 
tition dans  chaque  contrée  des  habitations  formant  les 
bourgs  y  les  villages  et  les  hameaux.  —  Dispositions  parti- 
culières des  locaux  d'habitation,  des  fermes,  des  granges,  etc. 
Origine  et  raison  d'être  de  ces  dispositions.  —  Altitude 
maximum  des  centres  habités. 

6^  Tracer  sur  une  carte  les  limites  des  différents  pays 
(Brie,  Beauce,  Morvand,  Sologne,  etc.),  d'après  les  cou- 
tumes, le  langage  et  Topinion  traditionnelle  des  habitants. 
—  Indiquer  les  causes  c(e  ces  divisions  (nature  du  sol,  ligne 
de  partage  des  eaux ,  etc.). 

7*  Compléter  la  nomenclature  des  noms  de  lieux,  en 
relevant  les  noms  donnés  par  les  habitants  d'une  contrée 
aux  divers  accidents  du  sol  (montagnes,  cols,  vallées,  etc.) 
et  qui  ne  figurent  pas  sur  nos  cartes. 

8*  Chercher  le  sens  et  Torigine  de  certaines  appellations 
communes  à  des  accidents  du  sol  et  de  même  nature  (cours 
d^eau,  pics,  sommets,  cols,  etc.). 

9^  Etudier  les  modifications  anciennes  et  actuelles  du 
littoral  de  la  France. 

10^  Chercher  les  preuves  du  mouvement  du  sol,  à  Tinté- 
rieur  du  continent ,  depuis  répoque  historique;  traditions 
locales  ou  observations  directes. 

11^  Signaler  les  changements  survenus  dans  la  topo- 
graphie d'une  contrée  depuis  une  époque  relativement 
récente  ou  ne  remontant  pas  au-delà  de  la  période  histo- 
rique, tels  que  :  déplacement  des  cours  d'eau  ^  brusques  ou 
lents;  apports  ou  creusement  dus  aux  cours  d'eau;  modi- 
fications des  versants,  recul  des  crêtes,  abaissement  des 
sommets  sous  l'influence  des  agents  atmosphériques;  chan- 
gements dans  le  régime  des  sources ,  etc. 

i2«>  Forêts,  marais,  cultures  et  faunes  disparus. 


PROGRAMME 

POUR  l'Étude  de  l'habitat  en  frange,  c'est- 
à-dire  LES  DISPOSITIONS  QUE  PRÉSENTENT  LES 
BOURGS,  VILLAGES,  HAMEAUX